A G R I C U LT U R E E T D É V E L O P P E M E N T R U R A L 67207 v2 Systèmes d’innovation agricole Guide d’investissement Banque mondiale Systèmes d’innovation agricole GUIDE D’INVESTISSEMENT AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL Soixante-quinze pour cent des habitants pauvres de la planète vivent en zone rurale et ont, pour la plupart, une activité agricole. Au XXIe siècle, l’agriculture continue d’être essentielle à la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et à la viabilité environnementale. La série des publications consacrées par la Banque mondiale à l’agriculture et au développement rural présente des analyses récentes des questions qui ont un impact sur le rôle de l’agriculture, y compris l’élevage, la pêche et la foresterie, en tant que source de développement économique, de moyens de subsistance en zones rurales et de services environnementaux. Cette série a été conçue dans une optique pratique et nous espérons qu’elle contribue utilement au débat public, à la formulation de stratégies et à la planification du développement. Ouvrages publiés dans cette série : Agribusiness and Innovation Systems in Africa Agricultural Land Redistribution: Toward Greater Consensus Agriculture Investment Sourcebook Bioenergy Development: Issues and Impacts for Poverty and Natural Resource Management Building Competitiveness in Africa’s Agriculture: A Guide to Value Chain Concepts and Applications Changing the Face of the Waters: The Promise and Challenge of Sustainable Aquaculture Enhancing Agricultural Innovation: How to Go Beyond the Strengthening of Research Systems Forests Sourcebook: Practical Guidance for Sustaining Forests in Development Cooperation Gender and Governance in Rural Services: Insights from India, Ghana, and Ethiopia Gender in Agriculture Sourcebook Organization and Performance of Cotton Sectors in Africa: Learning from Reform Experience Reforming Agricultural Trade for Developing Countries, Volume 1: Key Issues for a Pro-Development Outcome of the Doha Round Reforming Agricultural Trade for Developing Countries, Volume 2: Quantifying the Impact of Multilateral Trade Reform Rising Global Interest in Farmland: Can It Yield Sustainable and Equitable Benefits? Shaping the Future of Water for Agriculture: A Sourcebook for Investment in Agricultural Water Management Sustainable Land Management Sourcebook Sustainable Land Management: Challenges, Opportunities, and Trade-Offs Sustaining Forests: A Development Strategy Systèmes d’innovation agricole : guide d’investissement The Land Governance Assessment Framework: Identifying and Monitoring Good Practice in the Land Sector The Sunken Billions: The Economic Justification for Fisheries Reform Systèmes d’innovation agricole GUIDE D’INVESTISSEMENT BANQUE MONDIALE Washington © 2012 International Bank for Reconstruction and Development / International Development Association or The World Bank 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Internet: www.worldbank.org 1 2 3 4 15 14 13 12 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données présentées dans cette publication. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement qu’elle reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et licences Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses travaux, cet ouvrage peut être reproduit, en tout ou en partie, à des fins non commerciales à condition qu’une attribution complète à l’ouvrage soit fournie. Pour obtenir l’autorisation de reproduire toute partie de cet ouvrage à des fins commerciales, veuillez adresser votre demande, en fournissant tous les renseignements nécessaires, au Copyright Clearance Center, Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923 (USA) ; téléphone : 978-750-8400 ; télécopie : 978-750-4470 ; site web : www.copyright.com Tout autre renseignement sur les droits et licences, y compris les droits dérivés, envoyez votre demande, par courrier, à l’adresse suivante : Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; par télécopie, au 202-522-2422 ; ou par courriel à l’adresse : pubrights@worldbank.org. ISBN (version imprimée): 978-0-8213-8684-2 ISBN (version électronique): g978-0-8213-8944-7 DOI: 10.1596/978-0-8213-8684-2 Library of Congress Cataloging-in-Publication Data Agricultural innovation systems : an investment sourcebook. p. cm. — (Agriculture and rural development) Includes bibliographical references and index. ISBN 978-0-8213-8684-2 — ISBN 978-0-8213-8944-7 (electronic) 1. Agricultural innovations—Economic aspects. 2. Agriculture—Economic aspects. 3. Rural development. I. World Bank. II. Series: Agriculture and rural development series. S494.5.I5A32213 2012 338.1'6—dc23 2011052338 Photo de couverture : Anne Wamalwa/CIMMYT Maquette de couverture : Critical Stages TABLE DES MATIÈRES Remerciements xv Sigles et abréviations xvii Présentation générale et guide de l’utilisateur 1 Module 1 : Coordination et action collective à l’appui de l’innovation agricole 15 Résumé analytique 15 Note thématique 1 Coordination et gouvernance au niveau national de l’innovation agricole 34 Note thématique 2 Comment construire des réseaux d’innovation 44 Note thématique 3 Facilitation de l’accès des petits propriétaires à des chaînes de commercialisation modernes 52 Note thématique 4 Renforcement des capacités d’innovation des organisations d’agriculteurs 59 Descriptif d’activités novatrices 1 Réseaux d’agriculture sans labour dans les pays en développement 70 Descriptif d’activités novatrices 2 Organismes d’apprentissage à l’appui de l’innovation : les fondations mexicaines pour les produits alimentaires 75 Descriptif d’activités novatrices 3 Fondation chilienne pour l’innovation agricole 80 Descriptif d’activités novatrices 4 Une plateforme institutionnelle rurale mobilise les communautés pour leur permettre de devenir des partenaires efficaces de l’innovation agricole dans l’Andhra Pradesh 84 Descriptif d’activités novatrices 5 À l’âge des réseaux, la promotion du manioc s’appuie sur les partenariats de recherche public-privé 90 Descriptif d’activités novatrices 6 Alliances de production rurale : un modèle conçu pour surmonter les obstacles du marché 95 Module 2 : Enseignement et formation agricoles à l’appui des systèmes d’innovation agricoles 107 Résumé analytique 107 Note thématique 1 Réforme de l’enseignement supérieur agricole public 122 Note thématique 2 Modification des programmes de l’enseignement agricole supérieur 131 Note thématique 3 Enseignement et formation pour les techniciens 136 Note thématique 4 Réforme de la gestion de la formation/de l’enseignement en cours d’emploi 141 Descriptif d’activités novatrices 1 Réforme des facultés agronomiques des universités d’État en Inde 145 Descriptif d’activités novatrices 2 Transformation de l’université agricole de Wageningen 149 Descriptif d’activités novatrices 3 La refonte des programmes des universités agricoles renforce les liens au sein du système d’innovation en République arabe d’Égypte 151 Descriptif d’activités novatrices 4 Programme de formation novateur pour les vulgarisateurs en milieu de carrière : le programme du Fonds Sasakawa pour l’Afrique de formation à la vulgarisation 154 Descriptif d’activités novatrices 5 Établissement de liens entre l’Université Chiang Mai et les communautés rurales pour orienter les travaux de recherche sur les problèmes des exploitations agricoles et encourager la modification des programmes de cours 157 Descriptif d’activités novatrices 6 Université EARTH, Costa Rica : un nouveau type de faculté d’agronomie 160 v Descriptif d’activités novatrices 7 Compétences techniques pour les cultures d’exportation agricoles en Ouganda et en Éthiopie 163 Descriptif d’activités novatrices 8 Formation axée sur les agro-entreprises pour les diplômés de l’enseignement secondaire au Timor-Leste 165 Descriptif d’activités novatrices 9 La formation professionnelle en République arabe d’Égypte associe compétences techniques et capacités d’innovation pour promouvoir l’agriculture 169 Module 3 : Investissements dans les services de vulgarisation et de conseil dans le cadre des systèmes d’innovation agricoles 179 Résumé analytique 179 Note thématique 1 Systèmes pluralistes de vulgarisation 194 Note thématique 2 L’exploitation agricole en tant qu’activité économique et la nécessité de services de promotion des (agro)entreprises locales 204 Note thématique 3 La vulgarisation au sens large : les nouveaux rôles des services de vulgarisation et de conseil 213 Note thématique 4 Rôles des médiateurs d’innovation au sein des systèmes d’innovation agricole 221 Descriptif d’activités novatrices 1 Apparition des agronégociants sur les marchés en développement et émergents 231 Descriptif d’activités novatrices 2 Fédération des champs-écoles pour agriculteurs en réseaux pour améliorer l’accès aux services 236 Descriptif d’activités novatrices 3 INCAGRO : développement d’un marché de services d’innovation agricole au Pérou 240 Descriptif d’activités novatrices 4 Association des services de vulgarisation et de crédit agricoles : le cas de BASIX India 246 Module 4 : La recherche agricole dans un système d’innovation agricole 261 Résumé analytique 261 Note thématique 1 Conception de liens dans le domaine de la recherche agricole dans un cadre de SIA 277 Note thématique 2 Établissement et renforcement de partenariats public-privé dans le domaine de la recherche agricole 289 Note thématique 3 Recherche régionale dans le cadre d’un système d’innovation agricole : mettre de l’ordre dans une situation complexe 297 Note thématique 4 Conception conjointe d’innovations : comment faire participer de multiples parties prenantes aux travaux de recherche ? 308 Note thématique 5 Transformation organisationnelle pour l’apprentissage et l’innovation 316 Descriptif d’activités novatrices 1 Restructuration d’un institut de recherche en élevage pour appuyer la promotion de l’élevage dans le cadre d’un SIA 326 Descriptif d’activités novatrices 2 Démarche novatrice pour le développement et le transfert de technologies agricoles en Inde 331 Descriptif d’activités novatrices 3 Le modèle du consortium de technologies agricoles au Chili 338 Descriptif d’activités novatrices 4 Établissement de liens entre les intervenants dans le domaine de la recherche et du développement par le biais d’alliances d’apprentissage 344 Module 5 : Incitations et ressources à l’appui de partenariats novateurs et du développement des entreprises 361 Résumé analytique 361 Note thématique 1 Fondations des partenariats publics-privés 374 Note thématique 2 Fonds pour l’innovation 381 Note thématique 3 Accélération du développement des entreprises agroindustrielles grâce aux incubateurs d’entreprise 388 Note thématique 4 Groupements agricoles 396 Note thématique 5 Bureaux de transfert des technologies : facilitation de la protection de la propriété intellectuelle à l’appui de l’innovation agricole 406 Note thématique 6 Capital-risque pour l’agriculture dans les pays en développement et à revenu intermédiaire 414 Descriptif d’activités novatrices 1 Formation d’entrepreneurs par le biais d’un incubateur d’entreprise à l’ICRISAT 421 Descriptif d’activités novatrices 2 Le projet chinois de transfert des technologies 426 Descriptif d’activités novatrices 3 Développement de groupements agricoles au Nicaragua 430 Descriptif d’activités novatrices 4 Offre aux agriculteurs d’un accès direct aux fonds d’innovation 435 Module 6 : Création d’un environnement porteur pour l’innovation agricole 449 Résumé analytique 449 Note thématique 1 Politique nationale de l’innovation 460 Note thématique 2 Gouvernance des systèmes d’innovation 469 Note thématique 3 Gestion de la propriété intellectuelle à l’appui du développement agricole 480 Note thématique 4 Système de réglementation de la biosécurité dans le contexte de l’innovation agricole 492 vi TABLE DES MATIÈRES Note thématique 5 Réglementations et normes techniques 501 Descriptif d’activités novatrices 1 Mise en place d’un cadre porteur pour améliorer les compétences entrepreneuriales et l’orientation commerciale des petits exploitants zambiens 512 Descriptif d’activités novatrices 2 Gestion de la propriété intellectuelle concernant les médicaments vétérinaires pour les pays en développement 516 Descriptif d’activités novatrices 3 Formulation d’une démarche sous-régionale pour la réglementation des biotechnologies agricoles en Afrique de l’Ouest 522 Descriptif d’activités novatrices 4 Réponse de l’offre à la demande de services financiers et autres émanant de nouvelles sources dans les zones rurales de l’Andhra Pradesh 526 Module 7 : Analyse, établissement des priorités, suivi et évaluation des investissements dans les systèmes d'innovation agricole 539 Résumé analytique 539 Note thématique 1 Évaluation de l’innovation aux fins de l’établissement d’un ordre de priorité pour les investissements 546 Note thématique 2 Méthodes d’évaluation organisationnelle des systèmes d’innovation agricole 553 Note thématique 3 Établissement de prévisions d’investissements dans l’innovation agricole 562 Note thématique 4 Suivi des interventions relatives au système d’innovation agricole 569 Note thématique 5 Évaluation des interventions relatives au système d’innovation agricole 580 Descriptif d’activités novatrices 1 Réseau auto-organisé dans le domaine des stratégies et de la planification : le cas du partenariat pour l’innovation et le développement agricole en Sierra Leone 589 Descriptif d’activités novatrices 2 Utilisation de Net-Map pour l’évaluation et l’amélioration des systèmes d’innovation agricole 593 Descriptif d’activités novatrices 3 Analyse sexospécifique pour l’évaluation des processus d’innovation : le cas de Papa Andina au Pérou 598 Descriptif d’activités novatrices 4 Planification d’un scénario pour guider les investissements à long terme dans les sciences et technologies agricoles en Inde 603 Descriptif d’activités novatrices 5 Vision de l’agriculture au Chili à l’horizon 2030 et conséquences pour son système d’innovation 607 Descriptif d’activités novatrices 6 Suivi et évaluation du projet d’innovation dans le domaine des aliments pour le bétail 610 Descriptif d’activités novatrices 7 Suivi et évaluation du Programme de la recherche à l’utilisation 614 Glossaire 629 Auteurs et organisations 635 ENCADRÉS O.1 Innovation et système d'innovation : définitions 2 O.2 L'agriculture, le développement agricole et l'innovation sont nécessaires au monde entier 2 O.3 Exemples d'innovations et de processus d'innovation agricole 3 O.4 Évolution du financement des systèmes des sciences et des connaissances agricoles 5 O.5 Récentes réformes des activités publiques de recherche et de vulgarisation agricoles 6 O.6 Rôle des technologies de l’information et des communications dans le partage des connaissances et l'innovation 8 O.7 Thèmes plurisectoriels abordés dans le guide 12 1.1 Principaux termes et expressions employés dans ce module 16 1.2 Contribution des alliances d'apprentissage au renforcement des interactions et à l'amélioration des capacités d'innovation en Amérique centrale 17 1.3 Facteurs essentiels à des interactions et à la coordination à l'appui de l'innovation agricole 19 1.4 L’Agence nationale pour l’innovation en Thaïlande 23 1.5 Association kényane des exportateurs de produits frais : organe de coordination sectorielle 24 1.6 Inde : Conseil national de promotion des produits laitiers 25 1.7 Une entreprise traditionnelle dans un secteur mature se dote de capacités d'innovation 27 1.8 Actions menées pour constituer des capacités organisationnelles 27 1.9 Capacités et compétences nécessaires à la coordination et à la gouvernance de l’innovation agricole 36 1.10 Australie : Conseil rural pour la recherche et le développement rural 37 1.11 Inde : structure et mission du Conseil pour la recherche agricole 38 1.12 Mécanismes de détermination des besoins des producteurs en Uruguay 39 TABLE DES MATIÈRES vii 1.13 Effets des fonds compétitifs sur la gouvernance des activités de recherche scientifique et technologique 41 1.14 Bioconnect : conseil de recherche en réseau aux Pays-Bas 43 1.15 Création et consolidation de Papa Andina 45 1.16 Avantages de la collaboration intérieure et étrangère pour la mise au point de matériels pour l’agriculture sans labour en Asie du Sud 47 1.17 Rôles des particuliers et des cultures organisationnelles dans la conception d’innovations : un exemple provenant du Mexique 49 1.18 Systèmes de passation des marchés dans les chaînes de commercialisation modernes de trois pays en développement 54 1.19 Les pratiques de sourçage des supermarchés mexicains témoignent de la mise à l’essai de modalités de sous-traitance et de différentes catégories d’exploitants 56 1.20 Recours aux TIC pour améliorer l’efficacité des organisations d’agriculteurs 62 1.21 Expériences fructueuses de financement d’organisations d’agriculteurs 63 1.22 Avantages procurés par les capacités d’innovation dans une organisation d’agriculteurs : le cas de l’organisme kényan de promotion du thé 64 1.23 Développement de l’agriculture sans labour parmi les petits agriculteurs ghanéens 71 1.24 Apprentissage organisationnel des fondations mexicaines de produits agricoles : évolution des procédures d’établissement des priorités 78 1.25 Les fondations mexicaines de produits agricoles explorent de nouvelles démarches pour promouvoir l’innovation 79 1.26 Mécanismes employés par la Fondation chilienne pour l’innovation agricole pour promouvoir l’innovation 81 1.27 Innovation ciblée sur le développement de la production d’huile d’olive au Chili 82 1.28 Accroissement de l’utilisation d’intrants et des dettes agricoles dans l’Andhra Pradesh 85 1.29 Avantages d’une organisation communautaire pour la poursuite de pratiques agricoles plus durables dans l’Andhra Pradesh 87 1.30 Raising Cassava’s Profile among Policy Makers in Panama 92 1.31 Mesures prises par les autorités pour diversifier le marché du manioc au Costa Rica 94 2.1 Un EFA soucieux de promouvoir la parité homme-femme : l’exemple de la participation des Africaines à la recherche et au développement agricole 109 2.2 Future Farmers of America : une organisation de jeunes agriculteurs sans égale 110 2.3 Le programme de recherche agricole national brésilien bénéficie d'investissements à long terme dans les ressources humaines 112 2.4 Il est nécessaire d’élargir l’éventail des compétences pour promouvoir l'innovation 116 2.5 Possibilités offertes par les TIC dans le cadre de l’EFA et contribution des TIC au système d'innovation 117 2.6 Réforme de l’enseignement supérieur agricole en Chine, 1990–2000 124 2.7 Principaux éléments des investissements dans les réformes directes et indirectes des programmes d’enseignement 126 2.8 Pour être pertinente, l’université agricole de Bogor, en Indonésie, entreprend des