2024 Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés Ce travail est un produit du personnel de la Banque mondiale. Les résultats, interprétations et conclusions exprimés dans ce document ne reflètent pas nécessairement les opinions des administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données incluses dans ce travail. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations figurant sur les cartes de cet ouvrage n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale quant au statut juridique d’un territoire, ni l’approbation ou l’acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le contenu de cet ouvrage est soumis à des droits d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connaissances, cet ouvrage peut être reproduit, en tout ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que la source soit citée. Attribution - Veuillez citer l’œuvre comme suit : “Banque mondiale. 2024. Perspectives Economiques du Togo: Renforcer la résilience. © Banque mondiale.” Toutes les questions relatives aux droits et aux licences, y compris les droits subsidiaires, doivent être adressées à World Bank Publications, The World Bank Group, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; fax : 202-522- 2625 ; e-mail : pubrights@worldbank.org. TOGO PERSPECTIVES ECONOMIQUES RENFORCER LA RÉSILIENCE Septembre 2024 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : iv Renforcer la résilience TABLE DES MATIÈRES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS x REMERCIEMENTS xi RÉSUMÉ EXÉCUTIF xii Résumé des principales options politiques xvi CHAPITRE 1. VERS UNE REDUCTION DURABLE DE LA PAUVRETE ET L’ENDETTEMENT 1 1. Évolution économique récente 1 2. Perspectives et risques 12 3.Options politiques 24 CHAPITRE 2. AGROFORESTERIE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : UNE SOLUTION NATURELLE 29 1. Agriculture et transformation structurelle au Togo 29 2.Impacts du changement climatique sur l’agriculture 34 3. Developper l’agroforesterie pour accelerer la transformation rurale 40 A. Identifier les terres propices à l’agroforesterie 41 B. Estimation des benefices et des besoins d’investissement 45 I. Estimation des couts et du rendement économique de l’agroforesterie 46 II. Scenario illustratif pour un plan national d’agroforesterie 49 III. Le cas de l’agroforesterie dans les zones très vulnerables 53 4. Conclusions et options politiques 56 RÉFÉRENCES 62 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : v Renforcer la résilience LISTE DES FIGURES Figure 1.1: La croissance du PIB réel a bien résisté ces dernières années, mais au prix de l’épuisement des réserves budgétaires 3 Figure 1.2: La performance du Togo en matière de croissance reste inférieure à celle de certains pairs, principalement en raison de facteurs structurels 3 Figure 1.3: Les taux d’investissement ont augmenté au Togo, mais demeurent inférieurs à la plupart des pays pairs 3 Figure 1.4: Le stock de capital privé croit à un rythme plus lent que parmi les pays aspirationnels 3 Figure 1.5: Le capital productif reste inférieur à la plupart des pays pairs 4 Figure 1.6: La productivité agricole stagne, ce qui entrave le développement du pays 4 Figure 1.7: Reprise de l’activité industrielle au second semestre 2023, soutenue par le secteur du phosphate 5 Figure 1.8 ... et une production d’électricité en hausse 5 Figure 1.9: Des précipitations cumulées supérieures à la moyenne ont favorisé une bonne récolte agricole en 2023-24 6 Figure 1.10: Le nombre d’habitants de la région des Savanes a augmenté : .... mais l’insécurité alimentaire est restée élevée, en particulier dans la région des Savanes 6 Figure 1.11: La pauvreté a diminué ces dernières années 8 Figure 1.12 ...mais le fossé entre les zones rurales et urbaines demeure 8 Figure 1.13: L’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont continué de diminuer au cours de l’année 2023 8 Figure 1. 14: La superposition des crises a aggravé les problèmes d’endettement au Togo 10 Figure 1.15: Un rebond des exportations au 4ème trimestre a permis de réduire le déficit commercial 11 Figure 1.16: Le trafic dans le port de Lomé continue de croître en 2023, malgré les sanctions contre le Niger 11 Figure 1.17: Les perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne restent modérées 13 Figure 1.18: La reprise du commerce mondial est l’une des plus lentes enregistrées 13 Figure 1.19: Les réserves de change de l’UEMOA sont d’une faiblesse inquiétante... 14 Figure 1.20: En partie en raison de la lenteur du resserrement de la politique monétaire par rapport à la zone euro 14 Figure 1.21: Le port de Lomé est essentiel pour le transbordement dans la région... 15 Figure 1.22 ... et constitue un point d’entrée et de sortie essentiel pour les marchandises destinées aux pays enclavés. 15 Figure 1.23: Le commerce informel à petite échelle représente une part importante des exportations agricoles et alimentaires vers les pays voisins 15 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : vi Renforcer la résilience Figure 1.24: L’amélioration de la mobilisation des recettes est due à la fiscalité indirecte et à la fiscalité du commerce international 16 Figure 1.25: Les réductions prévues des dépenses publiques ciblent les dépenses en capital et les transferts 16 Figure 1.26 ...avec des réductions particulièrement importantes prévues pour les investissements publics financés au niveau national 17 Figure 1.27: La dette publique restera élevée, mais devrait commencer à diminuer en 2025 17 Figure 1.28: L’accès aux infrastructures est faible compte tenu du niveau actuel du stock de capital public du Togo 18 Figure 1.29: Les gains d’efficacité attendus sont importants si le Togo augmente son score PIMA pour atteindre les meilleures performances de l’Afrique subsaharienne 18 Figure 1.30: La part de la dette intérieure dans la dette publique globale devrait diminuer à moyen terme... 18 Figure 1.31: ... ce qui permettra de contenir l’augmentation des coûts du service de la dette 18 Figure 1.32: Le dynamisme de la consommation privée et de l’investissement soutiendra la croissance en 2024-25 20 Figure 1.33: ...ce qui devrait permettre de maintenir une tendance haussière des revenus moyens 20 Figure 1.34: L’agriculture est la principale source de revenus des populations rurales et pauvres 21 Figure 1.35: Le taux de pauvreté devrait diminuer dans les zones rurales et urbaines, l'écart entre les deux se creusant légèrement 21 Figure 1.36: Les réformes structurelles sont cruciales pour mettre la croissance potentielle sur une trajectoire ascendante 23 Figure 1.37: Le risque global de surendettement est considéré comme élevé, mais devrait passer sous le seuil en 2026 23 Figure 2.1: La production et la productivité du travail agricole au Togo restent inférieures à leur potentiel 30 Figure 2.2: Par rapport à ses voisins, l’agriculture togolaise se développe à la marge extensive, avec une productivité généralement stagnante 30 Figure 2.3: La productivité des terres est inférieure à celle des régions voisines 31 Figure 2.4: ...et se reflète également dans le retard des rendements céréaliers 31 Figure 2.5: L’agroforesterie existe déjà au Togo, mais à une échelle limitée 34 Figure 2.6: Les températures ont augmenté de manière significative au Togo au cours des dernières décennies.... 35 Figure 2.7: ...Alors que les précipitations extrêmes sont devenues plus fréquentes et plus étendues 35 Figure 2.8: Les températures élevées se concentrent dans les régions des Savanes du Nord et de la Kara 36 Figure 2.9: Les précipitations se concentrent sur les hauteurs dans l’ouest et le nord-est du Togo 36 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : vii Renforcer la résilience Figure 2.10: Les températures devraient augmenter, mais à des degrés divers selon les scénarios climatiques 37 Figure 2.11: Les tendances en matière de précipitations sont nettement plus incertaines 37 Figure 2.12: Les rendements des légumes, du manioc, de l’igname et du maïs pourraient être plus affectés 39 Figure 2.13: La production agricole pourrait être réduite de plus de 12% par les chocs climatiques d’ici 2050 dans un scenario sec / chaud 39 Figure 2.14: Les terres propices se trouvent partout au Togo, les zones vulnérables se concentrent dans les Savanes et la Kara 41 Figure 2.15: Un scénario humide/chaud pourrait entraîner une augmentation des terres adaptées à l’agriculture conventionnelle, mais surtout à l’agroforesterie 44 Figure 2.16: Un scénario sec/chaud pourrait encore voir une certaine augmentation des terres propices à l’agroforesterie, tandis que les zones se réduiraient pour l’agriculture conventionnelle 44 Figure 2.17: La rentabilité des investissements en agroforesterie est toujours supérieure à celle de l’agriculture conventionnelle... 47 Figure 2.18: ...mais les avantages prennent plus de temps à se matérialiser et les investissements initiaux sont plus élevés 47 Figure 2.19: La conversion de toutes les terres appropriées à l’agroforesterie permettrait de renforcer considérablement la sécurité alimentaire 49 Figure 2. 20: ...alors que les bénéfices de la séquestration du carbone seraient également considérables 49 Figure 2.21: La conversion de 20% des terres cultivables en agroforesterie profiterait principalement aux Plateaux et aux Maritimes, et contribuerait à préserver les terres de la Kara et des Savanes 50 Figure 2.22: Le développement de 50% des prairies et arbustes appropriés en agroforesterie favoriserait les régions de la Kara et de la Centrale, et permettrait d’économiser des terres dans la Kara, les Savanes et les régions maritimes 50 Figure 2.23: Les besoins en investissements pour un plan national d’agroforesterie dépasseraient dans un premier temps ceux de l’agriculture conventionnelle, mais se stabiliseraient à un niveau inférieur 52 Figure 2.24: La conversion en agroforesterie de 20% des terres viables cultivées et de 50% des prairies et des zones arbustives viables pourrait tripler la production de ces zones 52 Figure 2.25: 80% des 764 000 agriculteurs qui bénéficieraient d’investissements dans l’agroforesterie se trouveraient dans les régions des Plateaux, de la Centrale et de la Kara 52 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : viii Renforcer la résilience Figure 2.26: Le développement de l’agroforesterie en lieu et place de l’agriculture conventionnelle sur les zones sélectionnées pourrait permettre d’économiser l’équivalent de 3 755 Ktonnes de CO2 d’ici 2050 52 Figure 2.27: Zones très vulnérables mais structurellement adaptées à l’agroforesterie dans les régions des Savanes et Kara 53 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Principaux indicateurs macroéconomiques 26 Tableau 2: Comptes budgétaires et besoins de financement 27 Tableau 2.1: Les températures pourraient augmenter presque deux fois plus vite dans le scénario sec/chaud que dans le scénario humide/chaud 37 Tableau 2.2: Les précipitations augmenteraient dans le scénario humide/chaud et diminueraient vers 2040-50 dans le scénario sec/chaud 37 Tableau 2.3: Les caractéristiques des terres et la connectivité sont essentielles pour déterminer l’adéquation 42 Tableau 2.4: Les régions des Plateaux, de la Kara et de la Centrale possèdent les plus grandes superficies qui conviennent aujourd’hui à l’agroforesterie 43 Tableau 2.5: Coûts et avantages quantifiables de l’agroforesterie par rapport aux pratiques agricoles conventionnelles (BAU) 45 Tableau 2.6: Interventions en matière de politique et de connaissances avec les avantages et les coûts cibles associés 60 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : ix Renforcer la résilience PERSPECTIVES ECONOMIQUES : x Renforcer la résilience ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS BAU Business As Usual BCEAO Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest CBR Rapports coûts-bénéfices CCDR Rapport national sur le climat et le développement CMIP6 Projet de comparaison de modèles couplés 6 TSA Permettre l’activité agricole BCE Banque centrale européenne EMDE Economies émergentes et en développement GCM Modèles de circulation générale PIB Produit intérieur brut IKM Gestion des investissements et des connaissances INSEED Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques MAPTO Mouvement Alliance Paysanne du Togo MIFA Mécanisme d’incitation au financement de l’agriculture NBS Une solution basée sur la nature VAN Valeur actuelle nette des bénéfices PIA Plateforme Industrielle d’Adetikopé RAFIA Recherche, Appuie et Formations aux Initiatives d’Autodéveloppement PCR Voie de concentration représentative SSP Parcours socio-économique commun PTF Productivité totale des facteurs UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine ZAAP Zones de développement agricole planifié PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xi Renforcer la résilience REMERCIEMENTS Le présent rapport sur les Perspectives Economiques du Togo a été préparé par une équipe dirigée par Marc Stocker (économiste principal, EAWM1) et Vanessa-Paradis Olakemi Dovonou Lamissi (économiste, EAWM1), ainsi que Nimonka Bayale (économiste pays, EAWM1), Blaise Ehowe Nguem (économiste, EAWM1), Aissatou Ouedraogo (économiste, EAWPV), et Chimene Diane Djapou Fouthe (Consultant, HAWS3) pour le chapitre 1, et Laurent Xavier Frapaise (consultant, spécialiste NBS), Fred Kizito (Economiste agricole principal, EAWPV), et Nouhoum Traore (Economiste agricole principal, SAWA4) pour le chapitre 2. La préparation du chapitre 2 a bénéficié du soutien technique et financier de NBS Invest, une initiative visant à intégrer les solutions basées sur la nature dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation au climat dans les pays à faible revenu. NBS Invest est financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) par l’intermédiaire de son Fonds pour les pays les moins avancés et mis en œuvre par la Banque mondiale, en partenariat avec le Programme mondial sur les solutions basées sur la nature. Le travail a été réalisé sous la supervision et l’orientation de Markus Kitzmuller (économiste en chef, EAWM1), Rob Swinkels (économiste en chef, EAWDR), Hans Anand Beck (Practice Manager, EAWM1), et Fily Sissoko (Country Manager, AWMTG). Les prévisions macroéconomiques présentées dans ce rapport ont été préparées par le personnel de la Banque mondiale et peuvent différer de celles des autorités nationales. Nous tenons à remercier les autorités pour leur collaboration et leurs commentaires sur le contenu de ce rapport. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xii Renforcer la résilience RÉSUMÉ EXÉCUTIF PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xiii Renforcer la résilience Le présent rapport sur les Perspectives de compenser la contraction de la consommation Economiques du Togo s’articule en deux privée pendant la pandémie ; cette croissance a chapitres. Le premier chapitre présente oscillé autour de 6 % entre 2021 et 2023, avec un l’évolution récente et les perspectives de rebond de l’activité renforcé par des mesures de croissance et de réduction de la pauvreté, ainsi relance budgétaire ainsi que des investissements que les principaux risques et les priorités pour privés. Confronté à un déficit budgétaire accélérer la transformation structurelle et la important en 2022-23, le gouvernement s’est résilience des populations vulnérables. Le second engagé dans une période d’assainissement chapitre propose une analyse approfondie de budgétaire qui l’obligera à faire des compromis l’impact du changement climatique sur le secteur difficiles concernant les dépenses publiques agricole et de la manière dont l’extension des et les efforts de mobilisation des recettes. Ces systèmes agroforestiers pourrait aider les petits efforts pourraient être facilités par des réformes exploitants à améliorer leurs conditions de vie, visant à accroître l’efficacité du secteur public et tout en renforçant la sécurité alimentaire et en à mobiliser des capitaux privés. réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Bien que les performances économiques du L’activité économique togolaise s’est maintenue Togo aient été positives, elles restent en deçà au cours des dernières années, en partie grâce à de celles de certains pairs régionaux ou d’autres des mesures de relance budgétaire qui ont permis plus aspirationnels, tels que le Bangladesh ou l’adoption d’une stratégie de consolidation. le Viêt Nam.¹ Cela est principalement attribué L’économie togolaise a affiché une croissance à des facteurs structurels, y compris une robuste au cours de la dernière décennie, avec contribution plus faible de l’approfondissement une moyenne de 5,1 % depuis 2013 (2,9 % de du capital productif à la croissance ; la croissance moyenne du revenu par habitant), prédominance de pratiques agricoles à faible bien qu’elle ait légèrement ralenti à 4,6 % (2,3 % rendement ; la persistance d’importantes par habitant) durant la période d’assainissement disparités entre les zones rurales et urbaines en budgétaire entre 2016 et 2019, pour se maintenir matière d’opportunités économiques et d’accès autour de 5 % depuis la pandémie du COVID-19 en aux services de base ; et des progrès limités 2020, notamment grâce à une politique budgétaire dans l’industrialisation malgré l’expansion des proactive. En effet, la croissance est restée positive activités portuaires et le développement de en 2020, les investissements publics ayant permis l’agro-industrie et des zones industrielles. ¹ Tout au long de ce rapport, le Togo est comparé à un ensemble de pairs structurels (pays ayant des caractéristiques structurelles similaires) et aspirationnels (pays qui ont créé un bon précédent en matière de développement et auxquels le Togo pourrait aspirer). Comme dans le Mémorandum économique pays 2022, une approche basée sur les données a été utilisée pour identifier les pairs structurels et aspirationnels. Les pairs structurels comprennent le Bénin, la Guinée et la Sierra Leone. Les pairs aspirationnels comprennent le Bangladesh, le Vietnam, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal et le Rwanda. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xiv Renforcer la résilience Les perspectives économiques restent de chocs climatiques pourraient entrainer une robustes pour les prochaines années, à trajectoire de croissance plus faible que prévue, condition d’assurer l’adoption de politiques alors qu’une mise en œuvre plus rapide des budgétaires adéquates et de la mise en œuvre réformes et un assouplissement des conditions de réformes ambitieuses. En raison de la de financement mondiales pourraient avoir faiblesse persistante de la demande mondiale et l’effet inverse. de l'intensification des mesures d'assainissement budgétaire, la croissance au Togo devrait ralentir Le secteur agricole pourrait apporter temporairement à 5,3 % en 2024 (2,9 % par une contribution plus substantielle au habitant), avant d’augmenter progressivement développement du pays à travers le à 5,4 % en 2025 et 5,8 % en 2026 (3,5 % par renforcement de la productivité et de la habitant). Cette dynamique sera notamment résilience aux chocs climatiques. Malgré une soutenue par les projets d’investissement privé et part relativement faible dans le PIB, l'agriculture par une reprise des dépenses de consommation emploie près de 40% de la main-d'œuvre au Togo g râ ce à l’a tté n u a t i o n d e s p re ss i o n s et reste la principale source de revenus pour inflationnistes. La reprise des exportations 64% des ménages ruraux, 70% de ceux vivant apportera un soutien supplémentaire à la sous le seuil de pauvreté, et 50% de l’ensemble croissance à partir de 2025, lorsque l'économie des pauvres au Togo (EHCVM 2021/22). La mondiale sera plus dynamique, tandis que les faible productivité agricole empêche la plupart investissements publics augmenteront avec des agriculteurs de passer d’une agriculture de la réduction des efforts d'assainissement subsistance à une agriculture commerciale ; cette budgétaire. Les perturbations commerciales limitation se manifeste par les faibles revenus liées à la sortie annoncée du Mali, du Niger et perçus par les agriculteurs et leur capacité du Burkina Faso de la CEDEAO devraient être limitée à investir dans de nouvelles technologies modestes à court terme, mais contribuent à et à s’adapter au changement climatique. En une incertitude régionale qui pourrait peser l’absence de mesures décisives, ce dernier sur l’investissement, notamment autour du devrait impacter le potentiel agricole du pays, développement du corridor économique Lomé- avec une baisse de la productivité du travail Ouagadougou-Niamey. Dans ce contexte, le taux et des rendements des cultures pluviales. Le de pauvreté devrait diminuer progressivement secteur est également vulnérable à l’érosion des en 2024 et 2025 et de manière plus importante sols et aux risques d’inondation, qui pourraient en 2026, baissant de 4,4 points de pourcentage s’intensifier dans un contexte de précipitations par rapport au taux de 43,8 % observé en 2021. de plus en plus irrégulières. Concernant les risques, la possibilité d’une sortie désordonnée et non négociée du Mali, du Niger Les solutions fondées sur la nature offrent et du Burkina Faso de la CEDEAO, la montée une approche prometteuse pour renforcer la de l’insécurité dans le Nord et l’intensification résilience aux chocs climatiques, stimuler la PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xv Renforcer la résilience productivité ainsi que diversifier et augmenter viables déjà cultivées et 50 % des prairies et les revenus des agriculteurs. Les solutions zones d’arbustes viables sont convertis en fondées sur la nature sont des pratiques agroforesterie (environ 3 900 km²), les besoins écologiques qui apportent divers avantages en d’investissement atteindraient environ 0,8 matière de productivité agricole et de capacité % du PIB, mais permettraient d’augmenter d’adaptation et d’atténuation face au changement considérablement la production agricole, climatique. L’augmentation des rendements malgré les pressions climatiques. En fait, les découle de l’amélioration de la santé des sols, rendements plus élevés et la protection des tandis que l’intégration des arbres dans les terres arables associés à ces investissements systèmes de culture (agroforesterie) assure une pourraient contribuer à fournir à l’ensemble régulation thermique, l’atténuation de l’érosion, de la population environ 50 kg de produits la fixation de l’azote et la lutte naturelle contre agricoles supplémentaires par personne d’ici les parasites. La gestion des zones tampons à 2050, et bénéficieraient à 764 000 petits autour des rivières protègent également les exploitants agricoles dans tout le pays. En terres agricoles des fortes pluies et atténuent outre, jusqu’à 3 755 ktonnes d’émissions de les risques d’inondation. CO2 pourraient être économisées par rapport à l’expansion de l’agriculture conventionnelle Le développement de l’agroforesterie à sur des terres équivalentes. grande échelle pourrait renforcer la sécurité alimentaire, la prospérité des zones agricoles Des réformes sélectives pourraient contribuer concernées et la séquestration du carbone, mais à renforcer le potentiel de croissance durable, nécessite d’importants investissements à court inclusive et résiliente au Togo. Les analyses terme. Une analyse d’adéquation a été développée présentées dans ce rapport mettent en lumière pour déterminer les zones où les systèmes une série d’opportunités d’investissement ainsi agroforestiers seraient les plus appropriés au que des réformes permettant d'optimiser les Togo, tandis qu’une analyse économique estime ressources publiques limitées afin d'accélérer le les besoins d’investissement, les bénéfices développement. Le tableau ci-dessous résume privés et publics, et les moyens de financement. les principales suggestions, qui s’alignent sur Le développement de l’agroforesterie à grande- les objectifs définis dans la Feuille de Route échelle reste un défi considérable. Pour cette gouvernementale du Togo 2025 et les priorités raison, différents scenarios sont envisagés sur du gouvernement, en mettant l’accent sur des terres adaptées et des superficies réalistes. celles qui sont les plus urgentes ou les plus Dans un scénario dans lequel 20 % des terres transformatrices. