63253 Perspectives Volume 3 | juin 2011 économiques mondiales Une reprise sur fond de perturbations Banque mondiale Volume 3 | Juin 2011 La Banque mondiale © 2011 La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/ La Banque Mondiale 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone: 202-473-1000 Internet: www.worldbank.org Email : feedback@worldbank.org Tous droits réservés. 1 2 3 4 13 12 11 10 Le présent volume est produit par le personnel de la Banque Internationale pour la reconstruction et le développement / la Banque Mondiale. Les conclusions et interprétations exprimées dans le ce volume ne reflètent pas nécessairement les opinions des Directeurs exécutifs de la Banque Mondiale ou des gouver- nements qu'ils représentent. La Banque Mondiale ne garantit pas l'exactitude des données fournies dans ce document. Les frontières, couleurs, libellés et autres informations fournies sur les cartes de ce docu- ment ne sous-entendent pas de jugement de la part de la Banque Mondiale concernant le statut juridique d'un territoire ou l'adhésion ou l'acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le contenu de cette publication est protégé par des droits d'auteur. La copie et/ou la transmission de tout ou partie de ce travail sans autorisation peut constituer une violation de la loi en vigueur. La Banque in- ternationale pour la reconstruction et le développement/ la Banque Mondiale encouragent la publication de ce travail et donneront normalement la permission, dans les meilleurs délais, de reproduire des parties de ce travail. Pour obtenir la permission de photocopier ou réimprimer une partie de ce travail, veuillez envoyer une demande accompagnée d'informations complètes au Copyright Clearance Center Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, États-Unis, téléphone : 978-750-8400; fax : 978-750-4470; Internet : www.copyright.com. Toutes les autres demandes de droits et de licences, y compris les droits subsidiaires, doivent être adres- sées à Office of the Publisher, la Banque Mondiale, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, États- Unis. fax : 202-522-2422; e-mail: pubrights@worldbank.org. Perspectives économiques mondiales Une reprise sur fond de perturbations Juin 2011 3 Remerciements Ce rapport a été produit par les services du Groupe des perspectives de développement, relevant de la Vice- présidence Économie du développement de la Banque mondiale. Ses principaux auteurs sont Andrew Burns et Elliot (Mick) Riordan. Le projet était géré par Andrew Burns, sous la direction de Hans Timmer avec l’appui de Justin Yifu Lin. Plusieurs personnes ont apporté une importante contribution au rapport. L’équipe de modélisation et des statistiques était diri- gée par Theo Janse van Rensburg assisté d’Irina Kogay, Sabah Zeehan Mirza et Betty Dow. Les projections, les descriptions régionales et les annexes sur des sujets particuliers ont été préparées par Dilek Aykut (Finances), John Baffes (Produits de base) Annette De Kleine (Asie du Sud), Allen Dennis (Afrique subsaharienne, Commerce inter- national), Eung Ju Kim (Finances), Theo Janse van Rensburg (Asie de l’Est et Pacifique), Elliot (Mick) Riordan (Moyen-Orient et Afrique du Nord), Cristina Savescu (Amérique latine et Caraïbes , Inflation et production indus- trielle), Shane Streifel (Matières premières) et Lucio Vinhas de Souza (Europe et Asie centrale). Les projections régionales et les annexes ont été produites en coordination avec les équipes-pays, les directeurs-pays, et les bureaux des économistes en chef régionaux et des directeurs du PREM. Le projet a particulièrement bénéficié des précieux conseils et apports de nos collègues de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord au cours de cette période volatile et incertaine. Les prévisions à court terme du cours des produits de base ont été préparées par John Baffes, Betty Dow et Shane Streifel. Les prévisions de remises ont été faites par Sanket Mohapatra. La publication en ligne qui l’accompagne, Prospects for the Global Economy (perspectives pour l’économie mon- diale), est l’œuvre d’une équipe dirigée par Nadia Islam Spivak et Sarah Crow, et est composée de Betty Dow, Au- gusto Clavijo, Kathy Rollins et Sachin Shahria avec l’appui technique de David Horowitz. Le processus de traduc- tion a été coordonné par Jorge del Rosario (français et espagnol) and Li Li (chinois). Rebecca Ong et Merrell Tuck-Primdahl se sont chargés des relations avec les médias et de la diffusion. Hazel Maca- dangdang ont dirigé le processus de publication. Plusieurs relecteurs ont fait part de bon nombre de conseils et de commentaires. En faisaient partie Otaviano Canu- to, Jorg deCressin, Doerte Doemeland, Shahrokh Fardoust, Marianne Fay, Kalpana Kochlar, David Rosenblatt, Ser- gio Schmukler, Phil Suttle, Hans Timmer, Robert Townsend et Volker Trichiel. 4 Perspectives économiques mondiales de juin 2011 : Une reprise sur fond de perturbations Overview & main messages Présentation et principaux messages de se consolider à 3.6 % tant en 2012 qu’en 2013 4,8, 4,3, 4,4 et 4,5 % après consolidation La crise financière mondiale n’est plus la sur la base des parités de pouvoir d’achat force principale imprimant le rythme de respectivement de 2010 à 2013) (tableau 1). l’activité économique dans les pays en développement. La majorité des pays en  Les politiques de rigueur et le tremblement développement ont retrouvé ou sont près de de terre au Japon, entre autres facteurs, retrouver des niveaux d’activité correspondant à devraient ramener la croissance des pays à leur potentiel. En conséquence, la productivité haut revenu à 2,2 % en 2011. Ultérieurement propre au pays et les facteurs sectoriels sont l’expansion devrait se stabiliser aux désormais les vecteurs majeurs de soutien de la alentours de 2,6 % en 2012 et 2013 lorsque croissance. les effets négatifs des consolidations budgétaires des secteurs des ménages, de la La politique macro-économique des pays en banque et de l’État commenceront à développement devrait désormais s’orienter s’estomper et que la reconstruction au Japon sur la recherche d’améliorations de s’intensifiera. productivité à moyen terme, la maîtrise des pressions inflationnistes et la reconstitution  À mesure que les pays comblent leurs des matelas fiscaux et monétaires qui ont retards, la croissance mondiale des pays en permis à la plupart des pays en développement devrait ralentir tout en développement de passer dans d’aussi bonnes restant soutenue à un rythme annuel de 6.2- conditions au travers de la crise. En revanche, 6.4 % pour la période de 2011 à 2013, l’activité dans les pays européens à haut revenu globalement conforme au taux de croissance et dans certains pays européens en potentiel de ces pays. Ces bonnes développement continue à être entravée par les performances ont une forte assise, avec une opérations de restructuration du secteur de la prévision de croissance pour les pays hors banque, de la fiscalité et des ménages au BRIC de 4.5 %, soit 3 % ou plus en termes lendemain de la crise. de revenu par habitant. Le tremblement de terre et le tsunami au Japon et La croissance vigoureuse de la demande l’agitation politique au Moyen-Orient et en intérieure des pays en développement a Afrique du Nord ont contribué à un léger soutenu la production dans les pays à haut ralentissement de la production industrielle et du revenu mais a mis en relief les contraintes de commerce mondiaux. Néanmoins l’activité se capacité sur certains marchés intérieurs et sur développe nettement plus vite que la tendance à les marchés mondiaux de l’énergie et des long terme. Les indicateurs mettent en évidence métaux. Les pays à bas et moyen revenu ont un ralentissement encore plus prononcé au cours représenté 46 % de la croissance mondiale en du deuxième trimestre 2011, l’expansion 2010), et plus que toute l’augmentation de la ralentissant jusqu’à atteindre un rythme plus consommation mondiale de pétrole et de métaux durable. au cours des 5 dernières années, contribuant de manière significative à la hausse de l’inflation Les prévisions indiquent que la croissance mondiale. D’autre part, des politiques encore mondiale devrait demeurer vigoureuse de 2011 à relativement laxistes et des flux de crédit 2013. Après avoir atteint 3,8 % en 2010, le PIB abondants ont alimenté les pressions mondial devrait ralentir à 3,2 % en 2011 avant Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Tableau 1 Sommaire des perspectives mondiales (variation en pourcentage par rapport à l'année précédente, sauf pour les taux d'intérêt et le prix du pétrole) 2009 2010e 2011p 2012p 2013p Situation mondiale Volume du commerce mondial (GNFS) -11.0 11.5 8.0 7.7 7.7 Prix à la cons ommation a,b -0.2 1.2 1.9 1.7 1.9 Pays du G-7 États -Unis -0.3 1.6 2.2 2.1 2.5 Prix des produits de bas e (en dollars ) Produits de bas e non énergétiques -24.1 27.6 20.7 -12.0 -9.4 Prix du pétrole (USD/baril) c 61.8 79.0 107.2 102.1 98.7 Prix du pétrole (variation en pourcentage) -36.3 28.0 35.6 -4.8 -3.3 d -5.6 2.5 4.9 -3.2 0.3 Valeur unitaire des exportations de produits manufacturés Taux d’intérêt $, à 6 mois (%) 1.2 0.5 0.7 1.2 2.2 €, à 6 mois (%) 1.5 1.0 1.6 2.1 2.4 Apports nets de capitaux interationaux aux pays en développement (% du PIB) Pays en développement Apports nets publics et privés 3.9 4.8 Apports nets privés (dette+capitaux) 3.4 4.4 3.9 3.8 3.8 As ie de l’Es t et Pacifique 3.6 5.0 4.2 3.8 3.6 Europe et As ie centrale 2.2 3.5 4.0 4.1 3.9 Amérique latine et Caraïbes 3.7 4.8 4.3 4.2 4.1 Moyen-Orient et Afrique du Nord 2.7 2.3 0.3 1.7 2.1 As ie du Sud 4.2 3.8 4.8 4.5 4.5 Afrique s ubs aharienne 3.9 3.7 3.9 4.2 5.0 e Croissance réelle du PIB Monde -2.2 3.8 3.2 3.6 3.6 f -0.8 4.8 4.3 4.4 4.5 Élément du mémorandum : Monde (pondérations PPA) Pays à revenu élevé -3.4 2.7 2.2 2.7 2.6 Pays de l’OCDE -3.5 2.6 2.1 2.6 2.5 Zone euro -4.1 1.7 1.7 1.8 1.9 Japon -6.3 4.0 0.1 2.6 2.0 États -Unis -2.6 2.8 2.6 2.9 2.7 Pays non membres de l’OCDE -1.9 4.2 4.3 4.8 4.9 Pays en développement 1.9 7.3 6.3 6.2 6.3 As ie de l’Es t et Pacifique 7.4 9.6 8.5 8.1 8.2 Chine 9.1 10.3 9.3 8.7 8.8 Indones ie 4.6 6.1 6.3 6.5 6.5 Thaïlande -2.3 7.8 3.7 4.2 4.3 Europe et As ie centrale -6.4 5.2 4.7 4.4 4.6 Rus s ie -7.8 4.0 4.4 4.0 4.1 Turquie -4.8 8.9 6.1 5.1 5.3 Roumanie -7.1 -1.2 1.6 3.7 4.0 Amérique latine et Caraïbes -2.1 6.0 4.5 4.1 4.0 Bres il -0.7 7.5 4.2 4.1 3.8 Mexique -6.1 5.5 4.4 4.1 4.2 Argentina 0.9 9.2 6.3 4.2 4.3 Moyen-Orient et Afrique du Nord 2.8 3.1 1.9 3.5 4.0 g 4.7 5.2 1.0 3.5 5.0 Égypte Iran g 0.1 1.0 0.0 3.0 3.0 Algérie 2.4 3.3 3.7 3.6 3.5 As ie du Sud 6.2 9.3 7.5 7.7 7.9 g, h 9.1 8.8 8.0 8.4 8.5 Inde g 3.6 4.1 2.5 3.9 4.3 Pakis tan Banglades h g 5.7 5.8 6.2 6.4 6.6 Afrique s ubs aharienne 2.0 4.8 5.1 5.7 5.7 Afrique du Sud -1.8 2.8 3.5 4.1 4.4 Nigéria 6.7 7.9 7.1 7.5 7.3 Kenya 2.4 3.4 6.7 8.1 7.8 Éléments du mémorandum Pays en développement À l’exclus ion des pays en trans ition 3.1 7.8 6.5 6.4 6.5 À l’exclus ion de la Chine et de l’Inde -1.8 5.5 4.5 4.5 4.6 Source : Banque mondiale. Note : PPA = parité de pouvoir d’achat ; e = es timation ; f = prévis ion. a. Allemagne, Canada, États -Unis , France, Italie, Japon et Royaume-Uni. b. En monnaies nationales , taux agrégés au moyen des coefficients de pondération du PIB en 2005. c. Moyenne s imple des prix du Dubaï, du Brent et du Wes t Texas Intermediate. d. Indice de la valeur unitaire des exportations de produits manufacturés des principales économies , exprimées en dollars . e. Taux de crois s ance globaux évalués s ur la bas e des pondérations du PIB en dollars cons tants de 2005. f. Évaluée s ur la bas e des parités de pouvoir d’achat de 2005. g. Conformément à la pratique en vigueur dans ces pays , les données fournies s ur l’Égypte, l’Iran, l’Inde, le Pakis tan et le Banglades h s e rapportent à l’année budgétaire ; en termes de données pour l’année civile, la crois s ance du PIB pour ces pays s ’établit comme indiqué dans le tableau figurant à droite. h. PIB réel aux prix du marché. Les taux de crois s ance calculés avec le PIB réel au coût des facteurs , habituellement publiés en Inde, ont tendance à être plus élevés et s ont, pour les années 2009-10 : 8,0 ; 8,5 ; 8,2 ; 8,5 et 8,6 %. Pour plus de détails , s e reporter au tableau SAR.1 dans l’annexe régionale et à la mis e à jour économique pour l’As ie du Sud (http://go.worldbank.org/http://go.worldbank.org/6U6YVG1SZ0). 2 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 inflationnistes internes et la bulle immobilière de pays. Depuis juin 2010, les prix de dans certains pays à revenu moyen. denrées alimentaires locaux dans les pays en développement ont augmenté Tant la politique monétaire que la politique de 7,6 %, beaucoup moins que la fiscale dans les pays en développement vont poussée de 43 % des prix devoir être resserrées rapidement pour internationaux en dollars, et les prix limiter ces pressions. Quoique la politique devraient s’assagir dans la deuxième macroéconomique soit en cours de resserrement, moitié de 2011 et en 2012/2013. accélérer le rythme en matière de politique Cependant, si les récoltes sont monétaire et fiscale et de flexibilité des taux de décevantes ou si les prix du pétrole change peut s’avérer nécessaire pour éviter la s’envolent (facteur déterminant côté surchauffe et maîtriser l’inflation. Un coût du prix des denrées alimentaires), resserrement plus énergique contribuerait l’effet à retardement des prix également à restaurer les amortisseurs de la internationaux élevés pourrait politique macro-économique qui ont permis si provoquer une augmentation efficacement aux différents pays de contrecarrer supplémentaire du prix des denrées les effets cycliques de la crise financière. alimentaires, avec des impacts négatifs importants sur la pauvreté dans Bien qu’une croissance vigoureuse sous beaucoup de pays en développement. l’impulsion des pays en développement soit l’hypothèse la plus probable pour l’avenir, les  Les craintes concernant la viabilité prix élevés des denrées alimentaires, d’autres budgétaire des pays à revenu élevé pics du prix du pétrole, des difficultés persistent. De forts déficits fiscaux et une prolongées post-crise dans les pays à haut augmentation de la dette souveraine posent revenu engendrent des risques de des problèmes à moyen terme pour un grand ralentissement. nombre de pays de l’OCDE (la dette souveraine brute devrait atteindre 103 % du  Une nouvelle hausse des cours des PIB de l’OCDE en 2012). Même si les produits alimentaires et du carburant ne mesures prises par les autorités pour peut pas être exclue. Même si les cours résoudre les problèmes à court terme dans peuvent diminuer, l'offre reste tendue. l’euro-zone devaient éviter de déboucher sur  Une détérioration des conditions au une crise aiguë, la crise de confiance telle Moyen-Orient et en Afrique du Nord qu’elle est envisagée dans les scénarios des pourrait peser sur la croissance tests de stress de la BCE pourrait avoir des mondiale. Si les prix du pétrole conséquences négatives importantes (mais devaient monter brusquement et maîtrisables) pour les pays en durablement, soit en raison de développement. l’incertitude accrue ou d’une rupture  D’autres contraintes peuvent émerger sur significative de l’offre de pétrole, la le plan financier, à mesure que la croissance mondiale pourrait chuter de politique monétaire dans des pays à haut près de 0,5 points de pourcentage. revenu commence à se resserrer. À mesure  De mauvaises récoltes en 2011/2012, de la hausse des taux d'intérêt courts et longs ou une seconde forte hausse des cours et des coûts de refinancement, les bilans des du pétrole, pourrait entraîner une banques et des entreprises pourraient subir progression sensible des cours des de nouvelles pressions, nécessitant ainsi de produits alimentaires