Macroéconomie, Commerce et Investissement Baromètre économique de la CEMAC Novembre 2024 2024 VOL. 7 Tchad République centrafricaine Cameroun Guinée équatoriale Gabon République du Congo Macroéconomie, Commerce et Investissement Baromètre économique de la CEMAC Novembre 2024 2024 VOL. 7 2 Remerciements Ce Baromètre économique semestriel de la CEMAC a été préparé par une équipe du département de Politique Economique de la Banque mondiale composée de Robert Johann Utz (Économiste en chef, Chef d’équipe), Djeneba Doumbia (Économiste, chef d’équipe), Erick Tjong (Économiste, chef d’équipe) et Chris Belmert Milindi Katindi (Consultant), sous la direction de Sandeep Mahajan (Manager sectoriel) et Cheick Fantamady Kante (Directeur des opérations). L’équipe comprend également Samba Ba (Économiste principal), Rick Emery Tsouck Ibounde (Économiste principal), Demet Kaya (Économiste principale), Sonia Barbara Ondo Ndong (Économiste principale), Pierre Mandon (Économiste), Blaise Ehowe Nguem (Économiste), Francis Ghislain Ngomba Bodi (Économiste), Mahamat Abdramane Moustapha (Économiste) et Kabinet Kaba (Économiste). L’équipe remercie Kanta Kumari Rigaud (Spécialiste principale du changement climatique) et Stephen John Stretton (Économiste) pour leurs commentaires, ainsi qu’Irene Sitienei et Ifeoma Clementina Ikenye (Assistantes de programme) pour leur soutien. L’équipe remercie également Ryan Milan Rafaty (Spécialiste en gouvernance) pour sa contribution aux Cahiers économiques de 5 pays de la Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEMAC) de 2024 dont l’analyse correspond au thème spécial de ce baromètre économique. Le rapport a été approuvé par Cheick Fantamady Kante (Directeur des opérations). Ce rapport reflète les informations disponibles au 1er octobre 2024.1 1 Veuillez contacter Djeneba Doumbia (ddoumbia@worldbank.org) et Erick Tjong (etjong@worldbank.org) pour toute question ou tout commentaire. 3 Introduction Le Baromètre économique de la CEMAC est une publication semestrielle de la Banque mondiale qui présente un aperçu des évolutions récentes et des perspectives économiques de la région CEMAC, suivi d’un bref diagnostic de chacun des pays. Le Baromètre économique comprend également une section technique ciblée sur un thème d’importance régionale. Dans cette édition, le thème spécial traite des options de politiques économiques qui peuvent permettre aux pays de la CEMAC de faire face aux défis auxquels le secteur forestier est confronté, y compris la conception efficace d’instruments fiscaux, l’amélioration de la gouvernance forestière et le renforcement de l’appui financier et technique de la communauté internationale. La région CEMAC devrait connaître une croissance de 3,4 pour cent en 2024, contre 1,8 pour cent en 2023. Les pressions inflationnistes sont en train de s’atténuer, grâce à une politique monétaire restrictive de la BEAC et l’amélioration des chaînes d’approvisionnement mondiales. La situation budgétaire et les réserves de change de la région se sont détériorées en 2023 à cause de la baisse des prix du pétrole, mettant en avant la forte exposition des finances publiques et de l’économie régionale à la volatilité des marchés des matières premières. Même si l’économie de la CEMAC connaît une croissance modérée, la croissance par habitant reste stagnante et la pauvreté est en hausse dans la région. Selon les estimations de la Banque mondiale, un tiers de la population de la CEMAC vivrait dans l’extrême pauvreté en 2024, c’est-à-dire avec moins de 2,15 USD par jour (en parité de pouvoir d’achat de 2017). Le taux de chômage est élevé dans la CEMAC, en particulier chez les jeunes, dont un jeune sur quatre ne travaille pas, n’est pas scolarisé et Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) ne suit pas de formation. Pour s’attaquer à ces défis sociaux avec efficacité, les pays de la CEMAC pourraient accélérer les réformes prévues sur les plans économiques régionaux, y compris le programme PREF-CEMAC II et le Programme économique régional à venir. Les principales mesures recommandées à cet effet sont d’améliorer le climat des affaires de manière à attirer davantage les investissements privés locaux et étrangers et à promouvoir la création d’emplois ainsi que le commerce régional et international. Aussi, il serait essentiel de renforcer les investissements dans le capital humain, dans les infrastructures routières et énergétiques, et dans les services numériques pour tracer une trajectoire de croissance plus robuste et durable, capable d’inverser les tendances à la hausse actuelles de la pauvreté et de mener à une réduction plus importante de la pauvreté dans l’ensemble de la région. 4 Le thème spécial de cette édition met en évidence comment les instruments fiscaux peuvent servir à la fois à encourager la gestion durable des forêts et à générer davantage de recettes pour l’État. Le bassin du Congo, le plus grand puits net de carbone au monde, est essentiel au soutien des populations, de la nature et de l’économie et sert de bastion de résilience contre le changement climatique et la perte de biodiversité mondiale. Le bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République centrafricaine (RCA), la Guinée équatoriale, le Gabon, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo ; ces pays détiennent la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et le plus vaste paysage forestier ininterrompu restant de la planète. Cependant, les forêts du bassin du Congo font face à des menaces grandissantes, avec une déforestation qui avance de plus en plus, en particulier en RDC, mais aussi, dans une moindre mesure, au Cameroun, en Guinée équatoriale et en RCA. La contribution de l’industrie forestière au Produit Intérieur Brut (PIB) et aux budgets nationaux a stagné au cours des dernières décennies, en particulier à cause de l’ampleur de l’exploitation forestière illégale, de la transformation limitée du bois et d’un investissement insuffisant dans la gestion forestière durable. Les pays du bassin du Congo sont confrontés à un arbitrage difficile entre la préservation des écosystèmes forestiers et l’exploitation des forêts pour d’autres activités économiques, alors que l’insuffisance et l’irrégularité du financement international pour rémunérer convenablement la région pour les services climatiques qu’elle fournit rend cette tâche encore plus difficile. Malgré son importance critique pour le monde, la forêt du bassin du Congo reçoit moins d’aide au financement pour le climat que d’autres régions fortement boisées comme l’Amazonie et les forêts d’Asie du Sud-Est. Il serait important que les gouvernements du bassin du Congo puissent trouver des moyens de préserver leur forêt, tout en développant d’autres secteurs comme les infrastructures et l’agriculture durable. Dans ce contexte, des instruments fiscaux bien conçus peuvent servir à promouvoir la conservation des forêts. Les réformes fiscales, telles que l’ajustement des taxes forestières en fonction de l’empreinte écologique de la production de bois, l’octroi de mesures incitatives ciblées pour encourager les pratiques durables, les réductions Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) d’impôts pour la certification forestière et l’agroforesterie, ainsi que le réinvestissement des revenus issus des ressources naturelles, peuvent jouer un rôle crucial dans la protection des terres forestières du bassin du Congo. Cependant, les stratégies fiscales ne peuvent pas résoudre ce défi à elles seules. La combinaison des instruments fiscaux avec une meilleure gouvernance forestière, à travers le renforcement de l’application, du suivi et de la transparence des lois et réglementations, aiderait les pays du bassin du Congo à préserver leurs forêts tout en renforçant le rôle du secteur forestier dans leurs économies respectives. Credits: Freepik 5 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) SECTION 1— Évolution récente, perspectives économiques et principaux défis de développement dans la région CEMAC SECTION 1 — Évolutions récentes 7 I. Evolutions économiques récentes et perspectives dans la CEMAC équato-guinéenne connaîtra une croissance de 4,7 Table 1 - CEMAC 2023 pour cent en 2024 grâce à un rebond du secteur Population, millionsa 63,0 des hydrocarbures suite aux réparations des plateformes pétrolières. La croissance du PIB par PIB, milliards USD courantsa 111,6 habitant dans la région CEMAC devrait atteindre 0,9 PIB par habitant, USD courantsb 3 542,0 pour cent en 2024 (contre -0,7 pour cent en 2023), ce qui se situe en deçà du niveau attendu dans Taux de pauvreté au seuil international l’UEMOA. 32,0 (2,15 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire La situation budgétaire et les réserves de change 57,0 de la tranche inférieure (3,65 USD)a de la région se sont détériorées en 2023 dans Taux de pauvreté - revenu intermédiaire un contexte de baisse des prix du pétrole et des 81,5 de la tranche supérieure (6,85 USD)a revenus provenant des matières premières, Espérance de vie à la naissance, mais le solde budgétaire devrait s’améliorer en 59,7 annéesc 2024. En 2023, les soldes budgétaires se sont Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses détériorés dans tous les pays de la CEMAC, dans des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données un contexte de baisse des revenus issus des officielles. matières premières, à l’exception du Cameroun et (a) Total pour les pays de la CEMAC. (b) Moyenne pondérée pour les pays de la CEMAC. de la République centrafricaine qui ont enregistré (c) Moyenne simple pour les pays de la CEMAC. des déficits budgétaires. En moyenne, la situation budgétaire de la CEMAC devrait s’améliorer en 2024 pour atteindre un excédent budgétaire de 0,15 pour cent du PIB, des améliorations étant attendues La croissance dans la région CEMAC (Communauté dans tous les pays sauf le Congo et le Gabon. Le économique et monétaire de l’Afrique centrale) a ratio dépenses publiques/PIB dans la CEMAC Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) ralenti à 1,8 pour cent en 2023, contre 3,1 pour devrait augmenter pour atteindre en moyenne 20,5 cent en 2022. La croissance négative en Guinée pour cent du PIB en 2024, contre 20,2 pour cent équatoriale et la croissance plus modeste au Gabon en 2023. Les recettes totales devraient s’accroitre ont contribué au ralentissement de la croissance et passer de 20,0 pour cent en 2023 à 20,7 pour au niveau régional. Cependant, celle-ci devrait cent en 2024, tirées par une augmentation des s’accélérer à l’échelle de la CEMAC en 2024, à recettes hors ressources naturelles. En moyenne, hauteur d’un taux de croissance moyen de 3,4 pour les revenus tirés des ressources naturelles dans cent, ce qui reste inférieur à la croissance moyenne la zone CEMAC, exprimés en part du PIB, sont en de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest baisse mais représentent encore 46 pour cent des africaine), projetée à 5,7 pour cent. Le rythme de la recettes totales, ce qui souligne la forte exposition croissance des pays de la région CEMAC continue des finances publiques et de l’économie dans son d’être inégal. En République centrafricaine, la ensemble à la volatilité des marchés des matières stagnation économique se perpétue dans un premières. L’espace budgétaire et la liquidité dans contexte de pénuries persistantes de carburant et la région CEMAC devraient rester soumis à des de coupures d’électricité fréquentes en 2024, avec contraintes, ce qui aurait pour effet de restreindre une croissance projetée à 0,7 pour cent. Selon les les options de gestion des nouveaux chocs et projections, après la récession de 2023, l’économie d’entraver les mesures visant à contenir la dette 8 SECTION 1 — Évolutions récentes publique. Le solde budgétaire de la région devrait Malgré une croissance modérée et une baisse de se transformer en un déficit moyen équivalant à 1,5 l’inflation, le niveau de pauvreté dans l’ensemble pour cent du PIB sur la période 2025-2026. En même de la CEMAC reste élevé et est en hausse, à temps, le ratio dette totale/PIB reste élevé dans des cause d’une croissance et d’une participation pays comme le Congo (91 pour cent) et le Gabon économique insuffisantes. D’après les estimations (71 pour cent), dépassant le critère de convergence de la Banque mondiale, 33,2 pour cent des régional de 70 pour cent du PIB. En outre, les habitants de la CEMAC vivraient dans l’extrême réserves de change ont été en baisse constante, pauvreté en 2024, c’est-à-dire avec moins de 2,15 parallèlement aux prix mondiaux du pétrole qui sont USD par jour (en parité de pouvoir d’achat, PPA en baisse depuis 2022. Les réserves dont la région de 2017). Deux ans plus tôt, cette proportion était disposait en octobre 2024 équivalaient à 4,5 mois de 30,6 pour cent. Lorsque d’autres indicateurs d’importations. de pauvreté sont pris en compte, la part des ménages vivant avec moins de 3,65 USD par jour L’inflation a commencé à s’atténuer depuis le milieu s’élève à 58,2 pour cent tandis que celle vivant de l’année 2023 et la tendance à la baisse s’est avec moins de 6,85 USD par jour atteint 82,1 pour poursuivie au premier semestre de 2024. L’inflation cent. En comparaison, la part de la population de moyenne (en glissement annuel) dans la région l’UEMOA qui vit dans l’extrême pauvreté en 2024 CEMAC a baissé de 6,3 pour cent en décembre 2022 (sous le seuil de 2,15 USD par jour) s’élevait à à 4,5 pour cent en décembre 2023. Cette baisse est 22,5 pour cent. La tendance qui se dégage soulève attribuable à la politique monétaire restrictive de des préoccupations : si les taux de pauvreté la BEAC, ainsi qu’aux tendances favorables de la varient considérablement au sein de la CEMAC, reprise de la chaîne d’approvisionnement mondiale. la part de la population qui vit dans la pauvreté Malgré cette évolution positive, l’inflation régionale à l’échelle de la région augmente. La croissance reste supérieure au critère de convergence de 3,0 par habitant a stagné, avec un taux négatif en pour cent. En comparaison, l’inflation globale dans 2023. En outre, la qualité de la croissance importe l’UEMOA était inférieure à 2,4 pour cent en décembre également. Une grande partie de la croissance de 2023. La BEAC a maintenu une politique monétaire la région est tirée par les industries extractives stricte, maintenant le taux directeur à 5 pour cent telles que l’exploitation pétrolière et minière, Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) depuis mars 2023, après une augmentation cumulée à forte intensité de capital et qui ne produisent de 175 points de base de novembre 2021 à mars 2023. pas suffisamment d’emplois ni de revenus pour En comparaison, les taux directeurs de l’UEMOA ont la population. Les taux de chômage sont élevés, été également relevés, mais sont restés inférieurs, en particulier chez les jeunes, étant donné qu’un à 3,5 pour cent. Le relâchement des pressions jeune sur quatre ne travaille pas, n’est pas inflationnistes a conduit la BEAC à reprendre les scolarisé et ne suit pas de formation. De plus, les injections de liquidités en septembre 2024, après investissements limités dans les programmes plus d’un an de suspension. Parallèlement, le taux de filets de sécurité sociale réduisent la capacité de change effectif réel (TCER) de la plupart des pays desdits programmes à appuyer les plus de la CEMAC s’est légèrement apprécié au cours du vulnérables. Des réformes visant à promouvoir premier semestre, ce qui pourrait avoir des effets une croissance plus forte et plus inclusive, et à négatifs sur la compétitivité des exportations de la accroître l’investissement privé et la création CEMAC.2 d’emplois, sont nécessaires pour inverser la 2 L’augmentation du taux de change effectif réel (TCER) d’un pays indique qu’il y a une appréciation par rapport au panier de devises de ses partenaires commerciaux, tandis qu’une baisse du TCER indique une dépréciation. SECTION 1 — Évolutions récentes 9 tendance à la hausse de la pauvreté dans la région. importantes du commerce mondial et une demande mondiale plus faible que prévu, en Les perspectives de la région de la CEMAC sont particulier de la part des grands marchés positives mais soumises à des risques importants. Le d’importation d’Asie et d’Europe, pourraient nuire taux de croissance régional devrait atteindre 2,7 pour à la croissance dans la région. Des risques de cent sur la période 2025-2026. À l’exception de la poussées inflationnistes persistent également, Guinée équatoriale, où la production d’hydrocarbures notamment sur la scène internationale avec la devrait diminuer en raison de la maturation des guerre en cours en Ukraine et le récent conflit au champs pétroliers, l’activité économique devrait Moyen-Orient. A l’échelle de la région, les autres croître dans tous les pays de la CEMAC. Les risques risques comprennent une plus grande instabilité pesant sur les perspectives régionales sont orientés à politique, une détérioration des conditions de la baisse. Une baisse plus rapide que prévue des prix sécurité dans certaines régions de pays tels du pétrole aurait un impact négatif sur les recettes que la RCA et le Cameroun, un ralentissement d’exportation de la CEMAC et, par conséquent, sur du rythme de mise en œuvre des réformes, les soldes budgétaires et extérieurs de la région. Un notamment dans les contextes d’élections dans nouveau resserrement des conditions financières certains pays, et les chocs climatiques. mondiales ou régionales, des perturbations plus Credits: Ariel Nathan on Unsplash Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 10 SECTION 1 — Évolutions récentes La croissance de la CEMAC connaît une reprise Parallèlement, des gains en PIB par habitant sont mais reste en deçà de son potentiel et de celui de la attendus dans certains pays. région de l’UEMOA. Figure 1. Croissance du PIB réel dans la CEMAC et Figure 2. Croissance du PIB réel par habitant dans les l’UEMOA, 2019-2026 pays de la CEMAC (en pourcentage), 2023-2024 7 6,5 4,0 5,7 5,8 6 5,0 5.0 5 1,0 4 3,4 3,1 3 2,3 -2,0 1,8 1.8 2 1 -5,0 0 -1 -8,0 n -2 d A n . o éq ou ha bo ng RC er Tc ée Ga Co m -3 in p. Ca Gu Ré 2019 2020 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p 2023 2024p CEMAC UEMOA CEMAC, 2024p UEMOA, 2024p La position extérieure de la région s’est détériorée La complexité des exportations de la CEMAC a en 2023, une tendance qui devrait persister en également diminué en moyenne, les produits 2024 dans un contexte de baisse des prix du primaires tels que le pétrole brut, le gaz et les pétrole brut et des recettes. minéraux prenant plus de place dans les paniers d’exportation de certains pays. Figure 3. Cours du pétrole (axe droit) et situation Figure 4. Indice de Complexité extérieure de la CEMAC (axe gauche), 2019-2026 Economique (2012 vs. 2021) Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 15 100 0,0 10 -0,2 80 -0,4 5 60 -0,6 0 -0,8 40 -5 -1,0 -10 20 -1,2 -1,4 -15 0 2019 2020 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p -1,6 Solde du compte courant (% du PIB) - CEMAC -1,8 Balance commerciale (% du PIB) - CEMAC Rép. Congo Gabon Cameroun Solde du compte courant (% du PIB) - UEMOA Balance commerciale (% du PIB) - UEMOA ICE 2021 ICE 2012 Cours du pétrole brut (USD/bbl) (axe droit) CEMAC 2021 CEMAC 2012 SECTION 1 — Évolutions récentes 11 En conséquence, les secteurs extractifs ont représenté En ce qui concerne la situation budgétaire, les plus de 75 pour cent des exportations de la CEMAC, ce dépenses ont augmenté, mais à un rythme plus lent qui met en évidence une forte exposition à la volatilité que les recettes, ce qui a mené à une amélioration des marchés des matières premières et une insuffisance du solde budgétaire. d’activités exportatrices génératrices d’emplois. Figure 5. Principales exportations de la CEMAC Figure 6. Situation budgétaire (% du PIB) dans la (pourcentage de la valeur total des exportations, CEMAC et l’UEMOA, 2019-2026 2023) 25 5 Pétrole brut 20 Bovins Autres 0 Coton 15 Cacao Produits 10 de bois -5 Manganèse 5 Gaz 0 -10 2019 2020 2021 2022 2023 2024e 2025p 2026p Dépenses totales - CEMAC (axe gauche) Recettes totales - CEMAC (axe gauche) Solde budgétaire - CEMAC (axe droit) Solde budgétaire - UEMOA (axe droit) Solde budgétaire - Critère de convergence de la CEMAC (axe droit) Recettes provenant des ressources - CEMAC (axe droit) Le ratio dette publique/PIB devrait baisser Depuis fin 2021, la BEAC exerce une politique légèrement à 54 pour cent en 2024, contre 55 pour monétaire de resserrement, maintenant le taux cent en 2023. directeur à 5,0 pour cent depuis mars 2023. Figure 7. Dette publique (% du PIB) dans la CEMAC et Figure 8. Evolution des taux directeurs dans l’Afrique Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) l’UEMOA, 2019-2026 de l’ouest et centrale et dans l’UE, 2020-2024 80 5,5 70 5,0 4,5 60 4,0 50 3,5 40 3,0 2,5 30 2,0 20 1,5 1,0 10 0,5 0 0,0 2019 2020 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p janv.-20 juin-20 nov.-20 avr.-21 sept.-21 févr.-22 juil.-22 déc.-22 mai-23 oct.-23 mars-24 août-24 CEMAC UEMOA Dette - Critère de convergence de la CEMAC UEMOA CEMAC BCE 100 95 12 SECTION 1 — Évolutions récentes 90 T1 T3 T1 T3 T1 T3 T1 T3 T1 * T3 20 20 21 21 22 22 23 23 24 24 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Le taux de change effectif réel des pays de la CEMAC TCER, CEMACde la CEMAC Les réserves régionales sont TCER, en baisse, UEMOA TCEN, CEMAC TCEN, UEMOA a augmenté en moyenne ces derniers mois, reflétant sous la pression exercée par la baisse des prix une appréciation du FCFA par rapport au panier de mondiaux du pétrole et de la maturation des champs devises des partenaires commerciaux. pétroliers, mettant en avant la dépendance de la région envers les marchés volatils des matières premières. Figure 9. Taux de change effectif réel et nominal USD- Figure 10. Réserves brutes FCFA , 2020-2024 120 10 6 8 115 5 6 110 4 4 Nombre de mois 105 2 3 100 0 2 95 -2 janv.-20 avr.-20 juil.-20 oct.-20 janv.-21 avr.-21 juil.-21 oct.-21 janv.-22 avr.-22 juil.-22 oct.-22 janv.-23 avr.-23 juil.-23 oct.-23 1 90 Inflation de base T1 T3 T1 T3 T1 T3 T1 T3 T1 * T3 0 20 20 21 21 22 22 23 23 24 24 Inflation énergétique 20 20 20 20 20 20 20 20 20 UEMOA CEMAC 20 Inflation alimentaire TCER, CEMAC TCER, UEMOA 2020 Inflation 2021 globale 2022 2023 de la CEMAC 2024 Critère (dernières données de convergence disponibles)* de la CEMAC TCEN, CEMAC TCEN, UEMOA Inflation globale de l'UEMOA L’inflation moyenne (en glissement annuel) dans Le niveau de pauvreté reste élevé, touchant un tiers de la région CEMAC a baissé de 6,3 pour cent en la population dans la région, et en augmentation dans décembre 2022 à 4,5 pour cent en décembre 2023. tous les pays de la CEMAC. Figure 11. Inflation moyenne de la CEMAC (pour cent), Figure 12. Taux de pauvreté (% de la population vivant 2020-2023 avec moins de 2,15 USD/jour) 6 10 70 2022 8 5 2023 60 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 6 2024p 4 Nombre de mois CEMAC 2024 4 50 UEMOA 2024 3 2 40 0 2 30 -2 janv.-20 avr.-20 juil.-20 oct.-20 janv.-21 avr.-21 juil.-21 oct.-21 janv.-22 avr.-22 juil.-22 oct.-22 janv.-23 avr.-23 juil.-23 oct.