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xvi Renforcer la résilience Résumé des principales options politiques Objectif Réforme Horizon temporel Renforcer la gestion des • Chiffrer systématiquement les stratégies sectorielles et Court terme investissements publics veiller à ce qu’elles soient assorties d’objectifs concrets. • Systématiser la production et la publication d’études Court terme de faisabilité pour les projets d’investissement. • Inclure systématiquement les coûts d’entretien et de Court terme maintenance dans la budgétisation des investissements • Élaborer des procédures pour évaluer les risques Court terme climatiques et les prendre en compte dès l’évaluation jusqu’à la mise en œuvre du projet. • Simplifier les procédures de passation des marchés Court terme publics afin de garantir une plus grande compétitivité des offres. Accroître la mobilisation • Préparer une stratégie d’augmentation des recettes, Court terme des recettes comprenant à la fois des mesures de politique fiscale et d’administration des recettes. • Rationaliser les dépenses fiscales sur la base d’une Moyen terme analyse coûts-avantages régulière. • Soutenir les entités décentralisées dans leurs Moyen terme capacités de collecte de revenus. • Renforcer les mesures correctives en cas de non- Court terme respect des obligations fiscales et douanières. • Envisager l’introduction séquentielle d’écotaxes et Moyen terme taxe carbone. Augmenter la productivité • Améliorer la sécurité foncière et accroître l’efficacité et Moyen terme de l’agriculture et la transparence des services d’administration foncière. la résilience • Assurer le développement de l’irrigation dans les ZAAP Court terme grâce à une meilleure sélection des entrepreneurs et appliquer des sanctions contractuelles en cas de défaillance technique. • Élaborer des stratégies de recherche et de vulgarisation Moyen terme agricoles. • Faciliter la certification des espèces et variétés de Court terme semences en renforçant la capacité des laboratoires et en réduisant le coût de la certification des semences. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xvii Renforcer la résilience Objectif Réforme Horizon temporel • Améliorer la participation du secteur privé à la distribution Moyen terme d’engrais tout en réduisant le rôle du secteur public et en renforçant le contrôle de la qualité des engrais. • Renforcer les capacités des parties prenantes à Moyen terme préparer des propositions de financement pour les différents fonds climatiques. Maximiser le potentiel • Élaborer une stratégie nationale de zonage Moyen terme de l’agroforesterie agroforestier basée sur l’adéquation des terres et les pressions climatiques. • Favoriser la recherche et le développement d’espèces Moyen terme d’arbres à croissance rapide adaptées à diverses conditions afin d’améliorer la productivité et la résilience des systèmes agroforestiers. • Faciliter l’accès à l’assistance technique et financière Court terme pour les agriculteurs qui passent à des systèmes agroforestiers. Accélérer • Fixer des objectifs de performance clairs pour la CEET et Court terme l’électrification rurale l’AT2ER et publier régulièrement des rapports détaillés sur leurs opérations, leurs finances et leurs performances. • Optimiser la structure tarifaire pour l’électricité afin Court terme de mieux protéger les pauvres, d’assurer des revenus durables pour la CEET et de soutenir les solutions décentralisées en matière d’énergie renouvelable. • Revoir la structure du fonds Tinga pour l’électrification Court terme rurale et définir les modalités d’intégration de la subvention CIZO pour les ménages les plus vulnérables dans le fonds. • Négocier des tarifs plus favorables pour Moyen terme l’approvisionnement en gaz des centrales thermiques et établir des contrats de couverture pour les prix du gaz et les taux de change. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : xviii Renforcer la résilience PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 1 Renforcer la résilience Chapitre 1: Vers une réduction durable de la pauvreté et l’endettement Ce chapitre examine les évolutions économiques récentes et met en lumière les principaux défis, risques et opportunités pour l’économie togolaise. Malgré les chocs économiques successifs ces dernières années, l’économie togolaise a démontré une remarquable résilience, soutenue par une politique budgétaire proactive qui a permis d’éviter une récession en 2020 et a propulsé une reprise de la croissance en 2021- 22. Les estimations préliminaires suggèrent que la croissance a atteint 6,4 % en 2023, stimulée par une reprise de l’investissement privé et des exportations, ce qui aurait contribué selon les analyses de la Banque mondiale à la réduction du taux de pauvreté d’environ 1 point de pourcentage par rapport au 43,8 % de 2021. La croissance devrait se ralentir à 5,3 % en 2024, en raison des efforts d’assainissement budgétaire, la faiblesse de la demande mondiale et l’incertitude régionale qui pèsent sur l’activité, avant de reprendre de l’élan en 2025 et 2026, portée par la poursuite de la reprise de l’investissement privé et des dépenses de consommation, soutenue par un renforcement de la croissance des exportations. Face aux risques d’instabilité régionale et de pressions climatiques, une combinaison de politique budgétaire prudente et de réformes structurelles audacieuses est essentielle pour maintenir la stabilité macroéconomique et promouvoir une croissance inclusive et durable. 1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE RÉCENTE et 2019. Le taux de croissance a depuis atteint une moyenne de 5 % (2,8 % par habitant) depuis 1.1 L’ACTIVITE ECONOMIQUE le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, soutenue par une augmentation significative Malgré les nombreux défis, la croissance des dépenses publiques et des investissements économique au Togo a été robuste ces dernières privés robustes. La croissance est restée années ; cependant, elle reste modeste par positive en 2020, les investissements publics rapport aux pays pairs et insuffisante pour ayant contribué à compenser la contraction de rapidement réduire le taux de pauvreté. La la consommation privée pendant la pandémie. croissance au Togo s’est établie en moyenne à Entre 2021 et 2023, la croissance a oscillé autour 5,1 % depuis 2013 (2,9 % de croissance du PIB ou légèrement au-dessus de 6 %, le rebond post- par habitant), bien qu’elle ait légèrement ralenti COVID étant renforcé par de nouvelles mesures à 4,6 % (2,3 % par habitant) pendant une période de relance budgétaire et par l’investissement d’assainissement budgétaire rapide entre 2016 privé (Figure 1.1). Malgré les mesures visant PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 2 Renforcer la résilience à plafonner les dépenses publiques et à des pays pairs et accroître significativement le augmenter les recettes, le déficit budgétaire est potentiel de croissance du Togo, qui se situe resté élevé en 2023, atteignant 6,6 % du PIB, autour de 5,5 %. De fait, malgré l’impulsion après avoir culminé à 8,3 % en 2022, son niveau donnée par le gouvernement aux investissements le plus élevé depuis trois décennies. Bien que la publics depuis 2010, le niveau et la qualité des performance économique récente du Togo ait été infrastructures restent inférieurs à la plupart des positive face à une succession de chocs majeurs, pays pairs. Par ailleurs, le stock de capital privé a elle demeure en deçà de celle de certains pairs augmenté, mais à partir d’un niveau faible et à un structurels et aspirationnels² (Figure 1.2). Le rythme plus lent que celui des pays aspirationnels passage progressif d’une économie dominée (Figure 1.4). Plusieurs freins à l’investissement par l’agriculture à une économie axée sur les privé au Togo sont souvent cités, notamment : les services s’est poursuivi, mais la majeure partie lacunes dans les infrastructures de connectivité, de la population active occupe toujours des l’accès limité au financement, les obstacles au emplois à faible productivité et essentiellement commerce et à la concurrence, les faiblesses informels dans ces deux secteurs. perçues dans la gouvernance du secteur public et les inadéquations entre la demande et l’offre Les facteurs qui empêchent une croissance plus de compétences sur le marché du travail. En rapide et plus inclusive sont principalement conséquence, le capital productif par personne structurels. Malgré quelques améliorations, les au Togo est inférieur d’environ 38 % à la moyenne taux d’investissement public et privé (Figure des pays pairs, alors que le capital naturel et le 1.3) restent insuffisants pour rapprocher le capital humain sont généralement comparables stock de capital productif par personne de celui (Figure 1.5). ² Tout au long de ce rapport, le Togo est comparé à un ensemble de pairs structurels (pays ayant des caractéristiques structurelles similaires) et aspirationnels (pays qui ont créé un bon précédent en matière de développement et auxquels le Togo pourrait aspirer). Comme dans le Mémorandum économique pays 2022, une approche basée sur les données a été utilisée pour identifier les pairs structurels et aspirationnels. Les pairs structurels comprennent le Bénin, la Guinée et la Sierra Leone. Les pairs aspirationnels sont le Bangladesh, le Vietnam, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal et le Rwanda. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 3 Renforcer la résilience FIGURE 1.1 FIGURE 1.2 La croissance du PIB réel a bien résisté ces dernières La performance du Togo en matière de croissance reste années, mais au prix de l’épuisement des réserves inférieure à celle de certains pairs, principalement en budgétaires raison de facteurs structurels Croissance du PIB réel et déficit budgétaire (en pourcentage Croissance du PIB réel (en pourcentage), 2017-2022 du PIB) 8 13 6 8 4 3 2 -2 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 0 Bangladesh Bénin Rwanda Côte Togo Vietnam Sénégal Récapitulation de l'UTB Déficit budgétaire d'Ivoire Croissance du PIB réel 2017-19 2020-22 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. FIGURE 1.3 FIGURE 1.4 Les taux d’investissement ont augmenté au Togo, Le stock de capital privé croit à un rythme plus lent mais demeurent inférieurs à la plupart des pays pairs que parmi les pays aspirationnels Taux d’investissement public et privé (en % du PIB), Stock de capital privé par personne (en dollars 2010-2022 internationaux constants de 2017) 8,500 35 30 6,500 25 4,500 20 15 2,500 10 500 5 2012 2014 2016 2018 2000 2002 2004 2006 2008 2010 0 Togo Asie ambitieuse Vietnam Bangladesh Sierra Leone Guinée Sénégal Ghana Rwanda Côte d'Ivoire Bénin Togo ASS ambitieuse ASS structurelle Source : Banque mondiale. Public Privé Note : Les pairs ambitieux de l’Afrique Subsaharienne (ASS) incluent la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Rwanda et le Sénégal ; l’ASS structurelle comprend le Bénin et Source : Banque mondiale la Guinée ; Asie ambitieuse : Bangladesh et Vietnam. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 4 Renforcer la résilience L’une des contraintes les plus persistantes privé et des exportations, malgré la faiblesse pour la transformation structurelle au Togo est de la demande mondiale et le resserrement la faible productivité de l’agriculture (Figure des conditions de financement. Les estimations 1.6). Cette contrainte est due à l’accès limité préliminaires suggèrent que la croissance s’est aux intrants qui améliorent les rendements accélérée pour atteindre 6,4 % en 2023, avec (semences, engrais, produits phytosanitaires), une contribution accrue de la formation de capital un faible taux de mécanisation et d’irrigation, et fixe et des exportations. En ce qui concerne la forte exposition aux chocs climatiques. Compte l’investissement public, les nouveaux travaux tenu de ces défis, le deuxième chapitre de ce d’infrastructure et l’achat d’équipements de rapport examine la faisabilité de développer les sécurité pour faire face à l’instabilité persistante systèmes agroforestiers afin de répondre aux dans le Nord ont été partiellement compensés pressions climatiques croissantes, en démontrant par des réductions de dépenses dans d’autres leur potentiel pour renforcer la sécurité secteurs, tandis que l’investissement privé est alimentaire, la diversification des revenus des resté dynamique, soutenu par des projets en petits exploitants agricoles et la séquestration cours tels que le développement de la Plateforme du carbone. industrielle d’Adetikope (PIA). Cette zone industrielle vise à créer un pôle d’activité dans La croissance au Togo s’est accélérée en 2023, des secteurs tels que le textile, l’agroalimentaire, reflétant le renforcement de l’investissement les matériaux de construction, et la logistique. FIGURE 1.5 FIGURE 1.6 Le capital productif reste inférieur à la plupart des La productivité agricole stagne, ce qui entrave le pays pairs développement du pays Richesse par habitant (USD par habitant), 2021 Productivité totale des facteurs dans l’agriculture 36,000 (2015=100) 30,000 130 24,000 120 18,000 110 12,000 100 6,000 0 90 Vietnam Bénin ASS Côte d'Ivoire Bangladesh Sénégal Togo LIC Ghana Maroc Rwanda Sierra Leone Guinée 80 70 1961 1965 1981 1985 2001 2005 2021 1969 1973 1977 1989 1993 1997 2009 2013 2017 Capital produit Capital naturel Source : USDA. Le capital humain Richesse totale Note : La PTF mesure l’efficacité de la production agricole obtenue à partir de Source : L’évolution de la richesse des nations (2022). l’ensemble des terres, du travail, du capital et des ressources matérielles utilisés. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 5 Renforcer la résilience La croissance des exportations est estimée à des pénuries d’électricité accrues, notamment 6,8 % en 2023, contre 2,8 % en 2022, malgré liées à des perturbations des importations en une demande mondiale relativement faible provenance du Ghana. Malgré des tendances et l’instabilité régionale. La croissance de la positives dans l’industrie à la fin de 2023, le consommation privée a atteint un niveau estimé taux d’utilisation des capacités dans le secteur a à 4,3 % en 2023, bénéficiant de la baisse de légèrement diminué, passant de 76,5 % en 2022 l’inflation sur le pouvoir d’achat. à 75,5 % en 2023. Cela suggère que les conditions de la demande sont restées modestes pendant la Du côté de l’offre, la production industrielle a majeure partie de l’année 2023. affiché une dynamique positive au cours du second semestre 2023, soutenue par l’expansion Le secteur des services a également connu du secteur extractif et la production d’électricité une croissance en 2023. La valeur ajoutée du (Figure 1.7). Cette performance a été soutenue secteur tertiaire a augmenté d’environ 7,6 % en par la hausse de la demande mondiale et des prix 2023, contre 6,8 % en 2022. Les indicateurs du phosphate. La production et la distribution de chiffre d’affaires des services commerciaux, d’électricité ont été un autre moteur de l’activité qui comprennent les services financiers, les industrielle, affichant une hausse significative au transports, l’immobilier, les TIC, l’hébergement dernier trimestre de 2023 (Figure 1.8). Cependant, et la restauration, ont été robustes au cours le Togo, et en particulier la capitale Lomé, a connu du second semestre de l’année, tandis que les FIGURE 1.7 FIGURE 1.8 Reprise de l’activité industrielle au second semestre ... et une production d’électricité en hausse 2023, soutenue par le secteur du phosphate Production industrielle, janv.=100 Production d’électricité, janv.=100 130 130 120 120 110 110 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec 2020 2021 2022 2023 2020 2021 2022 2023 Source : INSEED. Source : INSEED. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 6 Renforcer la résilience secteurs du commerce de gros et du commerce efforts du gouvernement pour améliorer l’accès de détail se sont redressés. Le secteur de la aux intrants agricoles, ont créé des conditions construction a également montré des signes de propices à une récolte relativement favorable reprise, après un début d’année 2023 en demi- pour la saison 2023/24. La production céréalière teinte. Les opinions des chefs d’entreprise du pour 2023 est estimée à 1,5 million de tonnes, secteur ont dépassé leur tendance à long terme soit une augmentation de 5 % par rapport à au quatrième trimestre de 2023. l’année précédente et d’environ 9 % par rapport à la moyenne quinquennale (2018-2022). Le secteur agricole a continué à se développer Cette augmentation est notamment due à une en 2023 grâce à une saison favorable. La amélioration de 5,8 % de la production nationale production agricole a augmenté en 2023, de maïs et à une augmentation de 4,1 % de la soutenue par des conditions météorologiques production de riz (Paddy), malgré une réduction propices à l’agriculture, des prix plus élevés de la superficie totale ensemencée. Le secteur et une amélioration de l’environnement du coton a également connu une augmentation commercial. Les précipitations cumulées, qui significative de la production par rapport à la ont augmenté de manière significative par campagne précédente, marquant la première rapport à 2022 et ont dépassé les moyennes reprise depuis 2020, soutenue par l’expansion quinquennales (Figure 1.9), associées aux des zones cultivées. FIGURE 1.9 FIGURE 1.10 Des précipitations cumulées supérieures à la ... mais l’insécurité alimentaire est restée élevée, en moyenne ont favorisé une bonne récolte agricole en particulier dans la région des Savanes 2023-24 Pluies cumulées, mm Population confrontée à une insécurité alimentaire aiguë par région 500 140,000 400 120,000 300 100,000 200 80,000 60,000 100 40,000 0 20,000 Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec 0 Moyenne sur 5 ans 2022 2023 Savanes Maritimes Plateaux Kara Centre Source : Banque mondiale. Source : Rapports IPC/Cadre Harmonisé pour l’Afrique de l’Ouest. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 7 Renforcer la résilience 1.2 PAUVRETE ET FRAGILITE 2021, la hausse de l’inflation a affecté le pouvoir d’achat des ménages, et malgré une croissance Malgré la hausse de la production agricole, économique soutenue et des revenus agricoles le niveau d’insécurité alimentaire demeure plus élevés, le taux de pauvreté national n’aurait élevé. Le Togo est resté en 2023 parmi les 10 diminué que de 0,9 point de pourcentage en pays de l’Afrique subsaharienne les plus touchés 2023, par rapport aux 43,8 % enregistrés en 2021 par l’insécurité alimentaire,³ avec environ 6,2 % (Figure 1.11). En utilisant le seuil de pauvreté de la population confrontée à une insécurité international de 2,15 dollars par jour, le taux alimentaire aiguë entre octobre et décembre d’extrême pauvreté au Togo est estimé à 26,2 %, 2023 (Figure 1.10). Cela reflète notamment ce qui est supérieur aux autres pays de la région. la propagation de l’insécurité dans le nord et Cette lente réduction de la pauvreté, associée à une l’impact persistant de la récente hausse des croissance démographique rapide, a entraîné 40 prix des denrées alimentaires, de l’énergie et 000 personnes supplémentaires vers une situation des transports. La situation est particulièrement d’extrême pauvreté entre 2021 et 2023. Les difficile dans la région des Savanes, où vit un tiers écarts entre les zones rurales et urbaines restent de la population du pays en situation d’insécurité également élevés (Figure 1.12), puisque 58,2 % de alimentaire sévère. la population rurale était pauvre en 2021, contre 20,1 % à Lomé et 32,3 % dans les autres zones On estime que le taux de pauvreté a légèrement urbaines. La région des Savanes a enregistré le taux diminué depuis 2021, mais que le nombre total de pauvreté le plus élevé, soit 64 % en 2021, avec de pauvres a continué à augmenter. Depuis une augmentation de 2 % depuis 2018. Cette lente réduction de la pauvreté, associée à une croissance démographique rapide, a entraîné 40 000 personnes supplémentaires vers une situation d’extrême pauvreté entre 2021 et 2023. ³ Food security report, Banque Mondiale (15 Fevrier 2024) ; Résultats de l’analyse de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë courante en octobre-décembre 2023 et projetée en juin-août 2024. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 8 Renforcer la résilience FIGURE 1.11 FIGURE 1.12 La pauvreté a diminué ces dernières années ...mais le fossé entre les zones rurales et urbaines demeure PIB par habitant et taux de pauvreté4 (pourcentage) Taux de pauvreté par zone, 2018-2021 4 Pourcentage 44.8 3 60 PIB par habitant (%) Taux de pauvreté (%) 44.3 2 43.8 40 1 43.3 0 20 42.8 -1 2018 2019 2020 2021 2022 2023 0 Croissance du PIB par habitant Taux de pauvreté National Lomé Autre urbain Rural Source : Calculs de la Banque mondiale basés sur EHCVM 2018, EHCVM 2021. 2018 2021 Note : PIB par habitant (prix constant 2015 LCU) ; les points bleues indiquent le taux de pauvreté estimé, tandis que les points jaunes indiquent la période d’enquête. Source : Calculs de la Banque mondiale basés sur l’EHCVM 2018 et l’EHCVM 2021. FIGURE 1.13 Le rythme de la réduction de la pauvreté ces dernières années est lié à l’augmentation L’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont de la fragilité et des risques sécuritaires. La continué de diminuer au cours de l’année 2023 proximité de la frontière de 131 km avec le Inflation (en %) Pourcentage Burkina Faso a exposé le pays aux retombées de 20 la crise sahélienne, et ces risques sont aggravés 15 par le retard de développement de la région des 10 Savanes. Le changement climatique exacerbe 5 ces risques de fragilité, le nord du Togo étant 0 -5 Apr-22 Jul-22 Oct-22 Apr-23 Jul-23 Oct-23 Jan-20 Apr-20 Jul-20 Oct-20 Jan-21 Apr-21 Jul-21 Oct-21 Jan-22 particulièrement vulnérable aux périodes de Jan-23 sécheresse et aux inondations. En outre, le Togo Indice global Alimentation Hors Energie et Alimentation accueille un nombre croissant de réfugiés, ce Source : INSEED, Banque mondiale. ⁴ La méthodologie d’estimation de la pauvreté suit trois étapes : (i) Estimer la part de la consommation des ménages dérivée du revenu du travail dans les différents secteurs (agriculture, industrie manufacturière, services) et des sources non liées au travail pour chaque ménage ; (ii) Supposer que le revenu nominal des ménages (représenté par la consommation) provenant de chaque source augmente au même rythme que la croissance nominale du PIB dans le secteur respectif, ou au taux de croissance global du PIB pour le revenu non lié au travail ; (iii) Calculer la valeur réelle de la consommation en divisant la consommation nominale par le niveau des prix, qui augmente au rythme de l’inflation. Ce calcul prend en compte la consommation au niveau des ménages des aliments produits par eux-mêmes, des aliments achetés et des articles non alimentaires, en supposant que les céréales produites par eux-mêmes ne sont pas soumises à l’inflation. Les estimations de la pauvreté présentées ici sont basées sur les projections SM2024 MFMOD et sont susceptibles d’être modifiées. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 9 Renforcer la résilience qui nécessite un soutien supplémentaire pour Le resserrement de la politique monétaire améliorer les services offerts aux réfugiés et à a contribué à tempérer les pressions sur les leurs communautés d’accueil. Afin de répondre prix intérieurs, en particulier pour les biens à ces défis, le gouvernement met en œuvre non échangeables. Bien que les pressions une stratégie nationale de prévention, ciblant inflationnistes dans l’UEMOA aient été particulièrement les facteurs de fragilité dans la principalement d’origine externe au cours des région des Savanes. deux dernières années, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a relevé les 1.3 INFLATION, POLITIQUE MONETAIRE intérêts politiques de 150 points de base cumulés ET STABILITE FINANCIERE depuis la mi-2022, ce qui a contribué à ancrer les attentes en matière d’inflation. Malgré le Les pressions inflationnistes ont continué de resserrement de la politique monétaire, le crédit diminuer en 2023, grâce à la baisse des prix à l’économie a connu une croissance significative des denrées alimentaires et de l’énergie. La en 2023, avec une moyenne de 16,5 % contre 6,1 hausse du coût importations et les effets indirects % en 2022. En particulier, le crédit au secteur des coûts élevés de l’énergie sur les chaînes privé non financier a augmenté de 15,3 %, contre de valeur nationales ont maintenu l’inflation 8,3 % en 2022, ce qui indique des tendances globale à un niveau élevé au cours du premier positives en matière d’investissement privé. semestre 2023; cependant, une bonne récolte agricole, la modération des prix internationaux Le système bancaire togolais reste confronté et le resserrement de la politique monétaire à des défis qui nécessitent une surveillance ont contribué à atténuer l’inflation au cours du étroite. Notamment, deux institutions clés - second semestre, ce qui s’est traduit par une la banque d’État UTB et la BTCI récemment inflation annuelle moyenne de 5,3 % en 2023, privatisée - affichaient encore des positions de contre 7,6 % en 2022 (Figure 1.13). Toutefois, capital négatives représentant environ 1,8 % l’inflation au Togo est restée supérieure à la du PIB. En conséquence, le ratio de solvabilité moyenne régionale de 3,7 % et au seuil de 3 % de de l’ensemble du secteur est resté inférieur au la BCEAO, reflétant la persistance d’une inflation niveau obligatoire, même s’il s’est amélioré pour de base élevée, qui s’est stabilisée en moyenne à atteindre 6,4 % en 2023, contre 3,0 % en 2020. 6,7 % en 2023. Les prix intérieurs des principales La qualité moyenne des actifs s’est également denrées de base sont restés supérieurs aux améliorée, le ratio des prêts en souffrance niveaux prépandémiques, ce qui continue de s’établissant actuellement à 8,5 %, contre 16 % à peser sur le pouvoir d’achat des ménages non la fin de 2020. Les autorités ont présenté des plans agricoles et sur la sécurité alimentaire dans pour remédier aux vulnérabilités qui subsistent certaines régions du pays. Par exemple, les prix dans le secteur, notamment des injections de des céréales en décembre 2023 étaient 41,5 % capitaux pour porter le capital réglementaire plus élevés qu’en janvier 2020. de la banque UTB au-dessus de zéro, des plans PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 10 Renforcer la résilience pour privatiser la banque ou mettre en œuvre limitation des dépenses publiques en biens et des mesures alternatives pour garantir l’adhésion services et à l’augmentation des recettes. En ce de la banque aux normes prudentielles. Les qui concerne les recettes, les réformes en cours autorités ont également apporté leur soutien à visant à élargir l’assiette fiscale et l’amélioration la banque privatisée pour renforcer l’adéquation du recouvrement des impôts ont fait passer la de ses fonds propres, ce qui devrait renforcer la pression fiscale à 14,7 % du PIB. Cependant, les stabilité du secteur bancaire. dépenses de sécurité ont été plus élevées que prévu en 2023, ralentissant la réduction du déficit. 1.4 POLITIQUE BUDGETAIRE ET VIABILITE DE LA DETTE La dette publique a continué d’augmenter et la dépendance du Togo à l’égard des marchés Le déficit budgétaire s’est légèrement réduit en obligataires régionaux reste une source de 2023. Après une forte augmentation des déficits fragilité. L’endettement public a atteint 67,1 % ces dernières années, le gouvernement est entré du PIB en 2023, une augmentation du taux de dans une période de consolidation budgétaire. 66,3 % en 2022, ce qui est supérieur aux pairs, Dans ce contexte, le déficit a atteint 6,6 % du tels que le Bénin ou la Côte d’Ivoire, mais inférieur PIB en 2023, contre 8,3 % en 2022, grâce à la au Sénégal et au Rwanda (Figure 1.14). Cette baisse des transferts et des subventions, à la augmentation est principalement due à une hausse de la dette intérieure, qui atteint 42,5 % FIGURE 1.14 du PIB. Les rendements moyens des obligations La superposition des crises a aggravé les problèmes d’État du Togo ont augmenté pour atteindre 7 % d’endettement au Togo en moyenne en 2023 (contre 6 % en 2022), ce Dette des administrations publiques au Togo et dans les qui a exercé une pression sur le financement de pays comparables, 2021-23 la dette. L’analyse de viabilité de la dette publique Pourcentage du PIB de janvier 2024 a évalué le Togo comme étant à 100 un risque globalement élevé,⁵ mais si les risques 80 sur la dette extérieure restent modérés. 60 40 1.5 BALANCE COMMERCIALE ET BALANCE 20 DES OPERATIONS COURANTES 0 Sierra Leone Sénégal Rwanda Maroc Togo Côte d'Ivoire Bénin Guinée Le déficit commercial s’est réduit en 2023, grâce à une amélioration modérée des termes 2021 2022 2023 de l’échange. Les exportations de biens au Togo Source : Banque mondiale. ont connu une augmentation de 14,4 % en valeur ⁵ La dette publique du Togo comprend les obligations du gouvernement central et des entités publiques (par exemple, la CEET). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 11 Renforcer la résilience en 2023, en grande partie grâce à une demande déficit des comptes courants a atteint, selon et des prix robustes pour le phosphate, qui les estimations, 3,3 % du PIB en 2023, soit représente 45,6 % des exportations totales du une légère augmentation par rapport à 2022, pays pour cette année. Alors que l’augmentation malgré la réduction du déficit commercial. Cette des importations a partiellement compensé augmentation reflète notamment la baisse des les gains de recettes d’exportation, le déficit envois de fonds des travailleurs émigrés, qui ont commercial global s’est réduit, notamment continué à diminuer par rapport au pic atteint grâce à l’amélioration des termes de l’échange en 2020, bien qu’ils restent supérieurs à une (Figure 1.15). Le port de Lomé, qui se positionne moyenne de 6 % du PIB sur la période 2010- comme une plaque tournante régionale, a 2019, constituant ainsi une source importante enregistré une modeste augmentation du trafic de financement extérieur. Le taux de change de 0,7% par rapport à 2022 (Figure 1.16). effectif réel du pays s’est apprécié d’environ Cependant, les activités de transbordement et 2,5 % en 2023, sous l’effet de l’appréciation le nombre de navires ont diminué, en partie dû au relative de l’euro par rapport au dollar, semble ralentissement des activités dans les pays voisins encore légèrement sous-évalué (entre 3 et et aux sanctions contre le Niger. 5 %) par rapport à la valeur impliquée par les fondamentaux économiques. Les réserves de Le déficit de la balance courante s’est quelque change en 2023 sont tombées à environ 3,6 mois peu creusé en 2023 mais est resté modéré. Le d’importations, contre 4,3 mois en 2022. FIGURE 1.15 FIGURE 1.16 Un rebond des exportations au 4ème trimestre a Le trafic dans le port de Lomé continue de croître en permis de réduire le déficit commercial 2023, malgré les sanctions contre le Niger Balance commerciale des marchandises Trafic dans le port de Lomé Milliards de FCFA 40 2,000 400 200 30 1,500 0 20 1,000 -200 10 500 -400 -600 - 0 2020 Q1 2020 Q2 2020 Q3 2020 Q4 2021 Q1 2021 Q2 2021 Q3 2021 Q4 2022 Q1 2022 Q2 2022 Q3 2022 Q4 2023 Q1 2023 Q2 2023 Q3 2023 Q4 2012 2014 2016 2018 2020 2022 Importation Exportation Transbordement Exportations Importations Balance commerciale Trafic total Navire (nombre, RHS) Source : INSEED, Banque mondiale. Source : Port Autonome de Lomé Togo, Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 12 Renforcer la résilience 3,4%, respectivement en 2025 et 2026, en raison 2. PERSPECTIVES ET RISQUES notamment de l'accélération des exportations à 2.1 CONTEXTE MONDIALE ET REGIONAL mesure que l'économie mondiale retrouve une certaine vigueur. Le commerce mondial devrait rester faible en 2024 ; la demande des économies avancées Les prix internationaux des produits de base et de la Chine devrait ralentir, avant de se devraient continuer à baisser en 2024-26, redresser progressivement par la suite. La impliquant une légère détérioration des termes croissance devrait se ralentir aux États-Unis de l’échange. La plupart des prix des produits et en Chine, rester anémique dans la zone de base ont commencé à s’affaiblir en raison euro et n’augmenter que lentement en Afrique de l’abondance de l’offre et de la modération subsaharienne, restant bien en deçà de sa moyenne de la demande ; ils restent toutefois supérieurs à long terme (Figure 1.17). Le ralentissement de la aux niveaux d’avant la pandémie. Le récent croissance en Chine devrait avoir un impact négatif conflit au Moyen-Orient n’a eu jusqu’à présent sur la demande de métaux et d’autres matières qu’un impact limité sur les prix internationaux premières, tandis que les récentes attaques du pétrole, qui devraient tomber à 81 dollars le contre des navires commerciaux transitant par la baril en 2024, compte tenu de l’offre suffisante mer Rouge ont perturbé des routes maritimes et de pétrole et du ralentissement de la demande des chaînes d’approvisionnement essentielles. mondiale. Les prix des métaux devraient En conséquence, le commerce mondial devrait continuer à baisser, car le ralentissement de rester faible en 2024, avant de se redresser la croissance en Chine pèse sur la demande, à un rythme nettement plus lent que lors des tandis que les prix des denrées alimentaires précédentes reprises (Figure 1.18). Compte tenu devraient continuer à fléchir dans un contexte des perspectives des principaux partenaires d’offre toujours abondante pour les principales commerciaux et du volume des échanges cultures. Les avantages de la baisse des coûts enregistrés au premier semestre, les exportations d’importation pour le pétrole, les métaux et les du Togo augmenteraient de 3,9 % en 2024, contre denrées alimentaires devraient être plus que 6.8% en 2023. Elles progresseraient de 6,8 % en compensés par la baisse des prix à l’exportation 2025 et de 7,8 % en 2026. Dans ce contexte, le pour le phosphate et les produits agricoles, ce déficit du compte courant se situerait à 3,6 % qui entraînera une légère détérioration des du PIB en 2024, avant de se réduire à 3,5 % et termes de l’échange pour le Togo. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 13 Renforcer la résilience FIGURE 1.17 FIGURE 1.18 Les perspectives économiques pour l’Afrique La reprise du commerce mondial est l’une des plus subsaharienne restent modérées lentes enregistrées Croissance en Afrique subsaharienne Reprise du commerce mondial après 2020 et récessions passées Pourcentage Indice, 100 = t-1 7 130 6 5 4 120 3 2 1 110 0 2022 2023e 2024p 2025p 2022 2023e 2024p 2025p 2022 2023e 2024p 2025p 2022 2023e 2024p 2025p 100 Afrique sub-Angola, Nigeria Exportateurs Pays non riches 90 saharienne et Afrique de matières en ressources t-1 t t+1 t+2 t+3 t+4 du Sud premières Moyenne 2000-19 Récessions mondiales passées Récession de 2020 Source : Perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale, janvier 2024. Source : Perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale, janvier 2024. Les conditions de financement régionales propice aux entrées de capitaux (Figure 1.20). devraient rester difficiles, le Togo cherchant Un resserrement supplémentaire pourrait être à refinancer une part importante de sa dette légèrement plus prononcé que prévu en raison publique. Dans l’UEMOA, les conditions de des pressions sur le FCFA associées à la réduction financement ont continué à se resserrer au début des flux de capitaux vers le Mali, le Niger et le de l’année 2024, reflétant les préoccupations Burkina Faso. Le Togo reste fortement exposé concernant la dette croissante des gouvernements aux conditions du marché obligataire régional. et les besoins de refinancement, la diminution En fait, l’encours de la dette arrivant à échéance des réserves de devises et l’incertitude politique en 2024 devrait représenter 9,75 % du PIB, associée à la sortie annoncée du Mali, du Niger et dont 7,42 % du PIB pour la dette émise sur les du Burkina Faso de la CEDEAO. Dans ce contexte, marchés régionaux. la banque centrale BCEAO devrait continuer à relever les taux d’intérêt cette année, en raison La sortie annoncée du Mali, du Niger et du d’une inflation toujours supérieure à l’objectif Burkina Faso de la CEDEAO devrait entraîner fixé et de la nécessité de soutenir les réserves des perturbations commerciales minimes de change qui sont tombées à des niveaux à court terme, mais une incertitude à plus inquiétants (Figure 1.19) notamment lié à un long terme sur l’intégration régionale. Le différentiel de taux d’intérêt avec la zone euro peu port de Lomé joue un rôle crucial pour l’accès PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 14 Renforcer la résilience du Mali, du Niger et du Burkina Faso (formant relie ces pays au port de Lomé, l’infrastructure l’Alliance des États du Sahel (AES)) au transport énergétique transfrontalière et les réseaux maritime international (Figure 1.21), le Burkina régionaux de fibre optique. Les perturbations Faso représentant à lui seul environ 80 % des commerciales à court terme devraient être transbordements passant par le port de Lomé minimes, reflétant la récente levée des sanctions (Figure 1.22). En outre, le Togo a exporté 18,7 % contre le Niger, les accords bilatéraux entre de ses produits manufacturés vers ces trois pays le Togo et le Niger, les perspectives d’une en 2022. Le commerce transfrontalier informel transition négociée et la poursuite de la mise en entre le Togo et le Burkina Faso joue également œuvre d’une politique commerciale commune un rôle important, notamment pour les produits entre les pays de l’UEMOA. Dans l’ensemble, la alimentaires qui sont essentiels pour la sécurité détérioration des perspectives pour le Mali, le alimentaire (Figure 1.23). Le Togo et les trois pays Niger et le Burkina Faso et l’incertitude politique du Sahel partagent également d’importantes liée à leur sortie de la CEDEAO ne devraient infrastructures, notamment le corridor économique réduire que d’environ 0,1 point de pourcentage Lomé-Ouagadougou-Niamey (1 065 km) qui les projections de croissance du Togo en 2025. FIGURE 1.19 FIGURE 1.20 Les réserves de change de l’UEMOA sont d’une En partie en raison de la lenteur du resserrement de la faiblesse inquiétante... politique monétaire par rapport à la zone euro Réserves de change de l’UEMOA (nombre de mois d'importations Taux d’intérêt directeur de la BCEAO et de la BCE (en pourcentage) de biens et services) 5.0 6.0 4.0 5.5 3.0 5.0 2.0 4.5 1.0 4.0 0.0 3.5 Jul-20 Aug-22 Jun-18 Nov-18 Apr-19 Feb-20 Jan-18 Sep-19 Dec-20 May-21 Oct-21 Mar-22 Jan-23 Jun-23 Nov-23 3.0 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 BCEAO BCE Source : BCEAO, Banque mondiale. Source : BCEAO, Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 15 Renforcer la résilience FIGURE 1.21 FIGURE 1.22 Le port de Lomé est essentiel pour le transbordement ... et constitue un point d’entrée et de sortie essentiel dans la région... pour les marchandises destinées aux pays enclavés Volume de transbordement vers AES à partir des ports Transbordement (pourcentage), 2022 sélectionnés Millions de tonnes 10.0 8.0 6.0 4.0 2.0 0.0 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 Bénin Côte d'Ivoire Ghana Mali Niger Via le port d'Abidjan Via Tema Via le port de Lomé Burkina Faso Autre Source : Statistiques des ports d’Abidjan, de Tema et de Lomé. Source : Statistiques du port de Lomé. FIGURE 1.23 2.2 EFFORTS D’ASSAINISSEMENT BUDGETAIRE Le commerce informel à petite échelle représente une part importante des exportations agricoles et Un période de consolidation budgétaire est alimentaires vers les pays voisins nécessaire pour assurer un endettement Exportations alimentaires du Togo vers les pays voisins soutenable. Conformément aux engagements Pourcentage du commerce total pris dans le cadre des critères de convergence 50 de l’UEMOA et du nouveau programme avec le FMI, le déficit budgétaire devrait être ramené 40 à 4,5 % du PIB en 2024 (en excluant l’effet 30 ponctuel de 1,6 % du PIB de la recapitalisation de la banque publique UTB) et à 3,0 % en 2025, 20 grâce notamment à une stratégie ambitieuse de 10 mobilisation des recettes. Les réformes fiscales et douanières, ainsi que la rationalisation des 0 dépenses fiscales, devraient contribuer à Bénin Burkina Faso Ghana augmenter des recettes d’un montant cumulé Enregistré mesure SSCBT équivalent à 1,5 point de pourcentage du PIB Source : Banque mondiale. entre 2022 et 2025, ce qui est plus important que PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 16 Renforcer la résilience pendant la dernière période d’assainissement des réductions de 2016-19 et conduirait à un budgétaire de 2017-19 (Figure 1.24). ratio investissement public/PIB en 2025 plus de deux fois supérieur à celui de 2019. L’impact Une stratégie de consolidation budgétaire négatif sur la croissance devrait être compensé favorable à la croissance nécessitera un par une reprise de l’investissement privé et de juste équilibre entre les efforts de restriction la consommation. Les réductions seraient plus des dépenses et la préservation des importantes pour les investissements financés investissements clés et des programmes au niveau national, mais les programmes financés sociaux prioritaires. Les dépenses en capital par les bailleurs seront également soumis à des devraient diminuer d’un montant cumulé de contraintes (Figure 1.26). De ce point de vue, il 3,0 points de pourcentage du PIB entre 2022 et sera particulièrement important de renforcer la 2025, pour atteindre une moyenne de 6,9 % du sélectivité et l’impact des investissements publics PIB en 2025-26 (Figure 1.25). Cet ajustement, et de se concentrer sur la qualité des dépenses bien qu’important, représente environ la moitié pour soutenir les programmes prioritaires. FIGURE 1.24 FIGURE 1.25 L’amélioration de la mobilisation des recettes est due Les réductions prévues des dépenses publiques à la fiscalité indirecte et à la fiscalité du commerce ciblent les dépenses en capital et les transferts international Ajustement cumulé prévu des recettes intérieures Ajustement cumulé prévu des dépenses fiscales 18 15.9 30 0.9 0.3 0.7 26.0 0.01 0.1 0.1 1.7 16 14.0 3.0 25 14 21.5 12 20 0.3 0.1 Pourcentage du PIB Pourcentage du PIB 1.1 0.3 0.2 10 0.7 0.5 15 8 13.5 22.9 7.0 16.6 6 12.4 10 4 5 2 0 0 2022 B&S Directs Commerce 2025 2022 Intérêts Salaires B&S Transferts Capital 2025 Int. Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. Note : Les barres hautes (vertes) illustrent les niveaux de recettes fiscales au Note : Les barres hautes indiquent les niveaux de dépenses au début (par début (par exemple, 12,4 % du PIB en 2016 et 14 % en 2022) et à la fin de exemple, 22,9 % du PIB en 2016 et 26,0 % en 2022) et à la fin de chaque épisode chaque épisode d’assainissement budgétaire. Les barres du milieu indiquent d’assainissement budgétaire. Les barres du milieu indiquent l’ajustement l’amélioration cumulée projetée pour 2023-25 pour chaque catégorie de cumulée anticipé des dépenses publiques pour chaque catégorie de dépenses recettes fiscales, tandis que les points indiquent l’amélioration réalisée en entre 2023 et 2025, tandis que les points indiquent l’ajustement réalisé en 2017- 2017-19. Les points rouges signalent une contraction des recettes. 19. Les barres et les points rouges signalent une contraction. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 17 Renforcer la résilience FIGURE 1.26 FIGURE 1.27 ...avec des réductions particulièrement importantes La dette publique restera élevée, mais devrait prévues pour les investissements publics financés au commencer à diminuer en 2025 niveau national Déficit budgétaire et dette publique Plan d’investissement initial et plan d’investissement Pourcentage du PIB révisé pour 2024-25 10 90 12 12 80 8 10 10 70 Pourcentage du PIB 6 60 8 8 50 6 6 4 40 4 4 2 30 20 2 2 0 10 0 0 -2 0 2024 2025 2026 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 2023 2025 PIP domestique Initial PIP externe Initial PIP domestique Révisé PIP externe Révisé Déficit budgétaire Dette publique (RHS) Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. L’amélioration de la gestion des investissements l’efficacité (Figure 1.28). Les gains potentiels publics pourrait être associée à une de l’amélioration du cadre de gestion des augmentation significative de la qualité des investissements publics sont évalués par services publics. Des évaluations récentes de une régression reliant les scores d’efficacité la qualité de la gestion des investissements des investissements à ceux de l’évaluation de la publics au Togo montrent des progrès dans la gestion des investissements publics (PIMA) dans sélectivité et la planification des projets, mais 34 pays d’Afrique subsaharienne. Les résultats des lacunes persistantes dans la budgétisation, confirment une relation positive entre les scores la gestion des actifs et la transparence. PIMA et l’efficacité des investissements publics Parallèlement, l’efficacité de l’investissement en Afrique subsaharienne. De fait, si le Togo était public, mesurée ici comme la relation entre la en mesure d’augmenter son score PIMA pour qualité des infrastructures publiques et le stock atteindre les niveaux du Botswana, de la Gambie de capital public par habitant, peut être améliorée et de la Côte d’Ivoire (les plus performants de de manière significative au Togo, puisqu’elle est la région), les gains en termes de qualité des estimée à environ 14 % de moins qu’en Côte d’Ivoire, infrastructures publiques pourraient se situer 27 % de moins qu’au Vietnam, et 67 % de moins entre 14 et 23 %, sans augmenter le niveaux qu’à Singapour, qui se situe à la frontière de d’investissement global (Figure 1.30). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 18 Renforcer la résilience FIGURE 1.28 FIGURE 1.29 L’accès aux infrastructures est faible compte tenu du Les gains d’efficacité attendus sont importants si le niveau actuel du stock de capital public du Togo Togo augmente son score PIMA pour atteindre les Accès aux infrastructures et stock de capital public, 2021 meilleures performances de l’Afrique subsaharienne Accès aux infrastructures Gains d’efficacité estimés en faisant correspondre les scores PIMA d’une sélection de pays d’Afrique subsaharienne 100 90 0.6 80 0.5 70 Togo 60 0.4 Indice 50 0.3 40 30 0.2 20 Île Maurice Gambie Côte d'Ivoire Bénin Botswana Mali Kenya Cameroun Burkina Faso Sénégal Nigeria Zambie Sierra Leone Ghana 10 0 1 2 3 4 5 Score d'efficacité Score d'efficacité après les réformes PIMA Stock de capital public par habitant Source : Banque mondiale. Source : Estimations des services de la Banque mondiale. Note : La courbe de la frontière efficiente montre les pays qui combinent Note : Basée sur les scores officiels PIMA les plus récents, qui, dans le cas du optimalement capital public par habitant et qualité des infrastructures. Togo, datent de 2016. FIGURE 1.30 FIGURE 1.31 La part de la dette intérieure dans la dette publique ... ce qui permettra de contenir l’augmentation des globale devrait diminuer à moyen terme... coûts du service de la dette Composition de la dette Coût du service de la dette 80 2.5 90.0 2.4 85.0 Pourcentage du total 60 Pourcentage du PIB Pourcentage du PIB 2.3 80.0 40 2.2 75.0 20 2.1 70.0 2.0 65.0 0 2020 2021 2023 2024 2025 2026 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 Paiements d'intérêts Dette publique intérieure Dette publique extérieure Part du coût du service la dette intérieure (RHS) Source : FMI, Banque mondiale. Source : FMI, Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 19 Renforcer la résilience La combinaison d’une consolidation budgétaire en 2026 (3,5 % en termes par habitant). La efficace et d’une bonne gestion de la dette demande intérieure sera soutenue par les projets sera cruciale pour réduire les risques d’investissement privé et par une reprise des macroéconomiques. La dette publique devrait dépenses de consommation avec l’atténuation commencer à diminuer à partir de 2025, lorsque des pressions inflationnistes. (Figure 1.32). Les le gouvernement aura atteint l’objectif d’un déficit exportations donneront un élan supplémentaire de 3 % (Figure 1.30). Toutefois, à court terme, les à partir de 2025, soutenues par une reprise de risques de surendettement restent élevés, car les l’économie mondiale. La croissance projetée besoins de refinancement de la dette intérieure en 2025-26 serait alignée sur le potentiel de sont importants et les coûts du service de la dette croissance estimé du pays. La sortie annoncée du ont augmenté. Le cadre de gestion de la dette Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO du Togo a été renforcé, notamment grâce à la devrait entraîner des perturbations commerciales publication d’une stratégie de la dette à moyen relativement modestes à court terme, mais suscite terme, d’un plan d’emprunt annuel, d’un rapport une incertitude régionale qui pourrait peser sur annuel sur la dette publique, d’une déclaration de le climat de l’investissement, notamment en risque fiscal et d’un portail de la dette publique, ce qui concerne le développement du corridor mais les efforts visant à réduire les coûts du économique Lomé-Ouagadougou-Niamey. service de la dette et à allonger la maturité de la Malgré ces défis, des perspectives de croissance dette intérieure restent essentiels. La stratégie favorables devraient contribuer à maintenir d’endettement à moyen terme du gouvernement les niveaux de revenu par habitant sur une prévoit une modification significative de la trajectoire ascendante qui a été pratiquement composition du portefeuille, qui passera de ininterrompue depuis le début des années 2010 34 % de la dette extérieure en 2022 à 46% en (Figure 1.33). 2025 (Figure 1.31), les prêts concessionnels représentant 42 % de l’ensemble des nouveaux prêts, contre 16 % à l’heure actuelle. 2.3 PERSPECTIVES DE CROISSANCE ET DE PAUVRETE La croissance au Togo devrait se modérer en 2024, avant de reprendre de l’élan en 2025- 26. Avec une demande extérieure faible et Les exportations donneront un des mesures d’assainissement budgétaire qui élan supplémentaire à partir de s’intensifient, la croissance au Togo devrait 2025, soutenues par une reprise ralentir à 5,3 % en 2024, avant de se renforcer l’économie mondiale. progressivement à 5,4 % en 2025 et 5,8 % PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 20 Renforcer la résilience FIGURE 1.32 FIGURE 1.33 Le dynamisme de la consommation privée et de ... ce qui devrait permettre de maintenir une tendance l’investissement soutiendra la croissance en 2024-25 haussière des revenus moyens Contribution de la demande à la croissance du PIB Croissance du PIB et PIB par habitant (points de pourcentage) Pourcentage Indice=100 en 1980 8 20 120 6 15 110 4 10 100 2 5 9 0 0 8 -5 -2 -10 7 2022 2023 2024 2025 2026 -15 60 Exportation nettes Investissements privés 2010 2013 2016 2019 2022 2025 1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 Investissements publics Consommation des pouvoirs publics Consommation privée PIB Croissance du PIB PIB par habitant (RHS) Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. La pauvreté diminuera dans les années à venir, la proportion de pauvres vivant dans les zones et devrait se concentrer de plus en plus dans rurales. La mise en place d’un registre social les zones rurales. La croissance du PIB réel unique devrait permettre d’améliorer le ciblage et par habitant devrait rester soutenue, atteignant l’efficacité des programmes de filets de sécurité environ 3,5 % en 2026. Une meilleure performance sociale et des mécanismes de réponse aux des secteurs des services et de l’agriculture, qui catastrophes. Les efforts visant à accélérer la emploient la plus grande partie de la population transformation structurelle, grâce à l’amélioration pauvre, contribuerait à une réduction soutenue des rendements agricoles, aux projets en cours de la pauvreté à court et moyen terme (Figure autour de la plateforme PIA et au développement 1.34). Dans ce contexte, le taux de pauvreté de l’agro-industrie, contribueraient également à devrait diminuer progressivement de 1.8 l’amélioration des conditions de vie dans les zones points de pourcentage en 2024 et 4.4 points de rurales. Néanmoins, des progrès significatifs sont pourcentage⁶ en 2026 par rapport aux 43.8 % nécessaires pour garantir que ces efforts soient enregistrés en 2021 (Figure 1.35). Cette baisse inclusifs, en particulier pour les femmes, et pour devrait s’accompagner d’une augmentation de réduire les inégalités de revenus et de genre. ⁶ Selon les estimations de la Banque Mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 21 Renforcer la résilience FIGURE 1.34 FIGURE 1.35 L’agriculture est la principale source de revenus des Le taux de pauvreté devrait diminuer dans les populations rurales et pauvres zones rurales et urbaines, l’écart entre les deux se Part du revenu des ménages (en pourcentage) creusant légèrement Taux de pauvreté projeté au Togo et dans les différentes Inactif zones (en pourcentage) Taux de pauvreté Pauvre 55 45 Rural 35 Urbain 25 0 20 40 60 80 100 15 2021 2022 2023 2024 2025 2026 Agriculture Industrie Services Inactif Total Rural Urbain Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. Le secteur agricole du Togo est à la croisée plan directeur 2024-28 pour l’agriculture irriguée des chemins, confronté à la fois à des réduiraient progressivement la dépendance à défis importants et à des opportunités l’égard des systèmes pluviaux, diminuant ainsi prometteuses dans les années à venir. l’exposition à la variabilité du climat. Cependant, Les investissements récents et les réformes les effets négatifs du changement climatique sont menées dans le cadre de la feuille de route de plus en plus évidents, avec des précipitations 2020-25 du gouvernement devraient contribuer irrégulières qui rendent la production agricole à l’amélioration de la productivité agricole et à plus incertaine. Cette imprévisibilité a un impact soutenir le secteur agro-industriel, créant ainsi sur la volonté des investisseurs de soutenir de nouvelles opportunités d’exportation. Des la transformation de l’agriculture tout en initiatives telles que le programme des Zones affectant de manière disproportionnée les petits d’Aménagement Agricole Planifiées (ZAAP), la exploitants agricoles du Togo qui sont souvent création de centres de formation agricole, la mal équipés pour gérer ces chocs climatiques. création de l’Agence de transformation Agricole Le secteur du coton au Togo a également un (ATA), ainsi que l’expansion de l’Agropole de potentiel d’expansion important, mais les Kara et l’opérationnalisation de l’Agence de infrastructures obsolètes et l’accès limité aux transformation agricole devraient contribuer intrants limitent la productivité, la qualité de à soutenir la transformation du secteur, tandis la fibre et la compétitivité sur les marchés que les investissements prévus dans le cadre du internationaux, tandis que la valeur ajoutée grâce PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 22 Renforcer la résilience à la transformation locale reste limitée. À l’heure 5 à 10 millions de tonnes par an pendant 50 à actuelle, la production agricole devrait croître de 100 ans. Toutefois, l’exploitation de ce potentiel près de 4,5 % par an en 2024-26, contre une nécessite des investissements substantiels, moyenne de 3,3 % au cours de la décennie qui offrent par ailleurs la possibilité de passer précédente, mais l’adoption de pratiques plus à des équipements électrifiés ou alimentés à productives et plus résistantes au climat, ainsi que l’hydrogène avec de faibles taux d’émission et le soutien du gouvernement et l’investissement d’adopter des mesures pour prévenir la pollution. du secteur privé seront nécessaires pour libérer De même, l’exploitation du potentiel de l’industrie tout le potentiel du secteur. du ciment, y compris pour l’approvisionnement des pays voisins comme le Bénin, le Ghana et le Les efforts d’industrialisation du Togo attirent Burkina Faso, nécessiterait des investissements de nouveaux investissements, mais les substantiels dans la production de clinker, ce qui progrès demeurent modestes. La plateforme représente une occasion d’accélérer les efforts de industrielle d’Adétikopé (PIA) attire de nouveaux décarbonisation du secteur. Selon les hypothèses investisseurs ; près d’une douzaine d’entre de base, la production industrielle devrait atteindre eux ont récemment annoncé leur engagement un taux moyen de 6,7 % entre 2024 et 2026, à construire des installations de production dépassant la croissance globale du PIB. dans des secteurs tels que la confection et la transformation des aliments. Au total, la zone À moyen terme, la croissance devrait se stabiliser industrielle abrite actuellement 21 investisseurs, autour de 5,5 %, en supposant que les efforts parmi lesquels 13 sont déjà opérationnelles de réforme se poursuivent et l’absence de chocs ou en phase d’installation. Toutefois, la PIA importants. La poursuite des réformes structurelles dispose encore d’un important potentiel de sera nécessaire pour empêcher un tassement développement, avec environ 150 hectares de de la croissance potentielle dû à la diminution terrains inoccupés disponibles à la location, des dividendes démographiques. En effet, pour et cherche à attirer des investisseurs locaux, stabiliser la croissance potentielle du Togo autour notamment dans les secteurs des biocarburants, de 5,5 %, les réformes devraient augmenter la de l’agroalimentaire et des services. Le secteur productivité totale des facteurs (PTF) et les gains en extractif du Togo offre également des perspectives capital humain d’environ 0,2 point de pourcentage d’investissements importants si les conditions par an par rapport aux tendances précédant la crise. adéquates sont réunies. En effet, alors que les De plus, elles devraient augmenter la participation réserves existantes de phosphate provenant des femmes à la population active de 1,5 point de gisements peu profonds devraient être de pourcentage d’ici 2030 (pour atteindre 50 %), épuisées au cours de la prochaine décennie, et augmenter le taux d’investissement privé de des phosphates carbonatés supplémentaires 5 points de pourcentage du PIB (pour atteindre ont été identifiés dans des gisements rocheux et 25 % du PIB) au cours de la même période. Ces sont estimés avoir un potentiel de production de objectifs sont ambitieux mais réalistes si les PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 23 Renforcer la résilience réformes soutenues par la feuille de route du et une sortie désordonnée du Mali, du Niger et gouvernement pour 2025 se poursuivent et sont du Burkina Faso de la CEDEAO, qui pourrait renforcées dans le programme de développement entraîner des bouleversements commerciaux ultérieur pour la période 2025-30 (Figure 1.36). et un renversement des efforts d’intégration Ce scénario augmenterait les niveaux de revenu régionale à moyen terme. Les chocs climatiques réel par habitant d’environ 30 % entre 2023 et et autres risques naturels pourraient également 2030, soit un gain de 5 points de pourcentage par avoir un impact négatif sur la productivité agricole, rapport à la situation actuelle. entraîner des perturbations de l’activité en raison d’inondations plus fréquentes et de l’érosion Les perspectives de croissance restent soumises côtière, avoir une incidence sur le capital humain à une grande incertitude liée au contexte et amplifier les risques de fragilité dans les régional et mondial actuel. Des perturbations régions les plus exposées. Sur le plan budgétaire, plus durables du commerce mondial, des marchés les efforts visant à réduire le déficit budgétaire des matières premières et des marchés financiers et les niveaux d’endettement pourraient être pourraient entraîner des répercussions plus entravés par la persistance de l’insécurité dans graves que prévues sur une économie ouverte et le Nord, ce qui pourrait nécessiter des dépenses relativement endettée comme celle du Togo. Parmi supplémentaires. Cette situation, accompagnée les autres risques figurent les préoccupations par une augmentation des coûts du service de la croissantes en matière de sécurité dans le Nord dette, pourrait laisser présager une diminution des FIGURE 1.36 FIGURE 1.37 Les réformes structurelles sont cruciales pour mettre Le risque global de surendettement est considéré la croissance potentielle sur une trajectoire ascendante comme élevé, mais devrait passer sous le seuil en 2026 Scénario de croissance réelle et potentielle Dette publique totale : scénario de base et seuil de risque Pourcentage (pourcentage du PIB, valeur actuelle) 6.0 Pourcentage du PIB 65 5.5 60 5.0 55 4.5 50 45 4.0 2020-23 2023-26 2027-30 40 Potentiel - base de référence Potentiel - BAU 2023 2025 2027 2029 2031 20233 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale, FMI. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 24 Renforcer la résilience investissements prioritaires, ce qui entraînerait variétés de cultures résistantes au climat, le des conséquences négatives sur la productivité renforcement des solutions de conservation et la croissance économique générale. La Banque de l’eau, des sols et des forêts contribuerait à mondiale et le FMI continuent de placer la dette améliorer la résilience et à accroître la productivité extérieure dans la catégorie des risques modérés, et le bien-être des communautés agricoles. mais le risque global de surendettement est L’accélération de l’industrialisation du Togo considéré comme élevé jusqu’en 2026 (Figure nécessiterait également un environnement propice 1.37). Cependant, les risques de hausse des à l’innovation, à l’acquisition de connaissances et projections actuelles sont également identifiés, à la concurrence dans des secteurs clés tels que notamment en ce qui concerne la mise en œuvre l’agroalimentaire, l’habillement, le phosphate, le plus rapide des réformes, la résolution des ciment et les engrais, y compris des efforts pour incertitudes régionales et un assouplissement soutenir leurs chaînes de valeur en amont et en des conditions de financement mondiales qui aval. Enfin, le renforcement du capital humain et pourraient stimuler l’investissement privé plus de la résilience des populations vulnérables aux qu’actuellement prévu et contribuer à soutenir chocs est un objectif essentiel pour réduire la les efforts d’assainissement budgétaire. pauvreté et les risques de fragilité au Togo. Les réformes clés devraient viser à améliorer le ciblage 3. OPTIONS POLITIQUES et l’efficacité des programmes de protection sociale et de réponse aux catastrophes, à Des réformes dans des secteurs clés sont renforcer les possibilités d’apprentissage pour les nécessaires pour améliorer les opportunités étudiants dans les zones rurales mal desservies, d’une croissance plus durable, inclusive et verte à veiller à ce que l’enseignement supérieur et la au Togo, avec un accent particulier sur le bien- formation professionnelle puissent répondre être des populations rurales. En particulier, la efficacement aux compétences nécessaires pour modernisation du secteur agricole est essentielle les emplois de l’avenir, et à continuer à progresser pour soutenir la transformation structurelle vers une plus grande égalité entre les hommes et aider à réduire les écarts importants qui et les femmes dans l’accès aux services et aux persistent entre zones urbaines et rurales. Des opportunités économiques. réformes sont nécessaires pour encourager des pratiques agricoles plus modernes et plus L’élaboration d’une stratégie d’assainissement intelligentes face au climat, accroître la sécurité budgétaire équilibrée et durable représente foncière pour stimuler les investissements à long l’un des principaux défis auxquels le Togo est terme, accélérer l’électrification rurale grâce à des actuellement confronté. Un contrôle prudent solutions de production d’énergie renouvelable des dépenses, y compris des investissements et décentralisée, et mobiliser de nouveaux publics plus sélectifs et des réductions de instruments de financement pour soutenir subventions et transferts régressifs d’un point les investissements verts. Outre l’adoption de de vue social, est essentiel pour atteindre PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 25 Renforcer la résilience l’objectif de réduction des déficits public sans nécessaires. L’impact des investissements publics entraver les investissements et programmes sur la qualité des infrastructures et la croissance sociaux prioritaires. Une base de revenus étroite, est étroitement liée à la sélectivité et à l’efficacité dépendant de quelques ressources comme de leur gestion. Cependant, le cadre de gestion les exportations de phosphate et les activités des investissements publics au Togo souffre portuaires, appelle également des réformes encore d’importantes lacunes. Pour y remédier, fiscales promouvant de nouvelles sources de le gouvernement devrait renforcer son cadre revenus qui découragent les activités nuisibles à réglementaire et institutionnel afin de clarifier l’environnement, renforcent la conformité fiscale les responsabilités et les normes à appliquer tout et réduisent les exonérations fiscales mal ciblées au long du cycle de gestion des investissements, ou inefficaces. Les exemples d’ajustements de renforcer les procédures de sélection, de réussis basés sur les recettes, tels que ceux du hiérarchisation et de programmation des projets Nigeria (1994-2000), de la Côte d’Ivoire (1993- et d’assurer une plus grande cohérence avec 2000) et de la Zambie (1989-1994), ont tous été le cadre budgétaire à moyen terme. Mobiliser soutenus par une administration fiscale renforcée les investissements du secteur privé nécessite et des réductions de dépenses complémentaires. également une amélioration de la qualité de la gestion des finances publiques, une préparation Pour atteindre des objectifs de développement plus transparente et plus efficace des projets ambitieux dans un cadre budgétaire serré, une de PPP, et des améliorations des processus de bonne gestion des investissements publics passation des marchés publics afin de garantir des et l’engagement du secteur privé seront appels d’offres plus compétitifs et transparents. L’impact des investissements publics sur la qualité des infrastructures et la croissance est étroitement liée à la sélectivité et à l’efficacité de leur gestion. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 26 Renforcer la résilience Tableau 1. Principaux indicateurs macroéconomiques 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 Projections Activité économique Croissance du PIB réel, aux prix constants 2.0 6.0 5.8 6.4 5.3 5.4 5.8 du marché Croissance du PIB réel par habitant (% annuel) -0.4 3.5 3.3 4.0 2.9 3.1 3.5 PIB par habitant - nominal (US$) 877 965 923 1014 1073 1135 1206 Consommation privée (% du PIB) 71.2 75.3 74.5 73.0 73.4 73.4 73.0 Investissement fixe brut (% du PIB) 23.6 22.2 23.4 24.6 24.5 24.2 24.7 Investissement fixe brut - privé (% du PIB) 10.2 9.2 11.2 11.2 9.4 7.8 8.0 Investissements fixes bruts - Publics (% du PIB) 13.4 13.0 12.1 13.4 15.0 16.4 16.7 Inflation et taux de change Inflation des prix à la consommation (% annuel) 1.8 4.5 7.5 5.3 3.5 3.0 2.7 Inflation déflateur du PIB (% annuel) 1.9 2.5 4.2 2.7 3.1 3.2 3.0 Indice du taux de change réel (2015=100) 104.3 102.5 101.3 104.7 105.8 108.1 109.5 Comptes publics Solde budgétaire global - y compris les -7.0 -4.7 -8.3 -6.6 -6.1 -3.0 -3.0 subventions (% du PIB) Solde budgétaire primaire (% du PIB) -4.7 -2.5 -5.8 -4.4 -3.8 -0.6 -0.7 Dette publique totale (% du PIB) 62.1 64.8 67.1 67.3 67.9 66.5 64.6 Dette publique extérieure (% du PIB) 27.6 27.2 26.1 25.6 26.6 27.0 27.2 Comptes externes Croissance des exportations (%PIB) 23.3 22.8 24.4 22.9 22.9 23.5 24.2 Croissance des importations (%PIB) 32.3 31.8 34.6 32.6 32.8 32.7 32.8 Balance des comptes courants (% du PIB) -0.3 -0.9 -3.0 -3.3 -3.6 -3.5 -3.4 Population et pauvreté Population totale (millions) 8.4 8.6 8.8 9.1 9.3 9.5 9.7 Croissance de la population (% annuel) 2.4 2.4 2.4 2.3 2.3 2.3 2.2 Taux de pauvreté international (2,15 $ en 26.5 26.6 26.7 26.2 25.2 23.5 22.0 PPA 2017) PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 27 Renforcer la résilience Tableau 2. Comptes budgétaires et besoins de financement 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 Projections Recettes Total des recettes et dons 16.6 17.1 17.8 18.2 18.5 18.4 18.5 Recettes fiscales 12.5 14.0 14.0 14.7 15.3 15.9 16.2 Taxes sur les biens et services 3.9 4.2 3.7 4.0 4.3 4.6 4.8 Recettes directes 2.8 3.6 3.8 4.0 4.0 4.1 4.3 Taxes sur le commerce international 5.7 6.2 6.5 6.8 7.0 7.2 7.2 Recettes non fiscales 1.6 1.3 1.2 1.0 1.1 1.1 1.1 Dons 2.5 1.8 2.5 2.5 2.1 1.4 1.2 Dépenses Dépenses totales 23.7 21.8 26.0 24.8 24.6 21.5 21.5 Dépenses courantes 14.4 13.6 16.2 14.6 14.9 14.3 14.1 Salaires et indemnités 5.5 5.4 5.1 5.2 5.1 5.1 5.0 Biens et services 3.1 2.9 3.5 3.4 3.3 3.3 3.2 Paiements d’intérêts 2.3 2.2 2.4 2.2 2.4 2.4 2.3 Paiements d’intérêts externes 0.3 0.3 0.4 0.5 0.6 0.6 0.6 Paiements d’intérêts nationaux 2.0 1.8 2.1 1.7 1.8 1.8 1.7 Transferts courants 3.4 3.1 5.2 3.8 4.1 3.6 3.7 Dépenses en capital 9.3 8.2 9.8 9.9 8.3 6.8 7.0 Équilibre budgétaire Solde budgétaire global (y compris les dons) -7.0 -4.7 -8.3 -6.6 -6.1 -3.0 -3.0 Solde budgétaire global (hors dons) -9.5 -6.5 -10.8 -9.1 -8.2 -4.5 -4.2 Solde budgétaire primaire (y compris -4.7 -2.5 -5.8 -4.4 -3.8 -0.6 -0.7 les dons) Solde budgétaire primaire (hors dons) -7.2 -4.3 -8.4 -6.9 -5.8 -2.0 -1.9 PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 28 Renforcer la résilience PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 29 Renforcer la résilience Chapitre 2: Agroforesterie et changement climatique: Une solution naturelle Ce chapitre présente les principaux défis associés au changement climatique pour les communautés agricoles togolaises, et analyse comment et à quelle échelle les solutions basées sur la nature pourraient contribuer à renforcer la résilience et à accélérer la transformation structurelle du pays. Il étudie plus précisément les avantages des systèmes agroforestiers en termes d’augmentation de la capacité de production des cultures, de réduction des vulnérabilités climatiques et de séquestration des émissions de gaz à effet de serre (GES). Deux analyses ont été élaborées : une analyse d’adéquation pour déterminer les zones les plus propices à l’agroforesterie, et une analyse économique qui estime les avantages potentiels et les besoins d’investissement des solutions basées sur la nature. Les résultats révèlent que les systèmes agroforestiers sont plus rentables que les techniques agricoles conventionnelles sur le long terme, mais que les investissements initiaux ont tendance à être plus importants et que les bénéfices prennent plus de temps à se matérialiser, ce qui souligne l’importance de développer de nouveaux modèles de financement pour les petits exploitants agricoles. Dans un scénario réaliste où 20 % des terres agricoles viables et 50 % des prairies/savanes viables sont convertis en zones agroforestières (3 900 km²), les besoins d’investissement s’élèveraient à environ 0,8 % du PIB sur un horizon de 5 ans, mais pourraient doubler la production agricole des zones identifiées, bénéficier à 764 000 petits exploitants agricoles et réduire les émissions de CO2 de 3 755 kt par rapport au développement de l’agriculture conventionnelle. 1. AGRICULTURE ET TRANSFORMATION Pourtant, le paysage agricole est confronté STRUCTURELLE AU TOGO à de multiples contraintes qui entravent les investissements productifs, la commercialisation L’agriculture est l’un des principaux piliers et la transformation, ce qui limite : (1) le potentiel de l’économie togolaise, mais sa capacité d’amélioration de la qualité de vie dans les zones à stimuler la transformation structurelle et rurales, (2) le développement du secteur industriel assurer la sécurité alimentaire de l’ensemble et des services, et (3) la réduction des facteurs de de la population demeure limitée. L’agriculture fragilité et d’instabilité. En effet, la part décroissante emploie près de 40 % de la population active du du secteur dans la valeur ajoutée globale et la Togo, 64 % des travailleurs en milieu rural et 70 productivité du travail qui atteint à peine 60 % % des ruraux vivant sous le seuil de pauvreté. de la moyenne nationale, malgré la richesse du PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 30 Renforcer la résilience capital naturel, illustrent le potentiel inexploité du pour leur production (Banque Mondiale). Seuls secteur (Figure 2.1). Depuis le milieu des années 8 % des agriculteurs utilisent des semences 2000, l’augmentation de la production agricole est améliorées, et à peine 1 % des ménages agricoles largement due à l’extension des surfaces cultivées ont recours à l’irrigation. En outre, le faible niveau plutôt qu’à l’amélioration de l’efficacité grâce à une d’éducation des agriculteurs, la diffusion limitée intensification durable (Figure 2.2). Ce schéma a des connaissances sur les pratiques agricoles suscité des préoccupations environnementales, modernes, la lutte contre les ravageurs et les notamment en ce qui concerne la déforestation techniques de résistance au climat entravent et la dégradation des sols. l’efficacité technique et le progrès technologique des modes de production. En conséquence, le La faible productivité de l’agriculture secteur agricole approvisionne principalement s’explique par : (1) l’accès limité aux intrants la consommation des agriculteurs, mais n’est et à l’irrigation, (2) par les faibles niveaux actuellement pas en mesure de répondre à la de mécanisation, et (3) par le manque de demande d’une population urbaine croissante, avec connaissances agroécologiques. Par exemple, seulement 20 % de la production commercialisée l’utilisation d’engrais au Togo en 2021 (2,1 kg/ha) et des zones urbaines qui dépendent des est l’une des plus faibles de la région ; seulement importations pour leur consommation alimentaire. 37 % des ménages agricoles utilisent les engrais La prédominance des pratiques agricoles de FIGURE 2.1 FIGURE 2.2 La production et la productivité du travail agricole au Par rapport à ses voisins, l’agriculture togolaise Togo restent inférieures à leur potentiel se développe à la marge extensive, avec une Part du PIB et productivité relative dans l’agriculture productivité généralement stagnante Source de croissance de l’agriculture, 2000-16 Pourcentage Pourcentage 35 70 6 30 60 25 4 20 50 15 2 10 40 5 0 Togo Bénin Ghana 0 30 1990-99 2000-09 2010-19 2020-23 Augmentation des intrants Extension de la zone Part du PIB Productivité relative PTF Augmentation de la production Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 31 Renforcer la résilience subsistance et des cultures pluviales signifie disponibilité de l’eau. Les inondations ont déjà également que la variabilité des précipitations et un impact important sur la sécurité alimentaire l’augmentation des températures peuvent avoir un et les infrastructures, et favoriseraient les impact sévère sur le bien-être des communautés maladies transmissibles et hydriques, telles que rurales. Dans l’ensemble, la valeur ajoutée par le choléra et le paludisme, tandis que l’élévation hectare reste faible et a augmenté à un rythme du niveau de la mer menacerait les zones côtières, inférieur à celui des pairs de la région (Figure 2.3), augmenterait le risque d’érosion et mettrait ce qui se traduit également par des rendements en péril d’importants secteurs de l’économie.⁷ céréaliers moyens plus faibles (Figure 2.4). En ce qui concerne l’agriculture, la capacité de production pourrait être gravement entravée En l’absence de mesures ambitieuses par la fréquence des températures extrêmes, d’adaptation et d’atténuation face au des précipitations irrégulières, des sécheresses changement climatique, le développement du prolongées et la détérioration de la qualité des Togo pourrait être significativement affecté. sols. Les risques de fragilité pourraient être Des sécheresses plus fréquentes pourraient exacerbés, en particulier dans les régions du nord, avoir un impact sur la production agricole et la plus vulnérables au climat, où se concentrent la FIGURE 2.3 FIGURE 2.4 La productivité des terres est inférieure à celle des ...et se reflète également dans le retard des régions voisines ... rendements céréaliers Valeur ajoutée par hectare de terres agricoles (en dollars Rendements céréaliers (t/ha), 2022 constants de 2015) t/ha 1,200 3.0 2.4 1,000 2.5 2.0 2.0 800 2.0 1.7 1.5 1.5 1.4 600 1.3 0.9 1.0 400 0.5 200 0.0 0 Guinée Côte d'Ivoire Sierra Leone Rwanda Benin Sénégal Togo Maroc Togo SSA ambitieux Bénin Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. ⁷ Banque mondiale (à paraître) : Rapport sur le changement climatique et le développement au Togo (CCDR). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 32 Renforcer la résilience pauvreté et l’insécurité. Les écarts déjà importants restauration des zones humides et les mesures de entre les milieux urbains et ruraux en termes contrôle de l’érosion, comme les terrasses et les de revenus, de pauvreté et de capital humain bandes tampons autour des rivières, protègent pourraient s’agrandir davantage., alors que la les terres agricoles des fortes pluies, augmentent valorisation du capital naturel du Togo reste la disponibilité de l’eau en cas de sécheresse et fondamentale pour accélérer la transformation atténuent les risques d’inondation. Enfin, une structurelle, l’augmentation du revenu moyen par meilleure gestion des forêts peut contribuer au habitant et la réduction de l’extrême pauvreté. En reboisement qui pourrait inverser la dégradation effet, le secteur agricole est au cœur de la stratégie des sols et favorise la diversification des revenus de décarbonisation de l’économie togolaise, étant des communautés rurales. Compte tenu des l’une des principales sources d’émissions de CO2. multiples bienfaits qu’apporte les pratiques agroforestières, l’analyse présentée dans ce Les solutions fondées sur la nature offrent document se focalise sur l’opportunité de les une approche prometteuse, basée sur les développer à grande échelle. écosystèmes, pour accroître la résilience aux chocs climatiques et stimuler la productivité L’agroforesterie est un ensemble de pratiques et les revenus des agriculteurs. Les solutions qui associe des plantes non agricoles aux fondées sur la nature sont des pratiques cultures afin de promouvoir des services écologiques qui visent à imiter et à améliorer écosystémiques symbiotiques entre différentes les processus naturels, tout en apportant des espèces fauniques et fluoriques. Les arbres et avantages simultanés à la productivité agricole les arbustes sont intentionnellement placés entre et à la résilience climatique. L’augmentation des et autour des champs de culture pour fournir des rendements découle de l’amélioration de la santé services écosystémiques, tels que la fixation de des sols grâce à des pratiques telles que les cultures l’azote pour améliorer la fertilité du sol (ex. arbres de couverture et l’utilisation du compost, tandis et arbustes légumineux), la rétention d’eau et que l’intégration des arbres dans les systèmes de l’amélioration du drainage (grâce à des réseaux de culture (agroforesterie) réduit le stress thermique, racines plus complexes), la fourniture d’ombre pour assure la régulation du microclimat, le contrôle de les cultures qui en dépendent (ex. café ou cacao, l’érosion et la fixation de l’azote, ce qui contribue qui sont des produits agricoles d’exportation clés à l’augmentation des rendements des cultures et pour le Togo) ainsi que l’atténuation de l’érosion permet aux agriculteurs d’atteindre une efficacité du sol en fournissant une couverture contre les et à une production plus importante et résiliente intempéries (fortes pluies et les vents violents). aux effets du changement climatique. De même, L’agroforesterie peut également intégrer le bétail, l’amélioration de la biodiversité peut favoriser la qui peut produire du fumier pour fertiliser les sols, lutte naturelle contre les parasites et améliorer éliminer les mauvaises herbes par le pâturage et la pollinisation. Les stratégies de gestion de servir de contrôle naturel de certaines espèces l’eau, telles que la collecte des eaux de pluie, la d’insectes invasives. Les différentes zones PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 33 Renforcer la résilience écologiques du Togo exigent des évaluations des moyens de subsistance plus résilients stratégiques de l’adéquation qui ciblent le et durables. En plantant des arbres qui fixent placement de ces interventions dans les zones naturellement l’azote, les agriculteurs peuvent ayant le plus d’impact, en utilisant des données réduire leurs coûts d’exploitation et améliorer sur les sols, ainsi que des données climatiques la qualité du biote de leurs sols. En effet, la et topographiques, et en faisant correspondre dépendance aux engrais chimiques limite le les essences d’arbres aux caractéristiques des fonctionnement du microbiote du sol, comme sols locaux et aux régimes pluviométriques, tout les bactéries fixatrices d’azote, et contribue en s’inspirant des expériences positives dans le à l’acidification des sols.⁸ Certaines espèces, pays (Figure 2.5). Afin d’équilibrer les besoins comme Albizia chinensis, ont été utilisées dans en matière d’utilisation des terres, ce chapitre des systèmes agroforestiers au Togo pour fournit une analyse géospatiale qui identifie favoriser la fixation naturelle de l’azote dans les zones les plus propices à l’intégration des les exploitations de production de cacao.⁹ Les arbres dans les systèmes de culture, tout en espèces agroforestières sont également utilisées encourageant l’investissement et la participation pour fournir de l’ombre aux cultures qui en à long terme des agriculteurs. Les considérations dépendent ; par exemple, le café est une culture politiques comprennent l’élaboration d’une qui dépend de l’ombre et qui réalise des variétés stratégie nationale de zonage agroforestier basée de meilleure qualité lorsqu’il est suffisamment sur l’adéquation écologique et les pressions ombragé. L’ombre fournie par les arbres liées à l’utilisation des terres, le soutien à la agroforestiers permet également de maintenir les recherche et au développement d’espèces températures et de conserver l’humidité du sol, d’arbres à croissance rapide adaptées à diverses ce qui est particulièrement nécessaire en cas de conditions, l’établissement de lignes directrices sécheresse prolongée et de canicule. Les arbres et de réglementations claires pour les pratiques agroforestiers à larges feuilles limitent également agroforestières, la réalisation de progrès dans l’effet de l’érosion du sol lors de précipitations les réformes de la gestion des terres agricoles importantes, dont la fréquence et l’intensité et la facilitation de l’accès au financement et à devraient augmenter si, en effet, l’atmosphère l’assistance technique pour les agriculteurs en se réchauffe et retient davantage d’humidité. Ces transition vers les systèmes agroforestiers. divers avantages écosystémiques qu’apportent l’agroforesterie permettent aux agriculteurs de L’agroforesterie permet aux agriculteurs de réduire leurs coûts d’exploitation, d’assurer la bénéficier des avantages d’une biodiversité viabilité de leurs cultures et même d’améliorer accrue, d’une meilleure qualité des sols et la qualité de certaines cultures, ce qui peut leur de la régénération de la flore naturelle pour permettre d’obtenir des primes de prix. ⁸ Pahalvi, H.N., Rafiya, L., Rashid, S., Nisar, B., Kamili, A.N. (2021). Les engrais chimiques et leur impact sur la santé des sols. In : Dar, G.H., Bhat, R.A., Mehmood, M.A., Hakeem, K.R. (eds) Microbiota and Biofertilizers, Vol 2. Springer, Cham. https://doi. org/10.1007/978-3-030-61010-4_1 ⁹ APAF (2020). Projet de plantation d’arbres fertilitaires au Togo. https://ong-apaf.org/projet-de-plantation-darbres-fertilitaires-au-togo/ PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 34 Renforcer la résilience FIGURE 2.5 Les solutions fondées sur la nature offrent plusieurs voies pour atteindre ces objectifs, L'agroforesterie existe déjà au Togo, mais à une tout en soutenant les revenus et en réduisant échelle limitée la pauvreté rurale, ainsi qu’en aidant le Togo à atteindre ses objectifs climatiques (Contributions Déterminées au niveau National) et ses objectifs SDG dans le secteur agricole. 2. IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR L’AGRICULTURE Le changement climatique a déjà créé des conditions plus difficiles et irrégulières pour la production agricole au Togo. Les saisons des pluies sont contrôlées par le mouvement de la ceinture des pluies tropicales, qui oscille entre les Le Togo devra s'appuyer sur des instruments tropiques du nord et du sud au cours de l’année. financiers innovants pour soutenir ces solutions Cela se traduit par des zones septentrionales écosystémiques a grande-échelle. L'absence de sèches et des zones méridionales humides. mécanismes financiers valorisant les forêts au- Les températures annuelles ont augmenté en delà de leur potentiel extractif (bois d’œuvre), moyenne de 1,1°C depuis 1960, à un rythme cause principale de la disparition des forêts, moyen de 0,24°C par décennie (Figure 2.6). Les constitue un obstacle majeur à la généralisation taux d’augmentation ont été les plus prononcés des mesures protectrices des forêts. Il est d’avril à juin, les régions septentrionales nécessaire de développer et de promouvoir les connaissant des augmentations plus rapides possibilités de financement, notamment via les que les régions méridionales. Les précipitations marchés de crédits carbone pour l'agroforesterie annuelles ont généralement diminué au cours et la conservation des zones tampons riveraines. des dernières décennies, mais sont également Ceci offrirait des opportunités importantes pour le devenues plus variables à l’échelle interannuelle, renforcement de ces initiatives, et permettrait de avec des précipitations extrêmes plus fréquentes relever les défis interconnectés de l'agriculture, (Figure 2.7). Dans l’ensemble du pays, des grandes de la sylviculture et de la gestion de l'eau pour différences dans les conditions climatiques sont lutter contre la vulnérabilité climatique et observées, les températures variant en fonction renforcer la sécurité alimentaire. En ce sens, les de l’altitude, de la latitude et de l’utilisation des petits producteurs bénéficieraient des politiques terres, avec des températures comprises entre 19 qui encouragent la préservation des espaces et 34°C dans les plaines et entre 18 et 29°C dans naturelles et l'efficacité des pratiques agricoles. les zones forestières et montagneuses (Figure 2.8). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 35 Renforcer la résilience Les différences dans les précipitations moyennes met en péril la sécurité alimentaire et accroît la et les saisons des pluies varient également dépendance à l’égard des importations, qui ont un considérablement d’une région à l’autre et au fil impact à la fois sur les moyens de subsistance des du temps, avec des conditions nettement plus populations rurales et sur la sécurité alimentaire humides autour des zones montagneuses et des (Kpanou et al., 2023, Bankati et Napo, 2022), les conditions nettement plus sèches autour des petits exploitants agricoles étant particulièrement zones côtières et en particulier au nord du pays, vulnérables (Gadedjisso-Tossou et al., 2021). dans la région des Savanes (Figure 2.9). En effet, L’érosion des sols, accélérée par l’augmentation environ 97 % des agriculteurs interrogés dans des périodes de sécheresse et des précipitations la région des Savanes du Nord ont déclaré avoir intenses, entraîne la disparition des nutriments remarqué un changement dans les températures essentiels, ce qui réduit encore la productivité et la et les précipitations au cours des 20 dernières résilience de l’agriculture (Amegbeto et al. 2016). années (Kissi, Abbey, et Villamor 2023). Les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses ont également des effets néfastes sur la Le stress climatique menace les revenus des productivité et la santé des agriculteurs, mettant communautés agricoles. Des études font état particulièrement en danger les populations d’une baisse des rendements des principales défavorisées. Les inondations peuvent détruire cultures comme le maïs, le millet et le riz, ce qui les établissements de basse altitude, entraînant FIGURE 2.6 FIGURE 2.7 Les températures ont augmenté de manière significative ...Alors que les précipitations extrêmes sont au Togo au cours des dernières décennies ... devenues plus fréquentes et plus étendues Températures moyennes de surface Les plus fortes précipitations en un jour au Togo depuis 1950 1.5 2020 1.25 2010 1 2000 Distribution 1990 Année 0.75 1980 0.5 1970 0.25 1960 1950 0 -1 Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Août Sep Oct Nov Déc +2 25 25.5 26 26.5 27 27.5 Température moyenne de l'air en surface (°C) Moins de 1 SD Moins de 2 SD 1951-1980 1971-2000 1991-2020 Moins de 2,5 SD Supérieur à 2,5 SD Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 36 Renforcer la résilience FIGURE 2.8 FIGURE 2.9 Les températures élevées se concentrent dans les Les précipitations se concentrent sur les hauteurs régions des Savanes du Nord et de la Kara dans l’ouest et le nord-est du Togo Températures moyennes, 1995-2018 Précipitations moyennes, 1995-2018 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. des dommages matériels et des pertes humaines, disproportionnée les communautés agricoles les et augmentant le risque de maladies infectieuses plus exposées aux effets du changement climatique, telles que le paludisme, le choléra et les maladies en particulier dans les régions septentrionales respiratoires. L’évolution des conditions climatiques plus sèches et plus chaudes (Figure 2.8), où se crée également un terrain propice aux parasites et concentrent les facteurs de fragilité (Mikémina aux maladies affectant les cultures et les animaux, ce Pilo et al., 2021), ce qui finit par fragiliser le tissu qui entraîne des pertes et des charges économiques social et les traditions culturelles profondément liés supplémentaires pour les agriculteurs (Kpanou et à l’agriculture et augmente les risques de conflits al., 2023). Ces effets négatifs touchent de manière sociaux et d’instabilité. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 37 Renforcer la résilience FIGURE 2.10 FIGURE 2.11 Les températures devraient augmenter, mais à des Les tendances en matière de précipitations sont degrés divers selon les scénarios climatiques nettement plus incertaines Températures moyennes selon les scénarios climatiques au Togo Précipitations moyennes selon les scénarios climatiques 36 2,000 34 1,800 32 1,600 30 1,400 28 1,200 26 1000 24 800 1960 1980 2000 2020 2040 2060 2080 2100 1960 1980 2000 2020 2040 2060 2080 2100 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. Tableau 2.1: Les températures pourraient Tableau 2.2: Les précipitations augmenteraient augmenter presque deux fois plus vite dans dans le scénario humide/chaud et diminueraient le scénario sec/chaud que dans le scénario vers 2040-50 dans le scénario sec/chaud humide/chaud Changement de la température moyenne par Pourcentage de variation des précipitations décennie par rapport à 1990-2020 moyennes par décennie par rapport à 1990-2020 Scénario 2020s 2030s 2040s Scénario 2020s 2030s 2040s Sec/chaud +0.58 ˚C +1.05 ˚C +1.44 ˚C Sec/chaud +2.2% +1.5% -3.2% Humide/chaud +0.36 ˚C +0.56 ˚C +0.82 ˚C Humide/chaud +3.7% +8.5% +11.1% Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 38 Renforcer la résilience Le stress thermique deviendra plus important les vulnérabilités et les options d’adaptation au cours des deux prochaines décennies, dans des groupes bien définis de résultats tandis que les précipitations seront possibles. Comme prévu, l’augmentation des probablement plus incertaines en raison de températures est la plus forte dans le scénario l’évolution des tendances saisonnières. Le sec/chaud, avec un pic d’environ 1,5˚C en 2050, climat futur est intrinsèquement incertain, en avec des gains légèrement plus élevés dans les raison de la variabilité des réactions physiques régions centrales, tandis que les températures de la terre, de l’incertitude concernant les augmenteraient de façon plus modérée de trajectoires futures des émissions de gaz à effet 0,8˚C en moyenne dans le scénario humide/ de serre, ainsi que de l’incertitude entre les chaud (Tableau 2.1). En ce qui concerne les différentes projections des modèles climatiques précipitations, le scénario humide/chaud prévoit pour les décennies à venir. Pour la présente une augmentation des précipitations au cours de analyse, huit scénarios climatiques au total ont chaque décennie et dans l’ensemble du pays, été sélectionnés afin d’explorer un éventail de avec un pic de +11 % d’ici 2040-50 et des risques conditions éventuelles.¹⁰ Ces scénarios mettent d’inondation et d’érosion plus importants dans en évidence la perspective d’une augmentation certaines régions, tandis que dans le scénario tendancielle des températures (Figure 2.10) et sec/chaud moyen, une diminution par rapport de précipitations plus variables (Figure 2.11), aux conditions de référence est attendue vers mais aussi une grande dispersion des résultats. la fin de la période de projection, avec une Afin de faciliter l’analyse de l’ensemble des intensification des sécheresses et des périodes scénarios, ceux-ci ont été regroupés en scénarios de sécheresse, en particulier dans les régions humides/chauds¹¹ et secs/chauds¹² afin d’évaluer septentrionales (Tableau 2.2). ¹⁰ Les scénarios climatiques disponibles ont d’abord été obtenus sur le portail de connaissances sur le changement climatique de la Banque mondiale pour 29 modèles de circulation générale (MCG) de la suite de résultats de modèles du Projet de comparaison des modèles couplés 6 (CMIP6). Chaque MCG dispose d’un maximum de cinq combinaisons de scénarios d’émissions pour les voies socio-économiques partagées (SSP) et les voies de concentration représentatives (RCP). Pour chaque combinaison MCG-SSP, un historique modélisé de 1995 à 2014 et des projections de 2015 à 2100 étaient disponibles pour les températures et les précipitations moyennes mensuelles. Étant donné que les résultats des MCG sont biaisés par rapport aux conditions climatiques observées, une correction des biais et une désagrégation spatiale ont été effectuées, avant d’interpoler les variables mensuelles à un pas de temps quotidien. ¹¹ Trois scénarios autour du 90e percentile des changements de précipitations moyennes (c’est-à-dire humides) et du 10e percentile des changements de température moyenne (c’est-à-dire chauds), dans les MCG SSP2-4.5 et SSP3-7.0. ¹² Trois scénarios autour du 10e percentile des changements de précipitations moyennes (c’est-à-dire secs) et du 90e percentile des changements de température moyenne (c’est-à-dire chauds), dans les MCG SSP2-4.5 et SSP3-7.0. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 39 Renforcer la résilience FIGURE 2.12 FIGURE 2.13 Les rendements des légumes, du manioc, de l’igname La production agricole pourrait être réduite de plus et du maïs pourraient être plus affectés de 12 % par les chocs climatiques d’ici 2050 dans Impact des chocs climatiques sur les différentes cultures un scenario sec / chaud d’ici 2050 Impact des chocs climatiques sur la production de cultures Pourcentage pluviales et facteurs contributifs 5 Pourcentage 0 2 -5 0 -10 -2 -4 -15 -6 -20 -8 -25 -10 -12 Légumes Fruits du palmier à huile Manioc Ignames Maïs Café Sorgho Riz Arachide Coton Fève de cacao -14 Humide-Chaud Sec-Chaud Stress thermique Travail cultures pluviales Moyenne sec/chaud Moyenne humide/chaud Érosion des sols Bétail Autres Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. En l’absence de mesures décisives, la réduction de 10,5 % dans le scénario sec/chaud productivité agricole et les moyens de plus intense. En outre, la combinaison de la hausse subsistance des agriculteurs pourraient des températures, des changements dans les être gravement compromis. Tout d’abord, le régimes pluviométriques et des maladies changement climatique aura un impact sur la des cultures devrait également réduire les productivité en raison de l’intensification du rendements moyens des cultures pluviales de stress thermique sur la main-d’œuvre. À 32°C, -3 % dans le scénario humide/chaud et de -11 % la capacité de travail pour une activité physique dans le scénario sec/chaud. Il existe également intense est réduite à 83 % de son potentiel pour des différences significatives entre les différentes un travailleur à l’intérieur, et à 60 % pour un cultures, les plus touchées étant les légumes, travailleur à l’extérieur (Kjellstrom et al., 2018). le manioc et le maïs, ce dernier étant le plus Les agriculteurs seront les premières victimes impacté en raison de sa plus grande part de terres de ces tendances, surtout ceux qui exercent des arables (figure 2.12). Le Togo est également activités physiquement intensives exposés à des vulnérable à la baisse de la fertilité des sols températures élevées, représentant la majorité due à l’érosion des sols, notamment dans les des agriculteurs. Par rapport à un scénario sans régions centrales proches du bassin du fleuve Mo changement climatique, l’effet d’ici 2050 est estimé (Diwediga et al. 2018) tandis que la déforestation entre une réduction de 5,5 % de la productivité augmente l’exposition à la dégradation des sols du travail dans le scénario humide/chaud et une et a de graves conséquences sur les terres PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 40 Renforcer la résilience arables et les rendements des cultures. Les notamment des fruits, des noix, du bois et du estimations suggèrent que l’érosion des sols fourrage, ce qui entraîne une augmentation des pourrait réduire les rendements des cultures de possibilités de revenus et une réduction de la 3 % supplémentaires d’ici 2050 dans le cadre vulnérabilité économique (Singh et Pandey 2011). du scénario humide/chaud, mais n’aurait qu’un Au-delà des avantages en termes de rendement, effet limité, voire nul, dans le cadre du scénario de revenus supplémentaires et de fertilité des sec/chaud. Dans l’ensemble, les estimations sols, l’agroforesterie peut également contribuer du modèle du prochain Rapport de la Banque à atténuer le stress thermique. Une étude sur mondiale sur le climat et le développement l’agroforesterie en Amazonie brésilienne a montré du pays (CCDR) pour le Togo suggèrent qu’en que les températures peuvent être réduites l’absence de mesures d’adaptation décisives, jusqu’à 5 °C, réduisant de manière significative le changement climatique pourrait réduire la le stress thermique pour les humains, les plantes production agricole de plus de 12 % au cours et les animaux (Gomes et al. 2020). des 25 prochaines années (figure 2.13). Depuis plusieurs décennies, le Togo met en 3. DEVELOPPER L’AGROFORESTERIE œuvre l’agroforesterie en tant qu’outil de POUR ACCELERER LA gestion de la santé des sols. Par exemple, un TRANSFORMATION RURALE projet d’agroforesterie à grande échelle axé sur la culture du maïs, du cacao et du café a été mis Les solutions fondées sur la nature, et en œuvre sur plus de 10 000 hectares de terres l’agroforesterie en particulier, offrent des agricoles agroforestières, a formé 14 500 jeunes pistes prometteuses pour atténuer les agriculteurs aux pratiques agroforestières et a pressions climatiques, augmenter les revenus planté plus de 5,1 millions de plants depuis le des agriculteurs, restaurer la santé des sols et début des années 2000. L’évaluation du projet a réduire les émissions. Une méta-analyse des révélé une augmentation de 32 % des revenus projets d’agroforesterie en Afrique subsaharienne de la culture du maïs, de 5 % des revenus de la a révélé que les exploitations agroforestières culture du cacao et de 74 % des revenus de la ont augmenté les rendements des cultures culture du café (Humbert, P., 2015). Un autre projet dans 68 % des cas, contribuant à améliorer d’agroforesterie axé sur le genre au Togo a soutenu la fertilité des sols et la régulation de l’eau 4 groupes d’agricultrices dans la préfecture de Vo grâce à l’amélioration des taux d’infiltration (Maritime), en les formant à l’utilisation d’engrais et de la teneur en eau des sols (Kuyah et al. organiques pour la production de champignons, 2019). D’autres études ont démontré que ce qui a permis de protéger leurs cultures pendant l’agroforesterie permet aux agriculteurs de les sécheresses et d’augmenter la production. produire une plus large gamme de produits, (Programme environnemental des femmes 2017). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 41 Renforcer la résilience A. IDENTIFIER LES TERRES PROPICES A dangers liés au climat, mais sont des projets L’AGROFORESTERIE à haut risque dont la viabilité économique est plus limitée. Cette catégorisation de des terres Les zones propices à l’agroforesterie sont propices à l’agroforesterie permet aux décideurs définies en fonction de facteurs climatiques, un de hiérarchiser les investissements. topographiques et socio-économiques favorisent la mise en œuvre de ces systèmes. FIGURE 2.14 Il s’agit notamment des faibles pentes et de Les terres propices se trouvent à travers le Togo, l’altitude, de l’utilisation des terres et de la les zones les plus vulnérables se concentrent dans proximité des routes et des agglomérations. les Savanes et la Kara Dans cette catégorie, les zones hautement Zones très adaptées, adaptées et très vulnérables : adaptées et moins vulnérables sont celles qui sont peu exposées aux pressions climatiques, qui bénéficient de précipitations abondantes, de températures optimales pour l’agroforesterie (25-27,5 °C) et d’une qualité de sol élevée, tandis que les zones adaptées, mais vulnérables, sont celles qui présentent des caractéristiques topographiques et socio-économiques similaires, mais qui sont exposées à des températures plus élevées que les températures optimales, à des précipitations plus faibles que les températures optimales et/ ou dans lesquels la qualités des sols est moins bonne (Tableau 2.3). Au-delà de ces deux catégories où la faisabilité et le rendement économique pourraient être les plus importants, l’analyse porte également sur les zones qui sont confrontées aux conditions climatiques les plus hostiles. Ces zones ont le plus grand besoin d’aide à l’adaptation au climat et offrent des bénéfices importantes en atténuant la désertification, l’érosion des sols et d’autres PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 42 Renforcer la résilience Tableau 2.3: Les caractéristiques des terres et la connectivité sont essentielles pour déterminer l’adéquation Facteurs utilisés pour l’analyse d’adéquation : Entrée Importance Carbone organique du sol Condition La combinaison de ces variables fournit des informations sur la Azote du sol Chimique capacité des sols à absorber et à échanger des nutriments, à Capacité d’échange des sols filtrer l’eau vers les racines, et à accéder aux nutriments de base cationique du sol essentiels à la croissance des plantes. Phosphore du sol Potassium du sol Drainage des sols Élévation Les basses altitudes sont généralement mieux adaptées à l’agriculture (températures plus constantes et plus chaudes, proximité des agglomérations). Pente Les basses altitudes sont moins sujettes à l’érosion des sols. Proximité des Les systèmes agroforestiers sont mieux adaptés aux zones où se trouvent des agglomérations établissements humains à proximité afin de faciliter la commercialisation des produits. Proximité des routes Les systèmes agroforestiers sont mieux adaptés aux zones situées à proximité des grands axes routiers afin de faciliter la commercialisation des produits (accès au marché). Type d’utilisation des terres Il est important d’omettre les zones inadaptées (forêts et zones urbaines) qui pourraient contribuer à la déforestation et aux activités économiques non-agricoles. Précipitations Un élément clé pour la croissance des plantes et le rendement des cultures. Température Les zones dont les conditions climatiques et appropriées (13 % du territoire national), les plus écologiques ne sont pas optimales représentent grandes zones étant situées dans les régions aujourd’hui le plus grand potentiel pour des Plateaux et de la Kara, bien que la région l’agroforesterie au Togo. Les résultats indiquent Maritime ait la plus grande proportion de terres que la majorité des zones identifiées sont appropriées, suivie par la Kara (Figure 2.14).¹³ considérées comme convenables, alors que Les zones hautement appropriées se trouvent peu sont très convenables pour l’agroforesterie. principalement dans la Kara, les Plateaux et la Au total, 7 645 km² sont aujourd’hui des zones Maritime, mais représentent une très petite part ¹³ Cela comprend les forêts, les lacs, les zones urbaines, les zones bâties ainsi que les zones protégées (forêts et habitats protégés au niveau national), conformément au principe “Do-No-Significant-Harm” (DNSH). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 43 Renforcer la résilience de ces régions. En revanche, la région des Savanes l’identification des zones propices à l’agroforesterie à la plus grande superficie et la plus grande part peut aider les planificateurs et les décideurs de terres qui sont très vulnérables aux conditions politiques à prendre des décisions éclairées afin de climatiques difficiles, et donc moins adaptées promouvoir des options favorables et abordables aux systèmes agroforestiers d’un point de vue et de mesurer les conséquences de l’inaction. Une purement économique (Tableau 2.4). analyse de l’adéquation basée sur les conditions climatiques projetées en 2050 montre que la Bien que le Togo dispose d’une quantité plupart des régions verront une augmentation importante de terres de qui sont actuellement des zones présentant des conditions climatiques identifiées comme propices à l’agroforesterie, appropriées mais sous-optimales, en particulier l’étendue et la localisation de ces terres dans le cadre du scénario humide/chaud (figure changeront en fonction de l’intensification des 2.15), tandis que certaines zones deviendront trop effets du changement climatique.¹⁴ L’évaluation difficiles pour l’agroforesterie, en particulier dans de l’impact des différents scénarios climatiques sur le cadre du scénario sec/chaud (figure 2.16). Ce Tableau 2.4: Les régions des Plateaux, de la Kara et de la Centrale possèdent les plus grandes superficies qui conviennent aujourd’hui à l’agroforesterie Zones identifiées pour l’agroforesterie par région (en KM ) ²: Région Les plus adaptés Adaptés, mais vulnérables Très vulnérables Plateaux 388 1.876 70 Kara 325 1.625 2,635 Centrale 74 1.182 <1 Maritime 653 967 <1 Savanes 6 547 4,953 Source : Banque mondiale. ¹⁴ Le modèle prédisant l’adéquation de l’agroforesterie à l’horizon 2050 présente des limites qui influent sur sa précision. Tout d’abord, il n’intègre pas les changements potentiels de la qualité des sols ou de l’utilisation des terres qui accompagnent les changements de température et de précipitations, ce qui pourrait entraîner une sous-estimation des zones appropriées. En outre, le modèle applique un pourcentage uniforme de changement de température et de précipitations dans des cellules de 0,5 à 0,5 degré. Cette approche, tout en facilitant la comparaison avec d’autres études, simplifie la dynamique complexe du climat local. La méthodologie implique également la classification des variables en intervalles égaux pour déterminer les scores d’adéquation, une technique qui peut ne pas refléter avec précision les diverses conditions dans lesquelles l’agroforesterie peut prospérer. En particulier, elle ne tient pas compte des besoins spécifiques des différents systèmes agroforestiers et des conditions optimales pour les différentes espèces d’arbres utilisées dans ces systèmes. Ces limites suggèrent la nécessité d’analyses plus nuancées et localisées pour évaluer avec précision le potentiel de l’agroforesterie, en tenant compte des sols, des changements d’utilisation des terres et des exigences spécifiques des agroécosystèmes. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 44 Renforcer la résilience dernier scénario entraînerait des changements Il est temps d’agir. Ces pertes pourraient être importants dans les zones appropriées. D’une évitées si l’agroforesterie était mise en œuvre dans part, cela reflète l’augmentation des superficies les zones qui conviennent encore aujourd’hui. Afin où les conditions climatiques difficiles combinées de maximiser les bénéfices pour les agriculteurs à la mauvaise qualité du sol feraient de et d’éviter que les zones actuellement adaptées l’agroforesterie une option plus appropriée que et leurs services écosystémiques réparateurs ne l’agriculture conventionnelle (monoculture et soient perdus à cause du changement climatique, il polyculture). C’est notamment le cas dans les est crucial d’agir aujourd’hui. La mise en œuvre de régions des Plateaux et Centrale. D’autre part, l’agroforesterie dans les zones qui sont aujourd’hui d’autres zones deviendraient inadaptées en adaptées ou très adaptées permettrait d’accroître les raison de températures extrêmes et/ou de faibles bénéfices privés pour les agriculteurs, d’augmenter précipitations, en particulier dans les régions de la productivité du secteur et d’augmenter le potentiel la Kara et des Savanes. de séquestration du carbone. FIGURE 2.15 FIGURE 2.16 Un scénario humide/chaud pourrait entraîner une Un scénario sec/chaud pourrait encore voir une augmentation des terres adaptées à l’agriculture certaine augmentation des terres propices à conventionnelle, mais surtout à l’agroforesterie l'agroforesterie, tandis que les zones se réduiraient Zones adaptées à l’agroforesterie et à l’agriculture conventionnelle pour l'agriculture conventionnelle jusqu’en 2050 dans un scenario humide/chaud Zones adaptées à l’agroforesterie et à l’agriculture conventionnelle jusqu’en 2050 dans un scenario sec/chaud : Km2 5,000 Km2 5,000 4,000 4,000 3,000 3,000 2,000 2,000 1,000 1,000 - - Plateaux Kara Maritime Centrale Savanes Plateaux Kara Maritime Centrale Savanes Adapté aujourd'hui Adapté aujourd'hui Adapté à l'agriculture conventionnelle en 2050 Adapté à l'agriculture conventionnelle en 2050 Adapté à l'agroforesterie en 2050 Adapté à l'agroforesterie en 2050 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 45 Renforcer la résilience B. ESTIMATION DES BENEFICES ET DES utilisés dans cette analyse sont présentés BESOINS D’INVESTISSEMENT dans le tableau 5. Ils sont traduits en unités monétaires en utilisant les prix du marché et L’agroforesterie promet de s’attaquer les prix fictifs (par exemple, pour les avantages aux risques climatiques et de soutenir la environnementaux), et ajustés à la valeur transformation structurelle, mais nécessite actuelle en utilisant un taux d’actualisation qui en amont une évaluation de sa viabilité reflète au mieux la valeur temporelle de d’un économique et des besoins d’investissement. investissement au long terme, les risques et le Les coûts incluent les dépenses liées à coût d’opportunité du capital au Togo.