JOBS SERIES Issue No. 32 DIAGNOSTIC TOGO R ap h a e l a K ar l e n e t F r i e d e r ik e R o t h e r Relever les Défis et Créer des Opportunités pour plus d’Emplois de Qualité pour Tous DIAGNOSTIC TOGO R ap h a e l a K ar l e n e t F r i e d e r ik e R o t h e r Relever les Défis et Créer des Opportunités pour plus d’Emplois de Qualité pour Tous © 2023 Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement / La Banque mondiale. 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA. Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org. Certains droits réservés Ce rapport a été établi par les services de la Banque mondiale avec des contributions externes. Les observations, interprétations et opinions qui sont exprimées dans cet ouvrage ne reflètent pas nécessairement les points de vue de la Banque mondiale, de son Conseil d’administration ou des gouvernements qu’il représente. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans ce rapport. Les frontières, les couleurs, les dénomi- nations et autres informations figurant sur une carte dans ce rapport n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale concernant le statut juridique d’un territoire ou l’approbation ou l’acceptation de telles limites. Rien dans le présent document ne constitue ou ne peut être considéré comme une limitation ou une renonciation aux privilèges et immunités de la Banque mondiale, qui sont tous spécifiquement réservés. Droits et licences L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported license (CC BY 3.0) http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/igo. Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attribution, il est possible de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes: Mention de la source—L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Karlen, Raphaela et Friederike Rother (éditeurs), 2023. Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo — Relever les Défis et Créer des Opportunités pour plus d’Emplois de Qualité pour Tous. Banque mondiale, Washington, DC. Vice-président régional : Ousmane Diagana Directeur sectoriel : Michal Rutkowski Directrice régionale : Dena Ringold Directrice des opérations : Coralie Gevers Représentant résident : Fily Sissoko Responsable sectoriel : Christian Bodewig Chargées de projet : Friederike Rother and Raphaela Karlen Traductions—Si une traduction de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source, le déni de responsabilité suivant : Cette traduction n’a pas été réalisée par la Banque mondiale et ne doit pas être considérée comme une traduction officielle de cette dernière. La Banque ne saurait être tenue responsable du contenu de la traduction ni des erreurs qu’elle pourrait contenir. Adaptations—Si une adaptation de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source le déni de responsabilité suivant : Cet ouvrage est une adaptation d’une œuvre originale de la Banque mondiale. 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Les principaux responsables et contributeurs pour les chapitres thématiques sont les suivants: • Stephanie Brunelin et Ulrich Zombré ont dirigé la section 2.1 : L’offre croissante de main-d’œuvre est con- frontée à un sous-emploi important et à d’importantes disparités entre les sexes et les lieux. • Urbain Thierry Yogo et Marc Stocker ont dirigé la section 2.2 : Une économie qui crée des emplois, mais pas en quantité et qualité suffisantes. Dino Merotto, Theresa Osborne, Maho Hatayama et Mario Gronert ont effectué des analyses de données qui ont alimenté le chapitre. Les auteurs ont aussi bénéficié du soutien d’Ernest John Sergenti, Nicholas Woolley et Amevi Rocard Kouwoaye. • Raphaela Karlen a dirigé la section 2.3 : La demande de main-d’œuvre formelle reste limitée en raison des faibles taux d’entrée des nouvelles entreprises et de la création de peu de nouveaux emplois. Dino Merotto, Theresa Osborne, Maho Hatayama et Mario Gronert ont procédé à l’analyse des données qui ont alimenté le chapitre. Frédéric Meunier, Kaliza Karuretwa et Julie Saty Lohi ont aidé à contextualiser les résultats du chapitre. • Clément Joubert, Himanshi Jain et Raphaela Karlen ont dirigé la section 3.1 : Les travailleurs informels non pauvres peuvent être vulnérables aux chocs et représentent le « groupe négligé » de la protection sociale, à savoir ceux qui ne sont pas couverts. Cette section a bénéficié de contributions de Melis Guven, de Mariam Noelie Hema et de Montserrat Pallares-Miralles. • Raphaela Karlen et Gabriel Lawin ont dirigé la section 3.2 : L’économie est dominée par des entreprises informelles, allant des entreprises de subsistance aux entreprises bien établies à forte productivité. Wendy Cunningham a fourni de précieux conseils pour développer et affiner la méthodologie d’analyse des clusters appliquée lors de cette analyse. • Paula Cerutti et Guillaume Kroll ont dirigé la section 3.3 : Un secteur agricole à fort potentiel de création d’emplois de qualité dans l’exploitation agricole et en dehors de celle-ci. Erick Abiassi et Douti Bessokoh ont fourni des commentaires permettant d’affiner cette analyse. Les éditeurs souhaitent également remercier Sara Johansson de Silva, Joachim Boko, Aissatou Ouédraogo et Félicien Accrombessy pour leurs commentaires et contributions. En outre, l’équipe remercie Cynthia Cindric et Aldo Morri pour leur soutien éditorial, ainsi que Alexandra Romanova pour la conception et la composition visuelles du rapport. Ulrich Zombré a apporté un soutien précieux pour la finalisation du diagnostic et la relecture de la version française du rapport. Enfin, mais pas des moindres, Sébastien Tamegnon, Sharlen Vigan, Nadia Zenia Amoudji-Agnegue et Mariam Denise Brain ont apporté un excellent soutien à l’équipe tout au long de la préparation du rapport et des discussions avec les partenaires impliqués. L’équipe est reconnaissante des conseils stratégiques reçus de Coralie Gevers, Fily Sissoko, Hawa Cissé Wagué, Christian Bodewig et Jehan Arulpragasam. Les auteurs tiennent à remercier Wendy Cunningham, Phillippe George Leite et Yoonyoung Cho (phase de conception) et Wendy Cunningham, Vincent Palmade et Siv Tokle (phase de décision) pour leurs avis, commentaires et conseils. La préparation de ce rapport n’aurait pas été possible sans l’appui financier et technique du bureau togolais de la GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit, Agence allemande pour la coopération internationale). L’équipe remercie chaleureusement André Roenne et Sika Ekouhoho pour leur soutien et leur forte collaboration dans la préparation de ce rapport. Le Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo a été mené sur la base d’un dialogue continu avec les autorités togolaises et les représentants du secteur privé, qui s’est matérialisé notamment par une série de réunions techniques avec un comité multisectoriel dirigé par la Coalition Nationale pour l’Emploi des Jeunes (CNEJ) pour discuter des résultats préliminaires des différents chapitres du Diagnostic. L’équipe est également reconnaissante envers la Présidence de la République togolaise et les différents ministères sectoriels pour leurs contributions au cours du processus de consultation. De même, la préparation du Diagnostic n’aurait pas été possible sans le soutien de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques (INSEED) qui a partagé ses données, ce dont nous sommes très reconnaissants. v TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS v ABRÉVIATIONS ix RÉSUMÉ EXÉCUTIF 1 1. INTRODUCTION 9 2. DIAGNOSTIC MULTISECTORIEL DE L’EMPLOI 15 2.1 L’OFFRE CROISSANTE DE MAIN-D’ŒUVRE EST CONFRONTÉE À UN SOUS-EMPLOI IMPORTANT ET À D’IMPORTANTES DISPARITÉS ENTRE LES SEXES ET LES LIEUX 15 2.2 UNE ÉCONOMIE QUI CRÉE DES EMPLOIS, MAIS PAS EN QUANTITÉ ET QUALITÉ SUFFISANTES 32 2.3 LA DEMANDE DE MAIN-D’ŒUVRE FORMELLE RESTE LIMITÉE EN RAISON DES FAIBLES TAUX D’ENTRÉE DES NOUVELLES ENTREPRISES ET DE LA CRÉATION DE PEU DE NOUVEAUX EMPLOIS 41 3. ANALYSES APPROFONDIES 61 3.1 LES TRAVAILLEURS INFORMELS NON PAUVRES PEUVENT ÊTRE VULNÉRABLES AUX CHOCS ET REPRÉSENTENT LE « GROUPE NÉGLIGÉ » DE LA PROTECTION SOCIALE, À SAVOIR CEUX QUI NE SONT PAS COUVERTS 62 3.2 L’ÉCONOMIE EST DOMINÉE PAR DES ENTREPRISES INFORMELLES, ALLANT DES ENTREPRISES DE SUBSISTANCE AUX ENTREPRISES BIEN ÉTABLIES À FORTE PRODUCTIVITÉ 69 3.3 UN SECTEUR AGRICOLE À FORT POTENTIEL DE CRÉATION D’EMPLOIS DE QUALITÉ DANS L’EXPLOITATION AGRICOLE ET EN DEHORS DE CELLE-CI 77 4. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES PUBLIQUES 87 RÉFÉRENCES 95 ANNEXE A : CALCUL DES ÉLASTICITÉS DE L’EMPLOI 97 ANNEXE B : MÉTHODOLOGIE DE L’ANALYSE TYPOLOGIQUE DES ENTREPRISES INFORMELLES 99 ANNEXE C : PROGRAMMES D’EMPLOI SUBVENTIONNÉS 108 vii ABRÉVIATIONS AAGET Association des grandes entreprises du Togo AMU Assurance maladie universelle ANPE Agence nationale de promotion de l’emploi ASS Afrique subsaharienne BCEAO Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest CCIT Chambre de commerce et d’industrie du Togo CNEJ Coalition nationale pour l’emploi des jeunes CNSS Caisse nationale de sécurité sociale CRT Caisse de retraites du Togo DGE Direction générale de l’emploi DJEJ Direction de la jeunesse et de l’emploi des jeunes DSPP Diagnostic secteur privé pays EFTP Enseignement et Formation Techniques et Professionnels EHCVM Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages EJV Projet Opportunité d’Emploi pour les Jeunes Vulnérables ERI-ESI Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel FCFA Franc de la Communauté financière africaine FSB Filets sociaux et services de base GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (Agence allemande pour la coopération internationale) INSEED Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques IPC Index de perception de la corruption MAEDR Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement Rural MCO Moindres carrés ordinaires MEF Ministère de l’Économie et des Finances MPI Ministère de la Promotion des investissements MPME Micro-, petites et moyennes entreprises ODD Objectif de développement durable OIT Organisation internationale du travail PFR Pays à faible revenu ix PIB Produit intérieur brut PME Petites et moyennes entreprises PURS Programme d’Urgence pour la Région des Savanes QUIBB Questionnaire unifié des indicateurs de base du bien-être UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine ZES Zone économique spéciale x RÉSUMÉ EXÉCUTIF Malgré les progrès réalisés dans la création d’un plus grand nombre d’emplois de qualité depuis 2000, les défis en matière d’emploi au Togo restent importants. Le Togo a réalisé des progrès significatifs dans la création d’un plus grand nombre d’emplois de qualité avec une croissance robuste au cours de la dernière décennie, le début d’un processus de transformation structurelle, une production qui se déplace lentement de l’agriculture vers les services, tout comme l’emploi qui commence à se déplacer vers les services. Cependant, plusieurs défis liés à l’emploi subsistent. Le marché du travail au Togo reste marqué par une faible productivité, une forte présence du secteur informel et une transformation structurelle lente, ce qui se traduit par une part importante de sous-emploi et d’emplois de faible qualité. L’industrie en est aux premiers stades de son développement ; elle a besoin de temps et d’un environnement adéquat pour se développer. Les défis en matière d’emploi sont accentués par les tendances démographiques, car la population en âge de travailler augmente et les jeunes arrivent sur le marché du travail avec des niveaux d’éducation plus élevés, alors que la demande de main-d’œuvre reste faible. En outre, pendant la pandémie de COVID-19, la réduction de la demande pour les exportations togolaises a mis en péril les emplois et les revenus dans les secteurs qui dépendent du commerce international, tels que le tourisme, le transport et la logistique, l’industrie manufacturière et l’agro-industrie. Un net rebond du commerce mondial a contribué à la reprise en 2021, mais les perturbations liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont créé de nouveaux vents contraires en 2022 qui ont affecté des secteurs clés de l’économie et affaibli le pouvoir d’achat des ménages. Des emplois de qualité sont essentiels pour accélérer la réduction de la pauvreté et renforcer la cohésion sociale au Togo. Après une décennie de progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté, la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie sont susceptibles d’avoir annulé certains de ces progrès en matière de niveau de vie. La création d’un plus grand nombre d’emplois de qualité joue un rôle clé dans les efforts de réduction de la pauvreté de tout pays et sera essentielle pour se remettre des chocs récents et renforcer les gains antérieurs réalisés au Togo. La recherche internationale indique également que le manque d’opportunités économiques et l’insuffisance des services sociaux sont des facteurs clés de la radicalisation des jeunes. Les menaces sécuritaires dans la région nord du pays se sont accrues, avec des attaques terroristes au Burkina Faso près de la frontière togolaise qui ont augmenté en nombre et en gravité depuis 2018, et un premier attentat signalé sur le territoire togolais en novembre 2021 dans la région des Savanes. L’accès à des emplois de qualité et à des revenus stables pour les jeunes Togolais fera donc également partie de la réponse aux menaces sécuritaires. Les résultats en matière d’emploi peuvent être évalués selon trois dimensions : la création d’emplois, la qualité des emplois et l’accès à l’emploi. L’amélioration de la situation de la population togolaise en matière d’emploi passe non seulement par la création de nouveaux emplois, mais aussi par l’amélioration de la qualité des emplois existants et par la prise en compte des personnes ayant des difficultés supplémentaires pour accéder à l’emploi. Les nouveaux emplois peuvent découler de la création de nouvelles entreprises (y compris celles qui sont créées par des personnes indépendantes, sans employés rémunérés), mais aussi par la création de nouveaux emplois dans des entreprises existantes. Le nombre d’emplois ne reflète cependant pas leur qualité : celle-ci est fonction de la productivité et des niveaux de rémunération, ainsi que des services de protection sociale qui protègent les travailleurs contre les pertes de revenus et d’emplois. Enfin, la recherche de meilleurs résultats en matière d’emploi pour l’ensemble de l’économie togolaise nécessite également une meilleure compréhension des contraintes supplémentaires auxquelles les différents groupes de populations sont confrontés pour accéder à des emplois de qualité. Il s’agit notamment des jeunes, des femmes et des populations rurales. 1 Les politiques et les programmes gouvernementaux sont fragmentés et ne s’inscrivent pas encore dans une vision multisectorielle à long terme pour obtenir de meilleurs résultats en matière d’emploi. Relever le défi de l’emploi au Togo nécessite d’adopter une approche multisectorielle. Bien que les politiques et les programmes des différents ministères sectoriels portent sur la création d’emplois et l’accès des jeunes, des femmes et des populations rurales à ces emplois, la coordination est limitée et les programmes et acteurs sont fragmentés. En ce qui concerne les objectifs et programmes de développement national, la Feuille de route gouvernementale 2020–2025 marque un changement important vers la promotion du secteur privé et l’attraction des investissements privés et a été développée alors que le Togo réalisait d’importants progrès dans l’amélioration du climat de ses affaires. Malgré cette évolution récente vers un développement axé sur le secteur privé, il est nécessaire d’accorder davantage d’attention à la faiblesse de la demande économique globale et aux contraintes liées à la demande de main-d’œuvre, ainsi qu’à un leadership plus fort en matière de coordination des différents acteurs gouvernementaux et de consolidation des programmes, afin de soutenir une approche plus ciblée et relever les défis du pays en matière d’emploi. En vue de l’élaboration d’une stratégie multisectorielle pour l’emploi au Togo, le Diagnostic de la situation de l’emploi applique une approche multisectorielle fondée sur des données pour relever les défis du pays en matière d’emploi. Le Diagnostic de la situation de l’emploi ne se contente pas de décrire les tendances, il analyse également les moteurs de la transformation structurelle au niveau macroéconomique. Il se penche sur les sources de création d’emplois et les moyens d’accroître la productivité des emplois pour stimuler la demande de main-d’œuvre, et il examine les contraintes qui pèsent sur les résultats positifs du marché du travail, notamment l’(in-)adéquation des compétences, les frictions sur le marché du travail et les contraintes du côté de l’offre du marché du travail. Le Diagnostic de la situation de l’emploi s’appuie sur les derniers ensembles de données disponibles, qui datent d’avant la pandémie de COVID-19, y compris l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) 2018–2019 ; le Questionnaire des indicateurs de base du bien-être (QUIBB) 2006 et 2011 ; l’Enquête régionale intégrée sur l’Emploi et le secteur informel (ERI-ESI) 2017 ; l’Enquête sur les entreprises 2011 et 2016 de la Banque mondiale ; les Indicateurs du développement dans le monde 2020 ; les données du Centre de formalité des entreprises (CFE) ; les points de données sur la facilité de faire des affaires de la Banque mondiale (sans utiliser l’indice de la facilité de faire des affaires de la Banque mondiale) ; et les données de la Penn World Table (version 10). Lorsque cela est pertinent et que les données sont disponibles, la situation du Togo est comparée à celle de ses pairs structurels (Bénin, Guinée et Sierra Leone) et aspirationnels (Ghana, Maroc et Rwanda). Ces données fournissent une caractérisation approfondie des marchés du travail au Togo, mais elles datent de l’ère pré-COVID-19, et présentent donc probablement une image plus positive que ne l’est la situation actuelle. L’élaboration du diagnostic s’est accompagnée de consultations régulières avec un comité technique multisectoriel présidé par la Coalition nationale de l’emploi des jeunes (CNEJ). En collaboration avec la CNEJ qui travaille sous la responsabilité du Haut conseil de l’emploi des jeunes, présidé par la Primature, la Banque mondiale a appuyé la mise en place d’un comité technique multisectoriel sur l’emploi présidé par la CNEJ. Les membres du comité technique comprennent le ministère de l’Économie et des Finances, l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques, les ministères sectoriels et leurs agences travaillant sur les questions liées à l’emploi, les représentants du secteur privé et les partenaires au développement. Entre avril 2021 et janvier 2023, neuf réunions techniques ont eu lieu pour présenter et discuter des objectifs et de l’approche appliquée dans le cadre du Diagnostic, ainsi que des résultats préliminaires des différentes sections du diagnostic. Des consultations supplémentaires ont été menées avec la Présidence de la République togolaise entre novembre 2022 et janvier 2023 pour finaliser ce rapport. Ce Diagnostic de la situation de l’emploi s’inscrit dans le cadre d’un programme analytique de deux ans cofinancé par la Banque mondiale et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) pour soutenir le gouvernement du Togo dans l’élaboration d’une stratégie multisectorielle pour l’emploi. Le programme analytique comprend le Diagnostic de la situation de l’emploi, une étude approfondie de chaînes de valeur et une assistance technique au gouvernement en vue de développer une stratégie multisectorielle pour l’emploi. L’analyse approfondie des chaînes de valeur se fonde sur les travaux antérieurs menés par la Banque mondiale et la GIZ, qui ont permis d’identifier des chaînes de valeur à fort potentiel susceptibles d’offrir de meilleures perspectives d’emploi pour les jeunes et les femmes. Il applique 2 une approche intégrée de l’emploi dans le secteur agricole en menant une analyse approfondie de certaines chaînes de valeur, tout en évaluant simultanément les contraintes et les possibilités liées à de meilleurs emplois pour les jeunes et les femmes au niveau macroéconomique, et en explorant les contraintes et les opportunités dans les domaines de l’offre et de la demande de main-d’œuvre. Les deux documents analytiques servent de base à la Banque mondiale pour offrir une assistance technique au gouvernement togolais dans l’élaboration de sa première stratégie multisectorielle pour l’emploi. Les résultats du diagnostic de la situation de l’emploi au Togo font ressortir 10 faits essentiels présentés ci-dessous : 1 Malgré un taux d’emploi élevé au Togo, de nombreuses personnes occupent des emplois peu productifs et perçoivent de faibles revenus. Le taux d’emploi de la population togolaise est élevé, mais de nombreux emplois sont peu productifs et peu rémunérateurs. Le taux d’emploi au Togo s’élève à 76 %. Entre 2006 et 2018, le taux d’emploi est resté stable, sauf pour les personnes âgées de 15 à 24 ans, dont le taux d’emploi a diminué parallèlement à l’accroissement du niveau d’éducation. En effet, la proportion de personnes entre 15 et 24 ans encore scolarisées a fortement augmenté, passant de 26 % à 38 %. Les femmes constituent la grande majorité des personnes qui ne suivent pas d’études et ne participent pas au marché du travail : 75 % des personnes inactives sont des femmes, et le principal obstacle à un emploi est le travail domestique. Malgré un taux d’emploi élevé, le sous-emploi est un enjeu majeur au Togo. Le sous-emploi est souvent lié à des emplois précaires, peu qualifiés et relativement peu rémunérés. Il reflète une durée de travail insuffisante, c’est-à-dire inférieure à 35 heures par semaine. Le sous-emploi est très répandu (61 %), concerne surtout les femmes et les habitants des zones rurales, et touche toutes les formes d’emploi : il est de 51 % chez les salariés et de 57 % chez les travailleurs indépendants. Le sous-emploi est plus répandu dans le secteur agricole que dans les autres secteurs de l’économie. En effet, 77 % des personnes travaillant dans l’agriculture sont touchées par le sous-emploi, ce qui s’explique par le fait que les activités agricoles sont saisonnières et ne durent que quelques mois, alors que celles liées aux services et à l’industrie peuvent être exercées tout au long de l’année. 2 Le chômage au Togo est faible et se concentre principalement chez les jeunes instruits des zones urbaines qui peuvent se permettre d’attendre la bonne offre d’emploi. Le chômage reste faible, notamment parce qu’une grande partie de la population n’a pas d’autre choix que de travailler pour subvenir à ses besoins. Le taux de chômage est très faible (1,7 % en 2018) et a diminué de moitié depuis 2006 (4 %). Le chômage a toujours été plus élevé dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Il touche principalement les jeunes citadins très instruits des segments les plus aisés de la société (4e et 5e quintile), qui peuvent se permettre d’attendre « la bonne offre d’emploi » pour entrer sur le marché du travail. Le Togo ne fait pas exception. Le Bénin a enregistré un taux de chômage de 1,4 % en 2018, la Guinée de 5,0 % en 2019 et la Sierra Leone de 4,7 % en 2014. Ces chiffres ne doivent pas être considérés comme de bons résultats ; au contraire, compte tenu de l’insuffisance de protection sociale, les pauvres n’ont pas d’autre solution que de travailler. La recherche d’un emploi a un coût et dépend de la capacité des demandeurs d’emploi à financer une période de chômage, que ce soit à partir de leurs économies personnelles ou de l’aide de leur famille. En conséquence, la majorité des demandeurs d’emploi et des travailleurs ne peuvent éviter d’accepter n’importe quelle forme d’occupation, souvent mal rémunérée et dans des conditions difficiles de travail. 3 La majorité des Togolais, y compris les non-pauvres, n’ont pas accès à la protection sociale. Une grande partie de la population n’est couverte par aucun plan de protection sociale. Les instruments de protection sociale aident les ménages à faire face aux chocs affectant l’emploi et les revenus, et les protègent contre les conséquences de la maladie et de la vieillesse. Le système de protection sociale du Togo, comme celui de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, est conçu pour les travailleurs du secteur formel (par 3 le biais de la CRT et de la CNSS), et comprend également des programmes destinés aux pauvres (par le biais d’un transfert monétaire non contributif et de programmes de cantines scolaires). Toutefois, dans la pratique, les programmes de filets de sécurité ne touchent que très peu de personnes — 13 % — parmi les pauvres et les personnes vulnérables. En outre, il n’existe aucun instrument de protection sociale pour atteindre les segments non pauvres du secteur informel bien qu’ils représentent 44,4 % de la population, et jusqu’à 58,6 % dans la commune de Lomé. Qualifiés de « groupe négligé » de la protection sociale, ces groupes risquent de tomber dans la pauvreté s’ils sont confrontés à un choc ayant un impact sur leur bien-être économique. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le gouvernement du Togo a fait preuve d’innovation et de volonté politique en fournissant une protection sociale au « groupe négligé » : le programme Novissi a fourni des transferts monétaires d’urgence aux travailleurs informels les plus touchés par la pandémie, et un projet de loi de 2021 a établi une couverture santé universelle, indépendamment du statut de l’emploi et de la protection sociale. La population non pauvre du secteur informel présente des niveaux variables de résilience. Environ 4,5 % de la population togolaise vivait dans un ménage non pauvre et non résilient en 2018 : à la suite d’un choc, ils ont dû recourir à des mécanismes d’adaptation nuisant à leur productivité et à leur capital humain. Par ailleurs, 39,9 % des personnes interrogées vivaient dans un ménage résilient non pauvre, car elles n’étaient pas confrontées aux chocs ou avaient la capacité de s’autoassurer en utilisant l’épargne accumulée, en recevant l’aide de proches, en travaillant davantage ou en obtenant un prêt. Les types de chocs les plus couramment signalés par les ménages sont liés à la santé et aux événements familiaux (blessures et décès de membres de la famille), et sont suivis par les chocs liés aux revenus agricoles et aux catastrophes naturelles. Le niveau de résilience des ménages non pauvres est révélateur de leur capacité de contribution : il est peu probable que les ménages non résilients aient des revenus à consacrer à des contributions pour se protéger des chocs. Les ménages résilients, en revanche, ont une capacité contributive qui pourrait être exploitée dans le cadre de systèmes d’épargne novateurs. Le niveau de résilience du secteur informel est probablement plus faible aujourd’hui qu’en 2018, reflétant l’impact négatif sévère de la pandémie sur le bien-être et l’instabilité économique mondiale qu’elle a occasionnée. 4 L’économie togolaise a créé des emplois, insuffisants en quantité, mais surtout en qualité. L’économie togolaise a créé des emplois dans le passé, mais pas en nombre et en qualité suffisants pour améliorer de manière significative les perspectives d’emploi de sa population. Bien que la structure de l’économie togolaise ait progressivement évolué de l’agriculture vers les services au cours des deux dernières décennies, l’emploi dans les secteurs à faible productivité domine encore aujourd’hui le paysage. La part du secteur primaire dans l’emploi a diminué, passant de 48 % en 2001 à 38 % en 2019, ce qui s’est accompagné d’une augmentation similaire dans les services. Au cours de la même période, l’emploi total a augmenté de 2,8 %, principalement en raison d’une augmentation du nombre de travailleurs dans le secteur industriel, de taux de croissance élevés et stables de l’emploi dans le secteur des services, et d’une baisse des taux annuels de création d’emplois dans le secteur agricole. En outre, l’aspect informel est une caractéristique dominante du marché du travail au Togo, avec environ 90 pour cent des travailleurs actifs dans le secteur informel en 2017, dont la contribution est estimée à 35 % du PIB. La croissance économique entraîne une création d’emplois, avec des différences selon les périodes. Entre 2001 et 2019, chaque point de pourcentage de croissance supplémentaire du PIB a été associé à une augmentation de 0,6 point de pourcentage de l’emploi. La croissance de l’emploi a été la plus forte entre 2001 et 2007, période qui, étonnamment, est celle où la croissance économique a été la plus faible. Cela signifie qu’une part importante de la croissance de l’emploi est due à une augmentation de l’offre de main-d’œuvre plutôt qu’à des gains de productivité. L’analyse montre également que l’accroissement d’un point de pourcentage du PIB sur la période 2006–2018 n’a entraîné qu’une augmentation de 0,1 % du nombre d’emplois salariés, ce qui peut suggérer qu’une part importante des emplois créés ne sont pas productifs. 4 5 L’économie togolaise doit croître rapidement pour créer des emplois plus nombreux et plus productifs, ce qui nécessite des réformes substantielles. Malgré tous les défis auxquels le pays est confronté en matière d’emploi, la population active ne cesse de croître, avec l’entrée sur le marché du travail, d’importants groupes de jeunes ayant un niveau d’éducation plus élevé. Pour ce faire, l’économie devra nettement accélérer la création de nouveaux emplois. La structure par âge de la population togolaise a évolué modérément entre 2001 et 2019 en raison de la baisse de la fécondité conjuguée à l’augmentation de l’espérance de vie ; l’indice synthétique de fécondité est passé de 5,4 naissances par femme en 2001 à 4,2 en 2019, tandis que l’espérance de vie a augmenté d’environ 7,5 ans. Au cours de la même période, le taux de dépendance (la part des enfants de moins de 15 ans et des personnes âgées de plus de 65 ans) est passé de 85,6 % à 78,2 %. La baisse du taux de dépendance pourrait créer un atout démographique qui stimulerait la croissance économique, mais il faut pour cela que la création d’emplois soit suffisamment rapide pour suivre l’augmentation significative de la population en âge de travailler. Compte tenu de l’augmentation de la population en âge de travailler, le Togo devra créer un million d’emplois supplémentaires d’ici 2030. Pour ce faire, la croissance devrait atteindre une moyenne d’au moins 4,6 %. Un tel taux de croissance serait suffisant pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail, mais pas pour garantir des progrès rapides en matière de réduction du secteur informel et de la pauvreté. Des améliorations plus substantielles nécessiteraient une croissance nettement plus rapide, soutenue par des réformes favorisant la transformation structurelle et la création d’emplois. En ce qui concerne la répartition sectorielle et compte tenu de la tendance au développement plus rapide des services avec la croissance économique, la part du secteur des services dans l’emploi pourrait atteindre 58 % d’ici 2030, soit 1,1 million des 1,4 million nouveaux emplois intégrés aux prévisions de la Banque mondiale (avec une croissance moyenne du PIB de 6 % sur la période 2023–2030). 6 Le secteur agricole est et restera la source principale d’emplois et de moyens de subsistance pour les Togolais à court terme. Le secteur agricole et alimentaire a été et restera le secteur économique et d’emploi dominant à court terme ; ses performances seront déterminantes pour l’amélioration des résultats en matière d’emploi pour la population togolaise. L’agriculture représente environ 38 % de l’emploi total, ce qui en fait le deuxième employeur du pays après le secteur des services. Si l’on ajoute la fourniture d’intrants agricoles et les activités post-récolte tout au long de la chaîne de valeur, les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation représentent au moins deux tiers de l’ensemble des emplois. Le nombre de travailleurs dans le secteur agricole est trop important pour que le reste de l’économie puisse absorber de manière productive la plupart de ses travailleurs dans les décennies à venir. En effet, le secteur a créé près de 250 000 emplois en 2019, soit 60 % de tous les emplois créés cette année-là, ce qui souligne la nécessité de porter l’accent sur l’amélioration de la qualité de l’emploi dans l’agriculture. L’agriculture est dominée par des activités à très petite échelle et à faible productivité. La plupart des entreprises agricoles familiales sont le fruit d’un travail indépendant et non rémunéré. Il se caractérise par le sous-emploi, même pendant les saisons agricoles. La productivité de la main-d’œuvre agricole est très faible, représentant 60 % de la productivité moyenne de la main-d’œuvre du pays, et elle a stagné au fil du temps. La faible productivité se traduit par des revenus insuffisants : en 2018, un travailleur agricole gagnait en moyenne 29 100 FCFA par mois, soit seulement 59 pour cent du revenu moyen des travailleurs. En outre, l’agriculture est la principale source d’emplois et de moyens de subsistance pour les plus pauvres. La plupart des travailleurs pauvres et vulnérables sont employés dans l’agriculture, ce qui perpétue le cercle vicieux de la faible productivité, de la pauvreté et de l’inégalité. Les femmes et les jeunes semblent être particulièrement vulnérables dans le secteur de l’emploi agricole, les hommes quittant l’agriculture bien plus rapidement que les femmes, et les jeunes étant plus susceptibles d’exercer un emploi agricole que leurs homologues adultes. 5 7 La plupart des entreprises du secteur informel mènent des activités de subsistance à faible productivité et ne seraient pas en mesure de supporter les coûts associés à l’exploitation dans l’économie formelle. Les entreprises du secteur informel, qui représentent la majorité de l’activité économique au Togo, constituent un groupe hétérogène nécessitant des politiques adaptées pour améliorer la productivité et les niveaux de revenus ainsi que pour créer plus d’emplois. Le secteur informel constitue une caractéristique dominante de l’économie togolaise. Les entreprises du secteur informel ont tendance à être dirigées par une femme (72 pour cent), à ne pas avoir d’autres employés que le propriétaire (88 pour cent) et à avoir de faibles bénéfices mensuels (revenus moins coûts directs ; approximativement 58 938 FCFA ou 99 USD par travailleur en moyenne). Le manque de clients (60,5 %) et les difficultés d’accès au crédit (52,4 %) sont les principaux défis signalés par les entreprises du secteur informel. Si, dans le passé, les politiques se sont surtout concentrées sur la formalisation des entreprises, malgré leur niveau de productivité et leur aptitude à passer à l’économie formelle, il est important de reconnaître que le paysage des entreprises du secteur informel est hétérogène et que des politiques plus adaptées sont nécessaires. Une analyse en grappes du secteur informel fait apparaître cinq grappes principales d’entreprises présentant des profils et des niveaux de productivité différents. Les entreprises de la grappe 1 (10 % des entreprises du secteur informel) sont des entreprises de subsistance avec un faible potentiel de croissance. Les entreprises des grappes 2 et 3 (51 %) sont quelque peu productives avec une capacité de croissance limitée. Les entreprises de la grappe 4 (21 %) sont des entreprises en démarrage dont les propriétaires jouissent d’un niveau d’instruction élevé et ont accès aux services publics. Bien que leurs niveaux de productivité soient actuellement faibles, leur potentiel de croissance est élevé. Les entreprises de la grappe 5 (18 %) sont des entreprises plus établies dont le profil est similaire à celui des entreprises formelles. Elles sont connectées aux services publics, et la plupart d’entre elles ont un emplacement fixe qui leur permet d’avoir accès à des fournisseurs et à des clients établis. Toutes les entreprises, à l’exception de celles de la grappe 5, ont probablement une productivité trop faible pour bénéficier d’un statut formel, car les coûts fiscaux et autres coûts liés à l’exercice d’une activité déclarée risquent d’entraîner la faillite de ces entreprises. 8 La création d’entreprises formelles a augmenté à la suite des réformes, partant toutefois d’un niveau très bas. L’économie togolaise est dominée par de très petites entreprises, avec peu d’entreprises de taille significative, ce qui suggère des obstacles à la croissance. Dans l’ensemble, les emplois salariés dans les entreprises formelles tendent à offrir des revenus plus élevés et une meilleure sécurité de l’emploi, ainsi qu’un accès à la sécurité sociale, qui sont des aspects importants de la qualité de l’emploi. Pourtant, l’économie togolaise est largement dominée par les petites entreprises, avec peu d’entreprises de taille significative. Seules 2 000 entreprises environ ont un chiffre d’affaires annuel supérieur à 100000 USD et seulement 14,5 % des entreprises recensées dans le cadre du recensement des entreprises de 2018 sont formelles. Le secteur privé formel n’a pas créé suffisamment d’emplois pour absorber une main-d’œuvre croissante et progressivement mieux formée. L’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance des ventes dans les entreprises formelles est passée de 0,95 à 0,82 entre 2009 et 2016, ce qui indique que les entreprises n’ont pas nécessairement embauché de travailleurs au fur et à mesure de l’augmentation de leurs ventes. En comparaison, le Cambodge (2016) et le Bangladesh (2013) affichent des élasticités de l’emploi par rapport aux ventes de 3,1 et 5,5 respectivement, ce qui témoigne de poussées de croissance à forte intensité de main-d’œuvre. Au cours de la dernière décennie, le taux d’entrée des entreprises (formelles) au Togo a régulièrement augmenté, une évolution positive qui peut améliorer l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance du PIB au fil du temps. Une économie génère des emplois par la création de nouveaux emplois dans des entreprises existantes ou par la création de nouvelles entreprises. Le taux d’entrée des entreprises au Togo pour 1 000 adultes en âge de travailler est passé de 0,15 en 2009 à 0,94 en 2020, indiquant une nette tendance à la hausse, en particulier depuis 2017, expliquée par les réformes gouvernementales visant à simplifier le processus d’enregistrement des entreprises. En outre, la participation des femmes dans les entreprises nouvellement 6 enregistrées reste faible ; moins d’un tiers des nouvelles entreprises était détenue par des femmes en 2020. Toutefois, depuis 2014, une tendance régulière à la hausse se dessine avec une augmentation de la propriété féminine de 22 % en 2014 à 32 % en 2020. Il convient de noter que les femmes sont surreprésentées dans le secteur informel et qu’elles sont confrontées à des contraintes globales qui limitent leur capacité à participer au secteur privé formel. 9 La création d’emplois dans le secteur formel est freinée par les coûts élevés de la main-d’œuvre et les faibles niveaux de productivité. Les entreprises formelles ne bénéficient pas des bonnes incitations pour créer davantage d’emplois formels. Compte tenu des niveaux de productivité actuels, le coût du travail au Togo, composés du salaire, de l’impôt sur le revenu du travail et des cotisations de sécurité sociale, semble trop élevés pour inciter les entreprises à créer davantage d’emplois formels. Après l’augmentation du salaire minimum en 2012, l’emploi salarié s’est contracté et l’emploi indépendant a augmenté ; une évolution particulièrement prononcée chez les travailleurs ayant un faible niveau d’instruction. En 2011, au moins 50 % des travailleurs urbains salariés et industriels gagnaient moins que le montant défini comme le nouveau salaire minimum en 2012. Les entreprises togolaises embauchent une plus grande part de travailleurs sur une base temporaire que dans d’autres pays, ce qui semble étayer la présence de contraintes à l’embauche rentable de travailleurs supplémentaires. En outre, les entreprises manufacturières togolaises utilisent une proportion plus élevée de travailleurs semi-qualifiés et une part plus faible de travailleurs non qualifiés que les entreprises des pays comparables, ce qui pourrait découler de coûts de main-d’œuvre relativement élevés pour les emplois non qualifiés et à faible productivité. Les impôts sur le revenu du travail et les cotisations de sécurité sociale élevés au Togo pourraient pousser certains travailleurs et entreprises vers le secteur informel. Les entreprises paient un impôt de 3 % sur les salaires bruts et 17,5 % de cotisations de sécurité sociale, tandis que les employés cotisent à la sécurité sociale à hauteur de 4 %, ce qui porte le taux de prélèvement fiscal total à 24,5 %. Les cotisations de sécurité sociale du Togo en tant que part des salaires bruts se situent à des niveaux similaires à ceux du Bénin (16,4 pour cent), du Maroc (15,38 pour cent) et de la Guinée (18 pour cent), mais bien au-dessus du Rwanda (avec 5,3 pour cent payés par l’employeur et 3,3 pour cent par l’employé). En outre, les impôts sur le travail et les cotisations en pourcentage des bénéfices sont plus élevés au Togo que dans les pays comparables d’Asie orientale, ainsi qu’au Rwanda, en Sierra Leone et au Ghana, selon les données Doing Business 2020. 