-23 1 20 0 Inflation de base UEMOA CEMAC 10 Inflation énergétique 2020 2021 Inflation alimentaire 2022 2023 Inflation2024 (dernières globale données disponibles)* de la CEMAC 0 Critère de convergence de la CEMAC Gabon Cameroun Tchad Rép. Congo RCA Inflation globale de l'UEMOA Sources : Autorités nationales, BEAC, Bruegel, OIT, Harvard Growth Lab, Banque mondiale, FMI et calculs des services de la Banque mondiale. Remarques : Les chiffres indiquent des moyennes pondérées pour la CEMAC et l’UEMOA, basées sur la part des pays dans le PIB de chaque région. Les données sur la pauvreté ne sont pas disponibles pour tous les pays et toutes les périodes sont basées sur des prévisions immédiates et des prévisions basées sur les données réelles des Enquêtes nationales auprès des ménages pour le Cameroun (2014), la République centrafricaine (2021), le Tchad (2018), le Congo (2011) et le Gabon (2017). Les données ne sont pas disponibles pour la Guinée équatoriale. Les scores obtenus par les pays à l’Indice de complexité économique de 2021 varient de 2,26 (Japon) à -2,44 (Libéria), les scores les plus élevés indiquant un niveau plus élevé de complexité économique. Les données sur la complexité économique ne sont pas disponibles pour la Guinée équatoriale, le Tchad et la RCA. Les données sur les réserves régionales sont disponibles jusqu’à la période d’octobre 2024. 70 2022 2023 60 2024p CEMAC 2024 SECTION 1 — Évolutions récentes 13 II. Principaux défis de développement et priorités de réforme pour la CEMAC Pour parvenir à une amélioration plus significative du infrastructures et au crédit, d’une facilitation des niveau de vie et inverser la tendance à la hausse de échanges, d’un climat des affaires plus favorable, la pauvreté au sein de la CEMAC, il serait nécessaire ainsi que de compétences de la main-d’œuvre qui de mener des réformes économiques audacieuses sont nécessaires et pertinentes pour développer dans l’ensemble de la région. En réponse à ce double les secteurs clés. Par exemple, environ 47 défi, il faudrait de réformes fortes pour améliorer pour cent de la main-d’œuvre de la région est le capital humain, physique et institutionnel de la employée dans le secteur agricole, qui représente région (voir le Tableau 2). Premièrement, il serait une part importante de l’économie. Néanmoins, la essentiel de renforcer les contrôles, la redevabilité productivité et les revenus y sont faibles, ce qui se et la transparence des recettes tirées des ressources traduit par une création de richesse insuffisante. naturelles ainsi que des dépenses publiques, afin Les coûts de transport élevés, l’inadéquation des de permettre aux pays confrontés à des contraintes infrastructures routières, la fréquence excessive budgétaires d’optimiser l’action publique et de des contrôles routiers et les tracasseries sont réaliser leurs objectifs de développement de manière autant d’obstacles au commerce agricole dans la rentable. En particulier, il serait important d’améliorer région.5 L’informalité, qui concerne en moyenne la gestion des processus de passation des marchés, plus de 65 pour cent des emplois dans la CEMAC, des investissements publics et des ressources constitue un défi pour les entreprises formelles. humaines. Par ailleurs, elle empêche les travailleurs d’accéder au crédit, à la protection sociale et aux Il serait également essentiel d’instaurer des droits du travail. L’inadéquation des compétences conditions plus favorables à la croissance du secteur de la main-d’œuvre constitue un autre défi majeur, privé, à l’investissement étranger, aux exportations entraînant un niveau élevé de chômage tout en et à la création d’emplois afin d’assurer une compliquant la recherche de travailleurs qualifiés trajectoire de croissance plus forte et de meilleure pour les entreprises. Le taux de chômage moyen qualité. La participation de la CEMAC aux échanges dans la CEMAC, qui se situe autour de 9 pour internationaux reste faible, la région représentant cent de la population active, est plus de quatre Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) environ 0,11 pour cent des exportations mondiales fois supérieur à celui de la zone UEMOA. Pour en 2021.3 Les produits primaires, principalement le renforcer le capital humain, les gouvernements de pétrole et le gaz, mais aussi le bois, l’aluminium, le la région pourraient accroître les investissements manganèse, l’or et les produits agricoles, ont gagné dans l’éducation, la santé et la formation. En en importance, le secteur extractif représentant les effet, il existe des opportunités pour accroître trois quarts du panier d’exportation de la région et améliorer la qualité des dépenses dans les en 2023. Les défis à relever pour accroître la secteurs sociaux. Par exemple, les dépenses valeur ajoutée au niveau des pays et diversifier les d’éducation dans la région, qui représentent en exportations se traduisent par une faible complexité moyenne 2,3 pour cent du PIB, sont inférieures, en économique.4 Pour devenir plus compétitives moyenne, à celles de l’Afrique subsaharienne (4,1 sur les marchés internationaux et nationaux, les pour cent du PIB). entreprises locales ont besoin d’un meilleur accès aux 3 BEAC 2023. Rapport Annuel ; Banque mondiale. World Integrated Trade Solution. 4 Basé sur l’Indice de complexité économique de Harvard Growth Lab, qui classe les pays selon la diversification et la complexité de leur panier d’exportations. 5 Banque mondiale. 2019. CEMAC. Deepening Regional Integration to Advance Growth and Prosperity. 14 SECTION 1 — Évolutions récentes Les échanges intrarégionaux au sein de la classent en moyenne à la 109e place, le Cameroun CEMAC demeurent faibles, en partie en raison ayant vu son classement chuter de la 95e position de défis rencontrés par les pays à appliquer en 2018 à la 134e en 2023. Le changement certaines dispositions communautaires, du sous- climatique représente un autre défi majeur qui développement des infrastructures, de la structure pèse sur les infrastructures et les moyens de des exportations et d’obstacles non tarifaires. Les subsistance, la CEMAC étant particulièrement échanges intrarégionaux au sein de la CEMAC sont vulnérable aux chocs climatiques et figurant faibles, représentant seulement 5,1 pour cent du parmi les régions les moins bien préparées à y commerce total entre 2019 et 2021.6 La mise en place faire face. Le Tchad et la République centrafricaine d’une zone de libre-échange au sein de la CEMAC figurent aux derniers rangs à l’Indice ND-GAIN en rencontre des difficultés : de nombreux obstacles matière de préparation au changement climatique, tarifaires et non tarifaires persistent, et les règles soulignant ainsi la nécessité d’une stratégie et politiques douanières transfrontalières restent régionale d’adaptation au changement climatique. peu harmonisées. Les pays membres appliquent En 2024, le Tchad, le Congo et le Cameroun ont le tarif extérieur commun (TEC) de la CEMAC aux été gravement touchés par des inondations importations en provenance de pays extérieurs à la qui ont impacté les populations et l’activité région ; ce tarif est généralement élevé. En général, économique. Par ailleurs, l’économie numérique le taux tarifaire moyen simple de la CEMAC est de offre des opportunités transformatrices pour 18,3 pour cent en 2023, contre 12,4 pour cent dans la la croissance et la création d’emplois, mais la Communauté économique des États de l’Afrique de CEMAC fait face à des défis tels qu’une faible l’Ouest (CEDEAO). Dans la région CEMAC, 37,1 pour connectivité, et un manque de compétences cent des lignes tarifaires sont soumises au taux de numériques et de réglementations favorables. 30 pour cent tandis que 45,5 pour cent sont soumises L’utilisation d’Internet reste en dessous de la au taux de 10 pour cent. Les échanges au sein de la moyenne de l’Afrique subsaharienne et le coût des CEMAC sont également entravés par des défis du côté données sont élevés : le prix de la connectivité de l’offre, notamment le manque de complémentarité mobile à large bande dédiée aux données dépasse commerciale et le sous-développement des la cible mondiale de 2 pour cent du revenu infrastructures. national brut par habitant dans toute la CEMAC, Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) à l’exception du Gabon. La réduction des coûts L’amélioration de la qualité et de l’accès à des de connectivité, la stimulation de la concurrence infrastructures de base et à des services numériques, et le développement des infrastructures et des en mettant l’accent sur le renforcement de la compétences numériques sont indispensables résilience aux chocs climatiques, contribuerait pour permettre l’adoption des technologies à dynamiser les échanges et la croissance. Un numériques. approvisionnement électrique stable, des réseaux de transport fiables et des ports efficients sont essentiels La poursuite de manière diligente des réformes au développement des entreprises et à la création en cours dans le cadre du programme de d’emplois. D’importantes lacunes subsistent dans réformes de la région, le PREF-CEMAC II, la région, notamment en ce qui concerne l’accès à ainsi que l’opérationnalisation du prochain l’électricité, l’efficience des douanes et des ports, les Programme économique régional, permettraient réglementations commerciales et le développement d’apporter des réponses aux principaux numérique. Selon l’Indice de performance logistique défis de développement de la CEMAC. Le 2023 de la Banque mondiale, les pays de la CEMAC se PREF-CEMAC II (Phase II du Programme 6 Source : Mémorandum Économique Pays de la Guinée équatoriale (à paraître). SECTION 1 — Évolutions récentes 15 des réformes économiques et financières de la CEMAC, 2021-2025) repose sur cinq piliers, à savoir : (i) la politique budgétaire ; (ii) la politique monétaire et le système financier ; (iii) les réformes structurelles ; (iv) l’intégration régionale ; et (v) la coopération internationale. Le premier pilier, axé sur l’amélioration de la politique budgétaire, vise à améliorer la mobilisation des recettes non pétrolières, à renforcer la capacité des administrations fiscales et à améliorer la qualité et l’efficience des dépenses publiques. Les réformes en cours visent à favoriser le développement du secteur privé et l’investissement dans la région. Le renforcement de l’intégration régionale nécessite de meilleures infrastructures. Les institutions de la CEMAC et les États membres ont progressé dans les réformes, notamment l’élaboration d’une stratégie régionale d’inclusion financière, un projet de politique industrielle régionale et des politiques qui contribuent à l’amélioration de la productivité et à l’expansion des industries locales (textile, agroalimentaire, bois et construction). Onze projets d’intégration prioritaires de la CEMAC définis dans le cadre du PREF-CEMAC II, couvrant entre autres les corridors de transport régionaux, la production d’énergie et l’interconnexion en matière d’énergie, le capital humain et la diversification économique, devraient à terme contribuer à renforcer les échanges, à accroître l’offre d’une énergie stable, Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) à améliorer la connectivité via la fibre optique, et à permettre de mettre en place de centres d’excellence pour le renforcement des capacités humaines. Dans l’ensemble, selon le rapport de suivi le plus récent du programme, 62 pour cent des actions de la matrice des réformes du programme avaient été mises en œuvre à la fin du quatrième trimestre 2023, contre 59 pour cent au troisième trimestre 2023 et 56 pour cent au premier trimestre 2023. Le futur PREF-CEMAC III serait aligné au Programme économique régional (PER 2025-2050) en cours d’élaboration et devrait définir une stratégie à long terme pour la croissance de la région. 16 SECTION 1 — Évolutions récentes Tableau 2. Indicateurs de développement dans la CEMAC LÉGENDE (1) Tendance des indicateurs de 2020 à 2023a : ↑ En augmentation = Stable ↓ En baisse Tercile (2) Position dans le groupe de revenub : TS Tercile supérieur TM Tercile moyen TI inférieur (a) Le tableau présente l’évolution de certains indicateurs économiques et structurels sur une période de trois ans (l’horizon temporel de chaque indicateur est précisé dans les notes). La valeur peut augmenter, baisser ou rester stable. (b) Pour chaque indicateur, la position du pays dans son groupe de revenus est établie sur la base de la valeur la plus récente de son indicateur (2022 ou 2023). Le pays peut appartenir au tercile supérieur (pays avec des scores plus élevés dans le groupe de revenu), au tercile moyen (pays avec des scores moyens dans le groupe de revenu) ou au tercile inférieur (pays avec des scores plus faibles dans le groupe de revenu). Remarque : Les cellules vides dans le tableau signifient qu’il n’y a, pour le moment, pas suffisamment de données disponibles pour évaluer la tendance ou établir à quel tercile le pays appartient. Revenu intermédiaire de la Revenu intermédiaire de la Faible revenu tranche supérieure tranche inférieure Guinée Gabon Cameroun Congo RCA Tchad Équatoriale Indicateurs structurels (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) SECTEUR PRIVÉ Investissement direct étranger, ↓ TS = TM ↓ TM ↑ TS = TI ↑ TS entrées nettes (% du PIB) Industrie (y compris bâtiment et travaux publics), valeur ajoutée ↓ TS = TS ↓ TM ↓ TS = TM ↓ TS (% du PIB) Agriculture, foresterie et pêche, = TM = TI = TM ↑ TI ↓ TM ↑ TM valeur ajoutée (% du PIB) Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Services, valeur ajoutée (% du ↑ TM ↓ TM ↑ TM = TI ↓ TM ↑ TI PIB) INFRASTRUCTURE Formation brute de capital fixe (% ↓ TI TI ↓ TI ↑ TM ↓ TI ↓ TI du PIB) Accès à l’électricité (% de la ↑ TI = TI ↑ TI ↑ TM = TI ↑ TI population) Indice de performance logistique ↑ TI ↓ TI ↓ TM = TI TS de la BM. Rang : Sur 139 pays CAPITAL HUMAIN ET NUMÉRISATION Dépenses publiques en matière ↓ TI ↑ TI ↓ TM ↓ TM ↓ TI ↑ TM d’éducation, total (% du PIB) Production par heure de travail (PIB constant en USD = TS ↓ TM = TI = TI ↓ TI = TI internationaux de 2017 en PPA) Utilisateurs d’Internet (% de la ↑ TI ↑ TI ↓ TM TI ↑ TI ↓ TI population) SECTION 1 — Évolutions récentes 17 Revenu intermédiaire de la Revenu intermédiaire de la Faible revenu tranche supérieure tranche inférieure Guinée Gabon Cameroun Congo RCA Tchad Équatoriale Indicateurs structurels (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) (1) (2) CHANGEMENT CLIMATIQUE Indice ND-GAIN sur la vulnérabilité et la préparation au = TI ↓ TI ↑ TI = TI = TI = TI changement climatique EMPLOI Emploi dans l'agriculture (% de = TS = TS ↓ TS ↓ TM = TS ↓ TS l'emploi total) Emploi dans l'industrie (% de ↑ TI ↑ TI ↑ TM ↑ TM ↑ TI ↑ TM l'emploi total) Emploi dans les services (% de ↑ TM ↑ TI ↑ TM ↑ TM ↑ TI ↑ TI l’emploi total) GOUVERNANCE Classement par centile parmi tous les pays (classement allant de 0 [le plus bas] à 100 [le plus élevé]) Capacité à se faire entendre et ↑ TI ↑ TI = TI ↑ TI = TM ↓ TI redevabilité Stabilité politique et absence de ↑ TM ↑ TM ↑ TI ↑ TS = TI ↓ TM violence/terrorisme Efficacité du gouvernement ↑ TI ↓ TI ↑ TI ↓ TI ↓ TI ↑ TM Qualité des réglementations ↑ TI ↑ TI = TI = TI = TI ↑ TM Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) État de droit ↓ TI ↓ TI ↑ TI ↑ TI ↓ TI ↑ TM Lutte contre la corruption ↓ TI ↓ TI = TI ↑ TI ↓ TI ↓ TI (c) Les investissements directs étrangers, la création de valeur ajoutée (secteurs agriculture, industrie, services), la formation brute de capital fixe, l’utilisation individuelle d’Internet et la production par heure de travail sont rapportés pour les années 2021, 2022 et 2023. La valeur de 2023 est utilisée pour placer les pays dans un tercile au sein de son groupe de revenus. (d) Les informations rapportées sur l’indice de performance logistique (IPL) de la BM ont trait à 2023, 2018 et 2016. La valeur de 2023 est utilisée pour placer les pays dans un tercile au sein de son groupe de revenus. (e) Pour tous les autres indicateurs, les données sont rapportées pour 2020, 2021 et 2022. La valeur de 2022 sert de référence pour la répartition en terciles. 18 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Credits: Bdx / Wikipedia – licensed under CC BY-SA 4.0 19 SECTION 2— Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Evolution récente et perspectives économiques par pays 7 7 Cette section est basée sur Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté (MPO) de la Banque mondiale qui ont été préparées pour les six pays de la CEMAC en vue des Assemblées annuelles de 2024. Les MPO donnent un aperçu des évolutions récentes, des prévisions des principales variables macroéconomiques et de la pauvreté au cours de la période 2024-2026, et examinent les défis critiques pour la croissance économique, pour la stabilité macroéconomique et pour la réduction de la pauvreté dans chaque pays. Les MPO de 147 pays couverts sont publiés deux fois par an pour les Assemblées de printemps et annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Les MPO pour l’Afrique subsaharienne peuvent être consultées ici : https://www.worldbank.org/en/publication/macro-poverty-outlook/mpo_ssa. 20 Cameroun Tableau 1 2023 Population, millions 28,6 PIB, milliards USD courants 47,7 PIB par habitant, USD courants 1 663,5 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 23,0 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 46,7 tranche inférieure (3,65 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 76,0 tranche supérieure (6,85 USD)a Coefficient de Ginia 42,2 Taux de scolarisation au primaire (% brut)b 110,7 Espérance de vie à la naissance, annéesb 60,3 Émissions totales de GES (mtCO2e) 128,3 Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données officielles. (a) Valeur la plus récente (2021), PPA de 2017. Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) (b) WDI pour les taux de scolarisation (2022) ; Espérance de vie (2021). L’économie camerounaise présente des signes de reprise économique après avoir connu un ralentissement en 2023. Néanmoins, les taux de croissance restent inférieurs aux objectifs fixés dans la Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030 (SND30), ce qui indiquerait que les actions de réduction de la pauvreté ont eu peu d’impact et que les opportunités d’emploi restent rares. Un ajustement budgétaire soutenu devrait permettre de maintenir le déficit à 0,8 pour cent du PIB en 2024 et favoriser une baisse supplémentaire du ratio dette publique/PIB. Malgré des perspectives de croissance plus favorables, il subsiste des risques, notamment ceux liés aux prochaines élections présidentielles et à la volatilité des prix des produits de base. SECTION 2 — CAMEROUN 21 Contexte et défis L’économie camerounaise a fait preuve de résilience face aux chocs externes. Cependant, de multiples défis structurels l’empêchent de réaliser son plein potentiel. Les crises multiples qui se sont produites entre 2020 et 2023 ont entraîné une croissance annuelle moyenne du PIB de 2,6 pour cent, bien en deçà des objectifs de la SND30, accompagnée d’une stagnation du revenu moyen par habitant. La croissance se trouve, par ailleurs, freinée par des contraintes en termes de qualité des infrastructures, notamment les infrastructures électriques, routières et numériques. D’autres facteurs entrent également en jeu, tels que le niveau embryonnaire du système financier et la forte dépendance aux exportations de produits de base. Les effets de plus en plus marqués du changement climatique et de la fragilité constituent des obstacles à une croissance plus forte et une réduction plus rapide de la pauvreté. Par exemple, le pays a été gravement touché par les inondations de 2024. Pour faire face à ces défis il serait important de repenser en profondeur le modèle de croissance de manière à donner une plus grande place à la participation du secteur privé, à redéfinir le rôle de l’État dans l’économie et à s’attaquer au problème de la faible productivité de la main-d’œuvre. Les taux de pauvreté se sont maintenus pratiquement au même niveau depuis 2001. Combinée à une croissance démographique rapide, cette stagnation a abouti à une augmentation significative du nombre de Camerounais vivant dans l’extrême pauvreté qui a dépassé les 6,6 millions en 2023. Les inégalités restent fortes, avec un coefficient de Gini pour la consommation de 42,2 qui indique l’existence de fortes disparités en matière de niveau de vie entre les régions, ainsi qu’entre les milieux urbain et rural. En outre, la fragilité est en train de s’étendre : 9 régions sur les 10 que comptent le Cameroun sont désormais affectées par des conflits, dont certains sont une répercussion des conflits sévissant dans les pays voisins. Évolution récente Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Le dynamisme de l’activité économique a ralenti au Cameroun en 2023, le PIB réel n’ayant augmenté que de 3,3 pour cent, ce qui constitue une baisse par rapport aux 3,6 % de 2022. Cette baisse est due à un déclin des activités de transport suite à la forte augmentation des coûts des intrants dans ce secteur, à l’épuisement des champs pétroliers et aux pénuries d’énergie dans le secteur de l’industrie. Un rebond s’est produit lors du premier trimestre 2024, comme en témoigne la croissance de 3,7 % du PIB réel en glissement annuel. Il résulte de la bonne performance des services et de la production agricole destinée à l’exportation, elle-même due à l’amélioration des rendements et à l’augmentation des prix sur les marchés internationaux. Le déficit du compte courant s’est creusé, atteignant 4,1 pour cent du PIB en 2023 contre 3,6 % en 2022, le principal facteur étant le déclin de la production et des exportations de pétrole. Pour la même raison, il est resté élevé au premier trimestre 2024 à 4,7 % du PIB contre 3,1 % au cours du trimestre précédent. 