42700 DIREC TIONS POUR LE DÉ VELOPPEMENT Développement Humain L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Soins et développement de la petite enfance en Afrique subsaharienne Marito Garcia, Alan Pence, et Judith Evans, Éditeurs L’Avenir de l’Afrique, Le Dé� de l’Afrique L’Avenir de l’Afrique, Le Dé� de l’Afrique Soins et développement de la petite enfance en Afrique subsaharienne Éditeurs Marito Garcia Alan Pence Judith L. Evans BANQUE MONDIALE Washington, DC © 2011 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale. 1818 H Street NW Washington, DC 20433 Téléphone: 202-473-1000 Site web : www.worldbank.org Tous droits réservés. 1 2 3 4 14 13 12 11 Cet ouvrage est l’œuvre des services de la Banque internationale pour la reconstruction et le développe- ment/Banque mondiale. Les observations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues du Conseil des administrateurs de la Banque mondiale, ni des pays qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées et décline toute responsabilité quant aux conséquences de leur utilisation. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre infor- mation figurant sur les cartes n’impliquent, de la part du Groupe de la Banque mondiale, aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que le Groupe reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et licences Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. La reproduction ou la transmission d’une partie ou de l’intégralité de la présente publication peut constituer une violation de la loi applicable. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale encourage la diffu- sion de ses études et, normalement, accorde sans délai autorisation de reproduction partielle. Pour obtenir l’autorisation de reproduire ou de réimprimer toute partie de cette publication, veuillez adresser votre demande, par courrier postal, au Copyright Clearance Center, Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, USA ; téléphone : 978-750-8400 ; télécopie : 978-750-4470 ; site web : www. copyright.com. Pour tout autre renseignement sur les droits et licences, y compris les droits dérivés, veuillez vous adres- ser à l’adresse suivante : Office of the Publisher, World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; par télécopie, au 202-522-2422 ; ou par courriel à l’adresse : pubrights@worldbank.org. ISBN: 978-0-8213-8804-4 eISBN: 978-0-8213-8809-9 DOI: 10.1596/978-0-8213-8804-4 Photos de couverture: A gauche: © Bernard van Leer Fondation/Jim Holmes (2003); les enfants d’Edines Lyakurwa près de Moshi en Tanzanie, photographiés au cours d’une visite sur le terrain avec Kiwakkuki, une organisation féminine qui travaille avec des communautés tanzaniennes rurales affectées par le VIH/SIDA. A droite: © La Fondation Aga Khan (AKF)/Jean-Luc Ray (1991); deux garçons à Mombasa, au Kenya, photographiés triant des haricots dans un exercice de calcul et d’identification de couleurs. Maquette de couverture: Naylor Design Ce livre correspond à la traduction de la version anglaise de 2008 – Africa’s Future, Africa’s Challenge: Early Childhood Care and Development in Sub-Saharan Africa. Table des matières Avant-propos xix Remerciements xxiii Contributeurs xxv Abbréviations xxxi Introduction 1 Alan Pence, Judith L. Evans, et Marito Garcia Les enfants en Afrique subsaharienne 2 Les enfants en tant qu’entités sociales 2 Les enfants à l’ordre du jour en Afrique 3 Pourquoi ce livre? 4 Sections et chapitres 4 Notes 7 Références 7 SECTION 1 Contextes 9 Chapitre 1 La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 11 Marito Garcia, Gillian Virata, et Erika Dunkelberg v vi Table des matières Les indices démontrent les conditions des enfants 14 La situation des enfants en Afrique subsaharienne est pire que dans d’autres régions du monde 15 Investir dans les jeunes enfants 27 Notes 28 Références 28 Chapitre 2 Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national : tendances dans certains pays africains 31 Agnes Akosua Aidoo Les jeunes enfants en Afrique 32 Évolution de la politique de DPE 33 Liens entre les conventions internationales et régionales et les politiques de développement en Afrique 35 Politiques nationales du DPE : besoins et défis 39 Le processus d’élaboration de la politique 43 Conclusions et actions clés 49 Note 54 Références 54 Chapitre 3 Éducation et soins à la petite enfance en Afrique subsaharienne : Que faut-il faire pour atteindre les objectifs de millénaire pour le développement ? 57 Adriana Jaramillo et Alain Mingat Peut-on atteindre les objectifs mondiaux pour la petite enfance ? 59 Les arguments qui plaident en faveur des activités de SDPE en Afrique subsaharienne 67 Les implications de politiques pour atteindre les objectifs du DPE 73 Conclusion 76 Notes 77 Références 77 Table des matières vii Chapitre 4 Développement du cerveau et DPE Plaidoyer pour l’investissement 79 Mary Eming Young et Fraser Mustard L’aspect économique du DPE 80 L’Afrique aujourd’hui 81 Pourquoi le DPE? 82 Le développement et la fonction du cerveau : ce que dit la science 82 L’alphabétisation et la santé 90 Contourner le manque de développement pendant la petite enfance 93 Vulnérabilité et cognition 94 Les avantages du DPE pour l’Afrique 95 Conclusion 98 Notes 99 Références 99 Chapitre 5 Nouvelles menaces pour le développement de la petite enfance: les enfants touchés par le VIH/SIDA é 103 Jodie Fonseca, Chloe O’Gara, Linda Sussman, et John Williamson Le VIH/SIDA et les jeunes enfants: le problème 104 Pourquoi faut-il une réponse 111 Les jeunes enfants touchés par le VIH/SIDA : le chemin à suivre 116 Notes 119 Références 120 SECTION 2 Perspectives Sociohistoriques 125 Chapitre 6 Le DPE en Afrique: une perspective historique 127 Larry Prochner et Margaret Kabiru Le DPE à l’époque coloniale 128 Le DPE autochtone dans une perspective historique 134 viii Table des matières Un modèle de DPE communautaire contemporain : Les établissements préscolaires Harambees du Kenya 138 Conclusion 142 Références 142 Chapitre 7 (In)Compréhension du DPE en Afrique : la force des justifications locales et mondiales 147 A. Bame Nsamenang À qui profitent réellement tous ces programmes de DPE ? 148 Principes fondamentaux du DPE autochtones africain 151 Réflexions finales 157 Références 159 Chapitre 8 La paternité : le rôle des hommes dans l’éducation des enfants en Afrique—Porter la deuxième moitié du ciel 163 Linda M. Richter et Robert Morrell Les pères absents 165 Pourquoi faut-il impliquer les hommes dans les soins aux enfants ? 167 Que disent les enfants sur les pères ? 170 Les soins et la protection apportés par les hommes aux jeunes enfants 172 Que reste-t-il à faire ? 174 Références 177 SECTION 3 Élaboration de politique 181 Chapitre 9 Politiques de DPE: une analyse comparative au Ghana, en île Maurice et en Namibie 183 J. K. A. Boakye, Stella Etse, Madeez Adamu-Issah, Medha Devi Moti, Juditha Leketo Matjila, et Shamani-Jeffrey Shikwambi Ghana 184 L’île Maurice 188 Table des matières ix La Namibie 194 Conclusion 199 Références 201 Chapitre 10 Planification participative des politiques de DPE en Afrique de l’Ouest francophone 203 Emily Vargas Baron Le projet des trois pays 204 Quelques leçons apprises sur la planification des politiques de DPE en Afrique 210 Défis à venir pour les politiques de DPE 215 Note 216 Références 216 SECTION 4 Programmation 217 Chapitre 11 Relever le défi de répondre aux besoins des enfants de moins de trois ans en Afrique 219 Kofi Marfo, Linda Biersteker, Jenieri Sagnia, at Margaret Kabiru Principaux enjeux: un aperçu 221 Études de cas : approches exemplaires et novatrices des politiques et prestation des programmes 229 Résumé et commentaire final 241 Notes 243 Références 243 Chapitre 12 Introduction des classes pré primaires en Afrique: opportunités et défis 247 Linda Biersteker, Samuel Ngaruiya, Edith Sebatane, et Sarah Gudyanga L’Afrique du Sud 249 Le Kenya 252 Le Zimbabwe 255 Le Lesotho 259 Opportunités et défis : qu’avons-hous appris ? 263 Conclusion 266 x Table des matières Notes 267 Références 267 Chapitre 13 Éducation inclusive: une réponse mauricienne aux « droits fondamentaux de l’enfant » 271 Gilberte Chung Kim Chung et Cyril Dalais L’éducation inclusive : bref aperçu historique 273 L’expérience de l’île Maurice 274 Les écoles pour les enfants avec des besoins particuliers 275 De la ségrégation à l’intégration : un long chemin 276 Développements 282 La stratégie de la réforme inclusive 283 Conclusion 283 Références 286 Chapitre 14 Défis parentaux pour la famille africaine en mutation 289 Judith L. Evans, Chalizamudzi Elizabeth Matola, et Jolly P. T. Nyeko Modification de la famille africaine 289 Attention aux familles et les communautés 294 Renforcer les soins aux plus jeunes enfants à travers des programmes d’éducation parentale 296 Conclusion 306 Références 307 Chapitre 15 Le DPE et le VIH/SIDA : le récent défi de programmation et de politique 311 Patrice L. Engle et Erika Dunkelberg, avec Shireen Issa Programmation à l’égard des jeunes enfants touchés par le VIH/SIDA 312 Options pour les programmes 315 Meilleures pratiques et défis 327 Le cadre politique 331 Table des matières xi Conclusions 339 Notes 340 Références 341 Chapitre 16 Soutenir les jeunes enfants pendant les situations de conflits et après: protection et bien-être psychosocial de l’enfant en Angola 347 Michael Wessells et Carlinda Monteiro Les guerres en Angola et leurs séquelles 349 Les outils pour soutenir les jeunes enfants 352 Références 359 Chapitre 17 La communication stratégique dans les programmes de développement de la petite enfance : le cas de l’Ouganda 363 Cecilia Cabañero-Verzosa et Nawsheen Elaheebocus Le besoin de communication stratégique dans les programmes de DPE 364 Concepts clés de la communication stratégique 365 Exemple de cas : le Projet de nutrition et du développement de la petite enfance en Ouganda 368 Conclusion 378 Annexe 380 Notes 384 Références 384 SECTION 5 Évaluation et Recherche 387 Chapitre 18 La synergie des interventions de nutrition et de DPE en Afrique subsaharienne 389 Harold Alderman et Patrice L. Engle Les synergies de la nutrition et du développement cognitif et la maturité scolaire 390 La synergie du programme de nutrition communautaire et des approches de DPE 393 xii Table des matières Conclusion 402 Note 403 Références 403 Chapitre 19 L’impact des programmes de DPE sur l’emploi des mères et la scolarisation des enfants plus âgés au Kenya 407 Michael M. Lokshin, Elena Glinskaya, et Marito Garcia Enquêtes sur les centres de DPE et les ménages au Kenya 409 Conclusions 422 Notes 423 Références 423 Chapitre 20 Le programme Madrasa de développement de la petite enfance: faire une différence 425 Peter Mwaura et Bishara T. Mohamed Le contexte 426 Les objectifs 428 Le curriculum 428 Gestion et gouvernance 429 Activités opérationnelles 429 La séquence des activités du programme 429 La recherche au sein du programme CRM 432 Impact du programme sur la communauté 438 Conclusion 441 Notes 442 Références 442 Chapitre 21 Lier le discours de la politique à la vie quotidienne au Kenya: les impacts des politiques néolibérales sur l’éducation de la petite enfance et l’éducation des enfants 445 Elizabeth Swadener, Patrick Wachira, Margaret Kabiru, et Anne Njenga L’éducation postindépendance: de Harambee à la Coalition nationale arc-en-ciel 449 Table des matières xiii Réflexions finales 460 Références 463 Chapitre 22 Les approches communautaires réussies en Afrique orientale et australe 467 Jane E. Lucas, Jessica Jitta, Gareth Jones, et Katarzyna Wilczynska-Ketende Revue des interventions au niveau des ménages et des communautés 468 Les données d’enquêtes sur les changements dans les pratiques familiales de soins clés 472 Coordination d’une enveloppe d’interventions pour une plus grande efficacité 492 Conclusion 495 Notes 495 Références 496 SECTION 6 Les défis et comment les faire face 499 Chapitre 23 Les programmes de la petite enfance sont-ils financièrement viables en Afrique ? 501 Adriana Jaramillo et Alain Mingat Considération des coûts 501 Les implications de cette politique 510 La création d’une politique de DPE 510 Les politiques du coût unitaire 514 Le modèle de simulation : remettre tout ensemble 521 Résumé et conclusion 527 Notes 529 Références 530 Chapitre 24 Approche tripartite visant le renforcement des capacités de DPE en Afrique : séminaires de DPE, conférences internationales et i’UVDPE 533 Alan Pence avec Abeba Habtom et Francis R. W. Chalamada Un Programme Tripartite d’initiatives : Séminaires, Conférences et l’UVDPE 534 xiv Table des matières Renforcer les capacités à travers des approches multiples 537 Étapes suivantes 545 Conclusion 546 Notes 547 Références 547 Encadrés 17.1 Contexte culturel, social et religieux 372 22.1 Pratiques familiales et communautaires essentielles pour promouvoir la survie, la croissance et le développement de l’enfant (liste complète de 17 pratiques essentielles et 2 pratiques supplémentaires d’ESARO) 470 Figures 1.1 Une revenue nationale élevée ne se traduit pas nécessairement par de meilleures conditions pour les enfants 16 1.2 Les pays avec de meilleurs indices de développement humain tendent à avoir de meilleurs indicateurs de bien-être des enfants 17 1.3 Plus d’enfants souffrent de privations graves en Afrique subsaharienne que dans toute autre région sauf l’Asie du Sud-est (2000) 18 1.4 La proportion d’enfants en Afrique subsaharienne qui souffrent de privations graves de logement et d’eau potable est la plus élevée au monde (2000) 19 1.5 Prévalence du retard de croissance chez les enfants âgés de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne (2005) 21 1.6 L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où le nombre d’orphelins augmente 23 1.7 Le nombre des orphelins du SIDA en Afrique subsaharienne est monté en flèche en 1990 et 2003 et les projections indiquent que ce nombre continuera à augmenter 23 1.8 La corrélation est positive entre la scolarisation au pré primaire et les taux d’achèvement du primaire 26 3.1 Taux de redoublement jusqu’en 5e année et couverture préscolaire 67 Table des matières xv 3.2 Taux de maintien jusqu’en 5e année et couverture préscolaire 68 3.3 Proportion des enfants de moins de 5 ans en insuffisance pondérale et couverture préscolaire 68 3.4 Interaction supposée entre l’apprentissage préscolaire, le redoublement et le maintien jusqu’en 5e année 70 3.5 Effet du préscolaire sure les taux redoublement (R²) et de maintien (Analyse des données par la statistique multi variée) 71 3.6 L’effet direct et indirect du l’apprentissage préscolaire sur le redoublement et le maintien en la éducation primaire dans 24 pays en Afrique subsaharienne 71 4.1 Les relations entre l’espérance de vie et la proportion de la population à des niveaux d’alphabétisation faibles dans les pays développés 90 4.2 Grades socioéconomiques des scores d’alphabétisation 91 8.1 Pères absents et décédés 165 13.1 Le parcours de l’exclusion à l’intégration pour les enfants avec des besoins particuliers (EBP) à l’Ile Maurice 277 13.2 Objectifs visant à absorber un plus grand nombre d’enfants dans les systèmes éducatifs en Ile Maurice, 2004–2008 284 13.3 Objectifs visant à offrir des services éducatifs à tous les enfants handicapés en Île Maurice d’ici 2015 285 20.1 Scores de l’environnement d’apprentissage dans les établissements préscolaires CRM et non CRM au Kenya, en Ouganda et au Zanzibar 435 20.2 Taux de changement des mesures cognitives des enfants inscrits dans les établissements préscolaires et ceux restés à la maison 436 22.1 Les enfants allaités exclusivement jusqu’à l’âge de 6 mois dans 5 programmes d’ESARO, avant et après l’intervention 475 22.2 Les enfants allaités dans la première heure après l’accouchement dans trois programmes d’ESARO, avant et après l’intervention 476 22.3 Enfants recevant des suppléments de vitamine A dans 6 programmes d’ESARO avant et après intervention 479 xvi Table des matières 22.4 Enfants âgés de 12-23 mois immunisés contre la rougeole dans cinq programmes de l’ESARO avant et après l’intervention 483 22.5 Enfants âgés de 0-59 mois qui ont dormi sous une moustiquaire la nuit précédant l’enquête dans trois programmes de l’ESARO avant et après l’intervention 484 22.6 Pourvoyeurs de soins donnant de la nourriture et des liquides (TRO) aux enfants lorsqu’ils ont de la fièvre et une infection respiratoire aiguë (IRA) dans le district de Ntungamo, en Ouganda, avant et après l’interventio 487 Tableaux 1.1 Indicateurs nationaux de santé et d’éducation en Afrique 12 1.2 Les taux bruts de scolarisation dans les établissements préscolaires ont augmenté en Afrique subsaharienne mais demeurent largement en dessous de ceux du reste du monde 26 1.3 Les taux bruts d’inscription plus élevés au pré primaire sont associés à des taux de redoublement plus faibles 27 3.1 État des objectifs du Millénaire pour le développement par région 60 3.2 Éducation pré primaire, primaire et la proportion d’enfants en déficit pondéral par région (moyennes par pays) 62 3.3 Taux bruts de scolarisation (TBS) dans le préscolaire, proportion des enfants de moins de 5 ans en sous-poids et taux de mortalité des enfantd de moins de 5 ans dans les pays africains subsahariens (1999) 63 3.4 Évolution des TBS du préscolaire par région (1990–99) et projection de la tendance (jusqu’ au 2015) 66 3.5 La perspective d’atteindre les différent niveaux cibles de couverture du préscolaire dans 133 pays en développement, compte tenue des tendances actuelles (d’ici 2015) 66 3.6 Simulation du taux de maintien jusqu’en 5e année et du taux de redoublement en fonction de la couverture préscolaire dans 24 pays d’Afrique subsaharienne 72 4.1 Taux d’alphabétisation, âges de 16–65 ans, 1994–98 92 Table des matières xvii 5.1 Les coûts annuels de programmes visant à atténuer l’impact du SIDA dans les ménages à Kagera en Tanzanie 115 8.1 Pères vivants et résidents suivant la structure des dépenses en Afrique du Sud 166 12.1 Nombre d’élèves formés à l’enseignement de DPE au Zimbabwe 259 15.1 Environnement de la politique au Ghana, au Malawi, en Tanzanie et en Zambie 335 17A.1 Modèle des cinq decisions de lagestion de la communication 380 17A.2 Cinq décisions de la gestion de communication appliquées dans le projet de nutrition du développement de la petite enfance (PNDPE) en Ouganda 381 19.1 Emploi maternel et utilisation du DPE : estimation simultanée des équations pour le système de demande des ménages 415 19.2 Simulation des effets des politiques diverses et changements des caractéristiques démographiques sur les comportements des ménages (Estimationa SPFIML) 418 19.3 Simulation des effets de politiques diverses sur la scolarisation (Estimationa SPFIML) 421 20.1 Bénéficiaires primaires du programme de centres Madrasa de ressources à partir de 2005 432 22.1 18 pays dans UNICEF/ESARO mettent en œuvre la composante foyer et communauté de PIME dans au moins 3 régions 469 22.2 Accès aux installations sanitaires, aux sources d’eau propre et aux installations pour le lavage des mains dans cinq programmes d’ESARO avant et après les interventions 481 22.3 Pourvoyeurs de soins donnant de la nourriture et des liquides (TRO) pendant la diarrhée dans cinq sites de l’ESARO 486 22.4 Raisons données par les pourvoyeurs de soins pour expliquer le retard du recours aux soins pour les enfants malades dans les sites de mise en œuvre au Malawi 491 xviii Table des matières 22.5 Changements dans les pratiques rapportées qui sont susceptibles d’avoir les impacts les plus importants sur la prévention des décès infantiles 494 23.1 Données sélectionnées sur le coût de l’éducation préscolaire et de l’éducation primaire publique dans quatre pays 503 23.2 Simulation du taux de survie jusqu’en CM1 et le taux de redoublement suivant une couverture de l’éducation préscolaire dans 24 pays subsahariens 506 23.3 Dépenses publiques par enfant dans les programmes préscolaires publics et communautaires dans quatre pays (par unités du PIB par habitant) 508 23.4 Tableau de la politique: Eléments qui contribuent à la définition de la politique de DPE 512 23.5 Tableau du coût unitaire pour les systèmes à subvention totale et partielle pour la population des 0–3 ans 515 23.6 Tableau de la politique du coût unitaire pour les systèmes entièrement et partiellement subventionnés pour la population des 4–5 ans 519 23.7 Modèle de coûts pour les programmes de DPE financés par le gouvernement 522 24.1 Première, deuxième et troisième conférences internationales africaines sur le DPE comparées par taille et portée 539 Avant-propos Pendant le lancement du Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous 2007 (EPT GMR 2007), à Dakar, Sénégal, qui a eu lieu en novembre 2006, les pays africains ont été encouragés à «développer et améliorer le développement de la petite enfance, en particulier pour les enfants les plus défavorisés». En effet, les enfants sont notre avenir et investir dans les jeunes enfants en Afrique est un