10 L’accès au financement est un obstacle majeur pour les entreprises et est particulièrement difficile pour les femmes entrepreneurs et les secteurs où travaillent les pauvres. L’accès au financement est un obstacle majeur à la croissance de la productivité et à la création d’emplois dans les entreprises du secteur formel et du secteur informel. L’accès au financement peut limiter la croissance des entreprises togolaises, mais, dans l’ensemble, il ne semble pas constituer un obstacle aussi important que dans d’autres pays. Selon l’enquête sur les entreprises, 51 % des entreprises formelles ont identifié l’accès au financement comme un obstacle majeur à la conduite des affaires en 2016. Cette part est plus élevée qu’au Rwanda (17 % en 2019), au Maroc (28 % en 2019), en Guinée (30 % en 2016) et au Bénin (43 % en 2016). Cependant, il n’est pas perçu comme le plus grand obstacle : seulement 24 % des entreprises formelles togolaises perçoivent l’accès au financement comme la plus grande contrainte, ce qui est plus bas qu’au Rwanda (31 % en 2019), au Bénin (33 % en 2016), en Sierra Leone (40 % en 2017), et au Ghana (50 % en 2013). En outre, en 2016, 26 % et 40 % des entreprises formelles du Togo ont fait appel aux banques pour financer leurs investissements et leurs fonds de roulement respectivement, ce qui est plus élevé que dans tous les pairs structurels et d’Asie de l’Est. Les groupes vulnérables sont davantage exclus. Il est possible que les données de l’enquête sur les entreprises de 2016 ne reflètent pas toutes les contraintes liées au financement dans la croissance des entreprises. Le portefeuille bancaire au Togo se concentre dans quelques secteurs. Selon les données de la BCEAO, près de 80 % des crédits bancaires sont allés au secteur des services en 2020 et moins de 1 % à l’agriculture. Les opérateurs financiers l’expliquent par l’absence d’historique de crédit et l’étendue du secteur informel. La numérisation des 7 paiements représente une opportunité d’améliorer l’inclusion financière notamment pour les petites entreprises, dans un contexte où l’accès aux services financiers physiques reste faible. En outre, les données FINDEX de la Banque mondiale indiquent des différences entre les sexes en ce qui concerne l’inclusion financière au Togo : en 2021, 29 % des hommes contre 21 % des femmes de plus de 15 ans avaient un compte dans une institution financière ; 12 % des hommes contre 11 % des femmes de plus de 15 ans avaient épargné auprès d’une institution financière ; et 49 % des hommes contre 39 % des femmes de plus de 15 ans avaient effectué ou reçu un paiement numérique. Sur la base de l’analyse, le présent Diagnostic a permis d’identifier les recommandations clés suivantes pour améliorer les résultats en matière d’emploi pour tous les groupes de population au Togo : (a) Coordination. L’orientation générale se fonde sur une stratégie multisectorielle pour l’emploi, une structure de coordination ancrée au plus haut niveau et une plateforme d’échange de données. Ces éléments permettraient d’assurer une approche de politique publique cohérente à travers l’économie togolaise, de donner une impulsion majeure aux efforts sectoriels, d’ancrer l’intégration de la dimension emploi, notamment grâce à de meilleures données factuelles pour une prise de décision mieux éclairée, et d’améliorer l’efficience et l’efficacité dans les politiques économiques et sociales. (b) Offre de main-d’œuvre. Un meilleur ciblage des mesures, telles que les subventions salariales, les offres de formation et les transferts monétaires, afin de se focaliser davantage sur les groupes les plus vulnérables, dont les femmes et les jeunes, en mettant les travailleurs en relation avec des opportunités plus productives en tant que travailleurs salariés ou entrepreneurs. Simultanément, les systèmes de protection sociale doivent être considérablement développés et renforcés pour les ménages vulnérables qui dépendent du travail informel. (c) Contexte économique global. Renforcer la dimension emploi dans les décisions de politiques, et en particulier développer davantage le potentiel de l’agriculture et multiplier les possibilités d’emploi en milieu urbain. D’un point de vue sectoriel, des efforts particuliers devraient être faits pour développer le potentiel important de l’agriculture, un secteur essentiel pour l’emploi au Togo. Les mesures essentielles comprennent des investissements dans les infrastructures et des initiatives susceptibles de développer la transformation et les exportations. (d) Demande de main-d’œuvre. Encourager la création de plus d’emplois formels dans le secteur privé, notamment en examinant les différents éléments du coût total de la main-d’œuvre afin d’améliorer sa compétitivité, et élargir l’accès au financement tout en renforçant la bonne gouvernance. Les politiques devraient aussi renforcer la productivité dans le secteur informel, notamment par une approche plus adaptée pour répondre aux besoins d’un large éventail hétérogène d’entreprises informelles. La plupart des emplois aujourd’hui sont informels et le resteront dans un avenir prévisible. 8 1. INTRODUCTION 1. Le Togo a fait des progrès significatifs dans la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité, avec une croissance robuste au cours de la dernière décennie, un lent déplacement de la production de l’agriculture vers les services, et un début d’évolution de l’emploi vers les services. Le Togo, pays d’Afrique de l’Ouest avec 8 millions d’habitants, composé de 5 régions administratives et voisin du Ghana, du Burkina Faso et du Bénin, a connu une croissance robuste au cours des deux décennies précédant la pandémie de COVID-19, accompagnée de création de nouveaux emplois. Il subsiste néanmoins plusieurs obstacles à la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Le marché de l’emploi du Togo est encore marqué par une faible productivité et une lente transformation structurelle. L’industrie n’en est qu’aux premiers stades de son développement ; elle a besoin de temps et d’un environnement politique approprié pour se développer. Ce défi de l’emploi est aggravé par les tendances démographiques, car la population en âge de travailler augmente à un moment où la demande de main-d’œuvre est faible et inadéquate, principalement en dehors de la production agricole. FIGURE 1.1 Carte du Togo 9 2. Le Togo devra créer un million d’emplois supplémentaires pour absorber sa main-d’œuvre croissante et devra, par conséquent, soutenir un taux de croissance du PIB d’au moins 4,6 % par an jusqu’en 2030. Ce taux de croissance serait suffisant pour absorber de nouveaux entrants, mais pas pour réduire de manière significative l’informalité ou pour assurer une hausse rapide des revenus moyens. Compte tenu de la structure du marché du travail togolais, le présent rapport se concentre sur l’exploitation du potentiel immédiat d’emplois productifs dans l’agriculture et les entreprises familiales, l’analyse du potentiel de croissance de la productivité et de l’emploi dans le secteur informel, et l’évaluation des défis et opportunités spécifiques liés à l’emploi dans les exploitations agricoles, les entreprises familiales non-agricoles et l’emploi salarié (moderne), en mettant l’accent sur les jeunes et les femmes. 3. La pandémie de COVID-19 et les perturbations économiques causées par la guerre en Ukraine ont ralenti ces dernières années la croissance du PIB par habitant et la réduction de la pauvreté, en plus de réduire considérablement les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement. Durant la pandémie COVID-19, la réduction de la demande pour les exportations togolaises a mis en danger les emplois et les revenus dans les secteurs dépendant du commerce international. Les secteurs les plus touchés pendant la pandémie ont été le tourisme, le transport et la logistique, l’industrie manufacturière, l’agriculture et l’agro-industrie.1 En outre, les envois de fonds vers le Togo ont diminué de 3,7 % en 2020, soit une baisse de 17 millions d’USD par rapport à 2019.2 Cela a affecté non seulement la consommation, mais aussi les investissements productifs, car dans un pays tel que le Togo, les amis et les parents sont les principales sources de financement des entrepreneurs.3 Une diminution des envois de fonds, combinée à une baisse des revenus issus d’autres canaux, est susceptible de réduire la demande intérieure de services et de produits, et de créer ainsi des effets de second ordre sur les emplois et les revenus. Un net rebond du commerce mondial a contribué à la reprise en 2021, avec une croissance de 5,3 %, mais les perturbations liées à la guerre en Ukraine ont créé de nouveaux vents contraires en 2022, comme en témoignent le ralentissement de la demande extérieure et la hausse des prix de l’énergie, des engrais et des denrées alimentaires, qui ont impacté des secteurs clés de l’économie et pesé sur le pouvoir d’achat des ménages. Des précipitations plus variables ont également contribué à la hausse des prix alimentaires intérieurs. Les ménages pauvres des zones rurales qui dépendent de l’agriculture pour leur propre consommation ou comme principale source de revenus et les ménages pauvres des zones urbaines qui dépendent de l’alimentation importée ont été touchés négativement. Ces chocs, combinés à l’insécurité croissante dans le Nord, ont conduit le gouvernement à augmenter les dépenses publiques, ce qui a contribué à stabiliser la croissance à environ 4,9 % en 2022, mais a creusé le déficit budgétaire à 8,4 % du PIB, son plus haut niveau depuis trois décennies. 4. L’incertitude importante qui pèse sur les perspectives économiques du pays et un espace budgétaire limité nécessitent une réévaluation stratégique des priorités. Les incertitudes liées à l’évolution de la demande mondiale, des prix alimentaires et de l’énergie, des conditions de financement, des risques sécuritaires et du changement climatique impliquent que les risques à la baisse pour les perspectives économiques demeurent prépondérants à court terme. Des perturbations plus profondes du commerce mondial, des marchés des matières premières et des marchés financiers pourraient avoir de graves répercussions sur un petit pays ouvert et relativement endetté comme le Togo. Parmi les autres risques à la baisse figurent les menaces sécuritaires croissantes qui pourraient peser sur les investissements, le commerce et les finances publiques. Des conditions climatiques défavorables et l’indisponibilité des intrants pourraient affecter négativement la productivité agricole, tandis que la relative faiblesse des capacités administratives pourrait limiter la mise en œuvre des réformes et l’investissement privé. Une approche politique concentrée sur la création d’emplois, l’amélioration de la productivité, la formalisation de l’emploi informel et le soutien à différents profils de travailleurs et à leurs ménages apportera des avantages économiques à court et long terme à la stabilité économique et sociale du Togo. Une approche multisectorielle permettrait de s’attaquer à la pauvreté et aux facteurs limitant la croissance économique du Togo. 5. Les emplois de bonne qualité sont essentiels pour accélérer la réduction de la pauvreté au Togo, où environ la moitié de la population vit encore dans la pauvreté. Entre 2011 et 2015, le taux de pauvreté national du Togo a diminué de 58,7 % à 55,1 %. La pauvreté est principalement un phénomène rural, avec 69 % des ménages ruraux vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2015. Les ménages dirigés par des 1 Banque mondiale. 2020. Mise à jour économique du Togo. 2 Banque mondiale. 2020. Migration and Development Brief 33 : Phase II : La crise du COVID-19 vue sous l’angle de la migration. 3 Banque mondiale. 2020. Suivi hebdomadaire macroéconomique et financier, 16 octobre 2020. 10 femmes affichent des taux de pauvreté plus élevés que ceux dirigés par des hommes (57,5 % contre 55 %).4 En 2018–2019, le taux de pauvreté national s’élevait à 45,5 %, soit une baisse importante par rapport à 2015.5 L’impact de la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine risquent de détériorer encore davantage le bien-être de la population. La guerre, qui a limité l’accès aux engrais et autres intrants agricoles clés, aura probablement un impact négatif sur la campagne agricole actuelle. Dans ce contexte, la croissance du secteur agricole devrait ralentir à 4 %, contre 6 % en 2021.6 La population rurale dont les moyens de subsistance dépendent de manière disproportionnée de l’agriculture (76 % pour les cultures et 55 % pour l’élevage)7 risque davantage de tomber dans la pauvreté. Sans une accélération de la croissance et des interventions à grande échelle ciblant la pauvreté — y compris la reprise après la pandémie de COVID-19 et des programmes tels que des programmes de filets sociaux ou de soutien à la consommation —, les progrès du développement du Togo resteront plus lents que ceux nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et le double objectif de la Banque mondiale de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et de promouvoir une prospérité partagée. 6. En plus d’aider à sortir les gens de la pauvreté, les emplois de bonne qualité contribuent également à la stabilité et à la cohésion sociale. Les menaces sécuritaires se sont multipliées aux frontières orientales et septentrionales du pays avec, depuis 2018, une augmentation en nombre et en gravité des attaques terroristes perpétrées au Burkina Faso à proximité de la frontière togolaise, avec une première attaque sur territoire togolais signalée en novembre 2021 dans la région Savanes.8 De récents résultats d’enquêtes qualitatives menées au Bénin voisin, ainsi que de recherches internationales, soulignent les risques internes liés à la radicalisation des jeunes.9 Le manque d’opportunités économiques et l’insuffisance de services sociaux alimentent un sentiment d’exclusion et de désespoir qu’exploitent les groupes extrémistes. L’accès des jeunes Togolais à des emplois de bonne qualité procurant un revenu stable doit faire partie de la solution aux menaces sécuritaires. Malgré l’importance des emplois pour la réduction de la pauvreté, la cohésion sociale et la stabilité au Togo, le défi de l’emploi reste énorme dans le pays. 7. Au cours de la dernière décennie, un timide processus de transformation structurelle a commencé à se mettre en place au Togo, parallèlement à une urbanisation grandissante. Une part décroissante de la population en âge de travailler est employée dans l’agriculture, avec une part croissante occupée dans l’industrie manufacturière, les transports, le commerce, l’administration publique et d’autres services. Toutefois, bien que l’emploi industriel n’ait que légèrement augmenté depuis 2006, des transferts plus prononcés ont eu lieu du secteur agricole vers les services. En 2019, 49,4 % de la main-d’œuvre travaillait dans le secteur des services, dont 12,9 % dans l’industrie. Parallèlement, l’urbanisation a augmenté de 36 % à 42 % entre 2006 et 2019.10 L’urbanisation productive et la croissance tirée par les exportations se renforcent mutuellement comme moteurs de la transformation structurelle du Togo : la croissance tirée par les exportations alimente l’urbanisation (les travailleurs se déplaçant des zones rurales vers les zones urbaines pour occuper des emplois dans les industries d’exportation ou pour fournir des services et des biens à ces travailleurs). Dans le même temps, l’urbanisation productive soutient la compétitivité des industries d’exportation grâce aux économies d’agglomération et de spécialisation. Bien que ces facteurs se renforcent mutuellement, le niveau de développement économique du Togo justifie une plus grande attention pour soutenir le développement d’une croissance tirée par les exportations à ce stade.11 8. Malgré la diminution de la part de l’agriculture dans l’emploi, le secteur continue de jouer un rôle prédominant dans l’économie et le marché du travail togolais. En 2019, le secteur agricole représentait 20,4 % du PIB du Togo et 40 % de sa population active. Les noix de cajou, le coton brut et les fèves de cacao faisaient partie des produits dont la valeur moyenne à l’exportation était la plus élevée au cours de la dernière 4 Banque mondiale. 2019. Perspectives macroéconomiques et de la pauvreté. 5 Questionnaire unifié des indicateurs de base du bien-être (QUIBB, 2006, 2011, 2015) et de l’Enquête harmonisée de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) (2018–2019). Les données étant issues des deux enquêtes qui ne sont pas parfaitement comparables, il convient d’interpréter avec prudence l’évolution du taux de pauvreté entre les deux périodes. 6 Banque mondiale. 2022. Macroeconomics, Trade & Investment Global Practices. 7 EHCVM 2018/2019. 8 En 2022, le Gouvernement du Togo a mise en place le Programme d’Urgence pour la Région des Savanes (PURS) pour renforcer la résilience des ménages dans la région. 9 Banque mondiale, 29 avril 2020. Strengthening Youth Resilience to Radicalization. Evidence from Tajikistan. 10 Indicateurs du développement dans le monde, 2020. 11 Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. 11 décennie. La plupart des emplois dans l’agriculture sont informels, et la croissance de la productivité reste faible, ce qui se traduit par de faibles revenus. Les gains mensuels nominaux moyens en 2019 s’élevaient à 37 575 FCFA12 (67 USD) dans l’agriculture, 49 735 FCFA (89 USD) dans le secteur manufacturier, et 91 659 FCFA (164 USD) dans le commerce, le transport, l’hébergement et la restauration, les affaires, et les services administratifs.13 L’agro-industrie du pays ne s’est pas suffisamment développée pour accroître le niveau de transformation et de valeur ajoutée qui pourrait en faire un véritable moteur de croissance, créateur d’emplois à l’intérieur et en dehors des exploitations. 9. Dans l’ensemble, l’emploi est presque entièrement informel14 au Togo, les jeunes et les femmes des zones rurales rencontrant les plus grandes difficultés pour accéder à un emploi formel. Alors que l’emploi salarié au Togo a augmenté de 11 % à 19 % entre 2006 et 2011, il est redescendu à 17 % en 2019, moins que la moyenne (19 %) de l’Afrique subsaharienne (ASS) et nettement moins que celles de ses pairs aspirationnels tels que le Maroc (50 %) et le Ghana (26 %). De plus, selon l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM), en 2018, plus de la moitié des travailleurs togolais étaient engagés dans des activités de subsistance informelles générant de faibles revenus. De même, le sous-emploi a presque doublé dans tous les groupes de travailleurs, quels que soient le niveau d’instruction et le lieu de résidence (urbain/rural). 10. Un autre défi auquel le Togo est confronté est l’intégration dans le marché du travail d’un nombre croissant de jeunes ayant un niveau d’éducation élevé. Bien que le taux de fécondité au Togo ait diminué plus rapidement que dans la moyenne des pays à faible revenu (PFR), il reste élevé, à plus de 4 naissances vivantes par femme. En raison des taux de fécondité élevés dans le passé, la population active du Togo devrait augmenter de 35 % (1,3 million) d’ici 2030.15 Cela nécessite d’accorder une attention particulière aux jeunes et aux difficultés spécifiques qu’ils rencontrent pour participer au marché du travail, ainsi qu’à la capacité de ce dernier à les absorber dans des emplois productifs (adéquation entre les jeunes arrivant sur le marché du travail et les emplois disponibles). Pour que les jeunes puissent exercer leur emploi de manière productive, leurs niveaux d’éducation et de compétences sont essentiels (adéquation qualitative entre les jeunes arrivant sur le marché du travail et les qualifications requises). La part de la population en âge de travailler ayant fait des études secondaires et postsecondaires a augmenté de plus de 15 points de pourcentage entre 2011 et 2015, selon les enquêtes QUIBB. Bien que le taux de chômage moyen du Togo soit faible, il est plus élevé chez les jeunes vivant dans les zones urbaines et ceux ayant fait des études supérieures, autrement dit ceux faisant généralement la queue pour trouver des emplois formels. Pour accroître à la fois la quantité et la productivité, et donc la qualité, des emplois destinés à des travailleurs de plus en plus instruits, le Togo devra accélérer la création d’emplois salariés dans le secteur privé, et en particulier, augmenter le nombre des entreprises et les aider à devenir productives afin qu’elles puissent créer plus d’emplois ; en même temps, il convient de s’assurer d’un environnement des affaires qui permet aux entreprises existantes de prospérer afin de sauvegarder les emplois existants et d’en créer des nouveaux. 11. Une grande partie de la population togolaise en âge de travailler a au moins un emploi, mais la qualité de ces emplois tend à être faible. En 2018, la population active du Togo représentait 77 % de la population totale en âge de travailler, avec un taux de chômage de 1,7 %. Le sous-emploi pose toutefois un défi important : 61 % des personnes ayant un emploi étaient sous-employées quand on considère le temps consacré au travail, tandis qu’une majorité de travailleurs affichaient de faibles niveaux de productivité dans le secteur informel et étaient sous-employés du point de vue des revenus, avec un accès limité ou inexistant aux régimes de protection sociale. Parmi les personnes ayant un emploi, 59 % étaient des travailleurs indépendants, 19 % 12 Franc de la Communauté financière africaine. 13 Estimations modélisées par l’OIT, 2019. 14 L’informalité est un phénomène multidimensionnel touchant les entreprises et les travailleurs. L’OIT défini l’informalité selon deux axes : les entreprises et la main-d’œuvre. Pour les entreprises, le critère le plus couramment utilisé est l’enregistrement légal et fiscal. Au Togo, une entreprise qui n’est pas enregistrée auprès du Centre de formalité des entreprises (CFE) et qui ne paie pas de taxes à l’Office togolais des recettes (OTR) est définie comme informelle. Pour la main-d’œuvre, un employé non enregistré auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est considéré comme informel. L’enregistrement des employés auprès de la CNSS représente généralement la dernière étape administrative du processus de formalisation de l’entreprise. En réalité, l’informalité est un continuum. Le niveau de formalité de nombreuses entreprises se situe entre ces deux extrêmes. 15 Outil de démographie de Jobs Group utilisant les indicateurs du développement dans le monde et les projections d’ONUPop. 12 des travailleurs aidant familiaux et 16 % des employés. La part des travailleurs indépendants, qui ont tendance à travailler dans des conditions vulnérables, est nettement plus élevée dans les zones rurales (62 %) que dans les zones urbaines (55 %), avec peu de différence entre les sexes (58 % des hommes contre 60 % des femmes).16 Les travailleurs indépendants et familiaux occupent souvent des emplois à faibles niveaux de productivité. Pour contrecarrer la stagnation des salaires et de la productivité dans ces emplois informels et de faible qualité, l’amélioration de l’accès à des emplois de bonne qualité — dont la productivité et les rémunérations sont plus élevées — jouera un rôle clé dans les efforts de réduction de la pauvreté du pays, tout en contribuant à renforcer la cohésion sociale et à améliorer la sécurité. 12. Une approche multisectorielle est nécessaire pour relever le défi de l’emploi au Togo. Les stratégies et politiques du gouvernement n’adoptent toutefois pas encore pleinement une vision multisectorielle à long terme pour obtenir de meilleurs résultats en matière d’emploi dans tous les groupes de population. Le Plan national de développement du Togo (2018–2022) aborde certaines des questions liées à l’offre et à la demande de main-d’œuvre, mais il pourrait bénéficier d’une optique plus forte en matière d’emploi au moment d’identifier les priorités stratégiques soutenant la création d’emplois à grande échelle et la transformation économique. De plus, le Plan national stratégique pour l’emploi des jeunes (2013–2022) met fortement l’accent sur les questions affectant l’offre de main-d’œuvre : les piliers du plan se concentrent sur la promotion de politiques sectorielles intégrant l’emploi des jeunes, renforçant la capacité d’auto-emploi, réduisant le sous-emploi et favorisant l’accès des jeunes au financement. La Feuille de Route Gouvernementale 2020–2025 marque un changement important vers l’encouragement du développement du secteur privé et l’attraction des investissements privés et elle a été développée en même temps que le Togo faisait des progrès importants dans l’amélioration de son climat des affaires. Malgré cette récente évolution vers une voie de développement axée sur le secteur privé, une attention accrue aux contraintes macroéconomiques, y compris les chocs externes discutés plus haut, ainsi qu’aux contraintes et opportunités liées à la demande de main-d’œuvre peut soutenir une approche plus ciblée de la stratégie pour l’emploi du pays. 13. Le Diagnostic de la situation de l’emploi adopte une approche multisectorielle des défis de l’emploi au Togo en décrivant les tendances clés du marché du travail et en se basant sur des données pour analyser les principales contraintes pesant sur l’amélioration des résultats en matière d’emploi au niveau tant macro que de la demande et de l’offre de main-d’œuvre. Le Diagnostic de la situation de l’emploi ne se contente pas de décrire les tendances, mais analyse également les moteurs de la transformation structurelle au niveau macro : du côté de la demande de main-d’œuvre, il examine les sources de création d’emplois et les moyens d’accroître la productivité des emplois, tandis que du côté de l’offre de main-d’œuvre, il s’intéresse aux résultats relatifs au marché du travail, y compris toute (mauvaise) adéquation des compétences, les frictions du marché du travail basées sur les politiques, les contraintes de l’offre de main-d’œuvre, et la facilité d’accès aux emplois à plus forte productivité. Le Diagnostic examine également les rares données disponibles pour évaluer comment les répercussions de la pandémie de COVID-19 affecteront les emplois et les revenus dans les années à venir. En même temps, les contraintes identifiées à partir des données antérieures à la pandémie de COVID-19 sont susceptibles de persister dans son sillage. 14. Le Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo a été élaboré à l’aide des plus récents ensembles de données disponibles. Les ensembles de données suivants ont été utilisés pour réaliser le Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo : Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) 2018–2019 ; Questionnaire des indicateurs de base du bien-être (QUIBB) 2006 et 2011 ; Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI) 2017 ; Enterprise Survey de la Banque mondiale 2011 et 2016 ; Indicateurs du développement dans le monde 2020 ; données sur les nouvelles créations d’entreprises du Centre de formalité des entreprises (CFE), septembre 2021 ; données de Doing Business de la Banque mondiale (les classements ne sont plus utilisés) ; et données de Penn World Table (version 10). Quand la disponibilité des données le permettait, la situation du Togo a été comparée à celle de ses pairs structurels (Bénin, Guinée et Sierra Leone) et de ses pairs 16 Estimations modélisées par l’OIT, 2019. 13 aspirationnels (Ghana, Maroc et Rwanda), en accord avec d’autres études réalisées par la Banque mondiale au cours des dernières années.17 15. Les informations recueillies lors d’une série de réunions avec un comité technique multisectoriel présidé par la Coalition nationale pour l’emploi des jeunes (CNEJ) complètent l’analyse quantitative. En collaboration avec la CNEJ, travaillant sous la responsabilité du Haut Conseil pour l’emploi des jeunes présidé par les services du Premier ministre, la Banque mondiale a appuyé la mise en place d’un comité technique multisectoriel présidé par la CNEJ. Les membres de ce comité technique sont : l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED) ; l’Agence nationale de promotion de l’emploi (ANPE) ; le ministère de la Promotion des investissements (MPI) ; l’Association des grandes entreprises du Togo (AGET) ; la Direction générale de l’emploi (DGE) ; la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCIT) ; le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural (MAEDR) ; la Direction de la jeunesse et de l’emploi des jeunes (DJEJ) ; la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ; et le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) ; ainsi que les partenaires au développement. Entre avril 2021 et novembre 2022, sept réunions techniques ont eu lieu pour présenter et discuter des résultats préliminaires du Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo. Les commentaires émis durant ces réunions ont été intégrés dans la version finale du Diagnostic. 16. Le Diagnostic de la situation de l’emploi fait partie d’un programme analytique de deux ans cofinancé par la Banque mondiale et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ — l’agence allemande pour la coopération internationale) pour soutenir le gouvernement togolais dans le développement d’une stratégie multisectorielle pour l’emploi. Le programme analytique comprend le Diagnostic de la situation de l’emploi, une étude approfondie de la chaîne de valeur, et une assistance technique au gouvernement pour le développement d’une stratégie multisectorielle pour l’emploi. L’analyse approfondie de l’inclusion économique dans les chaînes de valeur se base sur les travaux antérieurs entre la Banque mondiale et la GIZ, qui ont permis d’identifier des chaînes de valeur à fort potentiel pour de meilleurs résultats en matière d’emplois pour les jeunes et les femmes18 ; elle applique une approche intégrée aux emplois dans le secteur agricole en menant une analyse approfondie des chaînes de valeur sélectionnées, tout en évaluant les contraintes et opportunités liées à de meilleurs résultats en matière d’emplois pour les jeunes et les femmes au niveau macro, et en explorant les contraintes et opportunités dans les domaines de l’offre et de la demande de main-d’œuvre. À l’avenir, la Banque mondiale offrira une assistance technique au gouvernement pour le développement d’une stratégie multisectorielle pour l’emploi, destinée à devenir un document de référence sur l’emploi pour le gouvernement et ses partenaires au développement. 17. Ce Diagnostic présente les données pertinentes pour un plan de développement économique axé sur l’emploi, les résultats de l’analyse des données et un certain nombre de recommandations pour les politiques fondées sur cette analyse. Étant donné la prédominance des secteurs informel et agricole, deux analyses approfondies effectuées dans ces domaines sont présentées. Comme indiqué, un programme multisectoriel axé sur les données et centré sur l’emploi dans l’économie togolaise peut fournir une structure solide, mais dynamique, sur laquelle développer la stabilité, la durabilité et la croissance nécessaires pour aider le Togo à atteindre ses objectifs économiques et sociaux. 17 Le Diagnostic utilise les mêmes pays pairs que les travaux analytiques précédents menés par la Banque mondiale, y compris le dernier mémorandum économique et la revue des dépenses du Togo. C’est dans le cadre de la préparation de ces rapports analytiques que le gouvernement et la Banque mondiale se sont accordés sur le choix du Bénin, de la Guinée et de la Sierra Leone comme pairs structurels, et du choix du Ghana, du Maroc et du Rwanda comme pairs aspirationnels. Les pairs structurels ont été définis comme des pays qui ont des caractéristiques économiques similaires à celles du Togo sur la période 2014–2018, en privilégiant les économies côtières dont le PIB par habitant, la population, la taille de gouvernement et l’indice de développement humain se situent dans une fourchette de +/– 30 % de ceux du Togo sur la période de référence 2014–2018. Les pairs aspirationnels ont été définis comme des pays qui possédaient des caractéristiques structurelles similaires à celles du Togo sur la période de référence 2005–2010 et qui ont connu une croissance par habitant plus rapide depuis. Les critères de sélection comprenaient (i) un PIB par habitant, la population, la taille du gouvernement et l’indice de développement humain dans une fourchette de +/– 30 % de ceux du Togo au cours de la période de référence 2005–2018 ; (ii) une croissance par habitant plus rapide que celle du Togo depuis 2010 ; et (iii) les suggestions du gouvernement. 18 Les chaînes de valeur à fort potentiel sont celles qui offrent un marché assuré et des possibilités d’emploi tenant compte des contraintes spécifiques auxquelles sont confrontés les jeunes et les femmes pour accéder à l’emploi. 14 2. DIAGNOSTIC MULTISECTORIEL DE L’EMPLOI 18. Dans cette première partie, le Diagnostic de la situation de l’emploi se concentre sur un diagnostic multisectoriel de fond, en analysant des tendances clés du marché du travail. En particulier, le Diagnostic décrit les résultats relatifs au marché du travail du côté de l’offre de main-d’œuvre ; analyse les moteurs de la transformation structurelle au niveau macro ; et examine les sources de création d’emplois et les moyens d’accroître la productivité des emplois. Le diagnostic utilise les bases de données les plus récentes aux niveaux macro-économiques, des ménages et des entreprises. 2.1 L’OFFRE CROISSANTE DE MAIN-D’ŒUVRE EST CONFRONTÉE À UN SOUS-EMPLOI IMPORTANT ET À D’IMPORTANTES DISPARITÉS ENTRE LES SEXES ET LES LIEUX La population togolaise est jeune et active. De larges cohortes de nouveaux entrants, dotés d’un niveau d’éducation élevé, intègrent le marché du travail chaque année 19. La main-d’œuvre du Togo est jeune et en pleine croissance, avec de larges cohortes de nouveaux entrants sur le marché du travail chaque année. Le Togo est caractérisé par une population jeune et une croissance démographique élevée (2,4 % par an) et proche de la moyenne de l’Afrique Sub-Saharienne (2,6 % par an). En 2020, les individus âgés de 0 à 14 ans représentaient 3,4 millions de personnes (41 % de la population totale), soit près de 72 % de la population en âge de travailler cette année-là. Une croissance démographique aussi forte constitue un défi majeur pour l’emploi, car le marché du travail devra absorber d’importantes cohortes FIGURE 2.1.1 Pyramide des âges en 2020 90–94 75–79 90–94 Groupe d’âge 45–49 30–34 15–19 514 510 562 559 0–4 612 608 800 600 400 200 0 200 400 600 800 1 000 personnes Hommes Femmes Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 15 de nouveaux candidats au cours des prochaines décennies, avec quelques 1,3 million d’emplois supplémentaires requis entre 2025 et 2035 (616 000 pour la période 2025 à 2030 et 707 000 pour la période 2030 à 2035). 20. Entre 2006 et 2018, le niveau d’éducation de la population en âge de travailler s’est amélioré, principalement grâce à une augmentation de la scolarisation au primaire. Cette amélioration du niveau d’éducation a principalement touché les plus jeunes générations de travailleurs et les futurs travailleurs, où moins d’individus n’ont pas eu accès à l’éducation : par exemple, seuls 11 % des 15 à 24 ans n’ont jamais été scolarisés contre 40 % chez les 35 à 54 ans.19 Bien qu’il soit difficile d’accéder à des données récentes sur les rendements de l’éducation au Togo, la littérature économique internationale montre que ces rendements peuvent être importants pour le marché du travail, en particulier pour les femmes.20 Les données sur les revenus des employés du secteur formel togolais indiquent que l’enseignement secondaire est rentable et que ses rendements ont fortement augmenté entre 2011 et 2018. FIGURE 2.1.2 Évolution du niveau d’éducation achevé au fil du temps 50 47 44 44 40 34 30 Pourcentage 29 30 24 19 19 20 10 3 4 3 0 Sans éducation Éducation de base Enseignement secondaire Enseignement supérieur 2006 2011 2018 Source : Calculs des auteurs basés sur les données QUIBB et EHCVM. 21. Les grandes disparités dans l’accès à l’éducation entre les individus urbains et ruraux et entre les hommes et les femmes renforcent les inégalités existantes d’accès à l’emploi et aux emplois de qualité. Le niveau plus élevé de scolarisation mentionné plus haut n’a pas affecté de la même manière les ménages urbains et ruraux ou les hommes et les femmes. Les ménages ruraux ont moins d’opportunités pour se former, puisque 41 % des individus ruraux n’ont pas été scolarisés, contre seulement 15 % des individus urbains. Une disparité supplémentaire apparaît entre les hommes et les femmes, puisque 39 % des femmes ne sont jamais allées à l’école contre seulement 17 % des hommes. Enfin, lorsqu’on considère le milieu et le genre, les femmes rurales sont les plus touchées par ces disparités d’accès à l’éducation. En effet, la moitié des femmes rurales ne sont jamais allées à l’école, ce qui a un impact majeur sur le type et la qualité des emplois auxquels elles peuvent aspirer. 22. Le taux d’achèvement du premier cycle des études secondaires21 au Togo s’est amélioré mais évolue à un rythme un peu plus lent comparativement à d’autres pays. Le taux d’achèvement a doublé en presque 20 ans, passant de 26 % en 2001 à 50 % en 2019. L’augmentation a toutefois été relativement plus lente qu’au Bénin où le taux d’achèvement du premier cycle des études secondaires a presque triplé entre 2001 et 2016. Ainsi, selon la base de données des Indicateurs du développement dans le monde (WDI), un individu sur deux ne termine pas en 2019 le premier cycle de l’enseignement secondaire au Togo. Ce ratio est 19 QUIBB (2006) et EHCVM (2017/2018). 20 Psacharopoulos, George. « Returns to Education: A Further International Update and Implications. » The Journal of Human Resources, vol. 20, no 4, 1985, p. 583–604, https://doi.org/10.2307/145686. 21 Le premier cycle des études secondaires au Togo correspond aux années de scolarisation 7 à 10, c’est-à-dire de la classe de 6ème à la classe de 3ème selon le système éducatif togolais. 16 FIGURE 2.1.3 Éducation des Togolais de 15 à 64 ans 100 3 0 3 7 1 4 9 3 6 5 6 10 12 6 13 7 9 6 90 19 11 18 13 19 10 80 24 16 17 18 24 20 70 32 28 24 26 25 20 31 Pourcentage 60 33 32 28 43 29 50 26 40 25 34 29 25 26 30 23 22 53 54 20 41 39 21 40 29 17 27 27 10 17 22 15 11 7 0 in es Total Urbain Rural Homme Femme 15–24 25–34 35–54 55–64 ra es in es ra es ba m ru m ba m H es ru mm Fe x Fe es s le u ur om om ur m H Aucun Primaire Secondaire inférieur Secondaire supérieur Postsecondaire Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. FIGURE 2.1.4 Taux d’achèvement du premier cycle des études secondaires, total (% du groupe d’âge pertinent) 100 80 78 72 64 Pourcentage 60 50 50 46 42 40 35 36 35 26 20 20 17 12 0 2001 2019 2001 2016 2001 2019 2011 2019 2001 2019 2001 2019 2001 2014 Togo Bénin Maroc Rwanda Sierra Leone Ghana Guinée Source : Calculs des auteurs basés sur les données de l’Indicateur du développement dans le monde. de 1 sur 9 au Ghana. Il est important d’accroître ce ratio et le niveau d’éducation secondaire en général pour améliorer la qualité des emplois. Le taux d’emploi dans la population en âge de travailler est élevé au Togo, avec un faible chômage 23. Le taux d’emploi est élevé au Togo, mais les emplois ont tendance à être de moindre qualité. Le taux d’emploi est élevé mais son niveau varie sensiblement selon que l’on prenne en compte ou non les individus qui travaillent sans percevoir de rémunération directe. Entre 1982 et 2013, le Bureau international du travail (BIT) a révisé sa définition de l’emploi en passant d’un large concept d’emploi incluant les travailleurs familiaux 17 non-rémunérés à une vision plus restrictive qui les exclut. Selon cette définition plus restrictive, le taux d’emploi a chuté au Togo de 76 % à 64 %.22 Cela indique un grand nombre d’emplois de moindre qualité au Togo, avec un peu plus de 400 000 personnes travaillant au sein de leur foyer sans rémunération directe. Trois travailleurs familiaux sur quatre sont des femmes, et la plupart vivent en zone rurale. Les femmes sont ainsi surreprésentées au sein des travailleurs familiaux et leur participation au marché du travail est entravée par les normes sociales et le manque de qualifications. Le travail familial est l’une des formes d’emploi les plus précaires, car il ne donne pas lieu à une rémunération directe ; la plupart du temps, il consiste à participer aux travaux agricoles et pastoraux du ménage sans rémunération individuelle. Le Diagnostic de la situation de l’emploi prendra en compte les travailleurs familiaux pour permettre des comparaisons du taux d’emploi au cours du temps. ENCADRÉ 2.1.1 : DÉFINITIONS DES TERMES CLÉS : Taux d’emploi : Part de la population en âge de travailler qui a un emploi. Une personne est considérée comme ayant un emploi si elle a travaillé au moins une heure au cours des sept derniers jours, ou si elle n’a pas travaillé, mais était temporairement absente et devait reprendre son activité. Définition 1 (appliquée dans le cadre de ce Diagnostic de la situation de l’emploi) — Définition large de l’emploi (rémunération directe et indirecte) : L’emploi inclut toutes les personnes exerçant une quelconque activité visant à produire des biens ou services en échange d’une rémunération ou d’un profit, ne serait-ce qu’une seule heure au cours des sept derniers jours, ainsi que les personnes ayant travaillé sans rémunération pour un autre membre du ménage au cours des sept derniers jours. FIGURE B2.1.1.1 Définition large de l’emploi Population en âge de travailler (15 à 64 ans) 4 064 462 (53 % de la population totale) Population inactive Population active 917 120 (23 % des 15 à 64 ans) 3 122 390 (77 % des 15 à 64 ans) Aux études Inactive Employés Chômeurs 497 566 (12 %) 419 544 (10,3 %) 3 052 677 (76 %) 69 722 (1,7 %) 22 Calculé à partir des données EHCVM de 2018. 18 Définition 2 — Définition restreinte de l’emploi : Se concentre sur les personnes recevant une rému- nération directe pour des biens ou services. FIGURE B2.1.1.2 Définition restreinte de l’emploi Population en âge de travailler (15 à 64 ans) 4 064 462 (53 % de la population totale) Population inactive Population active 1 356 856 (34 % des 15 à 64 ans) 2 682 653 (66 % des 15 à 64 ans) Aux études Inactive Employés Chômeurs 497 566 (12 %) 859 291 (21 %) 2 600 128 (64 %) 82 525 (2 %) Entreprise familiale : Entreprise non-constituée en société, non-agricole, appartenant à des ménages (l’activité ne doit pas nécessairement être physiquement située dans le lieu d’habitation du ménage). Cela inclut les travailleurs indépendants qui dirigent une entreprise susceptible d’employer des membres de la famille sans rémunération, mais aussi les travailleurs indépendants dirigeant une entreprise employant un petit nombre de travailleurs non-familiaux sur une base occasionnelle. Taux d’inactivité : Part de la population en âge de travailler qui ne fait pas partie de la main-d’œuvre (population active). Cela comprend toutes les personnes qui n’étaient pas employées ou au chômage au cours des sept derniers jours, et qui ne recherchent pas activement un emploi, parce qu’elles sont aux études, à la retraite, ou pour toute autre raison. Travailleurs indépendants : Personnes travaillant à leur propre compte, avec un ou plusieurs partenaires ou dans une coopérative sans employés. Taux de chômage : Part de la population active qui a travaillé moins d’une heure au cours des sept derniers jours, qui recherche activement un emploi, et qui est disponible pour travailler dans les 15 prochains jours. Travailleurs salariés : Personnes ayant déclaré être employées par un employeur extérieur au ménage et être rémunérées (avec ou sans contrat, en espèces ou en nature). Population en âge de travailler : Individus âgés de 15 à 64 ans. 24. Le taux de chômage est faible au Togo. Environ 4 % des 15 à 64 ans étaient sans emploi en 2006 selon le QUIBB, et ce taux est tombé à 1,7 % en 2018 selon l’EHCVM. Il ne s’agit pas d’une exception togolaise, mais plutôt le reflet de l’incapacité des chiffres du chômage à décrire avec précision le fonctionnement du marché du travail dans les pays en développement. À titre de comparaison, le Bénin enregistrait un taux de chômage de 1,4 %23 en 2018, la Guinée de 5 % en 2019 et la Sierra Leone de 4,7 % en 2014. Ces chiffres ne doivent pas être interprétés comme une absence de problèmes d’emploi dans ces pays, mais qu’avec une insuffisance d’instruments de protection sociale, les pauvres ne peuvent pas se permettre de ne pas travailler. La recherche d’un emploi n’est pas sans coût et dépend de la capacité des demandeurs d’emploi à financer une période de chômage, que ce soit grâce à leurs économies personnelles ou au soutien familial. Par conséquent, les demandeurs d’emploi enregistrés dans les statistiques officielles appartiennent le plus souvent aux segments les plus aisés de 23 Banque mondiale (Indicateurs du développement dans le monde, estimations nationales) pour le Bénin, la Guinée et la Sierra Leone. 19 la population, les autres travailleurs n’ayant d’autre choix que d’accepter n’importe quelle forme d’occupation, même si elle est mal payée et/ou si les conditions de travail sont difficiles. 25. Entre 2006 et 2018, le taux d’emploi est resté stable, sauf chez les 15 à 24 ans, dont le taux d’emploi a diminué parallèlement à une augmentation des niveaux d’éducation. En effet, la part des 15 à 24 ans encore aux études est en forte croissance et est passée de 23 % en 2006 à 38 % en 2018. Une question clé est de savoir si le système éducatif permet d’acquérir des compétences de qualité et adaptées au marché du travail. Toutefois, l’augmentation de la fréquentation scolaire est encourageante, car elle est susceptible de conduire les jeunes à apprendre et à développer leur capacité d’adaptation, deux qualités indispensables à la vie professionnelle. FIGURE 2.1.5 Évolution du taux d’emploi entre 2006 et 2018 100 1 1 9 9 1 12 23 3 1 2 26 80 4 1 38 2 2 4 Pourcentage 60 2 88 87 88 40 79 79 76 65 62 48 20 0 2006 2011 2018 2006 2011 2018 2006 2011 2018 Total 15–24 25–64 Employés Chômeurs Inactifs Aux études Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 26. Le chômage est faible et touche principalement les jeunes urbains instruits. Le taux de chômage est très faible au Togo (1,7 % en 2018) et a diminué de moitié depuis 2006 (4 %). Toutefois, quelle que soit la période, il est plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural. La décomposition de cet indicateur pour 2018 montre que le chômage touche principalement les hommes et les femmes vivant en milieu urbain. Les chômeurs sont essentiellement des jeunes ayant fait des études supérieures dans les segments les plus aisés de la société (Q4 et Q5), qui peuvent probablement se permettre d’attendre « la bonne opportunité » pour rejoindre le marché du travail. 