22 SECTION 2 — CAMEROUN Le taux d’inflation moyen a baissé à 5,7 pour cent à la fin du mois de juillet 2024 contre 7,7 pour cent un an plus tôt, tempéré par la politique monétaire restrictive de la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC), la baisse de l’inflation importée et les mesures gouvernementales de contrôle des prix de certains produits de grande consommation, malgré une augmentation des prix à la pompe des carburants en février 2024. En 2023, le déficit budgétaire a continué de baisser, atteignant 0,8 pour cent du PIB contre 1,1 pour cent en 2022. Cette baisse a été soutenue par la réduction des subventions publiques aux carburants et des dépenses d’investissement public, et l’amélioration significative du recouvrement des recettes fiscales. La dette publique a baissé de 44,6 pour cent du PIB à 42,0 pour cent entre décembre 2023 et juin 2024. La dette publique du Cameroun est jugée viable bien qu’il existe un risque élevé de surendettement dû au non- respect des seuils des indicateurs de liquidité. En réponse aux effets inflationnistes des mesures de hausse des prix du carburant, des allègements fiscaux ont été accordés à des secteurs tels que l’agriculture, alors que le salaire minimum et les salaires dans la fonction publique ont été relevés. Cependant, compte tenu du nombre substantiel de Camerounais pauvres et vulnérables travaillant dans le secteur informel, ces mesures ne devraient contribuer que marginalement à la réduction de la pauvreté. Figure 1 / Cameroun : Croissance du PIB réel et Figure 2 / Cameroun : Taux de pauvreté réel et contributions à la croissance du PIB réel projeté et PIB réel par habitant Pour cent, points de pourcentage Taux de pauvreté (%) PIB réel par habitant (FCFA constant) 10 90 800 000 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 8 80 700 000 6 70 600 000 60 4 500 000 50 2 400 000 40 0 300 000 30 -2 20 200 000 -4 10 100 000 0 0 -6 2007 2014 2021 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2021 2024 Taux de pauvreté international Cons. Gov. Exportations FCFB Taux de pauvreté PRITI Stock Cons. Priv Importations Taux de pauvreté PRITS Disc. Statistique PIB PIB réel par hab Source : Banque mondiale Source : Banque mondiale SECTION 2 — CAMEROUN 23 Perspectives Les perspectives à moyen terme sont modérément positives avec une croissance du PIB réel qui devrait atteindre un taux de 3,7 pour cent en 2024 et un peu plus de 4 pour cent en moyenne en 2025 et 2026. Cette croissance serait tirée par les facteurs suivants dont les effets devraient se répercuter sur d’autres secteurs économiques : (i) l’amélioration de l’offre en énergie électrique, grâce à la mise en service du barrage hydroélectrique de Nachtigal qui représente un tiers de l’offre actuelle, et (ii) l’intensification de l’investissement public, en particulier dans les infrastructures, avec comme objectif 7,0 pour cent du PIB d’ici à 2027 contre 3,9 pour cent en 2023. L’intensification des investissements publics serait soutenue par l’augmentation des recettes publiques alors que le déficit budgétaire demeurerait à0,8 pour cent du PIB en 2024 comme en 2023, et se stabiliserait autour de 1 pour cent du PIB à moyen terme, ce qui entrainerait une baisse graduelle du ratio dette publique/PIB. Bien que les investissements publics dans les projets d’infrastructures dans le cadre de la SND30 devraient augmenter selon les projections, des améliorations des comptes budgétaires seront recherchées en 2024, notamment par le renforcement du recouvrement des recettes fiscales et une meilleure maitrise des dépenses courantes, en particulier au vu de la réduction du coût des subventions aux carburants qui devraient baisser encore plus après le relèvement des prix à la pompe de février 2024. L’inflation moyenne continuerait de baisser, passant d’un taux de 4,7 pour cent en 2024 à 3,0 pour cent en 2026, sous l’effet de la politique monétaire restrictive de la BEAC. Le déficit du compte courant se maintiendrait aux alentours de 4,0 pour cent du PIB sur le moyen terme, reflétant la baisse de la production pétrolière à cause de l’épuisement des champs pétroliers et les plus grands volumes d’importations qu’appellerait l’intensification des investissements publics. Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) D’après les prévisions, la croissance du PIB réel par habitant ne devrait pas suffire à réduire la pauvreté au cours des trois prochaines années. En conséquence, 600 000 personnes de plus pourraient rejoindre les rangs de la population vivant dans l’extrême pauvreté, dont le nombre pourrait atteindre 7,2 millions d’ici à 2026. Ces perspectives restent sujettes aux risques associés (i) à la volatilité des prix des matières premières ; (ii) à la persistance de la crise sécuritaire ; (iii) à des appuis budgétaires obtenus des bailleurs externes inférieurs aux attentes ; (v) à la persistance des pénuries d’énergie électrique ; (v) à des investissements publics en berne ; et (vi) aux tensions qui pourraient surgir avec les élections présidentielles d’octobre 2025. 24 SECTION 2 — CAMEROUN Tableau 2: Indicateurs des perspectives macroéconomiques et taux de pauvreté (variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire) 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p Croissance du PIB réel, à des prix du marché 3,3 3,6 3,3 3,7 4,0 4,2 constants Consommation privée 4,7 4,2 2,4 3,5 3,7 3,8 Consommation publique 2,6 -3,3 0,2 0,2 0,3 0,2 Formation brute de capital fixe -3,0 14,4 10,1 8,3 8,4 8,8 Exportations, biens et services 19,8 -5,1 6,4 7,0 7,7 8,0 Importations, biens et services 9,0 7,3 9,2 8,8 8,9 9,2 Croissance réelle du PIB, à prix constants des 3,3 3,6 2,9 3,7 4,0 4,2 facteurs Agriculture 2,9 3,2 2,5 2,9 3,1 3,3 Industrie 4,1 3,6 2,5 3,6 4,3 4,2 Services 3,0 3,6 3,3 3,9 4,1 4,5 Inflation (indice des prix à la consommation) 2,5 6,3 7,4 4,7 3,5 3,0 Solde du compte courant (% du PIB) -4,0 -3,6 -4,1 -4,2 -4,3 -4,0 Solde budgétaire (% du PIB) -2,9 -1,1 -0,8 -0,8 -1,0 -1,1 Recettes (% du PIB) 14,8 16,8 17,2 17,6 17,9 18,0 Dette (% du PIB) 48,1 45,3 44,6 42,2 39,2 38,1 Solde primaire (% du PIB) -1,9 -0,3 0,3 0,3 0,1 -0,1 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 23,0 22,5 23,4 24,2 24,3 23,5 USD en PPA de 2017) a,b Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 46,7 46,0 46,7 46,8 46,7 46,2 tranche inférieure (3,65 USD en PPA de 2017)a,b Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 76,0 75,2 75,2 75,1 74,7 74,4 tranche supérieure (6,85 USD en PPA de 2017)a,b Croissance des émissions de GES (mtCO2e) -1,0 0,4 0,9 2,2 2,4 2,1 Émissions de GES liés à l’énergie (% du total) 7,0 7,0 7,0 7,1 7,1 7,3 Source : Banque mondiale, Pôles mondiaux d’expertise Pauvreté et équité, et Macroéconomie, commerce et investissement. Données sur les émissions provenant du CAIT et de l’OCDE. Notes : e = estimation, p = prévision. Les données sur la pauvreté sont exprimées en PPA de 2017, contrairement aux éditions précédentes qui étaient exprimées en PPA de 2011, entraînant des changements majeurs. Voir pip.worldbank.org (a) Calculs basés sur l’ECAM-V de 2021. Données réelles : 2021. Prévision immédiate : 2022-2023. Les prévisions concernent la période de 2024 à 2026. (b) Projection utilisant la méthodologie de micro-simulation. 25 République centrafricaine Tableau 1 2023 Population, millions 5,7 PIB, milliards USD courants 2,6 PIB par habitant, USD courants 457,6 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 65,7 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 85,8 tranche inférieure (3,65 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 96,2 tranche supérieure (6,85 USD)a Coefficient de Ginia 43,0 Taux de scolarisation au primaire (% brut)b 110,7 Espérance de vie à la naissance, annéesb 54,5 Émissions totales de GES (mtCO2e) 56,2 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données officielles. (a) Valeur la plus récente (2021), PPA de 2017. (b) Valeur la plus récente, WDI (2022). En l’absence de solutions au problème d’’insuffisance des importations de carburant et l’occurrence à répétition de pannes de courant en 2024, l’économie centrafricaine continue à stagner, la croissance se situant à 0,7 pour cent selon les projections. Dans ce contexte, le pays doit composer avec une situation macro budgétaire difficile. À moins que les autorités n’obtiennent un appui suffisant sous forme de dons pour 2025, il y a lieu de se préoccuper quant à la capacité de l’État à couvrir les salaires et à remplir ses obligations sans accumuler d’arriérés dans un futur prévisible. 26 SECTION 2 — RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Contexte et défis La République centrafricaine (RCA) reste enfoncée dans la pauvreté et la fragilité malgré une abondance de ressources naturelles, notamment l’or et les diamants. Affectée par les conflits, les chocs externes et des défis en matière de gouvernance, elle a vu son revenu par habitant chuter d’un tiers depuis l’escalade de la guerre civile à la fin de l’année 2012. Elle figure désormais parmi les pays les plus pauvres au monde, deux tiers de sa population vivant dans l’extrême pauvreté. En outre, le pays n’est pas parvenu à résoudre le problème de pénuries de carburant depuis 2022, notamment en ce qui concerne environ 80 pour cent des importations de carburant qui sont normalement effectuées à partir du fleuve Oubangui. Les finances publiques de la RCA sont soumises à d’immenses pressions à cause de la faiblesse de la mobilisation des recettes et des pressions associées aux dépenses du secteur social, ces pressions étant exacerbées par un gel de facto de l’appui budgétaire provenant des partenaires au développement associé à des défis en matière de gouvernance et à l’utilisation des ressources budgétaires pour financer des dépenses en rapport à la sécurité. La RCA reste exposée à un risque élevé de surendettement avec des pressions dues à l’endettement qui se sont substantiellement alourdies au cours des dernières années et des risques de liquidité substantiels qui pourraient compromettre la capacité du gouvernement à payer les salaires des fonctionnaires et à financer les services publics essentiels. Il est crucial pour le pays que les réformes de politique mises en œuvre dans le cadre du programme FEC du FMI aboutissent et qu’il parvienne à obtenir l’appui d’autres partenaires au développement pour restaurer la stabilité macro budgétaire. Des réformes devraient être menées dans différents domaines critiques, notamment la révision de la structure des prix du pétrole et du système de passation des marchés Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) de manière à assurer une fourniture viable et durable en carburants, le renforcement de la mobilisation des recettes intérieures et la transparence budgétaire, et l’amélioration de la gestion et de la viabilité de la dette. Évolution récente L’économie a stagné depuis 2023, en partie à cause de la baisse récente de 13 pour cent de la production d’or qui et peut être due à la contrebande dans les zones de conflit. Cependant, la principale cause de cette stagnation est les retards et l’incertitude quant à la réalisation de la campagne d’importation de carburant par voie fluviale qui représente normalement 80 à 85 pour cent du total des approvisionnements. Les pénuries de carburant, qui surviennent pour la troisième année consécutive, continuent de perturber la production et le commerce dans le pays. Même si la réquisition de stations-services du Grand Bangui et le marché noir ont empêché un effondrement immédiat, la situation demeure critique à cause de l’insuffisance des réserves. De plus, des défaillances potentielles de production SECTION 2 — RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE 27 d’électricité à Boali et la nécessité de réhabiliter l’ancienne ligne électrique alimentant Bangui, ont réduit le temps d’activité en lumière de nuit au cours de la première moitié de l’année 2024 (M1-2024) comparée à la M1-2023, et ont donc vraisemblablement affecté le secteur privé, en particulier les petites entreprises n’ayant pas de réserves ou de sources d’électricité de secours. Le resserrement monétaire régional, ainsi que la stagnation économique, ont maintenu le taux d’inflation mensuel en-dessous de 2 pour cent depuis février 2024, principalement grâce aux prix modérés des aliments et du logement. La BEAC a maintenu une politique monétaire stricte, gardant le taux d’intérêt des appels d’offre à 5 pour cent après une augmentation cumulée de 175 points de base depuis novembre 2021, et a modéré l’absorption de liquidités depuis le début de l’année 2024. Le déficit budgétaire s’est amenuisé depuis 2023 grâce à la consolidation forcée, notamment en ce qui concerne les dépenses en capital financées sur ressources internes, les réformes fiscales et un plus grand financement sous forme de don, malgré les dépassements de budget sur certains éléments de dépense tels que les frais de missions à l’étranger et les équipements pour les forces armées nationales. L’impact budgétaire négatif direct et indirect des pénuries de carburant sur le recouvrement de recettes devrait être faible si les réserves de carburant sont maintenues. Malgré une baisse de la production d’or, le déficit du compte courant s’est stabilisé à l’équivalent d’environ 9,2 pour cent du PIB depuis 2023 grâce à l’amélioration des termes de l’échange et des cours de l’or favorables. Des défis demeurent en raison du manque de compétitivité et de la faiblesse des liens avec les chaînes de valeur Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) mondiales. La pauvreté extrême reste omniprésente et profonde en RCA, avec 65,7 pour cent de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté extrême en référence au seuil international de 2,15 USD (PPA de 2017) par personne par jour. La RCA présente également d’importantes inégalités spatiales. Environ 74,4 pour cent des Centrafricains ruraux vivent en-dessous du seuil de pauvreté national, contre 61,1 pour cent des citadins. Il existe également d’importantes disparités régionales : à Bangui, le taux de pauvreté au seuil national est de 40,1 pour cent, ce qui est considérablement inférieur à la moyenne de 73,3 pour cent de l’ensemble des autres régions prises ensemble et moins de la moitié du taux de pauvreté de la région la plus pauvre de RCA, le Haut Oubangui, où 84,7 pour cent de la population vit dans la pauvreté. Malgré une baisse de l’inflation des prix en général depuis 2023, le niveau de pauvreté devrait rester élevé en raison de la faible performance économique et de la baisse du revenu par habitant. 28 SECTION 2 — RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Figure 1 / République centrafricaine : Dynamique Figure 2 / République centrafricaine : Taux de et composition de la dette publique au cours des pauvreté réel et projeté et PIB réel par habitant dernières années Pourcentage du PIB Taux de pauvreté (%) PIB réel par habitant (FCFA constant) 70 120 300 000 60 100 250 000 50 80 200 000 40 60 150 000 30 20 40 100 000 10 20 50 000 0 0 0 2020 2021 2022 2023 2024e 2008 2015 2022 Dette intérieure Taux de pauvreté international Dette extérieure Taux de pauvreté PRITI Dette publique Taux de pauvreté PRITS PIB réel par hab Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. Remarque : voir le Tableau 2. Perspectives Le taux de croissance pour 2024 selon les projections a été révisé de 1,3 pour cent (estimations du printemps) à 0,7 pour cent, reproduisant ainsi la sous-performance de Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) l’année dernière due à une baisse de la production d’or, à des pénuries de carburant et aux pannes de courant répétées à Bangui. Selon les projections, la croissance du PIB réel devrait se rétablir petit à petit pour atteindre 1,6 pour cent en 2025-26, en partie grâce aux effets de base et à la mise en œuvre effective des ajustements politiques visant à améliorer l’approvisionnement en carburant après trois ans de pénuries. L’inflation devrait ralentir à 1,5 pour cent d’ici la fin de l’année 2024. Cependant, le niveau de pauvreté devrait rester élevé à cause de la baisse des revenus par habitant, aggravée par les contraintes budgétaires déjà sévères au niveau des ménages et la faiblesse de la reprise économique. Le déficit budgétaire devrait s’améliorer, passant de 3,5 pour cent en 2023 à 2,8 pour cent en 2024. Selon les projections, le solde budgétaire devrait graduellement se détériorer en 2025 et 2026 en l’absence d’un engagement fort des partenaires bailleurs à accorder des appuis sous forme de dons. Toutefois, cette détérioration serait partiellement atténuée par d’importants efforts en faveur de la mobilisation SECTION 2 — RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE 29 des recettes intérieurs, notamment la numérisation des procédures et des paiements, le recouvrement des droits d’accise, de la TVA et de diverses recettes, ainsi que des réformes des prix de référence du bois de construction et des prix à la pompe du carburant, et des révisions des exonérations fiscales et du système de TVA. La dette publique devrait se stabiliser à 58,3 pour cent du PIB en 2024, avec une dette intérieure atteignant 25,9 pour cent du PIB. Le compte courant devrait légèrement s’améliorer grâce à une plus grande production d’or dans les préfectures de l’Ouest et à la production locale plus importante de bois scié. Cependant, il devrait continuer à être significativement déficitaire à compter de 2025 à cause des dépenses en énergie, en équipements et en aliments. Les risques auxquels les perspectives sont exposées sont fortement orientés à la baisse. Les élections présidentielles de 2025 pourraient poser des risques pour la sécurité et la stabilité. Une inversion des gains récents en sécurité pourrait avoir des effets négatifs sur des secteurs clés tels que la production alimentaire et la transformation, l’exploitation minière, le transport et le commerce de détail, ce qui aurait pour effet de ralentir la croissance économique et de faire qu’il soit plus compliqué pour le pays de s’en sortir de la fragilité. Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Credits: MONUSCO/Myriam Asmani / Wikipedia – licensed under CC BY-SA 2.0 30 SECTION 2 — RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Tableau 2 / République centrafricaine : Indicateurs des perspectives macroéconomiques et taux de pauvreté (variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire) 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p Croissance du PIB réel, à des prix du marché 1,0 0,5 0,7 0,7 1,1 2,0 constants Consommation privée 1,3 0,0 1,2 1,5 1.9 2.3 Consommation publique -3,8 -8,2 3,5 -4,5 -4.4 -1.9 Formation brute de capital fixe -15,9 -4,5 -2,7 -1,4 -0,5 2,1 Exportations, biens et services -5,3 2,6 9,0 1,3 2,4 3,2 Importations, biens et services -11,5 -5,5 5,5 0,8 1,7 2,7 Croissance réelle du PIB, à prix constants des 1,5 1,0 0,7 0,7 1,1 2,0 facteurs Agriculture 2,7 2,2 2,3 1,7 2.4 2.9 Industrie -1,7 -3,9 -0,5 -0,5 0,5 1,2 Services 2,2 2,4 0,1 0,4 0,3 1,6 Inflation (indice des prix à la consommation) 4,3 5,6 3,0 1,5 2,3 2,9 Solde du compte courant (% du PIB) -11,1 -12,7 -9,1 -9,2 -8,7 -8,3 Solde budgétaire (% du PIB) -6,0 -5,3 -3,5 -2,8 -4,6 -4.8 Recettes (% du PIB) 13,7 12,3 14,4 14,4 12,4 12.3 Dette (% du PIB) 48,5 51,1 57,7 58,3 57,9 57.3 Solde primaire (% du PIB) -5,7 -4,9 -2,9 -1,9 -3,6 -3.8 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 65,7 65,3 65,8 66,1 66,8 67,4 USD en PPA de 2017)a,b Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 85,8 85,6 86,1 86,1 86,5 87,0 tranche inférieure (3,65 USD en PPA de 2017)a,b Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 96,2 96,1 96,4 96,4 96,5 96,5 tranche supérieure (6,85 USD en PPA de 2017)a,b Croissance des émissions de GES (mtCO2e) 1,5 -0,2 -0,2 -0,2 -0,2 -0,2 Émissions de GES liés à l’énergie (% du total) 0,4 0,4 0,4 0,5 0,5 0,5 Source : Banque mondiale, Pôles mondiaux d’expertise Pauvreté et équité, et Macroéconomie, commerce et investissement. Données sur les émissions provenant du CAIT et de l’OCDE. Notes : e = estimation, p = prévision. Les données sur la pauvreté sont exprimées en PPA de 2017, contrairement aux éditions précédentes qui étaient exprimées en PPA de 2011, entraînant des changements majeurs. Voir pip.worldbank.org (a) Calculs basés sur 2021-EHCVM. Données réelles : 2021. Prévision immédiate : 2022-2023. Les prévisions concernent la période de 2024 à 2026. (b) Projection utilisant la méthodologie de micro-simulation. 31 République du Congo Tableau 1 2023 Population, millions 6,1 PIB, milliards USD courants 15,3 PIB par habitant, USD courants 2 508,8 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 35,4 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 59,1 tranche inférieure (3,65 USD)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 83,5 tranche supérieure (6,85 USD)a Coefficient de Ginia 48,9 Taux de scolarisation au niveau primaire 87,7 (% brut)a Espérance de vie à la naissance, annéesb 63,1 Émissions totales de GES (mtCO2e) 29,2 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données officielles. (a) Valeur la plus récente (2011), PPA de 2017. (b) Valeur la plus récente, WDI (2022). Le revenu par habitant devrait baisser de 0,2 pour cent en 2024, en raison d’un taux de croissance modeste de 2,1 pour cent. Le taux de pauvreté devrait donc connaître une légère augmentation. Les réformes fiscales contribuent à la mobilisation de ressources intérieures, maintenant un excédent budgétaire qui devrait s’élever à 2,8 pour cent du PIB en 2024, contre 3,6 pour cent en 2023. Les perspectives de croissance se sont améliorées, mais restent vulnérables au déclin de la production pétrolière, à la volatilité des cours du pétrole et aux retards dans la mise en œuvre des réformes structurelles. 