réformes 127 2.9 Principales étapes de la réforme de l’enseignement supérieur agricole 130 2.10 Le Forum régional des universités pour le renforcement des capacités dans l’agriculture : promouvoir l’innovation et l’adaptation au niveau des étudiants 133 2.11 Production de ressources humaines techniques pour le secteur agricole en Australie 137 2.12 Leçons particulières tiréees de l’approche de la recherche basée dans les communautés adoptée par la faculté d’agronomie de l’Université Chiang Mai 159 2.13 Sept étapes pour améliorer les méthodes d’enseignement et introduire un apprentissage actif dans les instituts techniques agricoles égyptiens 170 2.14 Commentaires sur l’impact du programme de stages supervisés en Égypte 171 3.1 Définition des services de vulgarisation et de conseil 180 3.2 Niveaux passés et présents des investissements dans les services de conseil agricoles 181 3.3 Avantages des TIC pour les services de vulgarisation et de conseil agricoles 183 3.4 Inde : organisme de gestion des technologies agricoles 184 3.5 Champs-école pour un apprentissage participatif en groupe 185 3.6 Recours à la téléphonie mobile pour assurer des services de santé animale 185 3.7 Service national de conseil agricole en Ouganda 186 viii TABLE DES MATIÈRES 3.8 L'Éthiopie investit dans les ressources humaines 187 3.9 Paiements à l'acte pour les services de vulgarisation : avantages et inconvénients 188 3.10 Coordination menée à l'échelle mondiale et à l'échelle régionale pour renforcer les services de conseil agricole 189 3.11 Guide de l’évaluation de la vulgarisation 192 3.12 Le pluralisme en action : systèmes de vulgarisation publics financés par l’État, administrés par des organisations non gouvernementales et gérés par le secteur privé au Mozambique 197 3.13 Effets des services de promotion des entreprises locales sur les agriculteurs en Ouganda 205 3.14 Promoteurs d’agroentreprises au Mozambique 206 3.15 Développement de petites agroentreprises en Ouganda : stratégies et réalisations 206 3.16 KILICAFE, prestataire local de services aux agroentreprises en Tanzanie 207 3.17 Casas Agrárias au Mozambique : enseignements des guichets uniques pour les agroentreprises 208 3.18 Le Réseau Cheetah intégre l’enesiegnement agricole et l’incubation d’entreprises au Mali 209 3.19 Un modèle d’activité fructueux qui permet aux agriculteurs de fournir des services environnementaux au Mozambique 210 3.20 La vulgarisation au sens large : exemples concrets 215 3.21 Les bonnes pratiques et leurs impacts pour les producteurs de fruits et de légumes à Kerala 217 3.22 Des activités horticoles innovantes à Kerala 219 3.23 L’importance de la médiation de l’innovation : l’approvisionnement en pommes de terre des activités de transformation au Kenya 222 3.24 Le service de l’innovation de l’Institut international de recherche sur l’élevage en tant que médiateur d’innovation 223 3.25 Initiatives de médiation de l’innovation agricole en Inde 224 3.26 La philosophie du développement agricole détermine le développement des agronégociants 232 3.27 Transfert de connaissances techniques : une approche publique-privée au Bangladesh 233 3.28 Établissement de liens avec les entreprises et mobilisation de ressources 234 3.29 Les associations d’agronégociants appuient les intérêts communs 234 3.30 Diffusion des technologies d’enfouissement des engrais en profondeur au Bangladesh 235 3.31 Questions de parité homme-femme dans les champs-écoles 237 3.32 Une fédération kenyane de champs-écoles bénéficie de programmes gouvernementaux 238 3.33 Sources d’appui au Programme péruvien pour l’innovation et la compétitivité dans l’agriculture (INCAGRO) 240 3.34 Un allié accroît les capacités des agriculteurs à présenter leurs besoins de services d’innovation et à répondre à leur demande 242 3.35 Recours à des subventions compétitives pour financer des services d’innovation multiples opérant en synergie pour de nouvelles cultures d’oléagineux au Pérou 243 3.36 Services de BASIX destinés aux cultivateurs d’arachides dans l’Andhra Pradesh des services financiers à un trio de services à l’appui des moyens de subsistance 248 3.37 Services d’AGLED pour la culture des champignons 248 3.38 Culture de pomme de terre en sous-traitance : l’importance de solides organisations d’agriculteurs 249 4.1 Financement de la recherche et de l’innovation agricoles 271 4.2 Les technologies de l’information et des communications permettent d’inclure davantage de parties prenantes dans la recherche agricole 272 4.3 Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale et le SIA 274 4.4 Exemples de participation conjointe du secteur public et du secteur privé aux activités de sélection végétale et de génomique 274 4.5 Les trois contextes de l’innovation 278 4.6 Les comités de recherche-vulgarisation-liaison au Ghana : expériences et leçons 280 4.7 Leçons du projet sénégalais des services agricoles et des organisations de producteurs 281 4.8 Conception du système national australien d’innovation agricole 284 4.9 Modes de transfert des technologies 285 4.10 Les partenariats public-privé et l’évolution des rôles des agents publics et privés dans la recherche agricole 290 4.11 Partenariat public-privé pour la recherche à caractère participatif dans le domaine de la production de pomme de terre en Équateur 291 TABLE DES MATIÈRES ix 4.12 Partenariat public-privé pour la transformation de noix de cajou dans le nord du Brésil 292 4.13 Partenariat public-privé pour la recherche sur les nouvelles variétés de blé en Argentine 292 4.14 Indicateurs pour l’évaluation des partenariats public-privé dans la recherche agricole 294 4.15 Organisations sous-régionales en Amérique latine : de solides capacités nationales, une volonté de poursuite des travaux de recherche et l’alignement sur une communauté économique régionale émergente sont autant de facteurs de réussite 298 4.16 Création des pôles scientifiques durables : exemple dans le domaine des biosciences en Afrique de l’Est et en Afrique centrale 299 4.17 Le choix de RUFORUM : centre d’excellence régional, forum à l’échelle du continent, ou les deux ? 301 4.18 Organisations sous-régionales en Afrique subsaharienne : les problèmes posés par l’obtention de financements prévisibles et la poursuite d’une action collective 306 4.19 Les coûts et les investissements des activités de conception conjointe 310 4.20 Application des principes de conception conjointe à l’agriculture de conservation dans la partie centrale du Mexique 312 4.21 Caractéristiques des programmes de partenariat de Papa Andina 313 4.22 Renforcement des capacités en Tanzanie grâce à l’adoption d’un mode de gestion de la recherche et développement axé sur les clients 318 4.23 Principes de responsabilisation 319 4.24 Promotion de l’innovation agricole par le biais d’un système de financement compétitif au Pérou 320 4.25 Transformations organisationnelles et institutionnelles dans le cadre d’un projet national d’innovation en Inde 323 4.26 Renforcement des capacités des systèmes d’innovation dans le domaine de l’élevage : résultats préliminaires de l’Institut international de recherche sur l’élevage et de ses partenaires 327 4.27 Leçons et problèmes opérationnels du projet d’innovation dans le domaine des aliments pour bétail 329 4.28 Problèmes et expériences des partenaires des consortiums financés par le Projet national pour l’innovation agricole 334 4.29 Réalisations des consortiums pour le bioéthanol et la pseudotige de banane financés dans le cadre du projet national d’innovation agricole en Inde 334 4.30 Résultats préliminaires du projet national pour l’innovation agricole en Inde 335 4.31 Caractéristiques des consortiums commerciaux et technologiques et conditions à remplir pour obtenir des financements publics 339 4.32 Un consortium pour la production de vin : Vinnova fusionne avec Tecnovid au Chili 342 4.33 Un consortium commercial et technologique pour la culture de la pomme de terre 342 4.34 Avantages et impacts des alliances d’apprentissage 345 4.35 Impact des alliances d’apprentissage sur les travaux des organismes de développement : l’exemple de Catholic Relief Services 348 5.1 Législation chilienne sur les incitations fiscales en faveur de la recherche-développement 365 5.2 Principaux aspects de l’élaboration et de la mise en place de services d’appui aux entreprises durables et fondés sur la demande 367 5.3 Choix déterminants pour les partenariats public-privé 369 5.4 Différentes trajectoires de croissance du secteur agricole et répartition des gains entre producteurs et consommateurs 370 5.5 Les consommateurs veulent être consultés 371 5.6 Critères d’additionalité à employer pour déterminer si un financement public est justifié 372 5.7 Un partenariat public-privé pour appliquer les normes de travail en Asie 375 5.8 Un partenariat public-privé pour préserver les ressources génétiques en Chine 377 5.9 Importance des activités de suivi, d’évaluation et d’analyse au niveau des stratégies 380 5.10 Tirer le meilleur parti des systèmes de subventions de contrepartie : le projet de développement des technologies en Turquie 384 5.11 Projet de partenariat productif en Colombie : incitations à l‘inclusion sur le marché par le biais de subventions de contrepartie 385 5.12 Leçons tirées des programmes de subventions compétitives en Amérique latine 386 5.13 Options recommandées pour les secrétariats des programmes de subvention 387 5.14 Services que peuvent fournir les incubateurs 388 x TABLE DES MATIÈRES 5.15 Principales caractéristiques des modèles de revenus des incubateurs d’entreprises 390 5.16 Nombres caractéristiques d’effectifs des incubateurs et de leurs participants 391 5.17 Incitations offertes par l’État indien à l’appui des incubateurs d’entreprises 392 5.18 L’incubateur d’entreprise des femmes de Tianjin 392 5.19 L’incubateur d’agroentreprises @ICRISAT 393 5.20 Le Centre d’innovation pour l’alimentation de Rutgers 393 5.21 Dispositions immobilières et modalités de gestion des centres Parquesoft en Colombie 395 5.22 Les pôles vinicoles en Afrique du Sud : réalisations et facteurs de réussite 401 5.23 Problèmes environnementaux des pôles : exemples du Kenya et de la Tanzanie 401 5.24 Un partenariat public-privé appuie le développement de pôles dans l’industrie de la transformation de poisson en Ouganda 404 5.25 Un projet d’action conjointe au Paraguay améliore la compétitivité d’une chaîne de valeur de sésame grâce à l’adoption du système de pôle 405 5.26 Gestion de la propriété intellectuelle à l’Université de Tsinghua, en Chine 409 5.27 De l’université à l’entreprise : transfert de technologies à Unicamp au Brésil 411 5.28 Principaux points devant être couverts par les principes relatifs à la propriété intellectuelle dans une institution 413 5.29 Fonds africain pour l’agriculture 417 5.30 Aakruthi Agricultural Associates, résultats d’un programme d’incubation 423 5.31 Service d’incubation d’Agri-Biotech pour Bioseed Research India 424 5.32 Activités complémentaires de développement de pôles pour renforcer le projet de l’ONUDI 431 5.33 Pôle d’élevage de Chontales 432 5.34 Pôle de la banane à Rivas 433 5.35 Examen des thèmes d’innovation dans le cadre des programmes locaux de financement à l’appui de l’innovation et des programmes de financement compétitifs 437 5.36 Exemple de subvention fournie dans le cadre d’un programme de financement compétitif : amélioration de l’entreposage et de la commercialisation des oignons en Albanie 438 5.37 Exemple de subvention fournie par un fonds local d’appui à l’innovation : propagation de podocarpus en Éthiopie 438 5.38 Dynamique du Fond d’appui local à l’innovation mis en place au Cambodge, 2006–10 440 6.1 Législation relative aux droits sur les obtentions végétales en Afrique 453 6.2 Impact économique des routes rurales au Bangladesh 455 6.3 Stratégie d’innovation chilienne 461 6.4 Formulation d’une politique de l’innovation 462 6.5 Création de fonds sectoriels pour la science, la technologie et l’innovation au Brésil 463 6.6 Donner libre cours à l’innovation productive en Argentine 465 6.7 Analyse fonctionnelle d’un système d’innovation national ou sectoriel 466 6.8 Référençage des systèmes et politiques d’innovation nationaux 467 6.9 La Finlande relève les défis de la mondialisation 472 6.10 La Corée fait face à la crise asiatique de la fin des années 90 473 6.11 Un livre blanc et un exercice de prévision facilitent la modification de la politique de l’innovation en Afrique du Sud 473 6.12 Organisations chargées de la détermination des priorités et de la coordination des politiques en Finlande, en Corée et en Afrique du Sud 474 6.13 Tekes met en œuvre les politiques d’innovation en Finlande 475 6.14 Capacités et activités d’information stratégiques en Finlande, en Corée et en Afrique du Sud 476 6.15 Au-delà des ADPIC 481 6.16 Les DPI dans le domaine des ressources génétiques 481 6.17 BOTEC exploite l’innovation au Botswana 483 6.18 Brevetage d’une invention chilienne pour protéger les cultures du gel 484 6.19 Le café colombien : les noms de marque et les indicateurs géographiques protègent un produit de valeur 485 6.20 Hagar Soya Co., Cambodge : les multiples avantages d’un modèle d’activité sociale novateur 486 6.21 Investissements des pays et des bailleurs de fonds dans la formation de cadres dans le domaine de la propriété intellectuelle 490 TABLE DES MATIÈRES xi 6.22 Renforcement des capacités des ressources humaines pour l’évaluation des risques dans le domaine de la biosécurité 493 6.23 Qui profite de la biotechnologie agricole ? 494 6.24 Formulation de directives pour l’évaluation de la sûreté des aliments génétiquement manipulés en Inde 495 6.25 Il faut plus que de solides progrès scientifiques pour faire avancer la biotechnologie agricole en Ouganda 496 6.26 Coordination interministérielle du système de réglementation de la biosécurité au Bangladesh 498 6.27 Adaptabilité des réglementations de la biosécurité : la loi australienne sur la technologie génétique 499 6.28 Approbation du coton Bt au Burkina Faso 500 6.29 Réglementation pratique des aliments génétiquement manipulés au Viet Nam 500 6.30 Cadre international de définition des critères de qualité et des normes sanitaires/ phytosanitaires 502 6.31 Les normes induisent des innovations dans l’ensemble du secteur agricole 503 6.32 Modalités institutionnelles pour l’amélioration des systèmes de normes SPS et des critères de qualité 505 6.33 Mesures et investissements dans le secteur ougandais des exportations de poisson pour assurer le respect des normes et des réglementations techniques 506 6.34 Innover pour contrer rapidement des évolutions commerciales défavorables 509 6.35 Adaptation des stratégies de propriété intellectuelle aux partenaires publics et privés dans le cadre du déploiement des technologies 517 6.36 Renforcement des capacités internes de gestion stratégique de la propriété intellectuelle 518 7.1 Principaux termes et expressions utilisés dans ce module 540 7.2 Questions à poser pour évaluer la théorie du changement dans les systèmes d’innovation 547 7.3 Projet de développement de l’économie et de l’emploi au niveau local 551 7.4 Questions illustrant la gamme des objectifs dans le cadre d’une évaluation d’une organisation 555 7.5 Éléments de l’évaluation de la performance d’une organisation 557 7.6 Série de questions types pour l’évaluation de la performance de la gestion des ressources humaines 558 7.7 Apprentissage organisationnel et transformation institutionnelle 559 7.8 Recours à des enquêtes auprès des employés pour évaluer les services de vulgarisation agricole dans six districts ghanéens 560 7.9 Établissement de prévisions pour transformer le secteur irlandais de l’agroalimentaire (Teagasc 2030) 563 7.10 Établissement de prévisions pour l’industrie sucrière jamaïcaine 564 7.11 Évaluation rapide des systèmes de savoir agricole 571 7.12 Mappage des réalisations 572 7.13 Changement le plus significatif : forme de suivi et d’évaluation à caractère participatif 576 7.14 Innovation et histoire des institutions 577 7.15 Formulation d’indicateurs de changement institutionnel 578 7.16 Insuffisances des méthodes traditionnelles pour l’évaluation des interventions des systèmes d’innovation dans l’agriculture 582 7.17 Défis posés par la conception de comparateurs théoriques 583 7.18 Méthode d’appariement sur un score de propension 583 7.19 Approche théorique de l’évaluation des impacts 584 7.20 Recours à la méthode Net-Map pour cartographier le système d’innovation dans le domaine de l’élevage de volailles en Éthiopie 596 7.21 Recours à la méthode Net-Map pour réduire le risque de grippe aviaire au Ghana 596 7.22 Nouveaux créneaux et valeur ajoutée pour les petits producteurs de pommes de terre d’origine locale dans les Andes 598 7.23 Foires à l’innovation pour évaluer et célébrer les contributions des femmes aux chaînes de valeur et au système d’innovation agricole 601 7.24 Principales questions posées par des « Personnes remarquables » — notamment des chefs d’opinion et des décideurs — dans le processus de formulation d’un scénario en Inde 606 7.25 Vision de l’agriculture chilienne à l’horizon 2030 608 xii TABLE DES MATIÈRES 7.26 Récapitulation des recommandations du plan d’action dans six domaines d’intervention 609 7.27 Principaux éléments du cadre utilisé pour évaluer le programme Research into Use 616 7.28 Cadre de suivi des changements institutionnels 617 7.29 Raisons d’être et démarches des études de l’innovation basées sur l’histoire institutionnelle des programmes nationaux en Afrique 618 FIGURES O.1 Système d’innovation agricole 4 1.1 Modèle institutionnel des groupes fédérés d’autoassistance 86 1.2 Une même plateforme institutionnelle fournit des services permettant de concevoir de multiples stratégies de subsistance 87 3.1 Rôles des services de promotion des agroentreprises locales à l’égard des intervenants de la chaîne des produits agricoles et des services d’appui 205 5.1 Déficit de financement pour les petites entreprises 394 5.2 Institutions jouant un rôle crucial dans les pôles agricoles 398 5.3 Étapes types du financement de l’expansion d’une entreprise 415 5.4 Cadre des services d’incubation d’entreprises dans le programme ABI 422 6.1 Sphères de l’action publique influant sur l’environnement de l’innovation agricole 450 6.2 Structure de gouvernance type d’un système d’innovation national 472 6.3 Les groupes d’autoassistance constituent une plateforme institutionnelle rurale qui permet aux ruraux pauvres d’acquérir les capacités, les services, l’accès au marché et aux filets de protection sociale qui ouvrent la voie à l’innovation 527 7.1 Diagramme théorique d’un système d’innovation agricole national 554 B7.5 Diagramme de l’évaluation de la performance d’une organisation 557 7.3 Quadrants des scénarios mis au point durant les processus