27. Les taux d’emploi élevés masquent d’importantes disparités de genre et de milieu de résidence. Les principaux indicateurs d’emploi sont restés stables au cours de la dernière décennie, même si le taux d’emploi a légèrement baissé, passant de 79 % en 2006 et 2011 à 76 % en 2018. Les principaux changements sont intervenus dans les taux d’inactivité, qui ont augmenté chez les hommes et les habitants des zones urbaines, montrant ainsi que les hommes urbains, qui sont généralement instruits, peuvent attendre des emplois de qualité. L’accès des femmes à l’éducation a connu une hausse notable avec un doublement, entre 2011 et 2018, de la part des femmes en âge de travailler ayant été scolarisées. Cela indique que les filles commencent à rattraper leur retard dans l’éducation, même si le niveau d’instruction des femmes reste actuellement insuffisant pour leur garantir l’accès à des emplois de qualité, notamment dans les zones rurales. 20 FIGURE 2.1.6 Taux de chômage en 2018 16 14 12 Pourcentage 10 8 6 4 2 0 al in l e le 4 4 4 ai nfé re Po sup ur co ur 2 3 4 re 1 Se nda Pri n 5 4 ra in –3 –5 –6 Q Q Q Q Q u –2 t ra ba i ai rie se rie To ru ire ma uc ba 25 35 55 ru nd 15 ur é A e ur m e e m i m e om m m re om st m Fe H Fe H nd co co Se Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. FIGURE 2.1.7 Évolution du taux d’emploi entre 2006 et 2018 100 9 9 6 7 7 6 5 9 10 12 11 14 15 12 12 6 6 8 14 9 8 10 6 7 14 0 80 4 12 4 13 2 4 10 11 17 1 2 1 2 1 2 2 7 3 2 Pourcentage 60 87 88 40 79 79 79 80 78 80 78 82 76 74 72 67 68 20 0 2006 2011 2018 2006 2011 2018 2006 2011 2018 2006 2011 2018 2006 2011 2018 Total Hommes Femmes Urbain Rural Employés Chômeurs Population non active Aux études Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 28. Si l’on ne tient pas compte des étudiants, la grande majorité des personnes ne participant pas au marché du travail sont des femmes : 75 % des inactifs sont des femmes, pour lesquelles le principal obstacle à l’emploi est le travail ménager. Le taux de non-participation au marché du travail est de 14 % chez les femmes contre seulement 6 % chez les hommes. Il est également plus élevé chez les personnes jamais scolarisées et vivant dans certaines régions plus éloignées, telles que la région des Savanes. Les raisons de la non- participation au marché du travail varient selon le sexe. Pour les femmes, des zones tant urbaines que rurales, la principale raison est liée au travail ménager. Pour les hommes, la maladie ou le handicap sont les principales raisons, en plus du caractère saisonnier des activités rurales. 21 FIGURE 2.1.8 Taux de non-participation au marché du travail en 2018 60 50 50 44 40 Pourcentage 30 29 28 29 25 26 23 23 20 18 18 20 20 21 20 18 18 17 14 14 14 16 10 12 12 12 10 12 11 9 9 8 9 8 8 10 6 7 7 7 6 0 al es es n l 4 4 4 4 e ux le ra s e un re ur ur re ra ne –2 –3 –5 –6 m un ai t ra m m Ka ai ai rie rie ea uc To Ru iti rb va 15 25 35 55 m nt im nd om m at fé pé A ar U Sa m Fe Ce Pr co Pl in H M su co se re re é st ai m ai Po nd Lo nd co co Se Se Taux d'inactivité Taux d'inactivité (hors étudiants) Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. TABLEAU 2.1.1 Raisons de la non-participation au marché du travail par genre et milieu de résidence en 2018 Urbain Rural Hommes Femmes Hommes Femmes Trop jeune 5% 2% 5% 3% Trop vieux/retraité 18 % 7% 7% 7% Travail ménager 2% 38 % 0% 41 % Maladie/handicap 17 % 11 % 28 % 14 % Ne veulent pas travailler 2% 2% 2% 2% En attente de créer sa propre entreprise 9% 11 % 9% 8% En attente d’une réponse à une demande 5% 1% 1% 0% d’emploi Manque de travail 9% 4% 7% 2% Ne savent pas comment chercher du travail 3% 1% 0% 1% Chômage saisonnier 6% 2% 17 % 7% Autre 24 % 21 % 21 % 15 % Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 22 Le marché du travail du Togo est caractérisé par une faible qualité des emplois, un sous-emploi élevé et des emplois indépendants précaires 29. L’auto-emploi ou travail indépendant est la forme d’emploi dominante au Togo, correspondant à près de six emplois sur dix. L’auto-emploi est extrêmement répandu dans les pays en développement. Son importance reflète généralement l’incapacité du marché du travail à créer des emplois décents. Cela signifie que l’auto-emploi est souvent synonyme d’emplois de moindre qualité, car il constitue la seule possibilité pour les travailleurs dépourvus des qualifications nécessaires pour des emplois salariés formels ou pour les travailleurs plus qualifiés attendant des emplois de bonne qualité. FIGURE 2.1.9 Type d’emploi au cours des 12 mois précédents l’enquête Travailleur familial Stagiaire/apprenti 19 % 5% Employeur 1% Salaire privé 12 % Employé 16 % Travailleur indépendant 59 % Salaire public 3 % Salaire des ménages 1 % Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 30. La prédominance de l’emploi indépendant se reflète dans les secteurs clés de l’économie. Les activités liées à l’agriculture24 (59,5 %), au commerce (74,5 %) et à l’artisanat (71,2 %) sont ainsi dominées par l’auto-emploi, tout comme les autres services (42 %). Les emplois salariés sont plus présents dans des secteurs tels que l’administration publique (98,2 %), les services financiers (64,4 %) et les transports (49,5 %). 31. L’auto-emploi est plus courant dans les zones rurales que dans les zones urbaines. En fait, 62 % des emplois sont de l’auto-emploi dans les zones rurales, contre 55 % dans les zones urbaines. L’emploi salarié, qui représente moins de deux emplois sur dix, est essentiellement urbain et masculin. En revanche, trois travailleurs familiaux sur quatre sont des femmes vivant en majorité dans les zones rurales. Par conséquent, la précarité des revenus est plus grande dans les zones rurales et chez les femmes. 32. La prédominance de l’auto-emploi n’est pas spécifique au Togo, mais les types d’emploi ont connu très peu de changement au fil du temps. Le Bénin, la Sierra Leone et le Ghana ont tous des taux d’auto- emploi supérieurs à 50 %. Le résultat le plus frappant est, toutefois, la façon dont la part des types d’emploi est restée inchangée depuis 1998. De 1998 à 2018, le taux d’auto-emploi au Togo est resté stable à 52 %, alors qu’il est passé de 60 % à 39 % au Rwanda sur la même période. Au cours des 20 dernières années, le Togo a également connu une croissance du nombre de travailleurs salariés plus faible que certains autres pays tels que le Maroc, le Rwanda et le Ghana. De 1998 à 2018, le nombre de travailleurs salariés est passé de 19 % à seulement 21 % au Togo, contre une augmentation de 23 points de pourcentage au Rwanda et de 8 points de pourcentage au Ghana. Les changements intervenus dans ces trois pays — Ghana, Maroc et Rwanda — sont les signes d’une évolution structurelle sous-jacente, qui ne semble pas s’être produite au Togo. 24 Le secteur agricole est le principal employeur avec 42 % des travailleurs de l’économie togolaise, suivi du commerce (de gros et de détail, ainsi que les hôtels et restaurants) et des services autres (enseignement, services personnels — coiffeurs, tailleurs, etc. — et diverses autres professions). 23 FIGURE 2.1.10 Répartition des types d’emploi dans les secteurs clés de l’économie en 2018 Agriculture (42 %) Commerce (20 %) Autres services (16 %) Arts et artisanat (13 %) Construction et mines (4 %) Transports Administration publique Services financiers Eau, gaz, électricité 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Pourcentage Indépendant Travailleur familial Employeur Salarié Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. FIGURE 2.1.11 Répartition des types d’emploi par sexe et par lieu en 2018 100 2 1 2 1 90 80 70 58 60 62 62 Pourcentage 60 50 40 6 10 9 30 6 27 28 20 25 29 10 5 3 8 7 0 Hommes Femmes Urbain Rural Salarié Stagiaire/apprenti Travailleur familial Travailleur indépendant Employeur Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 24 FIGURE 2.1.12 Répartition des types d’emploi dans les pays de comparaison de 1998 à 2018 100 90 28 28 80 39 52 52 70 60 82 63 60 75 72 Pourcentage 60 21 80 28 50 29 40 28 25 9 30 15 49 32 20 16 43 16 31 6 6 10 21 25 19 17 8 11 8 9 11 0 1998 2018 1998 2018 1998 2008 1998 2018 1998 2018 1998 2018 Togo Bénin Maroc Rwanda Sierra Leone Ghana Salariés Indépendants Travailleurs familiaux indépendants non rémunérés Autres travailleurs indépendants Source : Calculs des auteurs basés sur les données de l’Indicateur du développement dans le monde. 33. Le sous-emploi est très répandu, surtout chez les femmes et dans les zones rurales. Le sous-emploi correspond à une durée de travail inadéquate, c’est-à-dire moins de 35 heures par semaine, ce qui est trop peu pour assurer un revenu suffisant de la plupart des activités au Togo. En tenant compte des mois travaillés au cours des 12 derniers mois, il apparaît que 60,5 % des individus sont sous-employés. Le sous-emploi est important dans toutes les formes d’emploi : il est de 51 % chez les salariés et de 57 % chez les travailleurs indépendants. Ainsi, en plus du taux de chômage relativement faible, le sous-emploi, souvent lié à des emplois précaires, exigeant peu de qualifications et offrant une rémunération relativement faible, est l’un des principaux défis de l’emploi au Togo. FIGURE 2.1.13 Sous-emploi visible (<35 heures/semaine) — emploi principal 100 90 84 80 70 72 70 67 60 Pourcentage 60 57 54 53 52 51 50 44 48 42 40 35 33 32 31 32 30 24 20 11 10 0 al e e n l s t r ili r en e/ ra rié an eu m eu m m ai t pr air To Ru al ti om m rb nd oy la fa aill ap agi Fe U Sa pl pe H av Em St dé Tr In En tenant compte du nombre de mois d’activité par an Mois standard Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 25 34. Le sous-emploi est plus présent dans le secteur agricole que dans les autres secteurs de l’économie. Selon les données de l’enquête EHCVM, 57 % des personnes travaillant en agriculture sont touchées par le sous-emploi. En prenant en compte la durée des activités durant l’année, ce taux monte à 77 %. En effet, les activités agricoles durent quelques mois alors que celles liées aux services et à l’industrie peuvent être menées durant toute l’année. FIGURE 2.1.14 Sous-emploi visible par secteur (<35 heures/semaine) — emploi principal 90 80 77 70 60 57 52 Pourcentage 50 47 41 40 33 30 20 10 0 Agriculture Industrie Services En tenant compte du nombre de mois d’activité par an Mois standard Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 35. Le taux de sous-emploi visible est plus élevé au Togo que dans tous les pays de comparaison sélectionnés, à l’exception de la Sierra Leone. Dans les zones tant rurales qu’urbaines, le sous-emploi touche également les femmes de manière disproportionnée dans les pays examinés, mais dans des proportions plus faibles qu’au Togo, à l’exception de la Sierra Leone. FIGURE 2.1.15 Taux de sous-emploi visible dans les pays 100 90 80 70 93 89 Pourcentage 60 50 40 40 45 30 38 28 85 94 20 22 20 62 16 57 46 10 39 12 30 26 28 16 0 Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Togo Sierra Leone Rwanda Guinée Ghana 2018 2014 2016 2012 2012 Femme Homme Source : Calculs des auteurs basés sur l’outil d’analyse comparative des indicateurs d’emploi (I2D2) et sur les données de l’EHCVM 2018. 26 36. Le niveau d’éducation est positivement corrélé à la qualité de l’emploi. Les personnes sans aucun niveau de scolarisation sont surreprésentées parmi les travailleurs familiaux, dont près de la moitié n’a jamais été scolarisée. Sans surprise, les individus ayant fait des études secondaires ou supérieures sont plus susceptibles de trouver un emploi salarié ; seuls trois travailleurs indépendants sur dix ont un niveau d’études supérieur au primaire. Au-delà des grandes catégories d’emploi, des données sur les revenus seraient nécessaires pour mieux comprendre le rendement de l’éducation sur le marché de l’emploi. Malheureusement, elles ne sont pas disponibles dans l’enquête EHCVM 2018. FIGURE 2.1.16 Répartition du niveau d’éducation par type d’emploi Postsecondaire 24 9 8 2 2 Secondaire supérieur 23 8 18 5 5 Secondaire inférieur 29 44 28 24 26 Primaire 16 30 25 31 23 Aucun 8 10 20 38 45 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Pourcentage Salarié Stagiaire/apprenti Travailleur familial Indépendant Employeur Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. Le passage de l’école au travail est caractérisé par des inégalités de genre et de lieu 37. Le taux d’emploi des 15 à 35 ans augmente fortement avec l’âge, mais tous les jeunes ne sont pas égaux face à l’accès à l’emploi. Le taux d’emploi global est de 36 % chez les jeunes de 15 ans, et passe à 94 % chez ceux de 34 ans. La transition de l’école vers l’emploi est plus lente chez les jeunes urbains en raison d’un taux de scolarisation post-primaire plus élevé ; 76 % des individus urbains de 15 ans sont encore scolarisés, contre seulement 43 % des jeunes ruraux du même âge, car les habitants des zones rurales ont tendance à rejoindre plus tôt le marché du travail. 38. Les inégalités d’accès à l’éducation persistent également entre les sexes lors de la transition vers l’emploi, avec un taux d’inactivité important chez les femmes, même après 25 ans. Parce que les femmes ont moins accès à l’éducation, elles rejoignent plus tôt le marché du travail : à l’âge de 15 ans, le taux d’emploi des femmes est supérieur de 8 points de pourcentage à celui des hommes (19 % contre 11 %). En revanche, il atteint beaucoup plus rapidement un plafond et reste nettement inférieur. À l’âge de 30 ans, seuls 78 % des femmes ont un emploi, contre 87 % des hommes, et le taux d’inactivité des femmes est de 15 % à l’âge de 30 ans, contre seulement 4 % pour les hommes. Les femmes sont confrontées, en particulier dans les zones rurales, à d’importantes barrières sociales et culturelles qui les poussent au mariage et aux grossesses précoces, ce qui constituent un obstacle important à leur l’accès à l’emploi. 39. Les jeunes ont des emplois de faible qualité et travaillent dans les secteurs les plus vulnérables du marché du travail. Les jeunes qui entrent tôt sur le marché du travail deviennent principalement des travailleurs familiaux (90 % des jeunes ruraux et 72 % des jeunes urbains de 15 ans). La situation professionnelle tend à s’améliorer chez les jeunes des zones urbaines à mesure qu’ils avancent en âge, avec une augmentation du taux d’emploi salarié, tandis que dans les zones rurales, l’emploi salarié est presque inexistant ; seuls 6 % des personnes de 30 ans ont un emploi salarié dans les zones rurales, contre 33 % dans les zones urbaines. 27 FIGURE 2.1.17 Transition de l’école à l’emploi dans les zones urbaines 100 % 90 % 93 94 94 96 95 90 89 86 80 % 82 85 83 84 85 79 78 70 % 72 71 74 69 60 % 63 62 66 64 66 67 56 50 % 50 49 40 % 45 40 41 30 % 36 30 31 20 % 25 25 26 26 28 18 19 10 % 10 0 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 Âge des hommes, années Âge des femmes, années Employé Chômeur Aux études Inactif Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. FIGURE 2.1.18 Transition de l’école à l’emploi dans les zones rurales 100 % 98 97 98 90 % 95 93 93 92 94 91 90 91 90 92 94 80 % 84 87 84 85 84 83 82 85 84 82 70 % 77 75 76 75 73 70 71 60 % 64 63 50 % 56 55 57 49 40 % 46 47 46 44 42 30 % 20 % 10 % 0 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 Âge des hommes, années Âge des femmes, années Employé Chômeur Aux études Inactif Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 28 FIGURE 2.1.19 Type d’emploi des jeunes en fonction de l’âge dans les zones urbaines 100 4 12 12 12 90 17 21 20 25 80 38 37 44 42 48 49 70 58 57 56 57 61 64 52 72 Pourcentage 60 46 72 86 70 43 16 50 61 27 12 77 4 40 33 9 9 4 13 3 6 2 30 20 44 44 44 2 36 33 35 36 33 36 32 33 31 28 31 10 24 25 16 18 18 11 5 0 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 Années d'âge Salarié Travailleur familial Employeur Indépendant Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. FIGURE 2.1.20 Type d’emploi des jeunes en fonction de l’âge dans les zones rurales 100 7 6 12 14 90 27 28 80 41 41 44 46 50 70 57 59 62 63 64 66 67 65 69 70 60 Pourcentage 50 92 90 86 79 40 68 64 45 53 46 36 30 48 33 32 26 20 30 29 24 17 26 28 25 10 14 10 13 11 13 3 2 2 6 5 8 5 6 9 8 5 6 5 9 6 6 0 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 Années d'âge Salarié Travailleur familial Employeur Indépendant Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 29 Les quelques travailleurs salariés du Togo sont majoritairement des hommes et sont concentrés dans le secteur des services 40. Le travail salarié est passé de 11 % à 16 % des emplois entre 2006 et 2018. Représentant moins de deux emplois sur dix en 2018, il reste essentiellement urbain et masculin. Les hommes occupent huit emplois salariés sur dix dans le secteur public et plus de sept sur dix dans le secteur privé. Les activités de services regroupent le plus grand nombre de salariés (80 % des emplois salariés), devant l’industrie (15 %) et le secteur agricole (5 %). Bien que le travail salarié puisse recouvrir un large éventail de rémunérations et de conditions de travail, il constitue généralement un type de travail très prisé en raison de la stabilité de ses revenus. Tout comme les femmes et les travailleurs ruraux sont surreprésentés dans les emplois précaires du point de vue de la durée du travail, ils sont également exclus du travail salarié. Les femmes rurales constituent le groupe le moins bien représenté, avec 5,1 % des emplois salariés. Dans le secteur public et privé, les travailleurs urbains occupent respectivement 69 % et 76 % des emplois salariés. Comparativement à d’autres pays, le travail salarié reste le privilège des hommes urbains au Ghana, en Guinée et en Sierra Leone. Des pays comme le Rwanda et le Maroc ont, quant à eux, réussi à augmenter de manière significative la part du travail salarié dans l’emploi, même dans les zones rurales. FIGURE 2.1.21 Type d’emploi par sexe et par domicile pour une sélection de pays 100 90 22 26 25 28 30 31 80 38 41 40 46 47 43 54 52 49 51 70 57 59 63 12 72 76 Pourcentage 60 80 83 29 88 50 6 52 72 65 40 21 47 67 19 34 16 43 44 12 1 63 15 30 47 45 45 5 20 40 26 19 13 35 32 12 7 17 31 22 26 23 10 15 1 16 16 6 3 5 2 8 8 4 3 0 5 Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Femme Homme Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Ghana Guinée Maroc Rwanda Sierra Leone Togo 2012 2012 2013 2016 2014 2018 Employeur Travailleur familial Salarié Travailleur indépendant Source : Banque mondiale — Outil d’analyse comparative des indicateurs d’emploi (I2D2) et calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. Plus de 60 % des ménages togolais exercent des activités non-agricoles, qui pour la plupart sont petites et précaires 41. Les entreprises familiales non-agricoles sont petites et précaires et assez répandues parmi les ménages togolais. 60 % des ménages ont exercé une activité non-agricole au cours des 12 derniers mois. Cependant, moins de 8 % de ces entreprises non-agricoles ont des employés, et plus de 97 % d’entre elles utilisent de la main-d’œuvre familiale. De plus, les entreprises sont peu nombreuses (3 %) à avoir un numéro d’identification fiscale et exercent en majorité leur activité soit à domicile (31 %), soit sur la voie publique (27 %). 30 FIGURE 2.1.22 Taille des entreprises non-agricoles par type d’employés 100 1% 10 % 18 % 80 Pourcentage 60 55 % 40 81 % 20 35 % 0 Entreprises non agricoles Entreprises non agricoles avec avec des travailleurs salariés des travailleurs familiaux 1 employé 2–4 employés 5 employés or more Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 42. La majorité des entreprises non-agricoles opèrent dans le secteur des services. Le petit commerce (32 %) ainsi que la transformation et la vente de produits alimentaires (30 %) sont les principales activités exercées par les ménages. Les autres services (20 %), troisième principale activité non-agricole exercée par les ménages, comprennent la fabrication et la vente d’objets artisanaux, de tapis, de bijoux et de coiffure, entre autres. Il faut également noter que 20 % des ménages impliqués dans des activités non-agricoles combinent au moins deux activités différentes. FIGURE 2.1.23 Types d’activités non-agricoles exercées par les ménages Petit commerce 31,8 Transformation et vente de produits alimentaires 30,2 Autres services 19,8 Construction 12,1 Transport/réparation 11,0 Fabrication de textiles 9,6 Profession libérale (médecin, traducteur, etc.) 4,1 Restauration 4,0 Emplacement 0,3 0 5 10 15 20 25 30 35 Pourcentage Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 43. Les entreprises familiales non-agricoles génèrent des revenus tout au long de l’année et sont principalement dirigées par des femmes (63 %). Elles rencontrent des contraintes en ce qui concerne le financement et la clientèle. En effet, 72 % des entreprises familiales sont financées par leurs propres fonds, et leurs principaux clients sont essentiellement des ménages. 31 2.2 UNE ÉCONOMIE QUI CRÉE DES EMPLOIS, MAIS PAS EN QUANTITÉ ET QUALITÉ SUFFISANTES 44. Malgré des développements économiques positifs dans le pays au cours des deux dernières décennies, l’économie du Togo se caractérise toujours par un potentiel inexploité de par sa situation géographique, ses opportunités démographiques et sa relative stabilité. Après une période d’ouverture et d’investissement au début du siècle et une période d’assainissement budgétaire et de mesures favorables aux entreprises, le pays semble bien placé pour connaître une forte croissance économique. En effet, le gouvernement s’est engagé dans la mise en œuvre d’une feuille de route stratégique ambitieuse avec de grands objectifs d’investissements publics. Cependant, l’absence de croissance de la productivité (en particulier dans l’agriculture) entrave les perspectives de développement du pays, tandis que les perspectives de croissance future grâce aux investissements publics sont limitées par la détérioration de la marge budgétaire. Après une période d’expansion modérée au cours des deux premières décennies de ce siècle, les événements internationaux récents ont créé des défis importants pour les perspectives économiques du pays 45. Depuis la fin des années 2000, le Togo connaît une période d’expansion économique soutenue, entretenue par des réformes structurelles, des dépenses d’infrastructure et des investissements du secteur privé. Avant la pandémie de COVID-19, la croissance économique du Togo était relativement robuste, atteignant une moyenne de 5,6 % sur la période 2012–2019. Cependant, une augmentation rapide des investissements dans les infrastructures publiques jusqu’en 2017 a entraîné une augmentation significative des niveaux d’endettement intérieur et des coûts des services, ce qui a conduit le gouvernement à changer de cap et à entreprendre d’importantes mesures d’assainissement budgétaire de 2017 à 2019. Dans le même temps, les réformes du climat des affaires (notamment des mesures d’assouplissement de la création d’entreprises et du transfert de propriété, de l’obtention de prêt, de permis de construire, du raccordement à l’électricité et du commerce transfrontalier) ont soutenu un investissement privé dynamique et ont contribué à maintenir la croissance du PIB réel à 4,9 % en moyenne. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, une partie de la capacité budgétaire retrouvé a été utilisée pour augmenter l’investissement public, ce qui a contribué à prévenir une récession en 2020 (+1,8 %), tandis qu’un net rebond du commerce mondial a contribué à la reprise ultérieure de 2021 (+5,3 %). Les perturbations liées à la guerre en Ukraine ont créé d’importants obstacles en 2022, comme en témoignent la décélération de la demande extérieure et la hausse des prix de l’énergie, des engrais et des produits alimentaires, qui ont eu un impact négatif sur des secteurs clés de l’économie et réduit le pouvoir d’achat des ménages. Les pauvres des zones rurales qui dépendent de l’agriculture pour leur propre consommation ou comme principale source de revenus et les pauvres des zones urbaines qui dépendent de la nourriture importée ont été touchés négativement. Ces chocs, combinés à l’insécurité dans la région des Savanes, ont conduit le gouvernement à entreprendre des dépenses d’urgence, qui ont contribué à stabiliser la croissance à environ 4,9 % en 2022, mais ont augmenté le déficit budgétaire à 8,4 % du PIB. 46. Le ralentissement de l’activité économique pendant la pandémie de COVID-19 a pesé sur les emplois et les revenus, y compris dans le secteur formel. La croissance du PIB est passée de 5,5 % en 2019 à 1,8 % en 2020, en raison notamment d’une baisse de la consommation privée et de l’investissement privé due à une baisse des revenus des ménages. Une enquête menée auprès de 160 entreprises togolaises formelles en mai 2020, aux premiers jours de la pandémie de COVID-19, a révélé que 13 % d’entre elles ne fonctionnaient que partiellement et que 22 % étaient temporairement fermées. Le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, le transport, la logistique et l’entreposage étaient les secteurs les plus touchés par les fermetures d’entreprises. Les petites et moyennes entreprises (PME) ont été relativement plus touchées (25 %) que les grandes entreprises (14 %). En outre, 96 % des entreprises ont déclaré avoir enregistré une réduction de leurs ventes au cours des 30 jours précédant l’enquête, et près de la moitié des entreprises interrogées ont déclaré une réduction de plus de 50 % au cours de la période considérée. Les entreprises ont également déclaré avoir mis 22 % de leurs employés en congé sans solde, réduit les salaires et/ou les avantages sociaux de 21 % de leur personnel ou réduit les heures de travail de 61 %.25 En outre, le nombre d’entreprises créées a chuté de 46 % 25 Étude de l’impact du Covid-19 sur le secteur privé au Togo : Une évaluation informée par des données (Banque mondiale, juin 2020). 32 entre mars 2020, où le premier cas de COVID-19 a été enregistré, et avril 2020, où l’état d’urgence sanitaire a été déclaré.26 Les données ont été recueillies au début de la pandémie, mais les consultations menées dans le contexte de la préparation du Diagnostic secteur privé pays (DSPP) de la Banque mondiale suggèrent que la situation des entreprises allait probablement empirer à mesure que la pandémie persisterait.27 47. La hausse de l’inflation a eu un impact significatif sur l’augmentation des revenus réels en 2022, en particulier pour les personnes à faible revenu. L’inflation des prix à la consommation a culminé à 7,5 % en 2022, contre 4,5 % en 2021 et une moyenne de moins de 2 % au cours de la décennie précédente. Alors que les prix alimentaires intérieurs ont été le principal moteur des pressions inflationnistes en 2022, la hausse du coût des biens importés a joué un rôle croissant. La hausse des prix de l’énergie s’est traduite notamment par une augmentation des coûts de transport, de nourriture et de logement, comme en témoigne le niveau général des prix qui est resté supérieur à 6 %. L’inflation élevée a des effets généralisés sur l’économie nationale, affectant les populations les plus vulnérables par le biais de la hausse du coût des biens de base tout en mettant davantage sous pression les finances publiques. Pour les ménages agricoles, le choc sur les prix de l’énergie et des engrais associé à la guerre en Ukraine a été exacerbé par des précipitations plus variables ces dernières années qui ont eu un impact supplémentaire sur les moyens de subsistance. FIGURE 2.2.1 Croissance du PIB et revenu par habitant, 2001–2019 a) Evolution de la croissance du PIB, 2001–2019 b) Revenu par habitant, Togo comparé à ses pairs 8 2 000 Constant 2010 USD par personne 1 800 6 1 600 4 1 400 2 1 200 1 000 0 800 –2 600 400 –4 200 –6 0 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19 21 19 0 19 4 68 19 2 19 6 80 19 4 19 8 92 20 6 20 0 20 4 08 20 2 16 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 6 6 7 7 8 8 9 0 0 1 19 19 19 19 20 2001–2007 2008–2016 Togo Bénin Guinée 2017–2019 2020–2022 Ghana Rwanda Afrique sub-saharienne Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. La pauvreté diminue, mais reste élevée dans de nombreuses régions 48. Les performances du Togo en matière d’amélioration du niveau de vie n’ont pas été à la hauteur de son potentiel, et la pandémie de COVID-19 a presque stoppé la réduction de la pauvreté. Bien que la pauvreté ait diminué ces dernières années, plus de deux cinquièmes de la population vit toujours dans la pauvreté. Le taux de pauvreté (utilisant le seuil de pauvreté national) a diminué de 58,7 % en 2011 à 55,1 % en 2015, et de récentes estimations suggèrent que la pauvreté a continué à diminuer pour atteindre 45,5 % en 2018–2019.28 De même, les inégalités — mesurées par l’indice de Gini — ont diminué de 0,013 point de pourcentage entre 26 Centre de formalité des entreprises (CFE). https://www.cfetogo.tg/statistiques-10.html. Consulté le 6 septembre 2021. 27 Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. 28 Basé sur la nouvelle enquête sur les ménages de l’UEMOA (l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages — EHCVM), sans possibilité de comparaison stricte avec les précédentes enquêtes nationales sur les ménages. 33 2011 et 2015 ; leur contribution à la réduction de la pauvreté est modeste comparée à la croissance (–1,4 contre –2,2). Les répercussions économiques de la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine sont susceptibles de dégrader le bien-être de la population. Le taux de pauvreté reste également élevé par rapport aux principales économies de l’UEMOA, tandis que les inégalités sont les plus fortes de la région après le Burkina Faso.29 49. La lente amélioration du niveau de vie reflète en partie la faible productivité du travail, la baisse des revenus du travail et la faible qualité des emplois. La productivité du travail a augmenté de 3 % par an entre 2008 et 2016, plus que la moyenne de l’UEMOA, permettant un rattrapage progressif des économies de l’UEMOA, mais ne représente que 30 % de la moyenne des pairs aspirationnels. Le salaire moyen et les heures de travail sont tous deux en baisse. Entre 2011 et 2018, les salaires moyens dans les principaux secteurs économiques généraux ont baissé en moyenne de 27,3 % – 34 % dans le secteur de l’agriculture,30 15,5 % dans le secteur de l’industrie, et 32,6 % dans le secteur des services — tandis que les heures de travail ont diminué de 11 % (environ cinq heures par semaine). La détérioration de la qualité des emplois se reflète dans l’augmentation significative du sous-emploi et le léger déclin du travail salarié depuis 2011. FIGURE 2.2.2 Dynamique de la pauvreté et inégalité, Togo par rapport à ses pairs a) Taux de pauvreté b) Taux de pauvreté et indice de 70 Gini pour une sélection de pays 61,7 60 0,4 58,7 60 55,1 0,35 Taux de pauvreté (%) 50 0,3 Indice de Gini 50 45,5 40 0,25 Pourcentage 40 30 0,2 20 0,15 30 0,1 10 0,05 20 0 0 er so au o n i re l al ga 10 g ni ig oi Fa M ss To ne Bé N Iv Bi a Se d’ e- in né rk te 0 Bu Cô ui 2006 2011 2015 2018–2019 G Taux de pauvreté Indice de Gini Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018–19. La croissance économique a été accompagnée de création d’emplois, principalement dans les secteurs de l’industrie et des services 50. Alors que la structure de l’économie togolaise s’est progressivement déplacée de l’agriculture vers les services au cours des deux dernières décennies, les emplois dans les secteurs à faible productivité dominent toujours le paysage. La part de l’emploi du secteur primaire est passée de 48 % en 2001 à 38 % en 2019. Cela s’est accompagné d’une augmentation similaire dans les services dont la part de l’emploi est passé de 39 % en 2001 à 49 % en 2019. Pendant ce temps, la part de l’industrie dans l’emploi est restée relativement constant à 13 %. En outre, le secteur agricole continue de peser lourdement sur la productivité. En effet les deux tiers des ménages ruraux et 71 % des pauvres au Togo sont classés dans la catégorie des ménages agricoles, et l’adoption de technologies d’amélioration des rendements reste limitée, avec respectivement seulement 37 % et 8 % des ménages agricoles utilisant des engrais et des semences améliorées. De plus, à peine 1 % utilise l’irrigation dans leurs exploitations. Ainsi, l’expansion de la production agricole depuis le milieu des années 2000 29 Sur base de comparaisons entre pays de l’UEMOA, utilisant les données EHCVM 2018/19. 30 Les données sur les salaires agricoles peuvent toutefois ne pas être fiables, car le nombre de travailleurs ayant des salaires agricoles qui ont été observés chute brutalement entre 2011 et 2018. 34 (3,6 % par an en moyenne) a été principalement motivée par l’augmentation des superficies cultivées plutôt que par des gains d’efficacité, ce qui a contribué à la déforestation et à la dégradation des sols.31 51. Malgré une croissance relativement volatile, l’emploi a eu tendance à augmenter au cours des vingt dernières années, grâce à une plus forte création d’emplois dans les secteurs de l’industrie et des services. L’emploi total a augmenté de 2,8 % entre 2001 et 2019, principalement en raison d’une augmentation des travailleurs dans le secteur de l’industrie. La croissance de l’emploi dans l’industrie est passée d’une moyenne annuelle de 1,6 % pendant la période 2001–2007 à 3,1 % en 2017–2019, car les investissements importants dans les infrastructures routières ont stimulé la demande de main-d’œuvre dans la construction. Le secteur des services a enregistré le taux de croissance de l’emploi le plus élevé (4,2 %) et le plus stable sur la même période. La création d’emplois dans le secteur de l’agriculture a considérablement diminué, passant d’une moyenne annuelle de 2,2 % entre 2001–2007 à 1,2 % sur la période 2017–2019, reflétant une baisse constante de la productivité agricole. 52. Provenant de l’accumulation de capital et fortement axée sur les grands projets d’investissement publics et privés, la croissance au Togo ne s’est pas traduite par des gains significatifs de productivité globale. Malgré un certain passage d’une économie dominée par l’agriculture à une économie axée sur les services au cours des 15 dernières années, la majorité de la population active se débat toujours dans des emplois à faible productivité, et principalement informels, dans l’agriculture et les services. Le secteur privé est également très concentré, les grandes entreprises représentent 77 % du chiffre d’affaires total et la région de Lomé abritent plus de 60 % des entreprises du pays. Le secteur agricole est essentiel pour augmenter le revenu par habitant et réduire la pauvreté au Togo, mais la productivité a stagné dans le secteur et les conditions se sont encore détériorées ces dernières années. La productivité totale des facteurs a surtout stagné au cours des trente dernières années, moins que dans les pays pairs, et la productivité moyenne de la main-d’œuvre agricole n’a augmenté que de 0,6 % par an, également moins que dans les pays pairs. La dynamique de l’emploi ou FIGURE 2.2.3 Dynamique et croissance de l’emploi, 2001–2019 a) Taux de croissance de l’emploi par secteur 4,5 4,2 4,1 4,2 4,1 4,0 3,5 3,3 2,9 3,1 3,0 2,8 2,7 2,9 2,6 2,5 2,2 2,0 1,6 1,5 1,4 1,2 1,0 0,9 0,5 0 2001–2019 2001–2007 2008–2016 2017–2019 Taux de croissance Taux de croissance de Taux de croissance de Taux de croissance de totale de l'emploi l'emploi dans l’agriculture l'emploi dans l’industrie l'emploi dans les services b) Croissance de la valeur ajoutée par secteur 9 9,0 8 7,3 7 6,6 6 5,6 5,6 5 4 4,0 3,9 3,8 3 2,9 2,8 2 2,0 1,8 1,6 1,2 0,9 1 0,6 0 2001–2019 2001–2007 2008–2016 2017–2019 Croissance totale de Croissance de la valeur Croissance de la valeur Croissance de la valeur la valeur ajoutée ajoutée agricole ajoutée industrielle ajoutée des services Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 31 Banque mondiale, 2022. Mémorandum économique du Togo. 35 FIGURE 2.2.4 Dynamique de l’emploi et qualité des emplois, 2006–2019 a) Type d’emploi au fil du temps 100 27 28,2 26,8 Pourcentage 80 60 28,9 28,4 33,2 40 32,8 24,3 24,7 20 6,9 14,8 13,4 0 4,3 4,3 1,9 2006 2011 2018 Salariés, Salariés, Travailleurs indépendants, Travailleurs indépendants, Autres secteur public secteur privé agriculture secteurs non-agricoles b) Type d’emploi par pays 100 20 20 80 42 44 Pourcentage 62 69 64 76 42 45 60 70 74 32 37 2 22 11 40 3 6 31 24 0 5 20 26 1 46 51 6 1 1 1 2 2 5 36 40 11 23 11 22 26 0 10 7 8 06 19 06 19 06 19 06 19 06 19 06 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Togo Bénin Guinée Maroc Ghana Bangladesh Salariés Travailleurs indépendants Travailleurs familiaux Autres indépendants employers indépendants non rémunérés Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. les taux de croissance de l’emploi au fil du temps étaient globalement en phase avec la croissance de la valeur ajoutée, avec une hétérogénéité relativement élevée entre les secteurs.32 53. Les taux d’emploi élevés masquent un manque d’emplois productifs. En 2018, plus de la moitié des travailleurs togolais étaient engagés dans des activités informelles de subsistance générant de faibles revenus.33 La part des travailleurs occupant un emploi salarié est passée de 11 % à 19 % entre 2006 et 2011, mais a diminué depuis lors. En 2019, le pourcentage de travailleurs ayant un emploi salarié s’élevait à 17 %, moins que la moyenne de l’ASS (19 %) et nettement moins que les pairs aspirationnels tels que le Maroc (50 %) et le Ghana (26 %). De même, le sous-emploi a presque doublé dans tous les groupes de travailleurs et quels que soient le niveau d’éducation et le lieu de résidence (urbaine/rurale). L’augmentation de la part des travailleurs salariés au cours de la période précédente reflète en partie la forte croissance annuelle de 6 % en moyenne observée entre 2008 et 2011 ainsi que l’augmentation significative des employés rémunérés dans le secteur privé. La réduction de la part des travailleurs salariés du secteur privé depuis 2011, combinée à une augmentation de l’emploi indépendant dans le secteur non-agricole, a entraîné le déclin de l’emploi salarié au cours de la dernière décennie. 54. L’informalité est une caractéristique dominante du marché du travail du Togo et restera importante. En 2017, environ 90 % des travailleurs étaient occupés dans le secteur informel, dont la contribution au PIB du Togo était estimée à 35 %. Même si la part de l’emploi rémunéré a augmenté au Togo entre 2006 et 2018, elle reste faible, par rapport à ses pairs. Le secteur informel est caractérisé par des conditions de travail précaires, étant donné que seulement 30,9 % de la main-d’œuvre a un contrat de travail. Cette précarité est plus prononcée en milieu rural (29,3 %) qu’en milieu urbain (32,3 %) et se traduit par un salaire horaire très faible, estimé à 235 FCFA (0,40 USD). 32 Centre de formalité des entreprises (CFE). https://cfetogo.tg/statistiques-10.html. Consulté le 6 septembre 2021. 33 EHCVM, 2018/2019. 36 Même si la création d’emplois, en particulier dans le secteur des services, a accompagné la croissance, cette dynamique cache un déficit d’emplois salariés dans le secteur privé 55. La croissance économique du Togo est liée à des emplois plus nombreux, mais pas nécessairement meilleurs. Entre 2001 et 2019, chaque point de pourcentage supplémentaire de croissance du PIB a été associé à une augmentation de 0,6 point de pourcentage de l’emploi. Cependant, l’intensité d’emploi de la croissance entre 2001 et 2019 varie selon les sous-périodes de l’analyse. C’est étonnamment entre 2001 et 2007, où la croissance économique a été la plus faible, que la croissance de l’emploi a été la plus forte. Cela implique qu’une part importante de la croissance de l’emploi était due à une augmentation du nombre de personnes qui, compte tenu des niveaux de pauvreté élevés, doivent trouver du travail, plutôt qu’à des gains de productivité. En outre, l’analyse montre qu’une augmentation d’un point de pourcentage de la croissance du PIB entre 2006 et 2018 n’a augmenté l’emploi salarié que de 0,1 %, ce qui pourrait impliquer qu’une part non négligeable des emplois créés n’étaient pas productifs. Du point de vue du genre, les élasticités de l’emploi des hommes et des femmes sont à peu près les mêmes. TABLEAU 2.2.1 Élasticités de l’emploi par sexe, 2001–2019 2001–2019 2001–2007 2008–2016 2017–2019 Total 0,6 2,5 0,5 0,5 Femme 0,7 2,4 0,5 0,5 Homme 0,7 2,6 0,5 0,5 Croissance du PIB 4,0 1,0 5,7 4,8 Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 56. Les trois secteurs économiques principaux ont connu une croissance de l’emploi, mais le secteur des services affiche l’élasticité de l’emploi la plus élevée. Le tableau 2.2.2 présente deux types d’élasticités : i) l’élasticité par rapport au PIB, qui indique la variation en point de pourcentage de l’emploi dans un secteur donné associée à une variation d’un point de pourcentage du PIB global ; et ii) l’élasticité par rapport à la valeur ajoutée, qui indique la variation en point de pourcentage de l’emploi dans un secteur donné associée à une variation d’un point de pourcentage de la production dans ledit secteur. Les chiffres montrent que l’emploi a été généré dans le secteur des services à un rythme plus rapide que dans l’agriculture et l’industrie manufacturière. Toutefois, l’écart n’est pas considérable, ce qui suggère un changement structurel lent et non associé à une perte nette d’emplois dans les secteurs primaire et secondaire. En examinant les élasticités par rapport à la valeur ajoutée, il apparaît que la croissance la plus intensive en emplois a eu lieu dans le secteur des services, suivi par le secteur industriel. Ce résultat suggère que l’emploi dans le secteur agricole réagit davantage à la production globale qu’à la production spécifique au secteur. TABLEAU 2.2.2 Élasticité de l’emploi et croissance de la valeur ajoutée par secteur, 2001–2019 Agriculture Industrie Services Élasticité du secteur par rapport au PIB 0,7 0,6 0,8 Élasticité du secteur par rapport à la valeur ajoutée 0,3 0,6 1,0 Croissance annuelle moyenne de la valeur ajoutée 2,0 3,9 2,9 Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 37 Le Togo devra créer un million d’emplois supplémentaires d’ici 2030 pour absorber la population croissante en âge de travailler et devra donc maintenir un taux de croissance du PIB d’au moins 4.6 % par an pour assurer le statu quo 57. La baisse de la fécondité et l’augmentation de l’espérance de vie créent des opportunités de dividendes démographiques pour le Togo. La structure d’âge de la population togolaise a modérément évolué entre 2001 et 2019, en raison de la baisse de la fécondité combinée à l’augmentation de l’espérance de vie ; l’indice synthétique de fécondité est descendu de 5,4 naissances par femme en 2001 à 4,2 en 2019, tandis que l’espérance de vie a augmenté d’environ 7,5 ans. Sur la même période, le taux de dépendance est passé de 85,6 % à 78,2 %. Cette baisse pourrait créer un dividende démographique stimulant la croissance économique, mais cela nécessite de créer des emplois assez rapidement pour suivre l’augmentation significative de la population en âge de travailler. Ainsi, afin de tirer parti des changements démographiques, l’élasticité de l’emploi devrait être égale ou supérieure à la variation relative entre la population en âge de travailler et la croissance. Au cours de la période 2001 à 2019, la croissance de l’emploi (2,8 %) a été en phase avec l’évolution de la population en âge de travailler (2,9 %). Toutefois, pendant la période de faible croissance (principalement entre 2001 et 2007), les emplois créés étaient vraisemblablement de moindre qualité, car la croissance de la productivité était négative (–1,7). FIGURE 2.2.5 Évolution démographique et offre de travail a) Fécondité et espérance de vie b) Population en âge de travailler 6 62 5 000 Espérance de vie à la naissance, 4 500 5 60 4 000 (naissances par femme) Taux de fécondité, total 58 3 500 total (années) 4 56 3 000 3 2 500 54 2 000 2 52 1 500 1 000 1 50 500 0 48 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Taux de fécondité, total (naissances par femme) Population en âge de travailler, femmes Espérance de vie à la naissance, total (années) Population en âge de travailler, hommes Population en âge de travailler Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 58. Compte tenu de l’accroissement de sa population en âge de travailler, le Togo devra créer un million d’emplois supplémentaires d’ici 2030, ce qui nécessiterait un taux de croissance du PIB d’au moins 4,6 % par an pour assurer le statu quo des conditions du marché du travail. Une simple extrapolation des tendances actuelles du marché du travail montre que le Togo devra créer un million d’emplois d’ici 2030 pour absorber les futurs entrants sur le marché du travail. Pour y parvenir, la croissance devrait être en moyenne d’au moins 4,6 % par an sur la base des tendances historiques, notamment du niveau de l’élasticité emploi- PIB qui se situait à 0,6 sur la période 2001 à 2019. Un tel taux de croissance serait suffisant pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, mais pas pour assurer des gains rapides en matière d’informalité et de réduction de la pauvreté, tandis que la productivité du travail resterait terne dans ce scénario. Des améliorations plus fondamentales des conditions du marché du travail nécessiteraient une croissance nettement plus rapide, soutenue par des réformes favorisant la transformation structurelle et la création d’emplois. Selon les projections de référence actuelles de la Banque mondiale, la croissance serait en moyenne de 6 % sur la période 38 FIGURE 2.2.6 Scénarios de création d’emplois a) Projection de la croissance b) Trajectoire prévue de la création et de la création d’emplois d’emplois par secteur 300 250 0,7 Nombre d’emplois (milliers) 0,6 Nombre d’emplois (milliers) 250 Proportion des emplois 200 0,5 200 150 0,4 150 100 0,3 100 0,2 50 50 0,1 0 0 0 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 Création d’emplois attendue (hypotèse de Nouveaux emplois prévus, Proportion des emplois, croissance Feuille de Route Gouvernementale Services Services Création d’emplois attendue (hypothese de Nouveaux emplois prévus, Proportion des emplois, croissance Banque mondiale Industrie Industrie Nombre d’emplois requis pour absorber Nouveaux emplois prévus, Proportion des emplois, le changement démographique Agriculture Agriculture Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde et de l’EHCVM 2018. 