32 SECTION 2 — RÉPUBLIQUE DU CONGO Contexte et défis De 2015 à 2023, le PIB annuel réel s’est contracté de 1,9 pour cent en moyenne, entraînant une baisse cumulée de 32 pour cent du revenu par habitant. La récession économique a commencé avec la baisse des cours du pétrole pendant la période 2014-2016 et a été exacerbée par les réductions des dépenses publiques et l’accumulation d’arriérés intérieurs qui ont, à leur tour, entrainé une réduction des investissements privés. La pandémie de COVID-19 a prolongé la récession, faisant tomber le PIB par habitant à ses niveaux du début des années 1970. En conséquence, l’extrême pauvreté a augmenté de 33,5 pour cent en 2015 à 46,6 pour cent en 2022, ce qui représente une inversion des progrès réalisés en matière de lutte contre la pauvreté par le passé. La difficulté à ajuster les dépenses publiques au moment où les recettes pétrolières ont commencé à baisser, a fait augmenter le ratio dette/PIB de 42,3 pour cent en 2014 à un pic de 103,5 pour cent en 2020, avant qu’il se modère à 96 pour cent en 2023. En 2017, le Congo a été classé comme en situation de surendettement, sa dette étant non soutenable. Grâce aux réformes de restructuration et de gestion de la dette, la dette du Congo est redevenue soutenable à partir de 2021, mais le pays reste en situation de surendettement à cause de la restructuration en cours et l’audit des arriérés intérieurs. À cause de sa dépendance aux recettes pétrolières, l’économie reste vulnérable au déclin de la production pétrolière et à la volatilité des cours du pétrole. Cette vulnérabilité, à son tour, affecte les perspectives de croissance à long terme. Pour qu’il y ait un développement durable au Congo, il faut diversifier les atouts nationaux, renforcer les institutions, le capital humain et physique, et utiliser le capital naturel de manière équilibrée. Évolution récente En 2023, la croissance économique du pays a été de 1,9 pour cent et s’est traduite par une Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) baisse de 0,4 pour cent du PIB par habitant. La croissance reste modeste, tirée par les secteurs non pétroliers. Dans la première moitié de 2024, la croissance non pétrolière a été tirée par l’agriculture et l’industrie. L’appui du gouvernement (exonérations de droits de douane, zones agricoles protégées, centres de mécanisation agricoles, etc.) et les investissements du secteur privé ont stimulé la croissance agricole tandis que la forte demande extérieure pour le ciment et de nouvelles brasseries ont tiré la croissance de l’industrie manufacturière. La production pétrolière a baissé de 2,7 pour cent pendant la première moitié de 2024 à cause du vieillissement des équipements et des champs pétroliers. Malgré la baisse des recettes pétrolières, le budget a enregistré un excédent lors du premier trimestre de 2024, grâce à une meilleure mobilisation des recettes pétrolières, à des réductions des subventions aux carburants et à la maîtrise des dépenses publiques. Les recettes fiscales intérieures et les recettes douanières ont augmenté de 14 pour cent et 21 pour cent respectivement (en glissement annuel) au cours du premier trimestre de 2024, tandis que les exonérations accordées par l’État ont baissé de 9 pour cent sur la SECTION 2 — RÉPUBLIQUE DU CONGO 33 même période. Les dépenses publiques ont baissé à cause de la baisse des dépenses en biens et services et des investissements. Après avoir baissé à 86,6 pour cent en 2022, le ratio dette/PIB a atteint 96 pour cent en 2023 à cause des arriérés intérieurs. L’excédent du compte courant a baissé à 8,6 pour cent du PIB en 2023 en raison de la baisse des recettes d’exportation et des factures d’importation élevées dues aux investissements dans la construction du centre de production de gaz. Le secteur bancaire reste solvable mais vulnérable aux prêts non productifs. A l’image de la première moitié de 2023, les dépôts bancaires et les prêts au secteur privé ont augmenté au cours du premier trimestre 2024. Les pressions inflationnistes ont persisté au début de 2024, tirées par l’augmentation des prix des carburants de l’année précédente et de la flambée des prix du ciment et de la bière. La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a maintenu sa politique monétaire restrictive afin de contenir l’inflation et d’appuyer la viabilité extérieure du régime de change. Après une augmentation cumulée de 175 points de base entre novembre 2021 et mars 2023, elle a maintenu son taux directeur à 5 pour cent. Les injections de liquidités hebdomadaires ont été suspendues au début de l’année 2023 et la BEAC a revu à la baisse ses opérations d’absorption de liquidités depuis le début de l’année 2024. S’agissant du taux de pauvreté, il est monté à 46,76 pour cent en 2023, à cause de la croissance négative du PIB par habitant. Figure 1 / République du Congo : Croissance du PIB Figure 2 / République du Congo : Taux de pauvreté réel réel et projeté et PIB réel par habitant Taux de pauvreté (%) PIB réel par habitant (FCFA constant) Variation en pourcentage 6 100 1 200 000 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 4 90 1 000 000 2 80 0 70 800 000 -2 60 50 600 000 -4 40 -6 400 000 30 -8 20 200 000 -10 10 -12 0 0 2019 2020 2021e 2022e 2023e 2024p 2025p 2026p 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 PIB pétrolier PIB non pétrolier PIB réel Taux de pauvreté international Taux de pauvreté PRITI Taux de pauvreté PRITS PIB réel par hab Source : Banque mondiale Source : Banque mondiale 34 SECTION 2 — RÉPUBLIQUE DU CONGO Perspectives L’économie congolaise devrait connaître une croissance modeste de 2,1 pour cent en 2024 et une croissance moyenne de 3,4 pour cent en 2025-2026. Le secteur pétrolier, qui devrait croître de 2,3 pour cent entre 2025 et 2026, selon les projections, serait soutenu par le renouvellement des équipements et des champs pétroliers grâce aux investissements à venir. Le secteur non-pétrolier dont le taux de croissance moyen devrait atteindre 4,3 pour cent en 2025-26, serait soutenu par l’élan continu dans l’agriculture et l’industrie. Les activités non pétrolières seraient également appuyées par l’augmentation de la demande intérieure que devraient entrainer la liquidation continue des arriérés intérieurs, l’augmentation graduelle des dépenses sociales et les investissements publics. Les dépôts bancaires et les prêts au secteur privé devraient continuer à augmenter en 2024, grâce au paiement prochain des arriérés intérieurs. Les pressions inflationnistes devraient persister pour atteindre 3,8 pour cent en 2024 avant de revenir au seuil cible de 3 pour cent de la BEAC d’ici 2025. D’après les projections, la croissance du PIB par habitant devrait rester négative en 2024 à -0,2 pour cent. Le taux de pauvreté devrait donc légèrement augmenter à 46,8 pour cent en 2024, avant de retomber à une moyenne de 46,0 pour cent sur la période 2025-26. L’excédent budgétaire devrait diminuer à 2,8 pour cent du PIB en 2024 puis à 1,9 pour cent sur la période 2025-2026 à cause de la chute prévue des cours du pétrole. L’augmentation projetée des dépenses sociales et des dépenses d’investissement à moyen terme devrait avoir un impact négatif sur l’excédent budgétaire. Cependant, les nouveaux investissements dans les équipements et les champs pétroliers pourraient stimuler la production de pétrole et ainsi préserver l’excédent budgétaire. Le ratio dette/PIB du Congo reste élevé et représente toujours une source de risque budgétaire, mais il devrait retomber à 86,6 pour cent sur la période 2025-2026 grâce aux réformes récentes. Le déclin attendu des exportations devrait réduire l’excédent du compte Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) courant actuel à 2,9 pour cent alors que le ralentissement attendu des exportations devrait contribuer à préserver l’excédent en 2024. La reprise se heurte à des perspectives de faible croissance, accompagnées de risques essentiellement à la baisse, y compris la volatilité des cours du pétrole, une baisse de la demande mondiale, le report des investissements pétroliers, des conditions de financement plus difficiles, de mauvaises conditions météorologiques, comme l’illustrent les graves impacts causés par les inondations en 2024, et une faible mise en œuvre des réformes. En revanche, l’expansion attendue de l’industrie du gaz représente un risque à la hausse pour la croissance, les finances publiques et la balance des paiements. SECTION 2 — RÉPUBLIQUE DU CONGO 35 Tableau 2 / République du Congo: Indicateurs des perspectives macroéconomiques et taux de pauvreté (variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire) 2021e 2022e 2023e 2024p 2025p 2026p Croissance du PIB réel, à prix de marché 1,0 1,5 1,9 2,1 3,5 3,3 constants Consommation privée 11,5 5,0 4,9 5,6 4,7 5,0 Consommation publique 2,1 -5,0 0,6 1,3 1,9 1,5 Formation brute de capital fixe 14,0 10,0 8,6 7,0 4,4 5,1 Exportations, biens et services -1,0 -0,7 1,0 -0,7 4,2 2,5 Importations, biens et services 25,0 5,9 8,9 6,5 6,3 4,9 Croissance réelle du PIB, à prix constants des 1,0 1,5 1,9 2,1 3,5 3,3 facteurs Agriculture 1,9 3,0 2,8 2,8 3,4 3,7 Industrie -3,3 -0,6 0,7 1,1 4,6 3,5 Services 2,0 3,1 2,9 2,8 3,2 3,4 Inflation (indice des prix à la consommation) 2,0 3,0 4,3 3,8 3,0 3,0 Solde du compte courant (% du PIB) 11,6 15,4 8,6 2,9 1,5 1,8 Entrée nette des investissements directs 2,2 7,9 9,5 4,8 5,1 4,9 étrangers (% du PIB) Solde budgétaire (% du PIB) 1,2 7,9 3,6 2,8 1,9 1,9 Recettes (% du PIB) 21,1 28,6 24,3 24,0 23,6 23,5 Dette (% du PIB) 92,1 86,6 96,0 94,7 89,3 83,8 Solde primaire (% du PIB) 3,1 10,2 6,4 5,6 4,7 4,6 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taux de pauvreté au seuil international (2,15 46,4 46,6 46,8 46,8 46,4 45,7 USD en PPA de 2017)a,b Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 70,6 70,9 71,0 71,1 70,7 70,3 tranche inférieure (3,65 USD en PPA de 2017)a,b Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 90,6 90,7 90,8 90,8 90,6 90,4 tranche supérieure (6,85 USD en PPA de 2017)a,b Croissance des émissions de GES (mtCO2e) -4,1 2,8 2,5 2,2 1,5 1,2 Émissions de GES liés à l’énergie (% du total) 15,1 15,4 16,0 16,6 17,6 18,7 Source : Banque mondiale, Pôles mondiaux d’expertise Pauvreté et équité, et Macroéconomie, commerce et investissement. Données sur les émissions provenant du CAIT et de l’OCDE. Notes : e = estimation, p = prévision. Les données sur la pauvreté sont exprimées en PPA de 2017, contrairement aux éditions précédentes qui étaient exprimées en PPA de 2011, entraînant des changements majeurs. Voir pip.worldbank.org (a) Calculs basés sur 2011-ECOM. Données réelles : 2011. Prévision immédiate : 2012-2023. Les prévisions concernent la période de 2024 à 2026. (b) Projections utilisant la distribution neutre (2011) avec répercussion = 0,87 (Med (0,87)) basée sur le PIB par habitant exprimé en unités de monnaie locale constantes. 36 Tchad Tableau 1 2023 Population, millions 18,3 PIB, milliards USD courants 13,6 PIB par habitant, USD courants 745,0 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 30,8 USD)a Taux de pauvreté – revenue intermédiaire de 62,8 la tranche inférieure (3,65 USD)a Taux de pauvreté – revenue intermédiaire de 88,8 la tranche supérieure (6,85 USD)a Coefficient de Ginia 37,4 Taux de scolarisation au primaire (% brut)b 90,4 Espérance de vie à la naissance, annéesb 53,0 Émissions totales de GES (mtCO2e) 123,8 Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données officielles. Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) (a) Valeur la plus récente (2022), PPA de 2017. (b) Valeur la plus récente, WDI (2022). En 2024, la croissance du PIB devrait ralentir à 3 pour cent (-0,1 pour cent en termes par habitant) malgré l’augmentation des exportations de pétrole et des dépenses publiques, en raison des répercussions économiques de la guerre au Soudan. Le taux d’inflation augmenterait à 6,5 pour cent, exacerbée par les inondations, qui ont entraîné des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire. Le taux de pauvreté devrait augmenter à 36,4 pour cent. Les risques baissiers auxquels les perspectives sont exposées comprennent l’instabilité régionale, l’insécurité et les chocs climatiques supplémentaires. SECTION 2 — TCHAD 37 Contexte et défis La croissance économique du Tchad a été volatile et faible, reflétant sa dépendance à l’égard du secteur pétrolier qui représente 85 pour cent des exportations et 56 pour cent des recettes fiscales. Des efforts de diversification économique sont en cours, avec des mesures visant à industrialiser le secteur de l’élevage, à faciliter l’accès aux intrants pour le secteur agro- pastoral et à limiter les obstacles au commerce avec les pays non-membres de la CEMAC. Le Tchad fait également partie des pays les plus vulnérables au changement climatique. L’insuffisance des pluies et les inondations intenses fréquentes (la plus récente datant de 2022 et de cette année) affectent la production agricole. Ces phénomènes météorologiques, combinés aux conflits et aux déplacements de population, ont entrainé une situation d’insécurité alimentaire chronique. Au terme de la transition politique, le Président Mahamat Idriss Deby a été déclaré vainqueur des élections présidentielles de mai 2024, qui se sont déroulées sans grande violence. La situation sécuritaire reste précaire, avec les menaces de Boko Haram dans la région du lac Tchad et la rébellion armée du FACT dans le Nord. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, on estime que 910 000 personnes ont franchi la frontière du Tchad depuis le début de la crise au Soudan en avril 2023, dont 213 339 rapatriés tchadiens. La guerre au Soudan, ainsi que la rébellion en Lybie, ont entrainé une augmentation des dépenses humanitaires ainsi que des dépenses militaires pour la sécurisation des frontières. Évolution récente Malgré la pression causée par la crise des réfugiés en cours- qui sollicite fortement les ressources locales et accroît les pressions fiscales - l’économie tchadienne devrait connaitre une croissance de 3 pour cent en 2024 (-0,1 pour cent pour le PIB par habitant). La croissance du PIB non-pétrolier est estimée à 2,7 pour cent. Elle a baissé par rapport Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) à son niveau de 2023 où elle était de 4,1 pour cent, cette baisse s’expliquant par le ralentissement de la croissance des investissements publics. Du côté de l’offre, l’industrie devrait contribuer à la croissance à hauteur de 1,3 points de pourcentage (pp), soutenue par une modeste augmentation de la production pétrolière ; suivie de l’agriculture (1pp), qui a été négativement affectée par les importantes inondations ; et les services (0,7 pp). Les exportations nettes devraient rester le principal moteur du côté demande (+1,1 pp), le volume des exportations de pétrole au premier trimestre ayant augmenté de 8,4 pour cent par rapport à la même période en 2023. Les investissements et la consommation publics devraient contribuer à la croissance respectivement à hauteur de 0,6 et 0,3 pp. Le déficit du compte courant devrait légèrement se creuser pour atteindre 1,7 pour cent du PIB. La demande pour des biens importés (résultant des dépenses d’investissement et militaires et des opérations d’aide humanitaire aux réfugiés soudanais) reste forte, et les termes de l’échange sont en train de se détériorer. L’inflation, après s’être atténuée à 4,1 pour cent en 2023, devrait bondir à 6,5 pour cent en 2024 à cause des prix plus élevés des aliments et du transport. D’après les estimations, le taux de pauvreté devrait augmenter de 2,6 pp pour atteindre 36,4 pour cent en 2024, portant 38 SECTION 2 — TCHAD le nombre total de la population vivant dans la pauvreté extrême à 6,9 millions. Depuis la mi-juillet, les inondations provoquées par les fortes pluies ont affecté plus de 1,5 million de personnes, ont détruit 259 000 hectares de cultures et ont causé la perte de près de 70 000 têtes d’animaux d’élevage. Selon les estimations, 3,4 millions de personnes (20 pour cent de la population) ont été confrontées à l’insécurité alimentaire sévère entre juin et août 2024. La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a maintenu sa politique monétaire restrictive en 2023 afin de contenir les pressions inflationnistes et appuyer la viabilité extérieure du régime de change. Le taux directeur de la BEAC a été maintenu à 5 pour cent après une augmentation cumulée de 175 points de base entre novembre 2021 et mars 2023. Les injections de liquidités hebdomadaires ont été suspendues au début de l’année 2023 et la BEAC a revu à la baisse ses opérations d’absorption de liquidités depuis le début de l’année 2024. Le déficit budgétaire devrait se réduire de 3,5 pour cent du PIB en 2023 à 0,2 pour cent en 2024, malgré l’augmentation des dépenses (+8,8 pour cent) en réponse aux besoins humanitaires, aux inondations et aux élections présidentielles et locales. Cet assainissement est tiré par l’augmentation des recettes fiscales (+20,5 pour cent) résultant des efforts de modernisation et de numérisation du système fiscal, et des recettes pétrolières (+17,2 pour cent). La manne qui vient avec l’augmentation des prix des carburants et les dividendes générés par la Société de raffinage de N’Djamena ont également contribué à cet assainissement budgétaire. La dette publique totale devrait augmenter de l’équivalent de 38,5 pour cent du PIB en 2023 à 41,4 pour cent en 2024. Figure 1 / Tchad : Croissance du PIB, compte courant Figure 2 / Tchad : Taux de pauvreté réel et projeté et solde budgétaire et PIB réel par habitant 6 Taux de pauvreté (%) PIB réel par habitant (FCFA constant) Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 100 450 000 4 90 400 000 80 350 000 2 70 300 000 Pour cent 0 60 250 000 50 -2 200 000 40 150 000 30 -4 20 100 000 -6 10 50 000 0 0 -8 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 2021 2022 2023 2024 2025p 2026p Taux de pauvreté international Solde du compte courant (% du PIB) Taux de pauvreté PRITI Taux de pauvreté PRITS Solde budgétaire (% du PIB) Croissance du PIB PIB réel par hab Source : Banque mondiale Source : Banque mondiale SECTION 2 — TCHAD 39 Perspectives Selon les projections, la croissance devrait s’élever en moyenne à 2,8 pour cent (-0,3 pour cent en termes par habitant) sur la période 2025-2026, les investissements publics devant retomber des niveaux élevés atteints en 2023 et 2024. Selon les projections, la croissance du PIB non pétrolier devrait atteindre 3,3 pour cent en moyenne. Après avoir dépassé le seuil cible pendant trois années consécutives, l’inflation devrait se modérer à une moyenne de 3,1 pour cent sur le moyen terme. La période de soudure de 2024 devrait être l’une des pires de ces dernières années. Les dégâts causés par les inondations et les pertes de récoltes entraîneront une baisse de la production et des revenus des ménages. En conséquence, le taux de pauvreté extrême devrait augmenter de 2 pp pour atteindre 38,4 pour cent en 2025, cette augmentation correspondant à une tranche supplémentaire de 588 000 personnes tombant dans la pauvreté extrême. La persistance des restrictions sécuritaires, la faible couverture en protection sociale et la crise en cours au Soudan devraient limiter la réduction de la pauvreté, le taux de pauvreté extrême devant atteindre 39,6 pour cent en 2026 selon les projections. Avec la baisse prévue du cours du pétrole et l’augmentation des dépenses publiques, les comptes budgétaires devraient rester déficitaires sur le moyen terme. Il en résulte que la dette publique devrait atteindre l’équivalent de 42,6 pour cent du PIB en 2026. Le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre 2,8 pour cent du PIB sur la période 2025-2026. Les perspectives sont sujettes à de Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) multiples risques baissiers, y compris des cours du pétrole inférieurs aux prévisions, l’instabilité régionale, une plus grande insécurité et davantage de chocs climatiques et de catastrophes naturelles. La persistance éventuelle de la guerre au Soudan pourrait aggraver la crise humanitaire, mettre les finances publiques à rude épreuve et alourdir les pressions inflationnistes. Par ailleurs, la fin de la transition politique présente un risque à la hausse si le gouvernement met en œuvre des réformes qui promeuvent la productivité, la diversification économique et la croissance. Credits: Safari Consoler on pexels 40 SECTION 2 — TCHAD Tableau 2 / Tchad: Indicateurs des perspectives macroéconomiques et taux pauvreté (variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire) 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p Croissance du PIB réel, à des prix du marché -1,2 2,8 4,2 3,0 2,1 3,5 constants Consommation privée 1,6 2,7 3,6 1,3 3,4 3,5 Consommation publique 3,7 -1,5 -7,0 9,6 0,1 4,9 Formation brute de capital fixe -4,3 -6,1 54,1 3,9 -2,4 0,5 Exportations, biens et services -0,4 5,0 2,9 4,0 0,9 4,1 Importations, biens et services 5,1 2,0 16,0 1,8 1,1 3,1 Croissance réelle du PIB, à prix constants des -1,2 2,8 4,1 3,0 2,1 3,5 facteurs Agriculture 6,2 2,0 5,0 3,1 3,4 3,5 Industrie -4,6 4,1 3,3 4,1 -0,5 3,3 Services -4,3 2,3 4,1 1,9 3,2 3,7 Inflation (indice des prix à la consommation) 1,0 5,8 4,1 6,5 3,2 3,0 Solde du compte courant (% du PIB) -6,0 2,9 -0,9 -1,7 -2,5 -3,0 Solde budgétaire (% du PIB) - 5,1 -3,5 -0,2 -2,2 -1,9 Recettes (% du PIB) - 23,5 18,3 22,5* 21,4 20,7 Dette (% du PIB) - 42,3 38,5 41,4 41,8 42,6 Solde primaire (% du PIB) - 6,6 -2,4 1,2 -0,1 -0,4 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 - 30,8 33,8 36,4 38,4 39,6 USD en PPA de 2017) a,b Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la - 62,8 65,5 69,2 72,4 74,1 tranche inférieure (3,65 USD en PPA de 2017)a,b Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la - 88,8 89,7 91,5 93,3 94,1 tranche supérieure (6,85 USD en PPA de 2017)a,b Croissance des émissions de GES (mtCO2e) 2,8 2,1 2,0 2,0 2,1 1,9 Émissions de GES liés à l’énergie (% du total) 2,3 2,2 2,2 2,2 2,2 2,3 Source : Banque mondiale, Pôles mondiaux d’expertise Pauvreté et équité, et Macroéconomie, commerce et investissement. Données sur les émissions provenant du CAIT et de l’OCDE. Notes : e = estimation, p = prévision. (*) Comprend les recettes ponctuelles non pétrolières, non fiscales telles que la manne provenant de l’augmentation des prix des carburants et les dividendes de la Société de raffinage de N’Djamena (a) Calculs basés sur 2022-EHCVM. (b) Projections utilisant une méthodologie de microsimulation. 41 Gabon Tableau 1 2023 Population, millions 2,4 PIB, milliards USD courants 20,1 PIB par habitant, USD courants 8 231,1 Taux de pauvreté au seuil international (2,15 2,5 USD en PPA de 2017)a Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 8,1 tranche inférieure (3,65 USD en PPA de 2017)a Taux de pauvreté de la tranche supérieure à 31,2 revenu intermédiaire (6,85 $ en PPA de 2017)a Coefficient de Ginia 38,0 Taux de scolarisation au primaire (% brut)b 100,6 Espérance de vie à la naissance, annéesb 65,8 Émissions totales de GES (mtCO2e) 19,7 Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données officielles. (a) Valeur la plus récente (2017), PPA de 2017. (b) Valeur la plus récente, WDI (2022). Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) L’économie gabonaise a enregistré une croissance de l’ordre de 2,4 pour cent en 2023, ce qui est inférieur à la performance réalisée en 2022. Cette moindre croissance est essentiellement due à l’impact des perturbations logistiques sur la production de manganèse et de bois. Déclenchée par le coup d’État d’août 2023, la transition politique en cours offre une opportunité de lancer des réformes clés, et de nombreuses actions sont en cours dans ce sens. Il est également essentiel pour le pays de revenir de manière ordonnée à l’ordre constitutionnel pour limiter les risques sociaux, économiques et de financement. Des réformes fortes sont en effet requises pour inverser la tendance actuelle et mettre effectivement le pays sur la voie de la réduction de la pauvreté sans compromettre la viabilité des finances publiques. 