au sein des pays nouvelles mesures d'assainissement. en voie de développement, avec de graves conséquences sur la pauvreté. Le reste du présent rapport est organisé comme suit. La section suivante aborde les évolutions  Les prix des denrées alimentaires sur récentes de la production mondiale, du les marchés intérieurs peuvent être commerce, de l'inflation et des marchés sous pression à la hausse dans nombre financiers, et donne une mise à jour des prévisions de la Banque mondiale concernant 3 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 1 La production industrielle a été plus volatile que la demande mondiale La production industrielle mondiale ralentit à nouveau La rotation des stocks des produits manufacturés rend la produc- tion industrielle plus volatile que la demande sous-jacente 6 20 Production industrielle, variation en %, 3 mois/3 mois, taux annuel désaisonnalisé À gauche, PIB 20 4 15 15 10 2 10 5 5 0 À droite, 0 0 production industrielle -2 -5 -5 Pays en développement -4 Croissance réelle du PIB, variation -10 Pays à revenu élevé -10 d’un trimestre à l’autre, désaisonnalisé. -15 Monde -6 Échantillon de 50 pays à haut revenu -15 -20 et pays en développement. -8 -20 -25 -30 -10 -25 2009M01 2009M05 2009M09 2010M01 2010M05 2010M09 2011M01 T1-2008 T3-2008 T1-2009 T3-2009 T1-2010 T3-2010 T1-2011 Source : Banque mondiale, Thomson/Reuters. l'économie mondiale et les pays en voie de Après avoir marqué une pause au cours du développement. Elle est suivie par une troisième trimestre 2010, la production discussion plus détaillée sur certains risques et industrielle dans les pays à haut revenu et en tensions dans l'environnement actuel, et par une développement a progressé de plus de 15 % en brève section de conclusion. Dans plusieurs taux annualisé (3 mois/3 mois, désaisonnalisé) annexes les questions régionales et sectorielles vers la fin de 2010. La production a commencé sont abordées de manière beaucoup plus de nouveau à ralentir au cours du premier détaillée. trimestre 2011 (premier volet, figure 1) Le fléchissement récent de la croissance de la Récentes évolutions économiques production industrielle dans les pays à haut Le redressement mondial s’est poursuivi revenu et dans le monde d’un rythme annualisé 3 vigoureusement au cours des derniers mois de mois/3 mois de 15 % en avril à 9 % en mars 2010 et au début 2011. Une demande intérieure reflète le déclin de 15 % de la production soutenue dans les pays en développement, une japonaise en mars et des déclins du même ordre politique macroéconomique encore relativement enregistrés en Égypte et en Tunisie. À laxiste, le faible effet de ralentissement sur la l’exclusion de ces pays, le régime de croissance croissance d’un secteur financier en du reste du monde a été de 10,3 %, bien convalescence et une situation meilleure sur le supérieur à la tendance à plus long terme d’un marché du travail dans plusieurs pays à haut revenu a contribué à contrecarrer l’effet d’un peu moins de 3 %. resserrement progressif des politiques monétaires et fiscales, de la hausse des cours des Parmi les pays en développement, produits de base, de l’agitation politique au l’accroissement de la production a été général Moyen-Orient et en Afrique du Nord et de la mais sensiblement inégal, avec des augmentation catastrophe naturelle et nucléaire au Japon. de la production de 19 % en Asie de l’Est et dans la région Pacifique au cours du premier trimestre Le redressement de l’activité industrielle 2011 (désaisonnalisé), ce taux a plus tard dérapé progresse modérément pour redescendre à 15 % en avril ; en Amérique latine et dans les Caraïbes, la croissance a Récentes évolutions dans la production maintenu un rythme de 10 %. En revanche, les industrielle… (http:// pays d’Europe et d’Asie centrale en go.worldbank.org/6J3VPK07S2). développement ont connu un effondrement de 4 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Encadré 1. Effet à court terme de la catastrophe du Japon D'après les estimations officielles, les dommages provoqués par le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars coûteront entre 3 et 5 % du PIB japonais, impactant directement une région qui représente 4 % du PIB japonais et 4,5 % de sa population. Quelques 450 000 personnes se sont retrouvées sans abri, et plus de 20000 sont décédées. Impacts des tremblements de terre en 1995 à Kobé et en Même si sous certains aspects, ce désastre est similaire en 2011 à Tohoku ampleur au tremblement de terre de Kobe en 1995, des Envergure de la tragédie Kobé Tohoku 17-Jan-95 11-Mar-11 différences importantes sont à noter, notamment la crise Intensité de la secousse (échelle de Richter) 7.3 9.1 Vies perdues 6,434 15,202 nucléaire, le nombre supérieur de victimes et les dom- Disparus 8,718 mages matériels attribuables au tsunami (voir tableau Sans-abris des dégâts (% du PIB) Montant estimé 300,000 2.5 450,000 4.5 dans l'encadré). La catastrophe a en particulier endom- de production) Perturbations initiales du réseau d’électricité (% de la capacité 7.3 magé 7,3 % environ des ressources en électricité du Ja- Perturbations à moyen terme du réseau d’électricité (% de la 3.8 pon, avec près de 3,8 % imputables à des interruptions de capacité de production) Croissance de la production industrielle (mois de la -0.1 -15.3 la production thermique et 3,5 % de la production nuclé- catastrophe) Taux de croissance trimestriel du PIB (trimestre de la 2.9 -3.7 aire. En outre environ 2 % des sous-stations de distribu- catastrophe) tion du pays ont été endommagées (tableau). La perte de Source : Banque mondiale ; divers rapports de presse et esti- mations officielles. capacité thermique devrait être totalement récupérée en mai, alors que la perte de capacité nucléaire devrait être permanente. Actuellement, la capacité de production de la région de Tokyo, qui représente environ 40 % du PIB japonais, excède le niveau de la demande de près de 20 %, en partie en raison d’efforts volontaires de conservation. Au plus fort de la crise, la capacité a été réduite de 40 %. TEPCO prévoit désormais de disposer d'une capacité de 55 millions de KW/heure d'ici la fin juillet, soit environ 87 % du pic de la demande en été. Pour le Japon dans l’ ensemble, le déficit projeté représente 3,8 % de la capacité de production (TEPCO, 2011). Bien que le désastre de Kobe ait eu un impact limité sur la Kobe n’a pas eu d’incidence notoire sur la croissance croissance du PIB japonais, la crise actuelle devrait peser Croissance du PIB japonais avant et après Kobé plus fortement sur la croissance. A la suite du désastre de Pourcentage Croissance trimestrielle 7 Tremblement de terre de Kobé,11 janvier 1995 Kobe, la production industrielle a légèrement reculé. Les 6 (désaisonnalisée) croissance annuelle importations et les exportations ont reculé de 2 % en deux 5 4 mois, avant de rebondir lors du troisième mois et la crois- 3 sance du PIB lors du trimestre du tremblement de terre a 2 été atone mais positive - essentiellement en raison d'une 1 0 hausse soutenue des dépenses publiques de 1 à 2 % du -1 PIB. En conséquence, la croissance du PIB est ressortie à -2 1,9 %, soit un point de plus que l'année précédente et envi- -3 -4 ron 0,4 % de plus que les estimations du potentiel produc- T1 1993 T3 1993 T1 1994 T3 1994 T1 1995 T3 1995 T1 1996 T3 1996 tif de l'économie à cette époque (voir schéma). Source : Office japonais de statistiques. Les impacts du désastre de cette année sont plus graves. La production industrielle du mois de mars est ressortie en baisse de 15 % par rapport à février, notamment en raison de la perturbation de la production électrique et du reflux des dépenses de consommation lors des premières semaines suivants la crise. Les ventes au détail du mois de mars ont chuté de 8,5 % sur un an tandis que les ventes de machines et d’équipements diminuaient de 17 %. Dans l'industrie automobile, les perturbations devraient durer jusqu'à la fin du second trimestre 2011, réduisant potentiellement la production de 50 %. Le PIB a chuté de 3,7 % selon les estimations au cours du trimestre et il règne une forte incertitude, beaucoup d’opérateurs prévoyant désormais un recul supplémentaire du PIB de 3 à 7 % au cours du deuxième trimestre (en taux annualisés), avant que les efforts de reconstruction parviennent à surpasser les effets de la déstabilisation économique et fassent re- bondir la croissance. Jusqu'à aujourd'hui, les impacts régionaux ont été limités dans la mesure où la croissance du premier trimestre a fléchi de près de 0,5 point de pourcentage dans les pays avec lesquels le Japon entretient les relations commerciales les plus étroites (Malaisie, Vietnam et Thaïlande). Si la situation nucléaire se détériorait ou si la pollution d’origine nucléaire déjà subie exigeait de faire de gros ef- forts pendant une période prolongée, des incidences à plus long terme pourraient être envisagées. Prenant Tcherno- byl comme modèle (une zone d’exclusion de 50 kilomètres a été mise en place, environ 400 000 personnes se- raient déplacées de manière permanente, et près de [3] % de la production agricole japonaise serait perdue (4 % de la production japonaise et 0,1 % de la production mondiale de riz) 5 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 leur rythme de croissance de 10 % en mars à montre que la demande globale a continué à 3,8 % en avril (désaisonnalisé). Bien que la augmenter au cours de la deuxième partie de production en Asie du Sud ait marqué le pas au 2010 et du premier trimestre 2011, mais à un quatrième trimestre 2010, elle a repris force et rythme moins élevé et plus durable vigueur au premier trimestre, pour atteindre un qu’antérieurement. La stabilité relative de la taux de 9 %. Les données pour l’Afrique demande en regard de la production industrielle subsaharienne sont clairsemées mais indiquent reflète en partie le tourbillon des effets que la production industrielle progressait au collatéraux de la crise sur l’achat de biens rythme modeste de 2,1 % à la fin de 2010 dans durables et de biens d’investissement, mais la les 4 pays de l’Afrique subsaharienne pour pause de la mi-2010 marquée dans l’activité lesquels des données de production industrielle industrielle correspond également à une chute sont disponibles. nette des inventaires. Une première période de déstockage pendant la phase aiguë de la crise a Sur la base de récentes statistiques limitées sur la entraîné une reprise rapide de l’activité pour production industrielle au Moyen-Orient et en répondre à une demande graduellement Afrique du Nord, la crise politique dans la région croissante et pour reconstituer les stocks. Ce a eu un impact significatif sur l'activité. En restockage a peut-être surestimé la demande, ce Tunisie la production a chuté de 17 % entre qui a entraîné une pause dans la croissance de décembre 2012 et février 2011, mais a repris 8 % l’activité industrielle en milieu d’année. Or lors en mars. En février 2011, l’activité industrielle du 4e trimestre 2010, la demande s'est redressée en Égypte était en baisse de 20 % par rapport à et la croissance de l'activité industrielle s'est ses niveaux de décembre 2011 et de 14,4 % par accélérée une nouvelle fois. rapport à ce qu’elle était un an avant. Le commerce mondial s'est également Les données post-tremblement de terre pour le redressé Japon indiquent une chute notoire de l’activité dans ce pays. La production industrielle a Reflétant la part élevée des produits diminué de 15,3 % en mars sur une base corrigée manufacturés dans le commerce mondial, le des variations saisonnières tandis que la redressement des volumes d’exportation et demande des consommateurs reculait également d’importation de marchandises à l’échelle en raison des efforts déployés pour économiser mondiale a également connu une pause vers la l’énergie et modérer la consommation par mi 2010, mais a désormais repris un rythme de solidarité avec les victimes de la catastrophe. Les croissance modéré à rapide dans l’ensemble des ventes au détail en mars ont été de 8,5 % pays. inférieures à celles de l’année précédente, alors que les ventes de machines et d’équipement ont Mais la demande des pays en développement a chuté de 17 %. Les estimations globales représenté plus de 50 % de l’augmentation des préliminaires donnent à penser que le PIB volumes globaux d’importation (premier volet, diminué de 3,7 % au cours du deuxième figure 2). Le niveau soutenu des dépenses trimestre 2011 (désaisonnalisé), bien qu’une d'importations des pays en voie de bonne partie de ce déclin semble être imputable développement traduit en partie la croissance de à une réduction des stocks (encadré 1). la demande au sein de ces économies. Les ventes mondiales au détail ont affiché des taux de La progression de la demande mondiale a croissance positifs de 7 à 10 % (3 mois/3 mois, été plus stable désaisonnalisé), pour les 20 derniers mois, dépassant celles des pays à haut revenu d’un Le redressement de la demande globale a été facteur de 2 (deuxième volet, figure 2). Les plus stable que celui de la production industrielle principaux bénéficiaires de l’accroissement de la (second panel, figure 1). Le PIB pour les 50 pays demande pour les produits marchands ont été les à haut revenu et en développement pour lesquels pays à haut revenu dont les exportations des données trimestrielles sont disponibles 6 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 2. Les importations des pays en développement consécutives à leur forte demande intérieure sont un facteur majeur du rebond des échanges commerciaux trade Contributions à la croissance des importations mondiales Croissance des ventes au detail de marchandises % de variation, 3 mois/3 mois, désaisonnalisé Pondéré par le PIB 3 mois/3 mois, désaisonnalisé, 35 pourcentage en variation annuelle Reste des pays en développement 25 30 Chine Allemagne 20 25 États-Unis 20 15 Reste des pays à haut revenu 15 Monde 10 10 5 5 0 0 Chine -5 -5 Pays à revenu élevé Pays en développement (hors Chine) -10 -10 2010M01 2010M03 2010M05 2010M07 2010M09 2010M11 1-janv.-06 1-janv.-07 1-janv.-08 1-janv.-09 1-janv.-10 1-janv.-11 Source : Banque mondiale. Thomson Datastream. augmentaient au taux annualisé toujours élevé de par les exportations d’énergie), en Roumanie et 14 % au cours du premier trimestre 2011, donc en Turquie (investissements des pays d’Europe à inférieur aux 20 % atteints à la fin de 2010. haut revenu et demande des consommateurs) En Amérique latine et aux Caraïbes, les exportations Les exportateurs des pays en développement ont du Brésil s’étaient développées rapidement en également bénéficié du gonflement de la réponse à une demande asiatique forte et demande mondiale avec des volumes continue mais la croissance s’est ralentie à 12 % d’exportation progressant à un rythme annualisé en avril (désaisonnalisé). L’expansion a été de 12,1 % pour le trimestre échu fin mars 2011. moins vigoureuse en Argentine et au Chili. Les Les exportations de l’Asie du Sud ont été exportations globales de la région ont augmenté particulièrement soutenues, avec des volumes en au rythme annualisé de 9,3 % pendant le hausse de plus de 30 % par rapport à leur niveau trimestre échu fin mars 2011 (désaisonnalisé). de l’année précédente, sous l’impulsion des ventes à la Chine et au reste de l’Asie de l’Est. La production commerciale et industrielle a atteint des niveaux tendanciels, ou est Les exportations de l’Europe et de l’Asie près de s'en approcher centrale se sont développées rapidement, notamment en Russie, où elles ont progressé à Le redressement de la production industrielle a un rythme annualisé de plus de 17 % (soutenu hissé le niveau des pays en développement à plus Figure 3. La production industrielle a retrouvé ses tendances d’avant la crise dans beaucoup de pays en développement Production industrielle, août 2008 = 100 Pourcentage médian d’écart entre la tendance à long terme et à l'amplitude régionale 120 60 Pays en développement 115 40 110 20 105 3.2 4.4 0 2.5 0.7 -11.9 -9.2 100 -13.8 -20 95 -40 90 Pays à revenu élevé -60 85 Pays en développement Pays en Europe et Asie Moyen-Orient et Afrique Latin Am. & Asie du Asie de l’Est et développement centrale Afrique du Nord subsaharienne Caribbean Sud Pacifique (hors Chine) Amérique latine 80 et Caraïbes 2006M02 2006M11 2007M08 2008M05 2009M02 2009M11 2010M08 Source : Banque mondiale, Thomson/Datastream. 