2023–2030, ce qui contribuerait à créer 1,4 million de nouveaux emplois d’ici 2030, tandis que les hypothèses plus optimistes de la Feuille de Route Gouvernementale 2020–2025 (7 %) serait compatible avec la création de 1,6 million de nouveaux emplois. En termes de répartition sectorielle, une poursuite des tendances actuelles en matière d’embauche impliquerait que la part du secteur des services dans l’emploi total passerait de 49 % à 54 % d’ici 2030, la part de l’agriculture diminuerait d’un niveau presque identique, passant de 38 % à 33 %, et l’industrie resterait globalement inchangé à 12 %. Cependant, ces prévisions ne tiennent pas compte du fait que les services ont tendance à se développer davantage avec la croissance économique. Compte tenu de cela, la part de l’emploi du secteur des services pourrait atteindre 58 % d’ici 2030, soit 1,1 million des 1,4 million de nouveaux emplois prévus dans les projections de la Banque mondiale. Garantir des emplois de haute qualité dans les services et développer l’industrie manufacturière pour alléger une certaine pression sur l’industrie des services devrait être une priorité pour éviter de saper la productivité dans l’industrie des services. La transformation structurelle reste faible, avec un lent passage de l’agriculture aux services, mais pratiquement aucune croissance de la productivité 59. L’augmentation de la productivité du travail peut contribuer à stimuler la demande de main- d’œuvre dans tous les secteurs. La productivité du travail a augmenté en moyenne de 1,1 % entre 2001 et 2019 au Togo, principalement grâce à une croissance plus élevée de la productivité dans les secteurs de l’industrie (1,3 %) et des services (0,8 %). Au cours de la période la plus récente (2017–2019), les gains de productivité sont venus d’une augmentation significative de la productivité du travail dans le secteur des services. Bien que la réallocation au sein d’un secteur (d’entreprises moins productives à des entreprises plus productives dans un secteur spécifique) ait représenté la majeure partie de la croissance de la productivité au cours de la dernière décennie, les travailleurs quittent aussi progressivement l’agriculture pour le secteur des services, ce qui a pu soutenir des gains supplémentaires dans la productivité globale. Le cas du Togo contraste avec celui des pays subsahariens et en particulier du Rwanda et du Ghana, où, premièrement, la croissance globale de la productivité du travail a été plus élevée et, deuxièmement, la contribution de la transformation structurelle a été plus importante. 39 FIGURE 2.2.7 Changement structurel et dynamique de l’emploi a) Productivité du travail par habitant b) Décomposition de la croissance de la valeur ajoutée par habitant, 2001–2019 2 500 Togo USD par habitant (ajusté à l’inflation 2010 dollars) 2 000 Afrique sub-saharienne Rwanda 1 500 Ghana 1 000 Guinée 500 Bénin –2 –1 0 1 2 3 4 5 6 7 0 Productivité intrasectorielle Réaffectation dynamique Agriculture Industrie Services Taux de participation Réaffectation statique 2001 2019 Taux d’emploi Évolution démographique c) Part de l’emploi par secteur, 2001–2019 d) Part de la valeur ajoutée par secteur, 2001–2019 100 100 90 90 Pourcentage de la Pourcentage de la 80 38,8 41,7 80 47,6 49,4 valeur ajoutée 48,7 48,0 valeur ajoutée 70 70 54,0 58,2 60 60 13,4 12,4 50 12,9 50 12,9 19,7 19,1 40 40 22,2 19,5 30 30 47,8 45,9 20 39,6 37,7 20 32,9 31,6 10 10 23,8 22,3 0 0 2001 2007 2016 2019 2001 2007 2016 2019 Agriculture Industrie Services Agriculture Industrie Services Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. TABLEAU 2.2.3 Croissance de la productivité du travail, 2001–2019 Overall Agriculture Industry Services 2001–2019 1,1 0,5 1,3 0,8 2001–2007 –1,7 –0,4 –1,0 –3,1 2008–2016 2,9 0,6 5,6 2,3 2017–2019 2,6 1,6 0,7 3,1 Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 60. Bien gérée, l’urbanisation a la capacité de stimuler la croissance de la productivité globale et d’améliorer la quantité et la qualité des emplois grâce à des effets d’échelle et d’agglomération et à la spécialisation. En Asie de l’Est et dans certaines parties de l’Amérique latine, l’urbanisation s’est accompagnée d’une croissance du secteur manufacturier, d’une création d’emplois plus rapide et de fortes augmentations subséquentes du PIB par habitant. On peut donc s’attendre à des résultats similaires dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique de l’Ouest. Le Togo a connu des niveaux élevés de mouvement des zones rurales vers les zones urbaines : en 1950, moins de 5 % des Togolais vivaient en zone urbaine, contre environ 42 % 40 aujourd’hui. Malgré cela, pendant la même période, les revenus par habitant ont à peine augmenté. Une raison est notamment le fait que le secteur manufacturier a eu du mal à s’implanter parallèlement à l’urbanisation, comme cela a été le cas dans d’autres régions en voie d’urbanisation (Asie de l’Est, Amérique latine). L’urbanisation n’a pas été associée à une croissance du secteur manufacturier productif au Togo. Les villes du pays, et en particulier le Grand Lomé, ont du mal à produire les économies d’échelle et la spécialisation dont les industries à haute productivité ont besoin pour générer suffisamment d’emplois. 61. Le secteur informel peut créer plus de postes lorsque l’emploi dans le secteur formel diminue, mais cela a souvent lieu au détriment de la qualité des emplois. Le secteur informel du Togo se caractérise par une plus faible productivité et de mauvaises conditions de travail, notamment l’insuffisance d’instruments de protection sociale, un faible taux d’emploi rémunéré (environ 1,7 % en 2017 contre 31 % dans le secteur formel), et des salaires plus bas (235 FCFA ou 0,40 USD par heure en moyenne contre 1 770 FCFA ou 3 USD dans le secteur formel). Entre 2001 et 2019, la part de l’économie informelle a légèrement diminué, passant de 35,8 % à 33,1 % du PIB,34 alors que la croissance annuelle de l’emploi total stagnait autour de 2,8 %. En outre, la corrélation entre le PIB et la croissance du secteur informel est faible, avec une élasticité du secteur informel par rapport à la croissance estimée à –0,11. Parvenir à une meilleure qualité d’emploi dans un contexte d’informalité généralisée est un défi qui nécessitera d’augmenter la productivité des activités informelles et d’inciter les entreprises privées informelles à se formaliser. FIGURE 2.2.8 Secteur informel, emploi et croissance 10 40 8 35 6 30 Taux de croissance Secteur informel 4 25 2 20 0 15 –2 10 –4 5 –6 0 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Secteur informel (part du PIB) Croissance de la valeu ajoutée Croissance de l’emploi Source : Calculs des auteurs basés sur les données des Indicateurs du développement dans le monde. 2.3 LA DEMANDE DE MAIN-D’ŒUVRE FORMELLE RESTE LIMITÉE EN RAISON DES FAIBLES TAUX D’ENTRÉE DES NOUVELLES ENTREPRISES ET DE LA CRÉATION DE PEU DE NOUVEAUX EMPLOIS 62. L’économie togolaise est dominée par de très petites entreprises informelles, avec peu d’entreprises de taille significative. Selon le recensement des entreprises de 2018,35 96,9 % des entreprises togolaises sont de 34 Melina, L. et Schneider, F. (2019). Shedding Light on the Shadow Economy: A Global Database and Interaction with the Official One. Documents de travail du Cesifo 7981. 35 Le recensement des entreprises de 2018 couvre les entreprises formelles et informelles disposant de locaux fixes à usage professionnel (c’est-à-dire une pièce construite avec des matériaux durables et une porte d’entrée). Le champ d’application du recensement a été étendu pour couvrir également les hôpitaux publics, les entreprises qui opèrent non pas dans un local fixe tel que défini par le recensement, mais à côté de celui-ci (notamment la menuiserie, la fabrication de briques, la réparation de voitures et de motos ; etc.), les boulangers artisanaux et les ONG. 41 petite taille, et 93 % des entreprises sont exploitées par un seul propriétaire sans employés et leur chiffre d’affaires annuel moyen est inférieur à 5 000 USD. Un peu plus de 2 000 entreprises au Togo ont un chiffre d’affaires annuel supérieur à 100 000 USD,36 et à peine 303 grandes entreprises ont un chiffre d’affaires dépassant 1,7 million USD. Ces dernières sont principalement présentes dans les secteurs des banques, de l’industrie (produits agroalimentaires et industriels), des services (assurances, hôtellerie, transit et logistique, manutention portuaire), des mines, de la construction, des travaux publics et du commerce. Par ailleurs, seulement 14,5 %, soit environ 17 000 entreprises recensées sont formelles, représentant 41,8 % des emplois. La majorité des entreprises recensées sont localisées dans le sud du pays, la région de Lomé regroupant plus de 60 % des entreprises et représentant 71 % des emplois.37 63. Le secteur privé formel n’a pas créé suffisamment d’emplois pour absorber une main-d’œuvre croissante et progressivement mieux éduquée. L’élasticité emploi-ventes pour les entreprises formelles a quelque peu diminué au fil du temps et est plus faible au Togo que dans certains pays pairs. L’élasticité de la croissance de l’emploi par rapport aux ventes dans les entreprises formelles est passée de 0,95 à 0,82 entre 2009 et 2016, ce qui indique que les entreprises n’ont pas nécessairement embauché des travailleurs à la suite de la croissance de leurs ventes.38 L’élasticité de la croissance de l’emploi par rapport au PIB du Togo est également inférieure à celle de ses pairs structurels, dont le Bénin (1,8 en 2016), la Guinée (0,96 en 2016) et la Sierra Leone (0,82 en 2017).39 Ses pairs d’Asie de l’Est affichent une élasticité de croissance de la création d’emplois par rapport au chiffre d’affaires beaucoup plus élevée, avec 3,1 et 5,5 respectivement pour le Cambodge (2016) et le Bangladesh (2013), ce qui témoigne d’une poussée de croissance à forte intensité de main-d’œuvre dans ces pays. FIGURE 2.3.1 Élasticité de la croissance de l’emploi par rapport à la croissance des ventes (moyenne) dans les entreprises formelles, par pays Élasticité de la croissance de 6 5,5 l’emploi par rapport à la croissance des ventes 5 4 (moyenne) 3,1 3 2 1,8 0,69 0,71 0,82 0,86 0,95 0,96 1 0,45 0 20 roc 20 ana 20 nda 20 go 20 one 20 go 20 née 20 nin 20 dge 20 esh 19 13 19 16 17 09 16 16 16 13 To To a Bé d h ui a Le bo M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 64. L’élasticité de la croissance des emplois par rapport aux ventes dans les entreprises formelles diffère également selon le secteur, mais ses résultats sont différents de ceux de l’économie globale. En 2016, l’élasticité emplois-PIB était la plus élevée dans le secteur de la construction, à 0,91, suivie de près par le secteur manufacturier, à 0,9, et le secteur des services, à 0,68. Les entreprises formelles de la fabrication et de la construction se distinguent donc par une plus forte intensité de main-d’œuvre par rapport aux entreprises formelles 36 INSEED définit les grandes entreprises comme celles dont le chiffre d’affaires est supérieur à 1 milliard de FCFA, les moyennes entreprises comme celles dont le chiffre d’affaires se situe entre 1 milliard et 60 millions de FCFA, et les petites entreprises comme celles dont le chiffre d’affaires est inférieur à 60 millions de FCFA (environ 100 000 USD). 37 Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. 38 Les dernières données disponibles dans l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale pour le Togo datent de 2016. L’analyse a pris en compte les données de 2011 et 2016 dans la préparation de la rédaction de ce chapitre. 39 Les propriétaires d’entreprise et les cadres supérieurs répondent à l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale. Parfois, le répondant à l’enquête convoque les comptables de l’entreprise et les responsables des ressources humaines à l’entretien pour répondre aux questions des sections sur les ventes et la main-d’œuvre de l’enquête. Les secteurs de la fabrication et des services sont les principaux secteurs d’activité d’intérêt et les entreprises formelles (enregistrées) comptant cinq employés ou plus sont ciblées pour les entretiens. 42 FIGURE 2.3.2 Élasticité de la croissance de l’emploi par rapport aux ventes (moyenne), Togo 1,0 0,91 0,9 0,9 de l’emploi par rapport aux Élasticité de la croissance 0,8 0,68 ventes (moyenne) 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Services Manufacturier Construction Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.3 Élasticité de la croissance de l’emploi par rapport aux ventes (moyenne) dans le secteur des services, par pays 5,9 Élasticité de la croissance 6 de l’emploi par rapport aux ventes (moyenne) 3,9 4 2 0,68 0,7 0,81 0,99 1,3 0,3 0 –2 –4 –3,1 –6 –8 –7 20 dge 20 esh 20 roc 20 go 20 nda 20 ana 20 one 20 née 20 go 20 nin 16 13 19 16 19 13 17 16 09 16 To To a Bé d h ui bo a Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.4 Élasticité de la croissance de l’emploi par rapport aux ventes (moyenne) dans le secteur manufacturier, par pays 4 Élasticité de la croissance 3,7 de l’emploi par rapport aux ventes (moyenne) 3,5 3 2,5 2 1,8 1,5 0,71 0,73 0,74 0,8 0,83 0,9 1 0,57 0,5 0,33 0 20 go 20 roc 20 ana 20 nda 20 one 20 nin 20 dge 20 go 20 née 20 esh 09 19 13 19 17 16 16 16 16 13 To To a Bé d h ui a Le bo M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 43 de services. Dans le secteur des services formels, l’élasticité de la création d’emplois par rapport à la croissance des ventes a considérablement diminué entre 2009 et 2016, passant de 3,9 à 0,68. Dans le secteur manufacturier formel, le Togo avait une très faible élasticité emplois/ventes en 2009 (0,33), qui a presque triplé pour atteindre 0.9 en 2016, ce qui le place devant la plupart de ses pairs structurels et aspirationnels, ainsi que du Cambodge. Le taux d’entrée des entreprises formelles est en hausse depuis 2017 et devrait améliorer l’élasticité emplois-PIB 65. Au cours de la dernière décennie, le taux d’entrée de nouvelles entreprises (formelles) du Togo a régulièrement augmenté, ce qui marque une évolution positive susceptible d’améliorer l’évolution dans le temps de l’élasticité de la croissance de l’emploi par rapport au PIB. Le taux d’entrée de nouvelles entreprises au Togo pour 1 000 adultes en âge de travailler est passé de 0,15 en 2009 à 0,94 en 2020, montrant une nette tendance à la hausse, surtout depuis 2017. De nouvelles entreprises formelles ont notamment été créées dans le secteur des services dans les zones urbaines, avec pour résultat une augmentation de l’emploi salarié. L’augmentation du taux d’entrée est susceptible d’améliorer dans le temps l’élasticité de la croissance de l’emploi par rapport à la croissance du PIB, pour autant que cette tendance positive se poursuive au cours de la reprise post pandémie de COVID-19. FIGURE 2.3.5 Entrée de nouvelles entreprises et évolution du taux d’entrée de nouvelles entreprises entre 2009 et 2020 5 000 1,00 Taux de densité des nouvelles entreprises Nombre de nouvelles sociétés à 4 500 0,90 (nouvelles SARL par 1 000 adultes) responsabilité limitée (SARL) 4 000 0,80 3 500 0,70 3 000 0,60 2 500 0,50 2 000 0,40 1 500 0,30 1 000 0,20 500 0,10 0 0 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Année Nombre de nouvelles sociétés à responsabilité limitée (SARL) Taux de densité des nouvelles entreprises (nouvelles SARL par 1 000 adultes) Source : Calculs des auteurs basés sur la base des données de la Banque mondiale sur l’entrepreneuriat. 66. Les réformes gouvernementales visant à simplifier le processus d’enregistrement des entreprises ont eu pour résultat une augmentation des entrées de nouvelles entreprises depuis 2017. Les réformes mises en place au cours des dernières années ont permis de réduire le temps nécessaire à l’enregistrement d’une entreprise. Il s’agit notamment de la réduction des exigences en matière de capital minimum, de la diminution des frais d’enregistrement qui peuvent désormais être payés directement à un guichet unique, et de la suppression de l’exigence de notarisation des documents de l’entreprise. Entre 2004 et 2020, le nombre d’étapes requises pour enregistrer une entreprise a été réduit de 13 à 3.40 67. Le taux d’entrée des entreprises au Togo pour 2020 est aujourd’hui comparable à ceux du Bénin, du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, mais de nouveaux progrès sont nécessaires pour atteindre les taux 40 Réformes commerciales au Togo-Doing Business-Groupe de la Banque mondiale. 2020. 44 FIGURE 2.3.6 Taux d’entrée de nouvelles entreprises (sur base des enregistrements) pour 1 000 adultes en âge de travailler en 2020 Togo 0,94 Rwanda 2,17 Nigeria 0,88 Maroc 2,24 Guinée 0,45 Côte d'Ivoire 0,78 Cambodge 0,54 Bénin 0,61 0 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 Source : Calculs des auteurs basés sur la base des données de la Banque mondiale sur l’entrepreneuriat. d’entrée observés chez ses pairs aspirationnels. Si le Togo s’en sort relativement bien par rapport au Bénin et se situe à des niveaux similaires à ceux du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, il a encore du chemin à parcourir pour rattraper ses pairs aspirationnels, le Rwanda et le Maroc, qui affichent un taux d’entrée de 2,17 et 2,24 respectivement pour 2020. 68. Peu de femmes sont propriétaires d’entreprise formelles, même si leur nombre est en augmentation. La part des femmes dans les entreprises nouvellement enregistrées reste faible : moins d’un tiers appartenaient à des femmes en 2020. Toutefois, depuis 2014, le nombre de femmes propriétaires d’entreprises est constamment en hausse, passant de 22 % en 2014 à 32 % en 2020. Il convient de noter que les femmes ont tendance à travailler davantage dans le secteur informel et à faire face à des contraintes qui peuvent limiter leur capacité à contribuer au secteur privé formel. FIGURE 2.3.7 Le nombre et la part de femmes propriétaires de nouvelles entreprises augmentent régulièrement (2014 à 2020), mais le niveau de ces augmentations reste faible 3 000 35 Nombre de femmes propriétaires Part de femmes propriétaires de nouvelles entreprises, % 2 500 30 de nouvelles entreprises 25 2 000 20 1 500 15 1 000 10 500 5 0 0 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Nombre de femmes propriétaires de nouvelles entreprises Part de femmes propriétaires de nouvelles entreprises Source : Calculs des auteurs basés sur la base des données de la Banque mondiale sur l’entrepreneuriat. 45 La faible rentabilité liée à l’embauche d’employés supplémentaires pourrait expliquer en partie la faible élasticité de la croissance des emplois par rapport au PIB 69. La faible rentabilité de l’embauche d’employés supplémentaires est un facteur clé contribuant à la faible élasticité de la croissance de l’emploi par rapport au PIB au Togo. Les coûts totaux de la main- d’œuvre par rapport aux coûts de production, et le salaire par travailleur par rapport au PIB par habitant sont élevés. Puisque la productivité reste faible, la rentabilité par rapport aux coûts de la main-d’œuvre par travailleur est faible. 70. Pour les entreprises formelles au Togo, la part des coûts de production (hors capital) allant aux salaires, aux avantages sociaux et aux cotisations de sécurité sociale est relativement élevée. À 70 %, la part des coûts de main-d’œuvre dans les coûts de production était très élevée au Togo en 2016 lorsqu’on la compare aux pairs d’Asie de l’Est (Cambodge à 26 % et Bangladesh à 33 %), et reste quelque peu élevée par rapport au Ghana (54 % en 2013) et à la Sierra Leone (55 % en 2017). Le coût de la main-d’œuvre, une considération importante pour les entreprises lorsqu’elles évaluent la rentabilité de l’embauche de travailleurs supplémentaires, peut donc freiner la capacité de l’économie à créer davantage d’emplois salariés formels. FIGURE 2.3.8 Coût total de la main-d’œuvre (% du coût de production), par pays 75 78 80 69 70 66 main-d’œuvre (% du coût de production) Coût total de la 60 54 55 40 33 26 20 0 20 dge 20 esh 20 ana 20 one 20 nin 20 nda 20 go 20 roc 20 née 16 13 13 17 16 19 16 19 16 To a Bé d h ui bo Le a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.9 Salaire par travailleur par rapport au PIB par habitant, par pays 3 000 (% du PIB par habitant) Salaire par travailleur 2 500 2 446 2 000 1 500 1 000 724 549 500 336 102 165 192 194 202 0 20 ana 20 one 20 nin 20 esh 20 roc 20 née 20 go 20 dge 20 nda 13 17 16 13 19 16 16 16 19 To a Bé d h ui Le bo a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 46 71. Les coûts de main-d’œuvre par travailleur (avant impôts sur les salaires) sont élevés par rapport au PIB par habitant. Le salaire par travailleur du Togo par rapport au PIB par habitant s’élevait à 549 % en 2016, soit plus que dans tous les pays pairs à l’exception du Cambodge (724 % en 2016) et du Rwanda (2 446 % en 2019). Le coût du travail par travailleur par rapport au PIB par habitant est le plus faible au Ghana (102 % en 2013), en Sierra Leone (165 % en 2017) et au Bénin (192 % en 2016). 72. Employer des travailleurs supplémentaires est devenu moins rentable pour les entreprises formelles au Togo entre 2009 et 2016. La rentabilité par travailleur rapportée aux coûts de la main-d’œuvre par travailleur a chuté de 35 % en 2009 à 13 % en 2016. Outre le Ghana et les pairs du Togo en Asie de l’Est, tous les pairs aspirationnels et structurels affichent une rentabilité plus élevée par rapport aux coûts du travail par travailleur. FIGURE 2.3.10 Rentabilité par travailleur par rapport aux coûts de la main-d’œuvre par travailleur, par pays main-d’œuvre par travailleur par rapport aux coûts de la 60 Rentabilité par travailleur 45 40 35 26 28 20 20 13 14 6,6 0 –20 –9,8 –40 –60 –48 20 ana 20 dge 20 esh 20 go 20 nin 20 one 20 roc 20 née 20 go 20 nda 13 16 13 16 16 17 19 16 09 19 To To a Bé d h ui bo Le a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 73. Le coût élevé de la main-d’œuvre peut être responsable de la baisse de l’élasticité de l’emploi par rapport aux ventes parmi les entreprises formelles au Togo. La part très importante de la main-d’œuvre dans le coût de production et la faible productivité par travailleur par rapport aux coûts de main-d’œuvre par habitant incitent peu les entreprises à embaucher des travailleurs supplémentaires, ce qui freine la création d’emplois dans l’économie formelle du Togo. Compte tenu de la productivité et des revenus, le coût total du travail (salaire, fiscalité et sécurité sociale) n’est pas compétitif et peut expliquer pourquoi les entreprises hésitent à embaucher des salariés 74. Les augmentations du salaire minimum de 2008 et 2012 au Togo ont rendu l’embauche de travailleurs moins qualifiés et moins bien rémunérés soudainement plus coûteuse pour les entreprises formelles par rapport à la valeur ajoutée par travailleur. L’augmentation dans le temps de la valeur ajoutée par habitant dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie a été inférieure à l’augmentation du salaire minimum formel de 2008 et 2012. Au moins 50 % des salariés en milieu urbain et des travailleurs du secteurs de l’industrie gagnaient moins en 2011 que le salaire minimum éventuel de 2012, et les salaires médians des travailleurs agricoles étaient bien inférieurs au salaire minimum. De plus, les salaires médians dans les zones rurales sont restés bien inférieurs au salaire minimum dans tous les secteurs, à l’exception des services, ce qui suggère que le respect des exigences dans le secteur formel n’était probablement pas viable pour ces entreprises. 47 FIGURE 2.3.11 Tendances du salaire minimum réel et de la valeur ajoutée par travailleur, agriculture et industrie 1,2 450 000 400 000 Valeur ajoutée (a l’échelle) 1,0 350 000 Salaire minimum en par travailleur 0,8 300 000 2010 LCU 250 000 0,6 200 000 0,4 150 000 100 000 0,2 50 000 0 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Année PIB agricole réel (à l’échelle) par travailleur PIB industriel (à l’échelle) par travailleur Salaire minimum Source : Comptes nationaux. TABLEAU 2.3.1 Salaires mensuels médians en CFA courants Tout Agriculture Industrie Services Urbain 2011 35 000 6 462 32 000 40 000 2015 50 000 35 000 50 000 50 400 2018 45 000 30 000 35 000 45 000 Rural 2011 12 681 5 815 21 000 35 000 2015 16 154 13 000 15 000 25 000 2018 33 600 21 000 25 000 35 000 Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM et QUIBB. 75. Les tendances du marché du travail de ces dernières années semblent confirmer que le coût de la main-d’œuvre est trop élevé pour permettre à l’économie de créer suffisamment d’emplois. Alors que la part des travailleurs dans l’emploi salarié privé est passée de 6,9 % à 14,8 % entre 2006 et 2011, elle s’est contractée à 13,4 % après l’augmentation du salaire minimum en 2012. Dans le même temps, la part des travailleurs indépendants et en âge de travailler est passée de 28,9 % en 2006 à 33,2 % en 2018. 48 FIGURE 2.3.12 Emploi au fil des ans, âge 15–64 ans 100 27 28,2 26,8 80 Pourcentage 60 28,9 28,4 33,2 40 24,3 24,7 32,8 20 14,8 13,4 6,9 0 4,3 4,3 1,9 2006 2011 2018 Salarié du public Salarié du privé Travailleur indépendant agricole Travailleur indépendant Autre non-agricole Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM et QUIBB. 76. Ces tendances diffèrent selon le niveau d’éducation des travailleurs. La part de l’emploi salarié pour les Togolais n’ayant pas terminé leurs études primaires a augmenté entre 2006 et 2011, mais a ensuite diminué du fait du retour de nombreux Togolais dans l’emploi indépendant. La tendance inverse se produit parmi les Togolais qui ont terminé leurs études secondaires ou supérieures, ce qui indique que la hausse du coût de la main-d’œuvre a poussé les travailleurs moins qualifiés hors de l’économie formelle basée sur les salaires. FIGURE 2.3.13 Emploi au fil des ans par niveau d’éducation, âge 15–64 ans 100 90 22,3 16,9 21 31,4 25,7 29,6 80 45,2 53,3 4,1 16,4 53 9,4 70 64,7 64,7 60,7 Pourcentage 73,5 67,5 67,5 10,6 1,8 60 12,9 24,1 50 1,3 40 73,6 33,3 23,8 30,8 66,7 67,8 30 55,6 1,8 58,5 22,3 27 50,2 22,5 20 23,6 29,8 28,2 10 21,5 1,1 21,4 3 15,9 13 12,3 0,7 3,5 0 5,5 9 n et et et s n e et et s n e et et s re re re et et io io io pl pl pl pl pl pl pl ai ai ai at at pl at pl m m m m m m m nd nd nd m m uc uc uc co co co co co co co co co co co co éd éd éd in in in in re re re in in se se se ns re re ns re ns re ai ai ai t- t- t- re re nd nd nd ai ai ai ai Sa Sa Sa os os os ai ai im nd nd nd co co co /p /p /p im im Pr co co co es es es Se Se Se Pr Pr ur ur ur Se Se Se rie rie rie pé pé pé su su su es es es ud ud ud Ét Ét Ét 2006 2011 2018 Employé rénuméré Employeur Employé non rémunéré Travailleur indépendant Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM et QUIBB. 49 77. Un retour vers le travail agricole a eu lieu entre 2011 et 2018, en particulier pour les jeunes. La part de l’emploi agricole a diminué de 53,2 % en 2006 à 41,0 % en 2011, avec une augmentation de l’emploi dans l’industrie. Cependant, ces tendances se sont inversées entre 2011 et 2018, ramenant la part de l’emploi agricole à 43,1 %. L’inversion de tendance est particulièrement prononcée chez les jeunes (15–24 ans). FIGURE 2.3.14 Industrie dans le temps et par âge, 15–64 ans a) Les secteurs dans le temps b) Les secteurs par tranche d’âge dans le temps 100 100 90 90 33,3 35,1 32,8 80 39,9 41,8 41,1 80 45,7 40,1 45,9 41,3 46,5 41,4 70 70 Pourcentage 6,2 60 Pourcentage 60 6,4 19,8 19,5 7 50 8,7 15,4 14 50 17,2 15,8 19 16,3 40 40 30 60,6 53,5 47,7 30 45,7 45,2 43,3 44,6 53,2 20 35,2 37,2 20 41 43,1 10 10 0 4 4 4 4 4 4 4 4 4 0 –2 –3 –6 –2 –3 –6 –2 –3 –6 15 25 35 15 25 35 15 25 35 2006 2011 2018 2006 2011 2018 Agriculture Industrie Services Agriculture Industrie Services Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM et QUIBB. 78. L’impôt sur le revenu du travail et les cotisations de sécurité sociale sont élevés au Togo et pourraient pousser certains travailleurs et entreprises vers le secteur informel. Au Togo, le poids total des impôts41 représente 24,5 % de la masse salariale (à l’exclusion d’autres impôts sur le revenu). Les entreprises paient un impôt de 3 % sur les salaires bruts et 17,5 % de cotisations de sécurité sociale, tandis que les salariés contribuent à hauteur de 4 % à la sécurité sociale. Les cotisations de sécurité sociale pour les employés salariés du secteur privé formel comprennent 12,5 % pour la pension de vieillesse, 3 % pour les prestations familiales et 2 % pour les accidents du travail. Les cotisations de sécurité sociale du Togo en tant que part des salaires bruts se situent à des niveaux similaires à ceux du Bénin (16,4 %), du Maroc (15,38 %) et de la Guinée (18 %), mais bien au-dessus du Rwanda (avec 5,3 % payés par l’employeur et 3,3 % par l’employé). En outre, les impôts et les cotisations sociales en tant que part des bénéfices sont plus élevés au Togo que parmi ses pairs d’Asie de l’Est ainsi qu’au Rwanda, en Sierra Leone et au Ghana, selon les données 2020 de Doing Business. La part élevée de l’imposition du travail et des cotisations de sécurité sociale et les coûts de main-d’œuvre élevés qui en découlent pourraient pousser certaines entreprises vers le secteur informel. 79. Les entreprises togolaises embauchent une part plus importante de travailleurs sur une base temporaire que dans d’autres pays, ce qui semble confirmer l’existence de contraintes liées à la rentabilité de l’embauche de travailleurs supplémentaires. Au Togo, la part des travailleurs temporaires est passée de 11 % à 12 % de l’ensemble des travailleurs entre 2009 et 2016. Cette proportion est plus élevée que dans tous les pays pairs du Togo, allant de 1,6 % au Bangladesh (2013) à 8,3 % au Rwanda (2019). Cela pourrait indiquer que les entreprises évitent les réglementations associées aux travailleurs plus permanents. 80. Les entreprises manufacturières togolaises utilisent plus de travailleurs semi-qualifiés et moins de travailleurs non-qualifiés que les entreprises des pays pairs, ce qui pourrait être le résultat de coûts de 41 Le poids total des impôts est défini comme le rapport entre le montant des impôts payés par un travailleur moyen (personne seule à 100 % du salaire moyen) et le coût total du travail correspondant pour l’employeur. 50 FIGURE 2.3.15 Impôts et cotisations sur le travail en tant que part des bénéfices 30 28,6 Impôts et cotisations sur 26,4 le travail en tant que 23,3 part des bénéfices 25 23,1 20 14,7 15 11,3 10 6 5 2,3 0 0 sh e da e na o oc n e dg on né g ni de ar an ha To Bé ui bo Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Source : Données Doing Business 2020. Si FIGURE 2.3.16 Proportion de travailleurs temporaires (sur l’ensemble des travailleurs) par pays l’ensemble des travailleurs) Proportion de travailleurs 14 12 12 11 temporaires (sur 10 8,3 7,9 8 6,4 6,2 6 5,1 4 3 1,6 1,8 2 0 20 esh 20 dge 20 née 20 one 20 roc 20 ana 20 nin 20 nda 20 go 20 go 13 16 16 17 19 13 16 19 09 16 To To a Bé d ui h bo Le a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.17 Proportion de travailleurs semi-qualifiés et non-qualifiés (par rapport au total des travailleurs de la production, %), par pays a) Proportion de travailleurs b) Proportion de travailleurs semi-qualifiés non-qualifiés semi-qualifiés (en % du total des Proportion de travailleurs non travailleurs de la production) qualifiés (en % du total des travailleurs de la production) Proportion de travailleurs 50 44 45 50 40 40 35 32 27 29 30 30 24 20 21 19 20 20 17 10 10 7,3 0 0 20 née 20 roc Si 20 da 20 one 20 nin 20 go 20 née 20 go Si 20 nin 20 one 20 nda 20 roc 16 19 er 19 17 16 16 16 16 er 16 Rw 7 19 19 an To To a a Bé Bé 1 ui ui Le Le a M M Rw G G ra ra Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 51 main-d’œuvre relativement élevés. Le secteur manufacturier n’utilisait en 2016 que 17 % des travailleurs non- qualifiés, 45 % de semi-qualifiés et 38 % de hautement qualifiés. La part des travailleurs non-qualifiés n’est plus faible qu’en Guinée (7,3 % en 2016). Dans aucun des pays pairs, les entreprises manufacturières n’ont une part plus élevée de travailleurs semi-qualifiés. Ces chiffres semblent indiquer que le niveau actuel des coûts de la main- d’œuvre restreint considérablement les possibilités d’emploi des travailleurs non-qualifiés dans le secteur formel. Le financement extérieur reste coûteux et son accès limité, même s’il diffère selon les secteurs 81. L’accès au financement peut limiter la croissance des entreprises togolaises, mais généralement, cette contrainte sur l’accès au financement ne semble pas être un obstacle aussi important au Togo que dans d’autres pays. Si les entreprises formelles du Togo perçoivent l’accès au financement comme une contrainte majeure, l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale n’en fait pas état aussi souvent que dans certains pays pairs. Selon cette enquête, 51 % des entreprises togolaises en 2016 ont identifié l’accès au financement comme une contrainte majeure dans la conduite des affaires. Ce pourcentage est plus élevé qu’au Rwanda (17 % en 2019), au Maroc (28 % en 2019), en Guinée (30 % en 2016) et au Bénin (43 % en 2016). Malgré cela, l’accès au financement n’est pas perçu comme l’obstacle le plus important : seulement 24 % des entreprises formelles togolaises perçoivent l’accès au financement comme la principale contrainte, un pourcentage inférieur à celui du Rwanda (31 % en 2019), du Bénin (33 % en 2016), de la Sierra Leone (40 % en 2017) et du Ghana (50 % en 2013). FIGURE 2.3.18 Part des entreprises identifiant l’accès aux finances comme une contrainte majeure, par pays 70 65 Part des entreprises identifiant 62 l'accès aux finances comme 60 une contrainte majeure 51 50 43 40 28 30 30 23 20 17 17 10 0 20 dge 20 nda 20 esh 20 roc 20 née 20 nin 20 go 20 ana 20 one 16 19 13 19 16 16 16 13 17 To a Bé d ui h bo a Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.19 Part des entreprises identifiant l’accès au financement comme la principale contrainte, par pays 60 Part des entreprises identifiant l’accès au financement comme 50 50 la principale contrainte 40 40 33 31 30 24 20 14 10 6,5 7,6 4,3 0 20 roc 20 née 20 dge 20 esh 20 go 20 nda 20 nin 20 one 20 ana 19 16 16 13 16 19 16 17 13 To a Bé d ui h bo a Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 52 82. En outre, bien que la part des prêts nécessitant une garantie soit élevée au Togo, le niveau de garantie est normal. Au Togo, 91 % des prêts nécessitent une garantie, seulement dépassé par le Rwanda (99 % en 2019), et la Guinée (100 % en 2016). Dans le même temps, la valeur des garanties nécessaires pour un prêt est à peu près aussi élevée que dans les pays pairs du Togo et n’a pas fondamentalement changé entre 2009 et 2016. FIGURE 2.3.20 Proportion de prêts nécessitant une garantie, par pays 99 100 100 91 87 Proportion de prêts 80 84 78 79 nécessitant une 80 garantiel (%) 72 60 40 20 0 20 roc 20 dge 20 nin 20 ana 20 esh 20 one 20 go 20 nda 20 née 19 16 16 13 13 17 16 19 16 To a Bé d h ui bo Le a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.21 Valeur de la garantie nécessaire pour un prêt (pourcentage du montant du prêt), par pays 400 Valeur de la garantie nécessaire 356 pour un prêt (pourcentage du 300 271 montant du prêt) 231 240 231 238 226 200 165 100 63 0 20 esh 20 nin 20 dge 20 ana 20 roc 20 nda 20 one 20 go 20 go 13 16 16 13 19 19 17 09 16 To To a Bé d h bo a Le M la G Rw m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 83. Par rapport à ses pairs, une plus grande part des entreprises togolaises utilise les banques pour financer leurs investissements et leurs fonds de roulement. En 2016, 26 % et 40 % des entreprises formelles togolaises ont eu recours aux banques, respectivement, pour financer leurs investissements et leurs fonds de roulement, ce qui est plus élevés que chez tous les pairs structurels et d’Asie de l’Est. Il n’y a qu’au Maroc qu’une plus grande part des entreprises accède aux prêts bancaires pour financer les investissements ou les fonds de roulement, avec respectivement 44 % et 45 % en 2019. En conséquence, la part des investissements financés par des fonds internes est plus faible pour les entreprises au Togo, à l’exception du Maroc : alors que les entreprises formelles financent 65 % des investissements avec des fonds propres au Togo, cette part s’élève à 54 % pour le Maroc, mais atteint 89 % pour le Rwanda (2019) parmi les pairs aspirationnels, 92 % en Guinée (2016) parmi les pairs structurels, et 96 % au Cambodge (2016) parmi les pairs d’Asie de l’Est. 84. Toutefois, les données de l’enquête sur les entreprises de 2016 pourraient ne pas rendre compte de certaines contraintes sur la croissance des entreprises liées au financement. Le portefeuille bancaire au 53 FIGURE 2.3.22 Part des entreprises utilisant les banques pour financer leurs investissements, par pays 50 Part des entreprises utilisant 44 les banques pour financer 40 leurs investissements 30 26 20 21 20 12 12 7 9,2 10 2,5 0 20 dge 20 one 20 née 20 nin 20 nda 20 esh 20 ana 20 go 20 roc 16 17 16 16 19 13 13 16 19 To a Bé d ui h bo Le a M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.23 Part des entreprises utilisant les banques pour financer leur fonds de roulement, par pays les banques pour financer leur 50 Part des entreprises utilisant 43 45 40 40 fonds de roulement 30 30 25 26 20 18 11 8,6 10 0 20 one 20 née 20 dge 20 ana 20 nin 20 esh 20 go 20 nda 20 roc 17 16 16 13 16 13 16 19 19 To a Bé d ui h Le bo a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.24 Proportion d’investissements financés par des fonds propres, par pays 96 d’investissements financés par des fonds propres (%) 100 89 90 91 92 80 75 76 65 Proportion 60 54 40 20 0 oc go h es 3 na da n ni 6 e e né 6 e ar 19 To 016 ha 13 an 019 on 7 dg 16 M 20 l ad 201 G 20 Bé 201 Le 201 ui 01 bo 20 2 n g Rw 2 r a G 2 m Ba er Ca Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 54 Togo est concentré dans quelques secteurs. Selon les données de la BCEAO, près de 80 % des crédits bancaires sont allés au secteur des services en 2020 : 28 % sont allés au commerce et aux services d’accueil, 24 % aux services divers, 17 % aux transports et 18 % à la construction. Moins de 1 % est allé à l’agriculture, ce que les opérateurs financiers expliquent par le manque d’historique de crédit et le haut degré d’informalité. La numérisation des paiements représente une opportunité d’améliorer l’inclusion financière, notamment pour les petites entreprises, dans un contexte où l’accès aux services financiers physiques reste faible.42 Par ailleurs, les données FINDEX de la Banque mondiale indiquent des différences entre les sexes en termes d’inclusion financière au Togo : en 2021, 29 % des hommes contre 21 % des femmes de plus de 15 ans avaient un compte dans une institution financière ; 12 % des hommes contre 11 % des femmes de plus de 15 ans avaient épargné dans une institution financière ; et 49 % des hommes contre 39 % des femmes de plus de 15 ans avaient effectué ou reçu un paiement numérique.43 Plusieurs risques et distorsions microéconomiques ont un effet négatif sur l’entrée de nouvelles entreprises et la création d’un plus grand nombre d’emplois de bonne qualité 85. Les entreprises formelles togolaises considèrent les taux d’imposition comme la principale contrainte sur l’environnement des affaires. Ces taux sont cités comme la principale contrainte par 55,8 % des entreprises togolaises interrogées en 2016, un pourcentage qui dépasse celui des entreprises des pays pairs. Dans l’enquête auprès des entreprises de 2016, 56 % des entreprises togolaises ont identifié les taux d’imposition comme une contrainte majeure, alors que cette part varie dans les pays pairs de 6,5 % au Cambodge (en 2016) à 52 % au Ghana (en 2013). De même, 26 % des entreprises togolaises ont identifié les taux d’imposition comme la principale contrainte en 2016, un pourcentage plus élevé que parmi tous les pays pairs. FIGURE 2.3.25 Part des entreprises identifiant le domaine de l’environnement des affaires comme une contrainte majeure Taux d’imposition 55,8 Accès au financement 51,2 Pratiques des concurrents dans le secteur formel 50,6 Électricité 50,1 Instabilité politique 46,6 Corruption 44,7 Administration fiscale 41,5 Réglementations douanières et commerciales 35,8 Transport 35,5 Criminalité, vol et désordre 32 Une main-d'œuvre insuffisamment qualifiée 21,1 Accès à la terre 20,8 Licences et permis d’exploitation 15,2 Réglementation du travail 7,9 0 10 20 30 40 50 60 Source : Enquête sur les entreprises de la Banque mondiale 2016. 42 Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. 43 Banque mondiale, données FINDEX. https://www.worldbank.org/en/publication/globalfindex/Data. Accédé le 19 décembre 2022. 