investissement dans l’avenir du continent. Ce livre apporte une large perspective sur la manière de relever ce défi, les différents chapitres ont été écrits par des chercheurs et des praticiens, africains ou non, spécialisés dans le domaine. La couverture des programmes de développement de la petite enfance reste très faible en Afrique subsaharienne, en particulier pour les enfants de moins de 3 ans. Le rapport EPT-GMR 2007 indique que le pourcen- tage brut des inscriptions dans le secteur préscolaire s’élève à 12 % (contre 48 % pour tous les autres pays des régions en développement), ce qui contribue aux faibles taux d’achèvement dans le cycle primaire et aux mauvais résultats qu’on y observe. Les premières expériences d’appren- tissage facilitent l’entrée des jeunes enfants à l’école primaire et augmen- tent leurs chances y aboutir. En réduisant les taux d’abandon, de redoublement et de placement en éducation spécialisée, les programmes xix xx Avant-propos de développement de la petite enfance permettent d’améliorer l’effica- cité de l’enseignement primaire et de réduire les coûts liés à l’éducation pour les gouvernements et les ménages. Les tendances actuelles réclament le développement d’une politique et des programmes pour la petite enfance. Aujourd’hui, le défi est de donner un bon départ aux 130 millions d’enfants de moins de 6 ans en Afrique subsaharienne. L’urbanisation, avec les changements de la struc- ture des ménages qu’elle entraîne, a réduit le rôle de pourvoyeurs de soins des membres de la famille élargie. Le nombre de mères de jeunes enfants qui travaillent a fait augmenter la demande des soins non parentaux pour les enfants. Cette demande est encore croissante due aux orphelins que la pandémie du VIH/SIDA a laissé—ce nombre a maintenant atteint les 12 millions. La malnutrition des enfants de moins de 5 ans en Afrique a augmenté au cours des 10 dernières années : 75 millions d’entre eux souffrent de malnutrition chronique et de retard de croissance. Il a été démontré que les enfants d’âge scolaire atteints de carences en iode ont un QI inférieur de 13 points; l’anémie empêche de nombreux enfants de réaliser pleine- ment leur potentiel. Ces facteurs entraînent une scolarisation tardive et réduisent le taux d’achèvement de la scolarité primaire. Ce livre s’inspire des vues des auteurs et des observateurs des tendances africaines. Il présente un plaidoyer pour l’investissement dans le dévelop- pement de la petite enfance en tenant compte des nouvelles découvertes par la neurologie. Dans une perspective socio-historique, les tendances du développement de la petite enfance, tenant compte des nouvelles mena- ces comme le VIH/SIDA, des difficultés de s’occuper des enfants de moins de 3 ans et du rôle des pères africains, définissent le contexte dans lequel les ménages, les communautés et le secteur public vont s’occuper des enfants africains. Des études comparatives sur la manière dont diffé- rents pays abordent la politique de développement de la petite enfance révèlent l’existence de différentes approches efficaces, les approches de planification participative et les approches communautaires par exemple. Ce livre rapporte les résultats des plusieurs évaluations d’impact des pro- grammes de promotion des soins et du développement des enfants dans des divers pays. Pour aider à progresser, il décrit le financement des pro- grammes pour la petite enfance et les approches adoptées pour le renfor- cement des capacités et la diffusion des connaissances. Le communiqué de la Troisième conférence internationale africaine sur le développement de la petite enfance qui s’est tenue à Accra, Ghana, en juin 2005 a exhorté la Commission africaine et les secrétariats des Avant-propos xxi organismes sous-régionaux de la CEDEAO, du COMESA, de la SADC et du NEPAD à adopter des mesures pour promouvoir et soutenir le déve- loppement holistique et des interventions visant à sauver la vie des nour- rissons et des jeunes enfants, en commençant par les plus vulnérables. Il a exhorté les chefs d’États et de gouvernements de l’Union africaine et des organismes sous-régionaux de la CEDEAO, du COMESA et de la SADC à faire du développement des nourrissons et des jeunes enfants une prio- rité urgente. Ce livre réitère ce message et propose des voies permettant d’investir dans les enfants de l’Afrique en vue de développer des bases solides pour un meilleur avenir. Yaw Ansu Directeur, Département du développement humain Région Afrique La Banque mondiale Remerciements Ce livre est le produit d’une collaboration étroite par des nombreuses personnes et organismes. Nous tenons à remercier tous les participants à la Troisième conférence internationale africaine sur le développement de la petite enfance qui s’est tenue à Accra, Ghana, en juin 2005. Leurs opinions et perspectives présents dans plusieurs chapitres de ce livre. Comme il a été démontré par cette conférence, les programmes de soins et de développement de la petite enfance en Afrique doivent faire face à d’énormes défis, mais ils ont aussi donné naissance à des réponses signifi- catives et créatives pour les surmonter. Nous saluons le dévouement de tous ceux qui favorisent le bien-être des enfants en Afrique. Le Groupe de travail sur le développement de la petite enfance (GTDPE) de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), la Banque mondiale, l’Université virtuelle pour le déve- loppement de la petite enfance (UVDPE) de l’École des soins de l’enfant et des jeunes, de l’Université de Victoria au Canada, l’UNICEF, l’OMS et l’UNESCO, tous ont joué un rôle essentiel en apportant leur soutien au comité d’organisation pour la préparation de cette conférence. Ces orga- nismes, rejoints par d’autres d’organisations gouvernementales, non gou- vernementales et du secteur privé, ont collaboré à l’achèvement de ce livre. Nous remercions le Fonds norvégien pour l’éducation (Norwegian xxiii xxiv Remerciements Education Trust Fund ou NETF) et le Fonds pour le développement de programmes éducatifs (Education Program Development Trust Fund ou EPDF) de la Banque mondiale pour le financement apporté à la prépara- tion de ce livre. Nos remerciements les efforts inlassables dans l’édition technique et la révision de ce livre vont à Gillian Virata, Janice Tuten, et Leslie Prpich. Nous tenons à remercier Aziz Gökdemir, Nora Ridolfi, Jonathan Tin, et Richard Crabbe au Bureau de l’Éditeur de la Banque mondiale, qui ont produit ce livre. Enfin, nos remerciements le travail des traducteurs Koffi Edoh, Philippe Lambert, et Antoinette Doh-Esena. Contributeurs Madeez Adamu-Issah est responsable du Projet Éducation del’UNICEF au Ghana. Agnes Akosua Aidoo est membre du Comité des droits de l’enfant à Genève, Suisse. Harold Alderman est conseilleur au Département de la protection sociale, Division Afrique, Banque Mondiale. Linda Biersteker est le Directeur de la Division d’éducation préscolaire, au Cap, Afrique du Sud. Joseph Kwasi Ayim Boakye est consultant en développement de la petite enfance au Ghana. Cecilia Cabañero-Verzosa est la responsable de la Section connaissances et renforcement des capacités à la Division du développement de la com- munication de la Banque mondiale. Francis R. W. Chalamanda est le coordinateur national du DPE au Ministère du développement de la femme et l’enfant au Malawi. Gilberte Chung Kim Chung est le Directeur du Bureau de l’éducation catholique (BEC) de l’Ile Maurice. xxv xxvi Contributeurs Cyril Dalais est consultant et conseiller sur la protection et le développe- ment de l’enfant au Ministère de l’éducation et des ressources humaines de l’Ile Maurice. Erika Dunkelberg est membre de l’équipe chargée du développement de la petite enfance du Réseau du développement humain pour l’enfance et l’adolescence à la Banque mondiale. Nawsheen Elaheebocus travaille à la Division des communications pour le développement de la Banque mondiale. Patrice L. Engle est professeur à l’Université Californien Polytechnique à San Luis Obispo en Californie aux États-Unis. Stella Etse est consultante et coordinatrice du Groupe de travail de l’As- sociation pour le développement de l’éducation en Afrique en charge du développement de la petite enfance. Elle réside au Ghana. Judith L. Evans est Directeur émérites du Groupe consultatif sur les soins et le développement de la petite enfance et Professeur associé, à l’ École des soins de l’enfant et des jeunes de la, Faculté du développement humain et social, à l’Université de Victoria, Canada. Jodie Fonseca est conseillère en éducation et en VIH/SIDA chez Save the Children aux États-Unis. Marito Garcia est économiste principal et coordonnateur du programme de la petite enfance en Afrique à la Banque mondiale, Département du Développement humain, Région Afrique. Elena Glinskaya est économiste principale au Département de la gestion économique et de la réduction de la pauvreté à la Banque mondiale, région Asie du Sud. Sarah Gudyanga est consultante sur les compétences pour la vie et la petite enfance au Zimbabwe. Abeba Habtom est chef de l’Unité des soins et du développement de la petite enfance et des enfants ayant des besoins spéciaux au Ministère de l’éducation en Erythrée. Shireen Issa est consultante de l’UNICEF. Adriana Jaramillo est spécialiste principale en éducation au Département du développement humain de la Banque mondiale. Région Moyen- Orient et Afrique du Nord. Jessica Jitta est directrice du Centre pour le développement et la santé de l’enfant à l’Université de Makerere à Kampala, Ouganda. Contributeurs xxvii Gareth Jones est statisticien à Adeni Consulting à Ottawa, Canada. Margaret Kabiru est consultante et directrice du centre de formation sur les soins et le développement de la petite enfance du Centre Mwana Mwende au Kenya. Michael M. Lokshin est économiste principal du groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale. Jane E. Lucas est consultante en développement et santé de l’enfant. Kofi Marfo est professeur en psychologie de l’éducation et directeur du Centre pour la recherche sur le développement et l’apprentissage des enfants à l’Université de Floride du Sud aux États-Unis. Juditha Leketo Matjila est directrice de la Communication à l’UNICEF en Namibie. Chalizamudzi Elizabeth Matola est assistante de projet du Programme pour les orphelins et les enfants vulnérables et pour la protection des enfants de l’UNICEF au Malawi. Alain Mingat est directeur de recherche au CNRS et chercheur à l’Insti- tut de Recherche sur l’économie de l’éducation à l’Université de Bourgogne à Dijon, France. Bishara T. Mohamed est conseiller technique de l’Instruction interactive par la radio visant à renforcer l’éducation en Tanzanie/Zanzibar, et ancien directeur du Centre de ressources des madrasas en Afrique de l’Est. Carlinda Monteiro est directrice adjointe du Fonds chrétien pour l’en- fance (Christian Children’s Fund) en Angola. Robert Morrell est professeur à l’École d’éducation à l’Université du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud. Medha Devi Moti est consultant en éducation et ancien directeur techni- que principal au Ministère de l’éducation de l’Île Maurice. Fraser Mustard est président fondateur et membre de l’Institut canadien de recherches avancées (ICRA). Peter Mwaura est chargé du Programme régional de recherche du Centre des ressources des madrasas en Afrique de l’Est. Samuel Ngaruiya est chargé du programme DPE au, Ministère de l’édu- cation au Kenya. Anne Njenga est consultante et coordinatrice chargée de la formation et de la recherche sur les soins et le développement de la petite enfance du Centre Mwana Mwende au Kenya. xxviii Contributeurs A. Bame Nsamenang est maître de conférences en psychologie et suivi psychologique à l’Université de Yaoundé au Cameroun. Jolly P. T. Nyeko est la fondatrice et présidente de l’ONG Action pour les enfants en Ouganda. Chloe O’Gara est vice présidente adjointe et directrice chargée de l’édu- cation pour l’ONG Save the Children aux États-Unis. Alan Pence est directeur de l’Université virtuelle pour le développement de la petite enfance et professeur à l’École des soins de l’enfant et des jeunes de la, Faculté du développement humain et social, à l’Université de Victoria, Canada. Larry Prochner est professeur associé chargé de l’éducation élémentaire à l’Université d’Alberta au Canada. Linda M. Richter est directrice exécutive de la section Développement social, de l’enfant, de la jeunesse et de la famille du Conseil de Recherche en Sciences Humains en Afrique du Sud. Jenieri Sagnia est responsable de projet pour l’éducation du Programme des services de base en Gambie. Edith Sebatane est inspectrice au Ministère de l’éducation et de la forma- tion au Lesotho. Shamani-Jeffrey Shikwambi est coordinateur de Programme au Collège Augsburg à Minneapolis, États-Unis. Linda Sussman est consultante sur la prévention et les soins relatifs au VIH/SIDA. Elizabeth Swadener est présidente et professeur en éducation de la petite enfance et d’études politiques a l’Université d’État en Arizona aux États-Unis. Emily Vargas-Barón est directrice de l’Institut RISE à Washington, DC. Gillian Virata est consultant en développement de la petite enfance pour la Banque mondiale. Patrick Wachira est professeur associé au Département de la formation des enseignants et de mathématiques à l’Université d’État de Cleveland en États-Unis. Michael Wessells est conseiller principal sur la protection de l’enfant au Fonds chrétien pour l’enfance (Christian Children’s Fund) et professeur Contributeurs xxix de santé familiale et de la population à l’Université Columbia à New York, États-Unis. Katarzyna Wilczynska-Ketende est consultante internationale en santé de l’enfant, chercheur honoraire à l’Institut de la santé de l’enfant et coordinatrice du réseau international des groupes d’action pour l’alimen- tation infantile de l’UNICEF à Londres, Royaume Uni. John Williamson est conseiller technique du Fonds des enfants et des orphelins déplacés de l’Agence pour le développement international de l’USAID. Mary Eming Young est spécialiste en l’éducation, chef d’équipe du pro- gramme du développement de la petite enfance de la Banque mondiale, réseau du développement humain pour l’enfance et la jeunesse Abréviations ADEA Association pour le Développement de l’Éducation en Afrique ALC Région Amérique latine et Caraïbes (Banque mondiale) ART Antirétroviraux ASS Afrique subsaharienne CADBE Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant CEA Commission économique pour l’Afrique CEDE Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes CGS Comité de gestion scolaire CRC Convention relative aux droits de l’enfant CRM Centre de ressources de Madrasa CSCE Centre de santé communautaire pour les enfants CSV Centre de soins de voisinage DICECE Centres publics de développement de la petite enfance pour les districts (Kenya) DIPE Développement intégré de la petite enfance DPE Développement de la petite enfance DSRP Document de Stratégie pour la réduction de la pauvreté ECERS Échelle d’évaluation de l’environnement des nourris- sons et des tout-petits xxxi xxxii Abréviations ELRU Unité d’apprentissage pour la petite enfance EPT Éducation pour tous ESARO Région Afrique de l’Est et Afrique australe (UNICEF) FCE Foyer dont le chef est un enfant FTI Initiative de la mise en œuvre accélérée de l’Education pour tous GNCC Commission nationale pour l’enfance du Ghana GNP Produit national brut GSV Groupe de soutien villageois GTDPE Groupe de travail sur le Développement de la Petite Enfance (de l’ADEA) ICAB Initiative communauté amie des bébés IDA Association internationale de développement du Groupe de la Banque mondiale LICUS Pays à faibles revenus et en difficultés MAP Programmes multi pays de lutte contre le VIH/SIDA MFC Motivateur familial et communautaire MGECW Ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de l’enfant (Namibie) MINEDAF Ministres de l’éducation des États membres d’Afrique MOEST Ministère de l’Éducation, Science et Technologie (Kenya) MOWAC Ministère de la Femme et des Enfants (Ghana) MRLGH Ministère des Collectivités locales et du Logement (Namibie) MWRCDFW Ministère des Droits de la femme, du Développement de l’enfant et du bien-être de la famille (Ile Maurice) NACECE Centre national pour l’éducation de la petite enfance (Kenya) NEPAD Nouveau partenariat pour le développement en Afrique OC Organisation confessionnelle OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OEV Orphelins et enfants vulnérables OMD Objectifs du millénaire pour le développement OMS Organisation mondiale de la santé ONG Organisation non gouvernementale OSC Organisation de la société civile PAS Programme d’ajustement structurel PIB Produit intérieur brut Abréviations xxxiii PIME Prise en charge intégrée des maladies de l’enfant PNA Plan national d’action (Île Maurice) PNAD Plans nationaux d’action pour le développement de la petite enfance PNDPE Projet de nutrition et du développement de la petite enfance (Ouganda) PNE Politique nationale pour l’éducation des enfants (Île Maurice) PPTE Pays pauvres très endettés PSC Professionnels de santé de la communauté PTME Prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant PVVIH Personnes vivant avec le VIH/SIDA QI Quotient intellectuel SDPE Soins et développement de la petite enfance SIDA Syndrome d’immuno déficience acquise SWAP Approche sectorielle globale TBS Taux brut de scolarisation TRO Thérapie par réhydratation orale UA Union africaine UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance USAID Agence des États – Unis pour le développement inter- national UVDPE Université virtuelle du développement de la petite enfance VIH Virus de l’immunodéficience humaine Tous les montants en dollars sont en dollars US, sauf indication contraire Introduction Alan Pence, Judith L. Evans, et Marito Garcia À l’heure actuelle, on lit beaucoup de choses sur l’Afrique, et la plupart du temps, ces lectures sont peu encourageantes. Au quotidien, le monde entend parler des maladies, du désespoir et de la mort. Une telle litanie de souffrances n’est pas sans fondement, mais il y a aussi des histoires d’espoir, des promesses et du potentiel. Elles aussi représentent une part très importante de l’histoire complexe de l’Afrique subsaharienne (ASS) dans les premières années du XXIème siècle. Tout comme il existe de multiples histoires, il faut donc des perspectives multiples pour compren- dre, prévoir, et planifier un avenir prometteur pour les enfants africains. Ce livre vise à atteindre un équilibre en décrivant les défis qui se posent aussi bien que les développements en cours. Il cherche un équili- bre des voix qui s’élèvent, il ne retient pas seulement les voix du Nord commentant sur le Sud, mais aussi les voix venant du Sud, et celles qui parlent de concert avec le Nord. Il cherche à entendre la voix des spécia- listes et des généralistes, des organisations internationales et locales, du monde universitaire et du terrain. Il cherche une diversité d’opinions et de valeurs. Cette diversité et cette complexité sont la réalité de l’Afrique subsaharienne d’aujourd’hui. 1 2 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Les enfants en Afrique subsaharienne Il y a 54 pays en Afrique dont 48 en Afrique subsaharienne (ASS), Sahel compris¹. L’objectif principal de ce livre porte sur l’ASS à partir du sud du Sahel. Environ 130 millions d’enfants de 6 ans et moins résident en ASS. Chaque année, 27 millions d’enfants naissent et 4,7 millions d’en- fants de moins de 5 ans meurent. Les taux de naissance et de décès des enfants sont régulièrement supérieurs en Afrique subsaharienne à ceux de toute autre région du monde ; le taux de mortalité des moins de 5 ans, qui est de 163 morts pour 1000 enfants, est le double de celui du reste du monde en développement et est 30 fois plus élevé que celui des pays industrialisés (UNICEF 2006). Parmi les enfants qui naissent, 65% seront confrontés à la pauvreté, 14 millions seront des orphelins touchés par le VIH/ SIDA, directement et dans leur famille, et un tiers vont souffrir d’exclusion en raison de leur sexe ou leur origine ethnique. Voilà le genre de chiffres généralement rapportés pour l’Afrique. Ce qu’on ne signale généralement pas, c’est le pourcentage croissant d’enfants qui entrent au cours pré-primaire et le nombre croissant de garçons et de filles qui se diplôment de l’école primaire. On entend rarement parler de l’augmen- tation du nombre d’enfants qui ont accès à un programme préscolaire, ou de la grande variété de programmes alternatifs qui sont créés pour répon- dre aux besoins multiples dans une variété de contextes. Pourtant, ce sont des histoires importantes concernant les enfants en Afrique. Les enfants en tant qu’entités sociales Pendant une bonne partie du XXème siècle et à travers le monde, la petite enfance (de la naissance jusqu’à l’entrée à l’école) ne faisait pas partie des préoccupations politiques de l’État. Pour bon nombre