42 SECTION 2 — GABON Contexte et défis Le coup d’État d’août 2023 qui a eu lieu au Gabon a été suivi d’une transition pacifique au cours de laquelle d’importants changements institutionnels ont été apportés. Un dialogue national s’est tenu en avril 2024 et une nouvelle constitution a été adoptée par voie de référendum en novembre 2024. Des réformes juridiques et politiques ainsi que des investissements sont en cours dans les domaines des routes, des aéroports, de l’énergie, de l’eau, de l’agriculture, du logement et dans les secteurs sociaux comme en témoigne la création d’une nouvelle banque publique en appui aux PME. Plusieurs défis de développement persistent néanmoins. Bien que le Gabon soit riche en ressources naturelles, la croissance générée par les industries extractives reste insuffisante, vulnérable aux fluctuations des cours internationaux et peu propice à la création d’emplois en nombre suffisant. Un tiers de l’ensemble de la population vit ainsi en situation de pauvreté, sachant que ce taux est deux fois plus élevé en milieu rural. Le niveau élevé d’urbanisation du pays fait que la pauvreté est concentrée dans certaines villes telles que Libreville et Port-Gentil. L’inégalité des revenus est flagrante et le taux de chômage est élevé chez les jeunes, sachant que dans le même temps, l’importance de l’informalité limite les opportunités d’emploi. Les lacunes infrastructurelles quant à elles, affectent également la croissance et l’investissement. Bien que plusieurs initiatives en faveur de la transparence soient en cours, à l’exemple de la publication de certaines informations clés issues des contrats pétroliers et le maintien des efforts pour permettre la validation de la réadhésion du Gabon à l’ITIE, des problèmes de gouvernance persistent, empêchant une utilisation efficiente des ressources. Les fortes attentes sociales concernant la capacité des Autorités de la transition à apporter des améliorations significatives aux conditions de vie des populations se traduisent par des dépenses publiques plus importantes et donc par de plus fortes pressions sur le budget et sur le niveau de l’endettement. A titre d’exemple, le niveau des subventions aux carburants a été relevé, se traduisant par un coût Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) budgétaire supplémentaire important. Des efforts significatifs sont faits pour apurer le stock des arriérés de paiement accumulé par l’ancien régime cependant, l’accumulation de nouveaux arriérés du fait de tensions sur la trésorerie demeure un défi majeur pour les nouvelles Autorités. Du fait des risques élevés pesant sur le budget et la liquidité, Moody et Fitch ont récemment dégradé la notation du Gabon. Par ailleurs, l’analyse de viabilité de la dette du FMI réalisée en mai 2024 a déterminé l’existence d’un risque élevé de surendettement, notant une dégradation significative de la viabilité de la dette depuis l’évaluation précédente de 2022. Comme énoncé dans le Plan National de Développement pour la Transition, des réformes sont nécessaires pour créer davantage d’emplois et ajouter de la valeur à la production de divers secteurs durables à l’exemple de la foresterie, de l’exploitation minière, de l’agriculture et de la pêche. Pour parvenir à une croissance plus forte, il est essentiel d’améliorer l’accès au crédit, les compétences de la main-d’œuvre locale, les infrastructures mais aussi la performance de l’action publique. Un retour à l’ordre constitutionnel conformément au calendrier annoncé est essentiel pour éviter d’aggraver les risques financiers qui pèsent sur le pays. De même, il sera essentiel SECTION 2 — GABON 43 d’optimiser les recettes et d’améliorer la discipline budgétaire ainsi que l’efficience et le ciblage des dépenses publiques pour renforcer la viabilité budgétaire. Évolution récente En 2023, le PIB du Gabon a connu une croissance de 2,4 pour cent, en dessous de la performance réalisée en 2022. Cette moindre performance s’explique essentiellement par des glissements de terrain qui ont obstrué l’unique voie de chemin de fer du pays, affectant ainsi les exportations de manganèse et de bois. Étant donné que les Autorités de la Transition ont rapidement restauré le dialogue et les relations internationales et ont dans le même temps accéléré les investissements publics, le coup d’État n’a pas eu d’impact significatif sur la croissance, à l’exception du secteur des services et notamment des activités de divertissement nocturne qui ont été affectées par le maintien du couvre-feu. Du côté de la demande, la croissance a été principalement tirée par les exportations pétrolières et les investissements publics. L’économie a enregistré une croissance de 1,1 pour cent au premier trimestre 2024 (en glissement trimestriel), tirée par une production pétrolière supérieure aux prévisions et une production de bois en pleine reprise, stimulée par une plus forte demande venant des marchés asiatique et européen. En dépit de l’augmentation des importations due aux dépenses publiques plus élevées, l’excédent du compte courant est resté élevé à 28,5 pour cent du PIB en 2023 soutenu par les exportations de produits de base. Malgré un recouvrement fiscal plus robuste, la forte augmentation des dépenses a entrainé une augmentation du déficit budgétaire global qui s’est situé à 1,0 pour cent du PIB en 2023, portant dans le même temps le solde primaire non pétrolier à -12,7 pour cent du PIB non pétrolier. Cette dégradation du solde primaire non pétrolier provient essentiellement des dépenses électorales, de la reprise des recrutements dans la fonction publique, des nouvelles mesures sociales et des importants travaux publics Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) lancés à la fin de l’année 2023. Les efforts de transparence des nouvelles Autorités ont permis d’identifier d’autres éléments devant être comptabilisés dans le périmètre de la dette, portant ainsi la dette publique à 72,1 pour cent du PIB en 2023. Au premier trimestre de l’année 2024, les cours du pétrole ont atteint des niveaux supérieurs aux prévisions ce qui, a eu un impact positif sur les recettes pétrolières. Combinées à un niveau de dépenses inférieur aux prévisions budgétaires sur la même période, cela s’est traduit par un excédent budgétaire de 1,5 pour cent du PIB au premier trimestre de l’année 2024. Se situant à 1,0 pour cent au mois de juin (en glissement annuel), l’inflation a continué à ralentir au début de l’année 2024 grâce à l’effet combiné du relèvement des plafonds de prix des biens de première nécessité (programme de lutte contre la vie chère), des subventions aux carburants et d’une politique monétaire restrictive. La BEAC a maintenu son taux directeur à 5 pour cent après une augmentation cumulée de 175 points de base appliquée entre les mois de novembre 2021 et mars 2023, et a également mis fin aux injections de liquidités hebdomadaires au début de l’année 2023 et réduit les opérations d’absorption de liquidités depuis le début de l’année 2024. En 44 SECTION 2 — GABON dépit de cette politique monétaire plus restrictive, le crédit aux entreprises a augmenté de 23,3 pour cent en juin 2024 (en glissement annuel), porté par une forte demande privée provenant notamment des secteurs du pétrole et du bâtiment. Le ralentissement de la croissance par rapport à 2022 et la création d’un nombre insuffisant d’emplois ont entrainé une augmentation de la pauvreté en 2023. Selon les estimations de la Banque mondiale, la part des Gabonais vivant avec moins de 6,85 USD par jour (en Parité de Pouvoir d’Achat de 2017) a atteint 35,1 pour cent en 2023, correspondant à environ 855 000 personnes. Figure 1 / Gabon : Croissance du PIB pétrolier et Figure 2 / Gabon : Taux de pauvreté réel et projeté et non-pétrolier PIB réel par habitant Taux de pauvreté (%) PIB réel par habitant (FCFA constant) Variation en pourcentage 15,0 45 3 40 3 10,0 35 3 3 30 5,0 3 25 2 20 0,0 2 15 2 10 2 -5,0 5 2 -10,0 0 2 2017 2019 2021 2023 2025 p p p 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taux de pauvreté international PIB pétrolier PIB non pétrolier Taux de pauvreté PRITI PIB réel Taux de pauvreté PRITS PIB réel par hab Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. Remarque : voir le Tableau 2. Perspectives La croissance devrait se poursuivre à un rythme modéré d’environ 2,9 pour cent sur la période allant de 2024 à 2026. La production de pétrole devrait commencer à baisser à partir de 2025 en raison de l’épuisement progressif des réserves. La croissance serait néanmoins soutenue par l’expansion de la production dans les industries du bois et de l’huile de palme, l’augmentation du rendement des plantations d’hévéas et l’entrée en production de nouveaux gisements de fer et de manganèse. De même, de grands projets annoncés dans le secteur public devraient stimuler l’activité des secteurs du bâtiment et des services. SECTION 2 — GABON 45 L’excédent du compte courant se réduirait progressivement au fil des années. La baisse graduelle du niveau des importations dans un contexte budgétaire plus restreint ne permettrait pas de compenser l’impact du déclin de la production pétrolière qui devrait affecter significativement le niveau des exportations du pays. Les recettes pétrolières devraient progressivement diminuer au cours des prochaines années du fait d’une part de la baisse des cours du pétrole, bien que légère, et d’autre part de la baisse de la production de pétrole. De nouvelles augmentations des dépenses en réponse aux fortes pressions sociales et résultant de la hausse des dépenses d’investissement, des subventions aux carburant, d’autres mesures sociales, mais aussi de l’organisation des élections en 2025 aggraveraient la situation budgétaire du pays. Cela se traduirait par une dégradation du solde budgétaire, avec des déficits s’élevant en moyenne à 4,3 pour cent du PIB sur la période 2024-2026 et, entrainerait par conséquent une détérioration de la situation d’endettement du Gabon en l’absence de mesures correctrices visant à contenir les dépenses telles que les subventions aux carburants. L’inflation devrait rester inférieure au seuil de convergence régional de 3.0 pour cent. Cependant, la prépondérance des industries pétrolière et minière à faible intensité de main-d’œuvre dans l’économie gabonaise, combinée avec la faible croissance enregistrée par le secteur privé et l’inadéquation entre les compétences de la main- d’œuvre disponible et les celles requises pour les emplois disponibles ont maintenu le taux de chômage à un niveau élevé. L’importance du niveau de chômage ainsi que le sous-financement et le mauvais ciblage du système de protection sociale devraient maintenir la pauvreté à des niveaux élevés. Le taux de pauvreté devrait ainsi atteindre 39,0 pour cent d’ici 2025 selon les projections de la Banque mondiale. Le nombre absolu de personnes vivant sous le seuil de pauvreté au Gabon devrait quant à lui dépasser 1 million d’ici à 2026. Les principaux risques pesant sur les perspectives du Gabon comprennent les chocs Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) affectant les cours du pétrole, une baisse de la demande asiatique, un resserrement des conditions financières mondiales et une détérioration des conflits géopolitiques. Autant de facteurs qui pourraient entrainer une augmentation de l’inflation et occasionner des perturbations supplémentaires sur le commerce mondial. Au niveau domestique, des retards enregistrés dans le déroulement du processus de transition pourraient également compromettre la stabilité politique du pays et limiter l’accès à certains financements. Par ailleurs, le déplacement de l’attention vers l’agenda politique sur une période trop longue pourrait retarder la mise en œuvre de réformes essentielles à l’accélération de la croissance. 46 SECTION 2 — GABON Tableau 2 / Gabon: Indicateurs des perspectives macroéconomiques et taux de pauvreté (variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire) 2021 2022 2023 2024p 2025p 2026p Croissance du PIB réel, à des prix du marché 1,5 3,1 2,4 3,1 2,4 3,0 constants Consommation privée -1,4 -0,3 2,1 1,4 1,6 3,0 Consommation publique 3,2 3,8 1,5 4,8 1,0 -2,1 Formation brute de capital fixe 12,7 8,5 6,1 -2,3 4,7 -2,0 Exportations, biens et services 12,8 12,9 -2,5 7,5 -2,2 -0,1 Importations, biens et services 17,4 12,5 1,3 1,5 0,0 -4,1 Croissance réelle du PIB, à prix constants des 3,5 3,5 2,5 3,1 2,4 3,0 facteurs Agriculture 19,2 9,7 -2,0 1,8 4,0 6,6 Industrie 3,2 3,4 3,8 2,8 -1,1 4,2 Services 1,3 2,5 2,5 3,6 4,3 1,7 Inflation (indice des prix à la consommation) 1,1 4,3 3,7 2,4 2,3 2,2 Solde du compte courant (% du PIB) 27,3 34,4 28,5 30,7 27,2 27,9 Entrées nettes d’investissements directs 2,2 4,7 5,6 4,9 4,6 4,5 étrangers (% du PIB) Solde budgétaire (% du PIB) -1,9 -0,8 -1,0 -1,2 -6,0 -5,7 Recettes (% du PIB) 15,3 21,1 23,4 23,9 20,5 19,0 Dette (% du PIB) 68,5 57,0 72,1 71,5 77,3 79,1 Solde primaire (% du PIB) 0,9 1,8 1,9 1,9 -2,8 -2,5 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taux de pauvreté au seuil international (2,15 2,3 2,3 2,8 3,0 3,5 3,3 USD en PPA de 2017) a,b Taux de pauvreté - revenu intermédiaire de la 8,2 8,3 9,9 10,8 11,3 11,1 tranche inférieure (3,65 USD en PPA de 2017)a,b Taux de pauvreté de la tranche supérieure à revenu intermédiaire (6,85 USD en PPA de 31,7 31,8 35,1 37,0 39,1 39,0 2017)a,b Croissance des émissions de GES (mtCO2e) -2,8 -1,4 -1,6 0,0 0,0 0,7 Émissions de GES liés à l’énergie (% du total) 14,2 14,2 13,1 11,8 10,6 9,6 Source : Banque mondiale, Pôles mondiaux d’expertise Pauvreté et équité, et Macroéconomie, commerce et investissement. Données sur les émissions provenant du CAIT et de l’OCDE. Notes : e = estimation, p = prévision. (a) Calculs basés sur 2017-EGEP. Données réelles : 2017. Prévision immédiate : 2018-2023. Les prévisions concernent la période de 2024 à 2025. (b) Projections utilisant la méthodologie de micro-simulation. 47 Guinée équatoriale Tableau 1 2023 Population, millions 1,7 PIB, milliards USD courants 12,1 PIB par habitant, USD courants 7 066,6 Taux de scolarisation au primaire (% brut)a 51,2 Espérance de vie à la naissance, annéesa 61,2 Émissions totales de GES (mtCO2e) 13,2 Source : Indicateurs du développement dans le monde (WDI), Analyses des perspectives macroéconomiques et de la pauvreté, et données officielles. (a) Valeur la plus récente des WDI (2022). Après une contraction de 5,7 pour cent en 2023, l’activité économique en Guinée équatoriale devrait rebondir en 2024, Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) principalement soutenue par une augmentation de la production d’hydrocarbures. Les situations budgétaire et externe devraient s’améliorer grâce aux gains plus importants réalisés sur les hydrocarbures, mais elles risquent se dégrader sur le moyen terme en raison de la baisse progressive de la production d’hydrocarbures. Parmi les risques pesant sur les perspectives économiques figurent une baisse plus prononcée que prévu de la production et des cours du pétrole, un resserrement prolongé des conditions financières mondiales, la perturbation des échanges mondiaux, ainsi qu’une baisse de la demande des principaux partenaires commerciaux. 48 SECTION 2 — GUINÉE ÉQUATORIALE Contexte et défis L’économie de la Guinée équatoriale, dépendante du pétrole, s’est contractée au cours de la dernière décennie en raison du déclin du secteur des hydrocarbures, de la baisse des investissements et d’une série de chocs externes et intérieurs. Entre 2013 et 2023, l’activité économique s’est contractée de 4,1 pour cent par an en moyenne. Le Revenu National Brut par habitant était estimé à 5 240 USD en 2023, ce qui constitue une baisse de 58 pour cent par rapport au niveau record de 2008. Des réformes structurelles sont nécessaires pour prévenir un déclin de l’économie sur le long terme. Il s’agit notamment de diversifier les moteurs de croissance et de renforcer la viabilité budgétaire à travers des efforts de mobilisation des recettes intérieures et le renforcement de l’efficience des dépenses publiques. Des réformes ont été adoptées au cours des dernières années pour améliorer la gouvernance et l’environnement des affaires, notamment l’adoption d’une loi anti-corruption, la signature d’un décret établissant un compte unique du Trésor, la rédaction d’une loi sur la passation de marchés et d’un code fiscal révisé, et plus récemment, l’adoption d’un décret présidentiel qui introduit des mesures économiques et financières en appui à la viabilité de l’économie et des finances publiques. Cependant, des défis persistent dans la gouvernance des recettes issues des activités extractives, dans les résultats en matière de capital humain et dans l’environnement des affaires, ce qui empêche le pays d’atteindre une croissance soutenue, plus diversifiée et inclusive. En dépit de son statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, la Guinée équatoriale se classe seulement 133e sur 193 pays selon l’Indice de développement humain. Les niveaux de vie restent peu élevés avec une espérance de vie à la naissance estimée à 60,7 ans. La deuxième Enquête nationale auprès des ménages ainsi que le rapport résumant ses résultats (dont la publication est prévue en 2024), combleront les lacunes de connaissances sur la pauvreté et les inégalités, permettant ainsi de mettre en œuvre des politiques fondées sur des données factuelles Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) pour stimuler le développement humain et réduire la pauvreté. Évolution récente Après deux ans de reprise, l’économie équatoguinéenne s’est contractée en 2023, avec un taux de croissance du PIB réel de -5,7 pour cent, sous l’effet de la baisse de la production d’hydrocarbures. Les productions de pétrole et de gaz se sont contractées de 21,7 pour cent et 13,5 pour cent respectivement, suite à des incidents récents sur les plateformes Zafiro et FPSO Serpentina. Cependant, le secteur des hydrocarbures a présenté des signes de reprise. Les données préliminaires indiquent une reprise de la production d’hydrocarbures (avec une augmentation de 5,6 pour cent au deuxième trimestre de 2024 en glissement annuel). Le déficit du compte courant s’est creusé à 1,6 pour cent du PIB en 2023 (contre 0,9 pour cent du PIB en 2022) suite à la baisse des recettes d’exportation. La baisse de la production de pétrole a fait chuter les recettes pétrolières de 74 pour cent en 2023, et a entrainé une réduction de l’excédent budgétaire à 2,6 pour cent SECTION 2 — GUINÉE ÉQUATORIALE 49 du PIB en 2023, contre 11,6 pour cent en 2022. Par ailleurs, le déficit budgétaire non pétrolier s’est creusé pour atteindre l’équivalent de 16,4 pour cent du PIB en 2023, contre 12,7 pour cent du PIB en 2022. Les données préliminaires sur la première moitié de 2024 indiquent une baisse des recettes et des dépenses de 12 pour cent et 7 pour cent en glissement annuel respectivement. Sur la période 2019 à 2023, 572,2 milliards FCFA (soit 9,5 pour cent du PIB) sur les 1 382,5 milliards FCFA ont été payés en vue de réduire l’encours d’arriérés due aux entreprises du bâtiment et des travaux publics. Néanmoins, le PIB s’est contracté en 2023 et la dette publique, exprimée en part du PIB, a augmenté de 35 pour cent en 2022 à 36,6 pour cent en 2023. La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a resserré sa politique monétaire depuis 2022 pour contenir les pressions inflationnistes et appuyer le régime de change. Le taux directeur de la BEAC a été maintenu à 5 pour cent après une augmentation cumulée de 175 points de base entre novembre 2021 et mars 2023. Les injections de liquidités hebdomadaires ont été suspendues au début de l’année 2023 et la BEAC a revu à la baisse ses opérations d’absorption de liquidités depuis le début de l’année 2024. Selon les estimations, l’inflation aurait diminué de 4,9 pour cent en 2022 à 2,4 pour cent en 2023, notamment suite aux mesures de maîtrise prises par la BEAC, à l’accord sur l’importation de produits alimentaires de la Serbie et à la réduction de certains droits d’importation. En revanche, elle a augmenté à 2,8 pour cent en août 2024, tirée par l’augmentation des prix des aliments, des boissons hygiéniques, du logement, de l’eau, de l’électricité, du gaz et d’autres carburants. Les niveaux élevés de prêts non productifs - 32 pour cent du total des prêts à la fin de l’année 2023 - restent une source de vulnérabilité pour le secteur bancaire. Figure 1 / Guinée équatoriale : Production Figure 2 / Guinée équatoriale : Indice de d’hydrocarbures (en milliers de barils par jour développement humain d’équivalent de pétrole) Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Milliers de barils Indice de développement humain 300 0,8 250 0,6 200 150 0,4 100 0,2 50 0 0,0 2022 2023 2024p 2025p 2026p PRITS Guinée équatoriale CEMAC Source : Autorités nationales et Banque mondiale Source : Programme des Nations Unies pour le développement 50 SECTION 2 — GUINÉE ÉQUATORIALE Perspectives L’économie équatoguinéenne devrait croître de 4,7 pour cent en 2024, tirée par un rebond du secteur des hydrocarbures, grâce aux réparations attendues des plateformes des hydrocarbures à la suite des incidents récents. En l’absence de réformes structurelles fortes et de découvertes de nouveaux grands gisements d’hydrocarbures, la croissance annuelle serait négative, à -2,6 pour cent en moyenne, sur la période 2025-2026, reflétant essentiellement la baisse de la production d’hydrocarbures. À la suite d’une amélioration en 2024 selon les projections, le compte courant actuel devrait se détériorer sur le moyen terme pour atteindre une moyenne de -2,7 du PIB sur la période 2025-2026 à cause de la baisse des gains réalisés sur l’exportation d’hydrocarbures. Le solde budgétaire devrait s’améliorer et atteindre 3,4 pour cent du PIB en 2024 grâce à l’augmentation des recettes issues des hydrocarbures et à l’assainissement budgétaire. Cependant, il baisserait sur la période 2025-2026 lorsque la baisse des recettes issues des hydrocarbures se poursuivrait. Les risques pesant sur les perspectives économiques sont orientés à la baisse. Une baisse plus forte de la production ou des prix des hydrocarbures réduirait l’espace budgétaire et poserait un risque à la stabilité extérieure, compte tenu de la dépendance excessive de la Guinée équatoriale au pétrole. Les perturbations du commerce mondial qui auraient une incidence sur les prix des denrées alimentaires et des produits de base, alors que le conflit se prolonge en Ukraine, aggraverait l’insécurité alimentaire, en particulier chez les plus vulnérables, étant donné que le pays dépend fortement des importations alimentaires. Un nouveau resserrement des conditions financières mondiales et une baisse de la demande de la Chine et de l’Inde, les principaux partenaires d’exportation de la Guinée équatoriale, pourraient également nuire à la croissance. Du côté positif, le gouvernement poursuit ses efforts visant à optimiser la production d’hydrocarbures avec de nouveaux projets. Le déclin séculaire des réserves d’hydrocarbures souligne la nécessité pour la Guinée équatoriale d’adopter un nouveau modèle de croissance et d’améliorer la mobilisation des ressources d’hydrocarbures restantes pour débloquer des sources de croissance alternatives. La mise en œuvre de la vision de diversification économique du pays exigera de faire avancer l’agenda de gouvernance et de lutte contre la corruption, de faciliter le commerce, de stimuler le développement du capital humain et d’améliorer l’environnement des affaires et la gestion des finances publiques. SECTION 2 — GUINÉE ÉQUATORIALE 51 Tableau 2 / Guinée équatoriale : Indicateurs des perspectives macroéconomiques (variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire) 2021 2022 2023 2024 e 2025 p 2026 p Croissance du PIB réel, à des prix du marché 0,9 3,7 -5,7 4,7 -4,4 -0,8 constants Consommation privée 2,0 3,1 2,2 2,1 2,0 2,1 Consommation publique 4,3 8,5 2,4 -8,6 3,9 3,3 Formation brute de capital fixe 6,8 7,2 5,1 -1,5 -1,1 -1,0 Exportations, biens et services -5,1 7,6 -5,5 12,6 -7,2 -1,7 Importations, biens et services -3,4 13,9 10,4 4,5 3,0 3,2 Croissance réelle du PIB, à prix constants des 0,9 3,6 -5,9 4,7 -4,4 -0,8 facteurs Agriculture 6,5 6,2 2,2 2,3 2,1 1,9 Industrie -2,9 2,0 -11,9 6,2 -11,0 -2,5 Services 7,3 5,9 2,7 2,8 4,1 1,1 Inflation (indice des prix à la consommation) -0,1 4,9 2,4 2,9 3,3 3,0 Solde du compte courant (% du PIB) -2,1 -0,9 -1,6 -0,9 -2,6 -2,7 Entrée nette d’investissements directs 5,2 5,0 1,2 1,0 0,8 0,7 étrangers (% du PIB) Solde budgétaire (% du PIB) 2,6 11,6 2,6 3,4 1,5 0,2 Recettes (% du PIB) 15,4 26,9 22,3 22,0 20,8 19,7 Dette (% du PIB) 43,0 35,0 36,6 35,3 34,3 33,7 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Solde primaire (% du PIB) 3,7 12,7 3,7 4,5 2,7 1,4 Croissance des émissions de GES (mtCO2e) 7,8 5,5 -7,2 5,7 -7,7 -3,2 Émissions de GES liés à l’énergie (% du total) 29,6 34,7 32,6 39,1 36,5 36,2 Source : Banque mondiale, Pôles mondiaux d’expertise Pauvreté et équité, et Macroéconomie, commerce et investissement. Données sur les émissions provenant du CAIT et de l’OCDE. Notes : e = estimation, p = prévision. L’INEGE a récemment révisé les chiffres de la croissance du PIB pour 2022 (3,2 %) et 2023 (-5,1 %). SECTION 3— Thème spécial : Concevoir des instruments fiscaux pour une gestion durable des forêts dans les pays du bassin du Congo SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 53 Le bassin du Congo – le plus grand puits de carbone net au monde – joue un rôle crucial pour soutenir les populations, préserver la nature et dynamiser l’économie ; il est un pilier de résilience face au changement climatique et à la perte de biodiversité mondiale.8 Le bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale, le Gabon, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo ; ensemble, ils abritent la deuxième forêt tropicale au monde par sa taille et le plus vaste paysage forestier ininterrompu restant dans le monde. Le secteur forestier y génère aussi des revenus et des emplois essentiels pour les économies locales. Cependant, la région est de plus en plus menacée par la déforestation, la dégradation de l’environnement, la croissance démographique et les impacts du changement climatique. La section spéciale de cette édition du Baromètre économique de la CEMAC : (a) analyse l’importance économique des forêts du bassin du Congo ; (b) examine les efforts des pays de la CEMAC pour préserver ces forêts, en tenant compte du contexte régional et international ; et (c) propose des options politiques pour faire face aux défis auxquels le secteur forestier des pays de la CEMAC est confronté, en misant notamment sur la conception d’instruments fiscaux efficaces, le renforcement de la gouvernance forestière et l’augmentation de l’assistance financière et technique de la communauté internationale. I. Contexte : La contribution vitale de la forêt du bassin du Congo à l’environnement mondial et à l’économie de la CEMAC Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) État et tendances des forêts dans les pays du bassin du Congo La forêt du bassin du Congo est le plus grand essentielle à la santé environnementale de la puits de carbone net au monde et, avec le Brésil région et de la planète entière. Environ 29 milliards et l’Indonésie, abrite les plus vastes tourbières de tonnes de dioxyde de carbone y sont stockées tropicales de la planète. S’étendant sur six pays et le bassin absorbe près de 1,5 milliard de tonnes (Cameroun, République centrafricaine, République de dioxyde de carbone par an, soit environ 4 pour démocratique du Congo, Congo, Guinée équatoriale cent des émissions annuelles mondiales.9 La et Gabon), la forêt du bassin du Congo offre une forêt du bassin du Congo joue également un rôle large gamme de services écosystémiques et est crucial dans la régulation du climat, influençant les 8 Ce thème spécial est centré sur la conception d’instruments fiscaux pour une gestion durable des forêts dans les pays de la CEMAC faisant partie du bassin du Congo (Cameroun, République centrafricaine, Congo, Guinée équatoriale et Gabon). La Section 1 de ce thème spécial traite de l’importance du bassin du Congo dans son ensemble. 