55 FIGURE 2.3.26 Part des entreprises identifiant les taux d’imposition comme une contrainte majeure, par pays Part des entreprises identifiant 60 56 les taux d’imposition comme 52 47 une contrainte majeure 50 38 40 40 36 30 20 11 10 6,5 7,3 0 20 dge 20 esh 20 nda 20 née 20 one 20 roc 20 nin 20 ana 20 go 16 13 19 16 17 19 16 13 16 To a Bé d ui h bo a Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.27 Part des entreprises identifiant les taux d’imposition comme le principal obstacle, par pays 30 les taux d’imposition comme le Part des entreprises identifiant 26 25 24 principal obstacle 20 15 15 9,3 9,7 10 10 5,3 6,3 5 1,4 0 20 esh 20 ana 20 dge 20 one 20 née 20 nin 20 roc 20 nda 20 go 13 13 16 17 16 16 19 19 16 To a Bé d h ui bo Le a M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.28 Part des entreprises identifiant la corruption comme une contrainte majeure, par pays les taux d’imposition comme le Part des entreprises identifiant 60 50 50 44 45 46 46 principal obstacle 39 40 31 30 20 10 10 0,2 0 20 nda 20 dge 20 née 20 nin 20 ana 20 go 20 one 20 roc 20 esh 19 16 16 16 13 16 17 19 13 To a Bé d ui h a bo Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 56 86. La corruption au Togo affecte aussi négativement le climat général de l’investissement, décourageant ainsi l’entrée de nouvelles entreprises et la création d’emplois salariés. Dans l’enquête sur les entreprises, 45 % des entreprises togolaises ont identifié la corruption comme une contrainte majeure, ce qui est proche de la plupart des pairs à l’exception du Rwanda (0,2 % en 2019), du Cambodge (10 % en 2016) et de la Guinée (31 % en 2016). Cependant, 86 % des entreprises au Togo en 2016 ont indiqué avoir effectué des paiements informels, une part plus élevée que celle du seul Rwanda (100 % en 2019). L’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International a confirmé ces résultats, attribuant au Togo un score de 30 points sur 100 en 2021 et le classant 128e sur 180 pays. Le score du Togo est à peu près équivalent à celui de certains de ses pairs structurels comme la Guinée (score 25, classement 150) et la Sierra Leone (score 34, classement 115), mais bien en dessous du Bénin (score 42, classement 78) et de ses pairs aspirants tels que le Maroc (score 39, classement 87), le Ghana (score 43, classement 73) et le Rwanda (score 53, classement 52). Toutefois, les résultats du Togo sont meilleurs que ceux du Cambodge (score 23, classement 157) et du Bangladesh (score 26, classement 147), qui sont ses pairs d’Asie de l’Est. FIGURE 2.3.29 Part des entreprises ayant effectué des paiements informels, par pays 100 100 Part des entreprises ayant 86 effectué des paiements 82 80 76 informels 60 43 40 32 20 16 0 0 20 née 20 one 20 nin 20 roc 20 dge 20 ana 20 go 20 nda 16 17 16 19 16 13 16 19 To a Bé ui h Le bo a M G Rw G m ra Ca er Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. FIGURE 2.3.30 Indice de perception de la corruption 2021 (score sur 100, avec 0 très corrompu et 100 propre) 60 53 Indice de perception de 50 la corruption 2021 42 43 39 40 34 30 30 25 26 23 20 10 0 o e e n oc na da e sh né on dg g ni de ar ha an To Bé ui Le bo M la G Rw G m ng ra Ca er Ba Si Source : Transparency International. 57 FIGURE 2.3.31 Part des entreprises identifiant les pratiques des concurrents du secteur informel comme une contrainte majeure, par pays 60 les pratiques des concurrents du Part des entreprises identifiant 51 secteur informel comme une 50 50 42 42 39 contrainte majeure 40 32 29 30 20 14 9,1 10 0 20 esh 20 nda 20 ana 20 dge 20 née 20 roc 20 one 20 nin 20 go 13 19 13 16 16 19 17 16 16 To a Bé d h ui a bo Le M la Rw G G m ng ra Ca er Ba Si Source : Enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale. 87. Plus de la moitié des entreprises togolaises ont identifié les pratiques de concurrents informels comme une contrainte majeure, une proportion qui dépasse celle de tous les pays pairs. Malgré une saine concurrence dans la plupart des secteurs, le fait de devoir rivaliser avec les pratiques des concurrents informels est perçu comme « injuste », car les entreprises informelles ont tendance à être beaucoup moins contraintes par la réglementation et la fiscalité. Dans ce contexte, il est important de noter que le secteur privé est fortement fragmenté et dominé par le secteur informel, avec seulement 14,5 % ou environ 17 000 entreprises au Togo opérant dans le secteur formel. 88. L’économie togolaise n’a pas créé suffisamment d’emplois de bonne qualité pour absorber l’augmentation de la main-d’œuvre croissante, mais le gouvernement a introduit plusieurs réformes pour lever les contraintes liées à l’entrée de nouvelles entreprises formelles et à la création d’emplois : (a) Le nouveau Code du travail du Togo a introduit plus de souplesse dans la réglementation du travail. Le Code du travail 2021 du Togo a introduit plusieurs changements, notamment : (i) renforcement des mesures protégeant les travailleurs contre les discriminations liées à l’âge et au sexe, (ii) différents types de contrats et des descriptions des conditions associées, (iii) flexibilité quant aux modalités des horaires de travail et des conditions du travail à distance, (iv) assurance maladie obligatoire pour tous les employés, et (v) clarification quant à la création de syndicats et à leurs modalités de représentation. Les données internationales montrent que les économies dotées d’une réglementation souple de l’emploi ont tendance à avoir un secteur informel plus petit et donc plus d’emplois salariés formels. Les emplois salariés du secteur formel ont tendance à être de meilleure qualité que les emplois informels, avec des salaires plus élevés et une meilleure protection des travailleurs. Il existe une corrélation négative entre la part de l’emploi non-agricole dans le secteur informel et le score attribué à l’embauche des travailleurs (un indicateur qui permet de mesurer la flexibilité de la réglementation de l’emploi). Dans les économies où la réglementation de l’emploi est plus rigide, cette rigidité affecte plus les travailleurs non-qualifiés et semi-qualifiés que les entreprises, car ils ont tendance à ne pas trouver d’emplois salariés correspondant à leur niveau de qualification et sont poussés vers le secteur informel. 58 FIGURE 2.3.32 Les économies dotées d’une réglementation de l’emploi flexible ont des secteurs informels plus petits 100 Emploi non-agricole moyen dans le secteur 80 informel (% de l’emploi total) 60 40 20 0 0 20 40 60 80 100 Score d’embauche des travailleurs (0–100) Source : base de données Doing Business ; Base de données des indicateurs de développement dans le monde. (http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators), Banque mondiale. Note : La figure montre le score de l’ensemble d’indicateurs employant des travailleurs et le taux d’emploi informel (moyenne 2003– 2018). L’échantillon comprend 68 économies. La relation est significative au seuil de 1 pourcent après contrôle du revenu par habitant. (b) Les réformes ont simplifié le système fiscal. Depuis 2016, le gouvernement a introduit des réformes majeures pour simplifier le système d’imposition. Entre autres changements, le gouvernement a éliminé plusieurs taxes mineures — notamment sur les salaires, les impôts supplémentaires sur le revenu et les taxes spécifiques sur la fabrication et le commerce des boissons — et a abaissé le taux d’imposition des sociétés de 28 à 27 %. Les réformes ont cherché à améliorer la conformité et à faciliter le paiement des impôts.44 (c) Les réformes ont également simplifié le processus d’enregistrement des entreprises. Elles ont conduit à une augmentation de l’entrée de nouvelles entreprises depuis 2017. Au cours des dernières années, une série de réformes a permis de réduire le temps nécessaire à l’enregistrement d’une entreprise, notamment la réduction du capital minimum requis, la diminution des frais d’enregistrement qui peuvent désormais être payés directement à un guichet unique, et la suppression de la notarisation des documents. Entre 2004 et 2020, le nombre de procédures nécessaires à l’enregistrement d’une entreprise a diminué de 13 à 3.45 Le taux d’entrée des nouvelles entreprises au Togo pour 2020 est satisfaisant par rapport à celui du Bénin, du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, mais des progrès restent nécessaires pour atteindre les taux d’entrée observés chez ses pairs aspirants. (d) Le développement de plusieurs zones réservées à des projets a l’ambition et le potentiel d’améliorer les infrastructures industrielles en attirant de nouveaux investissements. Il s’agit notamment de la Plateforme Industrielle d’Adetikopé récemment inaugurée et située à 25 km au nord de Lomé, d’une zone économique spéciale (ZES). Elle est prévue dans le cadre du partenariat Togo-China Merchant Group signé en 2015, et du développement de 10 agropôles d’ici 2030. En outre, 44 Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. 45 Réformes commerciales au Togo-Doing Business-Groupe de la Banque mondiale. 59 une série de réformes ont rendu l’environnement des affaires plus propice à la croissance, notamment la simplification du processus de création d’une nouvelle entreprise, la rationalisation des exigences en matière d’enregistrement des biens et la réduction des coûts y afférents, ainsi que la facilitation de l’accès aux crédits.46 89. Les réformes du Togo, ainsi que les efforts en cours pour attirer davantage d’investissements, montrent l’engagement du gouvernement togolais à promouvoir davantage le développement du secteur privé, une politique fermement ancrée dans la Feuille de Route Gouvernementale 2020–2025. Ces réformes et ces efforts devraient permettre d’augmenter le nombre d’emplois de bonne qualité. Bien que les données de l’enquête sur les entreprises (ES) de 2016 n’aient pas permis d’évaluer les effets de ces réformes sur l’entrée de nouvelles entreprises et sur l’embauche par les entreprises formelles, ces réformes devraient améliorer les résultats lors du prochain cycle de l’ES. Ce sera l’occasion de réévaluer où en est le Togo dans ses efforts en vue de fournir des emplois de bonne qualité à tous les Togolais, mais aussi de faire le point sur des réformes supplémentaires qui pourraient être nécessaires du point de vue de l’emploi. 46 Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. 60 3. ANALYSES APPROFONDIES 90. S’appuyant sur l’analyse des contraintes macroéconomiques, de l’offre et de la demande de main-d’œuvre dans la première partie, le diagnostic sur l’emploi se concentre, dans une deuxième partie, sur trois domaines qui méritent d’être étudiés plus en détail. Les sujets d’approfondissement ont été identifiés sur la base des caractéristiques clés du marché du travail togolais mises en évidence dans l’analyse initiale, de la base de connaissances actuelle sur ces éléments et des consultations avec les partenaires. Sur cette base, la deuxième section du diagnostic de la situation de l’emploi se concentre sur les sujets suivants : (a) Évaluation de la résilience des travailleurs non pauvres du secteur informel, ou le « groupe négligé » de la protection sociale (b) Évaluation de la productivité des entreprises du secteur informel (c) Potentiel d’emplois dans l’agriculture, à la fois sur l’exploitation et en dehors de celle-ci 91. Les deux premières études approfondies sont motivées par le fait que 9 emplois sur 10 dans l’économie togolaise sont informels. Dans un avenir proche, l’aspect informel restera une caractéristique essentielle de l’économie togolaise. Si l’emploi informel est souvent associé à de faibles niveaux de productivité et de revenus, il peut également offrir une plus grande indépendance ; trois propriétaires d’entreprise sur dix citent le fait d’être leur propre patron comme principale motivation pour créer l’entreprise. En outre, le secteur informel est largement féminin, puisque 7 propriétaires d’entreprise sur 10 sont des femmes ; pourtant, les femmes entrepreneurs sont en moyenne moins productives que leurs homologues masculins. Les deux premiers approfondissements visent donc à mieux comprendre l’hétérogénéité des travailleurs et des entreprises du secteur informel afin d’identifier des options de politiques plus adaptées : 92. La première étude approfondie est consacrée aux travailleurs du secteur informel, et plus particulièrement aux ménages non pauvres qui tirent leurs revenus du secteur informel : ceux-ci n’ont pas accès aux régimes d’assurance sociale pour les travailleurs du secteur privé ou public dans le secteur formel, et ne sont pas non plus éligibles aux programmes sociaux ciblant les personnes en dessous du seuil de pauvreté. Ils sont généralement considérés comme le « groupe négligé » de la protection sociale, car aucun instrument de politique sociale n’est mis en place pour les protéger des chocs qui ont un impact sur leur emploi et leurs revenus. En fonction de leur niveau de résilience, ces ménages peuvent être amenés à recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs et risquent de sombrer dans la pauvreté. L’étude approfondie présente le paysage des régimes de protection sociale actuels et leurs populations cibles respectives. Il analyse ensuite les types et l’incidence des chocs auxquels sont confrontés les ménages, avant d’évaluer le niveau de résilience du « groupe négligé » comme base pour explorer des options de politiques plus adaptées afin d’étendre la protection sociale (par le biais de régimes contributifs et non contributifs) à tous les groupes de populations. 93. La deuxième étude approfondie porte sur les entreprises du secteur informel, c’est-à-dire les entreprises dirigées par des travailleurs du secteur informel qui ne sont pas enregistrées et qui ne paient pas d’impôts. Si, dans le passé, les options de politiques ont eu tendance à mettre l’accent sur la formalisation, elles se sont révélées inefficaces, à moins de cibler les entreprises du secteur informel dont le profil est proche de celui des entreprises formelles. Le Togo a réalisé d’importants progrès dans la simplification des procédures d’enregistrement des entreprises, ce qui a permis d’augmenter considérablement le nombre d’entreprises enregistrées au cours des dernières années. Cependant, la formalisation ne concerne pas seulement les coûts de passage à l’économie formelle, mais également les coûts liés à l’exercice d’une activité déclarée, y compris le 61 paiement des impôts et le respect de la réglementation du travail. En fonction du niveau de productivité et de la structure des entreprises du secteur informel, cet objectif pourrait ne pas être réalisable et conduire certaines entreprises à cesser leurs activités. L’étude approfondie présente les résultats d’une analyse par grappes qui vise à mettre en lumière l’hétérogénéité des entreprises du secteur informel : certaines sont bien structurées, relativement plus productives et mieux intégrées au marché, tandis que d’autres pourraient être désignées comme activités de subsistance peu productives. Le groupe intermédiaire présente un certain potentiel de croissance, et des politiques ciblées pourraient aider ces entreprises à devenir plus productives, mieux structurées et mieux intégrées aux marchés, ce qui augmenterait les revenus de celles qui sont engagées sur une trajectoire de formalisation à moyen et à long terme. 94. La troisième étude approfondie est axée sur les emplois dans le secteur agricole, compte tenu de son importance pour l’économie du Togo. L’agriculture et les activités connexes tout au long de la chaîne de valeur, y compris la fourniture d’intrants et les activités post-récolte, représentent 2 emplois sur 3 au Togo. Malgré de faibles niveaux de productivité, en particulier pour les activités agricoles, les chaînes de valeur agricoles sont un moyen d’offrir des emplois liés à l’exploitation et en dehors de celle-ci, à des travailleurs présentant un large éventail de profils de compétences. Cette étude examine les principales caractéristiques de l’emploi dans le secteur agricole du Togo. Elle présente ensuite les principales conclusions d’une récente étude de la Banque mondiale sur les emplois dans les chaînes de valeur, en se concentrant sur le karité, le poivre rouge et le gingembre en tant qu’exemples de chaînes de valeur à fort potentiel pour de meilleurs résultats en matière d’emploi. Les conclusions et les recommandations découlent de l’observation du développement de la chaîne de valeur agricole sous l’angle explicite de l’emploi ; une approche qui justifie une plus grande attention pour identifier et utiliser les synergies au croisement des politiques de l’emploi et de l’agriculture. 3.1 LES TRAVAILLEURS INFORMELS NON PAUVRES PEUVENT ÊTRE VULNÉRABLES AUX CHOCS ET REPRÉSENTENT LE « GROUPE NÉGLIGÉ » DE LA PROTECTION SOCIALE, À SAVOIR CEUX QUI NE SONT PAS COUVERTS 95. L’informalité est multidimensionnelle et affecte les entreprises et les travailleurs. L’OIT définit l’informalité de deux façons : sur la base de la situation de l’entreprise, d’une part, et sur celle de la main-d’œuvre d’autre part. La définition la plus courante de l’informalité en fonction de la situation de l’entreprise se fonde sur le critère juridique et fiscal de son enregistrement. Au Togo, une entreprise qui n’est pas enregistrée auprès du Centre de Formalité des Entreprises (CFE) et qui ne paie pas de taxes à l’Office Togolais des Recettes (OTR) est définie comme informelle. L’informalité définie en fonction de la situation de la main-d’œuvre implique que ses travailleurs ne sont pas enregistrés auprès de la Caisse de Retraites du Togo (CRT) ou de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). L’enregistrement des employés auprès de la CNSS représente généralement la dernière étape administrative du processus de formalisation de l’entreprise. En réalité, l’informalité est un continuum avec différents niveaux de formalité selon les entreprises : certaines entreprises paient des impôts au niveau local, mais sont de facto informelles ; d’autres sont enregistrées auprès du CFE et paient des impôts, mais leurs employés ne sont pas enregistrés auprès de la CNSS. Les ménages informels non-pauvres forment près de la moitié de la population togolaise et sont considérés comme le « groupe négligé » de la protection sociale 96. Les programmes de protection sociale du Togo sont conçus pour couvrir les travailleurs du secteur formel et les pauvres. Le Togo dispose de régimes de protection sociale contributifs et non-contributifs, couvrant respectivement les travailleurs du secteur formel et les ménages en dessous du seuil de pauvreté. Les prestations d’assurance sociale — vieillesse, invalidité, survivants, maladie et maternité (congé de maladie) — couvrent tous les fonctionnaires et travailleurs officiellement employés dans le secteur privé par le biais de deux régimes de retraite contributifs distincts : la CRT est le régime du secteur public, qui compte au total 19 300 bénéficiaires et 34 000 cotisants (fonctionnaires et militaires), et la CNSS est le régime du secteur privé, qui compte 40 240 62 bénéficiaires et 129 161 cotisants.47 Le nombre total de cotisants de la CRT et de la CNSS représente seulement 5 % environ de la population active en âge de travailler, ainsi plus de 95 % des personnes ne sont pas couvertes par un régime contributif. Les régimes non-contributifs ciblent les ménages pauvres. Leurs principaux programmes sont le programme de transferts monétaires (couvrant toutes les cinq régions administratives), sous le projet Filets sociaux et Services de base, et le programme de cantines scolaires. Jusqu’à présent, ces programmes ont une couverture limitée, et touchent respectivement 12,7 % et 2,4 % des populations pauvres et vulnérables. 97. Les ménages non-pauvres et travaillant dans l’économie informelle constituent le « groupe négligé » de la politique de protection sociale et pourraient être vulnérables à la pauvreté en cas de chocs affectant leur bien-être économique. Jusqu’il y a peu, la stratégie de protection sociale du Togo ne prenait que marginalement en compte les ménages non-pauvres dont les revenus provenaient de l’économie informelle. Ils étaient exclus des régimes de retraite contributifs traditionnels et ne remplissaient pas les conditions requises pour bénéficier d’un soutien dans le cadre des programmes sociaux non-contributifs ciblant les personnes situées en dessous du seuil de pauvreté. La pandémie COVID-19 ainsi que la guerre en Ukraine ont mis en évidence la vulnérabilité des segments non-pauvres du secteur informel, qui représentent 44,4 % de la population, et jusqu’à 58,9 % dans la commune de Lomé. FIGURE 3.1.1 Les pauvres, les travailleurs du secteur formel et le « groupe négligé » de la protection sociale a) Population globale b) Par région 100 100 5,6 5,2 10,2 10,5 5,9 10,1% Non-pauvre formel 90 90 18,8 80 28,9 80 40,4 70 45,9 33,5 42,4 70 Pourcentage 44,4 % Non-pauvre informel 60 Pourcentage 60 50 58,9 50 40 30 65,1 40 54,1 56,0 48,9 47,4 20 30 10 22,3 45,5 % Pauvre 20 0 un é e ux le ra 10 s ne m m m ra Ka e ea m Lo iti va nt at ar Sa Ce 0 Pl M co Tous les ménages Pauvre Non-pauvre informel Non-pauvre formel Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. Note: Un ménage est considéré comme « formel » si le chef ou son conjoint a un emploi formel, c’est-à-dire que son emploi lui donne droit aux prestations de protection sociale. 98. Cependant, depuis le début de la pandémie, le gouvernement a fait preuve d’une efficacité, d’une innovation et d’une volonté politique remarquables pour fournir une protection sociale au « groupe négligé ». En avril 2020, il a mis en place le programme Novissi, un programme numérique de transfert monétaire d’urgence ciblant les personnes les plus touchées par les mesures d’endiguement de la pandémie, c’est-à-dire les travailleurs du secteur informel. Dans le cadre de la première étape du programme Novissi, environ 573 000 bénéficiaires ont reçu des transferts en espèces, pour un total de 19,5 millions de dollars US, afin d’atténuer les impacts économiques du confinement et des couvre-feux. Grâce à un financement supplémentaire de l’ONG internationale GiveDirectly, le nombre cumulé de bénéficiaires a atteint 820 000, avec des transferts totalisant 22,7 47 BIT, 2018. Analyse du système de protection sociale à travers le processus SPPOT: Vers un socle national de protection sociale pour le Togo. 63 millions de dollars US en août 2021.48 L’engagement d’étendre la protection sociale à ceux qui n’étaient pas couverts auparavant se reflète également dans le projet de loi 2021 établissant l’Assurance Maladie Universelle (AMU), ajoutant ainsi une couche de protection pour tous les travailleurs, indépendamment de leur statut d’emploi et de leur statut social. L’AMU a mis en place deux régimes : le Régime d’Assistance Médicale (RAM), non-contributif, ciblant les personnes pauvres et vulnérables, et le Régime d’Assurance Maladie Obligatoire de base (RAMO), contributif, ciblant les travailleurs du secteur formel ainsi que les auto-entrepreneurs et les travailleurs informels et les propriétaires d’entreprises ayant la capacité de cotiser. Une fois opérationnel, le RAMO fournira aux travailleurs informels non-pauvres et aux ménages pauvres un mécanisme leur permettant d’absorber les chocs d’origine sanitaire sans recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs, à condition que le système de soins de santé fonctionne efficacement, et d’améliorer la capacité contributive de ces ménages à d’autres régimes de protection sociale, vu qu’ils n’auront pas à mettre de l’argent de côté pour faire face à des imprévus en matière de santé. Les types de chocs les plus courants pour les ménages sont les événements sanitaires et familiaux tels que les traumatismes et les décès de membres de la famille, suivis par les chocs sur les revenus agricoles ou dus à des catastrophes naturelles 99. Au cours des 36 mois précédant l’enquête sur les ménages de 2018, environ un tiers des ménages n’avaient signalé aucun choc. Cependant, l’enquête relevait des différences importantes sur l’incidence et le type de chocs entre les ménages formels, pauvres et informels non-pauvres. Les types de chocs les plus courants signalés par les ménages49 étaient les événements sanitaires et familiaux tels que les traumatismes et les décès de membres de la famille, touchant 42 % des ménages. Ces chocs étaient suivis par les chocs sur le revenu agricole ou dus à des catastrophes naturelles, touchant ensemble environ 28 % des ménages sur cette période. Les ménages liés au secteur formel ou vivant dans des régions urbaines et plus riches ont signalé moins de chocs et ont été moins touchés par les catastrophes naturelles et les chocs sur le revenu agricole. Les ménages pauvres ont été les plus touchés par les chocs. Près de la moitié des ménages ont été touchés par des FIGURE 3.1.2 Incidence des chocs pour différents types de ménages (36 derniers mois) a) Par type de ménages b) Par région 0,5 0,6 0,45 0,5 0,4 0,35 0,4 0,3 0,25 0,3 0,2 0,2 0,15 0,1 0,1 0,05 0 0 un é Pauvre Non-pauvre Non-pauvre e ux le ra s m m ne m e ra Ka ea m Lo iti informel formel va nt at ar Sa Ce Pl M co Pas de chocs Chocs liés à la santé et aux Chocs liés au revenu agricole Chocs liés aux événements familiaux catastrophes naturelles Autres chocs Chocs de prix et Chocs liés au marché du travail problèmes finaciers Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 48 La Banque mondiale, 2021. Togo : Note de politique des dépenses publiques. 49 La méthodologie tient compte des types de chocs suivants : événements sanitaires et familiaux, chocs sur les revenus agricoles, chocs dus à des catastrophes naturelles, chocs sur les prix et problèmes financiers, chocs sur le marché du travail et autres chocs. 64 événements sanitaires et familiaux ; un sur cinq par des chocs sur le revenu agricole ou dus à des catastrophes naturelles, chacun étant supérieur d’environ 5 points de pourcentage pour les ménages pauvres par rapport aux ménages informels non-pauvres. Le fait que près d’un tiers des ménages n’aient déclaré aucun choc au cours des 36 mois précédant l’enquête auprès des ménages de 2018 est en cohérence avec les analyses régionales montrant que les chocs covariants, qu’ils soient économiques ou naturels, ont tendance à être plus faibles dans les pays côtiers. Pourtant, si les ménages togolais sont moins susceptibles de signaler des chocs covariants, les chocs idiosyncratiques ont tendance à être très répandus, notamment en termes de morbidité.50 La plupart des ménages togolais étaient en mesure de s’autoassurer contre les chocs avant le début de la pandémie, mais des différences régionales et entre les sexes persistent 100. Avant la pandémie de COVID-19, la plupart des ménages togolais avaient la capacité de s’autoassurer contre les chocs, soit en puisant dans l’épargne accumulée, soit en recevant l’aide de proches, soit en obtenant un prêt. Moins de 5 % des ménages ayant déclaré un choc avaient dû recourir à des stratégies préjudiciables au cours des 36 mois précédant l’enquête de 2018, et ce dans tous les sous-groupes. La région des Savanes est une exception : plus de 10 % de ces ménages ont eu recours à la vente de bétail pour faire face à un choc. Les ménages dirigés par des femmes étaient moins susceptibles d’utiliser l’épargne et plus susceptibles de recevoir une aide familiale. Il est important de noter que les données utilisées pour cette analyse datent de 2018, soit les dernières données disponibles au niveau des ménages. La pandémie de COVID-19 ainsi que les crises actuelles dues à la guerre en Ukraine et affectant l’alimentation, le carburant et les engrais pourraient probablement avoir détériorées le bien-être de la population togolaise, avec un impact sur la façon dont les ménages font face aux chocs. FIGURE 3.1.3 Les cinq stratégies d’adaptation les plus courantes employées par les ménages a) Tous les ménages touchés par un choc b) Par type de ménage 0,7 0,7 0,6 0,6 Fraction des ménages Fraction des ménages 0,5 0,5 0,4 0,4 0,3 0,3 0,2 0,2 0,1 0,1 0 0 Tous les ménages touchés par un choc Pauvre Non-pauvre Non-pauvre informel formel Prélèvement sur l’épargne Aide de la famille Emprunt bancaire Vente de stock Vente de bétail et des amis de nourriture Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. Avant la pandémie, une part importante des ménages informels étaient non-pauvres et avaient la capacité d’épargner et de participer à des systèmes de partage des risques 101. Pour estimer le nombre de ménages informels non-pauvres ayant la capacité d’épargner, l’analyse examine la résilience aux chocs des ménages togolais avant la pandémie de COVID-19. Dans le contexte de cette analyse, la résilience aux chocs est définie comme la capacité d’un ménage à absorber un choc économique sans recourir à des stratégies d’adaptation préjudiciables. Les mécanismes d’adaptation suivants 50 La Banque mondiale. Évaluation de la pauvreté et du genre au Togo, 2022. 65 FIGURE 3.1.4 Stratégies d’adaptation et résilience Chocs Non-résilient Résilient Réduction de la Vente Retirer les Être obligé Prélèvement Emprunt Aide de la Augmenter consommation d’actifs enfants de de migrer sur l’épargne bancaire famille et l’offer de alimentaire productifs l’école des amis travail Source : Les auteurs, sur la base de Guven, Melis, Himanshi Jain, et Clément Joubert. 2021. Protection sociale pour l’économie informelle : Leçons opérationnelles pour les pays en développement en Afrique et au-delà. sont considérés comme préjudiciables, car ils diminuent le potentiel humain et physique et le bien-être général du ménage : réduire la consommation alimentaire, vendre des actifs productifs, retirer les enfants de l’école ou être contraint d’émigrer. Par contraste, sont considérés comme résilients les ménages qui sont en mesure de puiser dans leur épargne, d’emprunter auprès d’une banque, de recevoir un soutien de leur famille, de leurs amis ou du gouvernement, ou d’augmenter leur offre de travail pour accroître leurs revenus. Le Diagnostic part de l’hypothèse que les ménages résilients dépendant des revenus du secteur informel ont la capacité d’épargner pour participer à des systèmes de mutualisation des risques.51 FIGURE 3.1.5 Typologie des ménages selon le profil de pauvreté 100 10,1 % Non-pauvre formel 90 Pourcentage de la population, par type 80 70 39,9 % Non-pauvre informel, résilient 60 50 4,5 % Non-pauvre informel, non résilient 40 30 45,53 % Pauvre 20 10 0 Tous les ménages Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 51 En termes de méthodologie, il est important de noter que les ménages qui n’ont pas signalé de choc au cours des 36 mois précédents dans l’enquête sur les ménages de 2018 ont été automatiquement classés comme résilients. Dans la pratique, cela pourrait ne pas toujours être le cas, et pourrait donc surestimer la part des ménages informels qui sont résilients face à un choc pourrait donc être surestimée. 66 102. En 2018, 45,5 % de la population togolaise vivait dans un ménage pauvre, et 4,5 % dans des ménages informels non-pauvres et non-résilients. Les ménages pauvres vivent à des niveaux de subsistance ou de quasi-subsistance, avec une capacité limitée de leur assurer une consommation régulière à court terme. Les transferts d’argent liquide et le soutien pour améliorer leur inclusion économique les aident à assurer ce « lissage » de leur consommation, à augmenter durablement leurs revenus et à sortir de la pauvreté. Cependant, ils n’ont pas la capacité de contribuer, et dépendent de programmes de protection sociale non-contributifs tels que le FSB, le programme de cantine scolaire et le RAM pour les aider à réaliser leur potentiel et à s’assurer contre les risques (de santé). Les ménages non-résilients se situent au-dessus du seuil de pauvreté, mais présentent des signes de détresse économique et leur manque de ressources financières les encourage à recourir à des stratégies d’adaptation préjudiciables à long terme. Il est peu probable qu’ils bénéficient de l’aide sociale, ou qu’ils aient des revenus suffisants pour contribuer à leur protection contre des chocs. Les ménages pauvres ainsi que ceux qui ont basculé dans la pauvreté à cause de la pandémie de COVID-19 n’ont pas la capacité de contribuer, sur une période prolongée et de manière régulière, à un dispositif les protégeant des retombées économiques d’un futur choc. 103. En outre, 39,9 % des Togolais vivent dans un ménage informel non-pauvre considéré comme résilient, et 10,1 % vivent dans un ménage ayant accès à un régime d’assurance sociale privé ou public. Selon les estimations, 39,9 % des Togolais vivent dans un ménage dont les revenus dépendent du secteur informel, ne sont pas pauvres, mais sont peu exposés aux chocs ou peuvent s’autoassurer. Ces ménages n’ont pas été confrontés à un choc au cours des 36 mois précédant l’enquête 2018, ou s’ils l’ont été, ils ont pu recourir à des mécanismes d’adaptation qui n’ont pas affecté négativement leur bien-être et leur productivité. Le nombre de Togolais vivant dans un ménage estimé non-pauvre informel, mais résilient varie selon les régions, allant de 21 % dans les Savanes à 58,1 % dans la commune de Lomé. Généralement, la part du secteur formel est plus importante dans les zones urbaines (17,7 % contre 4,8 % dans les zones rurales). La pauvreté y est plus faible (26,5 % contre 58,7 % en zone rurale) et leurs populations sont plus résilientes aux chocs (54,0 % contre 30,1 % en zone rurale) selon l’enquête auprès des ménages de 2018. Cependant, ces profils peuvent avoir subi des modifications à cause de la pandémie de COVID-19, car la distanciation sociale, les restrictions de déplacement et les blocages économiques ont pu affecter les emplois urbains (loisirs, hôtellerie, vente au détail) plus sévèrement que les agriculteurs de subsistance.52 En ce qui concerne les différences entre les sexes, les ménages dirigés par des femmes sont moins connectés à l’économie formelle (6,1 % contre 11,2 % pour les ménages dirigés par des hommes), mais leurs profils de pauvreté et de résilience sont semblables. En outre, dans l’ensemble, 10,1 % des ménages étaient déjà connectés à une assurance sociale formelle par le biais d’au moins un de leurs membres. FIGURE 3.1.6 Typologie des ménages par région et milieu de résidence a) Par région b) Selon les ménages urbains et ruraux 100 5,9 5,6 5,2 100 4,8 10,5 10,2 18,8 17,7 21,0 80 30,1 population, par type population, par type 34,2 40,1 80 31,2 Pourcentage de la Pourcentage de la 35,6 8,0 60 2,3 6,2 60 6,4 5,7 6,8 58,1 54,0 40 65,1 40 56,0 54,1 0,9 1,8 48,9 47,4 58,7 20 22,3 20 26,5 0 0 un é ux le e s ra m m ne m ra e ea Ka Rural Urbain m Lo iti va nt at ar Sa Ce Pl M co Pauvre Non-pauvre informel, non résilient Non-pauvre informel, résilient Formel Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 52 https://blogs.worldbank.org/opendata/labor-market-impacts-covid-19-four-african-countries 67 FIGURE 3.1.7 Caractéristiques de l’emploi par type de ménage a) Type d’emploi b) Secteur d’emploi 100 100 3,8 2,4 5,4 90 2,9 90 32,4 59,8 population, par type 80 51,8 4,5 39,9 80 2,3 population, par type Pourcentage de la 28,6 Pourcentage de la 70 70 60 3,8 20,5 60 48,6 50 38,9 50 40 39,8 42,1 40 51,9 5,5 30 7,1 46,5 30 20 64,8 10,8 20 10 25,7 31,2 2,4 10 25,1 0 1,6 Pauvre Non-pauvre Non-pauvre Formel 0 informel, non informel, Pauvre Non-pauvre Non-pauvre Formel résilient résilient informel, informel, non résilient résilient Agriculture Fabrication Salarié Travailleur indépendant Travailleur non rémunéré Services Construction Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. Les travailleurs informels des ménages résilients non-pauvres sont plus susceptibles d’être salariés, de travailler dans les services et d’avoir accès à des comptes bancaires, tout en faisant appel à des groupes d’épargne 104. Alors que les ménages informels non-pauvres n’ont actuellement pas accès aux systèmes de protection sociale, ils bénéficieraient de régimes contributifs de partage des risques pour mieux résister aux chocs climatiques. Les régimes de partage des risques à court et à long terme sont susceptibles d’aider le « groupe négligé » de la protection sociale à devenir plus résilient et productif dans ses activités économiques. Étant donné que les ménages résilients informels ne paraissent pas être monétairement démunis, ils pourraient être ciblés par des régimes contributifs nouveaux et innovants. De tels régimes pourraient permettre de puiser dans l’épargne à court terme pour répondre à des besoins à court terme tels que le chômage, l’éducation et le logement, ou pourraient aider les ménages à constituer une épargne à long terme pour une meilleure protection au cours de la vieillesse. Une bonne compréhension de leur statut d’emploi, de leur secteur d’activité, et de leur niveau d’inclusion et d’alphabétisation financières est essentielle pour concevoir des régimes qui répondent efficacement aux besoins de ménages informels, assurent une meilleure protection contre les chocs et améliorent leur productivité et leurs revenus à long terme.53 105. Ces quatre types de ménages ont des profils d’emploi distincts en termes de type et de secteur d’emploi. Les travailleurs informels des ménages résilients sont plus susceptibles d’être salariés et moins susceptibles d’être indépendants que ceux des ménages non-résilients et pauvres. Ils sont également beaucoup moins susceptibles de travailler dans l’agriculture et plus susceptibles de travailler dans la construction et les services. Le fait que les salariés du secteur informel, les travailleurs des services et les travailleurs de la construction aient tendance à être plus résilients que ceux des autres groupes implique qu’ils pourraient plus facilement participer à des régimes requérant une contribution individuelle. Cependant, les profils d’emploi des pauvres sont similaires à ceux des non-résilients. 106. Les niveaux d’inclusion financière diffèrent également selon le type de ménage. Seuls 35 % des pauvres ont un compte bancaire contre 54 % des non-résilients, 62,3 % des résilients et 87 % des travailleurs du secteur formel. Ces derniers s’appuient principalement sur les banques classiques tandis que les travailleurs informels ont recours à des services bancaires du secteur agricole (Caisse rurale d’épargne) ou des services 53 Guven, Melis, Himanshi Jain, et Clément Joubert. 2021. Protection sociale pour l’économie informelle : Leçons opérationnelles pour les pays en développement en Afrique et au-delà. 68 bancaires mobiles. Le potentiel de ces derniers est encore largement inexploité comme le démontre la forte pénétration des téléphones mobiles (70 %), même chez les pauvres. Environ un quart des ménages participent à des groupes d’épargne traditionnels (Tontines), sans différence majeure selon le type de ménage. FIGURE 3.1.8 Inclusion financière par type de ménage a) Propriété du compte bancaire b) Type de comptes bancaires 100 70 87,2 60 80 50 62,3 Pourcentage Pourcentage 60 53,6 40 40 35,4 30 20 20 10 0 0 Pauvre Non-pauvre Non-pauvre Non-pauvre informel, informel, formel Banque Banque Caisse Banque Carte non résilient classique postale agricole mobile prépayée résilient Pauvre Non-pauvre informel, non résilient Non-pauvre informel, résilient Non-pauvre formel c) Participation aux tontines d) Utilisation du téléphone mobile 30 et des services bancaires mobiles 26,5 100 95,8 25,4 25 86,7 21,9 22,8 80 77,1 69,4 20 Pourcentage 60 Pourcentage 15 39,6 40 29,1 29,4 10 20 17,3 5 0 0 Pauvre Non-pauvre Non-pauvre Non-pauvr Pauvre Non-pauvre Non-pauvre Non-pauv informel, informel, e formel informel, informel, re formel non résilient résilient non résilient résilient Disposer d’un mobile... ...avec la banque mobile Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM 2018. 3.2 L’ÉCONOMIE EST DOMINÉE PAR DES ENTREPRISES INFORMELLES, ALLANT DES ENTREPRISES DE SUBSISTANCE AUX ENTREPRISES BIEN ÉTABLIES À FORTE PRODUCTIVITÉ Les entreprises informelles sont surreprésentées dans le secteur du commerce et sont principalement dirigées par des femmes en emploi indépendant ayant un faible niveau d’éducation et de faibles bénéfices mensuels 107. La majorité des entreprises informelles au Togo sont dirigées par des femmes. Les données de l’enquête ERI-ESI 2018 au Togo montrent que 72 % des propriétaires d’entreprises informelles sont des femmes, avec peu de différence entre Lomé (72 %) et les autres zones urbaines (70 %). Elles montrent également que 40 % des entreprises informelles opèrent dans le secteur du commerce, suivi par l’industrie (34 %) et les services 69 (26 %). En milieu rural, l’industrie est le premier secteur d’activité des entreprises informelles (38 %), tandis qu’en milieu urbain, les entreprises informelles opèrent davantage dans le secteur du commerce (48 % à Lomé et 43 % dans les autres zones urbaines) que dans l’industrie (26 % à Lomé et 33 % dans les autres zones urbaines). FIGURE 3.2.1 Répartition des entreprises informelles par secteur et par lieu d’activité 50 48 45 43 40 40 38 35 34 35 33 Pourcentage 30 27 27 26 26 24 25 20 15 10 5 0 Rural Lomé Autre zone urbaine Total Industrie Commerce Service Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. 108. Les auto-entrepreneurs ayant un faible niveau d’éducation et de faibles bénéfices mensuels dominent le secteur informel. Environ neuf entreprises informelles sur dix n’ont pas d’autres travailleurs que le propriétaire (88 %). Leur nombre moyen d’employés, y compris le propriétaire, est de 1,24 dans les zones rurales, 1,21 à Lomé, 1,29 dans les autres zones urbaines, et 1,29 au niveau national. En moyenne, et quel que soit leur lieu d’activité, les propriétaires d’entreprises informelles ont 29 ans d’expérience professionnelle,54 avec 4,40 ans d’éducation formelle (5,52 ans à Lomé, 5,05 ans dans les autres zones urbaines, et 3,57 ans en zone rurale). La durée de vie moyenne de ces entreprises est de dix ans, indiquant ainsi que les propriétaires d’entreprises informelles ont travaillé dans d’autres entreprises. Les bénéfices mensuels (revenus moins les coûts directs)55 sont en moyenne de 58 938 FCFA par travailleur. Il existe des écarts importants dans la productivité du travail selon le sexe, le secteur, le lieu et la taille des entreprises 109. La productivité du travail (production par travailleur)56 est plus faible dans les entreprises informelles appartenant à des femmes, dans le secteur industriel et dans les zones rurales. La comparaison des distributions de la productivité (nette) du travail dans les entreprises appartenant à des femmes et à des hommes montre que la productivité moyenne du travail (par travailleur) est plus faible dans les entreprises appartenant à des femmes. La productivité nette moyenne du travail par personne dans les entreprises appartenant à des hommes est 1,5 fois plus élevée que dans les entreprises appartenant à des femmes. Cependant, cela est largement dû au fait que les travailleurs associés avec les entreprises appartenant à des femmes travaillent moins d’heures par mois : 169 heures comparées à 282 heures par mois au sein des entreprises appartenant à des hommes. Par conséquent, les entreprises appartenant à des femmes ont en fait une productivité par heure travaillée légèrement supérieure à celle des entreprises appartenant à des hommes. Cela suggère soit un sous-emploi dans les entreprises 54 Le calcul du nombre d’années d’expérience professionnelle est le suivant : l’âge moins six moins le nombre d’années d’éducation formelle. 55 Les coûts directs comprennent les salaires et les avantages sociaux, les matières premières, les équipements et les fournitures, les services publics, les frais de location, le transport et l’entretien, les réparations, les taxes et les droits, et les intérêts payés. 56 Tous les travailleurs, indépendamment de leurs compétences et de leur niveau d’éducation, et qu’ils soient rémunérés ou non, sont inclus dans le calcul. 