d’États, les enfants, étaient le prolongement de leurs parents, ou bien étaient tout simplement intégrés dans la structure familiale élargie. L’enfant en tant qu’entité sociale individuelle n’existait pas. Les enfants ne sortaient pas de l’ombre de leurs familles avant d’entrer à l’école, généralement à l’âge de 6 ou 7 ans. Jusqu’à ce moment, les enfants étaient accessibles seule- ment à travers leurs parents ou leur famille. Au cours des dernières décennies du XXème siècle, les enfants sont devenus plus visibles en tant qu’individus à part entière. En novembre 1989, la Convention relative aux droits de l’enfant (CRDE) a été officielle- ment adoptée par Assemblée générale de l’ONU. En septembre 1990, 20 pays avaient ratifié la CRDE, lui donnant ainsi statut de loi internationale; Introduction 3 aujourd’hui, elle a été ratifiée par tous les pays sauf un seul. Elle a été ratifiée « plus rapidement et par plus de pays que tout autre élément des droits de l’homme » (Annan 2001, 1). En 1990, la Conférence mondiale sur L’éducation pour tous (EPT) qui s’est tenue à Jomtien en Thaïlande a démontré une prise de conscience évidente des droits des jeunes enfants. Un effort de sensibilisation efficace a permis des progrès considérables pour mettre les jeunes enfants en bonne place à l’ordre du jour en édu- cation : « L’apprentissage commence dès la naissance . . . Cela implique que l’on accorde l’attention voulue aux soins aux jeunes enfants et à leur éducation initiale » (UNESCO, 1990, art. 5). Lors de la conférence mon- diale de suivi sur l’EPT à Dakar au Sénégal en 2000, les délégués se sont engagés à respecter six objectifs clés ; le premier de ceux-ci était de « déve- lopper et améliorer sous tous leurs aspects la protection et l’éducation de la petite enfance, notamment des enfants les plus vulnérables et les plus défavorisés . . . » (UNESCO 2000). Le Rapport mondial de suivi sur l’EPT de l’UNESCO (2006), intitulé Fondations solides était axé sur la protection et l’éducation de la petite enfance. Ce rapport soutient que l’EPT et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ne pourront être réalisés sans des investissements importants dans le bien- être des jeunes enfants. Les enfants à l’ordre du jour en Afrique L’impact de ces conventions et déclarations a été ressenti en Afrique comme dans le reste du monde. C’est ainsi que le Président Traore du Mali a co-organisé en 1990 le sommet sur la CRDE qui se tenait à New York. Le président sénégalais Diouf fut un personnage clé dans la pro- motion de ce sommet. En 1993, l’Association des bailleurs de fonds pour l’éducation en Afrique (maintenant l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique, ADEA) créa un Groupe de travail sur le développement de la petite enfance (GTDPE). En 1999, la Banque mondiale a piloté, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et d’autres organisations internationales, une Conférence internationale africaine sur le développement de la petite enfance. La première conférence, organisée en 1999 à Kampala, Ouganda, fut suivie de conférences à Asmara en Érythrée (2002) et à Accra, Ghana (2000). (Voir le chapitre 24 pour plus de détails sur la série de conférences). La conférence de 2002 à Asmara a donné le jour à une déclaration sur le développement de la petite enfance (Asmara Declaration on ECD 2002) soutenue par tous les participants, et 4 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique la conférence d’Accra a tenu une réunion ministérielle spéciale parallèle d’un jour avec des représentants des gouvernements de 39 pays africains. Cette réunion aboutit à un communiqué multipoints de soutien au déve- loppement de la petite enfance (DPE)2 en Afrique, approuvé par les gouvernements présents (Accra Communiqué 2005). Une autre indica- tion de la montée en puissance du DPE en Afrique a été sa sélection comme thème central de la huitième réunion biennale de l’ADEA des ministères de l’éducation qui s’est tenue à Libreville au Gabon, en mars 2006 (ADEA 2006). En un temps relativement court, le DPE a quitté la périphérie pour devenir une préoccupation partagée et centrale de nom- breux pays en Afrique. Il est essentiel que le soutien engendré à ce jour se poursuive. Pourquoi ce livre? Ce livre est le résultat direct des forces brièvement décrites ci-dessus et représente une expression de la volonté de continuer à bâtir sur les fon- dations des infrastructures et de l’élan initial du DPE. Le programme Soins et développement de la petite enfance figure à l’ordre du jour de la politique et des programmes des nombreux pays de l’ASS. De plus, alors qu’on dispose d’un corpus de recherche grandissant sur les jeunes enfants et leurs familles dans d’autres parties du monde, en particulier des États-Unis et d’Europe, il est rare que ces informations soient dispo- nibles en Afrique. Cet ouvrage vise à combler cette lacune dans la mesure du possible et reflète la diversité des travaux en cours sur la petite enfance en Afrique. Les thèmes ont été choisis en fonction de leur propre importance, mais aussi en fonction des connaissances et de ce qu’on pouvait rassembler pour présenter dans cette publication un large éventail des vues. Le livre ne prétend pas faire autorité, il ne prétend pas être le « dernier mot » sur les sujets abordés, pas plus qu’il n’est la somme de tout ce qui est important en matière de DPE en Afrique subsaharienne. Il s’agît plutôt d’une étape pour informer le lecteur sur les premières années du DPE considéré comme discipline reconnue et comme un ensemble d’activités inter-reliées en Afrique. Sa plus grande réussite serait de stimuler d’autres étapes. Sections et chapitres Le livre est divisé en six sections. La section 1, Contextes, ouvre le débat avec un aperçu de la situation des jeunes enfants en Afrique subsaharienne Introduction 5 et compare celle-ci à la situation des jeunes enfants dans d’autres régions du monde au début du XXIème siècle (chapitre 1). Ce chapitre examine les indicateurs sur la pauvreté, la démographie, la nutrition, la santé et l’éducation de la petite enfance avant l’âge d’école. Le chapitre 2 décrit comment le DPE s’est positionné comme priorité nationale dans plusieurs pays africains et les mécanismes utilisés pour augmenter les investisse- ments dans les services et la réalisation des politiques de soutien des jeunes enfants et de leurs familles. Le chapitre 3 analyse la relation entre les investissements dans le DPE et le potentiel d’un pays à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement liés aux enfants et les buts fixés au cours du Forum sur l’EPT à Dakar. Le chapitre 4 décrit un domaine de recherche, le développement neurologique, qui a stimulé une meilleure prise de conscience internationale de l’importance des premiè- res années comme facteur clé du développement économique et social. Le chapitre 5 donne un aperçu de la pandémie actuelle du VIH/SIDA en Afrique en mettant un accent particulier sur les implications pour les jeunes enfants. La section 2, Perspectives sociohistoriques, offre trois perspectives sur le développement du DPE en Afrique qui sont rarement prises en compte, soit dans la documentation sur le DPE, soit dans les études sur le développement international. Le chapitre 6 examine la longue his- toire du DPE en Afrique qui tire ses racines des activités de la colonisa- tion au début du XIXème siècle. La mission historique de transformation du DPE est examinée en même temps que les mouvements de postin- dépendance pour répondre aux besoins en soins et en éducation des enfants dans les États africains nouvellement indépendants. Le chapitre 7 soutient que les pratiques de la colonisation demeurent un élément clé de la dynamique internationale du DPE en Afrique aujourd’hui, igno- rant et menaçant les approches traditionnelles sur la petite enfance qui ont des histoires profondes et complexes, basées sur d’ « autres » notions de l’enfant et du développement social. Le chapitre 8 traite d’un autre domaine négligé du DPE, le rôle des pères dans les soins et le dévelop- pement des jeunes enfants, sur la base d’une revue de la documentation internationale (principalement occidentale) et d’études récentes en Afrique du sud. La section 3, Le développement de politiques, fait le point sur trois études de cas qui ont eu lieu en 2000–01 et mettent l’accent sur le déve- loppement d’une politique de DPE au Ghana, en Ile Maurice et en Namibie (chapitre 9), tandis que le chapitre 10 décrit des travaux conne- xes dans trois pays francophones : le Burkina Faso, la Mauritanie, et le 6 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Sénégal. Ces études de cas représentent une contribution importante au futur du DPE en Afrique alors que l’élaboration de politiques de DPE devient une préoccupation centrale de diverses organisations internatio- nales (telles que l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture [UNESCO]) et des certains États africains. La section 4, Les programmes, aborde une série d’approches qui offrent assistance aux jeunes enfants et à leurs familles en Afrique subsa- harienne. Le chapitre 11 considère les programmes pour les enfants de moins de 3 ans, en présentant tout d’abord des cadres pour la compréhen- sion et la promotion du développement de la petite enfance, et ensuite des informations sur les cas de la Gambie, du Kenya et de l’Afrique du Sud. Le chapitre 12 utilise la description de cas pour examiner de plus près l’émergence d’une année d’éducation préscolaire au Kenya, au Lesotho, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Le chapitre 13 décrit l’ap- proche ambitieuse et multiforme de la prise en charge des besoins spé- ciaux qui s’est développée à l’Île Maurice, et le chapitre 14 examine les approches aux programmes de soutien aux parents qui se développent au Malawi, au Nigeria et en Ouganda en réponse aux changements survenus dans la famille africaine. Le chapitre 15 fournit une description détaillée des initiatives sur le VIH/SIDA dans diverses parties de l’Afrique subsa- harienne (Ghana, Malawi, Rwanda, Tanzanie et Zambie). Le chapitre 16 traite l’importance et les moyens de promouvoir le bien-être des enfants dans des situations de conflit et de post-conflit, en mettant l’accent sur l’Angola. Cette section se termine par une discussion sur l’importance des initiatives stratégiques pour la communication sur le DPE, avec une étude de cas basée sur l’expérience de projets en Ouganda (chapitre 17). La section 5, Évaluations et recherche, offre une gamme d’approches récentes pour mieux comprendre l’impact des programmes conçus pour promouvoir les soins et le développement des enfants en Afrique subsa- harienne. Le chapitre 18 se penche sur une approche expérimentale pour évaluer l’impact de la surveillance sur la croissance et la promotion de la nutrition et du DPE en Ouganda, ainsi qu’une approche non paramétri- que de comparaison des résultats pour évaluer les effets d’une exposition plus longue aux programmes de promotion de la nutrition des enfants à Madagascar. Le chapitre 19 montre l’impact du DPE sur la participation des femmes à la population active et sur la scolarisation des filles à partir des données d’une enquête sur les ménages au Kenya. Le chapitre 20 utilise un modèle quasi-expérimental pour évaluer l’impact d’un DPE basé sur le Madrasa sur la participation à l’école primaire au Kenya, en Tanzanie, et en Ouganda, tandis que le chapitre 21 utilise une approche Introduction 7 qualitative et critique des théories afin de mieux comprendre les prati- ques locales de prestation de soins au Kenya. Le chapitre 22 décrit une évaluation des programmes communautaires de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PIME) dans 18 pays africains. Ce chapitre se concentre sur les évaluations dans quatre pays : le Malawi, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Ouganda. Dans la section 6, Défis et les voies à suivre, le chapitre 23 met l’accent sur le coût et le financement de nouvelles approches de DPE en Afrique subsaharienne, et le chapitre 24 conclut le livre avec la description d’un ensemble d’activités interdépendantes de promotion du leadership et de renforcement des capacités pour le DPE commencées en 1995 et qui continuent jusqu’à présent. Ce livre est l’une des facettes les plus récentes de cet engagement multiforme. Comme indiqué précédemment, le livre ne parle pas d’une seule voix. Il est polyphonique, tout comme l’Afrique subsaharienne. On peut percevoir et ressentir l’influence de la tradition, de la mondialisa- tion, et des communautés locales et internationales dans la trame com- plexe des soins et du développement de la petite enfance en Afrique. Il n’est pas nécessaire de lire ce livre dans une séquence particulière ; il est certain que certains chapitres seront d’un plus grand intérêt pour certains lecteurs que d’autres. Nous vous invitons à le parcourir, à réflé- chir et à agir. Notes 1. Le nombre de pays varie selon la source. Le Soudan, par exemple, n’est pas inclus dans la liste des pays de l’Afrique subsaharienne de l’ONU, mais il est souvent inclus dans d’autres listes. Le nombre varie aussi selon que les îles sont ou non incluses. 2. Dans cette publication, le sigle DPE correspond au « développement de la petite enfance » et aux « soins et développement de la petite enfance. »Le sigle SDPE est souvent utilisé dans ce domaine. Références Accra Communiqué. 2005. Jour d’accès en ligne: 16 août 2006, http://www .adeanet.org/downloadcenter/Focus/COMMUNIQUE%20-%20final.doc. ADEA (Association for the Development of Education in Africa). 2006. Réunion biannuelle. Jour d’accès en ligne: 12 novembre, 2006, http://www.adeanet .org/biennial-2006/en_index.html. 8 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Annan, K. 2001. We the Children: Meeting the Promises of the World Summit for Children. Rapport de Secrétaire Générale des Nations Unis. Jour d’accès en ligne: 12 novembre, 2006, http://www.unicef.org/specialsession/about/ sgreport-pdf/sgreport_adapted_eng.pdf. Asmara Déclaration on ECD. 2002. Jour d’accès en ligne: 10 août, 2006, http:// www.ecdgroup.com/asmara_declaration_on_ECD.asp. UNESCO (United Nations Educational, Scientific, and Cultural Organization). 1990. World Declaration on Education for All. Jour d’accès en ligne: 12 novembre, 2006, http://www.unesco.org/. ———. 2000. World Education Forum. Jour d’accès en ligne: 12 novembre, 2006, http://unesco.org/. ———. 2006. Strong Foundations. EFA Global Monitoring Report 2007. Paris: UNESCO. UNICEF (United Nations Children’s Fund). 2006. The State of the World’s Children 2007. New York: UNICEF. United Nations. 1989. Convention on the Rights of the Child. Jour d’accès en ligne: 5 septembre, 2006, http://www.unicef.org/crc/. SECTION 1 Contextes CHAPITRE 1 La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne Marito Garcia, Gillian Virata, et Erika Dunkelberg Quelques 130 millions d’enfants de moins de 6 ans, dont beaucoup vivent dans des conditions précaires (voir le tableau 1.1), résident en Afrique subsaharienne (ASS). Des millions de jeunes enfants ont besoin d’inter- ventions rapides et intenses. Ce chapitre examine les conditions auxquelles ces enfants sont confrontés. Elles ont été mesurées par un indice de protection de l’en- fance qui combine le bien-être de l’économie nationale aux indicateurs de niveau de santé, de nutrition et d’apprentissage précoce des enfants. Ce chapitre met également en lumière les conclusions sur la situation des jeunes enfants dans la région en termes de pauvreté, de santé, de nutri- tion, de statut des orphelins, et d’éducation et de protection de la petite enfance. Enfin, il détermine l’effet de divers indicateurs de la petite enfance sur la performance scolaire, mesurée par les taux d’achèvement d’école primaire. Plusieurs conclusions importantes se dégagent : • Les pays les plus riches, moins stressés, ou qui ont de meilleurs indica- teurs de développement pour la population en général n’offrent pas toujours un meilleur environnement pour leurs enfants. 11 12 Tableau 1.1 Indicateurs nationaux de santé et d’éducation en Afrique Taux de mortalité Moins de -5 Retard de infantile (pour ans Taux de croissance Taux brut Taux brut Taux Taux de redoublement 1000 naissances mortalité (% d’enfants d’inscriptions d’inscriptions d’inscriptions du primaire vivantes) (pour 1000) moins de 5 ans) Préscolaire (%) primaire (%) primaire (%) (% d’inscriptions) MRY Pays 2005 2005 2005 2004 2004 2005 1998–2002 Afrique du Sud 68 55 25 33 104 99 7 Angola 154 260 45 4 101 — 29 Bénin 91 150 31 4 96 65 20 Botswana 82 120 23 — 105 92 3 Burkina Faso 107 191 39 1 58 31 15 Burundi 114 190 57 1 85 36 26 Cameroun 87 149 32 20 117 62 26 Cap Vert 26 35 — 53 121 96 13 Comores 53 71 44 3 90 58 28 Congo, Rép. 81 108 26 6 88 57 28 Congo, Rép Dém. 129 205 38 1 62 39 16 Côte-d’Ivoire 118 195 21 3 72 51 18 Djibouti 88 133 23 3 40 35 18 Érythrée 50 78 38 7 64 51 21 Éthiopie 109 164 47 2 93 55 11 Gabon 60 91 21 14 130 66 34 Gambie 97 137 19 18 81 68 8 Ghana 68 112 30 42 79 72 6 Guinée 98 150 35 6 81 55 20 Guinée -équatoriale 123 205 39 40 126 45 40 Guinée-Bissau 124 200 30 — — 28 24 Ile Maurice 13 15 10 95 122 97 4 Kenya 79 120 30 53 114 95 6 Lesotho 102 132 38 31 132 67 21 Liberia 157 235 39 56 — — 3 Madagascar 74 119 48 10 138 58 29 Malawi 79 125 48 — 122 61 16 Mali 120 218 38 2 66 38 20 Mauritanie 78 125 35 2 93 45 15 Mozambique 100 145 41 — 105 42 23 Namibie 46 62 24 29 99 75 13 Niger 150 256 40 1 47 28 7 Nigeria 100 194 38 5 103 82 3 République centrafricaine 115 193 39 2 56 23 — Rwanda 118 203 45 3 120 39 17 São Tomé et Principe 75 118 29 42 126 61 26 Sénégal 77 136 16 6 88 52 14 Seychelles 12 13 — 102 114 118 — Sierra Leone 165 282 34 4 155 56 — Somalie 133 225 23 — 17 — — Soudan 62 90 43 27 60 56 5 Swaziland 110 160 30 14 107 64 15 Tanzanie 76 122 38 29 106 54 3 Tchad 124 208 41 — 77 32 25 Togo 78 139 22 2 100 65 24 Uganda 79 136 39 2 118 57 11 Zambie 102 182 50 2 28 78 8 Sources: Banque mondiale et UNESCO 2006. 13 Note: a. Prévalence de malnutrition (taille pour l’âge). 