7 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 de 20 % au-dessus de son niveau d’avant la crise élevés de la période pré-crise et la sévérité de d’août 2008 (premier volet, figure 3) tandis que l’ajustement post-crise en cours dans ces pays. la production des pays à haut revenu se situe Le déficit du Moyen-Orient, de l’Afrique du actuellement à environ 2,5 % au-dessous de ce Nord et de l’Afrique subsaharienne est estimé à niveau et à environ 9 % au-dessous des pics de près de 10 % (reflétant en partie l’agitation février 2008 (les volumes d’échanges ont politique récente) alors que l’écart s’est réduit en également retrouvé leurs niveaux de pré-crise)1. Asie de l’Est et dans la région Pacifique, en Asie du Sud, en Amérique latine et dans les Caraïbes. La production industrielle en Chine est de plus de 40 % supérieure à ses meilleures valeurs de la Dans l’ensemble, le redressement est bien en période d’avant la crise et de 36 % pour la région cours dans nombre de pays en développement et de l’Asie de l’Est dans son ensemble. Après les contraintes de capacité industrielle sont avoir connu un boom pendant la première partie devenues de plus en plus pesantes. Les déficits de 2010, la croissance de la production en Asie de production de l’ensemble de l’économie pour du Sud a ralenti vers la fin de 2010. Néanmoins 2011, c’est-à-dire la différence entre les PIB réel la production est supérieure de 24 % à son et potentiel, devraient représenter moins d’un % niveau d’avant la crise. Dans les autres régions dans 72 pays, soit 64 % des pays en en développement, l’Europe et l’Asie centrale développement en dehors de l’Europe et de avaient éclipsé les niveaux de pré-crise de 5 % l’Asie centrale pour lesquels les données sont en mars tandis que la production de l’Afrique disponibles (figure 4). Les déficits de production subsaharienne se situe maintenant 2,5 % en parmi les pays à haut revenu sont plus dessous. importants, 45 % d’entre eux présentant un écart négatif de production de plus de 2 %. Par rapport aux niveaux de production prévus si une crise n'avait pas éclaté2, des écarts Hausse des prix internationaux du significatifs demeurent. Ces écarts sont carburant, des métaux et des denrées particulièrement importants parmi les pays à alimentaires revenu élevé, dans la mesure où ces économies Des informations plus détaillées concernant l’actualité ont été les plus directement touchées par la crise récente et les perspectives pour ces marchés figurent financière (second panel, figure 3). Parmi les dans l’annexe des produits de base. régions en développement, c’est en Europe et en Asie centrale que l’écart avec les tendances pré- La forte croissance du PIB et la disparition des crise est le plus grand (13,8 %), en partie excédents de capacité disponible dans les reflétant les taux de croissance anormalement principaux pays en développement ont contribué Figure 4 L'alourdissement des contraintes de capacité contribue à l’accélération de l’inflation dans certains pays In some countries, capacity constraints are contributing to (demand) inflation Projected output gaps, le PIB réel et potentiel en 2011) (% d’écart estimé entre in 2011 Source:: World Bank. Source Banque mondiale. 4 8 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Encadré 2. Une demande forte des pays en développement fait monter le prix des produits des in- dustries extractives La forte demande des pays en développement (notamment de la Chine) façonne les marchés des produits des in- dustries extractives et a contribué en faire monter les prix pendant la période après la crise. Les pays en développement représentent désormais près de la moitié de la demande mondiale de pétrole brut. L’augmentation de la demande de ces pays à eux seuls a été supérieure à l’augmentation nette de la demande totale de pétrole à l’échelle mondiale au cours des 5 dernières années (la demande de pétrole dans les pays à haut revenu de l’OCDE a atteint un pic au 4e trimestre 2005, avec une diminution à 3,7 mb/jour), alors que la demande de pétrole des pays en développement s’est accrue de plus de 4,1 % par an au cours des 5 dernières années. Les pays hors OCDE absorbent désormais 47 % de la production mondiale de pétrole, comparés aux 25 % en 1970, avec plus des deux tiers de ce volume allant à des pays autres que la Chine et l’Inde (leurs parts globales respectives sont de 10,4 % et 3,8 %). Les cours du pétrole brut ont commencé à grimper au cours du 4e trimestre 2010 en dépit d’une offre abondante et d’un excédent de capacité, stimulés par la demande soutenue des pays en développement et des prévisions de con- traction de l’offre dans l’avenir. Cette tendance s’est exacerbée vers la fin de l’année et en 2011. En effet, la crise politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a perturbé l’approvisionnement en pétrole de la région (notamment l’interruption des exportations de 1,3 mb/jour de pétrole brut libyen distillé 4 ) et a suscité des craintes de nouvelles perturbations dans la région. En dépit de nombreuses incertitudes, les pertes en volume générées par les troubles en Afrique du Nord ont pro- voqué une hausse du cours du baril de pétrole de 15 USD, d’après les estimations. En tablant sur l’absence d’autres perturbations de l’approvisionnement et sur une atténuation progressive des incertitudes suscitées par la situation politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les cours du pétrole devraient décliner au second se- mestre 2011, atteignant en moyenne 107 USD/baril sur l’année, et conserver leur tendance baissière en 2012 et 2013, pour se stabiliser au cours réel de 80 USD par baril en 2011, en phase avec l’équilibre entre l’offre et la de- mande à long terme. La demande chinoise domine les marchés des métaux. En 2009, la Chine a rattrapé l’OCDE en tant que plus gros consommateur de métaux au monde, absorbant désor- mais plus de 40 % de l’offre mondiale. La croissance de la demande chinoise en métaux au cours de la précédente décennie explique à elle seule la progression de l’intensité en métaux du PIB mondial (tonnes de métaux utilisés pour produire une unité de PIB). En 2004, la demande accrue de métaux a inversé une tendance de plus de 30 ans de déclin des métaux sur le PIB mondial en raison des changements technologiques intervenus et de la plus forte consommation de services (Banque mondiale, 2008). En dépit d’une forte baisse du cours des métaux et des minéraux lors de la crise financière, nombre d’entre eux affichent désormais des prix supérieurs à leurs pics antérieurs à la crise. Les cours ayant le plus progressé sont ceux des métaux dont l’offre est limitée, tels que le cuivre et l’étain (jusqu’à 460 et 590 % par rapport à leurs moy- ennes de 2000/2003). Malgré une croissance plus soutenue de la demande, les cours des autres métaux ont pro- gressé moins rapidement en raison d’une offre pléthorique (l’aluminium est notamment en progression de 86 % sur la même période en dépit d’une croissance plus forte de la demande). Les cours de plusieurs métaux semblent avoir atteint un point haut en février 2011, signe d’un ralentissement de la croissance de la demande, d’une augmentation des stocks et d’une offre abondante. Dans les rares cas où les cours futurs dépassent les prix spot, une importante proportion des stocks sont immobilisées dans le cadre d'accords de financement sur marchandises et ne sont pas disponibles sur le marché - ce qui a donné l'impression de tensions de marché tirant les cours à la hausse 5. Témoignant essentiellement de la hausse des prix déjà observée, les cours des métaux en 2011 devraient être en moyenne supérieurs de 17 % à ceux de 2010, avant de commencer à baisser en 2012, l’offre supplémentaire et la substitution côté demande apaisant les pressions de marché. Même si les marchés des métaux sont généralement moins concentrés que les marchés du pétrole (et donc moins ouverts à une tarification collusoire), l'offre future et les prix resteront sensibles aux conflits du travail et aux coûts de l'énergie. à la hausse forte des prix des métaux et du de 2010 (premier volet, figure 5) et dans les pétrole (encadré 2) pendant la deuxième moitié premiers mois de 2011. Les prix de l’énergie 9 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Encadré 3 - Comprendre la hausse récente des cours mondiaux des produits agricoles La hausse rapide des prix mondiaux des produits agricoles au second semestre 2010 et en 2011 est le résultat d'une combinaison de facteurs. Certaines produits de base agricoles sont utilisées comme matières premières. Or les con- traintes de demande et de capacité de ces matières premières ont augmenté au second semestre 2010, entraînant une forte hausse des prix, par exemple du coton (147 % depuis juin 2010) et du caoutchouc (158 %). La hausse du cours des produits alimentaires a été généralisée. Les matières grasses et les huiles ont représenté Contrairement au pic atteint par les cours des produits alimen- l’essentiel de la hausse des prix mondiaux des pro- taires en 2008, où plus de la moitié (48 %) de la hausse de l'in- duits alimentaires en 2010/2011 dice général des produits alimentaires fut attribuable à la hausse Contributions des céréales, des matières grasses, des huiles et du cours des céréales, cette fois-ci la hausse des matières des autres denrées alimentaires à la croissance annuelle selon l’indice international des prix alimentaires de la Banque mondiale grasses et du pétrole fut responsable de la plupart (40 %) de la (%) Autres produits alimentaires 80 hausse de l'indice consolidé. Les principaux facteurs de hausse Fats & OilsGraisses et huiles Céréales des cours des produits alimentaires négociés à l’échelle 60 mondiale au second semestre 2010 furent les mauvaises récoltes 40 de céréales et le faible niveau des stocks. Si la demande de pro- 20 duits alimentaires a continué d’augmenter, contribuant à une tension sur le marché, cette tendance n’a pas évolué et la crois- 0 sance de la demande de la plupart des grand groupes de produits -20 alimentaires diminue (voir encadré 4). -40 2005M01 2006M01 2007M01 2008M01 2009M01 2010M01 2011M01 La production mondiale de blé après la récolte de l’année 2010/2011 devrait diminuer de 5,3 %, essentiellement en raison Source : Banque mondiale. d’une pénurie de la production russe de 25 % et les ratios stock/ utilisation des grands pays exportateurs ont chuté à 25 %, bien en deçà de la moyenne de 30 % de la dernière dé- cennie (premier volet, figure 10).6 Les prix du maïs ont été également sous pression, la production mondiale ayant seulement augmenté de 0,2 % en 2011 et de 2,5 % au total au cours des 3 dernières années. A l'inverse, les cours du riz sont restés relativement calmes, variant dans une fourchette relativement étroite de $450-$550/tonne au cours des deux dernières années. Les cours mondiaux des produits alimentaires ont quelque peu fléchi ces derniers mois, témoignant notamment des prévisions d’une récolte normale en 2011/2012, bien que la volatilité reste une crainte, dans la mesure où les récoltes ne devraient pas être suffisamment importantes pour ramener les stocks à des niveaux confortables. La tension du marché a été accentuée par la demande de biocarburants, notamment le maïs pour l'éthanol aux États -Unis et les huiles alimentaires (essentiellement l'huile de colza) pour le biocarburant en Europe. Environ 30 % de la production américaine de maïs est affectée aux biocarburants, réduisant la disponibilité de ces denrées alimen- taires pour l’alimentation humaine et animale, et contribuant à la baisse des ratios stocks/utilisation à 15 % (par rapport à la moyenne historique de 20 %). 7 plus élevés ont à la suite provoqué une hausse pauvreté3— n'ont pas progressé autant qu'en des prix des engrais et de la production agricole, 2008, essentiellement en raison de la stabilité des qui combinés à des déficits d’approvisionnement prix internationaux du riz (second panel, figure sur plusieurs marchés ont provoqué une flambée 5). Depuis février, les cours des matières des prix des denrées alimentaires dans la premières se sont stabilisés ou inscrits en baisse, deuxième moitié de 2010 en dépit d’une signe d'un ralentissement de la demande et peut- demande qui ne s’est développée que être de prises de bénéfices des investisseurs graduellement (encadré 3). institutionnels. Les prix sont inférieurs aux points hauts précédents de 3 à 10 % concernant Début 2011, les cours des matières premières les principaux agrégats. agricoles négociés à l'échelle mondiale ont atteint des niveaux à peine inférieurs aux pics Si les crises de l’offre ont été un facteur observés lors de la crise alimentaire 2008. En explicatif important de la forte hausse des cours revanche, les prix des céréales - composante des céréales au second semestre 2010 (encadré alimentaire la plus importante sur le plan de la 3), la tendance haussière du prix des produits 10 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 5 Le prix des produits de base a recouvré l’essentiel des pertes subies depuis la crise financières Prix réels des matières, indice de référence jan. 2005 = 100, Prix réels des céréales, indice de référence jan. 2005 = 100 ajustés sur l’IPC des États-Unis 350 275 325 Énergie 250 300 Alimentation Riz 225 Métaux et minéraux 275 Blé 250 200 Maïs 225 175 200 150 175 125 150 125 100 100 75 75 50 50 janv.-05 déc.-05 nov.-06 oct.-07 sept.-08 août-09 juil.-10 janv.-00 janv.-01 janv.-02 janv.-03 janv.-04 janv.-05 janv.-06 janv.-07 janv.-08 janv.-09 janv.-10 janv.-11 Source : Banque mondiale. alimentaires et autres produits agricoles depuis le Dans la projection de base, les prix du blé, du début du siècle traduit notamment la hausse du maïs et du riz devraient diminuer en 2012 pour cours du carburant, des transports et des engrais atteindre à peu près le même niveau qu'en 2010. ainsi qu’une demande accrue en biocarburants (Timilsina and Shresha, 2010). Les prix locaux des produits alimentaires au sein des pays en voie de développement Généralement, une hausse soutenue de 10 % des n'ont pas autant augmenté que les prix prix de l’énergie entraîne une hausse de 2 à 3 % mondiaux de l'énergie à long terme des prix de la plupart des produits alimentaires (Baffes, 2010). Cette relation est En dépit de la récente hausse de 43 % du cours plus forte dans les pays à revenu élevé qui en dollar des matières premières agricoles utilisent notamment des technologies très négociées à l’échelle mondiale depuis juin 2010 consommatrices d’énergie, et moins forte dans et des problèmes posés par le prix des produits les pays qui utilisent moins de carburants et alimentaires dans plusieurs pays, les indices d’engrais, comme en Afrique subsaharienne. En généraux des prix des produits alimentaires au tenant compte de ces relations, la majeure partie sein des pays en développement ont beaucoup de la hausse de 58 % du prix moyen des produits moins progressé (7,6 % jusqu’en janvier 2011) alimentaires entre les périodes 1986/2003 et (figure 7). La moindre hausse des prix des 2004/2010 peut s’expliquer par la hausse de produits alimentaires au sein des pays en 245 % des prix du pétrole durant cette période (figure 6). Figure 6 Les prix plus élevés de l’énergie expliquent l’essentiel de la hausse de 58 % des prix agricoles Une fois que la composante « pénurie de l’offre depuis les années 90. à court terme » des cours élevés actuels des Prix des produits de base, indice de référence moyenne 1986-2003 = 100 produits alimentaires se dissipera, en supposant 600 Historiquement, une hausse de 10 % des prix (i) que les cours de l’énergie diminuent, comme pétroliers provoque une hausse de 2 à 3 % des prix alimentaires. 