9 PNUE, https://www.unep.org/resources/report/economics-peatlands-conservation-restoration-and-sustainable-management 54 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL conditions météorologiques locales et contribuant ressources essentielles telles que les aliments, à la stabilité du climat à l’échelle de la planète les matériaux de construction et les abris, des à travers le stockage de carbone. Selon les éléments qui font partie intégrante de leur vie estimations, la valeur des services de séquestration quotidienne et de leurs pratiques culturelles. Par de carbone fournis par la forêt du Bassin du Congo ailleurs, la riche biodiversité de la forêt favorise s’élève à au moins 55 milliards USD par an, soit l’équilibre écologique et la résilience, ce qui en 36 pour cent du PIB de la région couverte par la fait un atout essentiel pour le bien-être humain et forêt en 2021.10 Pour les communautés locales, la environnemental. forêt est indispensable car elle leur fournit des Credits: Gis Photography on pexels Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 10 Mitchell, I., & Pleek, S. (2022). How much should the World pay for the Congo Forest’s carbon removal? CGD. SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 55 Tendances en matière de déforestation La pression intense induite par la demande parmi les pays du bassin du Congo. Les causes de locale et mondiale en aliments, bois, minéraux, la déforestation, souvent communes à tous les pays eau et énergie est l’un des principaux facteurs du bassin du Congo, incluent l’agriculture à petite de l’exploitation non durable des ressources et grande échelle, l’exploitation minière, la collecte dans les forêts du bassin du Congo.11 Le taux de de bois de chauffage, les pratiques d’exploitation déforestation moyen dans les pays du bassin du forestière non durables, la construction Congo a augmenté de 0,34 pour cent par an entre d’infrastructures non réglementées et l’expansion 2000 et 2010 à 0,55 pour cent par an entre 2010 et urbaine. La déforestation et la dégradation des 2020, un taux supérieur aux moyennes mondiales forêts amplifient les risques climatiques dans la et à la moyenne de l’Amérique du Sud (Figure 1). mesure où elles affectent la capacité des forêts Cependant, dans la région CEMAC12 (hors la RDC et à assurer leur fonction de puits de carbone et le Tchad), le taux de déforestation est resté stable réduisent la biodiversité et la résilience des à environ 0,13 pour cent par an entre 2000 et 2020, communautés locales face aux dommages causés les taux les plus élevés étant constatés en Guinée par le climat. Elles augmentent également le risque équatoriale (0,34 pour cent) et au Cameroun (0,27 d’exposition à de nouvelles maladies zoonotiques pour cent). Au cours de la même période, la RDC telles que le SRAS, le SRMO, la COVID-19 et la a enregistré le taux de déforestation le plus élevé mpox.13 Figure 1. Le taux de déforestation dans les pays du bassin du Congo a augmenté de 0,34 pour cent par an entre 2000 et 2010 à 0,55 pour cent par an entre 2010 et 2020. Dans la région CEMAC, le taux de déforestation est resté modéré à 0,13 pour cent par an. a. Évolution annuelle de la superficie forestière par région, en pourcentage 0,6 2000-2010 2010-2020 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 0,4 0,2 0 -0,2 -0,4 -0,34 -0,6 -0,55 -0,8 Océanie Asie Europe Amérique Monde Amérique Bassin Afrique du Nord du Sud du Congo Subsaharienne 11 Fonds mondial pour la nature (WWF), https://origin-congo.wwf-sites.org/what_we_do/ 12 Le thème spécial utilise l’expression « région CEMAC » pour désigner les pays appartenant à la fois au bassin du Congo et à la CEMAC. Le Tchad et la RDC en sont exclus. 13 Allen et al. (2017) 56 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL b. Taux de déforestation dans les pays du bassin du Congo, pourcentage de la superficie forestière 2000-2010 2010-2020 0 -0,1 -0,2 -0,3 -0,4 -0,5 -0,6 -0,7 -0,8 -0,9 Gabon République République Cameroun Guinée équatoriale RD Congo du Congo centrafricaine Source : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les changements d’affectation des sols et les à trouver un équilibre entre la préservation de activités forestières représentent la plus grande l’environnement et la nécessité urgente de lutter source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) contre l’insécurité alimentaire et d’offrir une dans la CEMAC, une situation qui met en lumière énergie fiable et abordable aux populations dans les défis majeurs que posent l’expansion de la région. En 2021, 56 pour cent de la population l’agriculture, l’exploitation minière et l’accès à de la région CEMAC avait accès à l’électricité, l’énergie pour les populations. Les changements contre seulement 14 pour cent en milieu rural.15 De d’affectation des sols et les activités forestières nombreuses communautés de la région dépendent libèrent le carbone stocké dans les forêts encore du bois comme source d’énergie, faute Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) défrichées, réduisent la capacité de séquestration et d’accès à l’électricité, ce qui, combiné à l’expansion créent de nouvelles sources d’émissions, telles que agricole non régulée, contribue à la déforestation. le méthane issu de l’élevage, et contribuent ainsi Cette dépendance entraîne des émissions de gaz aux émissions de GES. En affaiblissant la capacité à effet de serre et souligne la nécessité de trouver de la région à capter le carbone, ces processus des solutions énergétiques durables pour répondre contribuent à l’augmentation des émissions et à la demande énergétique et agricole croissante. aggravent ainsi le changement climatique. Selon Par ailleurs, les changements d’affectation des les estimations, environ 36 pour cent des émissions sols et la foresterie sont directement liés à la de GES dans la région CEMAC proviennent de dégradation des forêts, celle-ci s’étant intensifiée changements de l’affectation des sols et de la de manière constante au cours de la dernière foresterie (voir Figure 2),14 qui constituent ainsi décennie. En 2021, environ 2,2 millions d’hectares la première source d’émissions en RDC et en de forêt, soit près de 1 pour cent de la couverture RCA, et la deuxième dans les autres pays. Cette forestière totale, ont subi une dégradation.16 situation illustre les défis rencontrés par ces pays 14 Les émissions de GES produites par le changement d’affectation des sols et la foresterie augmentent jusqu’à 70 pour cent lorsque la RDC est prise en compte. 15 Source : WDI (données pour les pays de la CEMAC, le Tchad étant exclu). 16 Vancutsem et al. (2021). SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 57 Figure 2. 36 pour cent des émissions de GES des pays de la CEMAC proviennent du changement d’affectation des sols et des activités forestières. Autres sources Gaz et électricité CASF Transport Agriculture Manufacture et industrie Source: Climate Watch Remarque : L’abréviation CASF désigne le changement d’affectation des sols et la foresterie. Contribution du secteur forestier à l’économie Le secteur forestier joue un rôle important dans baisse résulte notamment de l’essor du secteur les économies des pays du bassin du Congo ; des hydrocarbures dans de nombreux pays de la toutefois, sa contribution reste en deçà de son CEMAC et, dans certains cas, du développement Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) potentiel.17 En 2021, le secteur forestier n’a de l’activité minière. Cette évolution va dans le contribué qu’entre 4 pour cent et 6 pour cent au PIB sens contraire des stratégies de ces pays qui des pays du bassin du Congo alors qu’il pourrait cherchent à diversifier leurs économies et à réduire avoir un impact économique bien plus important leur dépendance aux industries extractives. Les si la gouvernance forestière est améliorée et que défis liés à la mise en œuvre des politiques de davantage de valeur ajoutée est générée. Au cours promotion de la transformation locale du bois, ainsi des trois dernières décennies, la part du secteur que les obstacles logistiques, infrastructurels, forestier dans le PIB national a continuellement de compétences de la main-d’œuvre auxquels diminué. En Guinée équatoriale, la part du secteur sont confrontées les entreprises, ont également forestier est passée de 20 pour cent du PIB en 1991 freiné le développement de l’industrie du bois. De à 2 pour cent en 2021, tandis qu’en République du plus, le faible développement des infrastructures Congo, elle est passée de 6 pour cent du PIB à 3 freine également l’essor du vaste potentiel pour cent sur la même période (Figure 3a). Cette écotouristique de la région, qui pourrait capitaliser 17 Ici, l’expression « secteur forestier » désigne spécifiquement l’industrie forestière, centrée sur l’aspect commercial de la foresterie, y compris les entreprises exerçant dans la récolte, la transformation et la vente de produits du bois. 58 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL sur la couverture forestière et sa biodiversité. forestière, la production de charbon de bois et la Bien qu’il n’existe pas de données précises pour récolte de produits forestiers non ligneux. Selon les en mesurer l’ampleur, le secteur informel de estimations, entre 100 000 et 200 000 personnes l’industrie forestière est probablement vaste, participent directement aux activités de l’industrie largement non réglementé et éparpillé sur le forestière dans la région, tant dans le secteur territoire. De nombreux petits exploitants sont formel qu’informel.18 engagés dans des activités telles que l’exploitation Credits: Matt Tomalty – CC BY-NC 2.0 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 18 CIFOR : « Etats des forêts d’Afrique Centrale » : https://www.observatoire-comifac.net/publications/edf/2021 Les estimations de l’emploi n’incluent pas le travail informel en Guinée équatoriale et en République centrafricaine. SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 59 Figure 3. Contribution du secteur forestier à l’économie dans les pays du bassin du Congo. a. Contribution du secteur forestier au PIB dans les b. Volumes d’exportation de produits ligneux, 2022 pays du bassin du Congo, en pourcentage 25 21 20 15 11 9 9 10 6 5 5 Rondins à usage 3 3 2 3 3 2 industriel, 43 % 0 le Sciages, 47 % Placage, 9 % ca ue n o n ria o ou ng bo e ng fri iq in to er Co Ga ra bl Co ua m nt pu RD éq p. Ca Ce Ré Contreplaqué, 1 % Ré ée in Gu 1990 2021 c. Valeur des exportations de produits ligneux de d. Valeur des exportations de produits ligneux de première transformation, 2022 (millions USD) seconde transformation, 2022 (millions USD) 900 835 25 21,9 800 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 702 20 700 600 15 500 374 10 400 5,9 6,1 6,0 300 4,3 194 5 200 146 141 1,6 118 0,4 100 51 0 ca . e o re n a n go fri ép in ng an bo ou 0 i n vo ra R Gh Co Ga er Co d'I m RD Ca e to ée ca . RD ale e o ire n a n o fri ép t nt in ng an ng bo ou Cô ua uin vo ra R ce ri Gh Co Ga er Co d'I éq G m Ca te nt Cô Bois de charpente Rotin et bambou ce Moulures Autres PLST Bois rond industriel Placage Sciages Contreplaqués Meubles en bois Source : WDI, Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT). Remarque : L’abréviation « PLST » désigne les produits ligneux de seconde transformation. 60 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Près de la moitié des exportations de produits de relativement modeste dans le volume global bois des pays du bassin du Congo est constituée des exportations de bois du pays, en raison des de rondins à usage industriel (grumes), ce qui obstacles à la promotion de niveaux plus avancés crée moins d’emplois locaux et génère moins de de transformation. Les exportations de produits revenus, limitant ainsi la contribution du secteur de seconde transformation ont généré environ 36 forestier aux économies nationales. Il est pourtant millions USD pour l’ensemble des pays du bassin possible de créer plus de la valeur ajoutée en du Congo en 2022, un chiffre bien inférieur aux près élevant les niveaux de transformation des produits de 200 millions USD réalisés par l’Afrique du Sud de bois. Cependant, près de 43 pour cent des la même année. Le manque d’infrastructures et de exportations de produits forestiers des pays du compétences, un environnement des affaires peu bassin du Congo sont constitués de rondins à favorable et les barrières commerciales freinent le usage industriel (Figure 3b) qui n’ont bénéficié développement de l’industrie du bois dans la région d’aucune transformation majeure, contrairement à CEMAC. des produits tels que le bois scié, le contreplaqué et le placage. Le Gabon se distingue par la La contribution du secteur forestier aux recettes transformation de tous ses produits forestiers publiques reste modeste dans tous les pays de avant exportation. Cette évolution résulte de la la CEMAC, puisqu’en raison de l’exploitation mise en œuvre de politiques ambitieuses dans illégale des forêts, de la prédominance du secteur la filière bois, notamment l’application, depuis informel et de la corruption, une grande partie le début des années 2010, d’une interdiction des revenus potentiels échappe aux budgets nationale d’exportation de grumes et la création nationaux. En moyenne, les recettes forestières de la Zone économique spéciale de Nkok en 2010 représentaient environ 1 pour cent des recettes pour promouvoir la transformation locale du bois fiscales totales et 0,2 pour cent du PIB dans les d’œuvre et accroître les revenus. Le Cameroun pays du bassin du Congo en 2022 (hors République et le Congo mènent aussi des efforts en soutien du Congo) (Figure 4). Les plus fortes contributions à la transformation locale, ce qui leur a permis des recettes forestières au budget national sont de transformer au moins 40 pour cent de leurs constatées au Cameroun et au Gabon ; cependant, produits forestiers avant exportation en 2022. En même dans le cas de ces pays, cette contribution Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) revanche, la quasi-totalité des exportations de bois reste inférieure au potentiel budgétaire du secteur. de la RDC, de la RCA et de la Guinée équatoriale L’exploitation illégale des forêts entraîne des pertes est constituée de grumes (voir Figure 3c). Bien importantes de recettes fiscales étant donné que que la transformation du bois en produits finis, ces activités sont menées en dehors des cadres comme les meubles de maison et de bureau, réglementaires officiels, échappant ainsi à la soit en augmentation, elle reste très limitée surveillance légale, aux taxes et aux redevances. dans les pays du bassin du Congo. Le Gabon est Par exemple, selon le groupe de réflexion Chatham le principal exportateur de produits forestiers House, 51 pour cent des exportations de produits de seconde transformation dans la région, tels du bois de la République du Congo étaient illégales que les moulures et les meubles en bois, qui en 2018 et cette proportion était respectivement ont rapporté environ 22 millions USD au pays de 45 pour cent et 39 pour cent pour la RDC et en 2022 (Figure 3d). Cependant, ces produits le Cameroun la même année (Figure 5). Le faible de seconde transformation occupent une place niveau de transformation du bois réduit également SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 61 la contribution du secteur forestier aux recettes cent de l’ensemble des incitations fiscales liées publiques. Parmi les autres facteurs qui minent le aux impôts sur les revenus des sociétés, soit 18,1 potentiel budgétaire du secteur, figure le recours milliards FCFA, représentant 5 pour cent de toutes généralisé aux mesures incitatives fiscales par les les dépenses fiscales. gouvernements, causant d’importants manques à gagner en recettes. Au Gabon, par exemple, le secteur du bois aurait bénéficié en 2023 de 96 pour Figure 4. Part des recettes forestières dans les Figure 5. Exportation illégale de produits à base de recettes fiscales totales et dans le PIB bois,19 2018 2,0 1,7 1,5 Cameroun 61 39 1,5 1,0 RD Congo 55 45 0,6 0,5 0,34 0,2 0,2 0,08 République du Congo 49 51 0,01 0,0 Cameroun Gabon Guinée RD Congo équatoriale 0 50 100 Part des recettes forestières dans les recettes fiscales totales Légale Illégale Part des recettes forestières dans le PIB Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Source : Autorités nationales et calculs des services de la Banque Source: Chatham House, https://forestgovernance.chathamhouse.org/ mondiale. countries/cameroon Remarque : Les données sur les recettes forestières datent de 2023, Remarque : Chatham House ne fournit de données sur les à l’exception de celles du Cameroun qui datent de 2022. exportations illégales que pour les trois pays qui apparaissent dans le graphique. 