70 appartenant à des femmes, soit que ces dernières considèrent leur entreprise comme un moyen de compléter le revenu familial en leur permettant de s’occuper des tâches ménagères. En outre, la répartition sectorielle de la productivité montre que la productivité nette moyenne du travail est plus élevée dans les entreprises opérant dans le secteur du commerce, suivies de celles du secteur des services et enfin de celles de l’industrie. La productivité nette FIGURE 3.2.2 Productivité du travail par sexe, secteur et lieu d’activité a) Par sexe (par travailleur) b) Par sexe (par heure travaillée) .3 .25 .2 .2 Densité Densité .15 .1 .1 .05 0 0 0 5 10 15 0 5 10 15 Log (productivité nette du travail par personne en 2018) Log (productivité nette du travail par heure travaillée en 2018) Propriétaire homme Propriétaire femme Propriétaire homme Propriétaire femme c) Par emplacement d) Par secteur .3 .3 .2 .2 Densité Densité .1 .1 0 0 0 5 10 15 0 5 10 15 Log (productivité nette du travail par personne en 2018) Log (productivité nette du travail par personne en 2018) Entreprises rurales informelles Industrie Entreprises informelles de Lomé Commerce Autres entreprises urbaines informelles Service Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. Note: La productivité nette du travail est mesurée comme le ratio de la production nette par personne principalement employée par mois. FIGURE 3.2.3 Productivité du travail par taille d’entreprise a) Par taille d'entreprise par travailleur b) Par taille d'entreprise par heure travaillée .3 .3 .2 .2 Densité Densité .1 .1 0 0 0 5 10 15 0 5 10 15 Log (productivité nette du travail par personne en 2018) Log (productivité nette du travail par personne en 2018) Travailleur indépendant Micro-entreprise Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. 71 moyenne du travail par personne dans le commerce et les services est respectivement 2,7 et 1,6 fois plus élevée que dans l’industrie. La productivité du travail dans les entreprises informelles montre également des variations selon les régions. Elle est plus élevée à Lomé, celle des autres zones urbaines venant en deuxième position. La productivité du travail par personne dans les entreprises informelles de Lomé et des autres zones urbaines est 1,6 et 1,5 fois plus élevée que dans les zones rurales, respectivement. La productivité plus élevée des entreprises informelles dans les zones urbaines que dans les zones rurales peut provenir des effets d’agglomération,57 ce qui suggère qu’elles ont accès à des marchés et des facteurs de production plus importants. 110. En outre, il existe une relation inverse entre la taille de l’entreprise et la productivité du travail. Les données montrent également que les travailleurs indépendants (auto-entrepreneurs) sont plus productifs que les microentreprises (entreprises comptant entre deux et dix-neuf travailleurs). Leur productivité nette du travail par heure travaillée est en moyenne 1,4 fois plus élevée que celle des microentreprises. 111. Les variations substantielles de la productivité du travail au sein des secteurs suggèrent des possibilités de gains de productivité du travail intra sectoriels. Nonobstant les différences entre les catégories, les graphiques ci-dessus illustrent une hétérogénéité encore plus grande au sein des catégories. Conformément à ce qui est observé dans d’autres pays, les données montrent que la productivité nette du travail par personne dans les entreprises informelles opérant au 75e percentile est 13 fois plus importante que la productivité dans les entreprises opérant au 25e percentile dans le secteur du commerce, ce qui suggère d’importantes possibilités de gains de productivité au sein du secteur du commerce, même dans le cadre des modèles d’entreprise existants. Faire passer les entreprises opérant dans l’industrie du 25e percentile au 75e percentile de la distribution augmenterait leur productivité du travail de 11 fois et celle du secteur des services de 9 fois. La faible innovation dans les entreprises informelles entraîne une forte concurrence et un manque de clients ; les fermetures d’entreprises sont liées à des contraintes du marché et au manque de liquidités 112. Les principaux défis signalés par les entreprises informelles sont les contraintes de marché et les difficultés d’accès aux équipements, aux intrants et au crédit.58 Plus de 60 % des propriétaires se plaignent du manque de clients et 52 % mentionnent l’accès au crédit comme leur principal défi. Dans les zones urbaines, les propriétaires d’entreprises informelles se plaignent davantage du manque de clients (67 % à Lomé et 64 % dans les autres zones urbaines) que ceux des zones rurales (56 %). Ces résultats suggèrent que beaucoup d’entreprises informelles offrent des produits ou services similaires, et introduisent peu d’innovation, avec pour conséquence un manque de clients. Dans les zones rurales et dans le secteur de l’industrie, les propriétaires se plaignent avant tout des difficultés techniques de fabrication, le coût du crédit et des difficultés d’approvisionnement en matières premières. L’ampleur et le classement des différents obstacles sont similaires dans les différents groupes d’entreprises. 113. Les trois principales raisons des fermetures d’entreprises sont les contraintes du marché, la faillite et le manque de matières premières.59 Les raisons de fermeture déclarées sont les suivantes : manque de clients (37,3 %), de liquidités (9,9 %), de matières premières (7,4 %), et une trop forte concurrence (3,3 %). Les raisons liées au marché (manque de clients) sont plus prononcées à Lomé (48,1 %) que dans les autres zones urbaines (36,0 %) et en milieu rural (32,3 %). Les entreprises des autres zones urbaines et des zones rurales citent plus souvent le manque de liquidités et de matières premières comme raisons de leur fermeture que celles de Lomé. De plus, 37,9 % de ceux qui sont en auto-emploi citent le manque de clients comme raison de leur sortie contre 32,5 % des microentreprises. 57 Duranton et Puga, 2004. 58 Les obstacles potentiels identifiés par les entreprises sont les suivants : problèmes liés à l’infrastructure (eau/téléphone/internet) ; insécurité ; équipement obsolète ; manque d’espace/de locaux adéquats ; difficultés de gestion technique ; instabilité du personnel ; manque de compétences en gestion ; pannes de courant ; trop de réglementations, de taxes et de droits ; difficultés d’approvisionnement en matières premières ; difficultés de recrutement de personnel qualifié ; difficultés d’accès au crédit ; difficultés d’accès à l’équipement ; difficultés techniques de fabrication ; manque de clients ; et enfin, trop de concurrence. Chaque entreprise pouvait identifier plusieurs obstacles, ce qui donne des pourcentages totaux supérieurs à 100 %. 59 Les raisons potentielles de la sortie d’une entreprise sont les suivantes : manque de clients ; manque de liquidités ; manque de matières premières ; trop de concurrence ; problèmes de machines/équipements ; problèmes de locaux/espace ; instabilité politique/ sociale ; problèmes d’organisation et de gestion ; trop de réglementations/taxes/frais ; problèmes techniques de fabrication ; manque de personnel qualifié ; et autres raisons. 72 FIGURE 3.2.4 Les cinq principaux défis auxquels sont confrontées les entreprises informelles a) Toutes les entreprises informelles, % b) Par lieu, % Difficultés d'approvi- Difficultés d'approvi- 30,7 27,7 16,2 sionnement en matières sionnement en matières 32,2 premières premières 27,0 Crédits sont très chers 28,0 Crédits sont très chers 18,0 33,5 Difficultés techniques Difficultés techniques 31,1 34,1 33,2 de fabrication de fabrication 35,8 Difficultés d'accès Difficultés d'accès 57,4 52,4 56,3 au crédit au crédit 48,4 64,4 Manque de clients 60,5 Manque de clients 67,2 55,6 0 10 20 30 40 50 60 70 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Autre ville Lomé Rural c) Par secteur, % d) Par taille d’entreprise, % Difficultés d'approvi- 23,2 Difficultés d'approvi- 23,8 sionnement en matières 29,3 sionnement en matières 29,2 28,2 premières premières 27,8 25,7 Crédits sont très chers 27,8 Crédits sont très chers 28,5 28,4 Difficultés techniques 36,0 Difficultés techniques 35,2 31,2 de fabrication 36,0 de fabrication 33,9 Difficultés 54,6 Difficultés 51,4 52,3 d'accès au crédit 50,8 d'accès au crédit 52,5 61,9 57,5 Manque de clients 60,2 Manque de clients 61,0 59,9 0 10 20 30 40 50 60 70 0 10 20 30 40 50 60 70 Service Commerce Industrie Micro-entreprise Travailleur indépendant Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. FIGURE 3.2.5 Les cinq principales raisons de la fermeture des entreprises informelles a) Par emplacement, % b) Par taille d’entreprise, % 2,5 2,6 Concurrence 3,8 Concurrence trop forte trop forte 3,4 3,4 4,1 6,3 Autres raisons 3,1 Autres raisons 4,5 3,7 Difficultés d'appro- 6,8 Difficultés d'appro- 5,8 visionnement en 6,1 visionnement en 8,3 7,6 matières premières matières premières 11,0 8,2 Difficultés de 6,2 Difficultés de liquidités 11,4 liquidités 10,2 36,0 32,5 Manque de clients 48,1 Manque de clients 32,3 37,9 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Autre ville Lomé Rural Micro-entreprise Indépendant Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. 73 Les entreprises informelles forment un milieu très hétérogène dont chaque segment nécessite un soutien de politique adapté pour optimiser les résultats en matière d’emploi 114. Le paysage des entreprises informelles au Togo est hétérogène. Une analyse typologique de ces entreprises a permis de dresser un de profil des entreprises informelles au Togo qui est plus complexe que la moyenne (voir l’annexe B pour la description de l’approche technique). Elle a fait émerger cinq groupes principaux d’entreprises. Les entreprises de la grappe 1 (10 % des entreprises informelles) sont des entreprises de subsistance avec un faible potentiel de croissance. Les entreprises des grappes 2 et 3 (51 %) sont quelque peu productives avec une capacité limitée de croissance. Les entreprises de la grappe 4 (21 %) sont des start-ups, dont les propriétaires jouissent d’une bonne éducation et ont un accès élevé aux services publics. Bien que leurs niveaux de productivité soient actuellement faibles, leur potentiel de croissance est élevé. Les entreprises de la grappe 5 (18 %) sont des entreprises plus établies dont le profil est similaire à celui des entreprises formelles. Elles sont connectées aux services publics, et la plupart d’entre elles ont un emplacement fixe avec un accès à des fournisseurs et des clients établis.60 FIGURE 3.2.6 Typologie des entreprises informelles au Togo Grappe Caractéristiques Des entrepreneurs plus âgés, principalement des femmes, ayant un faible niveau d’éducation, Entreprises de subsistance à faible le plus faible nombre de travailleurs, un faible accès aux services publics, et qui ont créé leur potentiel de croissance (9,58 %) entreprise pour gagner plus que dans un emploi salarié ou par tradition familiale (grappe 1). Les femmes auto-entrepreneurs dans les zones urbaines ayant le meilleur accès aux Somewhat productive businesses services publics, des réseaux limités, et qui ont créé leur entreprise pour gagner plus que with some growth potential (51,05 %) dans un emploi salarié (grappes 2 et 3). Jeunes entrepreneurs avec un niveau d’éducation élevé, opérant dans les zones urbaines. Les start-ups opérant à de faibles Bien qu’ils aient la productivité la plus faible, ils ont une certaine capacité à importer et à niveaux de productivité, mais avec un faire des affaires avec des entreprises plus importantes, ont un bon accès aux services fort potentiel de croissance (21,31 %) publics, et ont créé leur entreprise pour assurer leur indépendance (grappe 4). Des entreprises plus anciennes et bien établies, avec le plus grand nombre de travailleurs Entreprises bien établies à dans le secteur du commerce, disposant d’un meilleur accès aux services publics et de forte productivité (18,05 %) fournisseurs et clients établis (grappe 5). Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. 115. Les entreprises de la grappe 1 sont des entreprises de subsistance offrant un faible potentiel de croissance et représentant environ 9 % des entreprises informelles. Les entrepreneurs de cette grappe sont les plus âgés (64 ans), avec le plus faible niveau d’éducation (seuls 22,5 % d’entre eux ont une éducation formelle). Leurs entreprises sont relativement plus anciennes, avec en moyenne 20 ans d’existence, le deuxième plus élevé parmi toutes les grappes. Le commerce est l’activité principale de la plupart des entreprises de la grappe 1 (44 %) dont 67 % sont situées dans des zones rurales. La taille de leur main-d’œuvre est la plus faible avec 1,19 travailleur en moyenne. Elles sont composées pour l’essentiel de travailleurs indépendants (87,8 %), et la part de femmes parmi leurs propriétaires est la plus élevée de tous les groupes (78 % contre 65,1 % dans la grappe 4, 75,6 % dans la grappe 2, 76,4 % dans la grappe 3 et 64,2 % dans la grappe 5). La productivité de la grappe 1 est la deuxième plus élevée parmi les entreprises informelles (95 108 FCFA par travailleur par mois), avec une productivité brute du travail légèrement supérieure à celle des entreprises des grappes 2 et 3, et 1,25 fois supérieure à celle des start-ups de la grappe 4. Environ 12 % des propriétaires de la grappe 1 ont créé leur entreprise en suivant une tradition familiale, la proportion la plus élevée parmi les cinq grappes. Environ 54 % des entreprises de cette grappe se plaignent d’une trop grande concurrence. De plus, ces entreprises ont le plus faible accès aux services publics tels que l’électricité, le téléphone et Internet, avec respectivement 15 %, 24 % et 0 %. 60 L’annexe B fournit des informations sur une variété de caractéristiques des entreprises et des entrepreneurs dans chaque grappe. Le tableau inclut les variables endogènes et exogènes utilisées dans l’analyse typologique. L’annexe B fournit également la liste des variables endogènes dans l’analyse typologique. 74 116. Les entreprises des grappes 2 et 3 représentent environ 51 % des entreprises informelles, et sont quelque peu productives, avec un certain potentiel de croissance. Ces grappes sont composées d’entreprises ayant un certain accès aux facteurs de production, disposant de réseaux limités, et situées principalement en zone rurale. Les données montrent que les entrepreneurs des grappes 2 et 3 ont des niveaux d’éducation relativement élevés, avec 66 % des propriétaires ayant au moins un niveau d’éducation primaire. L’âge moyen des entreprises est plus faible (6,0 ans pour la grappe 2 et 7,0 ans pour la grappe 3) que celui des entreprises des grappes 5 et 1, mais plus élevé que celui des entreprises de la grappe 4. Une part importante des entreprises est active dans le commerce (41 % pour la grappe 2 et 46 % pour la grappe 3) et située dans des zones rurales (48 % pour la grappe 3 et 56 % pour la grappe 2). En outre, les entreprises de la grappe 3 ont un niveau élevé d’accès aux services publics tels que l’électricité, l’eau potable et le téléphone. Environ la moitié (50,1 %) des entreprises de la grappe 3 ont un site de travail permanent, la possibilité de faire des affaires avec de grandes entreprises et des entreprises formelles, et une certaine capacité d’importation. La plupart des propriétaires d’entreprises des grappes 2 et 3 déclarent avoir créé leur entreprise parce qu’ils pouvaient gagner plus en étant indépendants qu’en occupant un emploi salarié (50 % pour la grappe 2 et 54,8 % pour la grappe 3). Ils se plaignent de manière disproportionnée du manque de clients et d’un accès limité au crédit. 117. Les entreprises de la grappe 4 sont des start-ups peu productives, mais avec un potentiel de croissance élevé, et représentent environ 21 % des entreprises informelles. Environ 89 % de toutes les entreprises ont pour propriétaires des auto-entrepreneurs. Par rapport aux autres grappes, les entreprises de la grappe 4 ont le plus faible niveau de productivité du travail (76 090 FCFA par travailleur par mois), mais ont un niveau d’accès relativement élevé aux services publics, tels que l’électricité, le téléphone et Internet. Moins de la moitié (48 %) des entreprises de cette grappe ont un site de travail permanent. Elles ont la capacité de faire des affaires avec de grandes entreprises et des entreprises formelles et d’importer. L’âge moyen de ces entreprises est de 4,10 ans, la durée d’existence la plus courte de toutes les grappes. Leurs propriétaires sont jeunes (27 ans en moyenne), avec le plus haut niveau d’éducation (8 ans de scolarisation, ce qui correspond à la 5ème classe dans le système scolaire togolais), ils sont majoritairement des femmes (65 %) et ont créé leur entreprise pour avoir un salaire plus élevé que dans un emploi salarié (39 %) ou pour être indépendant (40 %), la part la plus élevée de toutes les grappes. Leurs entreprises opèrent moins dans le secteur du commerce que celles des autres grappes (34 % contre 40 % dans la grappe 2, 46 % dans la grappe 3, 36 % dans la grappe 5 et 44 % dans la grappe 1). Ils se plaignent de manière disproportionnée d’un manque de clients, ce qui suggère un niveau d’innovation plus faible et des réseaux plus limités que ceux des entreprises des autres grappes. 118. Les entreprises de la grappe 5 comprennent un petit nombre (18,05 %) d’entreprises plus établies et à forte productivité. Elles ont tendance à être plus innovantes, avec un accès solide aux facteurs de production et leurs fournisseurs et clients sont bien établis. Les entrepreneurs de ce groupe ont un niveau d’éducation relativement faible (seuls 66,4 % d’entre eux ont une éducation formelle) et dirigent des entreprises plus anciennes, avec une moyenne de 22 ans, la plus élevée des cinq grappes. Ces entreprises sont surreprésentées dans le secteur industriel (40,8 %) et dans les zones urbaines (49,5 %). Leur main-d’œuvre est, en moyenne, la plus importante avec 1,30 travailleur (l’entrepreneur/le chef d’entreprise et 0.3 employés en moyenne) ; 83,4 % de leurs propriétaires sont des auto-entrepreneurs ; et la proportion de femmes y est la plus faible de toutes les grappes (64,2 %). La grappe 5 a la productivité la plus élevée parmi les entreprises informelles (134 517 FCFA par travailleur par mois), avec une productivité brute du travail 1,78 fois supérieure à celle des entreprises de la grappe 4. Les propriétaires de la grappe 5 veulent surtout être propriétaires d’entreprise parce que le salaire est plus élevé que dans un emploi salarié, et 10 % ont créé leur entreprise en suivant une tradition familiale, le deuxième pourcentage le plus élevé parmi les cinq grappes. Ils se plaignent moins que dans les autres grappes du manque de clients, de l’accès limité au crédit ou le coût du crédit. Cela suggère que les entreprises de cette grappe introduisent des innovations, avec pour effet moins de plaintes par rapport au manque de clients. Cependant, ces entreprises sont les plus susceptibles de ne pas avoir d’emplacement fixe (55,3 %). La productivité des entreprises informelles au Togo est déterminée par le sexe du propriétaire, le secteur d’activité, l’âge de l’entreprise, l’intégration au marché et l’accès aux facteurs de production 119. Parmi les entreprises informelles au Togo, le sexe du propriétaire est un facteur déterminant de la productivité du travail. L’écart de productivité du travail est de 27 % pour les entreprises appartenant à 75 des femmes. La différence inconditionnelle de productivité entre les sexes est de 27 % en faveur des entreprises appartenant à des hommes pour toutes les entreprises et dans toutes les zones, dont 33 % dans les zones rurales, 28 % à Lomé, 40 % pour les microentreprises et 29 % pour les auto-entrepreneurs. Une fois contrôlées pour les caractéristiques du propriétaire, de l’entreprise et de l’environnement, l’écart entre les sexes augmente dans toutes les spécifications (annexe B, tableau 3). La différence conditionnelle de productivité entre les sexes est de 36% en faveur des entreprises appartenant à des hommes pour toutes les entreprises et dans toutes les zones, dont 43 % en zone rurale, 29 % à Lomé, 27 % dans les autres zones urbaines, 49 % pour les microentreprises et 34 % pour les auto-entrepreneurs. TABLEAU 3.2.1 Déterminants de la productivité (Y=Log [Production par travailleur par mois (FCFA/travailleur)]) Toutes les Auto- Micro- entreprises Rural Lomé Autre urbain entrepreneur entreprise Sexe du propriétaire (1=femme) • • • • • • Commerce + + + + + • Service + + + + Log (âge de l’entreprise) + + + + + Accès au crédit (binaire) + + + + + + Log (Taille de l’entreprise (nombre d’employés)) • • • • Degré de proximité personnelle avec les clients + + + Capacité de l’entreprise à importer ou à faire + + + + des affaires avec d’autres grandes entreprises Accès à l’eau potable/Internet (binaire) + + + Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. Note: Le point ( • ) indique une corrélation négative et significative; le plus ( + ) indique une corrélation positive et significative. 120. Les principaux facteurs associés à la productivité des entreprises informelles au Togo sont le secteur d’activité, l’âge de l’entreprise, sa taille, l’accès au financement, le degré de proximité personnelle avec la clientèle, la capacité de l’entreprise à importer ou à faire des affaires avec d’autres grandes entreprises, et l’accès aux facteurs de production. De façon générale, le fait d’opérer dans les secteurs du commerce et des services en comparaison au secteur de l’industrie, le nombre d’années d’existence de l’entreprise, l’accès au crédit, la proximité personnelle avec les clients, la capacité de faire des affaires avec d’autres grandes entreprises ou l’accès à des marchés internationaux ont une corrélation positive avec la productivité. En revanche, le niveau d’éducation du propriétaire et l’accès à l’Internet ne présentent pas de corrélation significative avec la productivité. Pour les entreprises situées dans les zones rurales, l’accès à Internet dans les lieux de travail présente une corrélation positive avec la productivité. La taille de l’entreprise présente une corrélation négative avec la productivité dans toutes les spécifications, ce qui est en cohérence avec la relation inverse entre la productivité et la taille de l’entreprise dans le secteur informel, c’est-à-dire que plus l’entreprise est petite, plus elle est productive.61 61 Amin et Islam, 2015. Are Large Informal Firms More Productive than the Small Informal Firms? Evidence from Firm-Level Surveys in Africa, World Development, Volume 74, 2015, Pages 374–385, ISSN 0305750X, (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/ S0305750X15001175). 76 Deux facteurs clés expliquent l’écart entre les sexes : d’une part, une moindre capacité des femmes propriétaires à importer ou à faire des affaires avec d’autres grandes entreprises ; et d’autre part, une plus courte durée d’existence de leurs entreprises 121. L’écart entre les sexes peut être comblé par les facteurs suivants : la taille de l’entreprise, le secteur d’activité et l’accès au crédit. La taille plus petite de leur entreprise est le principal facteur favorable aux entreprises appartenant à des femmes, en raison de la relation inverse entre la taille de l’entreprise et sa productivité. En outre, une plus grande implication des entreprises appartenant à des femmes dans le secteur du commerce et un meilleur accès au crédit jouent en leur faveur en termes de productivité du travail. TABLEAU 3.2.2 Déterminants des écarts entre les sexes Nivel Rendement Années d’études • Commerce + • Service + Âge de l’entreprise • Accès au crédit (binaire) + + Log (Taille de l’entreprise (nombre d’employés)) + Degré de proximité personnelle avec les clients • Capacité de l’entreprise à importer ou à faire des affaires avec d’autres grandes entreprises • Accès à l’eau potable/Internet (binaire) • Source : Calculs des auteurs basés sur les données ERI-ESI 2018. Note: Note: Le point ( • ) indique une corrélation négative et significative; le plus ( + ) indique une corrélation positive et significative (quelque chose qui réduit l’écart entre les sexes). Le tableau fait référence à la décomposition Binder-Oaxaca. La colonne « facteurs explicatifs » présente les variables qui expliquent le gap, et la colonne « facteurs inexpliqués » montre en réalité le retour sur l’investissement. Par exemple, pour l’indicateur « Années d’étude », toute chose étant égale par ailleurs, à niveau d’éducation égal, le rendement de l’éducation chez les femmes est plus faible. 122. Les facteurs qui creusent l’écart entre les sexes sont une moindre capacité des femmes propriétaires à importer ou à faire des affaires avec de grandes entreprises et un moindre nombre d’années d’existence de leurs entreprises. Les facteurs les plus importants dans le creusement de l’écart entre les sexes sont la plus faible capacité des femmes propriétaires à importer ou à faire des affaires avec de grandes entreprises à Lomé (0,3 de l’écart global), le degré de proximité avec la clientèle en zone rurale (0,3 de l’écart global) et la jeunesse de leurs entreprises (0,17 de l’écart global). 3.3 UN SECTEUR AGRICOLE À FORT POTENTIEL DE CRÉATION D’EMPLOIS DE QUALITÉ DANS L’EXPLOITATION AGRICOLE ET EN DEHORS DE CELLE-CI 123. L’amélioration de la productivité du travail agricole, de la qualité de l’emploi agricole et du revenu des travailleurs agricoles est un élément clé de l’agenda pour l’emploi au Togo. Compte tenu de la part importante de l’emploi dans l’agriculture, ce secteur a un rôle central à jouer pour offrir à la population togolaise de meilleures opportunités d’emploi. Quel que soit le rythme de croissance de la demande d’emplois salariés en 77 milieu urbain, elle ne pourra pas absorber tous les nouveaux entrants sur le marché du travail togolais à court et moyen terme. De plus, l’emploi agricole renforce l’avantage comparatif du Togo. Il a le potentiel d’augmenter de manière significative les revenus directs des pauvres, ce qui pourrait accroître la demande de biens et services non-agricoles et, ainsi, contribuer à augmenter davantage l’emploi non-agricole. 124. Cette analyse approfondie traite de l’emploi agricole au Togo et des points d’entrée pour des politiques susceptibles de maximiser la contribution de l’agriculture. Après un bref profil des travailleurs agricoles, de la productivité de l’agriculture, et des modèles de pauvreté et de cultures, l’analyse se concentre sur des caractéristiques de l’agriculture qui sont importantes du point de vue de l’emploi. Elle fournit également des exemples de filières agricoles qui n’ont pas reçu suffisamment d’attention, mais qui pourraient être prometteuses étant donné leurs liens avec les chaînes de valeur mondiales. Cette section ne se concentre pas sur les cultures d’exportation traditionnelles. Bien que l’expansion de la production et de la productivité des cultures d’exportation reste vitale pour les programmes de croissance et d’emploi, ce point a été largement discuté récemment dans de nombreux rapports, notamment ceux de la Banque mondiale.62 L’agriculture est un secteur clé pour la création d’emplois mieux rémunérés et de meilleure qualité pour tous, mais elle ne réalise pas son potentiel : la productivité du travail est faible et le secteur est dominé par les petits exploitants 125. L’agriculture et les systèmes alimentaires du Togo sont au cœur de l’agenda pour l’emploi du pays. Le secteur agricole représente environ 38 % de l’emploi total en 2019. Il est le deuxième plus grand employeur du pays, après le secteur des services. En ajoutant la fourniture d’intrants agricoles et toutes les activités post-récolte tout au long de la chaîne de valeur, l’agriculture et l’alimentation représentent au moins deux tiers des emplois. La forte croissance économique a fourni de nouveaux emplois aux travailleurs peu qualifiés, principalement dans le secteur de l’industrie et des services, rendant le marché du travail plus inclusif. Si les secteurs industriels et des services ont absorbé une partie de la main-d’œuvre libérée par l’agriculture et ont offert aux travailleurs peu qualifiés des emplois plus productifs et mieux rémunérés au cours des dernières décennies, l’agriculture reste la principale source d’emplois et de moyens de subsistance pour plus d’un tiers de la population togolaise. La grande taille de l’emploi agricole ne permet pas au reste de l’économie de pouvoir absorber de manière productive la plupart de ses travailleurs dans les décennies à venir. En effet, 3,4 millions de jeunes atteindront l’âge de travailler dans les 15 prochaines années, ce qui équivaut à 40 % de la population totale actuelle. Qui plus est, le secteur a créé près d’un quart de millions d’emplois en 2019, ce qui représentait FIGURE 3.3.1 Part de l’emploi par secteur d’activité, 1991–2019 60 50 Pourcentage 40 30 20 10 0 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Agriculture Industrie Services Source : Indicateurs du développement mondial, 2022. 62 Banque mondiale, 2022. Mémorandum économique du Togo. 78 60 % de tous les emplois créés cette année-là,63 et devrait continuer à créer la plupart des emplois dans un avenir proche, ce qui rend l’amélioration des qualités des emplois agricoles d’autant plus urgente. L’agriculture est un secteur clé pour la création d’emplois mieux rémunérés et de meilleure qualité pour tous, mais elle ne réalise pas son potentiel : la productivité du travail est faible et le secteur est dominé par les petits exploitants 126. La productivité du travail dans le secteur agricole est très faible, ne représentant que 60 % de la productivité du travail du pays. Alors que la productivité du travail a augmenté dans les secteurs de l’industrie et des services, elle est restée relativement constante dans le secteur agricole. La productivité moyenne du travail dans l’agriculture a augmenté d’environ 0,5 % par an entre 1991 et 2019. Qui plus est, la croissance de la productivité du travail dans l’agriculture s’est ralentie. Le taux de croissance annuel moyen de la productivité moyenne du travail agricole a été de 0,55 % de 2002–2006 à 2014–2019, contre 0,67 % de 1991–1996 à 2002–2006.64 En fait, l’expansion de la production agricole au cours des trois dernières décennies (3,1 % par an) était presque uniquement due à l’augmentation de la superficie cultivée (2,8 % par an), avec une faible croissance provenant de l’utilisation d’autres intrants (0,3 %), et une croissance nulle due à l’efficacité technique ou allocative ou au progrès technologique. La faible productivité du travail n’a pas seulement un impact sur les revenus des travailleurs agricoles, mais aussi sur la sécurité alimentaire et la capacité du pays à accroître sa participation aux chaînes de valeur régionales et mondiales. 127. L’agriculture au Togo est dominée par les petits exploitants, les indépendants et les travailleurs familiaux et se caractérise par une situation de sous-emploi. Le Togo compte un très petit nombre d’entreprises du secteur formel liées à l’agriculture. Près de 98 % des travailleurs agricoles sont des indépendants ou des travailleurs familiaux. Ces petits exploitants agricoles ne sont pas tous bien placés pour adopter de nouvelles technologies, commercialiser leurs produits de base et/ou se tourner vers des cultures et des produits à plus forte valeur ajoutée. Les agriculteurs les plus pauvres peuvent augmenter leurs revenus en travaillant comme salariés dans des exploitations à vocation plus commerciale ou dans des activités en expansion au-delà de l’exploitation agricole, comme les emplois dans les chaînes de valeur agricoles, qui doivent être développées pour permettre aux agriculteurs à orientation commerciale d’augmenter leur productivité.65 L’amélioration de la productivité agricole nécessitera également de s’attaquer au sous-emploi agricole. La sous-utilisation de la main-d’œuvre agricole, FIGURE 3.3.2 Productivité et répartition de la main-d’œuvre au Togo, 2019 180 160 Valeur ejoutée brute relative 140 120 100 80 60 40 20 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Part de l’emploi Agriculture Services Industrie Source : Indicateurs du développement mondial, 2022. Note: La productivité du travail est mesurée comme la valeur ajoutée annuelle (la valeur de la production moins la valeur de la consommation intermédiaire) par employé. 63 ANPE, 2020. 64 Banque mondiale, 2022. Mémorandum économique du Togo. 65 Banque mondiale, 2020. Agriculture, emplois et chaînes de valeur en Afrique. 79 due au caractère saisonnier de l’agriculture et à la faible production par hectare (faibles rendements), cantonne les revenus des petits exploitants à un faible niveau et contribue au caractère hétérogène de la productivité du travail agricole. Les travailleurs du secteur agricole travaillent beaucoup moins d’heures sur base annuelle que ceux travaillant principalement dans des activités non-agricoles. Plus de la moitié (57 %) des travailleurs agricoles sont sous-employés, contre 40 % et 33 % respectivement dans les secteurs de l’industrie et des services. Cela explique en partie l’écart de productivité agricole par personne. Cela indique également que l’agriculture n’est pas intrinsèquement moins productive et qu’elle mérite donc tout autant des investissements.66 128. Les revenus des travailleurs du secteur agricole sont nettement inférieurs à ceux des travailleurs des secteurs de l’industrie et des services. De nombreux travailleurs togolais continuent de gagner une grande partie de leurs revenus dans l’agriculture, en travaillant à leur compte sur leur exploitation. En 2018, en moyenne, un travailleur agricole gagnait 29 100 FCFA par mois contre 36 500 FCFA par mois pour les travailleurs du secteur de la construction, 40 200 FCFA par mois dans la fabrication et 62 250 FCFA dans les transports. En fait, le revenu moyen de l’agriculture n’atteint que 59 % du revenu moyen d’un travailleur au Togo, ce qui est cohérent avec l’écart de productivité du travail. Ceci pourrait expliquer que 20 % des travailleurs agricoles exercent une deuxième activité économique pour compléter leur revenu. 129. Les personnes pauvres au Togo sont plus susceptibles de vivre dans des zones rurales, de travailler principalement dans l’agriculture et d’être relativement isolées des marchés et des services. Un peu plus des trois quarts (77 %) des personnes pauvres vivent dans les zones rurales, qui ont une incidence plus élevée de pauvreté (69 %) par rapport à Lomé (35 %) et aux autres zones urbaines (40 %). La pauvreté augmente généralement au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la région maritime côtière, plus riche, et que l’on se dirige vers le nord, vers les régions des Plateaux (49 % de la pauvreté) et de la Kara (56 % de la pauvreté), puis (à nouveau vers le sud) vers la région Centrale (47 % de la pauvreté), et enfin vers la région la plus sèche, les Savanes (65 % de la pauvreté), qui fait frontière avec le Burkina Faso. L’agriculture représente plus de la moitié des emplois dans les régions les plus pauvres du pays (Centrale, Plateaux, Kara et Savanes), emploie deux tiers des travailleurs de la région des Savanes. 130. La création d’emplois agricoles plus nombreux et mieux rémunérés est essentielle pour réduire la pauvreté au Togo. L’agriculture est la principale source d’emplois et de moyens de subsistance pour les plus pauvres. En moyenne, les travailleurs agricoles sont plus pauvres que les travailleurs de l’industrie et des services. La plupart des travailleurs pauvres et vulnérables — ceux des premier et au deuxième quintile de la distribution des revenus, les jeunes et les moins instruits—, sont employés dans l’agriculture, perpétuant ainsi le cercle vicieux de la faible productivité, de la pauvreté et des inégalités. En fait, le travail agricole et le manque de compétences sont fortement liés. Cependant, cette corrélation diminue lorsque les travailleurs atteignent des niveaux d’éducation plus élevés. Près des deux tiers de la population active sans instruction sont employés dans l’agriculture, contre seulement 3,5 % de ceux qui ont atteint un diplôme d’études postsecondaires.67 131. L’emploi agricole reproduit, en les amplifiant, les disparités de genre et d’âge du marché du travail togolais, bien que des dynamiques spécifiques à l’agriculture existent. Les femmes et les jeunes semblent être particulièrement vulnérables. Si au Togo, les hommes sont majoritaires parmi les travailleurs agricoles, ils quittent le secteur agricole beaucoup plus rapidement que femmes. En 2006, 59 % de tous les travailleurs masculins au Togo travaillaient dans l’agriculture, contre 48 % des travailleurs féminins. En 2018, 43 % de tous les travailleurs masculins au Togo travaillaient dans l’agriculture, contre 40 % des travailleurs féminins. De même, les jeunes sont plus susceptibles que leurs homologues adultes de participer à l’emploi agricole, bien que l’exode des jeunes de la population active rurale ait été plus rapide que celui des travailleurs d’âge mûr.68 132. Les femmes et les jeunes rencontrent des difficultés accrues pour s’intégrer dans les chaînes de valeur de l’agriculture et en tirer les bénéfices. Le manque d’accès à la terre empêche souvent les femmes et les jeunes de cultiver à grande échelle, de trouver les capitaux pour investir dans des outils et des machines, et d’acquérir les compétences techniques pour accroître leur efficacité. Dans ce contexte, les groupes vulnérables 66 Banque mondiale, 2020. Agriculture, emplois et chaînes de valeur en Afrique. 67 EHCVM (2018/2019). 68 EHCVM (2018/2019). 80 FIGURE 3.3.3 Caractéristiques des travailleurs agricoles au Togo a) Travailleurs agricoles par part b) Caractéristiques des travailleurs % du total des travailleurs de quintiles de revenu, 2018 agricoles, 2018 80 70 % du total des travailleurs 60 70 50 60 40 50 30 20 40 10 30 0 Travailleurs informels Travailleurs formels Homme Femme Jeunes (15–24) Premier âge (25–64) Second âge (65+) Sans éducation Primaire Secondaire Post-secondire 20 10 0 s e e e s re he èm èm m uv iè ric xi isi tr pa eu o us ua Tr us D pl Q pl Le Le Formalité Genre Âge Éducation c) Part des travailleurs agricoles d) Revenu mensuel moyen par par région, 2018 travailleur, 2018 80 140 000 Revenu mensuel moyen % du total des travailleurs 120 000 par travailleur (FCFA) 70 60 100 000 50 80 000 Moyenne nationale 40 60 000 Moyenne 30 40 000 20 20 000 10 0 re n n ce rt s s es s bl n ic ce er 0 tio io pu io po tu in er bl ic ci vi at t M uc ra ul m ns pu an er ic e le ux ra s un é m ic ist ne tr a m m m ss br fin ra Ka es Tr gr ea e Co ns iti m Lo in va Fa re nt ic A at Co es dm ar Sa ut rv Ce Pl ic M Se A A rv co Se Source : Calculs des auteurs basés sur les données EHCVM, 2018. se trouvent souvent relégués dans des activités à faible valeur ajoutée au stade de la production. Ils ne sont pas capables de s’engager dans la transformation ou la commercialisation des produits et de générer des revenus importants de leur travail. Du point de vue de l’emploi, il est donc essentiel d’essayer d’offrir aux petits exploitants et micro-entrepreneurs, en particulier jeunes et femmes, la possibilité de « monter en grade » dans les chaînes de valeur afin de s’engager dans des activités productives à plus forte valeur ajoutée. L’agenda pour l’emploi dans l’agriculture a pour objectif d’améliorer la productivité de la main-d’œuvre agricole dans les cultures existantes, de diversifier l’éventail des produits agricoles et d’ajouter de la valeur afin de fournir aux travailleurs ruraux, en particulier les jeunes, des emplois de meilleure qualité à mesure que la lente transformation structurelle du pays se poursuit 133. Les principales cultures du Togo sont principalement consommées au niveau national. Il s’agit notamment du maïs, du sorgho, du riz, des ignames, du manioc, des arachides, des haricots, du soja. Les cultures de base, principalement le manioc, les ignames, le maïs, le mil et le sorgho, représentent les deux tiers de la production agricole en poids et emploient 87 % de tous les travailleurs agricoles. La production de ces produits à valeur pondérale relativement faible a connu une croissance rapide, tout comme les produits de la volaille et le riz, également destinés principalement au marché intérieur. Dans le même temps, la production 81 de lait a diminué, et celle de viande bovine a stagné, malgré une hausse de la demande intérieure et régionale pour ces produits. La croissance rapide de la demande de lait est largement desservie par les importations de lait en poudre bon marché, tandis que la demande de bétail est satisfaite par les voisins du nord.69 134. Les principales cultures d’exportation du Togo sont le coton, le cacao, le café, l’huile de palme et les arachides, qui ont toutes connu une croissance plus lente que celle de la population. Les cultures commerciales représentent environ 20 % des recettes d’exportation du pays, alors qu’elles emploient moins de 5 % des travailleurs agricoles. Elles sont principalement exportées sous une forme modérément transformée, comme la fibre de coton ou les fèves de cacao. La consommation intérieure d’huile de palme et d’arachide a augmenté plus rapidement que la production, ce qui limite la croissance des exportations nettes.70 135. Le lien entre les profils de pauvreté régionaux et les systèmes de culture est également une dynamique importante pour l’agenda des emplois agricoles. De nombreux travailleurs agricoles dans les régions les plus pauvres du Togo cultivent pour leur alimentation des plantes riches en amidon de base et volumineuses (97 % dans la région des Savanes, 89 % dans le Plateau et 80 % dans Kara). Alors que seule une petite partie des travailleurs agricoles cultive le coton, le coco, le café, les fruits ou les légumes (moins de 5 % dans chaque région). Les cultures d’aliments de base riches en amidon et volumineux figurent parmi les cultures les moins rémunératrices. Par exemple, en moyenne, un cultivateur de céréales du Plateau gagne 54 000 FCFA par mois, contre 212 000 FCFA pour un cultivateur de coton ou 67 000 FCFA pour un cultivateur de cacao et de café. 136. Les preuves théoriques, empiriques et historiques disponibles démontrent que la croissance de la productivité agricole peut avoir un impact important sur l’augmentation des revenus des pauvres et la réduction de la pauvreté.71 L’augmentation de la productivité du travail agricole devrait être un aspect central de l’agenda pour l’emploi au Togo. Elle permettrait d’améliorer la qualité des emplois et d’augmenter directement les revenus des pauvres, ce qui contribuerait à son tour à générer une demande de biens et de services non-agricoles, et donc aussi d’emplois non-agricoles. La disparité de la productivité du travail agricole au Togo laisse entrevoir une marge de croissance importante des niveaux de productivité. La croissance des revenus des petits exploitants agricoles s’avère efficace pour générer des emplois inclusifs et réduire la pauvreté, et les conditions pour y parvenir sont également présentes au Togo. Pour réduire la pauvreté dans les zones rurales, les politiques togolaises devraient se concentrer sur le développement de chaînes de production agricole offrant un important potentiel d’emploi et d’exportation. Globalement, de petites augmentations de la productivité du travail ou des salaires bénéficiant à une grande partie de la population peuvent générer plus de meilleurs emplois dans l’ensemble que de grandes augmentations de la productivité. Investir dans les chaînes de valeur offre un fort potentiel de création de meilleurs emplois et de revenus plus élevés dans la production et la transformation agricoles, y compris pour les plus vulnérables 137. Les chaînes de valeur agricoles offrent la possibilité de créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, tant dans l’exploitation agricole qu’en dehors de celle-ci. Le développement de chaînes de valeur agricoles implique la création ou le renforcement de liens commerciaux entre les différents acteurs impliqués dans le processus d’acheminement d’une marchandise du stade de la production à sa consommation finale. Dans ce processus, chaque étape ajoute de la valeur au produit. Les chaînes de valeur bien développées offrent des opportunités de marché aux producteurs locaux et s’appuient sur la capacité des entreprises locales à transformer localement, au lieu d’exporter directement les produits issus de la production. Un tel agencement permet de mettre en place plusieurs étapes de la chaîne au niveau national. La valeur ajoutée générée peut alors être partagée entre les différents acteurs du pays. Un écosystème dynamique d’entreprises impliquées dans la transformation agricole et les services d’accompagnement est particulièrement utile du point de vue de l’emploi. En créant de la valeur à partir de la production et de la transformation agricole, le développement des chaînes de valeur va faciliter l’intégration de l’offre et de la demande de main-d’œuvre à chaque étape de la chaîne. 