14 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique • L’Afrique subsaharienne a les taux les plus élevés de pauvreté infantile absolue du monde. Plus de la moitié de tous les enfants dans la région restent sans abri et 45% n’ont pas d’eau potable. La région présente également les taux les plus élevés de carences dans les domaines de l’éducation (30%) et de la santé (27%). • Environ 96 enfants sur 1000 nés en ASS en 2005 n’ont pas atteint leur premier anniversaire et 163 enfants sur 1000 n’atteindront pas leur cinquième anniversaire. Ces chiffres représente le double des moyen- nes mondiales. • L’amélioration des taux de mortalité infantile entre les années 1960 et 1990 a été annulée par des inversions de tendance dans des nombreux pays à la fin des années 1990 et au début des années 2000. • Le paludisme est la principale cause de décès d’environ 1 million d’en- fants de moins de 5 ans en ASS chaque année. Cette tranche d’âge compte 75% de tous les décès dus à cette maladie dans la région. Le paludisme cause 20% de tous les décès d’enfants de moins de 5 ans. • Les indicateurs de nutrition en ASS restent dans la moyenne des pays en développement, mais le nombre d’enfants souffrant de malnutrition grave est passé de 28 millions en 1990 à 36 millions en 2000, et a en- core augmenté pour atteindre 40 millions en 2005. • La population d’orphelins en ASS a augmenté pour atteindre 46,6 mil- lions en 2005. Pour 12,3 millions de ces enfants, le SIDA a causé la mort d’un ou des deux parents. • Le taux brut d’inscriptions au préscolaire est très faible, avec une moyenne de 12%¹ ce qui est bien inférieur à la moyenne de 36% du monde en développement. Toutefois, le nombre total d’inscriptions a augmenté en chiffres absolus entre 1999 et 2004. • L’analyse des données nationales de 47 pays de l’ASS confirme une importante contribution des facteurs de la petite enfance à la réussite à l’école primaire. La moyenne des taux d’achèvement du primaire dans ces pays est associée à l’inscription préscolaire et à l’état de santé et de nutrition de la petite enfance. Les indices démontrent les conditions des enfants On peut évaluer le bien-être des enfants en utilisant l’indice du bien-être des enfants, qui est basé sur les taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, les taux bruts de scolarisation primaire et secondaire, et sur le PIB par habitant (parité du pouvoir d’achat). Bien que les pays où le revenu est plus élevé offrent généralement de meilleures conditions de vie à leurs La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 15 enfants, dans de nombreux pays, un revenu élevé ne se traduit pas néces- sairement par des meilleures conditions de vie pour les enfants (voir le figure 1.1). Au Libéria, par exemple, l’indicateur de bien-être des enfants est plus bas que dans des pays à faible revenu ; le Malawi, l’un des plus pauvres pays du monde, a un indicateur de bien-être beaucoup plus élevé que celui de nombreux pays plus riches. La plupart des pays affichant les scores les plus faibles à l’indicateur de bien-être des enfants sont aussi des pays à faibles revenus et en difficultés (connus par le sigle anglais LICUS), mais certains pays LICUS, tels que les Comores et la Gambie, ont des indices élevés. Certains pays subviennent mieux aux besoins de la population en général qu’à ceux de leurs enfants (voir la figure 1.2). Les scores de l’in- dice de développement humain sont. plus adaptés aux scores d’indica- teurs de bien –être des enfants que les classements du PIB par habitant2. La situation des enfants en Afrique subsaharienne est pire que dans d’autres régions du monde Gordon et al. (2003) présentent les résultats relatifs à la pauvreté des enfants dans les pays en développement de manière holistique. Ils définis- sent la pauvreté pas en termes des revenus, mais en termes de « privation grave » de nourriture, d’eau potable, d’hygiène, d’infrastructures, de santé, de logement, d’éducation, d’informations et des services sociaux de base. Les résultats en ASS sont extrêmes. La région enregistre le plus fort taux de pauvreté infantile absolue du monde : 207 millions d’enfants, soit 65% de tous les enfants de la région, souffrent de deux types de privation grave ou plus ; plus de 80% sont sévèrement privés d’un ou de plusieurs besoins fondamentaux. Plus de 70% des enfants des zones rurales vivent dans la pauvreté absolue et 90% souffrent de privations graves (voir les figures 1.3 et 1.4) 3. La régression de la mortalité infantile s’est ralentie, mais a repris dans certains pays Les taux de mortalité infantile en ASS sont élevés; ils sont aussi moins bons, par rapport aux pays riches, qu’ils ne l’étaient il ya une génération. En 1980, les taux de mortalité infantile en ASS étaient 13 fois plus élevés que dans les pays riches; en 2005, ils étaient 29 fois plus élevés (Watkins, 2005). Aucun des grands pays de l’ASS ne réalisera le quatrième objectif du millénaire pour le développement, de réduire les taux de mortalité Figure 1.1 Une revenue nationale élevée ne se traduit pas nécessairement par de meilleures conditions pour les enfants 16 Guinée Équatoriale Ile Maurice Afrique du Sud Botswana Gabon Namibie Cap Vert Swaziland Lesotho Liberia Zimbabwe Ghana Cameroun Guinée Soudan Gambie Mauritanie Iles Comores Togo PIB par tête Sénégal Côte-D’ivoire Ouganda Rwanda Tchad Burkina Faso Mozambique Benin Rép. centrafricaine Nigeria Kenya Mali Rép. Du Congo Zambie Erythrée Niger Madagascar Ethiopie Guinée-Bissau Rép. Dém du Congo Burundi Tanzanie Malawi Sierra Leone 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 Indicateurs de bien-être de l’enfant LICUS Source: Les auteurs ont calculé les scores en utilisant les formules de l’indicateur de bien-être de l’enfant développées par van der Gaag et Dunkelberg (2004) utilisant les donées des indicateurs de base du développement de la Banque mondiale de 2003 sur l’Afrique subsaharienne. Note: Les pays sont classés suivant le PIB par habitant en allant du plus élevé au plus faible. LICUS = Pays à faibles revenus et en difficultés. Figure 1.2 Les pays avec de meilleurs indices de développement humain tendent à avoir de meilleurs indicateurs de bien-être des enfants Ile Maurice Cap Vert Afrique du Sud Guinée Équatoriale Gabon Namibie Botswana Iles Comores Ghana Soudan Togo Rép. Du Congo Ouganda Zimbabwe Indice de développement humain Madagascar Swaziland Lesotho Cameroun Mauritanie Kenya Gambie Guinée Sénégal Nigeria Rwanda Erythrée Benin Côte-D’ivoire Tanzanie Malawi Zambie Rép. Dem du Congo Mozambique Burundi Ethiopie Rép. centrafricaine Guinée-Bissau Tchad Mali Burkina Faso Sierra Leone Niger 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 Indicateurs de bien-être de l’enfant LICUS Source: Les auteurs ont calculé les scores en utilisant les formules de l’indice de bien-être de l’enfant développées par van der Gaag et Durkelberg (2004) utilisant les donées des indica- 17 teurs de base du développement de la Banque mondiale de 2003 sur l’Afrique subsaharienne. Note: Les p[ays son classés suivant le PIB par habitant en allant du plus élevé au plus faible. LICUS= Pays à faibles revenus et en difficultés. 18 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Figure 1.3 Plus d’enfants souffrent de privations graves en Afrique subsaharienne que dans toute autre région sauf l’Asie du Sud-est (2000) Privation de nourriture Asie du Sud-est et Privation d’eau Pacifique Privation d’informations Privation de santé Privation de logement Amérique Latine et les Caraïbes Moyen Orient et Afrique du Nord Asie de Sud Afrique subsaharienne 50,000 100,000 150,000 200,000 250,000 300,000 350,000 Nombre d’enfants souffrant de privations graves Source: Basée sur les données de Gordon et al. (2003). infantile les moins de 5 ans de deux tiers entre 1990 et 2015. En fait, aux taux actuels, l’ASS n’atteindra pas la cible avant 2015 (p. 42). L’Organisation mondiale de la santé (2005) confirme ces conclusions désastreuses. Bien que la mortalité infantile connaisse une régression au niveau mondial, les indicateurs de régression de la mortalité infantile en ASS ont été inversés au cours de la dernière décennie. Dans l’ensemble, 35% des enfants du continent courent plus des risques de mourir aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Cependant toutes les nouvelles ne sont pas alarmantes. Plusieurs pays ont réussi à faire régresser la mortalité infantile ces dernières années. Entre 2000 et 2004, par exemple, le Malawi a réduit la mortalité infantile des enfants de moins de cinq ans de 24% et la Tanzanie de 20%. La mortalité infantile dans d’autres pays—dont l’Éthiopie, le Mozambique, la Namibie, le Niger et le Rwanda—a été réduite au cours de la même période. L’Organisation mondiale de la santé attribue les taux obstinément éle- vés de mortalité des enfants de moins de cinq ans de la région à « l’absence La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 19 Figure 1.4 La proportion d’enfants en Afrique subsaharienne qui souffrent de privations graves de logement et d’eau potable est la plus élevée au monde (2000) Privation de nourriture Monde en Privation d’eau développement Privation d`informations Privation de santé Privation de logement Asie du Sud-est et Pacifique Asie du Sud Amérique latine et les Caraïbes Moyen-Orient et Afrique du Nord Asie du Sud-est Afrique subsaharienne 0 10 20 30 40 50 60 70 Pourcentage d’enfants souffrant de privation grave Source: Basée sur les données de Gordon et al. (2003) de soins préventifs et de traitements, aux systèmes de santé fragiles, et à la stagnation socioéconomique due aux conflits, à l’instabilité et au VIH/ SIDA » (WHO 2005, p. 52). Ces facteurs ont entraîné des augmentations du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans dans 14 pays afri- cains depuis 1990. La région dans son ensemble n’a connu qu’une légère régression de son taux de mortalité des moins de cinq ans, passant de 185 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à 163 en 2005. En moyenne, 68 enfants sur 1 000 dans les pays à revenu intermédiaire de la région meurent avant d’atteindre leur cinquième anniversaire (54 d’entre eux meurent avant leur premier anniversaire). Par contre ce sont 189 enfants qui meurent dans les pays LICUS (107 d’entre eux meurent avant leur premier anniversaire ; World Bank 2005). Les enfants en Île Maurice et aux Seychelles ont les meilleures chances de survie (avec un taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans de 15 et 13 pour 1 000, respectivement), tandis que ceux de la Sierra Leone courent le plus grand risque (un taux de mortalité des moins de cinq ans de 282 pour 1 000 et un taux de mortalité infantile de 165). Sur les 2,3 millions d’enfants de moins de 14 ans vivant avec le VIH dans le monde, 2,0 millions, soit plus de 86%, se trouvent en ASS (UNAIDS 2006). Ces enfants sont tellement vulnérables au VIH parce 20 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique que 6,1% des parents de 15 ans et plus sont séropositifs, ce qui représente environ sept fois le taux mondial moyen de prévalence. Le paludisme aussi est une menace majeure pour les enfants en Afrique. Entre 1999 et 2003, seulement 14% des enfants de moins de 5 ans de la région dormaient sous moustiquaires, seulement 4% dormaient sous moustiquaires traitées, et seulement 37% de ceux qui souffraient de fièvre avaient reçu des médicaments antipaludiques (UNICEF 2006). Les taux de prévention et de traitement sont faibles bien que quelques 200 à 450 millions des jeunes enfants soient infectés par la maladie. Le paludisme tue 1 million des personnes en Afrique chaque année, et plus de 75% d’entre elles sont des enfants (Mills and Shillcutt 2004). Il est responsable d’environ 20% des décès des enfants de moins de 5 ans. En 2005 les gouvernements d’ASS n’ont financé que 50% des vaccins des Programmes élargis de vaccination (PEV) de routine; les donateurs et le secteur privé ont financé le reste. Environ 76% des enfants de 1 an sont vaccinés contre la tuberculose et entre 66 à 77% reçoivent le vaccin DTC (diphtérie, tétanos, coqueluche), les vaccins contre la poliomyélite et la rougeole, mais ces chiffres restent les plus faibles au monde. La vaccina- tion contre la rougeole a atteint 65% en 2005, mais reste très bas par rapport à toute autre région du monde. On constate que 37% des enfants âgés de moins de 1 an en ASS sont vaccinés contre l’hépatite, ce qui représente le deuxième taux le plus bas au monde après l’Asie du Sud (où seulement 1% de la population est vaccinée). La vaccination des femmes enceintes contre le tétanos est plus faible en ASS (61%) qu’en Asie du Sud-est (77%; UNICEF 2006). La hausse du niveau de vie ainsi que baisse du nombre de décès dus aux maladies diarrhéiques et aux maladies évitables grâce aux vaccins ont réduit le taux de mortalité infantile depuis 1970, mais le mouvement ralentit. La malnutrition et les infections respiratoires aiguës diminuent plus lentement qu’autrefois, et le nombre de décès dus au paludisme a augmenté. La malnutrition est élevée et le nombre des enfants en insuffisance pondérale a augmenté La malnutrition chronique qui se mesure par le degré d’atrophie (ou retard de croissance) touche 37% des enfants de moins de 5 ans en ASS ; ce taux de prévalence n’a pas du tout changé depuis 1990. Le nombre d’enfants qui souffrent de malnutrition grave est passé de 28 millions en 1990 à 36 millions en 2000 (ACC/SCN and IFPRI 2000) et l’estimation La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 21 la plus récente parle d’une augmentation qui atteindrait 40 millions de mal-nourris en 2005 (World Bank 2007). L’ASS est la seule région au monde où l’incidence de la malnutrition est en augmentation. Les pays qui connaissent un taux très élevé dans le retard de croissance sont le Burundi, l’Éthiopie, Madagascar, le Malawi et la Zambie, où plus de 45% des enfants sont affectés. La figure 1.5 montre la prévalence du retard de croissance sur le continent. La malnutrition est un facteur majeur dans l’apparition d’autres pro- blèmes de santé; elle est associée à plus de 52% de la mortalité infantile en ASS (WHO 2007). En dehors de la malnutrition protéine-énergétique, qui se traduit par un retard de croissance des enfants, il existe d’autres grands problèmes de nutrition chez les jeunes enfants en ASS, notam- ment l’avitaminose A, qui affaiblit le système immunitaire, entraîne une cécité partielle ou totale et contribue à 22% de tous les décès infantiles dans ces pays. Des organismes internationaux tels que le Fonds des nations pour l’enfance (UNICEF) ont accru leurs efforts pour lutter contre ce problème en apportant des suppléments de vitamine A ; on estime que la couverture a augmenté jusqu’à 73% dans la région en 2004, Figure 1.5 Prévalence du retard de croissance chez les enfants âgés de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne (2005) 60 B urundi 50 Prévalence du retard de croissance (<5 ans) Z a m bia M a la wi M a da ga s c a r C om oros R wa nda A ngola 40 E thiopia S uda n C ha d E qua toria l G uine a M oz a m bique Central African Republic L ibe ria N ige r Lesotho Eritrea Burkina Faso Mali Uganda Mauritania Tanzania Congo, Dem. Rep. of Guinea Sierra Leone 30 Nigeria Cameroon Benin Swaziland Guinea-Bissau São Tomé and Principe Ghana Kenya Zimbabwe Congo, Rep. of Namibia Botswana South Africa 20 Somalia Togo Gabon Côte d'Ivoire Gambia Senegal 10 Mauritius 0 Sources: Données du Département des ressources humaines de la Banque Mondiale 2006, UNICEF 2004. Note: La taille de la bulle indique le nombre relatif d’enfants qui sont touchés. 22 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique par rapport au niveau bas dans les années 1990. L’anémie ferriprive est l’un des problèmes de santé les plus répandus chez les jeunes enfants, portant atteinte au développement psychique normal de 40% à 60% des nouveau-nés en ASS. Plus des deux tiers des enfants de moins de 6 ans en ASS sont anémiques ; le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Mozambique et la Sierra Leone sont les plus durement touchés avec plus de 80% de prévalence (UNICEF 2006). On estime que la malnutrition réduit d’au moins 2% à 3% la croissance du PIB en ASS; en raison des pertes causées par l’augmentation des coûts des soins de santé, auxquelles s’ajoutent les pertes engendrées par l’affai- blissement des fonctions cognitives caractérisé par une scolarité réduite et une réduction de la capacité d’apprentissage. La carence en micronutriments provoque l’anémie, qui entretient la pauvreté en raison des pertes directes de productivité du à la faiblesse physique. Elle peut aussi provoquer le crétinisme et la cécité chez l’en- fant. Même des carences micronutriment usés sub-cliniques sans symptô- mes manifestes entravent le développement intellectuel, compromettent le système immunitaire, entraînent des malformations congénitales, et contraignent des millions des personnes de la région à vivre en dessous de leur potentiel physique et mental. Le nombre d’orphelins est élevé et en augmentation Plus de 46 millions d’enfants en ASS, soit 12,3% de tous les enfants, étaient orphelins en 2005 ; 26% d’entre eux étaient des orphelins du SIDA 4. Environ 23 millions d’enfants dans la région avaient perdu leur mère (plus d’un tiers en raison du SIDA), 28,2 millions avaient perdu leur père (plus d’un quart en raison du SIDA), et 7,7 millions avaient perdu leurs deux parents (plus de la moitié en raison du SIDA). Au cours de la seule année 2005, 5 millions d’enfants africains sont devenus orphelins. La proportion d’orphelins est plus élevée que dans toute autre région du monde. Le nombre d’orphelins est en augmentation, principalement en raison de la forte incidence du SIDA (voir la figure 1.6). À moins de rendre traitement antirétroviral largement disponible, le nombre d’orphelins dans la région pourrait atteindre 18,4 millions en 2010 (UNAIDS, UNICEF and USAID 2004). (Voir la figure 1.7.) On escompte que 17 pays en ASS auront chacun plus d’ 1 million d’orphelins d’ici 2010. Dans 13 pays, on projette qu’au moins 5% de tous les enfants serons orphelins d’ici 2010 (UNAIDS, UNICEF and USAID 2004). Les plus fortes augmentations de la proportion d’orphelins devraient se produire au Swaziland (de 18% en 2003 à 24% en 2010), en Namibie (de 12% à 18%), et, encore plus inquiétant en raison du nombre La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 23 Figure 1.6 L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où le nombre d’orphelins augmente 100 Le nombre des orphelins du SIDA 80 60 40 20 0 Afrique Asie Amérique latine Subsaharienne et les Caraïbes 1990 1995 2000 2003 2010 Source: UNAIDS, UNICEF, et USAID 2004. Figure 1.7 Le nombre des orphelins du SIDA en Afrique subsaharienne est monté en flèche en 1990 et 2003 et les projections indiquent que ce nombre continuera à augmenter 20 18 Le nombre des orphelins du SIDA (millions) 16 14 12 10 8 6 4 2 0 1990 1995 2000 2003 2010 Source: UNAIDS, UNICEF, et USAID 2004. bien plus élevés en valeur absolue, en Afrique du Sud (de 13% à 19%), où le nombre d’orphelins devrait passer de 2,2 millions en 2003 à 3,1 mil- lions en 2010. La situation est également alarmante en République Démocratique du Congo, où le nombre devrait augmenter de 4,2 millions 24 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique en 2003 à 4,9 millions en 2010, et en Éthiopie, où le nombre devrait passer de 3,9 à 4,7 millions. Le nombre d’orphelins a baissé en Gambie et au Rwanda. En Gambie, le nombre est passé de 48 000 en 1990 à 45 000 en 2003, et leur proportion est passée de 12% à 9% de tous les enfants. Au Rwanda, le nombre a baissé de 830 000 en 2000 à 810 000 en 2003, alors qu’il était de 550 000 en 1990. La proportion d’orphelins a diminué de 19% en 2000 à 17% en 2003 et devrait revenir à son niveau de 1990, soit 14% d’ici 2010. Parmi les grands pays, l’Ouganda semble être le plus prometteur ; on estime que le nombre d’orphelins devrait baisser de 2 millions en 2003 à 1,9 million en 2010, ce qui représente un passage de 14 à 11% de tous les enfants. Au Soudan, le nombre d’orphelins est resté à 1,3 million entre 1995 et 2003, mais il devrait passer à 1,5 million en 2010, ce qui repré- sentera probablement de 9% de la population enfantine en 2010. Trop peu d’enfants africains fréquentent les classes préscolaires En ASS, seulement 12% des enfants d’âge préscolaire, entre 3 et 6 ans, étaient inscrits dans l’enseignement préscolaire en 2004, soit un tiers du taux en Asie de l’Est et en Asie du Sud (UNESCO 2006). Le taux brut de scolarisation préscolaire a augmenté de 2 points de pourcentage entre 1999 et 2004, passant d’un effectif total de 5,1 millions à 7,4 millions. Cependant, cette forte hausse en chiffres absolus n’apparaît pas dans les taux en raison de la croissance démographique élevée au cours de cette période. La différence entre les pays plus performants et ceux qui le sont moins est plus importante en ASS que dans toute autre région; les pays peu performants ont les pires indicateurs au monde (voir le tableau 1.1). Les pays où on rencontrait un taux de scolarisation pré primaire brut (TBS) large comprenaient l’Île Maurice et les Seychelles, qui avaient une scolarisation universelle, le Kenya (44%), le Ghana (40%), le Libéria (41%), et la Guinée équatoriale (31%). Ces taux contrastent nettement avec la faible scolarisation au Mali (3%), en Côte d’Ivoire (2%), et au Sénégal (1%). Plus de la moitié (64%) de toute la scolarisation primaire incombait aux institutions privées, organisations non gouvernementales (ONG), associations de quartier, églises, les mosquées et les prestataires privés. L’espérance de vie scolaire pré primaire (le nombre moyen d’années d’éducation pré primaire qu’un enfant peut espérer recevoir si les taux La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 25 actuels de participation restent constants) est très faible : à peine 0,3 ans. Toutefois, dans les pays très performants de la région (le Libéria, l’Île Maurice et les Seychelles), les enfants restent plus longtemps dans le préscolaire que les enfants d’un bon nombre d’autres pays dans le monde, même au Canada et en Grèce, ce qui indique une grande variété des conditions dans l’éducation de la petite enfance sur le continent. Au cours des années 1990, les taux de scolarisation pré primaire bruts ont augmenté à une moyenne de 5,2 points de pourcentage en ASS. Dans les pays les plus pauvres (pays dont le PNB par habitant est inférieur à 695 dollars US), le taux n’a augmenté que de 1,4 point (Jaramillo and Mingat, 2006, p. 8), tandis que dans les pays les plus riches de la région, le taux a augmenté de 33 points. Si les inscriptions continuaient à croître de façon aussi rapide, ces pays deviendraient le premier groupe de pays au monde à réaliser l’éducation pré primaire universelle en 2015. Pour la région dans son ensemble, seulement 4 des 36 pays à faible revenu et 4 des 8 pays à revenu élevé sont en bonne voie pour réaliser l’objectif de scolarisation pré primaire brute de 25% d’ici à 2015 (Jaramillo and Mingat, 2006, p. 11). Le taux de scolarisation pré primaire brut devra augmenter d’au moins 2 points par an dans tous les pays pour atteindre l’objectif. Le taux d’achèvement des études primaires se situe seulement à 58% en Afrique subsaharienne. Ils sont donc bien en dessous des 74–96% que l’on trouve dans d’autres régions en développement. En outre, un nom- bre élevé d’enfants répètent les classes primaires, plus que dans toutes les autres régions, à l’exception de l’Amérique latine et des caraïbes (voir le tableau 1.2). L’investissement dans les jeunes enfants augmente le taux d’achèvement du primaire La figure 1.8 montre les données nationales de 47 pays d’ASS qui mon- trent une corrélation étroite entre les facteurs éducatifs de la petite enfance et l’achèvement de l’école