500 expliqué dans l’encadré 2 et (ii) que 2011/2012 Sur cette base, la hausse de 245 % des prix pétroliers depuis 2003 devrait provoquer une sera une année de récolte normale, alors les 400 hausse des prix alimentaires de 50 à 73 %. cours d’équilibre des produits alimentaires à 300 long terme devraient également diminuer au Hausse du pétrole 245 % cours des prochaines années. En revanche, les 200 cours des produits alimentaires devraient rester 100 sensiblement supérieurs à ceux de la fin des Hausse des prix alimentaires 58 % années 1990 - témoignant essentiellement de la 0 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 hausse des coûts des carburants et des engrais. Source: Banque mondiale. 11 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Encadré 4 - Tendances de la demande mondiale de produits alimentaires Global Tendances de la demande mondiale en pro- duits alimentaires de 1960 à 2030 La demande de produits alimentaires tend à être assez sta- Huiles de ble, en réaction à des facteurs évoluant lentement Population Céréales consommation Viandes (essentiellement la croissance de la population et des re- 1961-70 1971-80 2.0 1.8 2.9 2.3 4.6 4.4 3.8 3.2 venus). Son taux de croissance ne s'est pas accéléré ces 1981-90 1.7 2.3 3.9 2.7 1991-2000 1.4 1.3 2.4 2.7 derniers temps. En effet, la demande mondiale des grands 2000-08 1.4 1.1 2.7 2.0 groupes de produits alimentaires a ralenti au cours des 50 2009-19f 1.4 1.4 2.9 2.1 dernières années. Cette tendance devrait se poursuivre à Source : Banque mondiale, FAO, OCDE. f = Prévision mesure que la croissance de la population ralentit et que de la FAO-OCDE (viande = moyenne simple de la crois- diminue l'augmentation de la demande par habitant imput- sance pour les poulets 2,4 % et les autres viandes 1,7 %). able à la hausse des revenus. La consommation de céréales par habitant (directe et La demande par habitant de produits alimentaires tend à indirecte) s’accroît avec le revenu augmenter avec la hausse des revenus bien que cette de- mande tende à se stabiliser une fois que le revenu atteint un 1,000 certain seuil par habitant. S'agissant des céréales Grain Consumption per capita ( Kg ) Consommation de céréales par habitant (kg) (notamment la demande indirecte pour produire de la vi- 367 ande), la majorité de la population mondiale a déjà atteint China Brazil Russia le niveau auquel la demande par habitant se stabilise. La India demande en viandes continue à progresser plus vite que la 135 population mais le différentiel diminue à mesure que la consommation de viande de la majorité de la population 45 mondiale se rapproche des points hauts. Seule la demande d'huiles alimentaires continue de progresser beaucoup plus rapidement que la population. Cette tendance devrait se 18 0.4 1.1 2.9 8.1 22.0 59.8 poursuivre au cours des vingt prochaines années environ, GDP per capita (1,000 PPP $) PIB par habitant (en milliers USD PPA) les populations les plus pauvres pouvant de plus en plus Remarque : Courbe ajustée sur une échelle logarithmique. Note : Curve fitted on a log scale. s'acheter des aliments emballés et préparés, très riches en huiles alimentaires. Les taux de croissance légèrement Source : Banque mondiale, FAO. supérieurs des céréales et des huiles alimentaires prévus pour cette décennie témoignent de l'affectation de certains de ces produits aux biocarburants7 — la demande de produits alimentaires attribuable aux biocarburants devrait progresser rapidement de 2010 à 2019. développement est le résultat de plusieurs  Si les prix internationaux sont fournis en facteurs (voir annexe sur les matières premières). USD, le billet vert se déprécie par rapport à la plupart des devises des pays en voie de développement (en baisse de 9 % en termes Figure 7. Les prix locaux des produits alimentaires au effectifs nominaux depuis juin 2010). Ainsi, sein des pays en développement n'ont pas autant aug- même si la totalité de la hausse des prix avait menté que les prix mondiaux été répercutée, la hausse des prix en devises Indice de référence, janvier 2005 = 100 210 locales serait moindre. Prix internationaux des produits alimentaires (ajustés sur l’IPC des États-Unis) 190  En outre, les coûts des transports locaux, les contrôles des prix et les autres imperfections 170 de marché ont créé des écarts significatifs 150 entre les cours internationaux et locaux. 130  Les pondérations utilisées pour calculer les 110 Prix des produits alimentaires dans les pays en développement indices des prix internationaux des produits (nominaux, pondérés par rapport à la demande des consommateurs) alimentaires sont celles des matières 90 janv.-05 janv.-06 janv.-07 janv.-08 janv.-09 janv.-10 janv.-11 premières du commerce international et non celles de la consommation. Dans la mesure Source : Banque mondiale. 12 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 où la grande majorité des produits Figure 8 Plus fortes variations des prix alimentaire alimentaires n’est pas négociée à l’échelle Variation des prix des produits alimentaires locaux, décembre 2010 / décembre 2009 mondiale, le prix des produits alimentaires Points de pourcentage produits et consommés à l’échelle locale est Ouganda Ghana repris dans les indices des prix locaux avec Égypte Inde une pondération plus forte que dans les Fidji Algérie indices internationaux. Les cours des Tunisie Afrique du Sud Mexique céréales sont les plus importants dans les Bangladesh indices des prix locaux des produits Lituanie Indonésie alimentaires, notamment le prix du riz (qui Maroc Iran n'a pas beaucoup augmenté), du manioc et Venezuela Bolivie Honduras d'autres produits dont les prix sont peu Seychelles El Salvador connectés aux marchés internationaux. Togo -22 -17 -12 -7 -2 3 8 13 18  Enfin, même si 2010/2011 a été une Sources : Banque mondiale, base de données OIT des prix mauvaise année de récolte pour plusieurs alimentaires grands exportateurs de produits alimentaires négociés à l'échelle mondiale, ce fut une donc plus sensibles aux fluctuations du cours des bonne année de récolte pour de nombreux produits alimentaires internationaux. De pays en voie de développement, ce qui a nombreux États insulaires et pays du Moyen- pesé sur les cours locaux de certaines de ces Orient et d’Afrique du Nord importent une marchandises (notamment le maïs de la grande partie de leurs produits alimentaires (les plupart des pays d'Afrique), alors que les ratios d’importations de certaines céréales cours des produits alimentaires négociés à dépassent 80 % dans 12 des 14 pays du Moyen- l'échelle mondiale progressaient rapidement. Orient et d’Afrique pour lesquels des données sont disponibles.) Témoignant en partie cette Globalement, la répercussion des prix mondiaux situation, les Seychelles et le Togo comptaient sur les prix locaux (y compris du même produit parmi les pays en voie de développement (leurs de base) est faible (voir annexe sur les matières données sont disponibles) qui ont enregistré la premières pour une discussion approfondie sur plus forte hausse des taux d'inflation alimentaire ce sujet). En moyenne, environ un quart entre décembre 2009 et décembre 2010 (figure seulement de la hausse des prix internationaux 8). Dans l’ensemble, l’inflation alimentaire en est répercuté sur les prix locaux en l'espace d'un 2010 a dépassé 10 % au sein de 33 des 80 pays an, bien que sur le long terme ce ratio tende à en développement pour lesquels des données augmenter quand les prix locaux ne sont pas sont disponibles. contrôlés. Les pays où la répercussion est la plus forte tendent à être de grands importateurs ou Dans les pays qui appliquent un contrôle des prix exportateurs du produit de base en question, et des produits alimentaires, la hausse des prix a ont des réglementations ou des contrôles des prix exercé une pression énorme sur les budgets limités. La répercussion est la plus faible, voire (Bangladesh, Égypte et Inde par exemple). Dans inexistante au sein des pays davantage auto- plusieurs cas également, les autorités ont cherché suffisants ou dotés d’une infrastructure légère. à augmenter les prix contrôlés afin de les aligner Les prix locaux évoluent rapidement en réaction sur les évolutions du marché, au point aux cours internationaux uniquement au sein de d’entraîner d’importants troubles politiques, quelques rares pays en voie de développement, voire des émeutes (en Égypte, en Tunisie, au comme par exemple l'Afrique du Sud et Mozambique et en Ouganda, par exemple). l'Argentine. Le niveau élevé des prix des matières Bien entendu, certains pays sont beaucoup plus premières et leur hausse entraînent des dépendants des produits alimentaires importés et 13 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 9 Plus forts impacts sur les termes de l’échange pétrole devraient s'élever en moyenne à environ Impacts estimés ex ante sur les termes de l’échange en 2010 107 dollars le baril, l'impacts sur les termes de % du PIB l'échange pour de nombreux importateurs de Angola Oman pétrole n'est pas aussi important que prévu, dans Azerbaïdjan Nigeria la mesure où d'autres cours des matières Iran Yémen premières (alimentation ainsi que métaux et Venezuela Algérie minerais) sont également élevés et en hausse, ce Honduras qui tend à produire des effets de compensation. Nicaragua Fidji Les dix principaux pays affichant des termes de Sainte-Lucie l’échange les plus positifs ont enregistré des Kenya Jordanie gains supérieurs à 8 % du PIB et sont Liban Dominique essentiellement des pays exportateurs de pétrole. Saint-Vincent-et-les-Grenadines Cap Vert Les principaux effets négatifs ont été Moldavie Seychelles d’envergure plus réduite, généralement inférieurs -10 -5 0 5 10 15 20 à 6 % du PIB. Ils ont été notoires pour les petits états insulaires tels que les Seychelles, le Cap- Source : Banque mondiale. Vert, Saint-Vincent et les Grenadines, tous importateurs de pétrole et dépendants des effets sur les termes de l'échange dans les produits alimentaires importés (figure 9). pays en voie de développement Les transferts d'argent et le tourisme sont des Une forte hausse des prix du carburant et des sources importantes de devises étrangères, produits alimentaires en 2010 a imposé représentant de l'afflux de capitaux d'au moins d’importants changements sur les termes de 10 % du PIB de plusieurs pays en voie de l’échange de nombreux pays en voie de développement (figure 10). La valeur en USD développement (voir ci-dessous et l’annexe sur des transferts d’argent reçus par les résidents des les matières premières pour en savoir plus sur les pays en voie de développement a légèrement conséquences d’une hausse des prix des produits progressé de 5,6 % en 2010. Cependant, en alimentaires et de l’énergie). Les gains se sont raison de l’inflation et de la dépréciation du concentrés sur les exportateurs de pétrole, et les dollar, le pouvoir d’achat sur le marché local de pertes sur les pays importateurs de ressources et ces transferts a baissé de 3,6 % sur l’année selon les pays importateurs de pétrole peu riches en les estimations. C’est vers l’Asie du Sud et de produits alimentaires. Même si les cours du l’Est que l’afflux de capitaux a le plus progressé (8,2 et 7,4 %), tandis qu’en direction de Figure 10 Les transferts d'argent et le tourisme sont des sources importantes de devises étrangères pour beaucoup de pays en développement Transferts 2010 en % du PIB Recettes touristiques en 2010, % du PIB Kirghizstan Maldives Haïti Seychelles Liban Cap Vert Honduras Liban Jamaïque Fidji Jordanie Jamaïque Philippines Jordanie Bangladesh Tunisie Arménie Malaysie Vietnam Maroc Maroc Thaïlande Fidji Égypte Pakistan Costa Rica Soudan Philippines 0 10 20 30 0 10 20 30 40 Source : Banque mondiale, Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies. 14 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Tableau 2. Les flux de capitaux internationaux à destination des pays en développement reprennent, surpassant même leurs niveaux de 2008 en millards de dollars 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010e 2011p 2012p 2013p Balance des comptes courants 138.3 195.2 318.8 450.3 469.1 440.6 284.4 264.5 219.6 159.9 163.1 % du PIB 2.0 2.4 3.3 4.0 3.4 2.6 1.7 1.4 1.0 0.6 0.6 Flux financiers: Entrées nettes privées et officielles 264.1 342.2 502.9 656.3 1132.1 771.1 633.8 930.2 Entrées nettes privées (actions + dettes) 276.1 366.3 567.0 725.9 1132.1 743.3 557.4 857.8 892.7 963.5 1065.3 Entrées nettes d’actions 180.6 243.6 379.2 497.0 664.9 561.2 498.1 633.2 674.1 733.9 839.8 ..Entrées nettes d’IED 154.3 206.7 311.7 389.3 529.8 614.4 390.0 485.4 555.0 603.6 696.2 ..Entrées nettes de portefeuilles d’actions 26.3 36.9 67.5 107.7 135.1 -53.2 108.2 147.8 119.1 130.3 143.6 Entrées nettes de dettes 83.6 98.6 123.8 159.3 467.2 209.9 135.6 297.0 218.6 229.6 225.5 ..Créanciers officiels -11.9 -24.1 -64.0 -69.6 0.0 27.8 76.4 72.4 ....Banque mondiale -2.5 2.4 2.7 -0.2 5.2 7.3 17.7 19.3 ....FMI 2.4 -14.7 -40.2 -26.7 -5.1 10.0 26.5 16.3 ....Autres institutions officielles -11.8 -11.8 -26.6 -42.6 0.0 10.6 32.2 36.8 ..Créanciers privés 95.5 122.7 187.8 228.9 467.2 182.1 59.2 224.6 218.6 229.6 225.5 ....Flux nets à moyen-long terme dans les dettes 38.3 69.8 113.3 145.0 283.0 196.1 52.8 104.1 ......Obligations 23.1 34.3 48.3 31.7 88.2 24.1 51.1 66.5 ......Banques 19.5 39.7 70.3 117.9 198.5 176.8 3.2 37.6 ......Autres flux privés -4.4 -4.1 -5.3 -4.7 -3.7 -4.8 -1.6 0.0 ....Flux nets de dettes à court terme 57.2 52.9 74.5 83.9 184.2 -14.0 6.4 120.5 Facteur d’équilibre /a -116.9 137.5 -406.9 -458.6 -509.5 -733.5 -271.1 -524.4 Variation des réserves (un chiffre négatif = augmentation) -285.5 -399.9 -414.8 -647.9 -1091.7 -478.2 -647.0 -670.3 Éléments de mémorandum Entrées nettes d’IED 23.6 46.1 61.6 130.5 148.7 207.5 153.9 210.0 Envois de fonds des travailleurs 137.5 159.3 191.8 226.3 278.2 325.0 307.6 324.7 348.6 374.5 % du PIB 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010e 2011p 2012p 2013p Entrées nettes privées et officielles 3.9 4.3 5.3 5.8 8.1 4.6 3.9 4.8 Entrées nettes privées (actions + dettes) 4.1 4.6 5.9 6.4 8.1 4.4 3.4 4.4 3.9 3.8 3.8 Entrées nettes d’actions 2.7 3.0 4.0 4.4 4.8 3.3 3.1 3.3 3.0 2.9 3.0 ..Entrées nettes d’IED 2.3 2.6 3.3 3.4 3.8 3.7 2.4 2.5 2.4 2.4 2.5 ..Entrées nettes de portefeuilles d’actions 0.4 0.5 0.7 1.0 1.0 -0.3 0.7 0.8 0.5 0.5 0.5 ..Créanciers privés 1.4 1.5 2.0 2.0 3.3 1.1 0.4 1.2 1.0 0.9 0.8 Source : Banque mondiale. e = estimations; p = prévisions. a/ Conjugaison d’erreurs et d’omissions, de transferts à destination des pays en développement et de sorties de capitaux de ces pays. l’Europe, de l’Asie centrale, de l’Amérique latine volume, respectivement de 14, 13, et 10 %. et des Caraïbes (les deux régions les plus durement Le tourisme intra-régional au Moyen-Orient et en touchées en 2009), ils n’ont progressé que de 1,3 et Afrique du Nord a notamment joué un rôle 1.7 %. prépondérant. En 2010, le tourisme mondial a enregistré une En revanche, la crise politique au Moyen-Orient et reprise plus soutenue que prévu à la suite de la en Afrique du Nord à la fin 2010 et au cours des récession mondiale. D’après les estimations, premiers mois de l'année 2011 a pesé fortement sur l’afflux de touristes a progressé de 7 % et la valeur l'activité touristique. À la mi-mai 2011, les arrivées des recettes en USD a progressé de 5,9 % de touristes ont brusquement décliné à Bahreïn, en (Organisation mondiale du tourisme, 2011), les Égypte, en Syrie et en Tunisie. Selon le Conseil économies émergentes étant le moteur de cette mondial du tourisme et du commerce, les arrivées croissance. Parmi les régions en voie de de touristes du premier trimestre en Égypte et en développement, le Moyen-Orient, l’Asie de l’Est et Tunisie avaient plongé d’environ 45 %, par rapport du Sud ont enregistré les plus fortes hausses en à 2010. Si les recettes du tourisme diminuent de 15 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 18 % en Égypte en 2011, cela entraînerait une Figure 11 Flux de capitaux privés nets à destination des perte directe de rentrées de devises étrangères pays en développement Flux de dette à court terme équivalant à 1,5 % du PIB. Le Bahreïn, la Syrie Milliards USD Banque Pourcentage du PIB et la Tunisie pourraient subir des impacts 1.2 Obligations 9 rtefeuille d’actions négatifs d'ampleur similaire, tandis que la chute 1.0 IED 8 dans les autres pays de la région devrait être 7 0.8 moins prononcée. 