69 Banque mondiale. Togo — Mémorandum économique pays 2022 : Vers une croissance durable et incluse (anglais). 70 Banque mondiale. Togo — Mémorandum économique pays 2022 : Vers une croissance durable et incluse (anglais). 71 Banque mondiale, 2020. Agriculture, emplois et chaînes de valeur en Afrique. 82 138. L’identification des chaînes de valeur ayant un fort potentiel commercial et de faibles barrières à l’entrée est donc centrale pour l’agenda de l’emploi. Une analyse de 2019 s’appuyant sur le « Jobs in Value Chain Toolkit » développé par le Jobs Group de la Banque mondiale a examiné les produits de base présentant une demande de marché inexploitée ainsi que de fortes opportunités d’inclusion pour les jeunes et les femmes au Togo. S’appuyant sur une liste de 22 filières agricoles identifiées comme prioritaires dans les documents stratégiques nationaux et sur base de consultations avec les principales parties prenantes gouvernementales et le secteur privé, l’étude a classé ces filières en fonction de leur poids dans la balance commerciale du Togo et de leur propension à générer des revenus pour les producteurs locaux. L’analyse a distingué un total de neuf filières présentant le plus fort potentiel d’emploi, en particulier pour les jeunes et les femmes - à savoir le poisson d’élevage, le fonio (une céréale locale), le miel, les champignons, l’ananas, le sésame, le karité, le soja et les épices telles que le gingembre et le piment rouge. Les résultats ont été présentés et validés lors d’un atelier national organisé en octobre 2019 auquel ont participé des représentants du gouvernement, du secteur privé, des associations agricoles, de la recherche universitaire et de la société civile. La compréhension des contraintes et des opportunités en matière d’emploi est une condition préalable à une action publique percutante pour la création d’emplois dans les chaînes de valeur 139. À cette fin, la Banque mondiale conduit une nouvelle étude analysant les principaux obstacles à la création d’emplois plus nombreux, de meilleure qualité et plus inclusifs dans les chaînes de valeur à fort potentiel au Togo.72 L’étude entend compléter le Diagnostic de la situation de l’emploi en fournissant une analyse approfondie pour trois des neuf chaînes de valeur précédemment identifiées — à savoir le karité, le gingembre et le piment rouge. Plus précisément, le karité a été sélectionné en raison d’une forte demande croissante sur les marchés mondiaux de l’alimentation et des cosmétiques, de la disponibilité naturelle et sous- exploitée des arbres à karité dans les trois régions du nord du Togo, et de la longue tradition culturelle de l’implication des femmes dans la collecte des noix de karité et la production de beurre de karité. Les épices ont été choisies comme deuxième étude de cas, avec un accent sur le gingembre et le piment rouge. Le gingembre a un fort potentiel économique tant au niveau national qu’international. Il peut être produit pendant la période de soudure, et récolté à la demande,73 ce qui offre aux agriculteurs une bonne occasion de diversifier leurs produits et de lisser leurs revenus tout au long de l’année. Le piment rouge bénéficie d’un marché intérieur dynamique et peut être cultivé presque partout dans le pays, avec plusieurs récoltes par an. Aucune de ces cultures ne nécessite de grandes parcelles de terre ni l’acquisition de machines avancées pour leur transformation. Par conséquent, elles constituent des choix prometteurs pour les groupes d’emploi vulnérables comme les femmes et les jeunes. 140. Dans la chaîne de valeur du karité, les principaux défis à l’emploi sont liés à la logistique, à la rigueur des méthodes de transformation traditionnelles et à la déforestation des arbres à karité. Au Togo comme dans d’autres pays de la « ceinture du karité », les arbres à karité74 n’ont pas encore été domesti- qués avec succès en tant qu’espèce et la majeure partie de la production repose sur la régénération naturelle des forêts et des savanes. Pendant la saison de récolte, les noix tombées des arbres sont ramassées par des collecteurs de karité, qui sont traditionnellement des femmes. La collecte a lieu dans la nature, en dehors des plantations. Assurer l’efficacité de la collecte et du stockage des noix de karité représente un défi majeur pour les collecteurs qui cherchent à fournir des noix aux petites et grandes entreprises pour la transformation en beurre de karité, le principal produit de la chaîne de valeur de karité dont la réputation vient de ses qualités hydratantes dans l’industrie cosmétique et de sa capacité à servir de substitut abordable au beurre de cacao dans l’industrie alimentaire. Selon les intervenants de la chaîne de valeur du karité interrogés pour l’étude, les deux intrants les plus coûteux pour la production de beurre sont le transport (40 %) et le stockage (33 %), ce qui suggère que des investissements dans ces postes pourraient alléger certaines contraintes pour les entreprises. En outre, la moitié des producteurs de beurre de karité interrogés ont déclaré utiliser des méthodes de transformation traditionnelles, qui nécessitent une 72 Banque mondiale. Togo : Analyse approfondie des chaînes de valeur à fort potentiel d’emploi pour les jeunes et les femmes. À paraître. 73 La racine de la plante de gingembre (rhizome), à partir de laquelle les épices et autres produits à base de gingembre sont fabriqués, peut rester dans le sol pendant plusieurs mois. 74 La Ceinture du Karité est la région de savane sèche de l’Afrique de l’Ouest qui s’étend du Sénégal à l’ouest au Soudan à l’est, et jusqu’aux contreforts des hauts plateaux éthiopiens. Elle couvre au total 21 pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Éthiopie, Érythrée, Ghana, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Soudan du Sud, Soudan, Togo, Ouganda, République démocratique du Congo, Kenya et Guinée. 83 FIGURE 3.3.4 Intrants de production les plus chers dans la chaîne de valeur du karité au Togo 40 % 33 % 18 % 8% 3% Semis Labourage Stockage Transport Autres Source : Banque mondiale. Togo : Analyse approfondie des chaînes de valeur à fort potentiel d’emploi pour les jeunes et les femmes. À paraître. FIGURE 3.3.5 Valeurs des importations et des exportations de gingembre au Togo (US$, 2016–2019) 194 929 192 625 197 681 200 000 155 243 150 000 100 000 50 000 2 329 2 058 2 341 2 029 0 2016 2017 2018 2019 Valeur des exportations Valeur des importations Source : FAOStat — Données sur les produits de la culture et de l’élevage au Togo : Valeur des importations et des exportations, Gingembre. grande quantité de bois de chauffage et d’eau. Ces techniques relativement inefficaces obligent les travailleurs, généralement des femmes, à parcourir de longues distances et à travailler dans des conditions difficiles sous une forte chaleur. L’abattage des arbres à karité pour produire du charbon de bois, une pratique courante dans les zones rurales du Togo, ne fait qu’aggraver ces problèmes. Les arbres mettent 15 à 20 ans pour porter des fruits et jusqu’à 50 ans pour atteindre leur capacité maximale. La déforestation a donc un impact direct sur la base de production de la chaîne de valeur du karité et met son avenir en péril. 141. Les risques climatiques, la volatilité du marché, les contaminations et l’accès limité à la terre constituent les principaux obstacles à l’emploi dans la chaîne de valeur du gingembre. Le gingembre est produit presque exclusivement par des petits exploitants, et il n’existe pratiquement aucune plantation à grande échelle au Togo. Les entreprises achètent généralement du gingembre frais auprès de collecteurs et le transforment en épices (poudre) ou en jus de gingembre. La demande de gingembre est élevée au Togo et n’est pas satisfaite par l’offre locale. En conséquence, le Togo présente un important déficit commercial pour cette filière, qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, les irrégularités climatiques semblent constituer un défi majeur pour les petits exploitants. Selon 44 % des personnes interrogées dans le cadre de l’étude, les périodes prolongées de sécheresse et l’indisponibilité de l’eau constituent des obstacles importants à la produc- tion. Deuxièmement, et en lien avec le premier point, le prix du gingembre sur le marché local est très volatil. Selon les intervenants de la chaîne de valeur interrogés, il fluctue d’une moyenne de 354 FCFA par kg pendant la basse saison à plus du double, 728 FCFA, pendant la haute saison. L’exposition aux parasites semble être un troisième problème clé. Une étude de 2013 sur les épices commercialisées au Togo a montré que le gingembre était de loin l’épice la plus contaminée, ce qui indique de mauvaises pratiques lors du stockage et du transport et entraîne des pertes post-récolte importantes. Enfin, au Togo, le gingembre est généralement cultivé sur des parcelles relativement petites à l’arrière des habitations ou le long des routes, ce qui complique l’augmentation de la production pour faire face à la forte demande. La combinaison de ces quatre contraintes crée des goulots 84 d’étranglement qui entravent la fiabilité de l’approvisionnement en gingembre frais des entreprises et des vendeurs en aval de la chaîne, ce qui est probablement préjudiciable à la croissance des entreprises. Ces contraintes ont pour résultats la taille relativement petite de la plupart des entreprises de la chaîne de valeur du gingembre et leur incapacité à fournir des opportunités d’emploi significatives. Parmi les entreprises interrogées, seules 12 % avaient déjà embauché en dehors du cercle familial. 142. En ce qui concerne le piment rouge, les producteurs sont exposés aux risques climatiques et à un accès limité à la terre, tandis que les entreprises doivent faire face à la concurrence du secteur informel et aux fluctuations des prix. Le piment rouge a l’avantage de générer des revenus relativement rapidement. Dans des conditions optimales, la récolte peut commencer quatre mois après la plantation et s’étendre sur plusieurs mois. Avec irrigation, deux récoltes par an sont possibles, ce qui souligne l’importance de l’accès à l’eau. La production togolaise fait intervenir tant les entreprises que les petits exploitants. Les fruits des plantes sont séchés et broyés pour produire des épices (poudre), lesquelles peuvent être mélangées à d’autres assaisonnements. Le piment rouge accompagne souvent d’autres cultures et constitue une source de revenus supplémentaire pour de nombreux ménages. Cependant, bien que cette situation soit favorable à la génération de revenus, elle entraîne également une concurrence croissante sur le marché. Parmi les entreprises interrogées pour l’étude, la concurrence du secteur informel a été citée comme le principal défi à la croissance des entreprises. Comme pour la filière du gingembre, la plupart des entreprises commercialisant du piment rouge sont de taille relativement petite, et à peine 13 % d’entre elles font appel à des travailleurs extérieurs. Le secteur du piment rouge présente d’autres similitudes avec le secteur du gingembre. Le piment rouge est souvent cultivé sur de petites parcelles, avec des possibilités limitées d’étendre la production. En outre, le prix du piment rouge fluctue considérablement tout au long de l’année, variant selon les intervenants interrogés d’une moyenne de 739 FCFA pendant la basse saison à 1 543 FCFA pendant la haute saison. La volatilité des prix est due aux conditions climatiques, mais dépend également de la zone de production (certaines régions sont plus productives à certaines périodes de l’année) et des célébrations culturelles (lorsque la demande alimentaire est élevée). Le Togo consomme la plupart du piment rouge qu’il produit, étant importateur ou exportateur net selon les années, les volumes ne dépassant jamais 70 tonnes. Les contraintes transversales à l’emploi dans les chaînes de valeur agricoles s’articulent autour de trois thèmes clés : le financement, les compétences et l’accès aux marchés 143. Outre les défis susmentionnés spécifiques à chaque chaîne de valeur, un certain nombre de contraintes communes ont également été identifiées dans l’étude, ayant un impact à la fois sur la création d’emplois, la qualité des emplois et l’inclusivité des emplois. 144. Premièrement, l’accès limité au financement entrave les investissements dans les actifs productifs et empêche les entreprises de développer leurs activités. En raison du manque de financement, il est difficile FIGURE 3.3.6 Quantités importées et exportées au Togo (tonnes métriques, 2000–2019) 70 60 Tonnes métriques, 50 2000–2019 40 30 20 10 0 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Quantité exportée Quantité importée Source : FAOStat -— Données sur les produits de la culture et de l’élevage au Togo : Quantité importée et exportée, Piments et poivrons séchés. 85 pour les producteurs d’acquérir les équipements nécessaires à la transformation des matières premières et pour les entreprises d’acquérir des machines et des outils plus efficaces. Ce constat s’applique particulièrement aux femmes et aux jeunes entrepreneurs qui souvent ne disposent ni des garanties ni des revenus nécessaires pour obtenir des prêts auprès des institutions financières. Ces contraintes constituent les principales raisons du manque d’accès au crédit dans les trois chaînes de valeur analysées. En raison du nombre limité d’alternatives, l’épargne personnelle reste donc la principale source de financement pour la plupart des petits exploitants et des micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) interrogées. En outre, l’étude a révélé que si 35 % des producteurs de karité de l’échantillon avaient accès à l’épargne coopérative ou communautaire, cette part était inférieure à 5 % chez les producteurs de gingembre et de piment rouge. Parmi les MPME, moins de 15 % avaient déjà reçu un prêt d’une institution financière. La situation est d’autant plus compliquée par les faibles taux d’inclusion financière. Dans les chaînes de valeur du karité, du gingembre et du piment rouge, la part des producteurs qui possèdent un compte bancaire varie entre 15 et 36 %. 145. Deuxièmement, la prévalence de travailleurs peu qualifiés dans l’agriculture constitue un obstacle à la croissance des entreprises et à l’inclusion économique des groupes vulnérables. Les femmes et les jeunes, en particulier, ont identifié les coûts de l’éducation ainsi que le manque d’informations sur le lieu ou le type de cours à suivre comme deux défis majeurs pour accéder à un emploi ou développer leur entreprise (plutôt que l’indisponibilité des opportunités de formation). Les formations aux bonnes pratiques agricoles (y compris l’agriculture intelligente face au climat) ainsi qu’à la création et à la gestion d’entreprise ont été saluées comme des investissements utiles pour augmenter la productivité, les revenus et les bénéfices parmi ceux qui avaient récemment bénéficié de cours. Les discussions de groupe avec les MPME ont confirmé que cette situation complique la recherche de travailleurs qualifiés, en particulier des jeunes et des femmes, pour les entreprises. D’ailleurs, dans les trois chaînes de valeur, les entreprises ont constamment classé le manque de qualifications comme l’une des deux principales raisons compliquant le recrutement de jeunes et de femmes. 146. L’accès limité aux marchés, notamment ceux de l’exportation potentiellement très rentables, a été identifié comme un autre problème important. Aux stades de la production et de la transformation, les acteurs de la chaîne de valeur se sont plaints de la mauvaise condition des infrastructures — notamment l’accès limité à l’eau/irrigation et aux installations de stockage — ainsi que du manque de solutions rentables pour l’emballage et le transport. L’ensemble de ces problèmes font qu’il est difficile de répondre aux exigences de qualité et de quantité des plus gros acheteurs, qui paient des prix plus élevés. En effet, dans les trois chaînes de valeur, trouver des producteurs capables de fournir en qualité et en quantité suffisante a été classé comme la principale contrainte par les intermédiaires et les transformateurs. Pour les produits à fort potentiel d’exportation, comme le karité et le gingembre, les principaux défis signalés par les entreprises étaient liés à l’obtention des certifications requises pour l’exportation et l’accès aux marchés de niche lucratifs à l’étranger, tels que les produits biologiques ou équitables à forte valeur ajoutée. Cette situation est préjudiciable à l’emploi dans l’ensemble des chaînes puisque l’offre locale est incapable de répondre à la demande croissante des marchés nationaux et internationaux. 86 4. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES PUBLIQUES 147. Le Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo analyse les facteurs qui influencent les résultats en matière d’emploi pour la population togolaise à travers un examen complet, fondé sur des données probantes. Il utilise une approche intégrée pour passer en revue les tendances du marché du travail togolais, analyser les contraintes sous-jacentes et identifier les possibilités d’accélérer la réduction de la pauvreté et de renforcer la cohésion sociale. Il est organisé autour de trois chapitres principaux couvrant les côtés offre et demande du marché du travail ainsi que l’environnement économique interne et externe, et de trois analyses approfondis sur des thématiques qui sont essentielles pour améliorer les résultats en matière d’emploi pour tous les Togolais. Ces analyses thématiques portent notamment sur le niveau de résilience des travailleurs informels, en particulier celui du « groupe négligé » ou ceux qui ne sont pas actuellement couverts par la protection sociale, l’hétérogénéité entre les entreprises informelles, et les emplois dans le secteur agricole, à la fois dans les exploitations et tout au long des chaînes de valeur. Les principales conclusions du Diagnostic peuvent être résumées comme suit : 148. Alors que l’accès à l’emploi est élevé au Togo, la qualité des emplois, en termes de productivité, de revenus et de sécurité, est faible. Du côté de l’offre de travail, le Diagnostic relève que le Togo a une population jeune, active et en croissance, désireuse de rejoindre et de participer au marché du travail. Le niveau d’éducation de la population en âge de travailler s’est amélioré au fil du temps, mais de grandes disparités dans l’accès à l’éducation entre les individus urbains et ruraux d’une part, et entre les hommes et les femmes d’autre part, renforcent les inégalités existantes dans l’accès aux emplois (de qualité). Bien que le taux d’emploi global soit élevé, l’auto-emploi est la forme d’emploi dominante au Togo et les inégalités de genre et de lieu de travail en termes d’accès à l’emploi, restent omniprésentes. Le chômage est faible et se concentre principalement chez les jeunes urbains plus instruits. Les emplois salariés sont peu nombreux. Ils sont concentrés dans le secteur des services et sont occupés par des hommes dans les zones urbaines. En outre, 60 % des ménages ont une activité non-agricole qui leur permet de générer un revenu continu tout au long de l’année, mais la plupart de ces entreprises familiales sont petites et précaires. 149. Malgré la croissance économique, la création d’emplois salariés dans le secteur privé reste modérée et doit être accélérée considérablement afin d’offrir des emplois à une population en âge de travailler en croissance rapide. Le Diagnostic a noté qu’en dépit d’une croissance économique soutenue, alimentée par des réformes structurelles, des dépenses d’infrastructure et des investissements du secteur privé, des gains significatifs de productivité globale ne se sont pas produits au Togo depuis la fin des années 2000. En outre, la pauvreté reste élevée dans de nombreuses régions et les efforts pour la réduire ont été entravés par une série de chocs négatifs depuis la pandémie de COVID-19 en 2020. La croissance économique a favorisé la création d’emplois au cours de la dernière décennie, principalement dans l’industrie et dans le secteur des services, mais il existe toujours un déficit d’emplois salariés dans le secteur privé. En outre, pour fournir le million de nouveaux emplois estimé nécessaire d’ici 2030 pour absorber les nouveaux arrivant sur le marché du travail, le Togo devra maintenir un taux de croissance du PIB d’au moins 4,6 % par an juste pour maintenir le statu quo en termes d’emploi, d’informalité, et des conditions de rémunération. Assurer la convergence vers des niveaux de vie plus 87 élevés et des emplois mieux rémunérés nécessiterait une croissance nettement plus élevée, soutenue par une transformation structurelle plus rapide. 150. Des contraintes importantes, y compris le coût du travail et du capital, réduisent la demande de main d’œuvre dans le secteur formel. Du côté de la demande de main-d’œuvre formelle, le Diagnostic a constaté que la croissance économique ne s’est pas traduite par la création d’emplois formels à un rythme soutenu. Pourtant, le taux d’entrée des entreprises formelles est en hausse depuis 2017, grâce à d’importantes réformes visant à simplifier le processus d’enregistrement des entreprises. Le faible rapport entre la création d’emplois et la croissance du PIB traduit en partie le manque d’incitations pour les entreprises du secteur privé à embaucher des employés supplémentaires, ce qui maintient la création d’emplois formels en dessous de son potentiel. Cela s’explique en partie par le niveau du coût total de la main-d’œuvre (salaires, impôts, cotisations de sécurité sociale) qui est trop élevé compte tenu des niveaux actuels de productivité et de rémunération dans l’économie. De plus, l’accès au financement pour les entreprises reste limité et coûteux. De même, la disponibilité du financement varie considérablement selon le secteur économique. En effet, moins de 1 % des crédits bancaires vont au secteur agricole malgré son importance dans l’économie. D’autres facteurs pèsent aussi sur l’entrée des entreprises et la création d’un plus grand nombre d’emplois de bonne qualité, dont : les taux d’imposition, la corruption et la concurrence des entreprises informelles. 151. Des politiques adaptées aux différents niveaux de vulnérabilité et de capacité contributive sont nécessaires pour étendre la protection sociale aux ménages dont les revenus dépendent du secteur informel. L’analyse approfondie sur la résilience des travailleurs informels a conclu que la majorité des ménages opérant dans le secteur informel font face à différents chocs, mais ne sont pas couvert par la protection sociale, que ce soit en théorie ou en pratique. Près de la moitié de la population togolaise vivent dans des ménages non-pauvres qui tirent leurs revenus du secteur informel ; ces ménages sont fortement vulnérables aux chocs. Comme la plupart de ces ménages ne sont ni couverts par les programmes de filets de sécurité, ni inscrits dans les régimes de protection sociale offerts par l’emploi formel, ils sont considérés comme le « groupe négligé » de la protection sociale. Ils ne sont généralement pas éligibles pour participer dans les programmes de filets sociaux et par conséquent n’ont pas accès aux appuis pour les aider en cas de détresse. Les chocs prennent le plus souvent la forme d’événements sanitaires et familiaux, tels que la maladie ou le décès, et de catastrophes naturelles. Avant la pandémie, la plupart de ces ménages informels non-pauvres étaient en mesure de s’auto- assurer contre les chocs, en dépit d’importantes différences régionales et entre les sexes. 152. Le secteur informel est dominé par des entreprises de subsistance qui opèrent à des faibles niveaux de productivité, mais abrite également des entreprises hautement productives. L’analyse approfondie sur l’hétérogénéité des entreprises informelles a montré que celles-ci sont surreprésentées dans le secteur du commerce et sont principalement dirigées par des femmes travaillant à leur propre compte, avec un faible niveau d’éducation et générant de faibles profits. Plus généralement, il existe des écarts importants dans la productivité du travail entre les sexes, les secteurs, les lieux et la taille au sein des entreprises informelles. Cependant, il existe également une dispersion importante de la productivité du travail entre les entreprises ainsi qu’au sein de chacune de ces catégories. Une analyse typologique a permis de catégoriser et de faire ressortir (i) les entreprises de subsistance, créées par nécessité, (ii) les entreprises quelque peu productives mais avec un potentiel de croissance limité, représentant la moitié des entreprises informelles, (iii) les start-ups opérant à de faibles niveaux de productivité mais avec un potentiel de croissance élevé, (iv) et les entreprises bien établies et hautement productives avec un profil similaire à celui des entreprises formelles, représentant moins d’un cinquième de toutes les entreprises informelles. Ce paysage différencié des entreprises informelles suggère qu’une stratégie unique pour obtenir de meilleurs résultats en matière d’emploi ne fonctionne pas. Les programmes de formalisation — au centre de la politique actuelle — peuvent fonctionner pour les entreprises qui ont un profil plus proche de celui des entreprises formelles, mais ne sont pas adaptés à la majorité des entreprises, que ce soit du point de vue de l’augmentation de la formalisation ou de la promotion de la productivité. 153. Le secteur agricole recèle un potentiel important mais non exploité pour créer des emplois plus productifs, mieux rémunérés, et inclusifs. L’analyse approfondie sur les emplois dans l’agriculture a révélé que le secteur agricole représente non seulement la principale source d’emplois et de moyens de subsistance, mais aussi qu’il crée le plus grand nombre de nouveaux emplois chaque année. Il détient ainsi la clé pour la 88 création d’emplois de meilleure qualité. Cela est vrai dans les exploitations agricoles, mais aussi tout au long des chaînes de valeur qui comprennent la transformation, la commercialisation, les services de mécanisation, la fourniture d’intrants et le transport. Cependant, un certain nombre de facteurs ont entravé la capacité de ce secteur à réaliser ce potentiel, parmi lesquels la faible productivité du travail et le poids prépondérant des petits exploitants dans le secteur qui font face à une variété de contraintes pour accéder des marchés formels. 154. Les défis et les opportunités présentés dans les différents chapitres de ce Diagnostic permettent de formuler des recommandations de politiques publiques susceptibles de répondre aux problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs, les entreprises et l’économie dans son ensemble et d’améliorer les résultats en matière d’emploi pour la main-d’œuvre actuelle et future du Togo (voir le tableau ci-dessous). Ces recommandations de politiques publiques ont été conçues pour soutenir la grande variété de profils de travailleurs et de ménages qui constituent la main-d’œuvre togolaise, et pour devenir un facteur déterminant de la croissance future de l’économie du pays. Pour les rendre plus robustes, elles tiennent compte de la conjoncture mondiale et du potentiel de chocs externes affectant l’économie du Togo. Au niveau global, le Diagnostic souligne que pour réussir le développement et la mise en œuvre d’une stratégie globale pour des emplois plus nombreux et de meilleure qualité au Togo, le gouvernement devrait adopter une approche multisectorielle et impliquer tant le secteur privé que la société civile dans le développement et la mise en œuvre conjointe des solutions. Désormais, l’une des principales recommandations politiques est d’impliquer les acteurs clés de l’économie et du marché du travail togolais tout au long du cycle de politiques publiques. Les recommandations politiques spécifiques couvrent un large éventail de domaines pour relever les défis identifiés, conformément au diagnostic : (a) Coordination. L’orientation générale se fonde sur une stratégie multisectorielle pour l’emploi, une structure de coordination ancrée au plus haut niveau et une plateforme d’échange de données. Ces éléments permettraient d’assurer une approche de politique publique cohérente à travers l’économie togolaise, de donner une impulsion majeure aux efforts sectoriels, d’ancrer l’intégration de la dimension emploi, notamment grâce à de meilleures données factuelles pour une prise de décision mieux éclairée, et d’améliorer l’efficience et l’efficacité dans les politiques économiques et sociales. (b) Offre de main-d’œuvre. Un meilleur ciblage des mesures, telles que les subventions salariales, les offres de formation et les transferts monétaires, afin de se focaliser davantage sur les groupes les plus vulnérables, dont les femmes et les jeunes, en mettant les travailleurs en relation avec des opportunités plus productives en tant que travailleurs salariés ou entrepreneurs. Simultanément, les systèmes de protection sociale doivent être considérablement développés et renforcés pour les ménages vulnérables qui dépendent du travail informel. (c) Contexte économique global. Renforcer la dimension emploi dans les décisions de politiques, et en particulier développer davantage le potentiel de l’agriculture et multiplier les possibilités d’emploi en milieu urbain. D’un point de vue sectoriel, des efforts particuliers devraient être faits pour développer le potentiel important de l’agriculture, un secteur essentiel pour l’emploi au Togo. Les mesures essentielles comprennent des investissements dans les infrastructures et des initiatives susceptibles de développer la transformation et les exportations. (d) Demande de main-d’œuvre. Encourager la création de plus d’emplois formels dans le secteur privé, notamment en examinant les différents éléments du coût total de la main-d’œuvre afin d’améliorer sa compétitivité, et élargir l’accès au financement tout en renforçant la bonne gouvernance. Les politiques devraient aussi renforcer la productivité dans le secteur informel, notamment par une approche plus adaptée pour répondre aux besoins d’un large éventail hétérogène d’entreprises informelles. La plupart des emplois aujourd’hui sont informels et le resteront dans un avenir prévisible. 155. Le tableau ci-dessous priorise les options et résume les recommandations de politiques publiques. Les politiques publiques décrites affecteront tout le monde, mais elles feront une différence particulière pour les femmes et les jeunes travailleurs, d’autant plus que certains des obstacles identifiés sur le marché du travail sont spécifiques aux femmes et aux jeunes. Ils sont présentés séparément et complètent les options de politiques publiques. 89 TABLEAU 4.1 Diagnostic de la situation des emplois au Togo : Recommandations de politiques publiques Unité gouver- Calendrier Défis Recommandations de politiques publiques nementale indicatif responsable Opportunité 1 — Coordination d’un programme multisectoriel pour l’emploi : Adopter une approche multisectori- elle de l’agenda pour l’emploi afin de transformer l’économie et créer davantage d’emplois de bonne qualité pour tous les groupes de population Le paysage institutionnel, Se servir de ce Diagnostic de la situation de l’emploi, des analyses antérieurs de la Plus haut niveau Immédiat les politiques publiques, question de l’emploi, la Feuille de Route Gouvernementale 2020–2025, ainsi que du gouvernement les programmes et les les politiques, stratégies et programmes liés à l’emploi actuellement en place ou en systèmes en matière cours d’élaboration comme occasion de développer une « Stratégie multisectorielle d’emploi sont fragmentés de l’emploi pour le Togo » centrée sur la dimension emploi de l’offre sur le marché entrainant de faibles du travail, de la demande et de l’environnement macroéconomique. La mise en résultats sur le marché du œuvre de cette stratégie multisectorielle de l’emploi peut être une voie pour créer travail. de meilleures opportunités d’emploi pour tous les groupes de population en iden- tifiant et en utilisant les synergies entre les secteurs, les acteurs et les programmes. Développer et mettre à jour de manière régulière une cartographie systématique Plus haut niveau Court de tous les programmes qui touchent à la question de l’emploi et leur impact (si du gouvernement terme disponible), et la rendre accessible à tous les acteurs clés des secteurs public et privé. Absence d’un mécanisme Institutionnaliser une plateforme pour l’emploi ancrée au plus haut niveau du gou- Plus haut niveau Immédiat de coordination sys- vernement. Il faudra établir et institutionnaliser une équipe technique intersectorielle du gouvernement tématique impulsé par secondée par une unité de coordination interministérielle (Comité de pilotage). Sur un leadership fort du la base des leçons tirées du dialogue et du comité technique pour l’emploi établi gouvernement. lors des deux ans de consultation qui ont mené au présent Diagnostic, la structure de gouvernance intersectorielle devrait inclure des représentants des ministères sectoriels contribuant à l’agenda pour l’emploi, des acteurs du secteur privé et de la société civile. Son ancrage au plus haut niveau du gouvernement est également indispensable pour lui permettre de mobiliser régulièrement les différents acteurs et de renforcer la prise de décision intersectorielle. Ce comité aura pour mandat d’assurer la coordination des acteurs contribuant à l’agenda pour l’emploi au Togo, et d’élaborer la stratégie multisectorielle de l’emploi et ses plans d’action. Elle partic- ipera ensuite à la mise en œuvre de ces derniers, ainsi qu’à leur suivi et évaluation. Opportunité 2 — Côté offre de main d’œuvre : Connecter les groupes de population vulnérables (jeunes, femmes, populations rura- les et personnes vivant avec un handicap) à des emplois de bonne qualité et renforcer la résilience de la population en âge de travailler Inadéquation entre les Élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale de formation professionnelle Ministère EFTP, Court possibilités d’emploi et ainsi qu’un système de formation et de certification des compétences axé sur la en collaboration terme les qualifications ; demande, auquel participeront des entreprises, des prestataires de formation et des avec : Ministère Faibles niveaux de certi- organisations de travailleurs. La certification pourrait s’effectuer selon des normes de l’Enseigne- fication dans les secteurs élaborées sur la base des compétences dans des secteurs et des métiers clés. ment Supérieur, formel et informel de • Mener une évaluation systématique du système de l’EFTP afin d’analyser ses Institutions et l’EFTP ; arrangements institutionnels, sa conception technique et son opérationnalisation agences gou- ainsi que si le système permet de former sur les compétences recherchées par vernementales Soutien relativement de formation le secteur privé. Une telle évaluation permettrait d’affiner les recommandations faible à la formation pro- professionnelle, à qui suivent ; fessionnelle compte tenu travers un cadre • Renforcer la formation professionnelle, laquelle est essentielle à la compétitivité du soutien que l’EFTP de dialogue et à la transition rapide entre l’école et le marché du travail, grâce à une aug- apporte à l’acquisition de public-privé mentation du budget qui lui est alloué ; compétences ; • Étendre le programme d’apprentissage renforcé aux zones urbaines et rurales ; Faible niveau également • Dispenser des formations en alphabétisation, en compétences socio-émotion- des dépenses globales nelles et commerciales aux personnes ayant peu ou pas d’éducation formelle ; d’éducation ; • Concevoir et mettre en œuvre une stratégie de sortie/diplôme pour les bénéficiaires Faible couverture de des programmes d’emploi publics et ses mesures d’accompagnement. Compléter l’enseignement technique le soutien par des programmes de développement des compétences qui mettent et professionnel centré de l’accent sur le micro-entrepreneuriat et la formation socio-émotionnelle ; et manière disproportionnée • Vu la popularité de l’apprentissage informel, développer et mettre en œuvre un sur les jeunes hommes cadre de certification pour les ateliers et les apprentis informels. urbains bien éduqués. 90 Unité gouver- Calendrier Défis Recommandations de politiques publiques nementale indicatif responsable Les jeunes, les femmes, Renforcer le ciblage au niveau de la conception des programmes pour atteindre les Ministry of Moyen les populations rurales et populations les plus vulnérables. Par exemple, connecter des bases de données des grassroot terme les personnes vivant avec programmes du marché du travail à celles du registre social tout en s’assurant les development, un handicap sont con- programmes du marché du travail se focalisent sur les populations vulnérables telles Ministry of social frontés à des contraintes que les femmes, les jeunes, les populations rurales et les personnes handicapées. affairs, Ministry particulières pour accéder of informal à des emplois de bonne sector, Ministry of qualité, comme l’illustrent labor, Ministry of les disparités d’âge, de agriculture, and sexe et de lieu pour la related public plupart des indicateurs agencies d’emploi. Sur la base de l’expérience internationale et nationale, s’attaquer de manière explicite Ministry of Moyen L’emploi indépendant aux contraintes spécifiques rencontrées par les jeunes, les femmes, et les populations grassroot terme est la forme dominante rurales dans l’accès à des emplois de bonne qualité, notamment grâce à des : development, d’emploi au Togo, ce Ministry of social • Des mesures d’inclusion économique (y compris du coaching, des formations qui indique des niveaux affairs, Ministry à l’esprit entrepreneurial, aux compétences de vie et à l’initiative personnelle, élevés de sous-emploi, of informal l’organisation de groupes d’épargne) pour renforcer les compétences entre- et se caractérise le plus sector, Ministry of preneuriales, renforcer l’accès aux financements, et améliorer la productivité souvent par de faibles labor, Ministry of et les revenus ; niveaux de productivité et agriculture, and • Des subventions salariales (voir Annexe C pour plus d’informations), des stages de revenus. related public et des programmes d’apprentissage permettant aux jeunes d’acquérir une Peu de travailleurs expérience professionnelle et de développer leur propre réseau qui peut les agencies ont accès aux emplois aider à accéder à des emplois salariés plus productifs ; salariés, qui tendent à • Des programmes à haute intensité de main-d’œuvre fournissant à des jeunes être de meilleure qualité. non-qualifiés un revenu pendant un temps donné, au cours duquel ils pourraient Ils sont principalement également recevoir une assistance en matière d’esprit d’entreprise et bénéficier occupés par les hommes d’un système de subventions de contrepartie inspiré par les leçons du projet des zones urbaines. Opportunités d’Emploi pour les Jeunes Vulnérables au Togo (EJV) ; et • Améliorer l’inclusion économique des jeunes, des femmes et des populations rurales dans les chaînes de valeur (agricoles) pour leur permettre de saisir les opportunités économiques et d’emploi tout au long de la chaîne de valeur, nota- mment dans le transport, les services de mécanisation, la fourniture d’intrants, la transformation et la commercialisation. Les ménages informels Mettre en place un régime d’assurance sociale adapté aux besoins spécifiques et à Ministère du Moyen non-pauvres sont pour la la capacité contributive des travailleurs informels et de leurs ménages, en s’appuyant Travail, Ministère terme plupart exclus du système sur les récents résultats probants obtenus dans d’autres pays, dont le Rwanda et de l’économie de protection sociale, ce le Ghana. Les ménages non-pauvres ont, en principe, des niveaux variables de et des finances, qui les rend particulière- capacité contributive. Un tel dispositif sur mesure pourrait prendre la forme d’un et Ministère du ment vulnérables aux système d’épargne volontaire combinant le court et le long terme pour tirer parti secteur informel chocs économiques et des opportunités d’investissement rentables, lisser la consommation lorsque les risque de les faire basculer revenus sont irréguliers et imprévisibles, y compris pour les vieux jours, et s’assurer dans la pauvreté. contre les urgences. En fait, les observations dans d’autres pays montrent une plus grande propension à épargner pour payer l’éducation, pour faire face aux urgences et à des événements imprévus, et pour investir dans une entreprise, plutôt qu’à épargner pour la vieillesse. Le gouvernement pourrait collaborer avec le secteur privé pour mettre en place des incitations par le biais d’outils comportementaux (destinés à surmonter des préjugés d’ordre psychologique qui empêchent l’épargne), mais aussi des innovations financières et technologiques (rendant les produits financiers plus accessibles et moins coûteux). La mise en place de ce dispositif pourrait soit s’appuyer sur des structures existantes, comme la CNSS, soit s’appuyer sur une nouvelle entité. 91 Unité gouver- Calendrier Défis Recommandations de politiques publiques nementale indicatif responsable Assurer une mise en œuvre efficace de l’AMU pour permettre aux ménages de Ministère de la Court à mieux se protéger contre les chocs sanitaires idiosyncrasiques et covariants, santé, Ministère moyen indépendamment de leur statut de l’emploi. Le régime d’assistance médicale du développe- terme non-contributif de l’AMU (RAM), destiné aux personnes pauvres et vulnérables, ment à la base, et devrait également couvrir les ménages informels non-pauvre non-résilients avec une Institut National capacité contributive limitée lorsqu’ils montrent des signes de détresse économique, d’Assurance en particulier lorsqu’ils sont confrontés à un choc (sanitaire). Le régime d’assurance Maladie maladie de base obligatoire contributif de l’AMU (RAMO) s’adresse entre autres aux autoentrepreneurs et aux travailleurs et propriétaires d’entreprises informelles ayant une capacité contributive. La protection de ces groupes de population passe nécessairement par l’opérationnalisation et l’accélération de leur adhésion. Opportunité 3 — Performance économique globale et emplois : Soutenir la transformation structurelle et la création d’un plus grand nombre d’emplois de bonne qualité par des investissements stratégiques La transformation struc- Renforcer la dimension emploi dans les décisions de politiques de telle sorte à don- Plus haut Court, turelle a été lente, la crois- ner la priorité aux investissements qui soutiennent le processus de transformation niveau du moyen sance de la productivité structurelle et augmentent la capacité des emplois togolais à être compétitifs au gouvernement, à long dans les différents secteurs niveau international. Ministère de terme faible, et la croissance l’économie et économique pas assez des finances, inclusive. Ministères en charge du développement économique et social Améliorer le niveau de vie de la population urbaine grâce à (i) une meilleure con- Ministère de l’ad- Moyen nectivité au sein des villes et entre elles ; (ii) un accès plus large aux infrastructures ministration terri- à long vitales (énergie, eau et assainissement, transports publics) ; et (iii) une amélioration toriale, Ministère terme de la planification et des financements urbains. de la promotion de l’investisse- ment, Ministère des transports, et Ministère de l’énergie Améliorer la compétitivité commerciale grâce à (i) un accès élargi aux marchés Ministère du Moyen internationaux pour diversifier les exportations; (ii) un soutien accru aux principales commerce et de à long industries à fort potentiel de croissance pour tirer parti du potentiel en tant que l’industrie, et terme centre régional ; et (iii) un renforcement de la facilitation des échanges en simplifiant Ministère de la et en réduisant le coût des procédures douanières. promotion de l’investissement Le développement Augmenter l’investissement dans des actifs productifs et accélérer la croissance Ministère de Moyen des chaînes de valeur des entreprises : l’économie et à long (agricoles) n’a pas encore • Créer un fonds de garantie ciblant les chaînes de valeur à fort potentiel, afin des finances, terme atteint son plein potentiel d’encourager les institutions financières à prêter aux entreprises prêtes à investir Ministère du et pourrait devenir un dans ces chaînes. Ce fonds pourrait absorber partiellement la première tranche commerce et moteur pour la croissance des pertes que les banques pourraient subir si leurs investissements s’avéraient de l’industrie, économique et la création non-rentables. Il réduirait ainsi les risques pour les financiers privés ; et Ministère de d’emplois.75 • Faciliter la création de coopératives de producteurs offrirait aux entreprises la l’agriculture, et possibilité d’établir ou de développer à plus grande échelle des systèmes d’agri- Ministère de la culture contractuelle. En outre, des subventions directes aux entreprises pourraient promotion de être fournies pour les aider à acquérir des équipements et des machines de l’investissement transformation plus efficaces. Des investissements supplémentaires à différentes étapes des chaînes aideraient tant les producteurs que les transformateurs à intensifier leurs activités et à répondre à la demande croissante. 