¹⁵ L’analyse l’établissement, à l’entretien et à la récolte, évalue la rentabilité (ratios coûts-bénéfices), les tandis que les bénéfices comprennent les besoins d’investissement (valeur actuelle des revenus des cultures, du bétail et des produits coûts) et les bénéfices nets actualisés (valeur supplémentaires pour les agriculteurs, ainsi que actuelle nette des bénéfices) pour les scénarios les bénéfices environnementaux et sociaux tels climatiques humide/chaud et sec/chaud. Tant que la séquestration du carbone, l’amélioration que les projets ont une VAN positive et un de la santé des sols et l’accroissement de la CBR supérieur à 1, ils sont considérés comme biodiversité. Les coûts et bénéfices quantifiables économiquement viables. Tableau 2.5: Coûts et avantages quantifiables de l’agroforesterie par rapport aux pratiques agricoles conventionnelles (BAU) Agroforesterie Monoculture/Polyculture (BAU) Coûts Matériel de plantation Semences Pépinières Engrais Formation et services de vulgarisation Émissions Avantages Rendement attendu Rendement attendu Séquestration des émissions Source : Banque mondiale. ¹⁵ Un taux d’actualisation de 5 % est supposé, en accord avec d’autres études évaluant les bénéfices environnementaux et économiques de l’utilisation durable des terres dans un contexte similaire. Cependant, cette étude intègre également une analyse de sensibilité avec des taux d’actualisation plus élevés afin de réduire le poids des bénéfices futurs. Cette approche prudente vise à fournir une estimation plus conservatrice des gains à long terme des systèmes agroforestiers par rapport aux pratiques agricoles conventionnelles (monoculture et polyculture). PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 46 Renforcer la résilience I. ESTIMATION DES COUTS ET DU RENDEMENT pris en compte dans l’analyse, mais font partie de ECONOMIQUE DE L’AGROFORESTERIE l’utilisation potentielle des revenus supplémentaires générés par l’agriculture. En ce qui concerne la Les bénéfices de l’agroforesterie sont supposés productivité des terres, les rendements moyens commencer à s’accumuler après cinq ans de des cultures/km² devraient augmenter de 0,05 % mise en œuvre, ce qui doit être considéré comme par an jusqu’en 2050 dans le cadre du scénario une hypothèse prudente. L’analyse économique humide/chaud, contre une baisse attendue de suppose que les projets agroforestiers sont mis 0,2 % par an pour les pratiques conventionnelles. en œuvre sur une période de dix ans pour établir Sur la base d’une évaluation des émissions de les zones identifiées comme propices aujourd’hui carbone des systèmes agroforestiers en Afrique et que les avantages commencent à se faire sentir de l’Ouest, les bénéfices de la séquestration du après cinq ans, période nécessaire pour que les carbone devraient commencer après 5 ans et à plantes agroforestières produisent des fruits et des cumuler sur 20 ans jusqu’en 2050, avec un taux légumes. L’analyse commence en 2025 et s’étend annuel de séquestration de carbone de 0,025 jusqu’en 2050, en se concentrant d’abord sur les tonnes/plante/ an (Tschora et Cherubini, 2020). terres appropriées dans les conditions actuelles, En revanche, les émissions de carbone provenant mais en considérant également les changements des pratiques agricoles conventionnelles sont dans l’adéquation selon différents scénarios supposées se stabiliser à 85,5 tonnes/km²/an, ce climatiques. Les zones très vulnérables sont qui correspond à leur valeur estimée en 2020. exclues de l’analyse car les coûts de mise en œuvre supplémentaires et le risque accru d’échec dans Les résultats indiquent que les systèmes des conditions climatiques extrêmes sont difficiles agroforestiers sont nettement plus rentables que à quantifier sur la base des données existantes. les pratiques agricoles conventionnelles, quel Cependant, les conditions de réussite des projets que soit le scénario climatique. Les principaux agroforestiers dans les conditions climatiques facteurs de rentabilité de l’agroforesterie sont plus difficiles qui prévalent dans la majeure partie les revenus supplémentaires générés par ces de la région des Savanes et dans le nord de la systèmes pour les agriculteurs, ainsi que des région de la Kara sont également discutées à la besoins d’investissement globaux moindres fin de cette section. Pour le développement de à long terme. En effet, en supposant un taux zones appropriées, nous supposons que chaque d’actualisation de 5 % par an, chaque dollar kilomètre carré de zone agroforestière serait géré investi dans l’agroforesterie rapporterait, sur une par environ 200 agriculteurs (0,5 ha chacun, ce période de 25 ans, 15,89 dollars dans le scénario qui correspond à la superficie moyenne actuelle humide/chaud et 15,16 dollars dans le scénario des terres gérées par les petits exploitants). Les sec/chaud. Plus de 95 % des gains seraient emplois supplémentaires pour les travailleurs attribués aux investisseurs privés par le biais de saisonniers qui seraient embauchés pour la rendements économiques plus élevés, tandis récolte agroforestière ne sont pas directement que 5 % proviendraient de la séquestration du PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 47 Renforcer la résilience carbone (Figure 2.17). Même en doublant le taux paysages forestiers au Kenya réalisée par le d’actualisation pour le porter à 10 %, on obtient ministère de l’environnement et des forêts. Au un rapport coûts-avantages de 11,63 dans des Kenya, les systèmes agroforestiers qui associent conditions humides/chaudes et de 11,12 dans le Grevillea robusta, le maïs et l’avocat ont atteint des conditions sèches/chaudes. En comparaison, un RBC de 25,6 (en utilisant un taux d’actualisation chaque dollar investi dans l’agriculture de 7 % sur 30 ans), alors que l’agroforesterie conventionnelle ne devrait rapporter que 8,35 utilisant le niébé et le Melia a atteint un RBC de dollars d’ici 2050 avec un taux d’actualisation de 22,8 (Cheboiwo et al. 2019). Les estimations 5 % et 8,16 dollars avec un taux d’actualisation présentées dans cette analyse suggèrent que de 10 % dans des conditions humides/chaudes les systèmes agroforestiers au Togo pourraient (en supposant une valeur élevée du carbone). percevoir des rendements similaires. D’autres évaluations économiques ont révélé des ratios bénéfices-coûts (RBC) comparables, voire Si l’agroforesterie permet d’obtenir des gains plus élevés, pour l’agroforesterie, notamment significatifs et est plus rentable à long terme, une évaluation des options de restauration des les besoins d’investissements initiaux sont FIGURE 2.17 FIGURE 2.18 La rentabilité des investissements en agroforesterie ...mais les avantages prennent plus de temps à se est toujours supérieure à celle de l’agriculture matérialiser et les investissements initiaux sont conventionnelle... plus élevés Rapport bénéfices-coûts des investissements dans Rapport bénéfices-coûts des investissements dans l’agroforesterie et l’agriculture conventionnelle d’ici à l’agroforesterie et l’agriculture conventionnelle 2050, humide/chaud Rapport coût-bénéfice 18 20 15 12 15 9 6 10 3 0 5 -3 -6 0 Agroforesterie Agroforesterie Conventionnel Conventionnel 2025 2030 2035 2040 2045 2050 (5 %) (10 %) (5 %) (10 %) Agroforesterie - humide/chaud Conventionnel - humide/chaud Privé Bénéfices Publics Coûts Publics Total Agroforesterie - sec/chaud Conventionnel - sec/chaud Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. Note : Taux d’actualisation de 5 et 10 %, prix fictif du carbone élevé. Note : Taux d’actualisation de 5 et 10 %, prix fictif du carbone élevé. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 48 Renforcer la résilience plus importants et les bénéfices prennent plus arables et les écosystèmes menacés. En fait, le de temps à se matérialiser. La mise en place et développement de l’agroforesterie sur toutes les l’entretien d’un système agroforestier nécessitent terres appropriées aujourd’hui pourrait augmenter généralement des investissements initiaux la production alimentaire de 155 % au cours des plus importants pour les semis, la plantation 25 prochaines années dans le scénario humide/ et l’apprentissage des pratiques de gestion par chaud (+2,2 millions de tonnes de production rapport à l’agriculture conventionnelle (Ajayi et al., végétale), par rapport à une augmentation de 2014). Ces coûts peuvent être particulièrement 67 % dans le même scénario climatique pour lourds pour les petits exploitants agricoles du l’agriculture conventionnelle (+1,0 million de Togo dont les ressources sont limitées (Banque tonnes de production végétale, Figure 2.19). mondiale, 2023). Bien que l’agroforesterie Les besoins cumulés d’investissement pour offre des avantages à long terme tels que développer ces zones culmineraient à 2,6 % du l’augmentation des rendements et l’amélioration PIB en 2040 pour l’agroforesterie, tandis que les de la fertilité des sols, ces bénéfices prennent investissements pour l’agriculture conventionnelle du temps à se matérialiser et les agriculteurs, continueraient d’augmenter pour atteindre 3,5 % qui travaillent souvent avec des ressources du PIB en 2045, en raison des coûts récurrents des limitées et font face à des conditions de marché intrants. L’un des principaux avantages à long terme incertaines, ont tendance à donner la priorité de l’agroforesterie est en effet de protéger et de aux rendements immédiats. Cela les conduit à restaurer les terres, ce qui permet aux agriculteurs négliger les avantages futurs de l’agroforesterie, de continuer à produire des biens agricoles, malgré ce qui les fait hésiter à investir dans des l’augmentation des températures et l’irrégularité pratiques qui ont des bénéfices à long terme, des précipitations, et avec des coûts récurrents même si les gains potentiels futurs dépassent limités. Le piégeage et stockage du carbone les coûts initiaux. En effet, un dollar investi dans représentent également une différence importante les pratiques agricoles actuelles (monoculture entre l’agroforesterie et les pratiques agricoles ou polyculture) en 2025 commencerait à être conventionnelles, puisque l’agroforesterie contribue rentable en 2027, tandis que le même dollar à réduire les émissions (bénéfice public) tandis que investi dans l’agroforesterie ne devrait produire l’agriculture conventionnel les augmente (coût des bénéfices nets qu’en 2030. Toutefois, à partir public). En effet, l’exploitation de toutes les terres de 2040, la rentabilité des investissements dans actuellement propices à l’agroforesterie pourrait l’agroforesterie dépasserait celle des pratiques réduire les émissions de 11 960 ktonnes de CO2 agricoles conventionnelles, quel que soit le d’ici à 2050, alors que l’agriculture conventionnelle scénario climatique (Figure 2.18). sur les mêmes terres pourrait émettre 17 310 ktonnes de CO2 d’ici à 2050 (Figure 2.20). Une telle Investir aujourd’hui dans les systèmes extension de l’agroforesterie représenterait donc agroforestiers permettrait de renforcer la une contribution majeure aux objectifs de réduction sécurité alimentaire, de protéger les terres des émissions du gouvernement. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 49 Renforcer la résilience FIGURE 2.19 FIGURE 2.20 La conversion de toutes les terres appropriées ...alors que les bénéfices de la séquestration du à l’agroforesterie permettrait de renforcer carbone seraient également considérables considérablement la sécurité alimentaire ... Émissions de carbone dans les systèmes agricoles dans un Production agricole dans le cadre de différents scénarios scénario sec/chaud (toutes les zones appropriées, cumulées) climatiques et agricoles (toutes les zones appropriées) Ktonnes de CO2 50 15,000 45 40 10,000 35 Milliers de tonnes 5,000 Émissions 30 25 0 Séquestration 20 -5,000 15 10 -10,000 5 -15,000 - 2025 2030 2035 2040 2045 2050 Aujourd'hui Conventionnel Conventionnel Agroforesterie Agroforesterie Sec Chaud Humide Chaud Sec Chaud Humide Chaud Conventionnel Agroforesterie Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. II. SCENARIO ILLUSTRATIF POUR UN PLAN l’agroforesterie seront converties. La conversion NATIONAL D’AGROFORESTERIE des terres cultivées est la plus facile à mettre en œuvre et devrait entraîner des gains de production Une stratégie nationale de développement plus rapides pour les agriculteurs. Actuellement, agroforestier pourrait être développée sur une ce sous-ensemble représenterait 1 030 km² de partie des terres appropriées. Le développement terres au Togo, la plus grande part étant reparties de l’agroforesterie à grande-échelle reste un défi dans les régions des Plateaux et des Maritimes, considérable au Togo. Pour cette raison, différents avec respectivement 356 km² et 297 km² de scenarios sont envisagés sur des terres adaptées terres à convertir (Figure 2.21). Compte tenu des avec des superficies réalistes. Deux sous- perspectives de terres supplémentaires devenant ensembles de zones adaptées à l’agroforesterie propices à l’agroforesterie d’ici 2050¹⁶ (+666 km² sont pris en compte dans cette analyse. Dans le d’ici 2050 dans le scénario sec/chaud et 693 km² premier groupe, nous supposons que 20 % des dans le scénario humide/chaud), jusqu’à 340 terres cultivées considérées comme adaptées à 000 agriculteurs pourraient bénéficier de cette ¹⁶ La force motrice de ces gains est que l’agroforesterie fournit des services de régénération et de protection à la terre, ce qui maintient les zones actuellement appropriées, alors que les pratiques agricoles conventionnelles ne le font pas. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 50 Renforcer la résilience conversion de terres cultivées en agroforesterie (Figure 2.22). Ces superficies pourraient au cours des 25 prochaines années. Le augmenter de manière significative dans des deuxième sous-ensemble de zones propices conditions sèches/chaudes et humides/chaudes, à l’agroforesterie est constitué de la moitié ce qui profiterait à 442 000 agriculteurs d’ici 2050. (50 %) des zones arbustives et des prairies La quatrième communication nationale du Togo les plus propices à l’agroforesterie. Ces zones sur le changement climatique a souligné que la sont plus difficiles à convertir en systèmes conversion des prairies et des zones arbustives en agroforestiers pleinement fonctionnels, mais terres cultivées a contribué de manière significative elles offrent de plus grands avantages en aux émissions de CO2 au cours des dernières termes de conservation du paysage et sont donc décennies, ce que le gouvernement s’apprête mieux adaptées pour atteindre les objectifs à inverser en reboisant certaines de ces zones d’utilisation régénérative des terres. Ces zones (MERF 2022). L’agroforesterie peut constituer représentent, dans les conditions actuelles, un moyen efficace d’encourager la conservation environ 1 246 km² de terres, principalement et le reboisement de ces zones, tout en offrant dans les régions Centrale et Kara, avec 380 km² des avantages économiques aux agriculteurs à la et 501 km² de terres à développer respectivement recherche de nouvelles terres arables. FIGURE 2.21 FIGURE 2.22 La conversion de 20 % des terres cultivables en Le développement de 50 % des prairies et arbustes agroforesterie profiterait principalement aux appropriés en agroforesterie favoriserait les régions de la Plateaux et aux Maritimes, et contribuerait à Kara et de la Centrale, et permettrait d’économiser des préserver les terres de la Kara et des Savanes terres dans la Kara, les Savanes et les régions maritimes Zones correspondant à 20 % des terres cultivables aujourd’hui Zones correspondant à 50 % des prairies et arbustes et en 2050 dans des conditions de sécheresse et de chaleur : appropriés aujourd’hui et en 2050 dans des conditions de Km 2 sécheresse et de chaleur : 900 Km2 900 600 600 300 300 - - Plateaux Kara Maritime Centrale Savanes Plateaux Kara Maritime Centrale Savanes Adapté aujourd'hui Adapté aujourd'hui Adapté à l'agriculture conventionnelle en 2050 Adapté à l'agriculture conventionnelle en 2050 Adapté à l'agroforesterie en 2050 Adapté à l'agroforesterie en 2050 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 51 Renforcer la résilience La conversion de 20 % des terres cultivables de manière substantielle à la sécurité alimentaire et de 50 % des prairies et arbustes appropriés et à l’autonomie. Les communautés agricoles nécessiterait des investissements cumulés des Plateaux, du Centre et de la Kara seraient s’élevant à environ 0,8 % du PIB, mais celles qui en bénéficieraient le plus, ces trois contribuerait à fournir à la population environ régions représentant 80 % des revenus directs 50 kg de production végétale supplémentaire générés par ce plan illustratif de développement par habitant d’ici 2050, et à réduire de l’agroforesterie (Figure 2.25). Le rendement considérablement les émissions. Les besoins économique global pourrait atteindre 1,8 % du d’investissement estimés seraient globalement PIB d’ici 2034 et se stabiliser autour de 1 % du similaires pour les scénarios sec/chaud et PIB à plus long terme. La séquestration du carbone humide/chaud et, tout en étant plus élevés que provenant de ces investissements pourrait ceux de l’agriculture conventionnelle au cours également être considérable et mériterait d’être des premières années, ils se stabiliseraient à des pris en compte lors de l’élaboration de politiques et niveaux inférieurs au fil du temps (Figure 2.23). d’actions visant à atteindre les objectifs de la CDN Le développement de systèmes agroforestiers du Togo. En effet, la conversion en agroforesterie à grande échelle pourrait conduire à un de 20 % des terres agricoles/arables viables triplement de la production végétale dans les et de 50 % des 50 % des prairies et des zones zones sélectionnées, en grande partie grâce à la arbustives viables pourrait potentiellement conversion des prairies et des zones arbustives, conduire à la séquestration de 3 761 ktonnes de mais aussi grâce à des rendements plus élevés et CO2 d’ici 2050 au lieu de la production de 4 352 à la préservation des terres cultivées existantes ktonnes de CO2 si ces zones étaient exploitées (Figure 2.24). D’ici 2050, 764 000 petits exploitants par le biais de l’agriculture conventionnelle agricoles pourraient se reconvertir pour pratiquer (Figure 2.26). La combinaison de ces scénarios l’agroforesterie, augmentant ainsi leurs revenus et/ou la sélection de sous-ensembles de chacun et leur résilience au changement climatique, d’entre eux pourrait permettre d’atteindre les tandis que la capacité de production accrue objectifs nationaux et internationaux en matière pourrait fournir à la population togolaise 50 kg de séquestration du carbone, tout en contribuant supplémentaires de cultures produites localement à améliorer la sécurité alimentaire et les revenus par personne et par an. Cela contribuerait donc des agriculteurs. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 52 Renforcer la résilience FIGURE 2.23 FIGURE 2.24 Les besoins en investissements pour un plan national La conversion en agroforesterie de 20 % des d'agroforesterie dépasseraient dans un premier terres viables cultivées et de 50 % des prairies temps ceux de l'agriculture conventionnelle, mais se et des zones arbustives viables pourrait tripler la stabiliseraient à un niveau inférieur production de ces zones Besoins d'investissement cumulés pour développer 20 % Production agricole en 2050 résultant de la conversion de des terres viables cultivées et de 50 % des prairies et des 20 % des terres viables cultivées et de 50 % des prairies zones arbustives viables et des zones arbustives viables Pourcenage du PIB 15 1.2 1.0 Milliers de tonnes 0.8 10 0.6 0.4 5 0.2 0.0 2025 2030 2035 2040 2045 2050 - Agroforesterie - humide/chaud Agroforesterie - sec/chaud Aujourd'hui Conventionnel Conventionnel Agroforesterie Agroforesterie Conventionnel - humide/chaud Conventionnel - sec/chaud Sec Chaud Humide Chaud Sec Chaud Humide Chaud Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. FIGURE 2.25 FIGURE 2.26 80 % des bénéficiaires d'investissements dans Le développement de l'agroforesterie en lieu et l'agroforesterie se trouveraient dans les régions place de l'agriculture conventionnelle pourrait Plateaux, Centrale et Kara économiser 3 755 Ktonnes de CO2 d'ici 2050 Agriculteurs travaillant sur des systèmes agroforestiers Émissions de CO2 provenant de 20 % des terres cultivées d'ici 2050 dans un scénario sec/chaud et 50 % des prairies et arbustes viables 800,000 6,000 5,000 700,000 4,000 600,000 3,000 Ktonnes de CO2 500,000 2,000 Émissions 1,000 400,000 - 2025 2030 2035 2040 2045 2050 300,000 (1,000) Séquestration (2,000) 200,000 (3,000) 100,000 (4,000) - (5,000) Plateaux Kara Maritime Centrale Savanes Conventionnel Agroforesterie Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 53 Renforcer la résilience Plusieurs options pourraient être privilégiées projets agroforestiers dans les régions les plus pour soutenir les investissements nécessaires, exposées aux pressions climatiques devraient qui restent modestes par rapport aux gains être plus importants que ceux dans les zones estimés. Il pourrait s’agir d’un mélange de moins vulnérables. Cependant, le manque de financement public par le biais de subventions, données rend la quantification précise de ces de garanties de prêt et de mécanismes de partage différences de couts difficiles à estimer. Par des risques pour répondre aux besoins spécifiques exemple, les précipitations irrégulières, les des petits exploitants agricoles, de la mobilisation températures extrêmes et la basse qualité des de fonds auprès des institutions multilatérales et sols sont susceptibles de constituer des menaces de mécanismes de financement tels que les fonds considérables pour l’établissement et la survie REDD+ et les fonds pour le climat (FVC et FEM). Ceux- des arbres, tandis que les régions menacées ci contribueraient à réduire l’écart de financement aux sécheresses pourraient également être lors des premières années d’implémentation d’une plus exposées aux risques élevés d’incendie, stratégie de développement de l’agroforesterie au mais aucune information n’est disponible pour Togo. Le secteur privé devrait également jouer un quantifier l’impact sur la viabilité économique rôle clé, avec des voies telles que l’investissement de ces deux zones. Dans le contexte du Togo, d’impact, les marchés volontaires de crédits ces zones se trouvent principalement dans la carbone et les initiatives de responsabilité sociale des entreprises. Le paiement des services FIGURE 2.27 écosystémiques, la certification du commerce Zones très vulnérables mais structurellement équitable et l’accès aux chaînes de valeur peuvent adaptées à l’agroforesterie dans les régions des également inciter les agriculteurs à adopter Savanes et Kara l’agroforesterie. En combinant stratégiquement ces options de financement, les parties prenantes peuvent libérer tout le potentiel de l’agroforesterie au Togo. III. LE CAS DE L’AGROFORESTERIE DANS LES ZONES TRES VULNERABLES L’analyse économique présentée jusqu’à présent indique un potentiel prometteur pour l’agroforesterie au Togo, mais n’a pas abordé le cas particulier des zones considérées comme Adaptés, mais très vulnérables les plus vulnérables aux conditions climatiques Adaptés, mais vulnérables extrêmes. Cette exclusion de l’analyse reflète Adaptés, les moins vulnérables le fait que les besoins en investissements fixes et variables et les risques associés aux Source : Banque mondiale. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 54 Renforcer la résilience région des Savanes et dans le nord de la Kara, réduire le recours aux pesticides chimiques (Jose où les températures sont les plus élevées, ou 2009 ; Batish et al. 2008). Enfin, l’intégration l’incidence des sécheresses est plus forte et d’arbres fruitiers, à noix ou à bois d’œuvre dans la qualité des sols est très basse (Jans 2019 ; les systèmes agricoles offre aux agriculteurs des Desplat et Rouillon 2011). Néanmoins, la grande sources de revenus supplémentaires, favorisant majorité de la région des Savanes et de la Kara ainsi la diversification économique et la résilience septentrionale reste structurellement adaptée à (Pandey et Kumar, 2005). Cette diversification l’agroforesterie (proximité aux routes et villes/ des revenus et types de production agricole tout villages, vastes terres cultivées, faibles pentes et au long de l’année, ainsi que l’atténuation des élévation), et plus de 90 % de la population active effets du changement climatique et de l’érosion est occupée dans l’agriculture (De Witte 2013, des sols, sont étroitement liées à la sécurité Figure 2.27). C’est pourquoi les investissements alimentaire. Pour cette raison, l’agroforesterie dans l’agroforesterie doivent également être doit être considérée comme l’une des multiples considérés comme une stratégie appropriée, bien solutions à l’insécurité alimentaire. que plus risquée, pour soutenir le développement de l’agriculture, la sécurité alimentaire et la La réussite des projets d’agroforesterie conservation des terres. dans les environnements difficiles nécessite une planification et une mise en œuvre plus Malgré les risques plus élevés, l’agroforesterie offre minutieuses. Les investissements initiaux dans une multitude d’avantages environnementaux les semences, les plants ou les jeunes arbres sont pour les zones vulnérables. Tout d’abord, les susceptibles d’être nettement plus élevés pour racines profondes des arbres plantés peuvent les espèces d’arbres résistantes à la sécheresse améliorer l’infiltration et la rétention de l’eau, et fixant l’azote (Leakey, 2010), tandis que les favorisant la disponibilité de l’humidité dans systèmes d’irrigation ou de collecte de l’eau pour les zones sujettes à la sécheresse. En outre, les la phase d’établissement des arbres pourraient feuilles en décomposition ajoutent de la matière également être plus coûteux dans les régions où organique, favorisant le cycle des nutriments, les risques de sécheresse sont élevés. En outre, créant un environnement plus productif pour les les jeunes arbres peuvent entrer en concurrence cultures. Les arbres agissent également comme avec les cultures existantes pour l’eau et les des brise-vent naturels, réduisant l’érosion des nutriments dans les zones, ce qui pourrait être sols et créant un microclimat plus frais, ce qui particulièrement difficile dans les régions où peut profiter aux cultures sensibles à la hausse les précipitations sont limitées et où la qualité des température (Smith et al., 2017). Les du sol est médiocre. Il est donc primordial de systèmes agroforestiers favorisent également la sélectionner des espèces d’arbres résistantes à biodiversité en créant un habitat pour les insectes la sécheresse, fixatrices d’azote et adaptées aux bénéfiques et les pollinisateurs, ce qui permet de conditions locales du sol et du climat. L’utilisation lutter naturellement contre les ravageurs et de d’espèces indigènes dans la mesure du possible PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 55 Renforcer la résilience permet de minimiser les risques de parasites et interventions d’ajustement à temps (AREG, 2013). de maladies. Les techniques de collecte de l’eau La mise en place de services de vulgarisation et d’irrigation peuvent favoriser l’établissement régionaux pour l’adoption de l’agroforesterie dans des arbres pendant les périodes sèches. En outre, les Savanes pourrait également répondre aux le fait de commencer par des projets pilotes à défis spécifiques de la région. Des études menées petite échelle permet d’explorer l’adéquation dans la région des Savanes ont démontré que les des pratiques agroforestières et de recueillir des exploitations agricoles qui ont un accès renforcé connaissances locales précieuses avant une mise et plus cohérent aux services de vulgarisation en œuvre à plus grande échelle. agricole sont en mesure d’améliorer la production agricole et d’adopter des pratiques d’adaptation au L’investissement dans le renforcement des climat (Pilo et Adeve 2016). Les services les plus capacités par la formation et les services de souvent fournis par les agences de vulgarisation vulgarisation pour les agriculteurs sur les dans la région des Savanes sont l’accès au crédit techniques d’agroforesterie, la sélection des et l’information sur le changement climatique et arbres et la gestion des interactions entre les ses impacts sur la production.