6 0.6 5 Bien entendu, certaines de ces baisses des 0.4 4 3 dépenses touristiques se traduiront par une 0.2 2 augmentation du tourisme dans d'autres pays, 0.0 1 même si les statistiques n'indiquent pas pour le -0.2 0 moment quels pays en voie de développement en 2005 2006 2007 2008 2009 2010p 2011f 2012f 2013f seront les principaux bénéficiaires. Au cours des deux premiers mois de l’année 2011, les arrivées Source : Banque mondiale. de touristes ont progressé dans toutes les régions excepté le Moyen-Orient (-10 % en variation fortes baisses concernant probablement le annuelle) et en Afrique du Nord (-9 %). Les Moyen-Orient et l'Afrique du Nord en raison des destinations situées en Amérique latine et aux troubles politiques dans la région. A l'inverse, les Caraïbes ainsi qu’en Asie du Sud ont enregistré entreprises des pays en voie de développement une hausse de leurs volumes de 15 % par rapport continuent de recourir aux marchés à la même période en 2010, alors que les arrivées internationaux des obligations afin de financer progressaient de 13 % en Afrique subsaharienne leur dette, en raison du durcissement continu des ainsi que dans les pays d’Europe et d’Asie marchés locaux du crédit et de la reprise limitée centrale en développement. Les arrivées en Asie des prêts bancaires internationaux. de l’Est et dans la région Pacifique étaient en hausse de 6 %. De façon générale, le Conseil La valeur en dollar des IDE8 devrait progresser mondial du tourisme et du commerce s’attend à de 14 % supplémentaires en 2011, sans renouer ce que les arrivées de touristes augmentent avec leur niveau antérieur à la crise en termes d’environ 4 à 5 % en 2011. absolus avant 2012, où ils devraient atteindre 604 milliards de dollars (contre Globalement, L’afflux de capitaux vers les pays en voie l’afflux de capitaux privés nets vers les pays en de développement a repris. développement devrait atteindre plus de 1000 milliards de dollars à l’horizon 2013. Or leur L’afflux de capitaux vers les pays en part dans le PIB des pays en développement développement s’est sensiblement redressé en diminuera de 4,6 % en 2010 à environ [4] % 2010, atteignant environ 4,6 % du PIB des pays dans le même temps, témoignant en partie d’un en développement (tableau 2). L'afflux reste durcissement du flux des dettes à court terme, sensiblement inférieur aux pics de 2006 et de des taux d’intérêt commençant à progresser et 2007, la plupart de la baisse ayant été subie par des conditions réglementaires à se durcir (figure l'Europe et l'Asie centrale, tandis que l'afflux en 11). proportion du PIB des autres régions en voie de développement a été beaucoup plus stable. Les déséquilibres mondiaux En 2011, l’afflux de capitaux privés devrait devraient demeurer sensiblement augmenter seulement de 5 %, dans la mesure où inférieurs à ceux de 2007 l’afflux plus volatil ayant conduit à la forte reprise en 2010 devrait se stabiliser, voire Signe de la compensation des effets des termes diminuer. Les flux des portefeuilles d'actions de l'échange de la plupart des pays en voie de vers les pays en voie de développement développement et des légères améliorations des devraient notamment diminuer de 20 %, les plus flux de transferts d'argent et de touristes, la 16 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Encadré 5 - Synopsis des perspectives régionales Les annexes régionales du présent rapport contiennent des informations plus détaillées sur les tendances économiques régionales, incluant des perspectives spécifiques aux pays ( voir http://go.worldbank.org/OBY9F2CJV0). La croissance au sein des pays en voie de développement de l’Asie de l’Est et du Pacifique (http://go.worldbank.org/ Q2V3HPR0F0) devrait ralentir de 9,6 à [8.5]% entre 2010 et 2011, témoignant des conséquences négatives à court terme du tremblement de terre japonais sur les exportations régionales ainsi que du durcissement des politiques monétaires et fiscales au sein de la région (figure). L’expansion de la Chine devrait ralentir, passant du rythme effréné de 10,3 % en 2010 à [9.3]-et [8.7] % en 2011 et en 2012, à mesure que les effets du durcissement politique se feront ressentir. La croissance de la Chine devrait reprendre, pour atteindre [9.2] % en 2013. La pro- duction dans le reste de la région de l’Asie de l’Est devrait également ralentir, de [6.8] % en 2010 à [5.3] % en 2011, avant de se raffermir progressivement à [6.4] et [6.5] % en 2012 et 2013. L'activité économique au sein des pays en voie de développement d'Europe et d'Asie centrale (http:// go.worldbank.org/C4P2GZR0P0) devrait poursuivre son redressement, mais à un rythme inférieur à celui de 2010, à mesure que commenceront à se dissiper les coûts d'ajustement très significatifs de la crise financière. Le niveau élevé des cours du pétrole a stimulé la demande des pays exportateurs de pétrole de la région (notamment la Russie), augmentant les transferts d'argent et les exportations des autres pays de la région. La fragilité persis- tante du secteur bancaire dans plusieurs pays et les expositions des ménages à la dette en devises étrangères restent des sources importantes de risque. La région compte parmi les plus exposées aux problèmes engendrés par la crise de viabilité budgétaire de la zone euro. Le PIB consolidé de la région devrait diminuer de 5,2 % en 2010 à [4.7] % en 2011, avant de se redresser légèrement à environ [4.5] % en 2012/2013, en ligne avec les fon- damentaux sous-jacents. Avec des écarts de production largement comblés dans certains grands pays d'Amérique latine et des Caraïbes (http://go.worldbank.org/1S4SNDR160) , la croissance toujours soutenue de plusieurs économies se heurtera à des pres- sions inflationnistes croissantes et à un durcissement politique. En conséquence, la croissance devrait fléchir de 6 % en 2010 à [4.5] % en 2011. L’activité devrait rester soutenue, tout en ralentissant à [4] % en 2012/2013, en raison de l’effet accru des mesures politiques. L'appréciation des taux de change imputable à l'afflux de capitaux et aux cours élevés des matières premières a pesé sur la compétitivité, et devrait contribuer au ralentissement de la croissance. Les pays d'Amérique centrale et des Caraïbes feront face à des problèmes liés à la hausse du cours des matières premières, compensée à divers niveaux par de meilleures perspectives concernant le tourisme et les transferts d'argent, à la faveur d'une embellie du marché du travail aux États-Unis. La crise politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (http://go.worldbank.org/IU7FS7QXE0) devrait peser sur la croissance à court terme de plusieurs grandes économies de la région. Une production déjà sacrifiée et des incer- titudes persistantes devraient entraîner un ralentissement de la croissance au sein des économies les plus directe- ment touchées par la crise, de [3] à [4] points de pourcentage en 2011 par rapport au niveau qui aurait été ob- servé en temps normal. La croissance dans le reste de la région sera diminuée de [1] à [2] points. De nombreux Les taux de croissance des pays en développement se stabiliseront à des taux historiquement élevés Croissance du PIB réel, variation en % 2009-2013 12 2009 2010 2011 2012 2013 10 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 Asie de l’Est et Europe & Amérique latine Moyen-Orient et Asie du Sud Af rique Pacif ique Central et Caraïbes Af rique du Nord subsaharienne AsiaEurope et Asie centrale Source : Banque mondiale. 17 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Box 5. Synopsis des perspectives régionales (cont.) pays devraient pâtir d'une baisse des recettes touristiques, des transferts d'argent des ouvriers, des investissements directs étrangers et des autres flux de capitaux internationaux, aggravant les conditions des pays de la région im- portateurs de pétrole. L’activité devrait se redresser progressivement à mesure que la crise se dénoue, la crois- sance des pays en voie de développement de la région passant de [1.9] % en 2011 à un peu plus de [4] % en 2013. La croissance du PIB 2011 en Asie du Sud (http://go.worldbank.org/VFFA8EDQF0) devrait passer d’un rythme soutenu de 9,6 % en 2010 à [7.5] % à mesure du durcissement politique en réaction au regain d’inflation et à des politiques budgétaires laxistes peu durables. Ces facteurs négatifs et le niveau élevé des coûts des importations liés aux cours des matières premières devraient être partiellement compensés par un commerce dynamique, no- tamment en Inde, qui réoriente ses exportations vers la Chine et l'Asie de l'Est. Cependant, les dépenses en inves- tissements devraient rester soutenues (stimulées par les projets d'infrastructure), la demande des consommateurs devrait pâtir d'une réduction des subventions aux carburants et aux produits alimentaires. Les troubles et la fragilité économique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord devraient peser sur les transferts d'argent vers la région, donc sur les revenus et les dépenses des ménages. La croissance régionale devrait renaître à [8.5] % en 2013 à la faveur de réformes locales et d’un environnement mondial plus favorable. La croissance du PIB de l'Afrique subsaharienne (http://go.worldbank.org/PHW504QYG0) devrait s'établir à [5,1] % en 2011, la seule région en voie de développement à bénéficier d'une accélération de sa croissance sur l'année, stimulée par des termes sur les échanges favorables pour les exportateurs de pétrole et la poursuite d'un afflux d'IDE important de la part de la Chine et d'autres pays. La région a évité les pires effets de la hausse des prix des produits alimentaires grâce à de très bonnes récoltes locales, mais si les cours internationaux devaient rester à leurs niveaux actuels ou à des niveaux supérieurs, les prix locaux des produits alimentaires pourraient commencer à progresser au second semestre 2011 et en 2012, avec des conséquences négatives sur la demande des consom- mateurs et la pauvreté. Les pressions inflationnistes peuvent accompagner cette évolution, d'autant que des élec- tions sont prévues dans 13 pays de la region. balance des paiements courants de peu de pays devraient se conjuguer et maintenir des devraient rencontrer de graves problèmes de déséquilibres mondiaux à des niveaux 2011, et la plupart des pays en voie de sensiblement inférieurs à ceux de 2007, où les développement devraient être capables de hausses persistantes suscitaient de véritables financier les déficits potentiels de leur balance craintes sur le plan politique. La valeur absolue des paiements courants. des déséquilibres de la balance des paiements courants des pays en voie de développement Une hausse des cours du pétrole augmentera les importateurs de pétrole (comme la Chine) excédents actuels de la balance des paiements devraient diminuer légèrement, dans la mesure courants des pays exportateurs de pétrole, ce qui où ces économies ont déjà quasiment renoué entraîne ex ante un accroissement des avec une demande à un niveau de capacité totale. déséquilibres mondiaux (qui ont augmenté Figure 12. Les déséquilibres mondiaux ont diminué et depuis leur point bas de la décennie en 2009 devraient rester à un niveau nettement inférieur à celui du pour atteindre environ 5 % du PIB mondial en milieu de la décennie 2010). Les soldes consolidés des États-Unis et de Pays à revenu élevé États-Unis % du PIB mondial la Chine ont été divisés par deux, passant de 7 Importateurs de pétrole Pays exportateurs de pétrole 2.6 % du PIB mondial en 2006 à 1.3 % en 2010 6 Pays en développement Chine (figure 12). 5 Importateurs de pétrole Pays exportateurs de pétrole 4 A l’avenir, une progression décalée des importations des économies exportatrices de 3 pétrole, un durcissement monétaire au sein des 2 pays à revenu élevé et une dépendance 1 persistante vis-à-vis de la demande nationale 0 pour générer de la croissance au sein des pays en 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 voie de développement sont des facteurs qui Source : Banque mondiale. 18 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 A l'inverse, une poursuite de la reprise est prévue autres pays, la croissance est pénalisée par des au sein des pays à revenu élevé, ce qui peut programmes de consolidation budgétaire s'expliquer par une baisse de l'épargne du secteur relativement austères, la poursuite de la privé et des déficits croissants. Mais, cet effet restructuration du secteur bancaire et un devrait être compensé par des réductions des scepticisme concernant le secteur financier qui dépenses publiques après un durcissement entraîne une hausse du coût de l’emprunt. Alors budgétaire, avec pour conséquence des que la politique monétaire est entrée dans une prévisions de légère baisse des déséquilibres de nouvelle phase de durcissement, de nouvelles ce groupe de pays, d’environ 3.00 à 2.8 % du tensions au sein du secteur financier pourraient PIB mondial entre 2011 et 2013.9 apparaître, créant de nouvelles difficultés pour ces pays. Après avoir progressé de 1.7 % en La croissance ralentira tout en restant 2010, le PIB de la zone euro devrait reproduire soutenue cette performance en 2011, se raffermissant de 1.8 % en 2012 et de 1.9 % en 2013, à mesure La reprise mondiale s'est généralisée à un plus que s’éloigneront les problèmes du secteur grand nombre d'entreprises, de pays et de financier, frein à la croissance. composantes de la demande consolidée. Une embellie du marché du travail au sein des pays à La terrible catastrophe naturelle au Japon et la revenu élevé et une demande locale très crise nucléaire qui s'en est suivie façonneront les dynamique dans les pays en voie de évolutions économiques et humaines dans ce développement sont de bonne augure pour la pays pendant les prochaines années (voir encadré poursuite de la reprise qui date de près de deux 1). En dépit des pertes humaines et matérielles ans déjà (la production industrielle mondiale a associées à cette crise, son impact sur la commencé à se redresser en mars 2009). croissance du PIB devrait être temporaire. Si le PIB du second trimestre risque de diminuer de La reprise aux États-Unis a gagné en vigueur et 3 % sur une base annualisée, le rythme de devient davantage auto-entretenue. Les gains l’activité devrait se redresser à 3 ou 4 % lors des persistants de l’industrie manufacturière, et plus deux derniers trimestres de l’année, portant la récemment de l’activité des services, croissance à environ 0.1 % pour l’ensemble de l’investissement des entreprises et une 2011. Le PIB devrait progresser de 2.6 % en stabilisation possible de l’investissement dans la 2012 avant de se stabiliser à 2 % en 2013, construction résidentielle ont permis d’améliorer globalement en phase avec le potentiel de les conditions du marché du travail américain (le croissance du pays. nombre d’emplois a progressé de plus de 115 000 par mois depuis mars 2010, et le taux de Globalement, la croissance mondiale devrait chômage est tombé à 9 ]% en avril 2011). A la mollir, passant de 3.8 % en 2010 à 3.2 % en suite d'un PIB du premier trimestre relativement 2011, avant de se redresser à 3.6 % en 2012 et faible car influencé par la météo, la croissance du 2013. Le ralentissement au sein des pays à PIB devrait se reprendre au second trimestre, revenu élevé (de 2,7 % en 2010 à 2.2 % en 2011) avec des gains annuels de 2.6 % en 2011 et 3 % traduit essentiellement une croissance très faible en 2012, et une croissance à 2.8 % en 2013. au Japon due aux conséquences du tremblement de terre et du tsunami (voir encadré 1 ci-dessus). La reprise en Europe continue de faire face à des La croissance des pays à revenu élevé restants obstacles importants, notamment les incertitudes devrait être globalement stable, à environ 2.5 % concernant la dette souveraine de plusieurs en 2013, en dépit d’un retrait progressif des membres de la zone euro et un processus large grandes mesures de relance budgétaire et mais nécessaire de consolidation budgétaire. En monétaire prises à la suite de la crise financière revanche, la production en Allemagne et en afin d’éviter une crise plus grave. France a gagné en vigueur, et le chômage allemand est sensiblement inférieur à son niveau Au sein des pays en développement, la antérieur à la crise. Mais dans de nombreux croissance devrait reculer de 7.4% à 6.2 % entre 19 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 13 Les pressions inflationnistes globales se sont accrues depuis la mi-2010 Taux médians d’inflation globale Distribution de l’accroissements des taux d’inflation dans les pays en développement Inflation globale, variation en %, 3 mois/3 mois, Nombre de pays taux annuel désaisonnalisé 14 12 12 9 10 6 8 6 3 4 0 Pays en développement 2 -3 Pays à revenu élevé 0 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 14 Plus -6 Variation annuelle du taux d’inflation au cours des 12 derniers mois janv.