de conception et de consultation 605 7.4 Scénarios du système d’innovation agricole chilien 609 TABLEAUX O.1 Caractéristiques fondamentales des trois grands cadres utilisés pour promouvoir les connaissances dans le secteur agricole et investir dans ces dernières 6 O.2 Modules du Guide 9 1.1 Exemples d’organes de coordination, de leurs participants potentiels et des niveaux auxquels ils opèrent 22 1.2 Indicateurs d’innovation organisationnelle 33 1.3 Orientation sur les clients et participation aux fonds pour la science et la technologie qui opèrent sur une base compétitive et uniquement dans le domaine agricole dans certains pays d’Amérique latine 42 1.4 Facteurs qui influencent la performance de quatre réseaux profitables de cultures sans labour 72 1.5 Utilisation de méthodes de culture sans labour dans certains pays, 2007–08 73 2.1 Caractéristiques actuelles des systèmes d’EFA et évolutions possibles 114 2.2 Évaluation des progrès des réformes de l’EFA 120 3.1 Démarches axées sur l'établissement de services de vulgarisation et de conseils efficaces 185 3.2 Options de prestation et de financement de services pluralistes de conseil agricoles 190 3.3 Fonctions des services de vulgarisation et catégories de prestataires de service 196 3.4 Opportunités d’investissement pour promouvoir des systèmes de vulgarisation pluralistes 199 3.5 Passage de la vulgarisation à la vulgarisation au sens large 214 3.6 Investissements nécessaires dans le cadre d’un scénario de vulgarisation au sens large 215 3.7 Indicateurs pouvant être utilisés pour assurer le suivi et l'évaluation d’une démarche de vulgarisation au sens large 217 3.8 Activitités visant à assurer le succès d’une démarche de vulgarisation au sens large 220 3.9 Typologie des médiateurs d’innovation 225 B3.30 Impacts de la prise en compte simultanée des questions liées à l’offre et à la demande dans le cadre de la diffusion de nouvelles technologies relatives aux engrais 235 3.10 Mesure du produit du projet INCAGRO 244 3.11 Services inclus dans le trio de moyens de subsistance de BASIX 247 4.1 Cadre schématique d’un système de suivi et d’évaluation des résultats de la recherche agricole dans un SIA 276 TABLE DES MATIÈRES xiii 4.2 Conceptions du renforcement de la présentation de la demande et des interfaces avec le système de recherche agricole dans des contextes à vocation agricole, en évolution et matures 279 4.3 Types de sujets de recherche pour des partenariats public-privé 290 4.4 Six critères d’évaluation des initiatives de recherche pouvant être menées à l’échelle régionale en fonction de leurs contributions à l’innovation régionale et nationale 304 4.5 Méthodes principales ou ajustement de marque en conception conjointe 309 4.6 Exemples de problèmes, innovations possibles correspondantes, et principales composantes possibles d’une démarche de conception conjointe adaptée en vue de la résolution de ces problèmes 310 4.7 Priorités d’investissement à l’appui d’une transformation organisationnelle 317 4.8 Chefs de file des consortiums et institutions partenaires du projet national pour l’innovation agricole en Inde 333 B4.34 Types d’alliances d’apprentissage 345 4.9 Principes essentiels d’une alliance d’apprentissage efficace comportant de multiples partenaires 346 5.1 Instruments de développement des entreprises dans les secteurs non agricoles (ultérieurement adaptés au secteur agricole) 364 5.2 Instruments de développement des entreprises et de partenariat : objectifs et mécanismes d’aide financière 365 5.3 Exemples d’indicateurs de suivi et d’évaluation 373 5.4 Comparaison des financements par voie de subventions compétitives, de subventions de contrepartie et de fonds globaux 382 5.5 Structure générale de gouvernance et de gestion pour les systèmes de subvention 384 5.6 Typologie et récapitulation des incubateurs d’entreprise 389 5.7 Les quatre principaux modèles de bureaux de transfert des technologies 407 5.8 Besoins de formation généralisés dans le domaine de la propriété intellectuelle de différentes catégories d’agents d’un bureau de transfert des technologies 408 5.9 Disparités dans l’accès au financement des entreprises en Afrique 415 5.10 Fonds d’investissement agricoles représentatifs 417 5.11 Défis rencontrés par l’incubateur d’agroentreprises depuis sa création et solutions 425 5.12 Principales caractéristiques des subventions des fonds d’innovation agricoles accordées dans plusieurs pays, 2005-10 437 6.1 Facteurs et indicateurs d’un environnement porteur 458 6.2 Exemples de normes et de réglementations techniques appliquées aux produits agricoles et agroalimentaires 503 6.3 Fonctions organisationnelles liées aux normes sanitaires et phytosanitaires (SPS) et de qualité 505 6.4 Choix stratégiques et réponses concernant les normes SPS et de qualité 509 7.1 Instruments traditionnels de formulation des politiques et de planification dans le domaine agricole 542 7.2 Processus de prise de décisions et de gestion et instruments utilisés à différents niveaux d’un système d’innovation agricole 544 7.3 Rôles des évaluations ex ante et ex post 547 7.4 Dix fonctions des systèmes d’innovation et sources de données correspondantes 548 7.5 Directives pour les références et les indicateurs des systèmes d’innovation 549 7.6 Exemples d’indicateurs classiques des investissements dans les politiques et les programmes par comparaison aux indicateurs des investissements dans la politique et les programmes de SIA 550 7.7 Outils pour l’établissement de prévisions 566 7.8 Récapitulatif des méthodes de suivi des interventions de SIA 573 7.9 Méthodes d’évaluation applicables aux interventions d’un système d’innovation 586 7.10 Phases de la démarche de la chaîne de commercialisation à caractère participatif, évaluation des aspects sexospécifiques et des activités connexes pour chaque phase 600 7.11 Calendrier de préparation du Projet national d’innovation agricole par comparaison à la formulation d’un scénario 604 7.12 Résultats partiels d’une fiche d’évaluation externe et interne de suivi et d’apprentissage dans le cadre du projet d’innovation dans le domaine des fourrages 613 xiv TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS Systèmes d’innovation agricole : guide d’investissement a pu analytiques, notes thématiques ou descriptifs d’activités être conçu grâce au rôle essentiel joué par un certain novatrices. Les membres des services de la Banque qui ont nombre de personnes, bailleurs de fonds et organisations apporté leur contribution sont Seth Ayers (WBI, partenaires. Le Guide s’inscrit dans le cadre du programme auparavant infoDev), Marie-Helene Collion (LCSAR), Luz de la Finlande / infoDev / Nokia intitulé « Créer des Diaz Rios (ARD), Michelle Friedman (LCSAR), Indira entreprises durables pour l’économie du savoir » dont Ekanayake (AFTAR), Willem Janssen (LCSAR), Gunnar l’apport, associé au financement de la Banque mondiale, a Larson (ARD), Andrea Pape-Christiansen (ARD), Riikka servi de base à la production de cet ouvrage. Ce dernier a Rajalahti (ARD), Florian Theus (WBI), Ariani Wartenberg également bénéficié de financements supplémentaires, (LCSAR), Melissa Williams (SASDA), et Douglas Zhihua notamment un don du Fonds fiduciaire pour la parité Zeng (AFTFE). homme-femme (Gender Trust Fund) et de nombreuses Les personnes extérieures à la Banque qui ont contributions en nature des institutions suivantes : CATIE, communiqué des rapports et des informations pour les CIAT, CRS, BASIX, FAO, ICRISAT, IFDC, KIT, LINK Ltd, résumés analytiques, notes thématiques ou descriptifs ONUDI, PIPRA, Prolinnova, Université de Guelph, d’activités novatrices sont, notamment, Nuria Ackermann University de Hohenheim, et USAID. L’ensemble des (ONUDI), John Allgood (IFDC), S. Aravazhi (ICRISAT), travaux a été dirigé et coordonné par Riikka Rajalahti et Peter Ballantyne (ILRI), Alan B. Bennett (PIPRA, Andrea Pape-Christiansen (Banque mondiale), qui University of California, Davis), Rupert Best (CRS), assument conjointement la responsabilité des erreurs et Regina Birner (Université d’Hohenheim, auparavant omissions qui peuvent subsister. IFPRI), Sara Boettiger (PIPRA, University of California, De nombreux membres de différents services de la Berkeley), Arnoud R. Braun (Fondation des champs-écoles Banque mondiale et de diverses organisations partenaires de l’Université de Wageningen), Alistair Brett ont participé à la préparation du Guide. Les personnes citées (Consultant), Judy Chambers (IFPRI), Anthony Clayton ci-après ont contribué de manière essentielle à la (University of the West Indies), Kristin Davis (IFPRI et préparation des différents modules dont ils ont assuré la GFRAS), Kumuda Dorai (LINK Ltd), Deborah Duveskog coordination : Javier Ekboir et Riikka Rajalahti (module 1) ; (Consultante), Javier Ekboir (ILAC), Howard Elliott Charles Maguire (module 2) ; Kristin Davis et Willem (Consultant), Wyn Ellis (Consultant), Josef Ernstberger Heemskerk (module 3) ; John Lynam (module 4) ; Josef (Consultant), Josef Geoola (GALVmed), Peter Ernstberger (module 5) ; Han Roseboom (module 6) ; et Gildemacher (KIT), Maria Veronica Gottret (CATIE), Helen Hambly Odame, Andy Hall et Kumuda Dorai Andy Hall (LINK Ltd., Open University), Helen Hambly (module 7). Odame (Université of Guelph), Frank Hartwich Nous sommes reconnaissants aux plus de 70 personnes (ONUDI), Willem Heemskerk (KIT), Douglas Horton qui ont soumis des documents au titre des résumés (Consultant), Steen Joffee (Innodev), Trish Kammili xv (INRA), S.M. Karuppanchetty (ICRISAT), Godrick Khisa California, Davis, APLU), Grahame Dixie (Banque (Fondation des champs-écoles de l’Université de mondiale), Kumuda Dorai (LINK Ltd.), Fionna Douglas Wageningen), Laurens Klerkx (Université de Wageningen), (Banque mondiale), Andy Hall (LINK Ltd.), Willem Stanley Kowalski (University of New Hampshire), Patti Heemskerk (KIT), Doug Horton (Consultant), Steven Kristjanson (CIFOR), Anton Krone (SaveAct, Prolinnova), Jaffee (Innodev), Willem Janssen (Banque mondiale), Ninatubu Lema (NARS Tanzania), Tarmo Lemola Nancy Johnson (ILRI), Trish Kammili (INRA), Manuel (ADVANSIS Ltd.), David Lugg (FAO), Mark Lundy Lantin (CGIAR), Esparanza Lasagabaster (Banque (CIAT), John Lynam (Consultant), Charles J. Maguire mondiale), Tarmo Lemola (Advansis Ltd.), John Lynam (Consultant), Vijay Mahajan (BASIX), Morven McLean (Consultant), Charles Maguire (Consultant), Calvin Miller (ILSI), Mohinder S. Mudahar (Consultant), Bernardo (FAO), Dr. Mruthyunjaya (ICAR), Remco Mur (KIT), Ospina Patino (CLAYUCA), Christopher Palmberg Gordon Myers (IFC), Ajai Nair (Banque mondiale), David (ADVANSIS Ltd. — maintenant à Tekes), Robert Potter Nielson (Banque mondiale), Eija Pehu (Banque (Consultant), John Preissing (FAO), Ranjitha Puskur mondiale), John Preissing (FAO), Ranjitha Puskur (ILRI), (ILRI), Catherine Ragasa (IFPRI), Johannes Roseboom Luz Berania Diaz Rios (Banque mondiale), William M. (Consultant), Silvia Sarapura (Université de Guelph), Rivera (Consultant), Bill Saint (Consultant), Iain Shuker Eva Schiffer (Consultante), Kiran K. Sharma (ICRISAT), (Banque mondiale), Amy Stilwell (Banque mondiale), David J. Spielman (IFPRI), Rasheed Sulaiman V (CRISP), Burt Swanson (University of Illinois), Jee-Peng Tan Bernard Triomphe (CIRAD), Klaus Urban (FAO), K. (Banque mondiale), Jonathan Wadsworth (CGIAR, Vasumathi (BASIX), Rodrigo Vega Alarcon (Consultant, auparavant DFID), et Johannes Woelcke (Banque auparavant FIA), Laurens van Veldhuizen (ETC mondiale). Foundation), Ann Waters-Bayer (ETC Foundation), et L’équipe du Guide tient à exprimer sa reconnaissance à Mariana Wongtschowski (KIT). Juergen Voegele et à Mark Cackler (Banque mondiale) Le Guide a été soumis à l’examen et a fait l’objet de pour les directives et l’appui qu’ils leur ont fourni tout au commentaires d’un grand nombre de personnes auxquelles nous tenons à exprimer notre gratitude. long de la préparation de cet ouvrage. L’équipe est reconnaissante des observations et des La révision technique et la mise au point finale ont été suggestions formulées par les pairs évaluateurs suivants : assurées par Kelly Cassaday (Consultante). La production Adolfo Brizzi, Willem Janssen et Alfred Watkins (Banque du Guide a été réalisée par Patricia Katayama, Aziz mondiale) ; Manuel Lantin et Jonathan Wadsworth Gokdemir et Nora Ridolfi (EXTOP). L’équipe du Guide (CGIAR) ; Dr. Mruthyunjaya (ICAR) ; Tom Mwangi tient aussi à remercier Kaisa Antikainen, Fionna Douglas, Anyonge, Maria Hartl, Shantanu Mathur et Vineet Anthony Stilwell et Sarian Akibo-Betts (ARD) de leur Raswant (FIDA) ; Marco Ferroni et Yuan Zhou (Syngenta appui à la production de l’ouvrage, ainsi que Felicitas Foundation). Doroteo-Gomez (ARD) de son soutien administratif. Plusieurs personnes ont en outre procédé à la revue L’équipe du Guide tient à remercier Jacqueline Davis de générale de la note conceptuelle et des avant-projets de la traduction en français des modules du Guide. Elle modules. Il s’agit de : Gary Alex (USAID), Jock Anderson souhaite aussi remercier David Treguer (Banque (Consultant), Regina Birner (Université d’Hohenheim), mondiale), Bernard Triomphe (CIRAD) et Guy Faure Andreas Blom (Banque mondiale), Derek Byerlee (CIRAD) de l’appui qu’ils ont fourni au niveau de la (Consultant), Montague Demment (University of traduction. xvi REMERCIEMENTS SIGLES ET ABRÉVIATIONS AACREA Asociacion Argentina de Consorcios Regionales de Experimentacion Agricola (Association argentine de consortiums régionaux d’expérimentation agricole) ABI Agri-business incubation (programme d’incubation d’agroentreprises) ADPIC Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce AERI Agricultural Exports and Rural Income Project (Projet de promotion des exportations agricoles et des revenus ruraux) AFAAS Forum africain pour les services de conseil agricole ARDA Agriculture et développement rural, Banque mondiale ATMA Agriculture Technology Management Agency (Organisme de gestion des technologies agricoles – Inde) BACET Building Agribusiness Capacity in East Timor (Renforcement des capacités des agroentreprises au Timor oriental CATIE Centre de recherche et d’enseignement en agronomie tropicale CCA Commission du Codex Alimentarius CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest CGIAR Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale CIAT Centro Internacional de Agricultura Tropical (Centre international pour l’agriculture tropicale) CILSS Comité Inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel CIMMYT Centro Internacional de Mejoramiento de Maiz y Trigo (Centre international pour l’amélioration du maïs et du blé) CIP Centro Internacional de la Papa (Centre international de la pomme de terre) CIRAD Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (France) CLAYUCA Consorcio Latinoamericano y del Caribe de Apoyo a la Investigacion y al Desarrollo de la Yuca (Consortium d’institutions d’Amérique latine et des Caraïbes pour la recherche et le développement dans le secteur du manioc) COFUPRO Coordinadora Nacional de las Fundaciones Produce (Organisme national de coordination des fondations de produits agricoles), Mexique COOPEC Coopérative d’épargne et de crédit CORAF Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement Agricoles CRDI Centre de recherches pour le développement international DAI Descriptif d’activités novatrices xvii DDC Direction du développement et de la coopération, Suisse DHRUVA Dharampur Uththan Vahini (Action pour le renouveau à Dharampur) (Gujarat) DOV Droits d’obtention végétale DPI Droit(s) de propriété intellectuelle EARTH Escuela de Agricultura de la Region Tropical Humeda (Université EARTH), Costa Rica EMBRAPA Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuaria (Organisme brésilien de recherche agricole) FAB franco à bord FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FIA Fundacion para la Innovacion Agraria (Fondation pour l’innovation agricole), Chili FIC Fondo de Innovacion para la Competitivad (Fonds d’innovation pour la concurrence), Chili FIDA Fonds international de développement agricole FPEAK Fresh Produce Exporters Association of Kenya (Association kenyane des exportateurs de produits frais) GFRAS Forum mondial pour le conseil rural GIZ Deutsche Gesellschaft fur Internationale Zusammenarbeit (Institut allemand pour la coopération internationale) GM Génétiquement modifié GPS Système de positionnement mondial ICAR Indian Council of Agricultural Research (Conseil indien pour la recherche agricole) ICI Imperial Chemical Company ICRISAT Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides IFDC International Fertilizer Development Center (Centre international pour le développement des engrais) IFPRI Institut international de recherche sur les politiques alimentaires IIRR Institut international pour la reconstruction rurale ILAC Initiative pour l’apprentissage et le changement institutionnels (CGIAR) ILRI Institut international de recherche sur l’élevage INCAGRO Innovacion y Competitividad para el Agro Peruano (Programme d’innovation et de compétitivité pour l’agriculture péruvienne) INSAH Institut du Sahel ISNAR International Service for National Agricultural Research (Service international pour la recherche agricole nationale) ISO Organisation internationale de normalisation KfW Kreditanstalt fur Wiederaufbau (Banque de développement KfW, Allemagne) KHDP Kerala Horticultural Development Programme (Programme de développement horticole de Kerala) KIT Koninklijk Instituut voor de Tropen (Institut royal des tropiques), Pays-Bas KTDA Kenya Tea Development Agency (Organisme kenyan de promotion du thé) LCSAR Région Amérique latine et Caraïbes, Agriculture et développement rural (Banque mondiale) MUCIA Midwest Universities Consortium for International Activities NAADS National Agricultural Advisory Services (Services nationaux de conseils agricoles), Ouganda NAIP National Agricultural Innovation Project (Projet national d’innovation agricole), Inde NDDB National Dairy Development Board (Office national de promotion des produits laitiers), Inde NIA National Innovation Agency (Agence nationale pour l’innovation), Thaïlande NT Note thématique OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OGM Organisme génétiquement modifié OIE Office international des épizooties OIT Organisation internationale du travail OMC Organisation mondiale du commerce xviii SIGLES ET ABRÉVIATIONS OMPI Organisation mondiale de la propriété intellectuelle OMS Organisation mondiale de la santé ONG Organisation non gouvernementale ONUDI Organisation des Nations Unies pour le développement industriel OSC Organisation de la société civile OTC Accord sur les obstacles techniques au commerce PASAOP Programme d’appui aux services agricoles et aux organisations paysannes, Mali PDDAA Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine PI Propriété intellectuelle PIB Produit intérieur brut PIPRA Public Intellectual Property Resource for Agriculture, University of California, Davis PME Petites et moyennes entreprises POV Protection des obtentions végétales PPP Partenariat public-privé PRONEA Programa Nacional de Extensao Agraria (Programme national de vulgarisation agricole), Mozambique R-D Recherche et développement RD-D Recherche, développement et déploiement SAFE Fonds Sasakawa pour l’Afrique de formation à la vulgarisation SAU State Agricultural University, Inde S-E Suivi et évaluation SERP Society for the Elimination of Rural Poverty (Société pour l’élimination de la pauvreté rurale) SIA Système d’innovation agricole SNIC Sistema Nacional de Innovacion para la Competitivad (Système national d’innovation à l’appui de la compétitivité), Chili SPS Sanitaires et phytosanitaires SSA Association Sasakawa pour l’Afrique Tekes Teknologian Agence finlandaise pour le financement des technologies et de l’innovation) ja innovaatioiden kehittamiskeskus TI Technologies de l’information TIA Technology Innovation Agency (Agence pour l’innovation dans le domaine de la technologie), Afrique du Sud TIC Technologies de l’information et des communications TRF Thailand Research Fund (Fonds thaïlandais pour la recherche) TRI Taux de rendement interne UCC University of Cape Coast (Ghana) UE Union européenne UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture UNU Université des Nations Unies UPOV Union internationale pour la protection des obtentions végétales VFPCK Vegetable and Fruit Promotion Council, Kerala (Conseil pour la promotion des légumes et des fruits) SIGLES ET ABRÉVIATIONS xix Présentation générale et guide de l’utilisateur Riikka Rajalahti, Banque mondiale RAISONS D’ÊTRE ET OBJET DE CE GUIDE questions rencontrées dans le cadre des activités d’exécution et les perspectives de répétition ou de poursuite à une plus U n consensus se forme sur ce qu’il faut entendre grande échelle des pratiques qui ont donné de bons par « innovation » et par « système d’innovation » résultats. Elles sont fondées sur les expériences et sur les (encadré O.1). La démarche du système d’inno- perceptions, et leur évolution, de nombreux individus et vation agricole (SIA), au départ, un simple concept, a organisations s’intéressant à l’innovation agricole, et évolué pour devenir une sous-discipline à part entière, notamment la Banque mondiale. (Les personnes et organi- dotée de ses propres principes d’analyse et d’action ; il sations qui ont apporté une contribution à cet ouvrage sont n’existe toutefois pas de plan détaillé qui permet de nommées dans les remerciements.) produire une innovation agricole à un moment donné, en Ce guide est principalement destiné aux membres des un lieu particulier pour obtenir un résultat déterminé. Ce services opérationnels des organismes de développement guide se fonde sur les principes qui s’établissent actuel- internationaux et régionaux et des administrations lement dans les domaines de l’analyse et de l’action des SIA nationales qui sont chargés de concevoir et d’exécuter des pour tenter de recenser, concevoir et mettre en œuvre les projets de financement, ainsi qu’aux praticiens qui investissements, les approches et les interventions complé- conçoivent des programmes thématiques et des mentaires qui semblent offrir les meilleures perspectives de programmes d’assistance technique. Il contient d’amples renforcer les systèmes d’innovation et de promouvoir informations qui seront aussi utiles à la communauté des l’innovation agricole et une croissance équitable. chercheurs et aux organisations non gouvernementales Bien que ce guide examine les raisons pour lesquelles les (ONG) et peut être une bonne source de référence pour le investissements dans les SIA prennent tant d’importance, il secteur privé, les organisations d’agriculteurs et toux ceux s’intéresse essentiellement à la manière dont certaines qui s’intéressent à l’innovation agricole. démarches et pratiques peuvent promouvoir l’innovation Cette présentation générale commence par l’examen dans toute une gamme de contextes. Pour concrétiser une des raisons pour lesquelles l’innovation est essentielle au démarche de système d’innovation par des opérations, il est développement agricole, la manière dont l’innovation nécessaire de déployer d’importants efforts pour collecter s’effectue et pourquoi il est nécessaire de procéder à des données et faire la synthèse des différentes expériences des investissements complémentaires pour renforcer les accumulées dans le cadre des SIA. Les informations capacités et mettre en place un cadre porteur pour présentées dans ce guide ont été réunies dans le contexte l’innovation agricole. Elle fournit ensuite des détails sur la d’approches mises à l’essai à différentes échelles et dans structure du guide, récapitule les thèmes couverts dans différents contextes. Elles mettent l’accent sur les chaque module et examine les thèmes universels qui se expériences acquises, les avantages et impacts recensés, les retrouvent tout au long du guide. 1 Encadré O.1 Innovation et système d’innovation : définitions L’innovation est le processus par lequel des personnes Un système d’innovation est un réseau d’organi- ou des organisations maîtrisent et exécutent la sations, d’entreprises et de personnes s’efforçant conception et la production de biens et services qui d’intégrer dans l’activité économique de nouveaux sont nouveaux pour elles, même s’ils ne le sont pas produits, de nouveaux processus et de nouvelles formes pour leurs concurrents, leur pays, ou le monde. d’organisation, ainsi que les institutions et les politiques qui ont un impact sur leur comportement et Source : Banque mondiale 2006. leurs résultats. Encadré O.2 L’agriculture, le développement agricole et l’innovation sont nécessaires au monde entier L’agriculture est essentielle, d’une manière ou d’une développement agricole est une ligne de défense contre autre, à la survie physique et économique de tous les la faim ; la croissance du secteur agricole permet de êtres humains. Selon les projections des Nations Unies, surcroît d’accroître les revenus près de quatre fois plus le monde comptera plus de 9 milliards d’habitants à efficacement que celle d’autres secteurs. C’est en partie l’horizon 2050. Pour tous les nourrir, il faudra que la pour cela que le développement agricole est un moyen production alimentaire augmente de 70 %. Aider les aussi puissant de réduire la pauvreté dans le monde et agriculteurs et les pêcheurs du monde entier à atteindre de promouvoir le développement économique. cet objectif est un enjeu en lui-même ; toutefois, outre Le développement agricole a besoin d’innovations et qu’elle fournit des produits alimentaires, l’agriculture de systèmes d’innovation, et il en est aussi tributaire. Il est est un élément essentiel de l’économie de la plupart des généralement admis que l’innovation est une source pays, en particulier dans le monde en développement. majeure d’amélioration de la productivité, de la compéti- En Afrique subsaharienne, par exemple, elle est à tivité et de la croissance économique dans toutes les l’origine de trois quarts des emplois et d’un tiers du économies avancées et émergentes. Elle joue également PIB ; 75 % des habitants pauvres du monde vivent un rôle important en créant des emplois, en générant en zone rurale et ont des liens économiques avec des revenus, en atténuant la pauvreté et favorisant le l’agriculture. Pour les ménages très pauvres, le développement social. Sources : Auteur ; OCDE 2009. INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLE d’êtres humains de plus. Les prix alimentaires devraient rester volatils dans un avenir prévisible. Le développement agricole permet à l’agriculture et aux D’autres mutations sont plus progressives, mais n’en sont populations de s’adapter rapidement lorsque des difficultés pas moins importantes. L’agriculture est plus vulnérable aux surgissent, et aussi de saisir rapidement les occasions qui effets grandissants du changement climatique que tout autre peuvent se présenter — ce qui est inévitable puisque l’envi- secteur économique, et elle utilise près de 80 % des réserves ronnement physique, social et économique de l’agriculture d’eau douce à l’échelle mondiale — ressource en voie de se transforme continuellement (encadré O.2). Certaines disparition dans certaines régions du monde. Parce que transformations se produisent avec une rapidité et une l’environnement est changeant, moins prévisible et plus brutalité imprévisibles ; depuis juin 2010, par exemple, la variable, il est impératif que les agriculteurs et les pêcheurs du rapide hausse des prix alimentaires a fait basculer environ monde entier s’adaptent et essaient de nouvelles approches. Il 44 millions de personnes dans la pauvreté, et une augmen- leur faut pour cela posséder plus de connaissances propices à tation supplémentaire de 10 % de l’indice des prix une croissance « verte » — et disposer de plus de capacités alimentaires pourrait faire subir ce sort à 10 millions pouvant contribuer à générer ces connaissances. 2 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT La mondialisation des marchés des produits agricoles, pour s’associer à ces chaînes de valeur, tandis que d’autres, l’évolution des technologies et leurs vastes répercussions, qui n’ont pas pu saisir ces opportunités, souffrent de leur de même que les changements tout aussi porteurs de marginalisation économique. transformation qui s’opèrent au niveau des institutions Dans ce contexte, les marchés, l’urbanisation, la (notamment l’évolution des rôles de l’État, du secteur privé mondialisation et les transformations subies par et de la société civile) ont, à l’instar de la variabilité l’environnement non seulement influent sur la structure de climatique, provoqué des mutations dans le paysage social la consommation, la concurrence et les échanges mais aussi et économique agricole au cours des quelques dernières pilotent le développement et l’innovation agricoles dans décennies (Banque mondiale 2007b). L’activité agricole une bien plus large mesure qu’auparavant. Les prestataires prend de plus en plus place dans un contexte dans lequel les de connaissances sont plus nombreux, en particulier dans entrepreneurs privés coordonnent de vastes chaînes de le secteur privé et la société civile, et ils interagissent entre valeur reliant producteurs et consommateurs, parfois sur eux sous de nouvelles formes afin de générer des idées et de des distances considérables. Un nombre grandissant de trouver des moyens de faire face à l’évolution des petits exploitants dotés d’esprit d’entreprise s’organisent conditions agricoles (Banque mondiale 2006). Encadré O.3 Exemples d’innovations et de processus d’innovation agricole Les innovations agricoles présentées ci-après sont développement ; modalités institutionnelles com- survenues de diverses manières. Dans certains cas, les plexes mais créatives concernant la propriété ; marchés ont intensifié les pressions en faveur d’inno- innovation ciblée sur les utilisateurs pauvres (ayant vations, et le secteur privé a joué un rôle décisif en des carences en nutriments). pilotant les activités menées pour les produire. Dans ■ Pomme de terre, Pérou. Facilitation par un centre d’autres, les interventions du secteur public, international de recherche de la mise au point de notamment les politiques publiques, la R-D et d’autres nouveaux produits de pomme de terre autochtones incitations ont entraîné le processus d’innovation. grâce à une coalition de chercheurs, de petits propriétaires et de multiples acteurs du secteur privé I Système d’innovation pour le traitement du manioc, (y compris des supermarchés, des négociants et des Ghana. Mise au point sous l’impulsion des restaurants). chercheurs et promotion de nouveaux produits de manioc avec l’appui d’une coalition du secteur privé. Dans ces exemples, l’innovation et la croissance ont ■ Système d’innovation pour les fleurs coupées, été entraînées par des intervenants différents, et la Colombie. Innovation systématique menée en recherche et la vulgarisation ont joué des rôles divers ; les réponse à l’évolution des marchés, grâce à des intervenants ont toutefois, dans tous les cas, poursuivi technologies étrangères sous licence, et coordonnée des démarches similaires pour surmonter les obstacles et par une association professionnelle. innover. Les défis qu’il leur a fallu surmonter sont, ■ Système d’innovation pour les plantes médicinales, notamment, le respect de normes de qualité rigoureuses, Inde. Mobilisation de connaissances traditionnelles le maintien de leur position concurrentielle, l’adaptation et scientifiques au profit des communautés rurales, à l’évolution des goûts des consommateurs et l’apport de coordonnée par une fondation. solution aux problèmes technologiques. ■ Système d’innovation pour la petite irrigation, L’aptitude des intervenants à améliorer leurs Bangladesh. Promotion par une organisation de la interactions et à renforcer leurs relations a été société civile d’une pompe à faible coût en vue de essentielle à la réussite de leurs activités. Tous les cas créer un marché ; innovation par de petits fabricants mentionnés ci-dessus témoignent de l’importance proposant des pompes adaptées aux besoins locaux. d’une action collective, des avantages conférés par les ■ Système d’innovation du riz doré, monde entier. actions de facilitation et de coordination menées par Partenariat complexe de sociétés multinationales, les intermédiaires, de la constitution d’une solide base d’organismes internationaux de recherche agricole, de compétences et de la mise en place de conditions d’universités et de fondations à l’appui du favorables à la poursuite de l’innovation. Sources : Basé sur Bernet, Thiele et Zschocke 2006 ; Hall, Clark et Naik 2007 ; Banque mondiale 2006 ; A. Hall, communication personnelle ; R. Rajalahti, communication personnelle. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 3 Pour pouvoir faire face, soutenir la concurrence et compte, souple, dans le cadre duquel les intervenants prospérer dans un contexte caractérisé par des transfor- poursuivent simultanément, dans des conditions diverses, mations de cette ampleur, les agriculteurs, les entreprises, des activités complémentaires qui sortent du cadre habituel et même les nations, doivent sans cesse innover. Les de la R-D et de la vulgarisation. Ces conditions et investissements dans les systèmes de recherche et dévelop- interventions complémentaires n’ont pas été systémati- pement (R-D), de vulgarisation et d’éducation du secteur quement prises en considération à ce jour. Il importe donc public, et les liens entre ces divers éléments, ont des de concevoir de nouveaux moyens de le faire. rendements élevés et alimentent une croissance favorable Une démarche de SIA examine les multiples conditions aux pauvres (Banque mondiale, 2007b). En revanche, ils et relations qui favorisent l’innovation dans l’agriculture. ne permettent pas, à eux seuls, de générer des innovations Elle peut offrir un moyen plus souple de prendre en au rythme et à l’échelle requise face aux problèmes de plus compte les conditions et les contextes très divers dans le en plus importants et nombreux auxquels se trouve cadre duquel l’innovation doit se produire. Elle considère confrontée l’agriculture. les divers intervenants participant au processus, les interactions qu’ils peuvent avoir, la contribution des pratiques informelles à la promotion de l’innovation et le DE QUELLE MANIÈRE L’INNOVATION AGRICOLE contexte de la politique agricole. SE PRODUIT-ELLE ? Les principes d’analyse et d’action du SIA associent les interventions plus traditionnelles (appui à la recherche, à la L’innovation agricole se produit généralement dans le vulgarisation, à l’éducation et création de liens entre les cadre d’interactions dynamiques entre une multitude chercheurs, les vulgarisateurs et les agriculteurs) aux autres d’intervenants participant à des activités de production, de interventions complémentaires qui sont nécessaires à transformation, de conditionnement, de distribution et de l’innovation. Ces dernières comprennent la constitution de consommation ou d’autres utilisations des produits compétences professionnelles, l’offre d’incitations et de agricoles. Ces acteurs ont des perspectives et des ressources permettant de développer des partenariats et des compétences très diverses, dans des domaines tels que la entreprises ; l’amélioration des circuits de diffusion des métrologie, les normes de sécurité, la génétique connaissances et le maintien des conditions nécessaires à la moléculaire, la propriété intellectuelle, la chimie poursuite d’innovations par les intervenants. alimentaire, l’économie des ressources naturelles, la La figure O.1 décrit un cadre théorique simplifié pour logistique, l’agriculture sur brûlis, les droits de la propriété un SIA. Elle fait apparaître les principaux intervenants (les — la liste est bien trop longue pour être reproduite ici prestataires et utilisateurs habituels des connaissances et dans son intégralité. des technologies agricoles, ainsi que les institutions-relais Pour que l’innovation puisse avoir lieu, il importe que ou intermédiaires qui facilitent leurs interactions) ; les les interventions entre ces diverses parties prenantes interactions qui peuvent se produire entre les intervenants ; soient ouvertes et fondées sur les connaissances et les politiques agricoles ainsi que les institutions disponibles les plus pertinentes. L’aptitude à l’innovation informelles, les attitudes et les pratiques qui appuient ou est souvent associée à de solides capacités en R-D, mais contrecarrent le processus d’innovation. elle exige aussi une action collective, une coordination, l’échange de connaissances entre différents intervenants, des incitations et des ressources pour forger des EFFORTS AXÉS SUR LE RENFORCEMENT partenariats et développer les entreprises, et des DES PRINCIPALES COMPOSANTES DU SYSTÈME conditions permettant aux agriculteurs et aux D’INNOVATION entrepreneurs d’utiliser les innovations. L’encadré O.3 donne des exemples de la manière dont les innovations se La recherche, la vulgarisation, l’enseignement et la sont produites dans l’agriculture. formation agricoles sont des composantes essentielles d’un SIA. Les sections qui suivent récapitulent les démarches qui ont été suivies pour les renforcer, examinent leurs accom- Systèmes d’innovation agricole plissements et les problèmes qui continuent de se poser. La recherche, l’éducation et la vulgarisation ne sont souvent pas suffisantes pour faire bénéficier les agriculteurs et les Recherche agricole entrepreneurs de connaissances, de technologies et de services et les amener à