19 Pour évaluer l’ampleur des exportations illégales, Chatham House recourt à une méthodologie basée sur des évaluations de politiques forestières, des analyses de données commerciales, des enquêtes, ainsi que des examens de rapports et de données secondaires. La probabilité de pratiques illégales est classée en quatre niveaux : faible, faible à moyenne, moyenne à substantielle et substantielle. Ces évaluations ont été menées dans cinq domaines-clés : les droits fonciers coutumiers, la délivrance de permis, la gestion et l’exploitation forestières, les paiements financiers dans le secteur, ainsi que le transport et le commerce. Les détails complets de la méthodologie sont disponibles sur leur site web : https://forestgovernance.chathamhouse.org/countries/cameroon 62 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL II. Comment les pays de la CEMAC peuvent exploiter les opportunités de financement vert pour mobiliser davantage l’assistance internationale en soutien aux efforts de préservation des forêts ? Les pays du bassin du Congo ont pris plusieurs pays de la CEMAC se sont également engagés à mesures pour lutter contre la déforestation interdire les exportations de grumes d’ici 2028.20 et promouvoir la gestion durable des forêts à En général, les pays de la région sont dotés de travers différents cadres et initiatives nationaux lois sur le secteur forestier bien que certaines et internationaux, cependant, ils font face pourraient être améliorées avec une démarche à de faibles capacités institutionnelles et à inclusive et participative de manière à intégrer des financements climatiques limités. Parmi les perspectives de toutes les parties prenantes. les mesures principales adoptées par les Des efforts sont en cours pour réformer les codes gouvernements de la région, il y a la ratification forestiers dans certains pays. L’efficacité des cadres de l’Accord de Paris sur le changement climatique règlementaires dans la lutte contre la déforestation et l’élaboration de Contributions déterminées au dépend en grande partie de l’harmonisation des niveau national (CDN), accompagnées de plans objectifs et des décisions entre les secteurs tels visant à réduire les émissions de gaz à effet de que l’agriculture, l’exploitation minière et les serre, notamment celles provenant de l’agriculture, infrastructures. Cependant, cette coordination est de la production d’énergie, de la foresterie et souvent insuffisante dans les pays du bassin du de l’utilisation des sols. De plus, les pays de la Congo. CEMAC ont conclu différents accords régionaux pour lutter contre la déforestation, y compris des Les pays du bassin du Congo sont confrontés partenariats avec l’Union européenne. Le Gabon à un compromis difficile entre la préservation est reconnu pour son rôle pionnier à cet égard, des écosystèmes forestiers et l’exploitation des étant le premier pays africain à avoir reçu des forêts pour d’autres activités économiques, et paiements basés sur la performance à travers le l’insuffisance et l’irrégularité du financement programme REDD+ : le pays a obtenu 17 millions international à la préservation des forêts rend USD sur les 150 millions USD prévus à travers cet exercice encore plus difficile. La région du Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) l’Initiative forêts en Afrique centrale (CAFI) sous bassin du Congo fait face à des défis considérables l’égide de l’ONU. La République centrafricaine, la dans la recherche de financements climatiques République du Congo, le Cameroun et la Guinée en faveur de la préservation de ses forêts. L’aide équatoriale ont élaboré et adopté des Stratégies publique au développement (APD) reste l’une nationales de réduction des émissions provenant des principales sources de financement pour la de la déforestation et de la dégradation des forêts protection forestière. Bien que le bassin du Congo (REDD+). Ces plans décrivent les approches et les abrite la deuxième zone forestière au monde par engagements nationaux en matière de paiements sa taille, les fonds alloués à la préservation de basés sur les résultats en matière de réduction de ses forêts et de son environnement sont moindres la déforestation et de la dégradation des forêts. par rapport à ce qu’ont reçu d’autres régions Cependant, le marché international des crédits également riches en forêts. Entre 2018 et 2022, carbone étant encore qu’à ses débuts, les initiatives le bassin du Congo n’a reçu que 120 millions REDD+ n’ont pas encore été en mesure d’apporter USD d’aide du Comité d’aide au développement un soutien financier significatif à la région. Les (CAD) et d’autres bailleurs officiels, contre 414 20 Le Gabon a pris de l’avance sur les autres pays en interdisant les exportations de grumes dès 2010. La République du Congo a adopté cette mesure en 2023, mais son efficacité reste à vérifier. D’autres pays de la CEMAC se sont engagés à interdire l’exportation des grumes d’ici 2028. SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 63 millions USD pour l’Asie du Sud-Est et environ forêts du bassin du Congo, une évaluation réaliste 950 millions USD pour l’Amazonie (Figure 6).21 Ce de la situation actuelle tempèrerait cet optimisme. montant, même combiné avec les contributions Par exemple, bien que le Gabon ait obtenu 150 du secteur privé, reste largement insuffisant au millions USD de la CAFI, cette réussite, bien que regard des besoins financiers significatifs de la louable, met en lumière un problème plus large : le région et du bien public mondial représenté par financement via le programme REDD+ s’apparente les services climatiques offerts par ces forêts. La plus à un filet mince de financement plutôt qu’au mise en œuvre du programme REDD+, qui vise torrent de financement nécessaire. Le manque de à récompenser les pays pour la prévention de financements suffisants pour compenser les efforts la déforestation ou pour l’augmentation de leur de conservation, tant au niveau international que couverture forestière, s’est révélée difficile. Malgré national, limite la capacité de REDD+ à soutenir des efforts considérables,22 les pays participants la concurrence par rapport aux revenus générés n’ont obtenu que peu de retours financiers, bien en par l’utilisation de la forêt pour d’autres fins deçà de ce qui serait nécessaire pour les rémunérer économiques. Les politiques fiscales pourraient équitablement pour leurs efforts de conservation. cependant offrir une solution partielle pour combler De plus, la préservation des forêts qui ne sont pas le déficit actuel de financement vert. La réforme des en danger immédiat, comme une grande partie de politiques fiscales nationales visant à augmenter celles du bassin du Congo, n’est toujours pas prise les recettes et à accroître la valeur ajoutée des en compte dans le cadre du processus REDD+.23 activités forestières durables pourrait aider à Bien qu’il y ait un certain espoir que REDD+ et générer et acheminer plus efficacement des fonds les marchés volontaires du carbone deviendront vers la croissance économique et la protection des des sources de financement essentielles pour les forêts. Figure 6. Financements destinés à la foresterie et à la protection de l’environnement mondial reçus par trois régions à forte densité forestière entre 2018 et 2022 800 1 200 700 1 000 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 600 Millions d'hectares 800 500 Millions USD 400 600 300 400 200 200 100 0 0 Bassin de l'Amazone Asie du Sud-Est Bassin du Congo Superficie forestière (axe gauche) Fonds forestiers (axe droite) Source : OCDE, bailleurs officiels (pays du CAD, pays autres que du CAD, organisations multilatérales). Le bassin de l’Amazone regroupe huit pays : la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l’Équateur, la Guyane, le Pérou, le Suriname et le Venezuela. L’Asie du Sud-Est regroupe sept pays : le Cambodge, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande, le Timor-Leste et le Vietnam. 21 Voir OCDE : https://www.oecd-ilibrary.org/development/data/systeme-de-notification-des-pays-creanciers_dev-cred-data-fr 22 Pour être éligibles aux paiements basés sur les résultats, les pays doivent élaborer des stratégies ou des plans d’action nationaux, ainsi que renforcer leurs capacités pour réduire les émissions de carbone liées aux forêts. 23 Forest Declaration Assessment. 2022. Regional Assessment 2022. 64 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Pour lutter contre la déforestation et l’exploitation à ce jour sur l’application effective de cette nouvelle illégale des forêts, l’Union européenne (UE) a loi. Si ladite loi est effectivement mise en œuvre, conclu différents accords de partenariat avec cette mesure pourrait favoriser la transparence les pays du bassin du Congo. Applicable à partir et la légalité dans le commerce du bois, affectant de 2025, le règlement 2023/1115, nouveau non seulement les importations de la Chine, mais règlement de l’UE sur les produits exempts de aussi les exportations de bois transformé de la déforestation, vise à garantir qu’une gamme de Chine vers le marché mondial. La volonté politique produits vendus au sein de l’UE ne proviennent des gouvernements de la région, la capacité des pas de terres déforestées. Les marchandises industries locales à se conformer aux normes de concernées incluent les produits du bois, les l’UE et l’appui des organismes internationaux et produits carnés, le cacao, le café, l’huile de palme, des ONG pour faciliter cette mise en conformité le soja, le caoutchouc, le charbon de bois ou encore pourraient également influencer l’efficacité de les produits imprimés sur papier. L’imposition la réglementation de l’UE sur la déforestation de la réglementation de l’UE sur la déforestation dont l’objectif est de promouvoir et encourager aux pays du bassin du Congo pourrait donner une la foresterie durable dans la région. Ensemble, plus forte impulsion à l’application des régimes la coopération régionale et la coopération de certification, associée à des réformes des internationale sur les réglementations et les politiques fiscales environnementales promouvant modalités de gouvernance forestière en vigueur la gestion durable des forêts. En exigeant une dans les pays de la CEMAC démontrent la nécessité vérification préalable et une traçabilité rigoureuse d’adopter une approche multidimensionnelle dans des produits, le règlement de l’UE instaure une la lutte contre la déforestation et la promotion norme plus élevée pour les systèmes de suivi, de d’une gestion durable des forêts. Cependant, rapport et de vérification environnementale dans elles requièrent un renforcement des capacités le secteur forestier et pourrait ainsi encourager des États, une gestion rigoureuse, une meilleure les pays producteurs à adopter des pratiques plus coordination entre les pays et entre les agences durables. Cependant, l’effet de la réglementation gouvernementales, un fort soutien de la part de l’UE sur la déforestation pourrait être minime des partenaires au développement à travers dans la réalité dans certains pays et dépendra des programmes d’assistance technique, et Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) de différents facteurs, notamment du niveau l’amélioration des capacités de transformation d’exposition des exportateurs de produits forestiers locales, ce qui permettrait d’ajouter davantage de de la CEMAC au marché de l’UE. La part des la valeur de manière durable aux exportations de exportations de produits du bois de la CEMAC vers produits du bois de la CEMAC. l’Union européenne a diminué au cours des deux dernières décennies suite à une réorientation vers le marché asiatique. Entre 2000 et 2022, la part des exportations vers l’UE a chuté de 63 pour cent à 31 pour cent, tandis que la part des exportations vers l’Asie a doublé, passant de 31 pour cent à 60 pour cent (Figure 7). La Chine est devenue le plus grand marché pour ces produits, représentant 35 pour cent de la valeur des exportations, contre 18 pour cent il y a vingt ans. En 2019, la Chine a révisé sa Loi forestière pour y inclure une interdiction « d’acheter, de transformer ou de transporter du bois provenant de sources connues comme illégales ». Cependant, il existe peu d’informations SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 65 Figure 7. Destinations des exportations de bois de la CEMAC par région, 2000-2022 70 Valeur des exportations en pourcentage 60 50 40 30 20 10 0 Afrique Asie Europe Amérique du Nord 2000 2022 Source : Observatoire de la complexité économique (OEC). Credits: Daniel Ndzaba on pexels Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 66 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL III. Politiques fiscales pour une gestion durable des forêts : une solution pour réaliser les objectifs économiques, budgétaires et environnementaux de la CEMAC ? Il est possible d’utiliser des instruments fiscaux initiatives de préservation des forêts. La réforme bien conçus comme outils complémentaires des politiques fiscales existantes peut également dans les efforts de préservation des forêts. Ces libérer des recettes intérieures, notamment instruments créeraient des mesures financières lorsqu’elles éliminent les mesures incitatives incitatives ou dissuasives qui encourageraient et subventions contradictoires qui favorisent la préservation et la gestion durable des forêts. le changement d’affectation des terres et la Comme la déforestation et la dégradation des forêts déforestation.25 résultent de multiples défaillances du marché, pour y remédier, il est nécessaire de disposer Dans la zone CEMAC, la fiscalité forestière repose d’une combinaison d’interventions politiques, principalement sur trois outils principaux : la notamment des mesures fiscales.24 Jusqu’à redevance ou taxe superficiaire, la taxe d’abattage présent, le travail en la matière a été axé sur les et les taxes à l’exportation. Les taux, montants réglementations sectorielles, la certification privée et méthodes de recouvrement de ces taxes sont et les investissements publics – des mesures généralement fixés ou actualisés annuellement certes importantes mais insuffisantes en l’absence dans la Loi de finances de chaque pays. Le d’un alignement des incitations tarifaires, une Cameroun applique les taux d’imposition les plus question où les politiques fiscales et les politiques élevés ; ses recettes forestières sont nettement de subventions jouent un rôle essentiel. Par supérieures à celles du Congo et du Gabon, exemple, le prélèvement de taxes plus élevées malgré des proportions similaires de couverture sur les activités contribuant à la déforestation forestière. Au Cameroun, la redevance superficiaire - telles que l’exploitation forestière non durable est déterminée par voie d’appel d’offres, le prix ou la conversion non contrôlée des terres à des minimal étant fixé à 1 000 FCFA par hectare pour fins agricoles - peut contribuer à décourager exclure les offres trop basses (Tableau 1). La taxe les pratiques nuisibles à l’environnement. Des d’abattage a augmenté de 2,5 pour cent en 2018 Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) allégements fiscaux ou des subventions peuvent à 4 pour cent en 2019. Les taxes à l’exportation être accordés aux entreprises et aux particuliers sur les grumes ont progressivement augmenté, qui s’engagent dans des initiatives de reboisement, s’élevant à 20 pour cent de la valeur FOB en de foresterie durable ou de conservation. De 2017, 35 pour cent en 2020 et 60 à 75 pour cent plus, les politiques fiscales environnementales en 2024. L’augmentation progressive de la taxe peuvent contribuer à la mobilisation des à l’exportation des grumes pourrait être vue ressources nationales et à l’élargissement de comme une mesure précurseur de l’interdiction l’espace budgétaire. Par exemple, les taxes d’exportation des grumes que le Cameroun avait environnementales, telles que les taxes carbone initialement prévu mettre en œuvre à partir de sur les émissions associées à l’utilisation des janvier 2023 avant d’en reporter l’application sols, peuvent contribuer à internaliser les coûts effective à 2028. Le Gabon a introduit un système environnementaux de la déforestation et générer de fiscalité forestière différenciée basé sur la des revenus qui pourraient être réinvestis dans des certification et a progressivement relevé les taux 24 Banque mondiale (2021a). Designing Fiscal Instruments for Sustainable Forest Management. Washington : BIRD. 25 Op cit. SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 67 de la taxe de superficie appliquée aux concessions n’y est prévu pour encourager les concessions forestières non certifiées. Conformément à la Loi de adoptant des pratiques de gestion plus durables finances 2024, les concessions certifiées FSC26 ou ou obtenant des certifications légales ou privées. PAFC27 sont facturées 300 FCFA/ha/an, tandis que Enfin, les droits d’exportation sur les produits en les concessions avec certification de légalité sont bois transformés constituent une autre source de soumises à un taux modérément plus élevé de 600 recettes. Dans l’ensemble des pays, les taxes à FCFA, et enfin les concessions non certifiées sont l’exportation sur les produits en bois de seconde à 1 000 FCFA. Au Congo et en Guinée équatoriale, transformation sont généralement faibles et varient le taux de la redevance superficiaire est ajusté de en fonction du niveau de transformation du produit manière à réduire la pression fiscale dans les zones exporté, ceci afin d’encourager la création de reculées ou les régions avec moins d’essences de davantage de valeur ajoutée locale. bois à usage commercial. Cependant, contrairement à ce qui se passe au Gabon, aucun ajustement Tableau 1 / Taux des taxes forestières dans la région CEMAC Cameroun Gabon Congo RCA Redevance superficiaire Sur la base 300/600/1 000 200 à 500 FCFA - d'appels d'offres ; FCFA par hectare par hectare prix minimal de 1 000 FCFA par hectare Taxe d'abattage 4% Cette taxe n’est 5% 7% pas appliquée Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) Taxe à l’exportation sur 60 à 75 % Exportations de 9 à 10 % 11 % les grumes grumes interdites ; droits de sortie de 3 à 8,5 % sur le bois transformé Source : Autorités nationales (données collectées à travers des enquêtes pour les Notes de conjoncture économique 2024 de la Banque mondiale pour les pays de la CEMAC).28 26 Le FSC (Conseil de bonne gestion forestière) est une organisation internationale à but non lucratif qui promeut la gestion responsable des forêts en établissant des normes pour des pratiques forestières durables. Sa certification garantit que les produits en bois proviennent de forêts gérées de manière responsable sur les plans environnemental et social. 27 La PAFC (Certification forestière panafricaine) est un système de certification conçu pour promouvoir la gestion durable des forêts en Afrique. Ce système de certification est similaire aux autres certifications internationales, comme le FSC, mais est spécifiquement adapté au contexte de l’Afrique et aux besoins régionaux. 28 Les données pour la Guinée équatoriale ne sont que partiellement disponibles. Actuellement, la redevance superficiaire varie entre 1 500 et 2 500 FCFA par hectare, en fonction de la proximité de la zone forestière par rapport au port de Bata. 68 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Bien que les superficies forestières soient La fiscalité forestière varie souvent en fonction similaires au Cameroun, au Congo et au Gabon, des objectifs des gouvernements : promouvoir avec environ 20 à 24 millions d’hectares, leurs la gestion durable des forêts, encourager la systèmes de taxation forestière donnent des conservation ou maximiser les recettes fiscales. niveaux de recettes différents. En 2022, le Dans certains cas, des réductions d’impôts sont Cameroun a enregistré le niveau de recettes accordées pour inciter les entreprises à investir fiscales le plus élevé, avec 53 milliards FCFA en dans les activités forestières tout en maintenant taxes forestières. Le Gabon arrive en deuxième des pratiques durables. À l’inverse, des impôts plus position avec 41,9 milliards FCFA de recettes élevés peuvent être instaurés pour augmenter les générées en 2023 (Figure 8).29 Au Congo, les taxes recettes publiques ou dissuader la surexploitation forestières ont rapporté 19 milliards FCFA en des ressources forestières. Les ajustements 2021. La Guinée équatoriale et la RDC ont généré de la fiscalité tiennent aussi à la nécessité de des recettes nettement inférieures en 2023, avec parvenir à un équilibre entre la protection de respectivement 2,6 milliards de FCFA et 1,25 l’environnement et les avantages économiques, milliard de CDF (soit 0,25 milliard de FCFA). En ainsi qu’aux différences en matière de politiques termes de recette fiscale par hectare de forêt, forestières locales, de contextes économiques et le Cameroun arrive en tête avec 4,18 USD par de demande du marché. Les taux d’imposition sur hectare, suivi du Gabon (3 USD), de la Guinée le secteur forestier peuvent être faibles au départ, équatoriale (1,75 USD), du Congo (1,57 USD) et de l’essentiel étant de mettre en œuvre des politiques la RDC (0,04 USD).30 Ces résultats devraient être visant à augmenter la transformation des produits interprétés avec prudence étant donné que les forestiers et à créer davantage de valeur ajoutée, chiffres communiqués n’incluent généralement générant ainsi une plus grande valeur économique pas les recettes parafiscales ni celles perçues aux et davantage d’opportunités d’emploi, notamment niveaux décentralisés (provinces et municipalités). dans les secteurs manufacturiers associés à La prise en compte de ces éléments pourrait l’industrie du bois. Cette croissance permettrait modifier le montant total des recettes forestières de dynamiser les autres secteurs, améliorer le ainsi que le classement des pays.31 Cependant, la rendement économique et apporter davantage de comparaison faite ici reste utile pour évaluer les recettes publiques, même si les taux d’imposition Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) recettes fiscales potentielles qu’une réforme en ont été faibles au départ. faveur du secteur forestier pourrait générer, en particulier dans certains pays où le potentiel de recettes est largement sous-exploité. L’adoption de politiques fiscales visant à valoriser le potentiel du secteur forestier pourrait aider à atténuer les fortes contraintes budgétaires auxquelles de nombreux pays de la CEMAC sont confrontés. 29 Les données les plus récentes disponibles sur les recettes forestières, parfois communiquées pour des années différentes (telles que pour le Cameroun et le Congo), sont utilisées ici à des fins de comparaison. Bien que ces comparaisons ne reflètent pas forcément les différences de niveaux de recettes en temps réel, elles fournissent des indications précieuses sur les tendances générales. 30 Les revenus forestiers en RDC sont très faibles, surtout compte tenu de l’immensité de ses terres forestières (le pays détient 60 pour cent des forêts du bassin du Congo). 31 Une autre limitation de l’indicateur de revenu forestier par hectare est qu’il ne prend pas en compte les types de bois récoltés ni leur impact sur les revenus. Certaines zones peuvent contenir des essences de bois plus demandées et, par conséquent, générer des revenus plus élevés que d’autres. Malgré cela, cet indicateur offre une mesure moyenne qui reste utile pour effectuer des comparaisons générales entre pays. SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 69 Figure 8. Recettes forestières par hectare (ha) 140 126 120 100 80 60 40 24 22 20 20 0,04 2,94 1,57 4,19 2 1,75 0 RD Congo Gabon Congo Cameroun Guinée éq. Forêt, million d'ha Revenus par ha en USD Source : Autorités et calculs des services de la Banque mondiale. Remarque : Les données sur les recettes remontent à 2021 pour le Congo, 2022 pour le Cameroun, et 2023 pour les autres pays. IV. La mise en œuvre de politiques fiscales adéquates, combinée au renforcement de la bonne gouvernance forestière, peut préserver les forêts tout en augmentant la contribution du secteur forestier aux économies de la CEMAC. Les réformes de la politique fiscale, telles que l’ajustement des taux de taxes forestières constitue l’ajustement des taxes forestières en fonction une approche novatrice en matière de politique de l’empreinte écologique de la production de fiscale à visée environnementale. La certification bois, l’octroi de subventions pour les pratiques forestière encourage la gestion durable des forêts, Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) durables, ainsi que les réductions fiscales pour la facilite l’accès aux marchés et au financement certification forestière et l’agroforesterie, peuvent internationaux, offre des avantages sociaux pour jouer un rôle crucial dans la protection des forêts les communautés locales, garantit la conformité aux du bassin du Congo. Cependant, il serait nécessaire lois, et renforce l’image de marque éthique grâce d’établir un équilibre entre la fiscalité forestière à la transparence et à la traçabilité. Les pays du d’une part et les considérations économiques, bassin du Congo pourraient envisager d’adopter un sociales et environnementales de l’autre. Les système de « bonus-malus » inspiré de la taxe de impôts et les instruments fiscaux doivent être superficie appliquée au Gabon où les concessions équitables, transparents et utilisés en toute non certifiées sont imposées plus lourdement que efficacité pour promouvoir la gestion durable des celles qui sont certifiées. Dans la mise en œuvre forêts et leur conservation, tout en encourageant la de cette approche, il est important de prendre création locale de valeur ajoutée et d’emplois. Il est en compte les aspects sociaux et économiques, essentiel de trouver un équilibre entre la dissuasion notamment la nécessité d’appuyer financièrement des pratiques néfastes et l’appui aux moyens de les efforts des petits exploitants forestiers en vue subsistance durables afin de réaliser les objectifs de la certification de leurs concessions, tout en de développement et de conservation à long terme. prenant compte des impacts budgétaires de telles L’intégration de la certification de durabilité dans mesures. 