-05 oct.-05 juil.-06 avr.-07 janv.-08 oct.-08 juil.-09 avr.-10 janv.-11 en points de pourcentage Source : Banque mondiale. 2010 et 2012, avant de progresser quelque peu en cours des 3 mois se terminant en février 2011. 2013. Cette évolution témoigne de la disparition Depuis cette date, le rythme de l’inflation a des facteurs de rebond qui ont permis de stimuler ralenti à 5.2 % en avril et à 4.4 % dans les pays à la croissance en 2010 et du durcissement des revenu élevé (premier volet, figure 13). politiques monétaires et fiscales, dans la mesure où les limites en termes de capacité deviendront L'ampleur de la hausse et ses principaux de plus en plus contraignantes (voir encadré 5 et déterminants varient sensiblement d'un pays à les annexes régionales du présent document pour l'autre, l'inflation ayant progressé d'au moins 10 plus de détails sur les récentes évolutions points de pourcentage au cours des 12 derniers économiques et les perspectives des pays à faible mois en République Démocratique du Congo, en et moyen revenu, notamment les prévisions Éthiopie, en République Kirghize, en Bolivie et pays). en Mongolie. L'inflation globale en variation annuelle a progressé sur la période d'au moins 3 Le regain d'inflation est source de défis points de pourcentage au sein de 33 des 93 pays pour les politiques macroéconomiques en voie de développement pour lesquels des données sont disponibles (second panel, figure La hausse du cours des matières premières, 13). Néanmoins, le rythme d’accélération de conjuguée à l’annulation rapide des écarts de l’inflation a été modéré dans la plupart des pays. production et à un afflux de capitaux conséquent, Les taux d’inflation dans 55 % des pays en a contribué à une accélération de l’inflation dans développement restent inférieurs à leur taux les pays en développement. L’inflation globale moyen de la période antérieure à la crise (janvier des pays de développement s’est approchée de 2000 à août 2008). L’inflation est inférieure à 2 7 % (en variation annuelle) en février 2011, soit points de pourcentage au-dessus de la moyenne une hausse supérieure à 3 points de pourcentage dans 80 % des pays. depuis le creux de juillet 2009, époque à laquelle les craintes déflationnistes étaient importantes. Les principales accélérations ont concerné les L’inflation globale (en variation annuelle) des régions de l’Asie de l’Est, du Pacifique, du pays à revenu élevé a également progressé, Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, atteignant 4.7 % en février 2011. témoignant des contraintes de capacité pour les 2 premières et des prix des produits alimentaires L’inflation mensuelle a enregistré une pour les deux dernières (premier volet, figure accélération plus nette, s’établissant à 9.1 % 14). Même si l’inflation en variation annuelle a annualisés dans les pays en développement au diminué en Asie du Sud, en Europe et en Asie 20 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 14 Variations régionales de l’inflation Inflation d’une année sur l’autre Inflation trimestrielle Taux d’inflation globale, pourcentage de variation annuelle 3 mois/3 mois, désaisonnalisé 20 16 janv. 2009 janv. 2009 janv. 2010 15 janv. 2010 mars 2011 ou ultérieur 12 avril 2011 ou ultérieur 10 8 5 4 0 0 Pays à revenu Asie de l’Est Europe et Amérique latine Moyen-Orient et Asie du Sud Afrique -5 élevé et Pacifique Asie centrale et Caraïbes Afrique du Nord subsaharienne Pays à revenu Asie de l’Est Europe et Amérique latine Moyen-Orient et Asie du Sud Afrique élevé et Pacifique Asie centrale et Caraïbes Afrique du Nord subsaharienne Source : Banque mondiale. centrale, les statistiques mensuelles suggèrent La hausse du prix des denrées alimentaires et des que les pressions inflationnistes restent fortes en carburants s’est assortie d’une augmentation Asie du Sud et progressent en Afrique, avec un parallèle significative des subventions pour rythme de hausse au premier trimestre 2011 l’alimentation et les carburants, implicite dans dépassant les 15 % en Asie du Sud et proche de les deux cas, en raison du creusement de l’écart 10 % en Afrique subsaharienne (second volet, entre les prix du marché et les prix contrôlés, et figure 14). de la mise en œuvre de nouvelles politiques destinées à atténuer l’incidence des hausses des Encadré 6 - Les pays en voie de développement peuvent-ils absorber les chocs externes des prix ? Several Plusieurs pays de l'OCDE établissent des estimations concernant l'inflation de base qui excluent les cours des produits alimentaires et du carburant ou les composantes les plus volatiles de l'indice général des prix à la con- sommation, et préfèrent orienter leur politique monétaire à l'aide de ces mesures plutôt qu'avec une inflation globale. Actuellement, même si l’inflation globale progresse rapidement, les indices de base restent faibles à 1,3 % dans les pays d’Europe à revenu élevé et à 1,1 % aux États-Unis. La plupart des pays en voie de développement ne publient pas d'indicateurs d'inflation de base séparés et de récen- tes études (Walsh 2011) montrent dans certains cas que la politique des pays en voie de développement ferait mieux de privilégier des mesures de l'inflation globale et non de base. D'après cet argument, la forte pondération des cours des produits alimentaires et du carburant dans le panier de la consommation globale des pays en voie de développement (plus de 50 % dans de nombreux cas) signifie que les hausses de prix de ces marchandises se propagent plus facilement à d'autres prix qu'au sein des pays à revenu élevé. En conséquence, accepter ces hausses de prix fait courir le risque de permettre une nouvelle hausse des prix, déclenchant potentiellement une spirale inflationniste. Une autre logique considère que puisque les cours des produits alimentaires représentent une grande proportion du panier global, ne pas les accepter (même s'ils ne sont pas répercutés sur les autres cours) entraînerait un ajustement trop radical des salaires réels. Dans ce cas, une autorité monétaire crédible ferait mieux d'annoncer qu'elle accepte la hausse des prix et qu'elle autorise une deuxième hausse (réduisant de ce fait la crise des salaires réels), tout en envisageant de redéfinir ses objectifs d'inflation sur une période spécifiée. Bien entendu, le succès d'une telle stratégie dépend de la crédibilité de l'autorité monétaire. Si les prévisions infla- tionnistes s'ajustent à la hausse en dépit de la volonté de rétablissement par l'autorité monétaire des objectifs d'in- flation à une date donnée, alors les coûts au long terme de révisions à la hausse des prévisions pourraient dépasser les avantages au court terme de l'assouplissement de l'ajustement des salaires réels à des cours des produits alimen- taires obstinément plus élevés. 21 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 prix. Plusieurs pays du Moyen-Orient et En dépit de l’augmentation des taux d’intérêts d’Afrique du Nord ont accru leurs subventions nominaux, les taux réels (nominaux ajustés en pour les denrées alimentaires et le carburant fonction de l’inflation réelle) demeurent bas, (Algérie, Égypte, Jordanie, Maroc, Syrie, voire négatifs dans nombre de pays en Tunisie et Yémen), ce qui a eu pour effet de développement Les taux réels escomptés (ceux à creuser les déficits publics, jusqu’à 2 % du PIB prendre en compte pour la politique monétaire) dans de nombreux cas. La hausse des prix de peuvent ne pas être négatifs si l’on s’attend à ce l’alimentation et des carburants a également eu que l’accélération actuelle de l’inflation n’est un effet multiplicateur sur les dépenses de que transitoire. Cependant, si une partie de subventions dans plusieurs pays asiatiques, l’augmentation récente est perçue comme comme l’Inde, le Pakistan et l’Indonésie. durable, un resserrement monétaire supplémentaire peut s’avérer nécessaire (voir En réaction au regain d’inflation et à l’annulation l’encadré 6 pour une discussion plus approfondie des écarts de production, les autorités de de la façon dont la politique monétaire dans les nombreux pays en développement ont débuté un pays en développement devrait répondre à la processus d’ajustement de leur politique hausse des cours de matières premières). En macroéconomique, souvent assez laxiste à la effet, l’inflation prévue s’est accélérée dans suite de la crise financière vers un plusieurs pays en développement dans lesquels positionnement plus neutre. des données sont disponibles, comme en Argentine, au Belarus, au Brésil, au Chili, en Les taux d'intérêt de la plupart des pays en voie Éthiopie et en Inde, entre autres. de développement ont progressé (premier panel, figure 15). En Amérique latine, le taux directeur Comme abordé en détails dans la précédente moyen a progressé de 7.9 % en mars 2010 à édition des Perspectives économiques 9.6 % en mai 2011, avec une progression en mondiales, les efforts de durcissement de la Asie de 106 points de base à 6.31 %. politique monétaire et la maîtrise de l'inflation Témoignant d’écarts de production beaucoup du crédit ont été compliqués par un afflux de plus importants, les taux directeurs en Europe et capitaux important en 2010. Pour plusieurs en Asie centrale ont été globalement stables (en grands pays à revenu moyen et aux marchés des progression seulement de 50 points de base capitaux relativement larges, certains de ces flux depuis février 2011). Au Moyen-Orient et en (essentiellement de la dette à court terme et des Afrique du Nord ainsi qu'en Afrique actions) comportaient une composante subsaharienne, les taux continuent de diminuer. spéculative et temporaire importante. En Figure 15 Le resserrement a débuté et les marchés suggèrent que cette tendance devrait s’accentuer Les taux sont à la hausse dans beaucoup de regions Les marchés s’attendent à d’autres hausses en développement Taux directeurs médians à court terme en points de pourcentage Variation du taux directeur officiel, points de base 14 Pays en développement 350 13 Asie 300 12 Europe et Asie centrale 250 Variation depuis le point bas de 2009 11 Amérique latine et Caraïbes Marché prévu entre le 20 mai et la fin 2011 10 Afrique subsaharienne/ 200 Moyen-Orient Afrique du Nord 9 150 8 7 100 6 50 5 4 0 1-janv.-08 1-juil.-08 1-janv.-09 1-juil.-09 1-janv.-10 1-juil.-10 1-janv.-11 Brésil Chili Colombie Russie Chine Inde Indonésie Malaisie Thaïlande Source: World Bank, Thomson/Reuters, Bloomberg. 22 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 16 Flux de capitaux bruts à destination des pays en développement et croissance du marché du crédit vers la fin de 2010 Milliards USD, moyenne mobile sur 3 mois Variation du marché du crédit d’une année sur l’autre, ajustés sur l’IPC 30 Brésil Chine Colombie Indonésie Émissions d’obligations 35 Inde Malaisie Turquie 25 Placement en titres 30 Prêts bancaires syndiqués 20 25 20 15 15 10 10 5 5 0 0 janv.-09 mai-09 sept.-09 janv.-10 mai-10 sept.-10 janv.-11 janv.-09 mai-09 sept.-09 janv.-10 mai-10 sept.-10 janv.-11 Source : Banque mondiale avec des données de Dealogic, SFI. Remarque : Les données font référence aux flux bruts de nouvelles émissions d’actions et d’obligations et d’engagements de prêts du consortium bancaire. conséquence, de nombreux pays ont envisagé de au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de la résister aux pressions haussières s’exerçant sur hausse des cours du pétrole, et de la crise au leurs devises en prenant une large palette de Japon, qui ont également pu avoir une incidence. mesures administratives et réglementaires En effet, la prise de bénéfices de la part des destinées à réduire l’attractivité des investisseurs et les craintes que les devises des investissements financiers à court terme ou à marchés émergents et que les marchés locaux de réduire le degré d’expansion du crédit associé à valeurs mobilières aient atteint des niveaux l’accumulation des réserves. record impossibles à maintenir durablement ont aussi pu avoir une incidence11. Parmi les mesures prises ont figuré le gel des afflux de capitaux par la vente d'obligations Quelle que soit la raison de la réduction de d'État et le relèvements des taux d'intérêt. De l'afflux de capitaux, elle a eu pour effet nombreux pays ont utilisé des mesures non d'atténuer la pression haussière sur les devises de conventionnelles qui n'ont pas augmenté les taux nombreux pays à revenu moyen et le rythme d'intérêt locaux, afin d'éviter d'accroître la d'accumulation de réserves internationales de la performance des investisseurs étrangers sur le plupart des pays en voie de développement court terme dans ces pays. Parmi ces mesures (figure 17), à l'exception notable de l'Asie de ont figuré le relèvement des exigences de fonds l'Est. propres10, et la mise en place de taxes sur les investissements étrangers à court terme. La La politique budgétaire devrait jouer un Turquie est même allée jusqu'à diminuer ses taux rôle accru d'intérêt (et donc le risque d'une expansion rapide de son marché domestique du crédit) afin Dans les prochaines années, les responsables de décourager l'afflux de capitaux étrangers. politiques des pays en développement devront avoir plus systématiquement recours à En partie en raison de ces mesures, l’afflux de l’ensemble des outils à leur disposition afin de capitaux étrangers vers nombre de ces pays ainsi maîtriser l’inflation. Alors que l’instabilité des que la croissance du crédit, ont fléchi vers la fin flux de capitaux qui a caractérisé le troisième 2010 et en 2011 (figure 16). En revanche, il est trimestre 2010 s’est atténuée, nombre de difficile d’attribuer à ces mesures un lien de conditions sous-jacentes de ces flux demeurent causalité, en raison des nouvelles craintes présentes (faibles taux