75 Des recommandations additionnelles et plus détaillées peuvent être trouvées dans le rapport accompagnant : Banque mondiale. Togo : Analyse approfondie des chaînes de valeur à fort potentiel d’emploi pour les jeunes et les femmes. À paraître. 92 Unité gouver- Calendrier Défis Recommandations de politiques publiques nementale indicatif responsable Améliorer l’accès aux marchés (d’exportation) : Ministère du Moyen • Financer des investissements dans les infrastructures publiques visant à atténuer commerce et à long les principales contraintes signalées par les acteurs de la chaîne de valeur. Ces de l’industrie, terme contraintes comprennent l’accès à l’eau et à l’électricité, ainsi que les installa- Ministère de tions d’entreposage et de stockage au niveau communautaire. Les initiatives l’économie et existantes, telles que le réseau de zones de développement agricole (ZAAP) qui des finances, fournit un accès à la terre et à l’irrigation aux populations rurales, doivent être Ministère de la soutenues et étendues ; promotion de • Pour les produits d’exportation, une place de marché ou un centre commercial l’investissement, dédié, adapté aux normes internationales, pourrait contribuer à attirer les acheteurs Ministère de nationaux (leur établissement ou leur développement pourrait s’appuyer sur des l’agriculture, et initiatives privées comme la plateforme industrielle d’Adetikopé) ; Ministère de • Parrainer ou commander la création d’une plateforme numérique (e-market) l’énergie susceptible de mettre en relation les vendeurs et les acheteurs ; et • Mandater l’Agence togolaise de normalisation (ATN) pour l’élaboration des normes de qualité pour certaines chaînes de valeur. Investir dans une recherche plus importante et de meilleure qualité pour s’assurer Ministère de Court à que l’adoption de la technologie améliore la productivité, ainsi que la qualité des l’agriculture, moyen emplois et des revenus. Il existe plusieurs solutions de marché, comme les services et agence de terme de mécanisation agricole, pour surmonter le caractère indivisible du capital agricole développement et profiter des économies d’échelle qu’implique la mécanisation. agricole Les emplois et les revenus Continuer à soutenir le secteur privé en améliorant l’accès au financement et Ministère de Court à ont été lourdement en apportant un soutien ciblé aux entreprises les plus touchées pour les aider à l’économie et moyen affectés par les chocs surmonter les conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 et de des finances, terme internationaux récents. l’inflation croissante. et Ministère du commerce et de l’industrie Étendre la surveillance des programmes de dépenses pour s’assurer que le soutien Ministère de Court du gouvernement est efficace, rentable et atteint les plus vulnérables. l’économie et des terme finances Élaborer une stratégie d'assainissement budgétaire transparente et crédible grâce Ministère de Court à un élargissement de l’assiette fiscale, la consolidation des dépenses fiscales et l’économie et des terme des subventions, et une bonne gestion de la dette de l’État. finances Opportunité 4 — Côté demande de main d’œuvre : Faciliter la création de plus d’entreprises formelles et la création de plus d’emplois salariés dans le secteur privé formel, tout en fournissant un soutien adapté aux différents profils d’entreprises informelles afin d’améliorer leur productivité et leurs revenus Le coût total de la Revoir les niveaux des différents éléments du coût du travail afin d’évaluer comment Ministère du tra- Court main-d’œuvre (ensemble améliorer la compétitivité du coût du travail dans le secteur privé formel au Togo. vail, Ministère de terme comprenant les salaires, Vu le faible niveau du salaire minimum et de l’assiette fiscale globale, cet examen l’économie et des les impôts, des cotisations devrait mettre l’accent sur les cotisations de sécurité sociale versées à la CNSS, finances, et cadre de sécurité sociale) est dont le niveau est élevé par rapport à celles observées dans certains des pays pairs de concertation trop élevé par rapport aux auxquels le Togo aspire. L’accent ne devrait pas seulement être mis sur le niveau public-privé niveaux actuels de produc- des cotisations des employeurs et des employés, mais devrait également prendre tivité et de rémunération en compte la soutenabilité à long terme du régime de la CNSS. dans l’économie, avec pour résultat de pousser les travailleurs moins qualifiés vers le secteur informel. 93 Unité gouver- Calendrier Défis Recommandations de politiques publiques nementale indicatif responsable L’accès au financement Améliorer l’accès au financement des entreprises, y compris les micro- et petites Ministère de Moyen reste limité et coûteux, entreprises et celles actives dans le secteur agricole, afin de stimuler les investisse- l’économie et des terme la disponibilité variant ments, et d’améliorer la productivité et l’emploi : finances, Agence considérablement selon les • Etablir des fonds de garantie seraient un moyen de permettre aux institutions PME-PMI, et secteurs. financières de servir les entreprises qui supportent des risques plus élevés et Agence de contractent des prêts plus petits, avec en corollaire des coûts administratifs développement proportionnellement plus élevés ; agricole • Donner une attention particulière à l’accès au financement des entreprises du secteur agricole aux différentes étapes des chaînes de valeur : à peine 1 % des prêts bancaires sont aujourd’hui alloués au secteur agricole, dont l’importance pour l’économie globale du Togo est pourtant vitale, en particulier pour la création d’emplois ; et • Mieux inclure les femmes et les femmes entrepreneurs, en mettant notamment en application le Code pénal modifié (nouvel article 312 du Code pénal) qui interdit toute discrimination fondée sur le sexe dans l’accès au crédit et aux activités économiques. Cette mise en application pourrait être appuyée par un mécanisme de plainte efficace pour les femmes entrepreneurs victimes de discriminations. Considérer également les contraintes informationnelles, comportementales et normatives qui empêchent les femmes de demander un financement. Une approche unique du Une approche ciblée sera nécessaire pour répondre aux besoins des différents Ministère du Court à soutien aux entreprises profils d’entreprises informelles et améliorer leurs opportunités économiques et secteur informel, moyen informelles est inefficace leurs revenus : Ministère du terme et inefficiente. • Les entreprises engagées dans des activités de subsistance opèrent à commerce et des niveaux de productivité très bas : soutenir des programmes d’inclusion de l’industrie, économique visant à s’attaquer à de multiples contraintes. Ces programmes offrent et Agence de généralement un ensemble d’activités de soutien, y compris des formations aux développement compétences de vie, des formations à l’entrepreneuriat, le soutien aux associ- des PME/PMI ations d’épargne et de crédit, l’accès simplifié au marché et à des subventions pour les entreprises. Leur principal objectif est d’améliorer la productivité et les revenus des personnes associées à ces entreprises. La composante inclusion économique du projet « Filets de sécurité et services de base » du Togo est actuellement en phase pilote mais pourrait être mise à échelle après l’analyse et l’intégration des leçons apprises. • Entreprises à faible productivité avec un potentiel de croissance inexploité : soutenir leur développement et leur productivité, afin qu’elles prospèrent et créent plus d’emplois. Des politiques incluent des formations à l’entrepreneuriat, des services de conseil sur les aspects techniques et de gestion financière, de ressources humaines, et administrative, l’octroi de subventions de contrepartie et la facilitation de la connexion à des marchés à plus forte valeur ajoutée. À moyen terme, et au fur et à mesure qu’elles deviennent plus productives, mieux établies et intégrées au marché, ces entreprises pourraient recevoir un soutien à la formalisation. • Les entreprises bien établies et hautement productives, dont le profil est similaire à celui des entreprises formelles : se concentrer sur l’accompagnement de ces entreprises vers l’enregistrement commercial, fiscal et de sécurité sociale, car elles sembleraient avoir la capacité de se formaliser, vu leur profil et leur capacité à faire des affaires avec d’autres entreprises. Le soutien peut prendre la forme d’incitations ou de mesures coercitives, ou une combinaison des deux, en se concentrant sur l’amélioration de l’accès des entre- prises formalisées aux services qui soutiennent la productivité des entreprises et améliorent les conditions de travail. 94 RÉFÉRENCES Amin et Islam. 2015. Are Large Informal Firms More Productive than the Small Informal Firms? Evidence from Firm-Level Surveys in Africa, World Development, Volume 74, 2015, Pages 374–385. Banque mondiale, 2019. Perspectives macroéconomiques et de la pauvreté. Banque mondiale, 2019. Étude sur l’Inclusion économique des Jeunes dans des chaînes de valeur à fort potentiel. Banque mondiale, 2020. Mise à jour économique du Togo. Banque mondiale, 2020. Migration and Development Brief 33 : Phase II : La crise du COVID-19 vue sous l’angle de la migration. Banque mondiale, 29 avril 2020. Strengthening Youth Resilience to Radicalization. Evidence from Tajikistan. Banque mondiale, 2020. Indicateurs du développement dans le monde 2020. Banque mondiale, 2020. Suivi hebdomadaire macroéconomique et financier, 16 octobre 2020. Banque mondiale, 2020. Agriculture, emplois et chaînes de valeur en Afrique. Banque mondiale, 2020. Réformes commerciales au Togo, Doing Business Databank. Banque mondiale, juin 2020. Étude de l’impact du Covid-19 sur le secteur privé au Togo : Une évaluation informée par des données. Banque mondiale, 2021. Togo : Note de politique des dépenses publiques. Banque mondiale, 2022. Macroeconomics, Trade & Investment Global Practices. Banque mondiale, Enterprise Survey 2011 et 2016. Banque mondiale, 2022. Évaluation de la pauvreté et du genre au Togo. Banque mondiale, 2022. Mémorandum économique du Togo. Banque mondiale, données FINDEX. https://www.worldbank.org/en/publication/globalfindex/Data. Consulté le 19 décembre 2022. Banque mondiale : https://blogs.worldbank.org/opendata/labor-market-impacts-covid-19-four-african-countries. Banque mondiale, DSPP Togo, à paraître. Banque mondiale, À paraître. Analyse approfondie des chaînes de valeur à fort potentiel d’emploi pour les jeunes et les femmes au Togo. Banque mondiale. Évaluation de la pauvreté et du genre au Togo, à paraître. BIT, 2018. Analyse du système de protection sociale à travers le processus SPPOT: Vers un socle national de protection sociale pour le Togo. Centre de formalité des entreprises (CFE). https://www.cfetogo.tg/statistiques-10.html. Consulté le 6 septembre 2021. Cunningham, Wendy and Maloney, William, (2001). Heterogeneity among Mexico’s Microenterprises: An Application of Factor and Cluster Analysis, Economic Development and Cultural Change, 50, issue 1, p. 131–56. Duranton et Puga, 2004. Chapter 48 - Micro-Foundations of Urban Agglomeration Economies, Editor(s): J. Vernon Henderson, Jacques-François Thisse, Handbook of Regional and Urban Economics, Elsevier, Volume 4, 2004, Pages 2063–2117. Données de Penn World Table (version 10). https://febpwt.webhosting.rug.nl/ Enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI) 2017. Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) 2018–2019. 95 Halvorsen, Robert and Palmquist, Raymond, (1980). The Interpretation of Dummy Variables in Semilogarithmic Equations, American Economic Review, 70, issue 3, p. 474–75. Islam, I. and Nazara, S, 2000. “Estimating employment elasticity for the Indonesian economy”. ILO Technical Note, Jakarta. Islam, R. 2004. “The nexus of economic growth, employment and poverty reduction: an empirical analysis”. Recovery and Reconstruction Department, Geneva, ILO. INSEED, Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques. Kapsos, S. (2005). The Employment Intensity of Growth: Trends and Macroeconomic Determinants. Employment Strategy Papers 12, Geneva : ILO. Lall, Somik & Henderson, J. & Venables, Anthony. (2017). Africa’s Cities: Opening Doors to the World. 10.1596/978-1-4648-1044-2. Melis Guven, Himanshi Jain et Clement Joubert, 2021. Social Protection for the Informal Economy: Operational Lessons for Developing Countries in Africa and Beyond. Melina, L. et Schneider, F. (2019). Shedding Light on the Shadow Economy: A Global Database and Interaction with the Official One. Documents de travail du Cesifo 7981. Nienke M. Beintema and Gert-Jan Stads (2014). Chapter 5 in 2013 Global Food Policy Report, pp 53-62 from International Food Policy Research Institute (IFPRI). Organisation internationale du travail, Indicateurs clés du marché du travail, 2019. Psacharopoulos, George. « Returns to Education: A Further International Update and Implications. » The Journal of Human Resources, vol. 20, no 4, 1985, p. 583–604. Questionnaire des indicateurs de base du bien-être (QUIBB) 2006 et 2011. Transparency International, 2021. Indice de perception de la corruption (IPC). 96 ANNEXE A : CALCUL DES ÉLASTICITÉS DE L’EMPLOI CALCULER LES ÉLASTICITÉS DE L’EMPLOI La méthodologie utilisée pour le calcul des élasticités est inspirée de Kapsos (2005). L’élasticité de l’emploi est définie comme la variation en pourcentage du nombre de personnes employées dans une économie ou une région associée à une variation en pourcentage de la production économique, mesurée par le produit intérieur brut. Dans le cadre de cette définition large, deux méthodes sont souvent utilisées pour calculer les élasticités. La première, appelée élasticité en arc, est donnée par l’équation suivante : ( E1 − E0 ) / E0 (1) ϵi = ( Y1 − Y0 ) / Y0 Le numérateur donne le pourcentage de variation de l’emploi entre les périodes 0 et 1, tandis que le dénominateur donne le pourcentage de variation correspondant de la production. Dans ce chapitre, nous utilisons la formule du taux de croissance annuel composé (TCAC) pour calculer le taux de croissance de l’emploi et de la production. La deuxième méthode est plus connue sous le nom de modèle de régression log-linéaire multivarié. Elle est ( Y − Y0 ) / Y0 obtenue en estimant l’équation suivante par MCO : 1 (2) ln E = α + β1 ln Y + β2 ( ln Y * D ) + ϵ L’élasticité de l’emploi par rapport au PIB est donnée par β1 + β2 et représente la variation de l’emploi associée à une variation différentielle de la production. Cette étude privilégie l’utilisation de la méthode de l’élasticité d’arc en raison de la courte dimension des séries chronologiques disponibles. INTERPRÉTER LES ÉLASTICITÉS DE L’EMPLOI Le tableau suivant présente les différentes manières possibles d’interpréter les élasticités de l’emploi. 97 TABLEAU A.A.1 Interpréter les élasticités de l’emploi Croissance du PIB Élasticité de l’emploi Croissance positive du PIB Croissance négative du PIB (–) croissance de l’emploi (+) croissance de l’emploi ϵ < 0 (+) croissance de la productivité (–) la croissance de la productivité (+) croissance de l’emploi (–) croissance de l’emploi 0 ≤ ϵ ≤ 1 (+) croissance de la productivité (–) croissance de la productivité (+) croissance de l’emploi (–) croissance de l’emploi ϵ > 1 (–) croissance de la productivité (+) croissance de la productivité Limites de la méthode des élasticités d’arc utilisée Comme l’indiquent Islam et Nazara (2000) et Islam (2004), les élasticités de l’emploi calculées par la méthode d’élasticité d’arc ont tendance à être très instables et peuvent donc être inappropriées à des fins de comparai- son. En outre, cette méthode ne prend en compte que les informations relatives à la croissance historique de l’emploi et de la production. Néanmoins, les élasticités calculées fournissent une indication claire de la manière dont l’emploi et la production ont évolué ensemble au fil du temps. Ainsi, les résultats doivent être interprétés comme une corrélation plutôt qu’une causalité. 98 ANNEXE B : MÉTHODOLOGIE DE L’ANALYSE TYPOLOGIQUE DES ENTREPRISES INFORMELLES Afin de profiler les entreprises informelles au Togo, une analyse typologique a été utilisée, principalement pour rendre compte de la multiplicité des facteurs à l’origine de l’hétérogénéité des entreprises informelles. L’analyse suit Cunningham et Maloney (2001) et applique leur cadre d’analyse typologique pour profiler les entreprises informelles. Une analyse typologique est une technique descriptive et exploratoire qui tente de regrouper des objets en fonction de leur similarité. Elle opère sur la matrice des distances (ou dissimilarités) deux à deux entre les objets à regrouper. Le nombre de grappes n’est pas prédéterminé, mais dépend plutôt de la similarité ou de la dissimilarité des observations à travers n-dimensions. Dans notre approche empirique, nous avons utilisé le logiciel Stata pour mettre en œuvre l’analyse typologique. La construction des variables (variables endogènes utilisées dans l’analyse typologique) a suivi l’approche de Cunningham et Maloney (2001) : Caractéristiques du propriétaire de l’entreprise : • Éducation : les réponses seront classées comme des variables de comptage où 0 correspond à aucune éducation, 1 correspond à une année d’éducation, et ainsi de suite. • Années d’expérience professionnelle : il s’agit de l’expérience professionnelle totale dans n’importe quel secteur et sera calculé comme suit : (âge — 6- années d’études). • Sexe : variable muette 0 si homme et 1 si femme. Caractéristiques de l’entreprise • Âge de l’entreprise : nombre d’années d’activité. • Secteur d’activité : variables muettes pour l’industrie, les services et le commerce. • Nombre de travailleurs : compte le nombre de travailleurs, y compris le propriétaire s’il s’agit d’un propriétaire-gérant. • Permanence du site de travail (Site) : prend une valeur de 1 si l’entreprise a un site permanent ; 0,5 si l’entreprise peut être déplacée, mais a un site de travail spécifique reconnu par les autres propriétaires de l’entreprise et ses clients ; et 0 si l’entreprise n’a pas de site de travail permanent. La dynamique entrepreneuriale, qui représente les plans et les besoins du propriétaire de l’entreprise en matière de financement et d’accès aux services • Clients (Clients) : capte le degré de proximité personnelle avec la clientèle. Les réponses seront classées en quatre groupes : les grands clients formels (grandes entreprises, grandes usines), codés par 1 ; les petits clients moins formels (petites entreprises, petites usines ou ateliers), codés par 0,66 ; les clients informels (le public), codés par 0,33 ; et la famille, codée par 0. • Fournisseurs : capte la capacité de l’entreprise à importer ou à faire des affaires avec d’autres grandes entreprises. Les réponses seront classées en quatre groupes : grands clients formels (grandes entreprises, grandes usines), codés par 1 ; clients plus petits, moins formels (petites entreprises, petites usines ou ateliers), codés par 0,66 ; clients informels (le public), codés par 0,33 ; et famille, codés par 0. • Financement initial des entreprises (Financement-initial) : capte la source du capital de démarrage ; va de l’épargne personnelle, des amis et des marchés informels aux institutions bancaires formelles. Il y a neuf réponses possibles dans l’enquête qui seront reclassées en trois catégories générales : les marchés 99 de crédit formels (banques ou caisses d’épargne), codés 1 ; les marchés de crédit semi-formels (crédit des clients, crédit des fournisseurs), codés 0,5 ; et les marchés de crédit informels (prêts d’amis ou de parents, prêts privés, épargne et indemnités de licenciement), codés 0. • Demande de financement supplémentaire (Financement-nouveau) : indique si l’entreprise a demandé un financement supplémentaire auprès d’une source quelconque. Elle prendra la valeur 1 si l’entreprise a demandé un crédit, 0 sinon. • Problèmes de financement (Pas de problèmes de crédit) : si le propriétaire cite la disponibilité du crédit comme un problème commercial. Il prendra la valeur 1 si le crédit n’est pas cité comme un problème commercial et la valeur 0 sinon. • Accès à l’électricité : si l’entreprise a accès à l’électricité. Il prendra une valeur de 1 si oui et de 0 sinon. • Accès à l’eau potable : indique si l’entreprise a accès à l’eau potable. Il prendra une valeur de 1 si oui et de 0 sinon. TABLEAU A.B.1 Caractéristiques des propriétaires et des entreprises, par grappe avec la productivité comme variable exogène Grappe 4 2 3 5 1 Total Âge en années 26,64 32,39 45,02 43,76 64,18 38,97 Éducation Le propriétaire n’a aucun niveau 0,0 % 33,6 % 44,8 % 33,7 % 77,5 % 33,1 % d’éducation Le propriétaire a une éducation primaire 27,7 % 45,6 % 36,5 % 37,9 % 20,5 % 36,0 % Le propriétaire a une éducation secondaire 68,3 % 20,3 % 18,7 % 27,5 % 1,8 % 29,7 % Le propriétaire a fait des études 4,1 % 0,5 % 0,0 % 1,0 % 0,1 % 1,2 % supérieures Années d’études 8,214 3,752 3,12 4,214 1,047 4,391 Années d’expérience professionnelle 12,43 22,64 35,9 33,54 57,13 28,58 Femme 65,1 % 75,6 % 76,4 % 64,2 % 78,0 % 71,7 % Âge de l’entreprise 4,098 5,791 6,958 21,64 19,61 9,865 Secteur d’activité Industrie 36,3 % 29,8 % 29,8 % 40,8 % 34,8 % 33,7 % Commerce 34,2 % 40,6 % 45,9 % 36,2 % 44,4 % 39,9 % Service 29,5 % 29,6 % 24,4 % 23,0 % 20,7 % 26,4 % Nombre de travailleurs 1,211 1,244 1,252 1,304 1,198 1,245 Nombre d’heures travaillées par mois 200,2 199,4 212,7 205,4 181,7 201,8 Nombre d’heures travaillées par travailleur et 148,1 152,1 165,5 157,4 151,6 155,0 par mois Localisation de l’entreprise 100 Grappe 4 2 3 5 1 Total Entreprises rurales 46,1 % 56,4 % 48,3 % 50,5 % 66,8 % 52,4 % Entreprises de Lomé 28,8 % 24,6 % 30,3 % 26,8 % 18,5 % 26,5 % Autres entreprises urbaines 25,1 % 19,0 % 21,4 % 22,7 % 14,7 % 21,1 % Productivité brute du travail (Production en 76 090,70 87 281,10 91 548,20 134 517,80 95 108,80 95 022,90 FCFA/personne par mois) Site Site de travail permanent 47,8 % 46,2 % 50,1 % 55,3 % 57,7 % 50,1 % Chantier mobile 52,2 % 53,8 % 49,9 % 44,7 % 42,3 % 49,9 % Clients Grandes entreprises 3,1 % 2,1 % 2,6 % 2,2 % 2,1 % 2,4 % Petites entreprises 3,9 % 4,3 % 4,9 % 5,8 % 6,2 % 4,8 % Individus 93,0 % 93,6 % 92,5 % 92,1 % 91,7 % 92,8 % Fournisseurs Fournisseurs : Grandes entreprises 7,4 % 6,4 % 8,4 % 9,3 % 4,0 % 7,3 % Fournisseurs : Petites entreprises 31,5 % 32,2 % 28,9 % 25,3 % 27,9 % 29,7 % Fournisseurs : Individus 61,1 % 61,4 % 62,8 % 65,4 % 68,1 % 63,0 % Financement pour démarrer l’entreprise : Banque et IMF 2,8 % 2,9 % 3,4 % 2,5 % 1,8 % 2,8 % Prêts privés 29,6 % 23,5 % 26,5 % 26,2 % 19,0 % 25,5 % Épargne personnelle 60,0 % 66,5 % 63,5 % 66,0 % 76,2 % 65,3 % Crédit (clients et/ou fournisseurs) 7,6 % 7,1 % 6,7 % 5,3 % 3,1 % 6,4 % Financement supplémentaire Trop coûteux 14,9 % 16,8 % 15,8 % 17,0 % 13,5 % 15,9 % N’ont pas besoin 48,4 % 41,0 % 43,0 % 41,7 % 54,5 % 44,4 % Processus trop compliqué 17,3 % 22,7 % 19,8 % 18,9 % 12,9 % 19,3 % N’a pas répondu à vos besoins 14,1 % 14,1 % 16,6 % 17,8 % 15,2 % 15,4 % N’a pas postulé pour une autre raison 5,3 % 5,6 % 4,8 % 4,6 % 4,0 % 5,0 % A postulé, n’a pas obtenu 1,5 % 2,0 % 2,1 % 1,4 % 0,7 % 1,7 % Taille de l’entreprise Travailleur indépendant 89,0 % 90,0 % 88,0 % 83,4 % 87,8 % 88,0 % 2–4 Travailleurs 10,1 % 8,2 % 9,8 % 15,1 % 11,8 % 10,5 % 5+ Travailleurs 0,9 % 1,8 % 2,2 % 1,5 % 0,4 % 1,5 % 101 Grappe 4 2 3 5 1 Total Pourquoi avez-vous créé cette entreprise N’a pas trouvé de travail salarié (grande 1,6 % 1,5 % 1,5 % 2,7 % 0,6 % 1,7 % entreprise) N’a pas trouvé de travail salarié (petite 9,6 % 6,4 % 4,4 % 3,1 % 3,1 % 5,7 % entreprise) Un salaire plus élevé que celui des salariés 39,2 % 50,0 % 54,8 % 46,5 % 57,2 % 48,8 % Être indépendant (propre patron) 40,4 % 30,7 % 28,0 % 29,0 % 23,7 % 31,2 % Tradition familiale 3,7 % 4,0 % 5,4 % 10,3 % 11,7 % 6,1 % Autres raisons 5,6 % 7,4 % 6,0 % 8,4 % 3,6 % 6,5 % Problèmes Difficultés d’approvisionnement en 26,1 % 26,0 % 28,1 % 28,5 % 33,7 % 27,7 % matières premières Manque de clients 63,3 % 61,7 % 57,4 % 59,5 % 59,6 % 60,5 % Difficultés d’accès au crédit 53,0 % 52,8 % 50,6 % 52,5 % 53,6 % 52,4 % Crédits trop chers 27,4 % 26,2 % 27,9 % 30,5 % 30,6 % 28,0 % Difficultés à recruter du personnel qualifié 19,3 % 20,0 % 21,9 % 23,1 % 24,3 % 21,2 % Manque d’espace/manque de locaux 3,8 % 3,3 % 5,1 % 4,4 % 4,3 % 4,1 % appropriés Difficultés d’accès aux équipements 23,9 % 24,1 % 22,0 % 23,4 % 17,5 % 22,9 % Difficultés techniques de fabrication 35,2 % 30,9 % 35,4 % 36,1 % 35,0 % 34,1 % Difficultés de gestion technique 4,5 % 4,2 % 4,3 % 5,9 % 5,2 % 4,7 % Manque de compétences en matière de 4,6 % 5,4 % 4,0 % 5,3 % 4,1 % 4,8 % gestion Trop de réglementation, de taxes et de 10,3 % 11,6 % 12,7 % 14,7 % 12,6 % 12,2 % droits L’obsolescence des équipements 3,2 % 2,5 % 2,4 % 3,8 % 2,8 % 2,9 % Problèmes liés aux coupures de courant 9,1 % 8,2 % 8,0 % 10,6 % 10,0 % 8,9 % Problèmes liés à l’insécurité 9,1 % 11,7 % 8,9 % 10,4 % 8,6 % 10,0 % Instabilité du personnel 2,1 % 2,7 % 2,2 % 3,4 % 1,4 % 2,5 % Problèmes liés à d’autres infrastructures 0,8 % 1,3 % 1,8 % 1,2 % 1,3 % 1,3 % (eau/téléphone/internet) % de l’échantillon (pondéré) 21,31 % 29,59 % 21,47 % 18,05 % 9,58 % 100 % Observations 829 1 234 872 740 401 4 076 TABLEAU A.B.2 Régression MCO : Facteurs déterminant la productivité des entreprises informelles au Togo 102 Log (Production par personne et par mois [FCFA/personne]) [1] [2] [3] [4] [5] [6] Tous les Rural Lomé Autre Travailleur Micro- sites urbain indépendant entreprises Sexe du propriétaire [1=Femme] –0,315*** –0,397*** –0,335** –0,084 –0,343*** –0,507*** (0,058) (0,080) (0,137) (0,094) (0,066) (0,152) Constant 10 617*** 10 636*** 10 609*** 10 583*** 10 682*** 10 394*** (0,049) (0,069) (0,116) (0,072) (0,058) (0,089) R-carré ajusté 0,010 0,016 0,009 –0,000 0,011 0,029 Écart (%) 27 % 33 % 28 % 8% 29 % 40 % Observations 3 985 2 412 604 969 3 518 467 Note: ***/**/* indiquent la signification statistique au niveau de 1/5/10 % respectivement. Les valeurs d’écart en % sont obtenues avec la transformation exp(b)-1 (Halvorsen et Palmquist [1980]). TABLEAU A.B.3 Régression MCO : Facteurs déterminant l’informalité des entreprises avec variables de contrôle Log (Production par personne et par mois (XOF/personne) [1] [2] [3] [4] [5] [6] Tous les Rural Lomé Autre Travailleur Micro- sites urbain indépendant entreprises Propriétaire féminin –0,454*** –0,568*** –0,337** –0,318*** –0,421*** –0,675*** (0,064) (0,085) (0,158) (0,109) (0,070) (0,161) Années d’études 0,013 0,007 0,021 0,006 0,014 –0,002 (0,009) (0,012) (0,019) (0,014) (0,009) (0,026) Log (expérience du manager en années) –0,041 –0,052 0,016 0,002 –0,081 0,286 (0,070) (0,109) (0,146) (0,111) (0,075) (0,199) Secteur d’activité (référence : industrie) Commerce 0,713*** 0,840*** 0,395*** 0,760*** 0,741*** 0,655*** (0,060) (0,077) (0,149) (0,114) (0,063) (0,200) Service 0,205*** 0,157* 0,297* 0,122 0,250*** –0,064 (0,065) (0,081) (0,174) (0,121) (0,071) (0,165) Entreprises de Lomé –0,148* –0,195** 0,345 (0,077) (0,082) (0,228) Autres entreprises urbaines 0,038 0,001 0,304* (0,062) (0,066) (0,169) 103 Log (Production par personne et par mois (XOF/personne) [1] [2] [3] [4] [5] [6] Tous les Rural Lomé Autre Travailleur Micro- sites urbain indépendant entreprises Log (âge de l’entreprise) 0,177*** 0,190*** 0,165** 0,148*** 0,199*** –0,015 (0,035) (0,054) (0,071) (0,057) (0,038) (0,091) Accès au crédit [dummy] 0,381*** 0,385*** 0,327** 0,448*** 0,381*** 0,381** (0,073) (0,110) (0,156) (0,113) (0,080) (0,176) Taille de l’entreprise (référence : auto-entrepreneur=1 travailleur) 2-4 Travailleurs –0,284*** –0,476*** 0,001 –0,198 0,538** (0,085) (0,110) (0,217) (0,137) (0,255) 5+ Travailleurs –0,950*** –1 357*** –0,626 –0,399 (0,246) (0,298) (0,533) (0,557) Degré de proximité personnelle avec la 0,682*** 1 191*** 0,118 0,376 0,750*** 0,218 clientèle (0,229) (0,447) (0,469) (0,295) (0,250) (0,664) Capacité de l’entreprise à importer ou à faire 0,183** –0,057 0,429** 0,310** 0,128 0,510** des affaires avec d’autres grandes entreprises (0,078) (0,110) (0,167) (0,136) (0,084) (0,207) Site de travail permanent –0,062 –0,082 –0,104 0,016 –0,039 –0,238 (0,053) (0,068) (0,144) (0,095) (0,057) (0,150) Accès à l’électricité [dummy] –0,109 –0,071 –0,202 –0,073 –0,107 –0,115 (0,077) (0,118) (0,161) (0,119) (0,085) (0,175) Accès à l’eau potable [factice] 0,219*** 0,255** 0,260 –0,008 0,215** 0,171 (0,084) (0,111) (0,163) (0,151) (0,093) (0,186) Accès au téléphone dans le lieu de travail 0,003 –0,008 –0,111 0,178* 0,031 –0,190 [fictif]. (0,061) (0,089) (0,131) (0,102) (0,065) (0,166) Accès à l’internet dans le lieu de travail 0,127 0,944* 0,057 0,203 –0,070 0,846*** [fictif]. (0,166) (0,515) (0,211) (0,317) (0,179) (0,320) Constant 9 860*** 9 847*** 9 754*** 9 695*** 9 887*** 8 731*** (0,236) (0,356) (0,516) (0,410) (0,250) (0,745) R-carré ajusté 0,102 0,145 0,044 0,101 0,095 0,172 Écart (%) 36 % 43 % 29 % 27 % 34 % 49 % Observations 3 937 2 383 592 962 3 477 460 Note: ***/**/* indiquent la signification statistique au niveau 1/5/10 % respectivement. Les valeurs d’écart en % sont obtenues avec la transformation exp(b)-1 (Halvorsen et Palmquist [1980]). 104 TABLEAU A.B.4 Décomposition Oaxaca-Blinder du différentiel de genre dans la productivité des entreprises informelles urbaines Log (Production par personne et par mois (XOF/personne) [1] [2] [3] [4] [5] [6] Tous les Rural Lomé Autre Travailleur Micro- sites urbain indépendant entreprises Global Propriétaire masculin 10 623*** 10 641*** 10 620*** 10 583*** 10 689*** 10 395*** (0,055) (0,084) (0,117) (0,065) (0,066) (0,092) Propriétaire féminin 10 307*** 10 247*** 10 267*** 10 507*** 10 344*** 9 874*** (0,037) (0,048) (0,081) (0,067) (0,037) (0,137) Différence 0,316*** 0,394*** 0,353*** 0,077 0,345*** 0,521*** (0,062) (0,092) (0,127) (0,088) (0,072) (0,159) A expliqué –0,139*** –0,174*** 0,016 –0,242*** –0,076** –0,154 (0,037) (0,054) (0,079) (0,065) (0,037) (0,110) Inexpliqué 0,454*** 0,568*** 0,337** 0,318*** 0,421*** 0,675*** (0,062) (0,081) (0,148) (0,097) (0,072) (0,156) A expliqué Années d’études 0,033 0,019 0,065 0,013 0,035 –0,006 (0,025) (0,034) (0,069) (0,030) (0,025) (0,071) Log (expérience du manager en années) 0,005 0,005 –0,003 –0,000 0,009 –0,055 (0,008) (0,011) (0,026) (0,006) (0,008) (0,041) Secteur d’activité (référence : Industrie) Commerce –0,161*** –0,145*** –0.100** –0,248*** –0,170*** –0,020 (0,021) (0,029) (0,040) (0,043) (0,024) (0,030) Service 0,006 0,003 0,007 0,007 0,012* 0,009 (0,005) (0,005) (0,014) (0,008) (0,007) (0,023) Entreprises de Lomé 0,000 –0,004 –0,023 (0,003) (0,004) (0,024) Autres entreprises urbaines 0,001 0,000 0,012 (0,001) (0,000) (0,016) Log (âge de l’entreprise) 0,053*** 0,051*** 0,057* 0,047** 0,062*** –0,001 (0,013) (0,016) (0,032) (0,020) (0,015) (0,004) Accès au crédit [dummy] –0,027*** –0,021** –0,027 –0,044** –0,031*** –0,049 105 Log (Production par personne et par mois (XOF/personne) [1] [2] [3] [4] [5] [6] Tous les Rural Lomé Autre Travailleur Micro- sites urbain indépendant entreprises (0,008) (0,010) (0,017) (0,018) (0,009) (0,030) Taille de l’entreprise (référence : 1 travailleur) 2-4 Travailleurs –0,034*** –0,060*** 0,000 –0,034 –0,036 (0,012) (0,017) (0,014) (0,029) (0,025) 5+ Travailleurs –0,027*** –0,041** –0,019 –0,009 (0,010) (0,018) (0,019) (0,012) Degré de proximité personnelle avec la 0,010* 0,020* 0,002 0,001 0,008 0,005 clientèle (0,006) (0,012) (0,008) (0,005) (0,006) (0,015) Capacité de l’entreprise à importer ou à faire 0,010* –0,002 0,048* 0,003 0,007 0,000 des affaires avec d’autres grandes entreprises (0,006) (0,005) (0,029) (0,011) (0,006) (0,021) Site de travail permanent 0,000 0,002 –0,006 0,000 0,001 0,016 (0,002) (0,004) (0,010) (0,001) (0,002) (0,016) Accès à l’électricité [dummy] –0,003 –0,002 –0,000 –0,003 –0,001 0,002 (0,003) (0,004) (0,010) (0,005) (0,002) (0,007) Accès à l’eau potable [factice] –0,005 –0,008 0,004 0,000 –0,009 0,001 (0,004) (0,005) (0,010) (0,010) (0,005) (0,007) Accès au téléphone dans le lieu de travail 0,000 –0,002 –0,014 0,020 0,005 –0,017 [fictif]. (0,010) (0,017) (0,018) (0,015) (0,010) (0,018) Accès à l’internet dans le lieu de travail 0,001 0,006 0,001 0,004 –0,001 0,010 [fictif]. (0,002) (0,005) (0,003) (0,006) (0,002) (0,018) Inexpliqué Années d’études 0,275*** 0,359*** 0,184 0,102 0,255** 0,548** (0,098) (0,129) (0,252) (0,169) (0,110) (0,267) Log (expérience du manager en années) 0,608 1 862** –0,809 –0,081 0,584 –0,105 (0,508) (0,780) (0,903) (0,672) (0,555) (1,348) Secteur d’activité (référence : Industrie) Commerce 0,102** 0,084 0,255* 0,003 0,122** –0,011 (0,045) (0,054) (0,135) (0,067) (0,052) (0,072) Service –0,085** –0,112** –0,023 –0,069 –0,083* –0,062 (0,038) (0,047) (0,111) (0,053) (0,046) (0,092) 106 Log (Production par personne et par mois (XOF/personne) [1] [2] [3] [4] [5] [6] Tous les Rural Lomé Autre Travailleur Micro- sites urbain indépendant entreprises Entreprises de Lomé –0,046 –0,038 –0,198* (0,046) (0,057) (0,102) Autres entreprises urbaines –0,051* –0,034 –0,251** (0,027) (0,031) (0,099) Log (âge de l’entreprise) –0,214 –0,694*** 0,538* –0,343* –0,144 0,119 (0,146) (0,225) (0,276) (0,199) (0,170) (0,347) Accès au crédit [dummy] –0,038* 0,001 –0,063 –0,071* –0,035 –0,043 (0,022) (0,030) (0,049) (0,043) (0,025) (0,088) Taille de l’entreprise (référence : 1 travailleur) 2-4 Travailleurs 0,016 0,033 –0,016 0,022 –0,198 (0,026) (0,038) (0,047) (0,053) (0,425) 5+ Travailleurs 0,015 0,040*** 0,008 –0,023 (0,010) (0,015) (0,015) (0,020) Degré de proximité personnelle avec la clientèle 0,071 –0,079 0,209 0,150 –0,026 0,786* (0,179) (0,329) (0,331) (0,210) (0,219) (0,460) Capacité de l’entreprise à importer ou à faire –0,005 –0,022 0,118 –0,100 0,013 –0,167 des affaires avec d’autres grandes entreprises (0,048) (0,059) (0,140) (0,077) (0,053) (0,117) Site de travail permanent –0,037 –0,064 0,061 –0,147* –0,068 0,096 (0,059) (0,082) (0,126) (0,090) (0,063) (0,187) Accès à l’électricité [dummy] –0,032 –0,041 –0,002 –0,072 –0,036 0,045 (0,038) (0,038) (0,109) (0,082) (0,038) (0,145) Accès à l’eau potable [factice] 0,019 0,030* 0,009 0,002 0,010 0,070 (0,019) (0,017) (0,053) (0,038) (0,017) (0,064) Accès au téléphone dans le lieu de travail [fictif]. –0,015 –0,043 0,072 0,090 –0,021 0,153 (0,059) (0,069) (0,152) (0,096) (0,063) (0,180) Accès à l’internet dans le lieu de travail [fictif]. 0,013 –0,005 0,043 –0,002 0,014 –0,033 (0,011) (0,004) (0,033) (0,019) (0,010) (0,030) Constant –0,142 –0,781 –0,248 0,858 –0,092 –0,074 (0,538) (0,819) (0,988) (0,764) (0,585) (1,442) Observations 3 937 2 383 592 962 3 477 460 Note: ***/**/* indiquent la signification statistique au niveau 1/5/10 % respectivement. Les valeurs d’écart en % sont obtenues avec la transformation exp(b)-1 (Halvorsen et Palmquist [1980]). 107 ANNEXE C : PROGRAMMES D’EMPLOI SUBVENTIONNÉS Les programmes de subvention à l’emploi peuvent fonctionner de différentes manières. À la différence des programmes pour adultes, pour lesquels les subventions salariales peuvent être utilisées pour protéger les emplois existants, les programmes de subvention à l’emploi pour les jeunes visent généralement à faire accéder ces derniers à des emplois qu’ils n’occupaient pas auparavant. Les programmes de subventions salariales peuvent fonctionner de nombreuses manières, soit par un transfert direct aux employeurs, soit par des réductions des charges sociales, soit par des crédits d’impôt sur le revenu. Ces programmes visent à promouvoir la participa- tion des bénéficiaires au marché du travail, tout en indemnisant les employeurs pour les coûts de sélection, de placement et de formation initiale. Des subventions salariales peuvent également être accordées aux employeurs pour stimuler la demande de travailleurs spécifiques ou aux employés pour les inciter à se réengager. À l’opposé des programmes de subvention à l’emploi, on trouve les programmes de travaux publics, qui fournissent l’emploi et (le plus souvent) la rémunération directement à l’individu. Ces programmes ont été un outil important pour atténuer les impacts de la pandémie de COVID-19. Les travaux publics peuvent être gérés directement par le gouvernement ou confiés à des ONG ou au secteur privé. Les populations cibles des programmes de subvention à l’emploi ont tendance à être les jeunes les plus vulnérables et ceux qui sont les moins susceptibles d’obtenir un emploi sans aide. Par exemple, le programme jordanien « New Entrants to Work (NEW) » offre des bons aux chômeurs à la recherche d’un premier emploi, qui couvrent le coût des cotisations de sécurité sociale pendant une période de formation en cours d’emploi. Cela découle du fait que les jeunes travailleurs sans expérience professionnelle préalable sont perçus comme moins productifs que ceux qui ont une expérience professionnelle, et qu’ils auront donc besoin d’une aide supplémentaire pour trouver un emploi, en particulier un emploi offrant une formation. IDMAJ au Maroc a suivi avec succès une approche similaire avec une subvention salariale pour les jeunes afin de réduire l’écart entre le coût total du travail et le salaire net dans un contexte de forte taxation du travail formel. Le programme d’action d’urgence pour l’emploi du Liberia (LEEP/LEAP) était un autre programme d’emploi avec une forte composante de travaux publics, qui s’adressait dans ce cas en particulier aux jeunes démilitarisés. TABLEAU A.C.1 Programmes d’emploi subventionnes Principes de conception et de mise en œuvre des projets de subventions Volets à l’emploi/subventions salariales Récipiendaire • Dans les pays en développement, les subventions salariales sont presque toujours versées à l’entreprise (plutôt qu’aux jeunes), en partie pour des raisons administratives. Ciblage • La population cible est souvent restreinte aux travailleurs nouvellement embauchés (précédemment au chômage) dans certains groupes d’âge (par exemple, les jeunes de moins de 30 ans, les travailleurs âgés de plus de 50 ans) ou présentant un autre handicap sur le marché du travail (par exemple, les chômeurs de longue durée, les handicapés, les personnes déplacées). • Un ciblage précis de la subvention est souhaitable pour réduire le coût budgétaire du programme et maximiser les avantages pour le groupe visé. Les critères d’éligibilité doivent être aussi simples que possible. • Le ciblage de ceux qui n’ont pas ou peu d’expérience professionnelle et qui sont confrontés au risque le plus élevé de chômage et d’inactivité est également souhaitable pour réduire les pertes d’efficacité. 108 Principes de conception et de mise en œuvre des projets de subventions Volets à l’emploi/subventions salariales Durée • Les subventions doivent généralement être limitées dans le temps. Les durées les plus courantes pour les sub- ventions à durée limitée vont de six mois à un ou deux ans. • Les subventions à court terme (moins de six mois) sont utiles pour surmonter la réticence initiale des employ- eurs à embaucher, mais selon le type d’emploi, il est peu probable qu’elles permettent d’atteindre les objectifs d’apprentissage des compétences. • Les subventions à moyen et long terme (de six mois à deux ans) peuvent permettre aux jeunes travailleurs de développer les compétences nécessaires et, par conséquent, d’accroître leur productivité. • Cela dit, les compétences de base exigées par un emploi donné sont susceptibles d’avoir été acquises au bout d’un an pour la plupart des emplois, et les subventions à plus long terme devraient donc être l’exception. Niveau • Une subvention proportionnelle (en pourcentage du salaire) est généralement recommandée par rapport aux subventions forfaitaires, car elle établit des incitations entre le programme et l’employeur (l’employeur contribue). • Il peut être nécessaire de fixer un plafond à la subvention (à moins qu’elle ne soit forfaitaire) pour encourager l’intégration des jeunes défavorisés, car cette conception incite naturellement les employeurs à embaucher des personnes peu qualifiées (et donc faiblement rémunérées), du fait que les subventions plafonnées (comme les montants fixes) couvrent une plus grande proportion des coûts salariaux des travailleurs faiblement rémunérés. • Il est également souhaitable que la part/montant de la subvention diminue avec le temps, reflétant ainsi les augmentations potentielles de la productivité. • Des subventions plus élevées peuvent également être utilisées pour les groupes plus défavorisés et les petits employeurs. Système de paiement • Les subventions salariales sont généralement versées via l’un des trois moyens suivants : le système fiscal, le système de sécurité sociale ou des paiements directs à l’employeur ou au travailleur. S’appuyer sur un système existant permet aussi de réduire les coûts administratifs du programme de subvention. Si le paiement va aux employeurs, ils ne devraient généralement pas recevoir de paiements ex ante, mais être remboursés pour une partie des coûts du travail qu’ils ont engagés. Conditionnalités • Pour les entreprises, des restrictions sur le licenciement des travailleurs précédents peuvent être envisagées, ainsi que des clauses sur la prolongation du contrat de travail après l’expiration de la subvention. • Les conditions pour les bénéficiaires peuvent inclure l’obligation de participer à une formation liée à l’emploi, soit avant, soit après l’embauche. Arrimage • Pour maximiser leur impact, les subventions salariales doivent également être articulées avec d’autres programmes actifs relatifs au marché du travail, tels que ceux portant sur la formation, le conseil, l’intermédiation et l’aide à la recherche d’emploi. Vérification • Les subventions salariales doivent être accompagnées d’un système de contrôle rigoureux pour prévenir et/ou détecter les fraudes et les abus. Ce système doit garantir que chaque employé pour lequel la subvention est demandée est non seulement éligible à la subvention, mais travaille réellement, que les salaires demandés sont payés et que les données utilisées pour déterminer le montant de la subvention sont exactes. 109 Address: 17 76 G S t NW, Washington, DC 20006 Website: ht tp://w w w.worldbank .org/en/topic/jobsanddevelopment Twit ter : @W BG_ Jobs Blog: ht tp://blogs.worldbank .org/jobs