70 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Le secteur forestier du Canada : Un exemple de gestion durable des forêts et d’une importante contribution à la croissance économique — Le Canada est l’un des plus grands exportateurs de produits forestiers au monde. Avec ses quelque 347 millions d’hectares de terres boisées, le Canada abrite la troisième forêt au monde en termes de taille, représentant environ 9 pour cent de la superficie forestière mondiale. Le secteur forestier contribue significativement à l’économie du Canada, jouant un rôle essentiel dans la prospérité de l’ensemble du pays et dans la vie quotidienne des populations locales. En 2022, l’industrie forestière a contribué à hauteur de 27 milliards USD au PIB du Canada. Entre 2012 et 2022, le PIB du secteur forestier a représenté en moyenne 1,2 pour cent du PIB nominal total. Le secteur génère plus de 200 000 emplois directs, notamment dans les communautés rurales et autochtones, où il constitue souvent un moteur économique essentiel.32 Les redevances et les droits de coupe sont principalement perçus au niveau provincial dans les provinces telles que l’Ontario, la Colombie Britannique, l’Alberta, le Québec et le Nouveau-Brunswick. Les provinces telles que la Colombie Britannique et le Québec imposent des taxes supplémentaires sur les bénéfices générés par les activités d’exploitation forestière.33 En 2020, le secteur forestier a généré environ 1,7 milliard USD de recettes au niveau provincial et territorial.34 L’industrie forestière du Canada, ainsi que celle du Brésil et de l’Australie, fabrique des produits du bois de pointe, tels que de la pâte à papier, des panneaux de bois, du bois de charpente, des produits de papeterie (tels que le papier journal et le papier à écrire), du mobilier de bureau et du biocarburant. Ces produits répondent de manière essentielle aux Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) besoins de la consommation intérieure et de l’exportation, favorisant la croissance économique et l’emploi dans les différentes régions de ces trois pays. En 2022, selon les estimations, la valeur des exportations de produits forestiers s’élevait à 37 milliards USD pour le Canada, 16 milliards USD pour le Brésil et 2 milliards USD pour l’Australie.35 La fabrication de papier représentait 46 pour cent de la valeur des exportations de produits forestiers du Canada, 74 pour cent du Brésil et 67 pour cent de l’Australie, contre seulement 1 pour cent dans les pays de la CEMAC. Ces chiffres démontrent l’écart significatif entre la CEMAC et les autres pays riches en ressources forestières en termes de valeur ajoutée et de transformation de produits forestiers. 32 The state of Canada’s forests, Annual report 2023 : https://natural-resources.canada.ca/sites/nrcan/files/forest/sof2023/NRCAN_SofForest_Annual_2023_EN_ accessible-vf(1).pdf 33 En vertu de la Constitution du Canada, les provinces ont compétence sur les ressources naturelles et le pouvoir de percevoir des redevances et des droits sur celles-ci. 34 The state of Canada’s forests, Annual report 2023. 35 OEC https://oec.world/en/profile/country/can SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 71 Figure 9. Part des produits de bois de première et seconde transformation et part de la fabrication de papier dans les exportations totales du secteur forestier 100 % 1% 46 % 74 % 67 % 80 % 60 % 99 % 40 % 54 % 20 % 33 % 26 % 0% Canada Brésil Australie CEMAC Produits de bois de première et seconde transformations Produits de papeterie Source : OEC Remarque : Les produits du bois de transformation primaire et secondaire comprennent le bois rond, le bois de sciage, le bois de chauffage, le contreplaqué, le placage, les meubles de bureau, etc. Les produits de papeterie comprennent le papier journal, le papier hygiénique, les brochures, le papier kraft, etc. À mesure que la demande mondiale évolue et que les préoccupations environnementales prennent de l’importance, le secteur forestier du Canada s’adapte en offrant une gamme de produits innovants qui dépassent les marchés traditionnels du bois d’œuvre et du papier. De la bioénergie aux plastiques biodégradables, en passant par les textiles à base de bois et les matériaux de construction de pointe, le secteur élargit son champ d’activité de manière à répondre aux exigences d’un monde de plus en plus soucieux de l’environnement. Ces innovations contribuent non seulement à diversifier le marché, mais renforcent également le leadership du Canada dans le domaine de la gestion Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) durable des forêts et sa compétitivité sur les marchés mondiaux émergents, garantissant ainsi que la foresterie reste un pilier dynamique et essentiel de son économie. Le secteur forestier canadien est également reconnu pour son engagement envers des pratiques durables et le respect de réglementations environnementales strictes. En 2022, plus de 40 pour cent de sa superficie forestière était certifiée dans le cadre d’un système de gestion forestière à vérification indépendante (tels que le Forest Stewardship Council), et 60 pour cent de sa superficie était couverte par un plan de gestion à long terme.36 Les exploitations forestières sur les terres publiques sont gérées à travers des accords (tenures ou licences) passés avec les entreprises forestières. Ces accords, généralement d’une durée de 20 à 25 ans, donnent obligation aux entreprises de respecter les principes de gestion durable des forêts. Les plans d’aménagement forestier doivent être approuvés par la province ou le territoire concerné avant le début de toute exploitation. 36 FAO https://www.fao.org/faostat/en/#data/SDGB 72 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Un appui international plus fort pourrait permettre La combinaison des instruments fiscaux avec aux pays du bassin du Congo de compenser les l’amélioration de la gouvernance forestière à éventuelles pertes de recettes associées à des travers le renforcement de l’application des lois réductions d’impôts qui pourraient être accordées et règlementations, du suivi et de la transparence, pour encourager des pratiques forestières aiderait les pays du bassin du Congo à préserver durables. Dans les pays du bassin du Congo, des leurs forêts tout en renforçant le rôle du secteur éventuelles réductions d’impôts accordées pour forestier dans l’économie. Cependant, ces encourager les pratiques forestières durables stratégies fiscales ne sont pas des solutions entraîneraient probablement des pertes de autonomes : elles devraient être mises en œuvre revenus pour les gouvernements à court terme, dans le cadre d’un ensemble de politiques globales étant donné qu’ils renonceraient à une partie des afin de répondre aux défis multidimensionnels recettes fiscales qu’ils auraient reçues des activités de la conservation des forêts. La réussite des forestières traditionnelles. Ces réductions visent stratégies et des efforts de conservation des forêts à encourager les pratiques qui protègent la forêt et de développement durable, allant des mesures et favorisent les avantages environnementaux réglementaires aux instruments économiques en à long terme. Cependant, la baisse immédiate passant par les campagnes d’information, dépend des recettes fiscales pourrait affecter la capacité de la capacité à mettre en œuvre une stratégie des gouvernements à financer les services cohérente et intégrée qui met à profit les atouts de essentiels et les efforts de conservation. Une chaque approche. En outre, il est essentiel d’avoir assistance internationale plus forte pourrait être un cadre de gouvernance solide non seulement nécessaire pour compenser ces pertes initiales pour garantir une mise en œuvre efficace des et faciliter la transition vers une foresterie politiques fiscales, mais aussi pour encourager durable. Cette assistance pourrait prendre la la collaboration et la transparence nécessaires forme d’aide financière, d’expertise technique à une gestion durable des forêts. I Il serait et de programmes de renforcement de capacité également important d’assurer la cohérence entre de la part d’organisations internationales et de les instruments fiscaux et les objectifs de gestion pays bailleurs et contribuerait ainsi à compenser durable des forêts, et de mettre en place des les manques à gagner et à garantir l’adoption processus inclusifs pour l’élaboration de politiques, de pratiques durables sans compromettre la mettant à contribution toutes les parties prenantes, stabilité économique et budgétaire. En plus de y compris les communautés locales et les Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) l’assistance internationale, le système de bonus- populations dépendantes des forêts, afin de garantir malus mentionné précédemment consistant à que les réformes forestières appuient à la fois la relever le niveau d’imposition pour les pratiques durabilité environnementale et le développement d’exploitation forestière moins durables, pourrait économique. faire partie de la solution et soutenir les finances publiques des pays de la CEMAC. V. La coopération régionale et l’assistance internationale sont cruciales pour renforcer la gestion des ressources forestières, attirer les financements climatiques et appliquer les mesures de conservation au-delà des frontières. Le renforcement de la coopération régionale à fiscales forestières permettrait aux pays du travers l’harmonisation des réglementations, bassin du Congo de mieux s’attaquer aux défis le renforcement de l’application de la loi et transfrontaliers, d’améliorer leur capacité l’amélioration de l’alignement des politiques institutionnelle et d’attirer davantage de SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 73 financements internationaux. L’amélioration de de la biodiversité, ces forêts ne reçoivent pas une la coordination des politiques de préservation reconnaissance financière suffisante pour leurs des forêts dans les pays du bassin du Congo contributions environnementales essentielles. Les contribuerait à assurer une application uniforme forêts du bassin du Congo restent sous-financées des textes au-delà des frontières, à réduire les alors qu’elles jouent un rôle crucial en tant activités illégales et à renforcer les pratiques de qu’importants puits de carbone et fournisseurs de gestion durable. Bien que les pays du bassin du services écosystémiques vitaux pour l’ensemble Congo disposent de cadres juridiques régissant de la planète. Les pays du bassin du Congo font la gestion et la protection des forêts, le manque face à un important déficit de financement par de directives régionales et les défis en matière rapport à leurs engagements climatiques, recevant d’application des lois entravent souvent la mise en seulement une fraction des fonds nécessaires. œuvre de ces textes. Il serait essentiel de renforcer Ce décalage met en lumière le besoin urgent la Commission des forêts d’Afrique centrale d’augmenter les investissements équitables (COMIFAC), notamment à travers son Observatoire dans la conservation et la gestion durable de des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC), si l’on veut ces forêts. Il est crucial de disposer d’un appui harmoniser les cadres institutionnels nationaux et financier adéquat au niveau mondial pour soutenir améliorer la collecte de données. L’harmonisation les efforts de conservation, lutter contre la des politiques fiscales, notamment pour encourager déforestation et promouvoir le développement la mise en place de plans de gestion forestière et durable dans la région. Une compensation les certifications, ainsi que la mise en cohérence équitable de la communauté internationale pour des politiques agricoles et minières par rapport aux les services écosystémiques fournis contribuerait actions de protection des forêts, peut contribuer non seulement à préserver ces forêts vitales, mais significativement à la préservation des forêts. Bien aussi à renforcer la stabilité économique et la que ce soit une étape importante d’amener les croissance des pays du bassin du Congo, ouvrant pays à s’accorder pour interdire l’exportation de la voie à un avenir plus équitable et durable pour grumes afin de promouvoir la transformation locale tous. À cette fin, les pays devraient également du bois, cette mesure ne serait pas suffisante. Des renforcer leur capacité à mobiliser efficacement les mesures complémentaires incluent l’amélioration options de financement climatique disponibles. La du système de traçabilité des produits de bois et Banque mondiale, à travers une initiative régionale la promotion de l’application des certifications de d’appui analytique,37 aide ces pays à créer les Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) durabilité pour les produits forestiers. capacités nécessaires pour pouvoir s’engager dans un financement axé sur les résultats dans le La communauté internationale doit intensifier cadre de la lutte contre le changement climatique. ses appuis et fournir une compensation juste et Cette approche tient compte de la valeur globale suffisante pour le bien public mondial que les forêts des écosystèmes forestiers et des services du bassin du Congo offrent au monde sous forme environnementaux, notamment la séquestration de services écosystémiques de séquestration du du carbone, la conservation de la biodiversité, la carbone. Malgré le rôle crucial qu’elles jouent dans protection des sols et la rétention d’eau. la régulation du climat mondial et la préservation 37 La Banque mondiale, à travers ses Services de conseil et d’analyse sur les forêts du bassin du Congo, aide les pays de la CEMAC et la RDC à élaborer des comptes de capital naturel reflétant la valeur globale de leur patrimoine forestier et de leurs services écosystémiques, améliorant ainsi la planification nationale et la prise de décision pour une gestion durable des forêts. De plus, l’initiative aide ces pays à renforcer les capacités et la préparation nécessaires pour tirer parti des options existantes et innovantes de financement de la lutte contre le changement climatique axé sur les résultats. 74 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Pour apporter des réponses adéquates aux défis multidimensionnels auxquels le secteur forestier de la CEMAC est confronté, un ensemble cohérent de solutions est proposé, axé à la fois sur les réformes fiscales et les mesures visant à promouvoir la durabilité à long terme de la gestion et de la conservation des forêts, ainsi que sur les objectifs socioéconomiques. Ces options politiques sont les suivantes : Meilleures pratiques Politiques Détails Recourir à la certification Encourager la certification forestière et les plans d’aménagement forestière pour améliorer forestier en adoptant, à l’instar de la taxe de superficie appliquée au la gestion forestière Gabon, un système de « bonus-malus » qui impose plus lourdement et décourager la les concessions et les produits du bois non certifiés par rapport à ceux déforestation. certifiés. Réformer les subventions Rationaliser les dépenses fiscales en faveur de l’agriculture agricoles et les mesures afin d’améliorer leur ciblage et leur alignement sur les objectifs incitatives fiscales environnementaux. Un meilleur ciblage des mesures incitatives fiscales pour les intrants agricoles pourrait répondre aux objectifs fiscaux et environnementaux, en réduisant les pertes de recettes publiques et en encourageant des pratiques agricoles plus durables. Les pouvoirs publics pourraient également envisager de mettre en place un système de suivi afin de garantir que les dépenses fiscales sont utilisées de manière efficace et en accord avec les objectifs environnementaux. Numériser pour Promouvoir des services numériques pour le secteur forestier, améliorer les systèmes couvrant les processus de demande de permis, de paiement des taxes de suivi, de rapport et de et des droits, ainsi que le suivi en temps réel des activités forestières et vérification. la traçabilité du bois. Veiller par ailleurs à ce que ces plateformes soient Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) disponibles dans les zones reculées afin de renforcer l’efficacité et la transparence. Dans le cadre du renforcement des capacités, les pouvoirs publics pourraient organiser des formations pour les agents forestiers et les concessionnaires sur l’utilisation des outils numériques, afin d’améliorer l’efficience et la transparence. Vendre aux enchères les Les droits de licence, attribués par le biais d’une procédure d’appel concessions forestières d’offres, fonctionnent comme une taxe sur les rentes d’exploitation forestière. Les exploitants forestiers pourraient être disposés à soumissionner à hauteur de la valeur des bénéfices nets qu’ils pourraient dégager de l’exploitation de la concession. Ces enchères peuvent : Augmenter les recettes fiscales perçues en faisant jouer la concurrence entre entreprises pour l’accès aux ressources ; et Favoriser la transparence dans l’attribution des permis par comparaison des offres, idéalement, par le caractère public et la transparence de la procédure d’attribution. SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL 75 Pratiques prometteuses Politiques Détails Ajuster le taux Ajuster les taux des taxes forestières en fonction de l’empreinte d'imposition des produits écologique des méthodes de production de bois. En s’appuyant issus de la déforestation sur les évaluations détaillées menées par les organismes de en fonction des méthodes certification forestière, les autorités fiscales peuvent mieux aligner de production les taux d’imposition sur l’impact environnemental des méthodes de production. Promouvoir Les investissements dans des projets d’agroforesterie intégrant l'agroforesterie et les la culture d’arbres avec des produits forestiers non ligneux et pratiques de gestion des cultures agricoles, accompagnés de formation et d’assistance durable des terres technique pour les exploitants agricoles, peuvent faciliter la transition vers des pratiques agricoles plus durables, telles que la rotation des cultures, l’agriculture biologique et les techniques de conservation du sol, réduisant ainsi la déforestation et la dégradation des forêts. Encourager les initiatives Collaborer avec les communautés locales pour élargir et renforcer REDD+ la mise en œuvre des projets REDD+ sur l’ensemble des terres forestières de la CEMAC, afin de garantir qu’elles tirent directement avantage des efforts de séquestration du carbone. Cela pourrait inclure des mesures incitatives financières ou des programmes de renforcement de capacité. Obtenir un financement basé sur la performance de la part des bailleurs internationaux en présentant les progrès mesurables réalisés en matière de séquestration de carbone. Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) 76 SECTION 3 — THÈME SPÉCIAL Améliorer le cadre juridique et la création de valeur ajoutée dans le secteur du bois Politiques Détails Mettre à jour les Mettre en œuvre des réformes juridiques complètes, telles que codes forestiers et la l’élaboration de codes forestiers, pour renforcer la gouvernance gouvernance juridique forestière et l’application de la loi. Les lois forestières mises à jour des forêts devraient inclure des définitions et des réglementations claires pour garantir une gestion durable des forêts, des mécanismes d’application solides pour prévenir les activités illégales, ainsi que des dispositions permettant de faire participer les communautés locales aux processus décisionnels. Sécuriser les La gestion communautaire des forêts et le partage des avantages droits fonciers des issus des recettes forestières renforcent l’appropriation et la communautés forestières responsabilité au sein de la communauté, encourageant ses membres et appliquer le partage à protéger les forêts contre la surexploitation et les activités illégales. des bénéfices issus des recettes forestières Pour être pleinement efficaces, les programmes de foresterie communautaire doivent s’appuyer sur des droits fonciers clairs et bénéficier de renforcement de capacité et de l’appui constant des autorités. Favoriser la Les initiatives d’alignement des politiques régionales sont coopération régionale essentielles pour éviter le manque de cohérence entre les politiques et les partenariats nationales au sein de la région, qui risquent de compromettre internationaux les progrès collectifs par le transfert des pratiques d’exploitation forestière non durables vers les pays moins réglementés. Les pays de la CEMAC devraient renforcer leurs efforts de coopération internationale pour attirer davantage des financements, une assistance technique et un appui au renforcement de capacités en matière de lutte contre le changement climatique. Baromètre économique de la CEMAC – Novembre 2024 (Vol. 7) En s’engageant dans des initiatives environnementales mondiales, en dialoguant avec les bailleurs internationaux et en accédant aux fonds de lutte contre le changement climatique, les pays de la CEMAC pourraient mobiliser davantage de ressources pour la conservation des forêts, les stratégies d’adaptation pour les communautés locales. Accroître la création de Intensifier les actions visant à développer une industrie locale valeur ajoutée dans la robuste de transformation du bois afin de créer davantage d’emplois filière du bois. et de générer plus de recettes par rapport à l’exportation de bois d’œuvre brut. Investir dans les programmes de formation professionnelle pour constituer une main-d’œuvre qualifiée capable d’appuyer un secteur de transformation du bois en développement. Parmi les autres politiques figurent l’interdiction d’exporter les grumes et des mesures incitatives telles que les allégements fiscaux, des subventions et une assistance technique ; cependant, il est essentiel d’étudier rigoureusement les coûts budgétaires des dépenses fiscales et de concevoir les politiques de manière aussi ciblée et efficace que possible, tant sur le plan économique qu’environnemental et budgétaire. 77 Références Allen, M., Zambrana-Torrelio, C., Morse, S., Rondinini, C., Di Marco, M., Breit, N., . . . Daszak, P. (2017). Global Hotspots and Correlates of Emerging Zoonotic Diseases. Nature Communications 8: article 1124. BEAC. (2023). Rapport annuel 2023. BEAC. Extrait de https://www.beac.int/wp-content/ uploads/2024/08/RAPPORT-ANNUEL-BEAC-2023-08-08-24_compressed.pdf Canadian Forest Service. (2023). The State of Canada’s Forests: Annual Report 2023. Natural ressources Canada. 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Mémorandum Économique Pays de la Guinée équatoriale. L’ÉQUIPE Robert Johann Utz Djeneba Doumbia Erick Tjong Samba Ba (Économiste en chef, Chef (Économiste, Chef (Économiste, Chef (Économiste principal) d’équipe) d’équipe) d’équipe) Rick Emery Tsouck Ibounde Demet Kaya Sonia Barbara Ondo Ndong Pierre Mandon (Économiste principal) (Économiste principale) (Économiste principale) (Économiste) Francis Ghislain Blaise Ehowe Nguem Kabinet Kaba Mahamat Abdramane Moustapha Ngomba Bodi (Économiste) (Économiste) (Économiste) (Économiste) Chris Belmert Milindi Katindi Sandeep Mahajan Hans Anand Beck (Consultant) (Manager sectoriel) (Manager sectoriel) Irene Sitienei Ifeoma Clementina Ikenye (Assistante de programme) (Assistante de programme) Credits: Bobulix – CC BY-NC-ND 2.0 Macroéconomie, Commerce et Investissement