à court terme dans les concernant la viabilité budgétaire des pays à pays à revenu élevé, meilleures perspectives de revenu élevé en Europe, des troubles politiques croissance dans les pays en développement, 23 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Figure 17 Les pressions haussières sur les devises des pays à revenu moyen et l’accumulation des réserves a aussi fléchi au 4e T 2010 Indice du taux de change réel effectif (jan. 2009 = 100) Taux de croissance annualisé en réserves UDS 150 40 Brésil T1 2010 T2 2010 Afrique du Sud Turquie T3 2010 T4 2010 140 30 Inde Indonésie 130 Thaïlande 20 Chine 120 10 110 0 100 -10 Asie de l’Est Europe et Amérique Moyen-Orient Asie du Sud Afrique et Pacifique Asie centrale latine et subsaharienne 90 et Caraïbes Afrique du 2009M01 2009M06 2009M11 2010M04 2010M09 2011M02 Nord Source : Banque mondiale, SFI. niveau élevé des cours des matières premières et en développement de répondre de façon contra tendance des devises des pays en développement cyclique à la crise financière. Tant que ces à s’apprécier sur le long terme). En outre, les matelas ne seront pas reconstitués, les pays pays sont aujourd’hui confrontés à des pressions seront plus vulnérables aux turbulences dans supplémentaires de contraintes croissantes de l’avenir, qu’elles soient d’origine interne ou capacité et de hausses des cours des produits de externe. base. Des politiques plus volontaristes sur le plan Si les pays veulent relever ces défis (et d’autres fiscal dans les pays en développement encore inconnus), ils devront tirer pleinement permettraient également d’imposer la rigueur parti des politiques budgétaires et des taux de macroéconomique moyennant des taux d’intérêt change. À ce stade de la reprise, le retrait des plus bas. La baisse des taux d'intérêt locaux mesures de relance budgétaire mises en place réduirait les incitations financières en faveur de lors de la phase la plus aigüe de la crise est la déstabilisation potentielle de l'afflux de dette à limité. Bien que les déficits publics aient court terme, et pourrait augmenter les taux diminué au sein de nombreux pays en voie de d'investissements et l'activité globale en développement, cette évolution est diminuant le coût du capital pour les essentiellement le résultat d'une augmentation entrepreneurs locaux. des recettes à la faveur du redressement de l'activité et des écarts de production revenus à Figure 18 Amélioration modeste escomptée des défi- des niveaux proches de zéro. Les réductions cits fiscaux dans certaines régions en développement discrétionnaires des dépenses ont été limitées. Solde global des opérations des administrations publiques en part du PIB Ainsi les déficits publics ont moins diminué que 4.0 prévu compte tenu de ce que seront les déficits 2.0 2007 2010 2011 2012 2013 de production dans la plupart des pays, ce qui 0.0 laisse à penser que presque toute la composante -2.0 cyclique des déficits publics a été éliminée et -4.0 que les déficits budgétaires restants sont de -6.0 nature structurelle (figure 18). Mais surtout, -8.0 même d’ici 2013, aucune région ne semble -10.0 pouvoir retrouver un équilibre fiscal équivalent à Pays à revenu Asie de l’Est Europe et élevé et Asie centrale Amérique Moyen-Orient Asie du Sud latine et Afrique subsaharienne celui des niveaux de pré-crise de 2007. Il ne sera Pacifique et Caraïbes Afrique du Nord donc plus possible d’utiliser le genre d’amortisseurs fiscaux qui ont permis aux pays Source : Banque mondiale. 24 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Certains pays doivent envisager de mettre en caractérisent le 3ème trimestre 2010 pourraient place des mécanismes de change plus flexibles. faire leur retour. L'un de ces scénarios pourrait Lorsque les pays font face à des pressions accentuer les pressions inflationnistes au sein de temporaires ou spéculatives sur leurs devises, l'économie mondiale, à la fois celles provenant l'accumulation de réserves et d'autres stratégies des marchés des matières premières et celles pour résister à une appréciation (ou une provenant des limites de capacités de plus en dépréciation) injustifiée des taux de change plus contraignantes sur plusieurs marchés pourrait être justifiée. En revanche, quand ces émergents. Dans un tel scénario, qui présuppose pressions sont persistantes et tenaces, une que les efforts de durcissement politique en politique qui résiste à l'ajustement des taux de cours ne suffisent pas à freiner la demande, les change pourrait s'avérer contre-productive. autorités seraient obligées de durcir de manière plus agressive leur politique en 2012, A titre d’exemple, quand le Brésil a fait face à un provoquant un ralentissement plus prononcé en afflux important de capitaux vers la dette à court 2013. terme, les autorités ont sans doute eu raison de Il existe plusieurs risques baissiers potentiels. résister à la pression haussière provoquée sur leur devise. Mais le Brésil a été, et reste une  Un ralentissement beaucoup plus significatif destination phare des IDE, attirés en grande de l’économie mondiale se produirait si les partie par les fondamentaux du pays sur le long troubles politiques au Moyen-Orient et en terme. Si ces flux impactant la devise sont les Afrique du Nord entraînaient une période mêmes, il sera probablement difficile de résister prolongée de cours élevés du pétrole, à la pression haussière qu'ils génèrent. imputable à une plus grande incertitude ou à des perturbations tenaces sur De même, les pays qui ont maintenu l’approvisionnement mondial en pétrole. d'importants excédents de leur balance des  Les conditions sur les marchés mondiaux paiements courants pendant une période des produits alimentaires représentent un prolongée feraient mieux de permettre à leur risque plus concentré sur les populations devise de fluctuer plus librement, au lieu de pauvres des pays en voie de développement. continuer à résister aux pressions haussières, Une autre mauvaise année de récoltes surtout lorsque des pressions inflationnistes se pourrait entraîner une nouvelle hausse des forment à l'échelle locale. cours, surtout en la conjuguant à la hausse des cours du pétrole, avec des conséquences Les menaces qui pèsent sur l'économie potentiellement graves pour les populations mondiale pauvres.  La nervosité des marchés vis-à-vis de la Le redressement est essentiellement réalisé dans les pays en développement, avec des possibilité de maintenir les dispositions perspectives dans les différents pays de plus en fiscales applicables aux pays d’Europe à plus dépendantes des conditions locales et de la haut revenu, bien que moins forte que par le croissance à moyen terme de la productivité passé, a toujours le potentiel de perturber la plutôt que des grands vecteurs mondiaux qui ont croissance des pays en développement si elle dominé l’activité économique pendant et juste commence à influer sur la confiance. après la crise financière. Alors que la croissance Les troubles persistants au Moyen-Orient vigoureuse prévue dans le scénario de référence et en Afrique du Nord pourraient encore demeure le plus probable, plusieurs tensions et tirer à la hausse les cours du pétrole événements externes ont le potentiel de bouleverser ce processus. Les récents troubles au Moyen-Orient et en Du côté des bonnes nouvelles, la production Afrique du Nord ont propulsé les cours du pourrait ressortir plus élevée que prévu, ou pétrole à 112 USD/baril à fin avril 2011 l'afflux de capitaux spéculatifs très solides qui (moyenne Banque mondiale), soit une hausse de 25 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 40 % par rapport au cours moyen de 79.60 USD/ Les plus grosses pertes devraient être baril en 2010. Selon le scénario de référence, les enregistrées par les pays importateurs de pétrole cours du pétrole qui ont baissé depuis à environ du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (- 2.3 %) 107 USD/baril, devraient commencer à baisser et d’Asie de l’Est et du Pacifique (-1.9 % en pour se stabiliser à long terme à environ 2012). Ces pertes témoignent de l’effet direct de 80 USD/baril en dollars constants 2011. Ceci la hausse des cours du pétrole sur les revenus de sous-entend que les niveaux des prix annuels de ces régions et de leur plus forte dépendance aux 107 USD/baril en 2011 dériveraient à 96.7 USD/ exportations que les autres régions importatrices baril à l’horizon 2013. Cependant, si les de pétrole négativement touchées (les pays incertitudes actuelles persistent, ou si une importateurs de pétrole d’Europe et d’Asie perturbation majeure de l’offre survient, les centrale bénéficient des solides importations cours du pétrole pourraient demeurer élevés russes). voire augmenter, avec de graves conséquences sur la croissance mondiale. Les économies fortement importatrices de pétrole subissent les plus fortes baisses  Lors de la révolution iranienne et la guerre (Jamaïque et Guyana par exemple). Les impacts entre l'Irak et l'Iran, les cours du pétrole brut négatifs au sein des pays aux liens économiques ont plus que doublé, de 14 dollars le baril en étroits avec les exportateurs de pétrole (ceux 1978 à 35 dollars le baril en 1981. d'Europe et d'Asie centrale par exemple) ont tendance à être réduits par la hausse de la  Quand l'Irak a envahi le Koweït en 1991, les demande d'exportations émanant des cours du pétrole ont fortement augmenté, de exportateurs de pétrole. 20 dollars le baril à un pic de 44 dollars le baril cinq mois plus tard, le cours moyen S’agissant des soldes extérieurs, les balances des progressant d'un tiers à 28 dollars le baril. paiements courants (en % du PIB) devraient  Lors du conflit prolongé en Irak, les cours progresser d’un maximum de 6,2 % du PIB dans ont grimpé de 40 %. les pays d’Afrique subsaharienne exportateurs de pétrole et d’environ moitié moins au Moyen- La crise actuelle au Moyen-Orient et en Afrique Orient et en Afrique du Nord, à rapprocher d’une du Nord a été associée à une hausse de 22 USD/ chute des soldes extérieurs d’environ 1 % du PIB baril des cours du pétrole, de 90 USD/baril en en Asie de l’Est et dans la région Pacifique. décembre 2010 à 112 USD/baril à fin avril 2011. Les cours pourraient certainement se remettre à Si la turbulence débouchait sur une réduction flamber en cas de nouvelle perturbation de substantielle et importante (de l’ordre de10 à 15 l’approvisionnement, notamment s’il s’agit d’un mb/jour) de l’offre mondiale de pétrole, les grand pays exportateur. effets nuisibles pourraient être deux fois plus importants. Au début, les prix pourraient grimper D’après des simulations préliminaires, une jusqu’à 200 USD/baril, détériorant sensiblement nouvelle hausse de 50 USD/baril du cours du les revenus des ménages et la rentabilité des pétrole pendant une période d’un an (à compter entreprises. De plus, les ruptures du second trimestre 2011 par exemple) pourrait d’approvisionnement pourraient directement écrêter la production mondiale en 2011 et 2012 contraindre la production d’une façon bien de 0.5 à 1 point de pourcentage (tableau 3). Ce différente des hausses incertaines des cours résultat global masque d’importantes différences Dans ce dernier cas, le pétrole ne serait pas entre les pays et les régions. disponible à n'importe quel prix, mais dans le premier cas, il serait disponible, à un coût élevé. Les pays exportateurs de pétrole ont enregistré des gains significatifs de 6.6 % du PIB en Afrique subsaharienne et de 2.4 % au Moyen- Orient et en Afrique du Nord12, alors que les pays importateurs de pétrole ont subi des pertes. 26 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Tableau 3 Une hausse supplémentaire des prix du pétrole en raison de la crise politique au Moyen-Orient pourrait entamer encore davantage la croissance Variation du niveau du PIB (%) par rapport à la référence et variation de la balance des paiements courants (% du PIB) Incidence d'une hausse du prix du baril de 50 USD (2e Tr 2011 - 2e Tr 2012) en raison de l’incertitude PIB réel Paiements courants (% du PIB) 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Monde 0.0 -0.5 -1.0 -0.4 0.0 0.0 0.0 0.0 Exportateurs de pétrole 0.0 0.2 0.5 0.9 0.0 1.5 1.4 -0.2 Importateurs de pétrole 0.0 -0.6 -1.3 -0.7 0.0 -0.2 -0.2 0.1 Revenu élevé 0.0 -0.6 -1.2 -0.6 0.0 0.1 0.2 0.2 Exportateurs de pétrole 0.0 -0.4 -0.6 0.3 0.0 1.4 1.7 0.1 Importateurs de pétrole 0.0 -0.6 -1.2 -0.7 0.0 -0.1 0.0 0.2 Pays en développement 0.0 -0.1 -0.4 0.0 0.0 0.3 0.1 -0.3 Exportateurs de pétrole 0.0 0.9 1.6 1.5 0.0 1.5 1.2 -0.4 Importateurs de pétrole 0.0 -0.7 -1.5 -0.8 0.0 -0.5 -0.6 -0.2 Pays à revenu intermédiaire 0.0 -0.1 -0.4 0.0 0.0 0.3 0.1 -0.3 Pays à faible revenu 0.0 -1.3 -2.4 -0.6 0.0 0.0 0.3 0.1 Asie de l’Est et Pacifique 0.0 -0.8 -1.7 -1.0 0.0 -0.8 -1.1 -0.3 Exportateurs de pétrole 0.0 -0.4 -0.3 0.7 0.0 -0.5 -0.4 0.3 Importateurs de pétrole 0.0 -0.8 -1.9 -1.2 0.0 -0.9 -1.2 -0.4 Europe et Asie centrale 0.0 -0.2 -0.2 0.8 0.0 1.6 1.8 0.1 Exportateurs de pétrole 0.0 0.1 0.7 2.0 0.0 2.3 2.4 -0.1 Importateurs de pétrole 0.0 -0.5 -1.2 -0.6 0.0 0.1 0.4 0.1 Amérique latine et Caraïbes 0.0 0.5 0.7 0.5 0.0 -0.2 -0.4 -0.2 Exportateurs de pétrole 0.0 1.2 1.8 0.9 0.0 -0.4 -0.9 -0.1 Importateurs de pétrole 0.0 -0.3 -0.4 0.2 0.0 -0.1 -0.1 -0.2 Moyen-Orient et Afrique du Nord 0.0 0.8 1.3 1.1 0.0 3.3 3.2 -0.9 Exportateurs de pétrole 0.0 1.5 2.4 1.4 0.0 3.7 3.4 -1.2 Importateurs de pétrole 0.0 -1.4 -2.3 0.0 0.0 0.4 1.2 0.4 Asie du Sud 0.0 -0.9 -1.7 -0.7 0.0 -0.1 0.3 0.2 Afrique subsaharienne 0.0 1.0 1.7 1.4 0.0 3.3 2.7 -1.3 Exportateurs de pétrole 0.0 3.7 6.6 4.4 0.0 6.2 4.4 -3.6 Importateurs de pétrole 0.0 -0.9 -1.6 -0.7 0.0 0.0 0.3 0.2 Source : Banque mondiale. Une mauvaise récolte ou une hausse des leur niveau moyen de la période entre 2000 et cours du pétrole pourrait entraîner une 2007. hausse des cours des produits alimentaires dans les pays en voie de développement en En outre, 2010 fut une bonne année de récolte 2011/2012 pour de nombreux pays en développement, notamment en Afrique, de sorte que les cours La hausse des prix mondiaux des produits locaux ont progressé beaucoup plus que les cours alimentaires lors du second semestre 2010 a internationaux et les indices locaux des prix des suscité la crainte d’une "seconde crise produits alimentaires ont progressé en moyenne alimentaire", d’ampleur similaire à celle de de 9.7 % au cours des 12 mois se terminant en 2007/2008. En effet, les prix internationaux des décembre 2010. Bien entendu, des hausses denrées alimentaires ont atteint des niveaux beaucoup plus importantes ont été observées dans proches des pics de 2008. certains pays, 33 parmi les 80 ayant enregistré une hausse des prix des produits alimentaires de Néanmoins, les conséquences sur le terrain ont 10 % ou plus en 2010. été atténuées par un certain nombre de facteurs, notamment le fait que les prix des principales D’après des simulations, si la récolte de juin 2011 céréales n’ont pas tous connu une hausse à mai 2012 est normale, les cours mondiaux des équivalent à celle de 2008. Les cours céréales devraient diminuer en 2012 (une baisse internationaux du riz demeurent relativement bas, importante étant peu probable avant la fin 2011, 46 % inférieurs aux cours maximaux atteints en date à laquelle des informations plus précises sur 2008 bien qu’ils se situent toujours à deux fois les récoltes seront disponibles). Mais si la récolte 27 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 est mauvaise (par exemple de l’ordre de 5 %, ou En Europe, en dépit des nombreuses mesures 1 point d’écart type, inférieure à la normale), les destinées à réduire les déficits dans plusieurs cours du blé pourraient monter de 3.5 % (figure pays et des multiples plans de sauvetage 19). financier mis en œuvre, les marchés restent préoccupés par l’éventualité qu’un ou plusieurs Compte