primaire. Les taux moyens d’achève- ment du primaire sont intimement associés au niveau de scolarisation pré primaire et à l’état de santé et nutritionnel des jeunes enfants. Si l’asso- ciation est positive, la répartition autour de la ligne de régression varie considérablement, en particulier pour les pays d’Afrique, indiquant l’in- fluence d’autres facteurs. Les taux de scolarisation pré primaire bruts en Namibie se situent seulement à 29%, mais le taux d’achèvement du pri- maire y est de 75%, alors qu’une scolarisation pré primaire à peu près similaire de 31% au Lesotho n’a donné que 55% environ d’achèvement du primaire. Ces résultats sont obtenus même après contrôle des revenus, 26 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Tableau 1.2 Les taux bruts de scolarisation dans les établissements préscolaires ont augmenté en Afrique subsaharienne mais demeurent largement en dessous de ceux du reste du monde Taux bruts de scolarisation Total de la scolarisation Changement du total de préscolaire (%) préscolaire la scolarisation préscolaire 1999 2004 1999 2004 entre 1999 et 2004 Afrique subsaharienne 10 12 5,219, 000 7,359,000 +43.5 Asie du Sud et de l’Ouest 23 32 22,186,000 31,166,00 +40.5 Asie de l’Est 40 40 36,152,000 32,831,000 – 9.2 Amérique latine 55 61 15,720,000 18,154,000 +15.5 Pays en développement 28 32 80,070,000 91,089,000 +13.8 Pays développés 73 77 25,386,000 25,482,000 +0.4 Amérique du Nord/ Europe de l’Ouest 76 78 19,151,000 19,408,000 +1.3 Source: UNESCO 2006. Figure 1.8 La corrélation est positive entre la scolarisation au pré primaire et les taux d’achèvement du primaire 120 Seychelles Mauritius Le pourcentage qui termine l’école primaire South Africa 100 Cape Verde Namibia Nigeria Zimbabwe Togo 80 Gabon Kenya Zambia Lesotho Uganda Ghana Tanzania 60 Sierra Leone Benin Senegal Sudan Mauritania Equatorial Guinea Ethiopia Rwanda 40 Djibouti Burundi Niger Central African Republic Liberia 20 R2 = 0.3920 –10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Taux bruts de scolarisation au pré primaire Source: Calculs des auteurs à partir de données de l’UNESCO 2006 data. La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 27 ce qui suggère que la scolarité pré primaire (formelle ou informelle) est susceptible d’accroître les chances de ces enfants de rester à l’école primaire. Dans une analyse distincte, Jaramillo et Mingat (2003, 2006) consta- tent des résultats similaires (voir le tableau 1.3). Dans les pays où les taux bruts d’inscription préscolaire étaient de 60%, 84% des enfants ont atteint la cinquième année d’école. En revanche, dans les pays où le taux brut d’inscription n’était que de 10%, moins de 69% des élèves ont atteint la cinquième année. Globalement, ces résultats s’alignent avec les principa- les conclusions d’études longitudinales effectuées dans le reste du monde. De nombreux pays signalent de meilleures performances dans le primaire chez ceux qui ont suivi une scolarisation pré primaire et ont joui d’une bonne nutrition dans leur petite enfance (Alderman et al. 2001, Fogel 1994, Grantham-McGregor et al. 1997). Investir dans les jeunes enfants Les données comparatives entre pays sur la situation des jeunes enfants en Afrique mettent en évidence les conditions désespérées et le besoin urgent d’améliorer la nutrition, la santé et les conditions de la petite enfance dans la quasi-totalité des pays. La région enregistre les taux de pauvreté enfantine absolue les plus élevés au monde, elle touche plus de la moitié de tous les jeunes enfants. Les constatations présentées dans ce chapitre s’alignent aux conclu- sions des recherches antérieures qui soutiennent que les investissements dans les jeunes enfants devraient probablement améliorer leurs chances de réussite plus tard dans la vie. Le niveau d’investissement dans l’ali- mentation, la santé, les garderies préscolaires et les soins pendant la petite enfance influence positivement les taux d’achèvement des études Tableau 1.3 Les taux bruts d’inscription plus élevés au pré primaire sont associés à des taux de redoublement plus faibles Taux bruts d’inscriptions (%) 0 10 20 30 40 50 60 Taux de redoublement Tous les pays africains 20.4 19.2 17.9 16.7 15.5 14.2 13.0 Pays francophones 22.7 21.5 20.3 19.0 17.8 16.6 15.3 Pays anglophones 15.3 14.0 12.8 116 10.4 9.1 . 7.9 Taux de survie à la 5e année 65.3 68.5 71.6 .748 78.0 81.2 84.3 Source: Jaramillo et Mingat 2006. 28 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique primaires, ainsi que les taux d’inscriptions bruts à l’école primaire. Parce que l’amélioration de l’éducation améliore le capital humain tout au long de la vie, investir dans la petite enfance contribuerait à plus long terme au développement économique des pays de l’ASS. Notes 1. Dans le meilleur des cas, on ne peut qu’estimer les données sur les taux d’ins- criptions dans le pré primaire parce que celles-ci incluent les enfants au des- sous et au dessus de la moyenne d’âge et sont basées sur des définitions différentes des enfants en âge pré primaires. Les taux d’inscriptions bruts sont de meilleurs indicateurs de participation dans l’éducation, mais ces données n’ont pas encore été compilées pour les pays de l’ASS. 2. L’indice du développement humain est un « indice composite qui mesure le niveau moyen atteint dans trois dimensions élémentaires de développement humain une vie longue et en bonne santé, les connaissances, et un niveau de vie décent » (Watkins 2005, 357). 3. Pour les données nationales concernant la plupart des pays de l’ASS ainsi que d’autres pays en développement, voir Gordon et al. (2003). 4. Sauf indications contraires, cette section se base sur UNAIDS, UNICEF and USAID (2004), qui définissent un orphelin comme « tout enfant de moins de 18 ans qui a perdu un ou ses deux parents. » Références ACC/SCN and IFPRI (International Food Policy Research Institute). 2000. 4th Report on the World Nutrition Situation. Geneva: ACC/SCN and IFPRI. Alderman, H., J. Behrman, V. Lavy, and R. Menon. 2001. “Child Health and School Enrollment: A Longitudinal Analysis.� Journal of Human Resources 36 (1): 185–205. Fogel, R. W. 1994. “Economic Growth, Population Theory, and Physiology: The Bearing of Long-Term Processes on the Making of Economic Policy.� NBER Research Working Paper W4638. National Bureau of Economic Research, Cambridge, MA. Gordon, D., S. Nandy, C. Pantazis, S. Pemberton, and P. Townsend. 2003. Child Poverty in the Developing World. Bristol, U.K.: Policy Press. Grantham-McGregor S. M., S. P. Walker, S. M. Chang, and C. A. Powell. 1997. “Effects of Early Childhood Supplementation With and Without Stimulation on Later Development in Stunted Jamaican Children.� American Journal of Clinical Nutrition 66: 247–53. La situation actuelle des jeunes enfants en Afrique subsaharienne 29 Jaramillo, A., and A. Mingat. 2003. Early Childhood Care and Education in Sub- Saharan Africa: What Would It Take to Meet the Dakar Goal? Washington, DC:World Bank. ———. 2006. “Early Childhood Care and Education in Sub-Saharan Africa:What Would It Take to Meet the Millennium Development Goals?� Paper presen- ted at the Association for the Development of Education in Africa’s Biennale on Education in Africa, Libreville, Gabon. Mars 27–31. Mills, A., and S. Shillcutt. 2004. Summary of Copenhagen Consensus Challenge Paper: Communicable Diseases. Jour d’accès en ligne 6 Novembre, 2006, from http://www.copenhagenconsensus.com/Default.aspx?ID=220. UNAIDS (Joint United Nations Programme on HIV/AIDS). 2006. 2006 Report on the Global AIDS Epidemic. Geneva: UNAIDS. UNAIDS, UNICEF (United Nations Children’s Fund), and USAID (U.S.Agency for International Development). 2004. Children on the Brink 2004: A Joint Report of New Orphan Estimates and a Framework for Action. New York: USAID. UNESCO (United Nations Educational, Scientific, and Cultural Organization). 2006. Strong Foundations: EFA Global Monitoring Report 2007. Paris: UNESCO. UNICEF. 2004. The State of the World’s Children 2005. New York: UNICEF. ———. 2006. The State of the World’s Children 2007. New York: UNICEF. van der Gaag, J., and E. Dunkelberg. 2004. Measuring Child Well-Being in the Mediterranean Countries—Toward a Comprehensive Welfare Index. Genoa: MedChild Institute. Watkins, K. 2005. International Cooperation at a Crossroads: Aid, Trade, and Security in an Unequal World. Human Development Report 2005. New York: United Nations Development Programme. WHO (World Health Organization). 2005. Health and the Millennium Development Goals. Geneva: WHO. ———. 2007. The World Health Report 2007. Geneva: WHO. World Bank. 2005. World Development Indicators 2005. Retrieved November 6, 2006, from http://www.worldbank.org/data/wdi2000/. ———. 2006. World Development Indicators 2006. Washington, DC:World Bank. ———. 2007. World Development Indicators 2007. Washington, DC:World Bank CHAPITRE 2 Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national : tendances dans certains pays africains Agnes Akosua Aidoo « Nous reconnaissons que l’avenir de l’Afrique réside dans le bien-être de ses enfants et de ses jeunes. Les perspectives de transformation socioéconomique du continent existent à travers l’investissement dans les jeunes du continent. Investir aujourd’hui dans les enfants, c’est assurer la paix, la stabilité, la sécu- rité, la démocratie et le développement durable de demain. » —L’Afrique pour les enfants : La position commune africaine (Organization of African Unity 2001, para. 6) Le développement de la petite enfance (DPE) est le fondement du développement humain. Se focaliser sur le jeune enfant et le DPE de manière holistique permet d’envisager un développement humain dura- ble et de la croissance économique, ainsi que de voir un changement social en Afrique. Pour réaliser cet objectif, les pays doivent élaborer des politiques de DPE qui vont orienter les décisions stratégiques et l’affectation des ressources. 31 32 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Presque tous les pays de l’Afrique subsaharienne (ASS) ont élaboré et mis en place depuis au moins les années 1960 diverses formes d’activités sectorielles de DPE visant à soutenir les jeunes enfants et leurs familles. Quelques pays ont élaboré, ou sont en train d’élaborer, des politiques nationales spécifiques de DPE dont l’objectif est d’intégrer les différentes activités sectorielles. Cette approche intégrée a pour but le développe- ment complet ou holistique de l’enfant. Elle englobe la santé, la nutrition, l’eau et l’hygiène, les soins, la stimulation, l’apprentissage, la protection sociale, et l’autonomisation de la famille et de la communauté pour que les enfants puissent développer pleinement leur potentiel. Le moment est venu d’élargir et d’accélérer ce processus politique et de faire avancer un DPE holistique, qui sert de pivot du développement de l’Afrique. Ce chapitre met en évidence le lien critique entre le développement de la petite enfance en Afrique et le respect des engagements pris et des conventions internationaux signées. Il suggère comment procéder au mieux pour offrir un soutien politique aux jeunes enfants et à leurs familles en regard des défis et des opportunités actuelles. La première section résume la situation actuelle des jeunes enfants en Afrique en indiquant les progrès réalisés et les défis importants qui se posent. La seconde section fait une synthèse de l’évolution récente de la politique de DPE. La troisième section met en évidence le lien entre le DPE et les conventions politiques et les stratégies internationales et régio- nales qui influencent les plans et les politiques nationales de développe- ment. La quatrième section montre la nécessité d’une politique nationale spécifique de DPE et les défis que rencontre cette politique unifiée. La section suivante décrit les processus essentiels pour l’élaboration de poli- tique et leur application en se servant des expériences et des leçons appri- ses dans la région. La dernière section tire des conclusions et propose des actions clés pour créer un environnement politique propice qui permet- trait d’accélérer le DPE en Afrique. Les jeunes enfants en Afrique Les sociétés africaines valorisent les enfants et les placent au centre de la vie familiale et des communautés. La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant stipule que « l’enfant occupe une position unique et privilégiée dans la société africaine » (Organisation of African Unity 1999, Preamble, para. 4). Durant des décennies, les gouvernements ont rappelé l’importance des enfants dans leurs efforts de développement, et ils ont alloué des ressources importantes au développement de l’enfant, en Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 33 particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. Ils ont récem- ment confirmé leur engagement dans L’Afrique pour les enfants : La posi- tion commune africaine (Organisation de l’unité africaine 2001), une publication élaborée lors du Forum panafricain sur l’avenir des enfants qui s’est tenu au Caire en mai 2001. Cette position a été approuvée par les chefs d’États et des gouvernements de l’Organisation de l’unité afric- aine (maintenant l’Union africaine [UA]) à Lusaka en juillet 2001. La position commune africaine était la contribution de l’Afrique à la Session spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les enfants qui s’est tenue en mai 2002. Les enfants et les jeunes représentent plus de la moitié de la population de l’Afrique (African Union et al. 2003). En dépit des efforts importants consentis au cours des 10 dernières années pour garantir les droits des enfants, en ASS une grande partie d’entre eux connaissent un démarrage difficile dans la vie. Ceci est dû essentiellement à l’aggravation de la pauvreté, aux dettes nationales, à un soutien politique et des services inadéquats, aux conflits et dans certains cas à des habitudes culturelles dommageables. Les pays de l’ASS doivent aussi faire face à des sérieux défis causés par un accroissement de la popu- lation enfantine plus rapide que celui des services. Les problèmes énormes que rencontrent la majorité des enfants afri- cains ont un impact sur la capacité de leurs familles à prendre bien soin d’eux. Des conditions de travail différentes pour leurs parents et une forte prévalence du VIH/SIDA chez les femmes et les jeunes expliquent qu’un nombre croissant des familles et des communautés soient incapables de prendre correctement soin de leurs enfants. C’est pourquoi il faut faire appel aux gouvernements qui doivent s’acquitter de leurs obligations dans le cadre d’un développement fondé sur les droits de l’homme, afin de garantir des services de qualité à tous les enfants ainsi qu’une protec- tion et des systèmes de soutien appropriés pour leurs familles. Évolution de la politique de DPE Avant 1990, les jeunes enfants, surtout la tranche d’âge qui va de la nais- sance à 5 ans, étaient presque invisibles dans la majorité des documents politiques africains, sauf dans les politiques et stratégies sectorielles de la santé et de la nutrition. À partir de 1990, l’élan international en faveur des enfants et du DPE inscrit dans la Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous (UNESCO 1990) a encouragé le développement d’actions officielles en Afrique subsaharienne. Dès l’instant où ils ont signé la Convention des droits de l’enfant (CRC ; United Nations 1989) et ont 34 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique commencé à participer activement aux conférences sur l’éducation pour tous (EPT) et au Sommet mondial pour les enfants, les pays africains ont commencé à intégrer plus clairement les questions relatives aux enfants dans leurs politiques sectorielles. Divers pays (Ghana, Malawi, Maurice, Namibie et Ouganda) ont donné une visibilité aux enfants en créant des ministères ou des commissions nationales chargés de s’occuper d’eux. Dans d’autres pays, ce sont les ministères de la famille ou des affaires sociales qui s’en occupent. En 1998, la septième Conférence des ministres de l’éducation des États membres d’Afrique (MINEDAF VII; UNESCO 1998) a exprimé son engagement politique à promouvoir des politiques de DPE. La confé- rence a accepté les recommandations de la consultation régionale des ONG africaines, une de celle-ci, extrêmement importante, stipule que des politiques claires doivent être formulées pour promouvoir l’éducation et le développement de la petite enfance dans tous les pays d’Afrique (UNESCO 1998). Les défis qui se posaient aux pays fessaient référence à leur capacité à formuler des politiques intégrées de DPE qui soient cultu- rellement appropriées et efficaces, ainsi qu’aux moyens de les financer. L’engagement de bailleurs de fonds ou de partenaires clés au dévelop- pement, comme l’UNICEF et la Banque mondiale, dans la promotion et le financement du DPE a joué un rôle important pour faciliter l’engage- ment des gouvernements des différents pays. Les programmes soutenus par l’UNICEF en faveur des droits de l’enfant et du DPE ont été renforcés dans presque tous les pays d’ASS. Dès le milieu des années 1990, la Banque mondiale a offert un crédit de financement à des pays comme le Kenya, l’Ouganda et l’Érythrée. Grâce aux témoignages indéniables apportés par la recherche concernant les rendements positifs des investis- sements dans le DPE, la Banque a considérablement accru son finance- ment dans les domaines des soins pour les enfants, de la santé, de la nutrition et de l’éducation. Comme le dit Mary Eming Young, spécialiste principale en DPE à la Banque mondiale, la Banque reconnaît que « les enfants doivent prospérer pour que les économies puissent se dévelop- per » (Young 2005, 2). Ainsi, à partir de février 2005, le portefeuille des prêts de la Banque mondiale en faveur du DPE pour des projets dans le monde entier atteignait 1,5 milliards de dollars US (Young 2005). Le Groupe de travail sur le développement de la petite enfance (GTDPE) de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), créé en 1997, a apporté une contribution importante au développement de la politique de DPE. En 1999, le GTDPE a défini l’appui à l’élaboration des politiques comme la voie royale permettant Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 35 aux partenaires d’apporter leur contribution et de procéder collective- ment à des changements en faveur de programmes durables pour le développement holistique de l’enfant en Afrique (Torkington 2001). Les projets de politique du GTDPE associaient évaluations et renforcement des capacités. La première tâche du projet consistait en études de cas sur les politiques de DPE mises en place au Ghana, à l’Île Maurice et en Namibie, ainsi qu’une étude des problèmes rencontrés par la politique de DPE en 2000–2001 (voir Torkington 2001). La seconde activité du projet était d’apporter un soutien technique extensif à la planification de la politique nationale de DPE au Burkina Faso, en Mauritanie et au Sénégal en 2002–2003 (voir Vargas-Baron 2004). Les enseignements pertinents tirés de ces précieuses expériences seront abordés ultérieurement dans la section. Une série de conférences internationales africaines sur le DPE, qui se sont tenues à Kampala (1999), en Érythrée (2002) et au Ghana (2005), a également contribué à nourrir cet élan. Ces conférences, qui réunis- saient des spécialistes africains et internationaux, des décisionnaires, des responsables politiques, et des agences de financement, ont permis de susciter un intérêt en faveur du DPE sur le continent qui s’est traduit par des politiques et des programmes plus complets. Plusieurs pays (Angola, Érythrée, Ghana, Malawi, Namibie et Maurice) ont déjà élaboré et adopté des politiques nationales de DPE. D’autres pays (Burkina Faso, Burundi, Gambie, Kenya, Mauritanie, Sénégal, Swaziland et Ouganda) sont en phase d’élaboration de leurs politiques. Liens entre les conventions internationales et régionales et les politiques de développement en Afrique Garantir le meilleur départ possible dans la vie aux enfants africains et l’application réussie des conventions sur les droits de l’homme comme la Convention relative aux droits de l’enfant (CRC United Nations 1989), la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE; Organisation of African Unity 1999) et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDE; United Nations 1979) ainsi que les politiques et stratégies de développe- ment international telles que l’Education pour tous (EPT), les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), les approches sectorielles (SWAP) et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), sont indissociables. Les dirigeants africains ont insisté sur ces 36 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique liens en 2001 lorsqu’ils ont déclaré dans L’Afrique pour les enfants que « la transformation socioéconomique du continent s’appuie sur l’investissement dans les jeunes . . . la satisfaction des droits et des besoins des enfants d’Afrique est un impératif. Les enfants doivent être au centre des priorités des décisionnaires » (Organisation of African Unity 2001, paras. 