innover. L’innovation passe par un De l’avis général, un solide système scientifique et techno- processus beaucoup plus interactif, dynamique et, en fin de logique — couvrant les sciences agricoles de base, 4 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT stratégiques et adaptatives ainsi que les sciences concernant évoluent, et notamment à l’absence de consensus sur une d’autres domaines que l’agriculture — contribue à l’inno- vision stratégique, au manque de leadership et aux vation et à un développement agricole durable et équitable. défaillances de la gestion, à l’importance systématique Il ne peut y avoir de développement sans savoir, et celui-ci accordée à la mise en place de structures centralisées de doit, pour l’essentiel, être généré et appliqué au plan recherche agricole au plan national plutôt qu’à la création national et, souvent, à un niveau encore plus local. C’est de partenariats, à la perte de scientifiques hautement pourquoi le maintien de la production alimentaire et des qualifiés, à la faiblesse des liens avec les autres participants moyens de subsistance ruraux, tout en réduisant la au processus innovation et au manque de responsabili- pauvreté, est largement tributaire de la mesure dans sation envers ces derniers (Banque mondiale 2005). laquelle les connaissances peuvent être générées et Au cours des années, les organismes de recherche se sont appliquées dans l’agriculture et des possibilités d’améliorer efforcés de résoudre ces diverses difficultés. Leurs efforts les capacités de production de ces connaissances. ont visé, pour l’essentiel, à réorienter les investissements Outre les difficultés budgétaires qu’ils connaissent jusque-là consacrés aux infrastructures physiques, aux (encadré O.4), de nombreux organismes de recherche du équipements, à la valorisation des ressources humaines et secteur public se heurtent à de graves obstacles institu- aux crédits de fonctionnement, vers l’amélioration de la tionnels qui compromettent leur efficacité, limitent leur gestion des organisations de recherche du secteur public — aptitude à attirer des financements et, en fin de compte, les par exemple en renforçant les activités de planification, empêchent de contribuer de manière significative aux de gestion financière et de responsabilisation et en systèmes d’innovation. Les principaux obstacles rencontrés poursuivant des programmes mieux adaptés aux besoins dans le cadre de nombreuses organisations de recherche des clients (conçus sous la supervision de conseils nationales tiennent à l’existence d’importantes forces réunissant de multiples parties prenantes ou établis dans le d’inertie au niveau du développement institutionnel et à la cadre de relations plus étroites entre la recherche et la lenteur avec laquelle les politiques et les institutions vulgarisation). Figure O.1 Système d’innovation agricole Consommateurs Système national Entreprises agroindustrielles de recherche agricole Exportateurs Organisations Organismes-relais et de coordination Agriculteurs de producteurs Fournisseurs d’intrants Services nationaux Institutions nationales de vulgarisation d’éducation et de formation Organismes et de développement de normalisation des entreprises Organismes fonciers Organismes de crédit Politiques publiques et cadre réglementaire Institutions informelles, pratiques, comportements et attitudes Source : Basé sur Rivera et al. n.d. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 5 Encadré O.4 Évolution du financement des systèmes des sciences et des connaissances agricoles Les investissements publics mondiaux dans les sciences, davantage que les organismes publics à se financer à les technologies et le développement agricoles ont partir de ressources générées en interne, notamment fortement augmenté au cours des années, pour passer grâce à des contrats avec des entreprises privées et de 16 milliards de dollars (selon les chiffres de 1981) à publiques (26 %). 23 milliards de dollars en 2005 en dollars de Le secteur privé consacre un montant estimé à 2000 convertis sur la sur la base de la parité du pouvoir 7 milliards de dollars (en dollars PPP de 2005) à la d’achat (PPP) (ces chiffres sont tirés de Beintema et recherche agricole, soit l’équivalent de 41 % du total des Elliott 2009 ; 2000 est la dernière année pour laquelle investissements (publics et privés). La quasi-totalité de on dispose de données comparables à l’échelle ces investissements privés émanent de société mondiale). Cette hausse est quelque peu trompeuse poursuivant des activités de R-D agricole dans des pays parce qu’elle s’est effectuée dans un très petit nombre à revenu élevé. Plusieurs centres de recherche interna- de pays (Pardey et al. 2006). Selon les données relatives tionaux se consacrent par ailleurs à la R-D agricole dans aux périodes plus récentes, les investissements dans les le but de générer des biens publics mondiaux. sciences et les technologies continuent de s’accroître. La réalisation d’investissements dans la R-D, et L’État demeure la plus importante source de notamment les services de recherche et de conseil, est financement de la recherche agricole menée dans le l’une des grandes stratégies poursuivies par la Banque cadre du secteur public, puisqu’il octroie, en moyenne, mondiale pour améliorer la productivité et l’inno- 81 % des ressources (de plus de 400 organismes publics vation agricoles (Banque mondiale 2009b) .La Banque et institutions sans but lucratif dans les 53 pays en mondiale a, à elle seule, investi 4,9 milliards de dollars développement auprès desquels l’enquête a été menée). (5,4 milliards de dollars en dollars réels, 2010 étant la Seulement 7 % des financements proviennent de prêts base 100) dans la R-D et les services de conseil agricoles et de dons des bailleurs de fonds. Les financements sur au cours de la période de 20 ans allant de 1990 à 2010. les ressources internes dégagées notamment dans le Ses engagements annuels au titre de la recherche, de la cadre d’accords contractuels conclus avec des vulgarisation, de l’éducation et de la formation entreprises du secteur privé et du secteur public, agricoles sont allés de 100 à 800 millions de dollars. Le représentent, en moyenne, 7 % des financements de la montant très faible des engagements des pays et des recherche agricole publique. Les organismes sans but bailleurs au titre de l’enseignement supérieur agricole lucratif, qui obtiennent environ les deux tiers de leurs observé depuis le début des années 90 témoigne d’une financements auprès d’organismes de producteurs et évolution particulièrement préoccupante (Banque des offices de commercialisation, s’emploient aussi mondiale 2007a), parce qu’il signifie que les capacités d’innovation ne sont pas maintenues. Sources : Auteur. Des efforts importants ont été consacrés au renfor- sud-africain, offre des possibilités considérables de cement de la participation des clients ainsi qu’au renforcer la coopération Sud-Sud, notamment si l’on financement et au développement général de systèmes considère le nombre de petits pays en développement qui pluralistes de connaissances et d’information agricoles ne parviennent pas à suivre ces géants de la recherche (Banque mondiale 2005). Le tableau O.1 présente les agricole. Ces réalités, parmi d’autres, ont incité le Groupe principales différences et changements d’orientation des consultatif pour la recherche agricole internationale investissements de la Banque mondiale à l’appui de l’inno- (CGIAR) — partenariat mondial d’organisations finançant vation. L’encadré O.5 décrit les récentes réformes menées et poursuivant des travaux de recherche à l’appui d’un dans les organismes de recherche et de vulgarisation développement agricole durable — à examiner et à agricoles. modifier son approche de la R-D agricole dans le cadre Les méthodes de coopération internationale évoluent d’un processus de gestion du changement lancé en 2008. également dans le domaine de la R-D agricole. Outre qu’elle accordera une haute priorité à l’efficacité, à L’augmentation des capacités des grands systèmes agricoles la responsabilisation, à l’efficacité par rapport au coût et à nationaux, tels que les systèmes brésilien, chinois, indien et la qualité des effectifs, la recherche appuyée par le CGIAR 6 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Tableau O.1 Caractéristiques fondamentales des trois grands cadres utilisés pour promouvoir les connaissances dans le secteur agricole et investir dans ces dernières Caractéristiques Systèmes nationaux Systèmes de connaissances fondamentales de recherche agricole et d’information agricoles Systèmes d’innovation agricole Intervenants Organismes de recherche Agriculteurs, membres des services de Large gamme d’intervenants recherche, de vulgarisation et d’éducation Réalisations Invention et transfert de Adoption de technologies et innovation Différents types d’innovation technologies Principe d’organisation Recours à la science pour créer Obtenir accès aux connaissances agricoles Nouvelles utilisations des de nouvelles technologies connaissances pour promouvoir des transformations sociales et économiques Mécanisme d’innovation Transfert de technologies Partage de connaissances et d’information Interactions et innovation entre parties prenantes Rôle de la politique Allocation des ressources, Création de liens entre la recherche, la Création de conditions propices à publique établissement des priorités vulgarisation et l’éducation l’innovation Nature du renforcement Renforcement des infrastructures Renforcement des communications entre Renforcement des interactions entre des capacités et des ressources humaines intervenants dans les zones rurales tous les intervenants ; création de conditions propices à l’innovation Source : Banque mondiale 2006. Encadré O.5 Récentes réformes des activités publiques de recherche et de vulgarisation agricoles I Accroissement de la représentation des agriculteurs, du demande, à l’établissement des priorités, à la secteur privé et d’autres parties prenantes au sein des formulation des projets et à l’examen des propositions. comités directeurs et des organes consultatifs chargés de Les fonds de recherche compétitifs ont permis la recherche pour leur permettre d’avoir une réelle d’accroître la contribution des universités à la R-D influence sur les décisions et les priorités en la matière. agricole dans certains pays. Des problèmes persistent Il est particulièrement important d’assurer la partici- toutefois, notamment les relations limitées avec le pation des agricultrices, en raison du rôle crucial secteur privé, l’absence de financements durables, les qu’elles jouent au sein des systèmes de production attitudes négatives à l’égard de la R-D stratégique et la ruraux, des obstacles particuliers auxquels elles sont lourdeur des coûts de transaction. confrontées dans leur travail (par exemple le temps I Promotion des organisations de producteurs en vue de limité dont elles disposent) et l’éventail de leurs activités réaliser des économies d’échelle dans le cadre des et de leurs entreprises, notamment dans les domaines de activités de service et de marché, d’accroître la capacité la commercialisation, du traitement et du stockage des des agriculteurs à demander de meilleurs services, et produits alimentaires. d’aider les producteurs à tenir les fournisseurs de I Décentralisation de la recherche dans le but de services comptables de leurs prestations. rapprocher les chercheurs des clients et de mieux I Utilisation conjointe des systèmes publics et privés en orienter la recherche sur les problèmes et opportunités permettant aux organisations d’agriculteurs, aux ONG existant au niveau local. et aux organismes publics de sous-traiter les services de I Décentralisation des services de vulgarisation pour conseil, de rechercher les agents ayant le meilleur profil accroître la responsabilisation envers les utilisateurs pour la tâche considérée et de reconnaître les caractéris- locaux et faciliter « l’achat » par les clients de services et tiques de biens privés de certains services de produits de la recherche qui répondent mieux à leurs vulgarisation. Les démarches financées par des fonds besoins. Les programmes de dons de contrepartie mis publics, dans le cadre desquelles les administrations en place au profit des groupes d’agriculteurs et de locales, le secteur privé, les ONG et les organisations de communautés permettent à ceux-ci de mettre à l’essai producteurs participent à la fourniture de services de de nouvelles technologies et de les diffuser. vulgarisation peuvent être particulièrement adaptées au I Mise en place de mécanismes de fonds de recherche cas des agriculteurs pratiquants des cultures de compétitifs donnant lieu à la participation des subsistance, tandis que certaines formes de cofinan- principales parties prenantes, en particulier les cements privés, et même la privatisation totale de utilisateurs, à la promotion d’une recherche tirée par la certains services, peut être plus indiquée dans le cas de l’agriculture commerciale. Sources : Banque mondiale 2005, 2007b, 2010. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 7 reposera sur la formulation de programmes de recherche La contribution des technologies de l’information et des axés sur l’obtention de résultats dans des domaines communications (TIC) à la production et la diffusion de présentant des difficultés notables et revêtant une connaissances augmente de manière exponentielle. Les TIC importance majeure1. Le CGIAR accordera une attention offrent des possibilités considérables de modifier les particulière à la constitution de partenariats efficaces, parce processus des sciences, de l’innovation et du dévelop- que ces derniers sont essentiels à la production et à la pement agricoles en permettant à diverses parties prenantes fourniture de biens publics mondiaux agricoles en raison d’avoir des interactions et de collaborer sous de nouvelles de la complexité des progrès scientifiques, des évolutions formes pour renforcer le processus d’innovation socio-économiques et des impacts environnementaux, ainsi (encadré O.6). que du coût plus élevé des nouveaux domaines de recherche. La contribution du CGIAR au développement agricole par le biais de la gestion de la recherche et des Éducation et formation agricoles (EFA) connaissances doit s’intégrer dans les objectifs et les activités de développement de plus vaste portée d’autres Les institutions d’éducation et de formation revêtent une intervenants, notamment les pays, les organisations de importance particulière dans le contexte d’un SIA parce développement internationales et régionales, les organi- que, d’une part, elles forment les ressources humaines et, sations multilatérales, les instituts de recherche de pointe et d’autre part, elles sont une source de connaissances et de le secteur privé. technologies. L’absence ou le déclin de ces institutions provoque d’importantes carences au niveau des capacités d’innovation d’un pays. Pourtant, les investissements des Services de vulgarisation et de conseil agricoles pays et des bailleurs de fonds dans l’éducation et la formation agricoles sont devenus pratiquement insignifiants Les services de vulgarisation et de conseils agricoles ont, depuis le début des années 90 (Banque mondiale 2008). comme la R-D, suivi des cycles caractérisés par des défis et Le principal obstacle, parmi bien d’autres, auquel se des réformes. Les services publics, qui constituent trouve confronté l’EFA, tient au fait que les institutions l’essentiel des services de vulgarisation, se heurtent à des n’ont pas suivi l’évolution de la demande des employeurs en problèmes de vaste portée : les contraintes de financement, matière de connaissances et de compétences pratiques. Les l’insuffisance des technologies dont ils disposent, la lacunes sont particulièrement notables dans les domaines de formation déficiente de leurs effectifs, le manque de liens l’agroindustrie et de la gestion des entreprises et des avec la recherche et la participation limitée des agriculteurs programmes, et en ce qui concerne l’aptitude à régler des (Banque mondiale 2005). Étant donné l’absence de problèmes et les relations interpersonnelles, qui sont des résultats produits par les démarches suivies, la plupart des compétences que doivent absolument posséder les programmes de vulgarisation abandonnent les systèmes intervenants pour pouvoir fonctionner dans un SIA. Malgré centralisés et s’efforcent d’améliorer leurs relations avec les ces piètres résultats, on a pu constater à l’échelle mondiale chercheurs et les agriculteurs (Banque mondiale 2007b). La qu’il est possible de mettre en place des systèmes plupart des programmes s’accordent à reconnaître qu’il est d’éducation productifs et viables sur le plan financier nécessaire de constituer un capital social au niveau des (Banque mondiale 2007b). En plus des pays développés agriculteurs, de prêter davantage attention aux besoins des dotés d’un système d’éducation et de formation agricoles femmes et des jeunes et de constituer de meilleurs liens (Danemark, États-Unis, Japon et Pays-Bas), différents pays avec les marchés. en développement, comme l’Inde, la Malaisie, le Brésil et les La nécessité de procéder à des changements est Philippines, ont mis en place des systèmes d’EFA productifs. largement admise ; toutefois, aucun modèle de vulgari- sation ne peut manifestement être appliqué de manière universelle. Il importe donc de concevoir de nouveaux INSUFFISANCE DES INVESTISSEMENTS modèles, fondés non seulement sur les principes généraux ACTUELLEMENT CONSACRÉS mais aussi sur des analyses des systèmes agricoles AU RENFORCEMENT DE L’INNOVATION particuliers et des conditions sociales dans lequel ils sont DANS L’AGRICULTURE censés opérer. Il est plus important que jamais d’établir ces nouveaux modèles parce que les services de vulgarisation Comme le montre l’encadré O.4, les investissements dans recadrent leurs centres d’intérêt et modifient leur rôle de les sciences et technologies sont une composante manière à améliorer la prestation de services et jouer un incontournable de la plupart des stratégies conçues pour rôle de médiateur auprès de la gamme plus diversifiée des améliorer et maintenir la productivité agricole. Les clients du SIA. rendements élevés et la croissance favorable aux 8 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré O.6 Rôle des technologies de l’information et des communications dans le partage des connaissances et l’innovation L’innovation passe souvent par la mise en place de influent déjà de manière positive sur les interventions mécanismes relais qui facilitent les communications, la agricoles dans les pays en développement. L’existence traduction et la médiation entre différents intervenants d’applications mobiles