tenu de l’importance des facteurs pétrole pays d’Europe soient contraints de procéder à et gaz naturel pour la production alimentaire, les une restructuration de leur dette. Le prix d'une prix alimentaires pourraient prendre 16 % si assurance contre un défaut de la dette souveraine l’augmentation du prix du pétrole confirmait le grecque a atteint des records au sein de la zone scénario, présenté antérieurement d’une euro, et les taux des swaps de défaut de crédit de augmentation de 50 USD/baril. l'Irlande et du Portugal ont inversé leurs baisses précédentes (figure 20). Même la prime de Les incertitudes persistantes dans la zone risque des « pays refuges » traditionnels tels que euro, et la hausse des taux d'intérêt au le Royaume-Uni et l'Allemagne ont évolué à la sein des pays à revenu élevé une fois les hausse. mesures de relance monétaire retirées, pourraient révéler de nouvelles faiblesses Pour les pays en développement, la situation en de l'économie mondiale. Europe est source d’inquiétudes, car une détérioration importante des conditions pourrait La situation budgétaire des pays à revenu élevé affaiblir la demande pour les exportations en continue d'inquiéter les marchés. En dépit de provenance des pays en développement. En l’annonce récente et anticipée de réduction des outre, les banques pourraient être contraintes de dépenses, la politique budgétaire américaine réduire la croissance des volumes de crédit, voire reste laxiste en raison des mesures fiscales prises de rapatrier des fonds de leurs filiales étrangères, ou prolongées en décembre 2010. Le avec davantage d’impacts directs sur le crédit et Congressional Budget Office (2011) table sur un la croissance économique des pays en déficit fédéral américain de 9.8 % du PIB pour développement, notamment en Europe et en Asie l’exercice fiscal 2011 sur la base des politiques centrale. actuelles, et d’un ratio dette/PIB qui pourrait atteindre 77 % du PIB en 2021, contre un niveau Une restructuration de la dette souveraine d'un actuel de 62 %. Au Japon, le déficit budgétaire ou plusieurs pays européens pourrait affecter devrait dépasser 11 % du PIB en 2011 et négativement le capital de certaines banques de l’endettement brut dépasser les 230 % du PIB. la zone euro. D’après les chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI), la dette Figure 19 Une autre mauvaise récolte ou des prix du Figure 20 Pression renouvelée sur l’endettement des pays pétrole plus élevés pourraient encore faire grimper les prix à haut revenu alimentaires (prix nominal du blé , USD/tonne) Taux des swaps sur la dette souveraine à 5 ans en points de base Prévu Irelande 350 1800 Grèce Indicateurs de base 1600 Espagne Portugal 300 déficit de production de 5 1400 Italie % Pays à revenu intermédiaire avec médiane < 200 1200 Pays à revenu intermédiaire avec médiane > 200 déficit de production de 5 250 % et hausse des prix de 1000 l’énergie de 50 % 800 200 600 400 150 200 0 100 janv.-10 avr.-10 juil.-10 oct.-10 janv.-11 avr.-11 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Source : Banque mondiale. Source : Banque mondiale, Thomson/Datastream. 28 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 souveraine de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal prémunir contre une évolution négative, ces et de l’Espagne détenue par les banques de la risques persistants montrent que l’économie zone euro pourrait représenter plus de 20 % de mondiale ne s’est pas encore totalement remise leur fonds propres de catégorie 1. Si une des excès du boom financier antérieur à la crise. restructuration entraînait une baisse des ratios d’adéquation des fonds propres sous les seuils En effet, des problèmes supplémentaires vont réglementaires, elle aurait d’importantes peut-être surgir. Les taux longs très faibles conséquences compte tenu des nombreuses proposés par les banques centrales des pays à participations croisées entre les banques à revenu élevé par le biais de mesures tant l’échelle mondiale. Dans un tel scénario, les orthodoxes qu’extraordinaires, telles que banques européennes (ou d’autres) pourraient se l’assouplissement quantitatif, ont peut-être trouver contraintes de procéder à une permis à certaines entreprises et banques de reconsolidation de leurs bilans dans un second survivre voire de prospérer, même si tous les temps. problèmes structurels sous-jacents n’ont pas été résolus. À mesure que les banques centrales Avec un tel scénario, les banques pourraient être mettent un terme à leurs interventions sur les contraintes de puiser dans les ressources de leurs marchés des bons du Trésor, des crédits sociétés affiliées et filiales des pays en hypothécaires et des obligations d'entreprises et développement (essentiellement en Europe, en que des réglementations financières plus strictes Asie centrale en Amérique latine et aux voient le jour, les taux longs devraient Caraïbes), avec des impacts négatifs sur le crédit progresser, augmentant ainsi les coûts de et l’activité dans ces régions, qui s’étendraient au financement. Une telle hausse des coûts pourrait -delà des purs impacts commerciaux d’un révéler des vulnérabilités qui étaient restées ralentissement de la croissance européenne. jusque-là cachées. Le tableau 4 récapitule les conclusions d’une En outre, comme indiqué dans l'édition de simulation13 de la BCE, selon laquelle un regain janvier des Perspectives économiques mondiales d’aversion pour le risque et un recul consécutif 2010 (Banque Mondiale, 2010), la hausse des de la confiance des investisseurs et des taux longs peut être associée à un ralentissement entreprises à l’égard de la croissance européenne temporaire des taux de croissance tendanciels pourraient effacer environ 2 points de dans les pays en voie de développement. pourcentage. Ils pourraient également avoir des impacts similaires sur le PIB de nombreux pays Remarques de conclusion en développement suite à une baisse des exportations et à une hausse des coûts financiers La reprise observée depuis la récession mondiale induite par l’augmentation des primes de risque sans précédent qui a suivi la crise financière en et la baisse de la valeur des actifs. 2008 a gagné en vigueur et malgré des tensions et des obstacles, il apparaît qu'elle devrait Si les autorités prennent des mesures afin de se continuer à se raffermir au cours des trois Table 4 Résultats des tests de stress de la BCE prochaines années. 2011 2012 Zone euro -2.0 -2.0 Si la dynamique de la reprise semble bien établie Union européenne -2.1 -2.0 et s'est propagée depuis les pays en voie de Russie -2.0 -1.3 développement vers les économies à revenu Chine -1.0 -0.1 Reste de l’Asie -1.4 -0.1 élevé, de nombreux défis et risques demeurent. Brésil -2.1 -0.1 La croissance soutenue des pays en voie de Mexique -2.0 -0.5 Reste de l’Amérique latine -2.0 -0.7 développement, conjuguée aux tensions Pays non membres de l'Union européenne, -1.5 -0.3 politiques dans les régions productrices de Reste du monde pétrole, a une fois de plus portés les cours du Source : BCE (2011). pétrole à des niveaux qui, s'ils étaient dépassés, 29 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 pèseraient fortement sur la croissance capacités sont obtenus par des moyens économique. La politique monétaire a réagi, statistiques et diffèrent des sources officielles. Ils mais les politiques budgétaires et des taux de se rapportent uniquement à la production change pourraient avoir à jouer un rôle plus industrielle et se distinguent de l'écart de production similaire mais de « l'ensemble de important afin de maîtriser les pressions l'économie ». inflationnistes. 3. Les céréales sont la principale source de calories Les cours élevés du pétrole ont contribué à une des populations pauvres, leur apportant entre 80 augmentation des prix des produits alimentaires, et 90 % des calories de leur ration alimentaire. avec des conséquences négatives importantes sur 4. 0,1mb/jour de production pétrolière le revenu réel des populations urbaines pauvres. supplémentaire a été interrompue en mars en À ce jour, le pire de ces impacts a été évité, car raison des troubles et des grèves au Yémen, en les cours locaux des produits alimentaires des Oman, au Gabon et en Côte d'Ivoire. Or le marché craint la possibilité de perturbations plus pays en voie de développement n'ont pas autant larges au sein des grands pays producteurs de augmenté que les cours internationaux. Mais si pétrole, comme au Nigeria lors des élections les récoltes 2011/2012 décevaient comme en d'avril (environ 1 mb/jour fut interrompu lors de 2008/2009 et 2010/2011, alors les pressions sur la campagne électorale 2007). les revenus et la nutrition des familles pauvres 5. D'après le FMI (2011), la politique monétaire pourraient s'intensifier. accommodante a contribué à ces conditions, en diminuant les taux d'intérêt et donc en réduisant La maturation du cycle et le retrait progressif des le coût d'entreposage des stocks afin de faciliter mesures extraordinaires prises pour éviter un la spéculation, quand les cours futurs sont effondrement de l'économie mondiale témoigne supérieurs aux prix spot. d'une prochaine hausse des taux courts et longs. 6. Les ratios stock/utilisation des grandes Elle pourrait accroître la pression sur les économies exportatrices sont utilisés pour finances des gouvernements, des entreprises et contrôler les écarts provoqués par les importantes des banques, révélant peut-être des faiblesses qui fluctuations ces dernières années des stocks des sont restées cachées, compte tenu de la grands pays producteurs/consommateurs qui ne disponibilité immédiate d'argent bon marché. Si participent pas aux marchés mondiaux des ces faiblesses émergeaient dans des segments matières premières. économiquement sensibles de l'économie 7. Toute la composante alimentaire du maïs et du mondiale, elles pourraient avoir de graves sucre utilisée dans la production de biocarburants conséquences. n'est pas perdue. Environ 1/3 du maïs utilisé dans la production de biocarburants retourne dans le Notes cycle alimentaire sous la forme de céréale fourragère. 1. Les volumes mondiaux d’exportation ont 8. Les indicateurs de valorisation relative (cours/ retrouvé des niveaux de pré-crise, et se situaient à bénéfices, cours/valeur comptable, cours/ventes 2,4 % au-dessus des pics de pré-crise en février et rendement des actions) des pays en voie de 2011. Ceci est essentiellement le fait des gains développement présentaient une décote réalisés par les pays en développement où les significative par rapport aux pays à revenu élevé exportations de marchandises étaient à 9 points en 2009 et durant une partie de l'année 2010. En au-dessus des pics avant la crise en février. Les revanche, la décote s'est évanouie au 3ème économies à revenu élevé ont renoué avec leurs trimestre 2010, date à laquelle les pays en voie de niveaux d'août 2008 en décembre 2010, et les développement présentaient une petite prime par exportations sont désormais en ligne avec leurs rapport aux pays à revenu élevé. Depuis lors, le points hauts d'avant la crise. rythme des offres publiques sur les marchés primaire et secondaire des pays en voie de 2. Consultez Banque Mondiale (2011a) pour une développement (et leur souscription par les description de la méthodologie utilisée pour investisseurs des pays à revenu élevé) a faibli. En estimer les niveaux d'activité « hors crise ». outre, les marchés d'actions des pays en voie de Veuillez noter que ces taux d'utilisation des développement se sont stabilisés. 30 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 9. D’après les dernières statistiques en provenance européenne, une hausse des taux courts et longs, de Chine, le recul des IDE en 2009 a été moins et une réduction de la confiance des entreprises et prononcé (37 %) que prévu, et le rebond des ménages européens. enregistré en 2010 a été relativement plus puissant (25 %). Références 10. Dans ses dernières Perspectives économiques mondiales (2011), le FMI prévoit que les Baffes, John. 2010. 2010. “More on the Energy/ déséquilibres mondiaux progresseront quelque Non-Energy Commodity Price Link.� Applied peu au cours de leur période de projection, signe Economics Letters. 17: 17: 1555-1558 d'une dépréciation nominale supposée du renminbi par rapport au dollar et d'un La Banque Mondiale. 2010. Perspectives redressement significatif des exportations économiques mondiales : Finance, Crise et chinoises, à mesure de la baisse des écarts de Croissance. production des pays à revenu élevé. La Banque Mondiale. 2011a. Perspectives 11. Par exemple, la Banque centrale chinoise a relevé économiques mondiales : Navigating Strong huit fois ses exigences de réserves depuis Currents. novembre 2010. 12. Dans le modèle Global Simulation Model (GSM) Congressional Budget Office. 2011. The Budget de la Banque mondiale, l’impact initial d’un choc and Economic Outlook: Fiscal years 2011 to pétrolier affecte d’abord les termes de l’échange. 2021. January. Téléchargé le 29 avril 2011 Les pays exportateurs de pétrole enregistrent un http://www.cbo.gov/doc.cfm?index=12039 gain de leur revenu réel à mesure de la hausse des prix des exportations de marchandises. Dalsgaard, Thomas, Chirstophe André and Pete L'impact est plus fort dans les pays où les Richardson. 2001. 2001. “Standard Shocks in exportations de pétrole représentent une partie the OECD Interlink Model�. OECD importante du PIB (Angola et Nigeria par Economics Department Working Paper. No. exemple) et où la propension aux importations 306. est relativement faible. Parmi les pays exportateurs de pétrole, la tendance aux Banque Centrale Européenne. 2011. 2011. importations est sensiblement supérieure au “Macroeconomic adverse scenario for the Vietnam et en Papouasie Nouvelle Guinée qu'au 2011 EU-wide Stress test: Specification and Gabon et au Venezuela, réduisant ainsi l'impact results�. Annexe 2 de l'Autorité bancaire net sur le PIB de ce dernier pour un gain de européenne. 2011. Overview of the EBA revenu similaire. 2011 banking EU-wide stress test. http:// Dans des pays à haut revenu exportateurs de www.eba.europa.eu/cebs/media/Publications/ pétrole, l’impact global du PIB est négatif en Other%20Publications/2011%20EU-wide% raison des impacts négatifs au Canada et au R-U, 20stress%20test/EBA-ST-2011-003--% dont les exportations non-pétrolières sont 28Overview-of-2011-EBA-EU-wide-stress- négativement affectées par le ralentissement de la test%29.pdf demande mondiale. Hormis ces deux pays, l’impact sur les autres pays à haut revenu Fonds Monétaire International. 2011. exportateurs de pétrole est positif, en raison de Perspectives économiques mondiales. April. leurs intensités élevées d’importation. Un facteur Timilsina, Govinda R. and Shrestha, Ashish. semblable explique l’impact négatif pour les exportateurs de pétrole de l’Asie de l’Est et du 2010. “Biofuels: Markets, Targets and Pacifique dans la mesure où l’impact négatif sur Impacts�. Document de recherche politique les exportations malaises de nature non- de la Banque Mondiale. No.6534 pétrolières est très supérieur à l’impact positif des TEPCO. 2011. Power Supply and Demand revenus, plus élevés, provenant du pétrole sur le Outlook in this Summer and Measures (3e PIB de la Malaisie (en excluant la Malaisie, l’impact net est positif). édition). Mai 13 13. Le scénario de la BCE suppose une hausse de la Nations Unies. Organisation mondiale du prime de risque de la dette souveraine tourisme. 2011. 2011. “UNWTO World 31 Perspectives économiques mondiales, juin 2011 Tourism Barometer�. Février 2011. [www.unwto.org] Walsh, James P. 2011. “Reconsidering the Role of Food Prices in Inflation�. Document de travail du FMI. WP11/71. World Travel and Tourism Council. 2011 Tourism Impact Data and Forecast. Mai 2011. [www.wttc.org] 32