¹⁷ arbres et les cultures est particulièrement importante pour la réussite du projet dans des L’engagement du gouvernement, avec les conditions difficiles. Les incitations financières ONG qui travaillent actuellement avec les telles que les subventions ou les microcrédits agriculteurs pour adopter des pratiques peuvent contribuer à compenser les coûts initiaux agroforestières, pourrait être déterminant pour d’établissement et à soutenir les agriculteurs développer des projets agroforestiers réussis pendant la période de transition, tandis que dans des conditions climatiques difficiles. Par la promotion de droits fonciers sûrs constitue exemple, le Mouvement Alliance Paysanne du la base nécessaire à l’investissement à long Togo (MAPTO) a aidé les agriculteurs à adopter des terme dans les pratiques agroforestières. Enfin, pratiques agroforestières dans leur production il est essentiel de développer des stratégies de afin d’améliorer la qualité de leur sol grâce à la prévention et de lutte contre les incendies dans couverture forestière.¹⁸ Les activités du MAPTO se les régions sujettes à la sécheresse (Pausas et sont principalement concentrées sur les régions al., 2008). Le suivi et l’évaluation régulière des des Plateaux et de la Centrale jusqu’en 2022, date progrès du projet sont essentiels pour évaluer à laquelle l’organisation s’est fixé pour objectif de l’impact de l’agroforesterie sur la qualité des planter plus de 200 000 arbres d’ici 2026 dans sols, le rendement des cultures et les moyens de les sept préfectures de la région des Savanes. subsistance des communautés, permettant des L’organisation propose un programme d’incitation ¹⁷ Ibid. ¹⁸ Kpakpabia, B. (2023) Une alliance de coopératives ajoute des arbres aux fermes du Togo. AFR100. https://afr100.org/project/ alliance-cooperatives-adding-trees-togos-farms PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 56 Renforcer la résilience pour les agriculteurs, qui reçoivent gratuitement mesure que le secteur agricole devient plus robuste du matériel végétal et une formation. Chaque lot et productif, il peut attirer des investissements de 10 arbres qui survivent chaque année donne privés dans la transformation et les services en lieu à un paiement de 1,3 dollar aux agriculteurs.¹⁹ amont et en aval, ce qui favorise la création de D’autres groupes, tels que Recherche, Appui et valeur ajoutée et d’emplois de qualité dans le Formation aux Initiatives d’Autodéveloppement secteur grâce au développement de chaînes de (RAFIA) aident plus de 48 000 agriculteurs de valeur agro-industrielles. En outre, le renforcement la région des Savanes à adopter des pratiques de la résilience de l’agriculture garantira une agroforestières, reconnaissant que les Savanes utilisation plus efficace des dépenses publiques sont confrontées à des défis aigus en raison de dans le secteur, en canalisant les ressources leurs sols sablonneux et surexploités.²⁰ Cette vers des investissements qui produisent des ONG aide également les agriculteurs à passer bénéfices à long terme, tels que l’amélioration des contrats avec des sociétés de distribution des infrastructures rurales, la recherche et le alimentaire et à vendre leurs produits, ce qui leur développement, et les services de vulgarisation. permet de tirer pleinement parti du changement Ces investissements stratégiques ne favoriseront de leurs pratiques agricoles, qui dépendaient pas seulement l’efficacité de l’allocation des auparavant d’intrants artificiels, pour adopter une dépenses publiques dans le secteur agricole, approche plus holistique de l’agriculture grâce mais contribueront également à une distribution aux pratiques agroforestières. plus équitable des gains économiques, stimulant ainsi la croissance économique globale et le 4. CONCLUSIONS ET développement au Togo. OPTIONS POLITIQUES L’agroforesterie dispose d’un potentiel La mise en place d’un secteur agricole résilient considérable pour transformer l’économie et productif au Togo est essentielle pour rurale, en stimulant la productivité agricole, accélérer la transformation structurelle et la résistance aux chocs climatiques et la renforcer la sécurité alimentaire face aux séquestration du carbone. Les résultats pressions climatiques croissantes. L’adoption de présentés dans cette analyse montrent que la technologies et de pratiques intelligentes face au rentabilité à long terme des investissements climat stimulera la diversification et la résilience dans l’agroforesterie est supérieure à celle des du secteur, entraînant une augmentation de la pratiques agricoles conventionnelles, quel que productivité et des revenus pour les agriculteurs. À soit le scénario climatique, principalement parce ¹⁹ Agridigitale (2022) Faire des Savanes une zone de couverture forestière, https://agridigitale.net/article/faire_des_savanes_ une_zone_de_couverture_forestire_ ²⁰ Vert Togo (2019). Togo/Pratiques Agroécologiques dans les savanes : le consortium RAFIA, SAM TOGO et l’UROPC-S collaborent. https://vert-togo.tg/togo-pratiques-agroecologiques-dans-les/ PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 57 Renforcer la résilience que les services écosystémiques associés à dissuasifs. Le fonctionnement quasi-autonome l’agroforesterie réduisent les coûts récurrents, des systèmes agroforestiers signifie que les augmentent les rendements et préservent coûts d’entretien sont nettement inférieurs à la qualité des terres. Par exemple, dans un long terme, mais les semences initiales et la scénario où 20 % des terres viables cultivées et plantation d’arbres impliquent un mobilisation 50 % des prairies et des zones arbustives viables des investissements initiaux plus élevé par rapport sont convertis en agroforesterie, la capacité de aux pratiques agricoles conventionnelles, tandis production de ces zones pourrait plus que tripler que les avantages prennent plus de temps à se d’ici 2050 malgré les pressions climatiques matérialiser. Les investissements nécessaires pour croissantes, ce qui pourrait fournir à la population convertir 20 % des terres viables cultivées et 50 togolaise 50 kg de cultures supplémentaires % des prairies et des zones arbustives viables produites localement par personne et bénéficier ont été estimés à 0,8 % du PIB, la majeure partie à 764 000 petits exploitants agricoles dans tout de ces investissements ayant lieu au cours des le pays. En outre, les systèmes agroforestiers toutes premières années de développement. contribueront à prévenir la perte de terres agricoles Pour combler cet écart, il convient de mettre en raison de conditions climatiques extrêmes en place des modèles de financement et des et constituent d’importants puits de carbone, mesures d’incitation spécifiques pour les permettant d’économiser jusqu’à 3 755 ktonnes petits exploitants. Parmi les autres obstacles à de CO2 par rapport à l’expansion de l’agriculture l’expansion des systèmes agroforestiers figurent conventionnelle sur des terres similaires. L’analyse l’absence d’une stratégie nationale de zonage économique présentée dans ce chapitre sous- agroforestier, l’insuffisance de la recherche et estime probablement les avantages réels de du développement sur les espèces d’arbres à l’agroforesterie, car elle ne quantifie pas l’ensemble croissance rapide adaptées aux conditions locales, des effets bénéfiques des de l’agroforesterie, le manque d’assistance technique disponible notamment : la restauration de la santé des pour les agriculteurs qui passent à des systèmes sols, l’amélioration de la qualité et de la quantité agroforestiers, l’absence de réglementation de l’eau, la réduction des risques d’inondation claire pour les pratiques agroforestières, les (systèmes agroforestiers riverains), la sécurité lacunes dans la réglementation de la gestion des alimentaire durable et l’alimentation du bétail, terres, ainsi que dans la certification des produits et l’amélioration de la régulation du microclimat, agroforestiers durables. parmi d’autres. L’obtention des financements nécessaires Si les avantages à long terme de l’agroforesterie à l’expansion de l’agroforesterie au Togo sont clairement établis, les investissements nécessitera à la fois des interventions ciblées du initiaux importants pour les agriculteurs secteur public et des financements innovants et l’absence d’un environnement propice à privés. Les initiatives du secteur public, y l’extension de ces solutions sont des facteurs compris celles soutenues par les partenaires au PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 58 Renforcer la résilience développement, peuvent contribuer à encourager projets avec un fort engagement communautaire. la mise en œuvre de projets par le biais de Dans tous les cas, un plan de projet bien défini subventions et de garanties qui aident à combler avec des objectifs clairs, des projections le fossé entre les investissements initiaux et les financières solides et des stratégies efficaces bénéfices au seuil de rentabilité. Les banques d’atténuation des risques est essentiel pour commerciales peuvent également proposer des attirer les investisseurs potentiels. options de prêt avec des conditions spécifiques adaptées aux projets d’agroforesterie, y compris Les instruments de financement décentralisés avec le soutien de partenariats et/ou de garanties améliorent la capacité des agriculteurs à investir avec des agences gouvernementales et des dans l’agroforesterie. Les petits exploitants ONG. De même, les institutions de microfinance agricoles sont parmi ceux qui ont moins accès aux peuvent proposer des prêts plus modestes outils de financement traditionnels et centralisés assortis de calendriers de remboursement (par exemple, les prêts bancaires). En effet, moins souples, adaptés aux agriculteurs individuels ou 1,5 % des prêts bancaires sont alloués au secteur aux petites coopératives qui mettent en œuvre des agricole en raison du risque perçu, qui ne peut que pratiques agroforestières. L’important potentiel croître à mesure que le changement climatique de séquestration du carbone et d’adaptation au rend la production agricole plus difficile.²¹ changement climatique signifie également que Une approche décentralisée qui fait appel aux les marchés de crédits carbone sont une voie institutions et coopératives locales peut combler prometteuse pour les projets d’agroforesterie, ce déficit de financement. Le Togo a déjà réussi à générant des crédits négociables qui fournissent établir des institutions financières locales, comme des revenus supplémentaires et attirent les dans le cas de la Faîtière des Unités Coopératives investissements des entreprises qui cherchent à d’Épargne et de Crédit du Togo (FUCEC). Il s’agit compenser leur empreinte carbone. Cette option de la plus grande institution de microfinance deviendra de plus en plus viable car le Togo est du pays (représentant plus de 70 % du marché en train de mettre en place l’environnement des institutions de microfinance au Togo) qui a réglementaire nécessaire pour tirer parti des développé des services financiers spécifiquement crédits carbone. Enfin, les plateformes de adaptés au secteur agricole (production, crowdfunding peuvent permettre aux agriculteurs transformation, stockage et commercialisation) individuels et aux coopératives de lever des fonds et qui renforce les capacités de tous les acteurs de auprès d’un grand nombre de contributeurs, ce la chaîne de valeur agricole afin de mieux gérer les qui les rend particulièrement adaptés aux petits risques.¹⁹ Ces instruments fonctionnent comme ²¹ Ledy, N. (2019). Togo : moins de 1 % des prêts bancaires vont au secteur agricole qui occupe 60 % de la population active et génère 40 % du PIB. ²² Appui au Développement Autonome (2024) La FUCEC développe une approche de financement innovante pour répondre aux besoins des acteurs de la chaîne de valeur agricole au Togo. https://www.ada-microfinance.org/en/blog-news-ada/fucec- develops-innovative-financing-approach-meet-needs-agricultural-value-chain PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 59 Renforcer la résilience un accord tripartite entre l’institution financière, Il est essentiel de garantir la sécurité foncière les producteurs et les acheteurs, permettant aux pour stimuler les investissements à long terme petits producteurs de couvrir leurs coûts (intrants, dans les systèmes agroforestiers au Togo. couture, désherbage et récolte) et aux acheteurs/ La complexité des régimes fonciers et l’accès agrégateurs de couvrir leurs investissements.²³ limité à l’enregistrement des terres freinent L’octroi de ces prêts aux principaux acteurs de la la volonté des agriculteurs d’investir dans des chaîne de valeur agricole permet de réduire les projets d’agroforesterie à long terme. Pour relever défauts de paiement et d’effectuer les versements ces défis, une approche à multiples facettes plus rapidement, ce qui réduit encore l’incidence est nécessaire, notamment en simplifiant les des défauts de paiement. L’expansion de ces réglementations et les procédures, en assurant institutions de microfinancement basées sur la décentralisation de l’administration foncière, des coopératives pourrait servir de pont vital la reconnaissance des droits coutumiers et la pour combler le déficit de financement des promotion d’approches de gestion des terres systèmes agroforestiers. Les fonds renouvelables basées sur la communauté. Il est également dans les systèmes agroforestiers coopératifs essentiel d’informer les agriculteurs, en ont également été utilisés dans plusieurs pays particulier les femmes, de leurs droits fonciers et d’Afrique subsaharienne. Les fonds renouvelables des options d’enregistrement disponibles, tandis fonctionnent en mettant en commun des que l’exploration d’autres modes de tenure, tels ressources financières entre les agriculteurs que les modèles de propriété foncière collective qui travaillent dans le cadre d’un accord-cadre ou les baux à long terme, pourrait offrir une plus de coopération ; les fonds mis en commun sont grande sécurité aux agriculteurs qui hésitent à gérés par un ou plusieurs agriculteurs pendant investir individuellement dans l’agroforesterie. une période déterminée, au cours de laquelle les gestionnaires des fonds peuvent utiliser les Une transition réussie de la monoculture à fonds mis en commun pour financer leurs propres l’agroforesterie à grande échelle nécessite investissements agricoles (équipement, main- le développement de services de soutien d’œuvre, logistique de transport...), à condition et d’incitations spécifiques de la part du que le fonds soit reconstitué avant que la gestion gouvernement. Les actions urgentes qui auront du fonds ne passe à un autre agriculteur ou le plus grand impact et fourniront les plus groupe d’agriculteurs. Fournir aux agriculteurs les grands avantages pour le développement rural moyens de créer et de maintenir des coopératives peuvent être regroupées en cinq catégories : i) qui gèrent les fonds communs pourrait être un créer un environnement favorable à la promotion autre moyen efficace de combler le déficit de des services écosystémiques ; ii) élaborer une financement actuel. stratégie nationale de zonage agroforestier ; ²³ Ibid. PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 60 Renforcer la résilience iii) soutenir la recherche et le développement sont présentées dans le tableau 6. Une mise d’arbres agroforestiers à croissance rapide ; en œuvre réussie nécessitera une collaboration et iv) faciliter l’accès à l’assistance technique intersectorielle, la recherche d’un consensus, et financière pour les agriculteurs qui se la prise en compte de l’économie politique, la tournent vers l’agroforesterie. Les interventions complexité et des mécanismes de financement prioritaires dans le cadre de ces cinq objectifs adaptés à la diversité du paysage togolais. Tableau 2.6: Interventions en matière de politique et de connaissances avec les avantages et les coûts cibles associés Actions politiques (POL) ou Notations de faisabilité Résultats ciblés interventions en matière d'investissement et de gestion des connaissances (IKM) pour 2025-2050 1 Créer un environnement propice à la Grande complexité Veiller à ce que promotion de solutions fondées sur la les communautés nature, telles que l'agroforesterie L'expérience en matière de critères agricoles réglementaires est limitée, surtout en ce bénéficient d'un • TG. POL1 : Établir une normes juridiques, qui concerne l'adoption de l'agroforesterie. accès plus facile des lignes directrices et des règlements Il est nécessaire de définir et d'établir à la NBS grâce clairs en matière de pratiques agroforestières un consensus autour des interventions à des politiques • TG. POL2 : Élaborer des politiques existantes en collaboration avec le foncières d'incitation à la plantation d'arbres Programme national de développement favorables et • TG. POL3 : Renforcer les chaînes de et d'assurer la réforme des titres fonciers inclusives sur les valeur par des efforts de renforcement ruraux en renforçant les institutions. terres agricoles. des capacités et des services de conseil 2 Développement d'une stratégie nationale Faible complexité Un recueil de de zonage agroforestier basée sur cartes et une l'adéquation écologique et les pressions La cartographie et le ciblage de l'adéquation stratégie au exercées par l'utilisation des terres des cultures permettront de relever niveau national plusieurs défis liés au changement et à la pour les zones • TG. POL4 : Promouvoir l'agroforesterie variabilité climatiques propres à chaque agroforestières avec des zones d'aptitude identifiées site, de soutenir les gains économiques, cibles et les zones pour cibler les actions de restauration/ nutritionnels et de sécurité alimentaire, ainsi tampons riveraines réhabilitation des terres dégradées que les avantages environnementaux liés à seront élaborés. • TG. IKM1 : Promouvoir la régénération la transformation des produits et au cycle et la conservation gérées par les des éléments nutritifs. agriculteurs pour améliorer la biodiversité et l'agroécologie à l'aide de méthodes et de pratiques participatives communautaires PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 61 Renforcer la résilience Actions politiques (POL) ou Notations de faisabilité Résultats ciblés interventions en matière d'investissement et de gestion des connaissances (IKM) pour 2025-2050 3 Soutenir la recherche et le développement Complexité moyenne Les espèces d'espèces d'arbres à croissance rapide d'arbres à adaptées à diverses conditions Cela nécessitera un engagement avec croissance rapide l'Institut Togolais de Recherche Agricole promues sont • TG. IKM² : Renforcer les capacités de (ITRA), le Groupe de Travail National REDD+ multipliées et recherche et d'innovation pour les NBS qui est un organe d'appui technique et une accessibles aux • TG. POL5 : Offrir des incitations fiscales équipe multidisciplinaire composée de 13 populations rurales / des subventions pour des spécificités institutions de l'Etat, d'Organisations de la ciblées pour d'arbres adaptées aux conditions locales Société Civile, et de partenaires techniques l'amélioration des • TG. IKM3 : Promouvoir la gestion et financiers. pratiques NBS et durable des terres et les pratiques des interventions agroécologiques climatiques. 4 Faciliter l'accès à l'assistance technique et Grande complexité Permettre aux financière pour les agriculteurs qui passent petits producteurs à des systèmes agroforestiers Les systèmes actuels offrent la possibilité d'accéder aux d'utiliser les ressources en biomasse et services de • TG. IKM4 : Élaborer des programmes le secteur du bois-énergie de manière vulgarisation de renforcement des capacités adaptés plus efficace afin de soutenir la transition pour renforcer aux besoins des agriculteurs, en mettant vers une économie à faible émission de leurs capacités l'accent sur la sélection des arbres, la carbone. La faiblesse des capacités et des et d'accéder aux plantation et la gestion, l'intégration des connaissances dans ce domaine et les marchés du crédit cultures et du bétail et la commercialisation mécanismes de financement du carbone carbone dans les des produits agroforestiers changeront la donne, mais nécessitent paysages agricoles • TG. IKM5 : Promouvoir une tarification des changements au niveau politique par ciblés par le NBS. équitable du carbone pour l'agriculture l'établissement de cadres juridiques, des durable et l'agriculture régénératrice investissements dans le développement dans le cadre de l'initiative plus large de d'opportunités de financement du carbone la stratégie Global Gateway et le renforcement des capacités. • TG. IKM 6 : Mettre en place une taxe carbone nationale fonctionnelle et bien conçue afin de réduire les distorsions potentielles introduites par d'autres instruments fiscaux PERSPECTIVES ECONOMIQUES : 62 Renforcer la résilience REFERENCES Afonso, António, Christiane Nickel et Philipp Diwediga, Badabate, Quang Bao Le, Sampson K. Rother. 2006. "Consolidations fiscales dans Agodzo, Lulseged D. Tamene, et Kperkouma les pays d'Europe centrale et orientale". Wala. 2018. "Modélisation de la réponse de l'érosion des sols aux scénarios de gestion Alesina, Alberto, et Silvia Ardagna. 2010. 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