d’un coût abordable, en de la recherche et du développement agricoles et particulier, permet d’établir des liaisons avec des assurent le passage des connaissances à l’action. Ces intervenants jusque-là isolés : la disponibilité d’infor- mécanismes de facilitation et de communication mations sur les prix, les bonnes pratiques agricoles, la peuvent comprendre divers dispositifs de coordination fertilité des sols, les invasions de parasites et les foyers de l’innovation tels que les réseaux, les associations et de maladie, ainsi que les conditions climatiques les services de vulgarisation, mais aussi les TIC. extrêmes permettent aux agriculteurs de tirer profit des Les TIC offrent la possibilité d’améliorer l’échange marchés, de prendre des mesures plus efficaces lorsque de connaissances entre les producteurs de savoir, les les conditions agricoles sont peu favorables et d’avoir responsables de leur diffusion et les utilisateurs et, par des interactions plus productives avec les agents des exemple, entre les partenaires d’un réseau ; d’appuyer services publics. l’ouverture du processus de recherche pour permettre L’imagerie par satellite et la photographie aérienne les interactions et l’utilisation de connaissances plus ont accru les capacités dont disposent les scientifiques, accessibles ; et d’élargir de manière plus efficace d’un les chercheurs, et même les prestataires de services point de vue économique la participation des parties d’assurance, pour examiner les conditions des exploi- prenantes aux processus d’innovation et de tations agricoles dans les zones isolées et évaluer les gouvernance. L’on associe généralement les TIC à dégâts causés par des problèmes climatiques tels que les la fourniture de service de pointe de traitement sécheresses. Les technologies d’un coût de plus en plus numérique et de gestion des données, aux applications abordable comme les puces de radio-identification géostationnaires, aux systèmes basés sur les connais- et autres mécanismes de communication mobiles sances et la robotique, et à l’amélioration des améliorent la gestion animale, permet aux producteurs équipements et des processus agricoles, mais moins de surveiller l’état de leurs animaux et de tracer les souvent à l’établissement de liens entre diverses produits animaux tout au long de la chaîne d’approvi- communautés d’innovation — à l’échelon local, sous- sionnement. L’un des obstacles auxquels se heurte de sectoriel et national. manière persistante l’innovation, c’est-à-dire l’absence Les TIC qui servent d’instrument de collecte, de financements ruraux, est également réduit par les d’analyse, de partage et de diffusion de l’information instruments numériques. Sources : Auteur, sur la base de Manning-Thomas 2009 ; Banque mondiale 2011. populations pauvres engendrées par les investissements capacités d’innovation dans toute la gamme des dans la recherche, les services de conseil et l’éducation intervenants d’un SIA et mettre en place un environnement agricoles du secteur public résultent de la gamme de plus porteur pour la génération d’innovations. en plus large d’initiatives menées pour mieux adapter ces Ce guide examine et évalue les observations recueillies activités aux besoins des clients, travailler avec les groupes dans le cadre de ces investissements complémentaires. Il d’agriculteurs, mieux communiquer avec les partenaires et définit les besoins, les opportunités et les priorités relatives collaborer avec le secteur privé. Les mesures prises pour à ces investissements et propose des instruments ainsi que renforcer les systèmes de recherche et accroître la disponi- des directives pour la conception d’interventions dans bilité des connaissances ne renforcent cependant pas différents contextes. Comme le souligne la section suivante nécessairement l’innovation ou l’utilisation des connais- — qui présente plus en détail le contenu et la structure du sances dans l’agriculture (Rajalahti, Woelcke, et Pehu 2005). guide — ce dernier décrit des travaux en cours et une base Comme cela a été noté, il est nécessaire de procéder à des de connaissances en évolution. Les principes qu’il permet investissements complémentaires pour renforcer les de dégager se modifieront au fur et à mesure que les PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 9 Tableau O.2 Modules du Guide Numéro du module Titre Présentation générale et guide de l’utilisateur 1 Coordination et action collective à l’appui de l’innovation agricole 2 Enseignement et formation agricoles à l’appui des systèmes d’innovation agricoles 3 Investissements dans les services de vulgarisation et de conseil dans le cadre des systèmes d’innovation agricoles 4 La recherche agricole dans un système d’innovation agricole 5 Incitations et ressources à l’appui de partenariats novateurs et du développement des entreprises 6 Création d’un environnement porteur pour l’innovation agricole 7 Analyse, établissement des priorités, suivi et évaluation des investissements dans les systèmes d’innovation agricole Source : Auteur. praticiens accroîtront leur savoir et créeront de nouvelles 2. Les notes thématiques considèrent les aspects techniques approches créatives de l’innovation au service du et pratiques de démarches et de programmes d’investis- développement agricole. sement particuliers qui ont été mis à l’essai et dont la mise en œuvre et la poursuite à une plus grande échelle peuvent être recommandées (parfois sous réserve de MODULES DU GUIDE certaines conditions). Elles examinent les considé- rations, les principes d’organisation, les questions, les La structure du guide suit le cycle des projets ou la indicateurs de performance et les leçons qui devraient démarche progressive des praticiens (tableau O.2). Les guider la conception et l’exécution d’approches ou de modules 1 à 4 examinent les principaux investissements programmes similaires. concernant les capacités d’innovation (coordination et 3. Les descriptifs d’activités novatrices présentent la organisation des parties prenantes, enseignement et conception et les caractéristiques novatrices de récents formation agricoles, et services de recherche de conseil). Le projets et activités poursuivis dans le domaine d’inves- module 5 traite des incitations et des ressources nécessaires tissement couvert par le module. Ces descriptifs ciblent à la constitution de partenariats novateurs et au dévelop- l’attention sur les caractéristiques qui ont contribué aux pement des entreprises, et le module 6 décrit les résultats obtenus et que les experts techniques peuvent investissements complémentaires qui permettent de créer adapter dans le cadre de leurs propres opérations. Les un environnement propice à l’innovation. Le module 7 activités et les projets qui y sont décrits n’ont pas encore présente des informations sur la manière d’évaluer le SIA et donné lieu à des évaluations suffisantes pour pouvoir de recenser et d’établir les priorités des investissements être qualifiés de « bonnes pratiques » dans différents prospectifs, sur la base notamment des enseignements tirés contextes, mais ils méritent de faire l’objet d’un suivi d’efforts similaires de suivi et d’évaluation. Le glossaire attentif car ils pourraient être poursuivis sur une plus définit différents termes et expressions concernant l’agri- grande échelle. Les descriptifs ont pour objet d’attirer culture, l’innovation et le développement. l’attention des gestionnaires de projets et des spécialistes Les modules comprennent généralement quatre parties : techniques sur des options qu’ils pourraient explorer et adapter dans le cadre de projets. 1. La présentation générale du module décrit le thème 4. La section Bibliographie et lectures supplémentaires (domaine d’investissement particulier) de ce dernier, donne une liste de documents et d’informations récapitule ses principaux points et les options relatives complémentaires. aux investissements, et oriente le lecteur vers les examens plus détaillés et les exemples présentés dans les notes thématiques et dans les descriptifs d’activités THÈMES CONSIDÉRÉS DANS LES MODULES d’innovation qui lui font suite. La présentation générale fournit des informations de base sur le contexte de Chaque module du guide est consacré à un thème couvrant chaque thème, et notamment les leçons tirées des l’examen et la conception d’investissements dans un démarches antérieurement suivies par les systèmes domaine particulier constitutif d’un SIA. L’analyse qui suit nationaux de recherche agricole et les systèmes de a pour objet de donner au lecteur une idée générale du connaissances et d’information agricoles. contenu des modules et des questions qu’ils abordent. Les 10 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT questions relatives à des domaines non agricoles ou coordination et la poursuite d’une action collective à plurisectorielles considérées dans chaque module sont différents niveaux de la gouvernance au sein du SIA. également notées. Enseignement et formation agricoles à l’appui des systèmes d’innovation agricoles (Module 2). Renforcement des capacités d’innovation (modules 1-4) L’innovation agricole est la résultante des capacités, des ressources et des interactions de différents intervenants Pour qu’un système d’innovation soit efficace, il importe provenant d’une large gamme de domaines concernant de constituer et de renforcer les capacités des différents l’alimentation et l’agriculture. La capacité de générer de intervenants ; nombre de ces derniers acquerront dans une nouvelles idées, connaissances, technologies, procédures et mesure croissante un ensemble de compétences qui modes de collaboration est tributaire de l’existence d’un contribuent de manière particulière au SIA. S’il est très vaste éventail de compétences — non pas seulement les important d’améliorer les compétences techniques, ces compétences techniques, financières et administratives dernières doivent s’accompagner de compétences fonction- auxquelles on pense généralement, mais également des nelles parce que les nouveaux modes de fonctionnement au compétences complémentaires dans des domaines tels que sein d’un SIA exigent, outre une large gamme de qualifi- l’entreprenariat, la facilitation, le règlement des conflits, les cations scientifiques, techniques, administratives et communications, les dispositions contractuelles et les entrepreneuriales, des capacités de travail en partenariat, de droits de la propriété intellectuelle. Les instituts de négociation, d’établissement de consensus et d’apprentissage. recherche universitaires et autres instituts de formation doivent se repositionner de manière à acquérir et à pouvoir Coordination et action collective à l’appui de inculquer ces compétences. Les fonctions essentielles de la l’innovation agricole (Module 1). La coordination et recherche, de l’enseignement, de la vulgarisation et de la l’organisation des parties prenantes peut contribuer à la commercialisation doivent être beaucoup plus étroitement réalisation de nombreux objectifs, comme le renforcement intégrées. Le module 2 examine les démarches visant à de la cohérence et l’établissement de priorités par voie de recadrer l’enseignement et la formation agricoles pour leur consensus, l’amélioration du partage des connaissances et permettre de mieux répondre aux besoins d’un ensemble des ressources, le resserrement de la collaboration dans le diversifié d’intervenants du SIA. Les exemples et les leçons cadre de processus et de la génération de produits décrivent les processus de réforme à long terme, les modifi- conjoints, la réduction des coûts de transaction et cations des programmes, les modalités de formation de l’obtention d’économies d’échelle dans le cadre des techniciens ainsi que la formation en cours d’emploi. activités de vulgarisation et de marché. En l’absence d’orga- nisations (ou de médiateurs) s’employant à remédier aux Investissements dans les services de vulgarisation déséquilibres sociaux et aux problèmes associés aux et de conseil dans le cadre des systèmes d’inno- ressources et aux coûts de transaction, les perspectives de vation agricoles (Module 3). Le processus d’innovation participer au processus et au système d’innovation sont repose fondamentalement sur l’amélioration du partage du limitées, en particulier pour les populations pauvres. Des savoir et de l’utilisation des informations et des connais- plates-formes efficaces facilitent l’organisation de parties sances disponibles pour procéder aux modifications prenantes possédant différents actifs, différentes connais- souhaitées. Les services de vulgarisation et de conseil sances et ayant différentes expériences. peuvent servir de points de liaison pour l’échange d’infor- Le module 1 examine les capacités et les ressources mations et de services qui permettent d’appliquer les nécessaires pour organiser et coordonner les parties connaissances ; ils se trouvent ainsi en mesure de faciliter prenantes, en présentant des exemples résultant d’efforts les processus faisant intervenir de multiples parties antérieurs et en en tirant les leçons. Les domaines d’inves- prenantes et de leur fournir un appui. Le module 3 décrit tissement correspondants concernent les organismes de les principes fondamentaux de la mise en place de services coordination de l’innovation (qui peuvent être de conseil pluralistes tirés par la demande (y compris les d’envergure nationale, plurisectorielle ou ne concerner aspects techniques, entrepreneuriaux et organisationnels de que le secteur agricole), les associations ou réseaux ce processus) qui permettent de fournir un soutien à la constitués au niveau des secteurs ou des branches clientèle hétérogène qui constitue un SIA. Le module d’activité, les organisations de producteurs, les alliances examine aussi les investissements nécessaires pour appuyer de production et les groupes d’auto-assistance formés l’évolution du rôle des systèmes de conseil au sein d’un pour promouvoir l’innovation. Diverses politiques et SIA, et notamment la fourniture de services de conseil et de institutions sont également nécessaires pour appuyer la médiation axés sur le marché. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 11 La recherche agricole dans un SIA (Module 4). Les aux entreprises (fourniture de fonds d’innovation, de systèmes de recherche agricole produisent de nouvelles capital-risque et autres ressources nécessaires pour connaissances et, par conséquent, des produits, des services constituer et maintenir des partenariats novateurs) ; et à la et des pratiques de gestion sources de gains de productivité. formation de pôles, qui permettent aux parties prenantes Replacer la recherche agricole au sein d’un SIA contribue à d’un sous-secteur ou d’une chaîne de valeur de bénéficier améliorer la performance des systèmes de recherche en leur d’économies d’échelle, de leur proximité géographique et permettant de mieux correspondre à la demande, de former d’investissements publics complémentaires. des partenariats institutionnels internationaux et nationaux plus efficaces et mieux différenciés et de s’intégrer dans une plus large mesure au marché. Le module 4 présente des Création d’un environnement porteur directives sur la manière d’améliorer l’efficacité des pour l’innovation agricole (Module 6) opérations des systèmes de recherche dans trois contextes d’innovation (économies à vocation agricole, économies en Les agriculteurs et les entrepreneurs ne prendront pas le transition et économies urbanisées). Il examine les investis- risque d’innover dans des conditions défavorables. Les sements consacrés à des mécanismes permettant d’exprimer chercheurs n’entreprendront pas d’activités de longue la demande et d’établir des interfaces avec d’autres durée qui ne cadrent pas avec le système réglementaire intervenants (par exemple dans le cadre de conceptions (par exemple, ils ne mettront pas au point des processus conjointes, de plateformes d’innovation, d’alliances et de novateurs de sélection des plantes s’ils ne peuvent pas consortiums, et par le biais du transfert de technologie et de protéger la propriété intellectuelle qui en résulte). Dans la commercialisation), en prêtant plus particulièrement bien des cas, l’innovation et le développement des attention aux possibilités offertes par les partenariats public- entreprises ne peuvent se produire en l’absence d’investis- privé et les systèmes d’innovation régionaux. Le module sements complémentaires créant un cadre porteur. Le présente également des informations très détaillées sur les module 6 examine le rôle de la politique d’innovation et incitations et les instruments nécessaires au succès des des mécanismes de gouvernance, des cadres réglementaires réformes des systèmes de recherche. (établis pour assurer la qualité et la sécurité, le respect de la propriété intellectuelle et la biosécurité), et le dévelop- pement de marchés pour promouvoir l’innovation Incitations et ressources à l’appui de partenariats agricole. Il décrit également les investissements (par novateurs et du développement des entreprises exemple dans l’infrastructure ou les services financiers) (Module 5) qui permettent de créer des synergies avec d’autres instruments tels que les fonds d’innovation. Étant donné L’évolution économique entraîne la transformation des les ressources limitées et le grand nombre d’options, il connaissances en biens et services dans le cadre de importe d’établir avec grand soin l’ordre de priorité et de partenariats et d’entreprises commerciales. L’existence de réalisation des investissements dans un cadre porteur. solides liens entre les connaissances et le développement des entreprises sont une indication de la vitalité d’un SIA. Il est souvent nécessaire de fournir des incitations Analyse, établissement des priorités, suivi et évaluation appropriées aux partenariats constitués pour assurer le des investissements dans les systèmes d’innovation développement des entreprises afin de les amener à établir agricole (Module 7) ces liens, et en particulier faire participer le secteur privé à la R-D, au transfert de technologies et à la poursuite ll importe que les investissements dans les SIA soient d’activités commerciales conjointes (avec les producteurs). adaptés au contexte et à la phase de développement du pays Le module 5 présente les leçons de l’expérience et donne considéré et de son secteur agricole, en particulier le SIA. Il des exemples de nombreuses interventions qui pourraient est souhaitable de procéder par étapes parce qu’il est rare de être menées pour promouvoir la contribution du secteur pouvoir disposer de ressources humaines et financières privé à l’innovation, que ce soit sous la forme de optimales. Il est aussi probable que l’échelle des opérations prestations de services, de la commercialisation de techno- sera