6–7). L’impératif des droits de l’homme : la CRDE, la CADBE et la CEDE La CRDE, la CADBE et la CEDE donnent aux droits de l’homme la justification morale et éthique pour lier le DPE et le développement national. La CADBE, qui a été adoptée moins d’un an après l’adoption de la CRDE et qui est entrée en vigueur en novembre 1999, partage avec cette dernière les principes clés des droits de l’homme. Toutefois, elle donne des directions supplémentaires pour des questions DPE spéci- fiques à l’Afrique. Par exemple, elle appelle à « abolir les coutumes et pratiques culturelles et sociales négatives, qui affectent le bien-être, la dignité, la croissance et le développement normal de l’enfant, et en par- ticulier de la petite fille » (Organisation of African Unity 1999, art. 21). Elle interdit également le mariage des enfants et les promesses en mariage des petites filles et des petits garçons. La CADBE souligne les rôles et les responsabilités des parents, de la famille élargie et du personnel soignant, et lance un appel ferme aux États pour qu’ils fournissent aux familles dans le besoin et aux parents qui travaillent, des services de base néces- saires ainsi que des installations pour les enfants (Organisation of African Unity 1999, arts. 18–20). La CEDE répond à l’impératif éthique en se préoccupant de la discri- mination sexuelle. Cependant, son influence ne se fait pas totalement ressentir dans le DPE et dans d’autres politiques de développement. Les difficultés pour intégrer ce qui a trait à la différence entre les sexes ainsi que pour garantir l’égalité des sexes durant l’enfance, reflètent en partie les problèmes socioculturels et les politiques existantes dans les divers pays du monde; des problèmes qui ont entraîné des retards dans la signa- ture et la ratification de la convention. Ainsi, si la CRDE est entrée en vigueur 10 mois seulement après son adoption, la CEDE, qui avait été adoptée 10 ans plus tôt en 1979, n’est entrée en vigueur que le 3 septem- bre 1981 et n’a toujours pas été universellement ratifiée. Néanmoins, les objectifs de l’EPT et les OMD insistent sur l’égalité des sexes dans le développement de l’enfant et reflètent ainsi leurs liens avec la CEDE. Le DPE doit être considéré comme le point de départ de l’apprentissage des enfants et de l’égalité des sexes dans les familles et les communautés. Des Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 37 politiques et des programmes de DPE efficaces, bien intégrés et qui impli- quent les parents permettent aux femmes de participer aux décisions communautaires et aux activités de développement et leur donnent accès au secteur productif et aux emplois rémunérateurs, conformément aux recommandations de la CEDE. Les instruments de développement : les DSRP, OMD, SWAP Avant que les programmes d’ajustement structurel (PAS) deviennent à la mode vers le milieu des années 1980, la majorité des pays indépendants d’Afrique élaboraient des plans ou des cadres de développement nation- aux coordonnés. Ceux-ci permettaient d’avoir une vision du développe- ment global du pays et de définir les politiques économiques et sociales importantes ainsi que les stratégies au court moyen et long terme. Avec les PAS, la grande majorité des pays ont abandonné cette planification nationale exhaustive. On s’orienta alors vers la recherche de la stabilité macroéconomique à court terme et vers une croissance orientée aux exportations, au détriment du développement humain et social. Une conséquence importante pour la majorité des pays africains lors de cette expérience dans les années 1990, ce qu’ils se sont retrouvés incapables d’élaborer des politiques sociales et nationales cohérentes susceptibles d’intégrer le DPE. Le changement social, et particulièrement le dével- oppement holistique de la petite enfance, prend plus de temps à réaliser que ce qui était proposé par les PAS et leurs successeurs, les DSRP, qui leur ont fait suite. La perte des perspectives et de la planification à long terme se reflète dans les DSRP qui sont devenus les « plans nationaux pour le développement » dans des nombreux pays. Les DSRP, SWAP et OMD posent un défi réel. Ils sont extrêmement « pointus » et leurs approches sont très sectorielles, très éloignées de l’ap- proche multisectorielle requise pour le développement holistique de l’enfant. Dans les premiers DSRP, le développement social concernait surtout les politiques pour la santé et l’éducation. On ne s’occupait des enfants qu’en termes des maladies ou des régimes de santé, et le DPE n’était qu’une extension du système d’éducation primaire vers les enfants « préscolaires » de 3 à 6 ans, les 0 à 3 ans étaient totalement oubliés. Les politiques sectorielles en général ne se préoccupaient pas de l’enfant dans son intégralité. Il est bon de remarquer, néanmoins, que les DSRP ont aidé à focaliser l’attention, à l’échelle nationale, sur la pauvreté qu’ils ont permis de mieux comprendre grâce à des évaluations participatives et à une analyse globale au niveau des pays. Ils ont également donné une priorité bien 38 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique nécessaire à la santé et à l’éducation, des secteurs sociaux qui avaient enregistré un déclin dans des nombreux pays d’ASS avec les crises socioé- conomiques des années 1980 et du début des années 1990. Néanmoins, vu sous l’angle de la DPE, en général les DSRP ne se focalisent pas sur l’enfant, l’analyse de la pauvreté et des privations de l’enfant, ni sur les familles. Les soins et l’éducation de la petite enfance sont le plus souvent absents. Les femmes et les questions d’égalité entre les sexes sont margi- nalisées, sauf l’éducation des filles. C’est là une défaillance sérieuse si l’on désire réduire la pauvreté structurelle en Afrique. La pauvreté des fem- mes entraîne directement des privations pour leurs enfants, alors que les revenus améliorent considérablement le bien-être et le développement des enfants et aident à briser le cycle de la pauvreté. Au 31 mars 2005, 21 pays africains avaient des DSRP complets approuvés par la Banque mondiale et 9 autres pays disposaient de DSRP provisoires. Des pays comme le Ghana, l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie ont développé la deuxième génération de DSRP ; on espère que ceux-ci intégreront le développement holistique de l’enfant. Le Ghana, la Zambie et l’Ouganda essaient d’intégrer le DPE dans des versions révisées de leurs DSRP. L’adoption et la poursuite des OMD ont donné l’oppor- tunité d’intensifier le processus de développement axé sur l’enfant des DSRP. Selon la Banque mondiale, de nombreux pays en ASS ont aligné leurs objectifs et les cibles des DSRP sur les OMD (Jaramillo and Mingat, 2003). Cependant, le Rapport du projet Objectifs du millénaire des Nations Unies a critiqué les DSRP, en maintenant ceux-ci sont assez complets ou visent le long terme pour réaliser les OMD (United Nations Millenium Project 2005). Les approches sectorielles (SWAP) élaborées essentiellement dans les domaines de la santé et de l’éducation, offrent une autre opportunité de promouvoir le DPE. Les SWAP ont l’avantage d’intégrer une analyse sectorielle détaillée, une orientation axée sur une réforme de la politique, et une planification stratégique liée aux DSRP et aux budgets nationaux. Un point positif est que les SWAP couvrent des aspects sectoriels du DPE tels que l’immunisation, la santé de la mère et les jardins d’enfants, mais ils doivent couvrir l’enfant totalement et adopter plus systématiquement l’approche du cycle de la vie pour les enfants depuis la naissance et jusqu’à l’âge de 8 ans. Il reste à éliminer les points faibles: des liens inter- sectoriels lâches et l’absence de focalisation sur l’enfant au sens complet et sur sa famille. Plusieurs pays (Burkina Faso, Gambie, Ghana, Niger, Sao Tome et Principe, Ouganda et Zambie) ont des SWAP dans les domaines de la Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 39 santé et de l’éducation et le Burkina Faso, le Mali et le Niger dans le domaine de l’eau et de l’hygiène. On pourrait aussi identifier d’autres opportunités de promouvoir des activités intégrées SWAP/DPE aux niveaux du district et de la communauté. Le lien entre le DPE et la pré- vention et les soins liés au VIH/SIDA offre une excellente opportunité de renforcer les liens SWAP/DPE et d’accéder à des ressources supplémen- taires comme les fonds du Programme VIH/SIDA multi-pays (MAP). Ces liens existent en Zambie et en Ouganda. Dans le cadre du SWAP de la santé, l’Ouganda a mis à son programme des soins obstétriques d’urgence, pour réduire la mortalité maternelle, et a incorporé le DPE dans le Plan stratégique du secteur de l’éducation 2004–2015 pour permettre aux secteurs d’inscrire le DPE à leur budget (UNICEF 2005). L’Union africaine est arrivée à la même conclusion sur l’établissement des liens entre le DPE et le développement à long terme pour le NEPAD (Union africaine 2001). En partenariat avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’UNICEF, l’UA a publié en septembre 2003 La face jeune du NEPAD : Les enfants et les jeunes dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, un appel aux dirigeants africains pour entreprendre des actions claires et radicales en faveur des enfants africains, en commençant par le DPE : « Les soins à la petite enfance pour la survie, la croissance et le développement . . . ne sont pas une simple action humanitaire mais une action qui s’inscrit au centre du développement et de l’évolution à long terme de la société (AU et al. 2003, 14). Politiques nationales du DPE : besoins et défis Comment définir une politique ? Selon le Concise Oxford Dictionary (1990), une politique « est un moyen ou un principe d’action adopté ou proposé par un gouvernement, une entreprise, un parti ou une personne ». Au niveau national, une politique représente une philosophie ou des principes directeurs, les buts et les objectifs du gouvernement concernant des questions clés pour le pays et les citoyens, pour lesquelles des res- sources seront engagées dans un champ d’action stratégique qui doit être appliqué aux différents niveaux et dans des différents domaines du dével- oppement. La volonté politique et une vision sous jacente sont des points de départ importants pour l’élaboration d’une politique. Une politique doit également être approuvée ou acceptée au niveau supérieur, soit un cabinet ou parlement, et dans certains cas, recevoir du soutien juridique et constitutionnel pour pouvoir prendre une direction nationale. 40 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique On peut adopter deux approches différentes pour élaborer des politi- ques nationales en faveur des jeunes enfants et de leur famille: soit créer un cadre politique auquel tous les secteurs doivent rendre des comptes, ou créer une politique autonome de DPE. Le cadre politique Il ne fait aucun doute que les pays dotés de politiques sociales adéquates et solides, de politiques et de stratégies sectorielles intégrées et des poli- tiques bien définies pour les enfants, ne doivent pas nécessairement s’engager dans le long processus d’élaboration d’une politique de DPE. Un cadre ou un plan d’action intégré peuvent être suffisants pour assurer la coordination, l’établissement de priorités intersectorielles, une mise en place efficace, et combler des déficits importants. C’est la voie choisie par l’Afrique du Sud qui s’est engagée dans un processus d’élaboration d’une stratégie nationale intégrée pour une meilleure compréhension et un engagement plus important des ceux qui prennent des décisions en faveur du DPE aux niveaux national et local. Le pays possède aujourd’hui un plan national intégré pour le DPE de 2005 à 2010. Il a également élaboré les lignes directrices nationales de DPE pour tous les intervenants (UNICEF 2005). Une politique de DPE Des politiques nationales de DPE sont importantes et utiles pour les pays qui comprennent mal les principes et les approches DPE, qui donnent une priorité limitée aux enfants vulnérables du stade prénatal jusqu’à l’âge de 8 ans dans les politiques sectorielles et les politiques nationales, et font montre d’une coordination intersectorielle limitée sur les ques- tions qui intéressent les enfants et les femmes. Comme nous l’avons dit, c’est l’urgence des problèmes sociaux qui affectent les enfants et les femmes en Afrique ce qui explique pourquoi il est recommandé d’adopter des politiques spécifiques de DPE. Plusieurs pays dont le Burundi, le Kenya, le Rwanda et la Zambie ont reconnu que l’absence d’une politique nationale est un obstacle majeur pour accorder la priorité au DPE et lui allouer des ressources. Une politique nationale de DPE permet non seulement d’avoir une vision des intérêts supérieurs de tous les jeunes enfants, mais indique également les modalités qui permettent de transformer cette vision en réalité. C’est une politique sociale multidisciplinaire et multisecto- rielle, élaborée stratégiquement pour donner priorité au bien-être des jeunes enfants (du stade prénatal à l’âge de 8 ans), de leurs familles, Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 41 des communautés et de la société dans son ensemble. Dans des nom- breux pays africains, les informations sont insuffisantes et les connais- sances inexistantes sur les jeunes enfants, en particulier ceux de 0 à 3 ans, ainsi que sur les besoins et les pratiques de leurs familles. De ce fait, le développement d’une politique de DPE doit comprendre une analyse de la situation et des études appropriées sur tous les jeunes enfants, en particulier les plus vulnérables, et leurs familles. Il faudrait également y inclure des informations sur les pratiques parentales et les soins donnés aux enfants dans les régions rurales et urbaines, dans les communautés désavantagées et privilégiées, et dans les différents groupes culturels. Une politique nationale de DPE doit être fondée sur les droits, être non discriminatoire, et avoir pour but de promouvoir les intérêts supé- rieurs de l’enfant. Elle doit refléter une approche holistique et intégrée, et doit prendre en compte les différents cycles d’âge et de niveaux de développement, grâce à des services de base et sociaux de qualité, soute- nus par des ressources gouvernementales humaines et financières effica- ces, et assurer un partenariat à grande échelle entre parents, communautés, des ONG, secteur privé et agences internationales. Pour avoir une politique nationale spécifique de DPE il y a quelques difficultés à surmonter. Les plus importantes ont trait à l’engagement du gouvernement et à la volonté politique. Est-ce que le gouvernement est engagé, ou peut-il s’engager, non seulement sur la vision et le principe, mais également sur l’allocation des ressources et la mobilisation de tous les secteurs concernés en faveur du DPE ? Face à des priorités de déve- loppements concurrents et des limites sérieuses des ressources financiè- res, le gouvernement et ses partenaires vont-ils accorder une haute priorité à une politique de DPE ? La sensibilisation et la mobilisation sociale peuvent dans une large mesure apporter une solution à ces pro- blèmes. La structure du gouvernement pose un autre défi fondamental. Alors que la politique de DPE est holistique et suit une approche intégrée pour favoriser des liens et des synergies de soutien de l’enfant au sens global, l’organisation du gouvernement est sectorielle. La planification et les allocations budgétaires sont en général sectorielles pour les mêmes grou- pes de la population et les communautés. Plus récemment, on semble s’intéresser davantage aux « systèmes » et à leur réforme, en particulier dans les SWAP pour la santé et l’éducation, que sur les catégories de « personnes », qui font l’objet ou qui bénéficient du développement sec- toriel. Cette situation rend la coordination multisectorielle en faveur du 42 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique DPE difficile. Les priorités et les activités sectorielles l’emportent souvent sur les besoins du DPE. De nombreux pays (Érythrée, Éthiopie, Kenya, Zambie et Zimbabwe) qui ont mis en place des activités de DPE ou com- mencent à mettre en place des politiques nouvellement adoptées sont confrontés à des contraintes dues à l’absence ou aux limites de la coordi- nation et de la coopération intersectorielles à des différents niveaux (UNICEF 2005). Définir le champ d’application de la politique nationale de DPE peut également poser un problème. Une politique efficace de qualité doit s’oc- cuper des droits et des besoins de tous les enfants. Ceci peut paraître intimidant vu la proportion élevée des enfants dans la population en Afrique, les énormes problèmes d’enfants touchés par le VIH/SIDA, et le nombre grandissant d’orphelins et d’enfants handicapés avec des besoins spéciaux. Tous doivent être couverts, c’est leur droit, même si les ressour- ces financières et humaines sont limitées. L’expérience acquise lors de l’élaboration d’une politique de DPE dans la région démontre que le manque des capacités peut aussi être un défi majeur. Les cas de la Namibie, du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Sénégal sont l’illustration (Torkington 2001; Vargas-Baron 2004). Des compétences nationales existent dans des divers secteurs qui s’occupent des enfants, mais l’expérience est limitée lorsqu’il s’agit d’une politique intersectorielle de planification. Les experts sectoriels eux mêmes devraient peut-être renforcer leurs capacités pour apprécier et appliquer des nouveaux concepts, comme l’approche intégrée et holistique du DPE, et pour planifier pour les enfants et les familles vulnérables1. En fin de compte, la décision de créer une politique de DPE est un choix politique. Parmi toutes les priorités socioéconomiques, les gouver- nements doivent choisir de donner aux enfants le meilleur départ possible dans la vie. Les ressources, en particulier les ressources financières, sont un facteur important qui influence le choix. Ainsi, même lorsque l’idée d’un DPE holistique et universel a été acceptée, les pays africains à faible revenu doivent choisir un système de prestations pour les soins, la santé, la nutrition, l’éducation précoce et le soutien familial de l’enfant du DPE. Il faut choisir entre les programmes de DPE les moins chers pour l’état, et souvent plus efficaces, qui reposent sur la famille et la communauté et les approches formelles, institutionnelles, plus onéreuses qui reposent sur des structures préscolaires. Le dilemme se situe aussi entre la qualité et l’équité. D’une part on a des programmes communautaires qui atteignent des enfants plus défavorisés, et d’autre part un système formel et élitiste, qui, politiquement peut drainer davantage des finances publiques. Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 43 Le processus d’élaboration de la politique Les expériences sur l�élaboration des politiques en Afrique montrent que le processus prend du temps (au moins deux ans) et demande de la flexibilité et de la sensibilité. Parmi les leçons apprises il faut mentionner la nécessité:, i) d’une large consultation et la participation de toutes les parties prenantes, ii) d’aligner la politique de DPE sur les principales politiques et stratégies nationales et sectorielles de développement, iii) de disposer des capacités techniques et institutionnelles pour une planifica- tion politique intersectorielle, et iv) des structures stratégiques qui vont héberger et promouvoir la politique et son application. Consultation et participation—Une consultation de tous les groupes et institutions concernées par le DPE et leur participation active au proces- sus de développement politique aide à créer un consensus sur les points clés et les concepts fondamentaux, et permet de placer l’intérêt de l’en- fant au dessus des groupes spécifiques ou de l’intérêt sectoriel. La consul- tation et la participation des intéressés encouragent la transparence, la synergie et la rentabilité puisque les rôles et les responsabilités sont par- tagés en faveur du bien-être de l’enfant. Par dessus tout, elles garantissent une appropriation nationale de la politique. La qualité du processus par- ticipatif a un impact sur la qualité de la politique et l’efficacité de son application. Le Burkina Faso, le Ghana, la Mauritanie et le Sénégal ont lancé leur processus de développement de la politique avec des conférences et des ateliers nationaux rassemblant les parties concernées avec un fort appui de l’UNICEF. Au Burkina Faso et au Sénégal, en amont des ateliers natio- naux. Les équipes chargées du développement de la politique ont mené des consultations locales et régionales dans des différentes parties du pays en langues locales. Cette stratégie a permis aux communautés et aux populations locales d’apporter une contribution culturellement perti- nente au processus d’établissement de la politique. La consultation ini- tiale des parties prenantes a permis de créer une vision collective pour capturer l’idée d’un avenir meilleur pour tous les jeunes enfants dans cette société. Elle a également permis d’identifier des politiques, des pro- grammes et des stratégies en cours, intéressantes pour les enfants, dont il faudra tenir compte dans l’ensemble de la politique DPE. Ce fut le cas au Ghana et au Malawi. Ces politiques et programmes apparentés peu- vent être centrés sur les orphelins et les enfants vulnérables (OEV), les enfants ayant des besoins spéciaux, les enfants touchés par le VIH/SIDA 44 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique et les enfants en âge préscolaire, ainsi que sur la nutrition et la protection de l’enfant. L’alignement de la politique de DPE—Il est important de poursuivre des consultations élargies tout au long du processus d’élaboration de la poli- tique pour s’assurer de permettre un intérêt et un engagement soutenus. Il est essentiel que les ministres des finances et de la planification écono- mique aient leur mot à dire. Les ministères responsables de la formulation de la politique globale et de l’application des DSRP, des OMD et, dans une mesure variable, les SWAP jouent un rôle clé pour garantir le lien ou l’alignement de la politique de DPE avec les politiques et les stratégies nationales. Leurs conseils et contributions sur le coût et le financement de la politique et des programmes de DPE sont cruciaux. Les institutions de statistiques nationales doivent également participer et apporter une contribution technique à la politique pour faciliter la recherche et le suivi nécessaires. Le rapport sur le Projet du millénaire des Nations Unies, Investir dans le développement (2005), propose des changements importants dans la planification du développement qui peuvent offrir de nouvelles opportu- nités aux politiques de DPE. Dans l’absence des stratégies et des plans de développement national global dans la plupart des pays, on doit saisir toutes les opportunités pour incorporer le bien-être de l’enfant et un DPE holistique dans la stratégie proposée de développement national à long terme. Le rapport, qui fut l’objet des discussions à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2005, insistait sur une révision des DSRP pour les rendre plus ambitieux et permettre aux pays d’atteindre les OMD (ibid.). Les DSRP doivent être réorganisés en programmes de 3 à 5 ans dans le cadre d’une lutte contre la pauvreté sur 10 ans, les stratégies nationales de développement doivent être basées sur les OMD. Les DSRP révisés mettraient l’accent, entre autres, sur les droits de l’homme, qui doivent commencer par les droits des enfants. On voudra bien noter qu’il est nécessaire de prévoir une sensibilisation sérieuse et un travail technique au niveau national pour s’assurer que les investissements publics priori- taires proposés, et en particulier les « mesures à effet rapide » suggérées, couvriront plus adéquatement les enfants au stade prénatal jusqu’à l’âge de 8 ans et leurs familles (United Nations Millenium Project 2005). Capacités pour une planification politique intersectorielle—Les partena- riats stratégiques élargis entre le gouvernement national, la société civile, les ONG et les partenaires au développement ont aidé plusieurs pays à Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 45 mobiliser les capacités multisectorielles nécessaires au développement d’une politique de DPE. Par exemple, les experts et les spécialistes du gouvernement, des ONG, de l’université nationale, de l’UNICEF et du Groupe consultatif sur le programme des soins et du développement de la petite enfance (SDPE) ont généré les capacités nécessaires pour élabo- rer une politique progressive et un modèle de DPE en Namibie (Groupe de travail interministériel de la Namibie pour le développement de la petite enfance 1995). Des groupes similaires travaillant avec les partici- pants de l’Université virtuelle pour le développement de la petite enfance (UVDPE) ont réalisé un objectif identique au Malawi en 2001 (voir Pence 2004). En Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, l’UNICEF a joué un rôle important dans la formation et le renforcement des capacités régionales pour les partenaires nationaux et le personnel de DPE de l’UNICEF. Par exemple, l’UNICEF a fortement soutenu et facilité trois ateliers régionaux de formation pour les politiques nationales de DPE au Burkina Faso, au Sénégal et en Mauritanie entre septembre 2002 et juillet 2003 dans le cadre du projet du GTDPE. La politique de la Mauritanie est dans sa phase de rédaction finale, alors que celles du Sénégal et du Burkina Faso sont en cours d’élaboration. Structures stratégiques—Une autre leçon importante que tirent les pays qui se sont engagés dans un processus d’élaboration d’une politique de DPE est la nécessité de disposer de structures nationales stratégiques pour héberger et promouvoir la politique et son application. Ces structures sont particulièrement nécessaires pour assurer des transitions rapides et sans à-coups entre l’élaboration et l’adoption de la politique, puis entre l’adoption et la mise en œuvre de la politique. Plusieurs facteurs, notam- ment les urgences nationales, peuvent influencer cet important processus de transition. Par exemple, il a fallu au Ghana une période inhabituelle- ment longue de 11 ans entre le séminaire de renforcement du consensus national en faveur du DPE en 1993, la finalisation de la politique en 2001, et l’approbation par le cabinet et le lancement de la politique en août 2004. Des changements au gouvernement, des débats sur le ministère ou l’institution qui devrait mener le processus de DPE, l’absence de résolu- tion rapide et de décision sur ces questions ont entraîné des retards. Au contraire, l’Île Maurice a mis seulement deux ans (1996–1998) pour préparer et obtenir l’approbation du cabinet sur sa politique de DPE pour les enfants de 0 à 3 ans placée sous la direction du Ministère des femmes, du bien-être de la famille et du développement de l’enfant, qui avait la responsabilité première du groupe d’âge. En Namibie, une bonne 46 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique direction, une expertise interne et externe compétente et une large appropriation ont permis d’élaborer un modèle intégré de politique de DPE pour les enfants de 0 à 8 ans et d’obtenir l’approbation du cabinet en quatre ans (1992–1996). Cependant, les modifications institutionnel- les intervenues au niveau de la structure d’hébergement, qui est passée en 2000 du Ministère du logement et du gouvernement régional et local à un ministère nouvellement créé pour les Affaires des femmes et le bien- être des enfants, ont eu un impact sur l’application qui s’est répercuté sur les programmes de renforcement des capacités au niveau du district et de la collaboration intersectorielle (Pence 2004 ; Torkington 2001). Le Sénégal a connu des changements similaires au niveau du Ministère d’hébergement. Au début, lors de l’élaboration de la politique, la responsabilité du développement de la petite enfance incombait au Ministère de la famille, du développement social et de la solidarité nationale ; elle a ensuite été transférée au Ministère délégué pour le développement de la petite enfance et la case des tout-petits (centres d’apprentissage pour les jeunes enfants). L’impact du changement sur le processus en cours d’élaboration de la politique reste encore à évaluer (Vargas-Baron 2004). Mise en place de la politique La majorité des pays de l’ASS ont mis en place des aspects sectoriels spécifiques au DPE, tels que les soins prénatals, l’immunisation, l’alimentation complémentaire, l’apprentissage précoce et les structures préscolaires. L’Île Maurice et la Namibie ont connu les délais d’application les plus longs ; leurs politiques ont fait l’objet d’une analyse en 2005– 2006, et des changements furent suggérés. Au Ghana, la mise en place de la politique a commencé avec la création du Comité de pilotage pour le DPE en avril 2005. Les expériences à ce jour indiquent que certains élé- ments sont essentiels au succès de l’application de la politique. Parmi ceux-ci, on peut citer i) un comité de pilotage ; ii) un plan d’action ou plan opérationnel et des lignes directrices; iii) le financement ; iv) la sen- sibilisation, la mobilisation sociale et l’information; v) l’établissement d’un réseau de contacts ; et vi) le suivi et l’évaluation. Comité de pilotage—L’efficacité de l’application de la politique, une fois celle-ci adoptée, dépend de l’existence d’une structure ou d’un méca- nisme de suivi dynamique de haut niveau. Le Botswana, le Ghana, le Malawi, la Namibie, l’Afrique du Sud et la Tanzanie ont créé des comités de coordination ou des comités de pilotage nationaux interministériels, Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 47 aidés dans certains cas par des groupes de travail techniques ou des grou- pes de réflexion. Les comités sont principalement chargés du programme de sensibilisation de haut niveau, de la promotion de la coordination intersectorielle, et du suivi et de l’évaluation de la politique et des pro- grammes. Ces comités doivent faire face à des défis réels pour assurer une participation suivie, de haut niveau, ainsi que le financement de leurs activités. Le développement précoce des plans d’action ou plans opérationnels assortis des stratégies de financement ainsi qu’un soutien gouvernemental de haut niveau permettrait d’alléger certains de ces problèmes. Plan et lignes directrices—L’étude de cas de la Namibie montre que l’absence d’un plan d’action après l’adoption de la politique a eu un impact négatif sur la réalisation (Torkington 2001). L’expérience du Malawi a montré que l’élaboration des plans d’actions qui viennent compléter les politiques est un facteur essentiel pour faire avancer le DPE (Pence 2004). Les plans d’action déterminent les stratégies de mise en œuvre et les cadres temporels pour la coordination et le renfor- cement des partenariats, les rapports avec les systèmes existants de soins pour les enfants (par exemple les OEV et la prévention de la transmis- sion mère-enfant ou PTME), les politiques sectorielles et nationales de développement, le financement, le renforcement des capacités, la sensi- bilisation, la mobilisation sociale et le réseautage (networking), le suivi et l’évaluation des activités de programmes et de la politique toute entière. Les plans d’action doivent être suivis et actualisés à la lumière des difficultés et des opportunités qui se présentent. Certains pays, notamment l’Afrique du Sud et l’Ouganda, ont élaboré des lignes direc- trices pour permettre que aux multiples partenaires d’appliquer facile- ment la politique. Financement—Une stratégie de financement est essentielle pour le succès de l’application de la politique. Tout doit être fait pour que les fonds nécessaires soient libérés pour mettre en œuvre la politique et les élé- ments des programmes. La stratégie doit identifier des sources de finan- cement diversifiées et les contributions potentielles des communautés, des gouvernements au niveau local et national, de la société civile, des ONG et des partenaires internationaux. Elle doit définir les critères et les modalités de responsabilité. En raison du grand nombre de partenaires, la transparence est fondamentale pour la réussite. Les études de cas et les expériences faites montrent que ce sont les financements qui créent 48 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique certains des principaux goulets d’étranglement lors de l’application de la politique. L’Afrique du Sud a connu des expériences positives qui ont permis de multiplier l’accès aux services de DPE. Elle a développé un large partenariat pour le financement impliquant tous les niveaux du gouvernement, les employeurs, les organisations communautaires, les parents et les agences des bailleurs de fonds. Lorsqu’on intègre le DPE holistique dans des secteurs de la santé, de l’éducation, de l’eau et de l’hygiène avec une coopération intersectorielle transparente, ce sont ces secteurs qui devraient contribuer au financement des activités (Jaramillo and Mingat 2003). Sensibilisation, mobilisation sociale et information—Il est nécessaire de poursuivre un programme continu de sensibilisation à tous les niveaux pour garantir le succès de l’application de la politique. Une sensibilisation bien préparée, fondée sur la recherche et le savoir, sur la mobilisation sociale, la communication et sur une stratégie d’information doit permet- tre d’atteindre plus facilement les décisionnaires, le gouvernement local, les dirigeants communautaires et les parents afin d’obtenir leur soutien et leur contribution. Elle encouragerait également la demande publique pour les services de DPE. Souvent, les politiques restent cantonnées au niveau national, avec peu de diffusion vers les districts, les communautés et le public en général. L’Erythrée, une rare exception, a réussi à traduire la politique et les matériels de programme de DPE dans huit langues locales officielles ; ceci s’est avéré essentiel pour obtenir le soutien local à la mise en place du DPE aux niveaux du district et de la communauté (Pence 2004). Le Cameroun vit une expérience réussie depuis 2003 en utilisant un modèle convergent pour promouvoir des services de développement holistique des enfants dans une province. Cette approche coordonne cinq points d’entrée pour les enfants et leurs familles : la nutrition, la santé, l’éducation, l’eau et l’hygiène, la protection et la lutte contre le VIH/ SIDA. Une mobilisation sociale encourageant la participation active des dirigeants et des communautés traditionnelles dans la micro planification était un facteur clé de la réussite du programme qui a permis, entre autres, une augmentation de l’enregistrement des naissances et de la sco- larisation des filles (UNICEF 2004a). Réseautage (Networking)—Certains pays, en particulier l’Ouganda et la Tanzanie, ont utilisé le réseautage comme une stratégie pour promouvoir efficacement les politiques de DPE et leur application. Entre 2000 et Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 49 2004, ils ont réussi à créer un réseau de DPE au niveau national et des districts grâce à une sensibilisation et à un partage efficace de l’informa- tion. Le réseau de DPE de Tanzanie a joué un rôle clé en organisant des réunions nationales pour promouvoir un plan d’action DPE/EPT pour la période 2003–2015 et des stratégies pour le DPE et le VIH/SIDA (Pence 2004). La Tanzanie a souligné l’importance de faire évaluer par les orga- nisations nationales et internationales les efforts accomplis dans le domaine essentiel du renforcement des capacités les préparant ainsi à agir rapidement pour soutenir les efforts locaux. Lorsque les capacités sont relativement limitées, il faut que le soutien intervienne à temps pour stabiliser les avancées et continuer à progresser. Suivi & évaluation—Enfin, il faut associer aux politiques nationales de DPE des plans de suivi et d’évaluation bien conçus et financés. Le suivi et l’évaluation des politiques sont un élément essentiel de la politique de DPE car ils permettent d’apporter les modifications nécessaires pour répondre aux nouveaux défis et aux opportunités qui se présentent. Il faut utiliser des indicateurs quantitatifs et qualitatifs de DPE dans des programmes intersectoriels pour influencer l’orientation, la portée, et la couverture des principaux plans et politiques de développement. Il est donc recommandé d’établir des liens solides avec le département de la planification nationale, les services de statistiques et les universités, afin d’obtenir les capacités nécessaires et de développer les compétences requises (Vargas-Barón 2004). Conclusions et actions clés Tous les actes officiels relatifs aux droits de l’homme confirment la valeur particulière que les sociétés accordent aux enfants. En Afrique, ceci res- sort très clairement de la CADBE. Les instruments et les politiques internationales et régionales de développement récentes créent un envi- ronnement et un cadre propices pour permettre aux gouvernements de réduire et d’éliminer les menaces qui pèsent sur la survie, la croissance, le bon développement et la protection de tous les enfants. Comme l’a dit Mary Eming Young (2005, 2), « les enfants doivent prospérer avant que les économies puissent croître. » Les gouvernements africains doivent admettre que la situation déplorable des enfants, surtout les plus jeunes et les plus vulnérables, est inacceptable. Des actions radicales et continues doivent être entre- prises pour assurer le meilleur démarrage possible dans la vie, une 50 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique croissance solide et continue et un développement sans risque pour tous les enfants entre 0 et 8 ans, qui sont le fondement du capital humain de l’Afrique. Les gouvernements doivent agir sans délai parce que les enfants les plus jeunes et les plus vulnérables sur le continent ne peuvent pas attendre. Le moment est venu d’élargir et d’accélérer le développement des politiques complètes de DPE en Afrique. Mais les décisions de DPE sont questions de choix politique. Les gouvernements doivent choisir, entre toutes les priorités du développement concurrentes, de donner à tous les enfants le meilleur démarrage dans la vie. L’accent placé sur les plus jeunes enfants d’Afrique, du stade prénatal à l’âge de 8 ans, par les politiques et les programmes holistiques de DPE, offre une chance réelle de développement humain durable soucieux de l’équité entre les sexes, de croissance économique, de changement et de transformation sociale. Comme l’ont dit l’Union africaine et le Secrétariat du NEPAD et leurs partenaires, la CEA et l’UNICEF, « Le bien-être des enfants sera la preuve ultime de notre réussite [dans le développement] » (AU et al, 2003, 3). Nous résumons ci-après les actions clés qu’on peut envisager pour accélérer le développement de la petite enfance en Afrique. Faire preuve de volonté politique, de vision et de courage Les gouvernements aux plus hauts niveaux doivent traduire en politiques de développement holistique de tous les enfants les engagements pris dans le CRDE, la CADBE, la CEDE, le NEPAD, les constitutions et les lois nationales sur les droits et le bien-être des enfants. Face aux priorités concurrentes et aux pressions, les gouvernements doivent faire montre de volonté politique, de vision nette et de courage pour prendre en charge le bien-être des enfants, en commençant par les plus jeunes et les plus vulnérables ; • profiter des courants démocratiques en expansion pour donner prio- rité aux droits des femmes et des enfants dans le cadre des droits de l’homme ; • décider de développer ou de renforcer des politiques holistiques de DPE pour les enfants du stade prénatal à l’âge de 8 ans ; • promulguer la législation nécessaire sur le DPE et en assurer l’appli- cation ; • identifier les mécanismes les plus stratégiques dans la structure gouver- nementale pour promouvoir les politiques de DPE ; Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 51 • garantir les investissements nécessaires au DPE et lui affecter des ressources humaines et financières puisées dans les budgets du gouvernement ; • obliger tous les secteurs du gouvernement intéressés et les partenaires à donner la priorité au DPE, à soutenir et à financer ses activités séparément et/ou en regroupant les ressources pour les enfants. Promouvoir la sensibilisation, la mobilisation sociale et l’information sur le DPE Les gouvernements, les ONG et les partenaires doivent : • entamer un processus continu de sensibilisation en faveur de l’élabora- tion et l’application à tous les niveaux d’une politique de DPE holisti- que fondée sur les droits de l’homme ; • élaborer et réaliser une mobilisation sociale sensible à la culture, une stratégie d’information et de communication pour faciliter l’accepta- tion de la politique de DPE ; sécuriser les engagements des agences centrales, régionales et locales du gouvernement, des ONG, des parte- naires, des communautés et des parents, et générer et soutenir une de- mande publique de services de DPE ; • traduire en langues locales la politique de DPE et d’autres documents pertinents suivant les besoins du pays ; et • impliquer les médias nationaux et les personnes chargées des relations publiques dans la formulation de la politique, la campagne de sensibi- lisation et le suivi. Effectuer des recherches pour promouvoir le DPE Les gouvernements, les services statistiques, les instituts de recherche et les partenaires doivent : • investir dans la recherche pour combler le manque des connaissances dans des domaines comme l’importance de la période de 0 à 3 ans dans le développement holistique de l’enfant, les pratiques des soins tradi- tionnelles, les données de références (les taux de mortalité infantile par région géographique par exemple) et la situation des jeunes enfants particulièrement vulnérables, notamment ceux qui sont affectés par le HIV/SIDA, les orphelins et les enfants avec des besoins spéciaux ; • collaborer au suivi et à l’évaluation des politiques de DPE et en utiliser les résultats pour promouvoir de la sensibilisation et, analyser et réviser les politiques. 