très variable et qu’elle pourra aller de zones localisées logies ou d’autres innovations de nature commerciale (par jusqu’au niveau sous-sectoriel ou même national. Il faut le biais d’un soutien aux entreprises). Le module décrit les donc examiner, établir les priorités, l’ordre de réalisation et principaux instruments nécessaires à la fourniture d’un adapter les investissements aux besoins, aux défis et aux appui à la commercialisation des technologies (mise en ressources. place de bureaux de transfert des technologies, centres Pour pouvoir identifier et concevoir des interventions d’incubation et technopôles) ; à l’octroi d’un soutien adaptées, il faut commencer par bien comprendre le niveau 12 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT de développement ainsi que les points forts et les points nombreuses questions « non agricoles » ont un impact sur faibles du SIA. Il est possible d’évaluer la situation d’un SIA l’agriculture et l’innovation. Ces questions recouvrent et ses besoins essentiels de plusieurs manières et à plusieurs notamment les finances rurales, le développement des niveaux. Le module 7 examine et présente les leçons tirées entreprises, les politiques d’innovation et la gouvernance de l’expérience, et donne des exemples d’instruments dans le domaine de l’innovation. permettant d’évaluer les SIA, notamment les cadres des Le guide aborde trois grands thèmes plurisectoriels — SIA, les évaluations organisationnelles, NetMap et les les rôles du secteur public et du secteur privé, le analyses de référence. changement climatique et la parité homme-femme — L’ordre de priorité des investissements est fondé sur les chaque fois que cela est pertinent (et lorsque des exemples besoins recensés, mais leur établissement est également un sont disponibles). Ces questions sont décrites en termes processus politique qui donne lieu à des négociations succincts dans l’encadré O.7. devant déboucher sur un consensus. Les activités de cadrage et les consultations peuvent aider les parties prenantes à aboutir à une conception commune des LE GUIDE EST UN DOCUMENT ÉVOLUTIF objectifs et des problèmes et à identifier les besoins particuliers, les opportunités et les interventions priori- Les modules du guide reflètent, dans la mesure du possible, taires. Dans l’idéal, il faudrait que divers groupes de parties les connaissances et les orientations actuelles des investis- prenantes, à l’intérieur et à l’extérieur du secteur, sements à l’appui du système d’innovation dans participent à ces processus par le biais de plates-formes, de l’agriculture. Ils sont l’aboutissement des compétences comités, d’alliances, et d’activités d’établissement de spécialisées de leurs auteurs, des connaissances des experts scénarios et d’analyses prospectives. des thèmes qu’ils couvrent, et des examens d’experts Il est essentiel de procéder au suivi et à l’évaluation d’un chevronnés. D’importantes lacunes persistent toutefois, et de SIA pour mener des analyses et établir les priorités, car ces nouveaux savoirs, qui sont actuellement en voie de activités produisent des informations sur les impacts et les conception ou à l’essai, se constitueront. Par exemple, les changements. Les innovations, notamment technologiques, méthodes d’examen des impacts et les bonnes pratiques de institutionnelles et stratégiques, étant générées dans le suivi et d’évaluation dans le cadre d’un SIA sont deux cadre des interactions entre les réseaux de parties prenantes domaines dans lesquels il importe d’accroître considéra- dans un processus d’innovation, il importe que les blement le volume des connaissances. Les versions opérations de suivi et d’évaluation donnent lieu à des ultérieures de ce guide bénéficieront également de la prise en analyses quantifiables (des avantages économiques, des compte de nouveaux exemples d’investissements intégrés gains de productivité, etc.) et non quantifiables (de menés dans le cadre d’un SIA pour renforcer les capacités l’apprentissage pratique, des réorganisations institution- d’innovation dans des domaines connexes tels que l’ensei- nelles, du renforcement des capacités, etc.). gnement, la recherche, les services de conseil et la médiation. Ce module examine les méthodes, traditionnelles ou Ce guide est conçu de manière à être un document non, qui aident les praticiens à analyser et comprendre les évolutif, ouvert au dialogue et à de nouvelles approches processus d’apprentissage, les changements institutionnels, créatrices de l’innovation et du développement agricoles. l’évolution des capacités et les autres réalisations et à Bien qu’il soit publié, il réside principalement en ligne inclure les différentes parties prenantes dans le processus (www.worldbank.org/ard/ais), et sera mis à jour et élargi au de suivi et d’évaluation. fur et à mesure que de nouvelles expériences seront acquises et que de nouvelles approches et initiatives seront conçues. Les auteurs encouragent fortement les lecteurs à Questions sortant du domaine agricole mettre à jour et à vérifier les informations qui sont et plurisectorielles présentées et à faire part de leurs commentaires. Les lecteurs sont également encouragés à adapter les principaux Bien que le guide se concentre sur l’innovation dans l’agri- principes et les directives pertinentes dans le cadre de leurs culture, il s’appuie sur l’expérience et les enseignements projets et programmes agricoles particuliers — et de d’autres secteurs, en grande partie parce que de très diffuser largement les résultats obtenus. PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 13 Encadré O.7 Thèmes plurisectoriels abordés dans le guide Les rôles du secteur public et du secteur privé. Le secteur des approches inclusives et efficaces pour diffuser les public devrait continuer d’être un important connaissances et promouvoir leur adoption), afin de prestataire et/ou source de financement de la R-D, de recenser et formuler des solutions adaptées qui l’enseignement et des services de vulgarisation dans les contribuent à l’adaptation, à l’atténuation et à une pays en développement, où 94 % des investissements croissance verte. Les modules décrivent les méthodes dans la R-D agricole sont encore financés par l’État institutionnelles qui sont propices à la conception et à (Banque mondiale 2007b). Toutefois, sachant que les l’adoption de solutions intelligentes sur le plan marchés déterminent maintenant l’essentiel du climatique. programme de la R-D agricole et que de nouveaux Parité homme-femme. La démarche du SIA fait intervenants jouent un rôle plus important dans l’agri- valoir que la diversité, l’inclusion et les approches culture, quel doit alors être le rôle du secteur public ? participatives sont essentielles à la constitution du Chaque module examine les rôles joués par le secteur capital social de qualité nécessaire à des systèmes public et par le secteur privé dans le but d’apporter une d’innovation solides et durables. Elle prend en compte réponse à cette question. les nombreux intervenants tout au long de la chaîne de Changement climatique et croissance verte. valeur ; les diverses formes organisationnelles qui L’adaptation et l’atténuation du changement permettent de faciliter l’enseignement, la recherche et climatique sont des objectifs essentiels d’un système de les systèmes de vulgarisation ; et les pratiques, attitudes connaissances agricoles. Il est nécessaire de procéder à et politiques dans le cadre desquelles s’opèrent la des innovations techniques et organisationnelles (par production et le commerce agricole. Chaque module exemple, en employant des technologies vertes et examine les questions de parité homme-femme dans le intelligentes sur le plan climatique, tout en poursuivant contexte d’exemples et/ou d’interventions stratégiques. Peru: CIP-Papa Andina. http://papandina.cip.cgiar.org/ NOTE fileadmin/PMCA/User-Guide.pdf. Freeman, C. 1987. Technology Policy and Economic 1. 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PRÉSENTATION GÉNÉRALE ET GUIDE DE L’UTILISATEUR 15 MODULE 1 Coordination et action collective à l’appui de l’innovation agricole P R É S E N TAT I O N G É N É R A L E Javier Ekboir, Initiative pour l’apprentissage et le changement institutionnel (ILAC) Riikka Rajalahti, Banque mondiale RÉSUMÉ ANALYTIQUE coordination sont difficiles à mettre en œuvre pour les mêmes raisons que celles qui font obstacle à la poursuite L es intervenants d’un système d’innovation agricole d’une action collective : les comportements opportunistes ; (SIA) innovent non pas de manière isolée mais dans le manque de confiance, d’incitations et de capacités ; et les le cadre d’interactions avec d’autres intervenants — difficultés que posent la définition et l’application de agriculteurs, entreprises, organisations de producteurs, règles. Les interactions et la coordination dans le cadre des chercheurs, institutions financières et organismes publics systèmes d’innovation des pays en développement sont — et dans leur environnement socioéconomique. En également contrecarrées par des marchés fragmentés, des d’autres termes, l’innovation agricole est un phénomène régimes technologiques différents, des cultures qui ne d’organisation influencé par les comportements privilégient pas la collaboration, des incitations inadaptées, individuels et collectifs, les capacités d’innovation et des circuits d’information inadéquats et des capacités l’existence de conditions propices. Les interactions, la d’innovation insuffisantes. coordination et l’action collective reposent avant tout Des interactions, une coordination et une action sur les capacités des intervenants à déterminer les collective efficaces reposent sur les capacités existantes, opportunités d’innovation, à évaluer les défis qui se posent des incitations adéquates et la responsabilisation des et à obtenir accès au capital social, humain et financier personnes ; elles sont donc l’aboutissement d’actions nécessaire à l’innovation, à l’acquisition de connaissances volontaires. La coordination et les interactions peuvent et à l’échange d’informations. Une meilleure coordination s’effectuer de manière spontanée ou être le fait de peut améliorer la conception et la mise en œuvre de programmes publics ou privés. Pour être efficace, la coordi- politiques de l’innovation en permettant à davantage nation nécessite : 1) un leadership déterminé et capable ; d’intervenants d’exprimer leurs besoins et leurs préoccu- 2) des incitations adéquates ; 3) un environnement porteur, pations et, par conséquent, en donnant lieu à la dans le cadre duquel les principales parties prenantes qui formulation de stratégies plus inclusives et à la diffusion coordonnent leurs activités ont la mission, la culture et la plus rapide des innovations. Le renforcement des liberté requises pour participer ; 4) des programmes interactions et de la coordination peut également d’appui stable ; 5) des efforts de renforcement des capacités encourager tous les intervenants d’un système d’inno- d’innovation et d’action collective ; et 6) une adaptation des vation, en particulier les organismes publics de recherche organismes publics leur permettant de participer de et de vulgarisation, à être mieux à l’écoute les uns des manière constructive au processus d’innovation. L’examen autres et à mieux répondre aux besoins et aux préoccu- des différentes innovations organisationnelles (comités ou pations de tous, en particulier ceux des ménages les plus conseils, plateformes ou réseaux et associations diverses) pauvres. Malgré ces avantages, les interactions et la dans le cadre de ce module montre que de nombreuses 17 innovations ne donnent pas lieu à une planification mondiale 2006). Ces comportements dépendent, quant à préalable approfondie ; elles résultent, en fait, de l’adap- eux, des capacités individuelles et collectives des différents tation de structures organisationnelles par suite de intervenants, de leur culture1, des incitations, des modes de l’apparition de nouveaux problèmes ou de nouvelles fonctionnement et de l’environnement (Ekboir et al. 2009). opportunités. Il montre aussi que le processus d’adaptation L’importance des interactions, de la coordination et de la est guidé par des personnes créatives et déterminées et poursuite d’une action collective dans le cadre des systèmes qu’un environnement porteur permet aux organisations d’innovation est reconnue depuis plus de 20 ans (Freeman d’évoluer. 1987 ; Lundvall 1992 ; Nelson 1993). Les participants à un SIA recherchent tous, par le biais de leurs interactions et de leur traitement collectif des problèmes, à mieux déterminer RAISONS D’INVESTIR DANS DES EFFORTS les opportunités d’innovation et les problèmes qu’elle peut DE COORDINATION ET LA POURSUITE rencontrer ; à démultiplier l’impact de leurs ressources D’UNE ACTION COLLECTIVE À L’APPUI humaines et financières ; à recueillir et partager des DE L’INNOVATION informations ; et (manifestement) à obtenir des avantages économiques et/ou sociaux. Les interactions et la coordi- De nombreux intervenants d’un SIA, notamment les nation peuvent également améliorer la conception et agriculteurs, les entreprises, les organisations de l’application des politiques d’innovation en permettant à producteurs, les chercheurs, les institutions financières un plus grand nombre d’intervenants d’exprimer leurs et les organismes publics, produisent et diffusent des besoins et leurs préoccupations, ce qui se traduit par la innovations. Ils n’innovent pas indépendamment les uns formulation de politiques plus inclusives et la diffusion plus des autres ; leurs innovations naissent des interactions rapide des innovations2. Le renforcement des interactions qu’ils ont entre eux et avec leur environnement socioéco- et de la coordination peut également encourager tous les nomique. Ces interactions revêtent différentes formes : il intervenants d’un système d’innovation, en particulier les peut s’agir de consultations visant à définir des politiques organismes publics de recherche et de vulgarisation, à être de l’innovation, de travaux de recherche concertés, de la mieux à l’écoute les uns des autres et à chercher à répondre participation à des réseaux d’innovation et des chaînes de aux besoins et aux préoccupations de tous, en particulier valeur ou de leur animation (encadré 1.1). On s’accorde de ceux des ménages pauvres disposant de peu de ressources. plus en plus à reconnaître que l’innovation agricole est L’encadré 1.2 montre les avantages résultant des un phénomène d’organisation influencé par les compor- interactions dans le cadre d’alliances d’apprentissage (voir tements des individus et de la collectivité (Banque également le DAI 4 du module 4). Les avantages plus Encadré 1.1 Principaux termes et expressions employés dans ce module Réseau d’innovation. Groupe d’intervenants divers qui formelle ou informelle. La collaboration peut revêtir mettent à disposition de manière volontaire leurs diverses formes, telles que de fréquents échanges connaissances et d’autres ressources (financements, d’informations, la détermination concertée des matériels et terrains) dans le but de concevoir conjoin- priorités concernant les stratégies et les programmes et tement ou d’améliorer un processus social ou l’exécution conjointe de projets d’innovation. économique ou un produit. Ces réseaux sont Médiateurs d’innovation. Équipes de spécialistes également appelés plateformes d’innovations. alliant une solide formation scientifique à des connais- Organisation d’agriculteurs. Organisation formée sances dans les domaines de l’entreprise et de la uniquement d’agriculteurs recherchant des solutions à commercialisation et/ou de la création de réseaux des problèmes de production ou de commercialisation. d’innovation. Les médiateurs d’innovation sont Chaîne de valeur. Ensemble d’activités interdépen- également appelés agents de changement ou dantes poursuivies par différents intervenants et médiateurs de technologie. organisées par une entreprise pour produire et Capacités d’innovation. Compétences requises pour commercialiser un bien. constituer et intégrer les ressources internes et externes Organisation. Groupe d’agents collaborant pendant nécessaires pour régler des problèmes ou saisir des une période prolongée. Une organisation peut-être opportunités. Source : Auteur. 