52 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Créer et renforcer les capacités techniques pour une politique de DPE et son application Les gouvernements et leurs partenaires doivent : • utiliser et coordonner les compétences locales en planification et développement de politiques multisectorielles (comme ce peut être le cas des DSRP, OMD, SWAP) pour l’élaboration d’une politique de DPE ; • garantir l’existence des capacités adéquates au ministère ou dans l’or- gane de tutelle pour la coordonner, sensibiliser et suivre le programme et la politique de DPE. Ce ministère ou cette structure doit s’engager activement dans un dialogue intersectoriel et interinstitutionnel et une coopération technique pour promouvoir le DPE et éviter de l’isoler ; • en partenariat avec les institutions nationales, les universités, les organi- sations internationales (en particulier les membres du GTDPE), l’UVDPE et les experts compétents, développer et mettre en place une stratégie pour renforcer et retenir les capacités en DPE ; et • utiliser les capacités et les ressources disponibles chez les partenaires pour créer et renforcer les capacités nationales en DPE au niveau national, régional, local et communautaire. Créer et soutenir des partenariats élargis pour accélérer l’élaboration et l’application de la politique de DPE Les gouvernements doivent : • veiller à ce que les partenariats pour le DPE incluent les parents et les communautés dont la contribution aux niveaux des ménages et de la communauté est essentielle et indispensable à la survie, au développe- ment et à la protection des jeunes enfants ; • veiller à ce que tous les enfants et leur famille bénéficient des services de base de qualité, en particulier les plus jeunes et les plus vulnérables, et que les familles reçoivent un soutien socioéconomique leur donnant accès à des activités génératrices de revenus pour les autonomiser et réduire la pauvreté ; et • adopter des stratégies de coordination et de participation de tous les partenaires pour réduire les coûts de l’élaboration de la politique de DPE et de la réalisation, et du suivi et de l’évaluation du programme. Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 53 Assurer des liens efficaces entre les politiques et programmes de DPE et les principales politiques et cadres nationaux Les gouvernements, les partisans du DPE et les partenaires doivent : • s’engager dans des processus proactifs constants pour associer les poli- tiques de DPE à la formulation, la planification et aux révisions des plans nationaux et des perspectives nationales de développement là où elles existent, en particulier aux DSRP, OMD, SWAP et NEPAD ; • utiliser l’expertise et la capacité d’analyse et de planification multisec- torielles des ministères des finances et de la planification économique et des services de statistiques pour soutenir la formulation et la planifi- cation d’une politique de DPE intégrée ; • développer des lignes directrices pour planifier une politique multisec- torielle et intégrée à partager ou pour former le personnel concerné dans les secteurs apparentés, la société civile ou les partenaires. Investir dans le DPE et lui allouer des ressources adéquates Les gouvernements et les partenaires doivent de toute urgence : • garantir des ressources budgétaires nationales et des investissements adéquats dans le DPE ; • tirer parti de l’effet multiplicateur des ressources pour les soins, le développement et la protection du jeune enfant provenant des DSRP, OMD, SWAP, d’autres plans sectoriels, du NEPAD, de MAP, du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, de fonds bilatéraux, multilatéraux et des ONG. Les financements sont particulièrement nécessaires pour les programmes essentiels des soins et du développement pendant la période prénatale, les soins obstétriques d’urgence, les enfants de 0 à 3 ans, l’éducation des pa- rents et le soutien des femmes ainsi que la lutte contre la pauvreté des femmes ; et • affecter les fonds d’aide aux pays pauvres très endettés (PPTE) et les fonds destinés à l’allègement de la dette à l’achat de vaccins, de mous- tiquaires imprégnées d’insecticide, d’articles pour les soins obstétri- ques d’urgence, la création de garderies d’enfants communautaires, de structures préscolaires et à des activités destinées aux enfants pauvres à haut risque et vulnérables et à leurs familles pour que l’équité soit respectée. 54 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Note 1. Deux outils précieux pour le renforcement des capacités sont Early Childhood Resource Pack: Young Child Survival, Growth, and Development (2004b) de l’UNICEF et Early Childhood Counts: A Programming Guide on Early Childhood Care for Development du Groupe consultatif (Evans, Myers, and Ilfeld 2000). Références African Union. 2001. The New Partnership for Africa’s Development (NEPAD). Abuja: African Union. African Union, Economic Commission for Africa, NEPAD Secretariat and UNICEF. 2003. The Young Face of NEPAD: Children and Young People in the New Partnership for Africa’s Development (NEPAD). New York: UNICEF. Concise Oxford English Dictionary. 1990. Oxford: Oxford University Press. Evans, J. L., with R. G. Myers, and E. M. Ilfeld. 2000. Early Childhood Counts: A Programming Guide on Early Childhood Care for Development. Washington, DC:World Bank. Ghana (Ministry of Women and Children’s Affairs). 2004. Early Childhood Care and Development Policy. Accra: Ministry of Women and Children’s Affairs. Jaramillo, A., and A. Mingat. 2003. Early Childhood Care and Education in Sub- Saharan Africa: What Would it Take to Meet the Millennium Development Goals? Washington, DC:World Bank. Malawi (Ministry of Gender, Youth, and Community Services). 2001. National Policy on Early Childhood Development. Lilongwe: Ministry of Gender, Youth, and Community Services. Namibia Inter-Ministerial Task Force on Early Childhood Development. 1995. National Early Childhood Development Policy in Namibia. Windhoek: Government of Namibia. Organization of African Unity. 1999. African Charter on the Rights and Welfare of the Child. Retrieved November 5, 2006, from http://www.africa-union.org/. ———. 2001. Africa Fit for Children: The African Common Position. Pan-African Forum for Children, Cairo, Egypt, May 28–31. Retrieved November 5, 2006, from http://www.unicef.org/specialsession/documentation/documents/africa position-forum-eng.doc. Pence, A. R. 2004. ECD Policy Development and Implementation in Africa. UNESCO Early Childhood and Family Policy Series, 9. Paris: UNESCO. Torkington, K. 2001. WGECD Policy Project: A Synthesis Report. Paris: ADEA/ Netherlands Ministry of Foreign Affairs. Positionner le développement de la petite enfance (DPE) sur le plan national 55 UNESCO (United Nations Educational, Scientific, and Cultural Organization). 1990. World Declaration on Education for All and Framework for Action to Meet Basic Learning Needs. World Conference on Education for All, Meeting Basic Learning Needs, Jomtien, Thailand. March 5–9. Retrieved November 5, 2006, from http://www.unesco.org/education/information/nfsunesco/pdf/ JOMTIE_E.PDF. ———. 1998. Report of the Seventh Conference of Ministers of Education of African States (MINEDAF VII). Durban. April 20–24. UNICEF (United Nations Children’s Fund). 2004a. Annual Report (Cameroon). Yaoundé: UNICEF. ———. 2004b. Early Childhood Resource Pack: Young Child Survival, Growth, and Development. New York: UNICEF. ———. 2005. Analysis of Regional Integrated Early Childhood Development (IECD): Country-by-Country Annual Reports–2004. East and Southern Africa Regional Office. Nairobi: UNICEF. United Nations. 1979. Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women. Retrieved November 5, 2006, from http://www.un.org/ womenwatch/daw/cedaw/cedaw.htm. ———.1989. Convention on the Rights of the Child. Retrieved September 5, 2006, from http://www.unicef.org/crc/. ———. Millennium Project. 2005. Investing in Development: A Practical Guide to Achieve the Millennium Development Goals—Overview. New York: United Nations Millennium Project. Vargas-Barón, E. 2004. Final Report: Project to Support National Policy Planning for Early Childhood Development in Three Countries of West Africa. The Hague: Association for the Development of Education in Africa,Working Group on ECD (ADEA-WGECD). Young, M. E. 2005. Statement delivered at UNICEF WCARO Regional Workshop on ECD, Dakar, Thailand. March. CHAPITRE 3 Éducation et soins à la petite enfance en Afrique subsaharienne : Que faut-il faire pour atteindre les objectifs de millénaire pour le développement ? Adriana Jaramillo et Alain Mingat Les décisionnaires chargés du développement international sont de plus en plus convaincus de l’existence d’un lien étroit entre santé, édu- cation et bien-être des enfants et réduction de la pauvreté. Cinq objec- tifs du Millénaire pour le développement (OMD) sur huit adoptés par les Nations-Unies en 2000 ont trait à la santé, la nutrition et l’éducation des jeunes enfants. Plus précisément, les objectifs visent à réduire de moitié le pourcentage des enfants qui souffrent de la faim, à réduire des deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, rédu- ire de trois quarts le taux de décès maternels par rapport aux naissances vivantes, offrir la possibilité à tous les enfants d’achever le cycle pri- maire et niveler les chances de scolarisation entre les sexes. La recon- naissance de l’importance de la petite enfance se reflète également dans le premier des six objectifs fixés au Forum de Dakar sur l’Éducation pour tous (EPT) en avril 2000: « Étendre et améliorer tous 57 58 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique les aspects de l’éducation et des soins dispensés à la petite enfance, particulièrement pour les enfants les plus vulnérables et les plus défa- vorisés » (UNESCO 2000). Au niveau national, l’attention portée par les pouvoirs publics en Afrique à l’amélioration de la santé et de l’éducation des enfants se retrouve dans les documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) dont les objectifs et les cibles sont alignés avec ceux des OMD. Par essence, les enfants pauvres ont toutes chances de devenir des adultes pauvres et de donner naissance à des enfants pauvres, et de per- pétuer ainsi le cycle de la pauvreté. Par contre, les enfants ont plus de chance d’aller à l’école et d’y réussir si on les soutient pendant les premiè- res années de leur vie et si leurs parents ont eux-mêmes reçu une éduca- tion et une aide pour leur permettre de prendre soin de leurs enfants. La santé de la mère est ainsi une préoccupation. Les mères bien nourries et en bonne santé lorsqu’elles étaient petites filles et adolescentes ont plus de chances de donner naissance à des bébés en bonne santé qui à leur tour, si on poursuit, dans cette voie deviendront des enfants et des adoles- cents en bonne santé et ainsi de suite. Les recherches confirment le lien étroit qui existe entre un environnement favorable pour le jeune enfant et la réduction de la pauvreté. Van der Gaag et Tan (1998), Myers (1998), et Schweinhart, Barnes et Weikart (1993) ont clairement démontré les retombées économiques, sociales et individuelles de l’investissement dans la nutrition, la santé et l’éducation de la petite enfance. Il ne fait plus de doute que la satisfaction des besoins essentiels de santé, de nutrition et d’éducation des jeunes enfants est un élément déterminant pour rompre le cycle de la pauvreté. L’objectif de ce chapitre n’est pas d’affirmer qu’un programme de Soins et développement de la petite enfance (SDPE) est essentiel ; on le sait déjà 1, mais plutôt d’examiner la situation des SDPE dans les pays de l’Afrique subsaharienne (ASS) et de déterminer si le soutien aux activi- tés pré primaires en cours permettra de réaliser les OMD. Le chapitre est organisé en trois sections. La première section examine comment les pays africains sont positionnés pour réaliser les OMD et le premier objectif de l’EPT. Elle analyse la couverture préscolaire actuelle en Afrique subsaharienne ; elle compare l’Afrique subsaharienne à d’autres régions et examine la couverture préscolaire dans chaque pays africains. Une analyse de l’évolution des SDPE mesure les progrès accomplis au cours des années 1990 et projette la tendance actuelle jusqu’à 2015. La deuxième section propose des arguments en faveur de l’extension des SDPE en Afrique. La troisième section présente les choix et les compro- mis nécessaires pour concevoir une stratégie qui mène à la réalisation des Éducation et soins à la petite enfance en Afrique subsaharienne 59 objectifs internationalement reconnus du Millénaire pour le développe- ment et de l’Éducation pour tous. Peut-on atteindre les objectifs mondiaux pour la petite enfance ? Il importe d’analyser comment les objectifs de développement de la petite enfance se positionnent lorsque l’achèvement universel d’un cycle d’enseignement primaire de cinq ans demeure prioritaire; cette priorité, qui fait aussi partie des objectifs de l’EPT et des OMD, ne sera pas aisée à atteindre. Les objectifs de SDPE en ASS et dans d’autres régions Le tableau 3.1 indique que, comparée à d’autres régions et à tous les pays en développement, l’Afrique subsaharienne est la lanterne rouge dans pratiquement tous les aspects des OMD, en particulier sur les indicateurs de la situation des jeunes enfants. À titre d’exemple, en 2000, la préva- lence de la malnutrition chez les moins de 5 ans est cinq fois plus élevée en ASS qu’en Asie orientale, et pratiquement 4 fois plus élevée qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes (ALC). Le taux de mortalité des moins de 5 ans est plus de deux fois plus élevé que celui de tous les pays en développement, quatre fois plus élevé qu’en ALC et plus de trois fois plus élevé qu’en Asie orientale. C’est un tableau pratiquement analogue que l’on retrouve pour le taux de mortalité infantile ; le taux de vaccina- tion des moins de 12 mois est pratiquement la moitié de celui de l’ALC et se place 20 points de pourcentage plus bas que celui de tous les pays en développement. Pour certains indicateurs, la situation s’est détériorée; par exemple, les taux de vaccination des enfants en Afrique étaient en 2000 inférieurs à ceux de 1990. La santé en Afrique n’a pas progressé au même rythme que dans les autres régions. Le taux d’amélioration de la mortalité infantile, par exem- ple, a été beaucoup plus faible qu’en Asie orientale, la seule région où les indicateurs de santé sont tout aussi faibles (UNICEF 2000; World Bank 2001). Même si l’on tient compte des revenus et des dépenses de santé des pays, les comparaisons internationales soulignent systématiquement le niveau de performance relativement faible des pays de l’ASS par rap- port aux autres pays à faibles revenus. Les résultats de l’Afrique sont aussi plus faibles en ce qui concerne l’accès aux services professionnels, le personnel de santé par habitant, et l’utilisation des technologies à faible coût (UNICEF 2000; World Bank 2001). 60 L’Avenir de l’Afrique, Le Défi de l’Afrique Tableau 3.1 État des objectifs du Millénaire pour le développement par région Tous des Amérique pays en Latine et Asie Afrique Afrique développement Caraïbes Orientale 1990 2000 2000 2000 2000 OMD 1 Population vivant avec moins d’ 1 $US par jour (%) 47.1 48.1 — 12.1 14.7 Prévalence de la malnutrition infantile (% des enfants de moins de 5 ans) — 26.5 — 7.6 12.2 OMD 2 Taux d’achèvement du primaire (%) 49.0 54.0 77.0 85.0 84.0 Taux d’alphabétisation des jeunes (% âge 15–24) 67.7 78.0 85.6 93.9 97.3 OMD 3 Proportion des filles par rapport aux garçons dans l’enseignement primaire et secondaire (%) 78.6 79.9 86.5 98.7 89.2 Proportion des jeunes filles alphabétisées par rapport aux jeunes hommes (% âge 15–24) 79.8 88.7 91.8 100.8 97.9 Proportion des femmes employées dans le secteur non-agricole (%) — — — 41.2 — OMD 4 Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans (par 1 000) 158.5 161.2 77.8 36.7 45.3 Taux de mortalité infantile (pour 1 000 naissances vivantes) 102.5 91.2 53.8 29.0 36.0 Vaccination contre la Rougeole (% des enfants de moins de 12 mois) 64.2 52.9 72.6 93.0 85.0 Source: Banque mondiale 2001 ; UNICEF 2000. Note: — = pas disponible. Regard sur la participation au préscolaire Les activités de SDPE ne se bornent pas au point de la participation prés- colaire cycle préscolaire. Elles concernent le bien-être et le développe- ment total de l’enfant, sur le plan émotionnel, physique et intellectuel Éducation et soins à la petite enfance en Afrique subsaharienne 61 depuis sa naissance jusqu’à l’âge de six ans, période cruciale dans la vie d’un enfant. Les deux buts principaux des interventions précoces en ASS sont de préparer les enfants à entrer à l’école primaire et de libérer les familles en prenant en charge les enfants dans la journée pendant les heures de travail. Le domaine d’intervention des SDPE va au delà de ces objectifs principaux et concerne le droit à la survie, à la protection, aux soins et au développement optimal de chaque enfant dès sa conception. Ceci dit, nous nous concentrerons maintenant sur la parti- cipation préscolaire. En ASS, le taux global de fréquentation préscolaire en 1999 était de 16,3% (9,9% pour les pays de l’IDA2) ; le plus souvent, ce sont les parents qui paient cette scolarisation. Le tableau 3.2 présente les chiffres globaux par régions dans le monde du Taux brut de scolarisation (TBS) dans le préscolaire en 1990 et 1999, et le taux d’achèvement de l’éducation pri- maire en 1999. Les pays de l’ASS ont du retard sur les pays des autres régions du monde. En 1999, la moyenne du TBS dans le préscolaire des pays du Moyen-Orient (28,8%) est plus de 12% plus élevée, le TBS de l’Asie (36,5%) soit plus du double de celui de l’ASS, et la scolarisation à la fois en Europe de l’Est et en Asie centrale (59,5%) et en Amérique latine et dans les Caraïbes (62,8%) est presque quatre fois plus élevée qu’en ASS. On se rappellera que, en moyenne, et comme on pouvait s’y attendre, la couverture préscolaire est plus importante dans les pays jouissant d’un niveau plus élevé de développement économique et d’une couverture scolaire plus étendue au niveau primaire. Cette tendance se vérifie dans la région Afrique (voir les tableaux 3.2 et 3.3). Le TBS moyen du présco- laire se situe à 10% seulement dans les pays africains de l’IDA qui ont les revenus les plus faibles (PIB moyen par tête de 355 dollars US et taux d’achèvement du primaire de 45,6%), tandis que le chiffre correspondant est de 53% dans les rares pays non IDA de la région (PIB moyen par tête de 2 880 dollars US et un taux d’achèvement du primaire de 90,6%). Il est intéressant de constater, en observant des pays dont le PIB par habitant est limité, les pays IDA par exemple, qu’il n’existe pas de rela- tion claire entre la couverture préscolaire et primaire et le niveau de développement économique. Au sein de ce groupe, cette relation est pra- tiquement inexistante ; la couverture préscolaire varie très fort de pays à pays (voir le tableau 3.3). À titre d’exemple, deux pays voisins la Gambie et le Sénégal montrent des chiffres de couverture préscolaire très diffé- rents, 28% pour le premier et 38% pour le second. De même, le Soudan a un TBS préscolaire de 22% tandis qu’en Éthiopie voisine ce taux n’est 62 Tableau 3.2 Éducation pré primaire, primaire et la proportion d’enfants en déficit pondéral par région (moyennes par pays) TBS du préscolaire (%) Education primaire (%) 1999 Filles Garçons Ensembles Taux Taux de survie Enfants <5 en sous poids (%) Régions 1999 1999 1990 1999 d’achèvement en dernière année Redoublement 1995–2000 Afrique Subsaharienne 16.6 16.0 11.1 16.3 54.0 67.2 17.8 26.5 Pays IDA 9.8 10.0 8.5 9.9 45.6 66.0 19.3 28.6 Pays non-IDA 51.6 54.7 20.3 53.2 90.6 73.3 11.9 17.9 Moyen Orient et Afrique du Nord 27.4 30.2 21.3 28.8 77.2 92.3 7.2 16.1 Europe de l’Est et Asie Centrale 58.8 60.2 61.4 59.5 93.4 98.0 1.4 6.1 Asie du Sud, Asie Orientale et le Pacifique 36.5 36.5 25.7 36.5 85.8 78.8 7.9 30.3 Amérique Latine et les Caraïbes 62.4 61.0 46.3 62.8 86.0 85.4 7.6 8.9 Pays IDA 22.6 22.8 26.0 22.7 76.4 70.2 8.0 29.5 Pays non-IDA 52.7 53.4 42.2 53.0 88.0 89.3 5.6 12.3 Pays OCDE 78.7 78.7 71.8 78.7 100.0 100.0 1.3 — Source: Statistiques de l’UNESCO : UNICEF 2000. Note: Pays de l’IDA ayant un PIB par habitant en dessous de 755 $US. — = non disponible. Tableau 3.3 Taux bruts de scolarisation (TBS) dans le préscolaire, proportion des enfants de moins de 5 ans en sous-poids et taux de mortalité des enfantd de moins de 5 ans dans les pays africains subsahariens (1999)