18 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 1.2 Contribution des alliances d’apprentissage au renforcement des interactions et à l’amélioration des capacités d’innovation en Amérique centrale Une alliance d’apprentissage est une approche basée niveau d’organisations travaillant avec 33 000 ménages sur des processus facilitant la création commune de ruraux en El Salvador, au Guatemala, au Honduras et connaissances par différents intervenants. Les alliances au Nicaragua en modifiant sensiblement les attitudes d’apprentissage contribuent à l’amélioration des et les pratiques de ses partenaires. En renforçant réalisations au plan du développement parce que les leurs relations, les organisations travaillant dans des leçons sont plus facilement recensées et assimilées et domaines similaires ont aussi amélioré leur accès à parce que les liens plus étroits forgés entre les l’information et aux connaissances en matière de organismes de recherche et les autres intervenants du développement des entreprises rurales ainsi qu’à de SIA permettent de mettre davantage l’accent sur les meilleures méthodes et outils. Les attitudes ont évolué pratiques de recherche et de développement. pour privilégier la collaboration plutôt que la Depuis 2003, différentes organisations interna- concurrence. Les partenaires ont vu comment travailler tionales et organisations non gouvernementales de concert leur permettait d’accroître leur capacité à (ONG) locales, une université nationale, le Centre fournir des services aux communautés rurales et à international d’agriculture tropicale (CIAT) et le attirer des financements de bailleurs. L’efficacité accrue Centre de recherche pour le développement interna- des projets des partenaires et la conception de tional (CRDI) déploient des efforts concertés pour nouveaux projets plus stratégiques témoignent de déterminer comment une alliance d’apprentissage peut l’amélioration des pratiques de développement et de améliorer les liens entre les intervenants dans le la gestion des connaissances. Cette transformation domaine de la recherche et du développement. a contribué à accroître l’efficacité du système Cette alliance travaille directement avec 25 entités d’innovation grâce à l’utilisation et à la production partenaires et, par l’intermédiaire de leurs réseaux, a d’informations, à la poursuite de programmes un impact sur 116 autres organisations. Au cours conjoints de renforcement des capacités et à la réalisa- des années, elle a favorisé des transformations au tion en collaboration de projets de grande envergure. Source : Auteur, sur la base de CIAT 2010. Note : CIAT = Centro Internacional de Agricultura Tropical. généraux d’ordre économique, social et environnemental I Réduire le coût de la recherche et de l’utilisation que procurent les investissements dans la coordination, d’informations techniques et commerciales, faciliter les interactions et la poursuite d’une action collective à l’identification de nouvelles opportunités et de nouveaux l’appui de l’innovation agricole et du renforcement des besoins techniques, sociaux et économiques, faciliter capacités organisationnelles sont récapitulés dans les l’expérimentation de différentes options, ouvrir des sections qui suivent. débouchés, et développer des capacités concurrentielles. I Améliorer l’intégration dans les réseaux d’innovation. I Développer de nouvelles qualifications et mieux utiliser Promotion de la croissance économique les ressources humaines, sociales, physiques et financières et, par conséquent, favoriser la croissance Les intervenants qui ont des relations influentes et de économique. solides capacités d’innovation contribuent à réduire les I Participer à la formulation et à la diffusion d’inno- problèmes de coordination entre partenaires éventuels, à vations, et notamment de projets de recherche-action et créer le climat de confiance nécessaire à la poursuite de nouvelles approches de la vulgarisation. d’efforts en collaboration, à renforcer les capacités d’inno- vation et à acquérir une meilleure compréhension des besoins et des capacités des autres participants au SIA, en Production de biens publics particulier les groupes marginalisés. La coordination des actions d’intervenants plus capables présente d’autres Les personnes et les organisations dotées de compétences avantages économiques, en contribuant à : d’animation et/ou médiation (c’est-à-dire ayant la capacité MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 19 de promouvoir des interactions) produisent trois biens diversité facilite l’accès à un vaste ensemble d’informations publics importants. Premièrement, en établissant des liens techniques, la mise en œuvre de programmes participatifs entre les intervenants du secteur public, du secteur privé et et de recherche-action ainsi que la poursuite d’activités de du secteur sans but lucratif, elles facilitent l’identification diffusion efficaces (notamment les activités de vulgarisation des nouvelles tendances et améliorent le dialogue sur entre agriculteurs) et d’une action collective pour la gestion l’action à mener ainsi que la conception et la mise en œuvre des ressources communes. Les personnes et organisations de politiques de l’innovation et de politiques agricoles aux dotées de compétences d’animation et/ou de médiation plans mondial et national. Deuxièmement, en intensifiant particulières peuvent également contribuer à exprimer les les interactions avec les chercheurs, elles aident ces derniers besoins environnementaux dont les politiques nationales à produire des informations scientifiques plus pertinentes. font souvent abstraction. Ces besoins sont souvent liés à la Troisièmement, en entretenant des rapports avec les réduction de la pauvreté parce que les ménages pauvres organismes de vulgarisation, elles peuvent aider ces vivent généralement dans des environnements défavorables derniers à devenir plus réceptifs aux besoins des et fragiles. intervenants n’appartenant pas au secteur public et à utiliser les informations techniques et commerciales et, par conséquent, à renforcer leurs capacités d’innovation. CONTENU DU MODULE Le module commence par une analyse détaillée de l’expé- Réduction de la pauvreté rience acquise dans le cadre de la coordination et de la promotion d’une action collective à l’appui de l’innovation Les ménages pauvres ont généralement des ressources (par exemple par l’intermédiaire d’organisations et/ou humaines, sociales, physiques et financières limitées d’agents de coordination formels et informels), puis décrit (Neven et al. 2009). Les personnes et les organisations les conditions, les incitations et les instruments de coordi- dotées de compétences d’animation et/ou de médiation nation et examine les manières de renforcer les capacités peuvent aider ces ménages à regrouper les ressources d’innovation de groupes d’intervenants dans un SIA. Il limitées dont ils disposent, voire même les regrouper avec passe également rapidement en revue certaines questions celles d’autres intervenants (par exemple des ONG ou des essentielles relevant de l’action publique ; les nouvelles supermarchés) pour réaliser des économies d’échelle, orientations et priorités et les indicateurs qui peuvent pénétrer sur de nouveaux marchés ou obtenir accès à de faciliter le suivi des progrès et l’évaluation des résultats nouvelles ressources, telles que des informations produits par les investissements dans les efforts d’inter- techniques ou des crédits (Banque mondiale 2006). Bien action et de coordination ; et les conditions et capacités qui que les organisations d’agriculteurs semblent avoir un améliorent les chances de succès. impact direct relativement faible sur la pauvreté (voir les NT 2 et 4), elles peuvent avoir des effets indirects importants en favorisant la croissance économique, en LEÇONS DE L’EXPÉRIENCE créant des emplois, en empêchant les acheteurs de dégager des profits aux dépens des fournisseurs, en renforçant les Malgré les avantages qu’elles procurent, les interactions et capacités d’innovation et en protégeant les groupes la coordination se heurtent aux mêmes obstacles que marginalisés (telles que les femmes ou les agriculteurs sans l’action collective : les comportements opportunistes ; le terre) d’une plus grande marginalisation (voir, par manque de confiance, d’incitation et de capacité ; et la exemple, les DAI 4 et 6). Elles peuvent également négocier difficulté que présentent l’établissement et l’application de avec les autorités au nom de leurs membres, pour accroître règles. Les interactions et la coordination dans les systèmes le volume des ressources publiques investies dans des d’innovation des pays en développement sont également programmes de réduction de la pauvreté et dans des compromises par la fragmentation des marchés, la mesures antidiscriminatoires. diversité des régimes technologiques, l’absence d’esprit de collaboration, les carences des incitations, les défaillances des circuits de communication et l’insuffisance des Amélioration des résultats environnementaux capacités d’innovation. Il s’est avéré difficile d’assurer des interactions durables, Les innovations qui permettent d’utiliser plus durablement en particulier entre les instituts de recherche et les instituts les ressources naturelles sont généralement mises au point d’enseignement qui ont un rôle important à jouer pour et diffusées par des réseaux composés de différents faciliter l’accès à l’information scientifique, générer des partenaires ayant des capacités diverses (DAI 1). Cette informations nécessaires mais encore inexistantes, et 20 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT préparer des cadres dotés de solides compétences dans différentes parties prenantes en vue de l’examen des des domaines nécessaires aux intervenants qui innovent3. politiques de l’innovation. Pour jouer ce rôle, les chercheurs doivent développer de Les résultats des interactions, de la coordination et des multiples interactions avec d’autres intervenants du actions collectives dépendent des capacités disponibles, de système d’innovation. Si, depuis quelques années, des l’offre d’incitations adaptées et aussi de la possibilité qu’ont pressions sont exercées sur les universités et les instituts de les individus de peser sur les décisions ; ils sont donc recherche publics des pays en développement pour qu’ils l’aboutissement d’une action déterminée6. Parce que la mettent leurs efforts au service des autres parties prenantes poursuite d’interactions utiles et l’existence d’un climat du système d’innovation, peu de ces organismes ont réussi de confiance ne sont que rarement des manifestations à s’adapter car ils n’ont ni les capacités ni les incitations spontanées, il est souvent nécessaire de renforcer les nécessaires pour collaborer avec des acteurs non universi- capacités d’innovation pour faciliter le processus. taires, ils ont des capacités de recherche limitées et ils L’encadré 1.3 énumère les facteurs essentiels à des résistent au changement (Ekboir et al. 2009; Davis, Ekboir interactions et une coordination productives. et Spielman 2008)4,5. La plupart des agriculteurs et des ONG n’ont eux aussi que des rapports limités avec les administrations et les organismes publics, notamment les Instruments et incitations appuyant les interactions, organismes traditionnels de recherche, de vulgarisation et la coordination et l’organisation des intervenants de réglementation, ainsi qu’avec les autorités locales et les en vue de la poursuite d’innovations agricoles organismes de financement. Les sections qui suivent examinent les principaux L’efficacité de la coordination et de l’organisation des éléments déterminant l’efficacité des interactions, de la intervenants en vue de la poursuite d’innovations agricoles coordination et des actions collectives, en commençant par peut bénéficier du recours à différents instruments, les conditions qui doivent être remplies et les instruments notamment le renforcement des capacités d’innovation et incitations nécessaires à des interactions et une coordi- (NT 4) ; la poursuite d’exercices conjoints d’établissement nation productives. Elles décrivent les principaux types des priorités ou de prévisions technologiques (NT 1), la d’organisations et d’organes de coordination, et analysent mise en œuvre de programmes communs de recherche la nécessité impérative de doter les organismes existants et/ou d’innovation, le déploiement d’efforts pour et ceux qui se créent de capacités d’innovation et encourager la création de plateformes d’innovation d’organisation. (module 4, NT 1 et 2) et de chaînes de valeur (NT 3), la constitution de capital-risque (module 5, NT 6) et l’appui à la mise en place de médiateurs d’innovation (module 3, Conditions favorisant des interactions productives NT 4). Les conseils d’innovation et les comités consultatifs et une bonne coordination des activités auxquels participent différents ministères peuvent des intervenants en l’appui d’une action collective coordonner leurs politiques, établir conjointement leurs et de l’innovation agricole priorités et mener des exercices de prévision techno- logique ; leur action est souvent complétée par des Les efforts d’interaction et de coordination à l’appui d’une mécanismes de consultation temporaires des parties action collective et de l’innovation agricole ne peuvent prenantes (voir le module 7, NT 3). Les forums d’inno- produire de résultats que si les participants au SIA : vation et les informations sur les marchés et les 1) comprennent que les avantages qu’ils peuvent tirer de la technologies peuvent aider les intervenants à forger des participation à un effort commun sont supérieurs aux visions communes et, par conséquent, promouvoir la coûts de cette participation ; 2) disposent de ressources coordination. humaines et sociales suffisantes pour participer à une Si elles ne fournissent pas d’incitations adéquates aux action collective ; et 3) estiment qu’ils peuvent influer sur organisations et, surtout, aux individus, les initiatives de les processus auxquels ils participent. Des efforts d’inter- coordination débouchent sur des interactions formelles qui action et de coordination peuvent être entrepris de manière n’ont que peu d’effet sur le SIA. Les individus répondent spontanée. Une chaîne de valeur efficace, dans le cadre de aux incitations qui leur sont offertes. Lorsque les organi- laquelle les intervenants collaborent (souvent en l’absence sations ne proposent pas d’incitations à l’appui d’efforts de contrat formel) pour amener un produit particulier sur externes de collaboration et de coordination, leurs un marché, est un exemple de coordination spontanée. membres (qu’il s’agisse des chercheurs, des employés ou La coordination peut également résulter d’interactions des agriculteurs) poursuivent simplement leurs activités délibérées, notamment dans le cadre de forums réunissant comme à l’accoutumée. Il est, par exemple, très difficile aux MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 21 Encadré 1.3 Facteurs essentiels à des interactions et à la coordination à l’appui de l’innovation agricole Toute innovation résulte d’une combinaison inédite de rarement de payer pour des services qui sont, au départ, ressources, en particulier d’idées, de qualifications, d’infor- difficiles à définir et dont la valeur effective ne peut être mations, de différents types de capacités, d’apprentissage et de déterminée qu’une fois l’intervention achevée. Il faut donc connaissances interorganisationnelles, et d’actifs spécialisés. lever des fonds publics pour fournir un soutien aux coordi- Les innovations organisationnelles sont aussi importantes que nateurs des processus d’innovation et à la mise en œuvre les innovations concernant des produits ou des processus. d’innovations institutionnelles et organisationnelles. Des personnes ou des organisations peuvent faciliter I Pour amener les intervenants à modifier leurs compor- l’échange de ressources et la coordination d’actions pour tements, il peut être nécessaire de modifier les lois et les concevoir des innovations. Ce processus, qui réunit des réglementations. Étant donné les incertitudes qui caracté- intervenants hétérogènes, peut accroître la diversité des risent les processus d’innovation, il importe de ne ressources et des idées disponibles. Plus les facteurs auxquels procéder à de telles modifications qu’après avoir procédé à ont accès les innovateurs sont nombreux, plus ces derniers des essais dans le cadre de projets pilotes et que lorsque les peuvent les combiner de différentes manières, pour produire différents intervenants (entreprises privées, organismes de des innovations qui peuvent être à la fois plus complexes et recherche publique, et parties prenantes pertinentes telles plus perfectionnées. Mais variété n’est pas synonyme d’effi- que les principaux ministères, les organes de réglemen- cacité en matière d’innovation. Il est aussi nécessaire d’avoir tation et les ONG) ont participé à la conception des les incitations et les capacités de chercher parmi toutes les politiques, aux consultations en la matière, à l’établis- idées proposées, et de savoir comment associer ces dernières. sement des stratégies et à leur mise en œuvre. Il est En d’autres termes, les incitations et les capacités d’innovation également important d’investir dans la préparation déterminent la manière dont les intervenants innovent. d’informations de haute qualité à l’appui du processus de La coordination à l’appui de l’innovation est efficace prise de décision, notamment dans le cadre de rapports lorsque : 1) un leadership déterminé et capable encourage la d’information établis par des spécialistes et des groupes de collaboration ; 2) une organisation offre des incitations réflexion nationaux et internationaux, des dialogues adaptées (souvent nouvelles, positives ou négatives), aux menés au niveau sectoriel entre employeurs et syndicats agents des organisations qui coopèrent avec elle (chercheurs d’employés, et de comités directeurs de haut niveau (voir ou agriculteurs, par exemple) ; 3) les parties prenantes le module 6 et les NT 1 et 2). principales qui coordonnent leurs activités ont le mandat, I Les interactions et la coordination exigent une gestion l’état d’esprit et la liberté de participer; et 4) les personnes adaptative qui aide les participants à un processus à participant aux efforts de collaboration ne changent pas modifier leurs comportements au fur et à mesure que de fréquemment (la rotation des hauts responsables de la nouveaux intervenants se joignent à l’organisation fonction publique est un problème relativement courant). informelle et que le processus d’innovation devient D’autres facteurs sont également essentiels aux mature. Une gestion adaptative ne peut être réalisée en interactions et à la coopération : l’absence de systèmes de suivi et d’évaluation qui mettent plus l’accent sur les processus que sur les résultats. I La poursuite d’interactions et la coopération sont assorties I De nombreuses institutions publiques de recherche et d’un certain coût et ne sont pas aisées ; il importe donc de d’enseignement supérieur des pays en développement sont gérer ces processus en ayant une idée claire des réalisations dotées de programmes d’incubation visant à promouvoir escomptées et des coûts correspondants. la création d’entreprises privées et d’autres organisations. I Les interactions et la collaboration ne produisent de Avant d’étendre la portée de ces programmes, il est résultats que si elles sont fondées sur la confiance, laquelle important d’évaluer leur capacité à gérer les programmes renforce l’engagement des participants, un plus grand d’innovation et, si cette capacité s’avère limitée, il faut partage des connaissances et de meilleurs processus de envisager de créer de nouveaux organismes spécialisés, qui règlement des différends. ne rentrent pas nécessairement dans le cadre du secteur I Des animateurs déterminés, capables et autonomes sont public. Il importe également d’examiner la possibilité essentiels au lancement d’un effort de collaboration. Les d’abandonner les systèmes et institutions obsolètes. animateurs et les collaborateurs qui ont beaucoup de I Les « défaillances systémiques » sont nombreuses ; elles connections attirent de nouveaux agents prometteurs dans tiennent à l’insuffisance des incitations à la collaboration, le réseau et travaillent avec une large gamme de à des cultures organisationnelles qui n’ont pas le goût partenaires, en les exposant à une plus large somme du risque, au manque de confiance entre partenaires d’expériences, à des compétences plus diverses et à de potentiels, à des réglementations et des programmes nouvelles opportunités. Dans les secteurs d’activité en qui font obstacle aux interactions et aux carences rapide évolution, les animateurs dépourvus de telles des financements de l’innovation. Lorsqu’ils réduisent connections ne peuvent pas suivre le mouvement. l’ampleur de ces défaillances, les animateurs ou les I Les animateurs ne peuvent travailler de manière efficace collaborateurs favorisent la poursuite d’une action que lorsqu’ils disposent de sources de financement collective, la production de biens publics à l’appui de durables et stables. Les intervenants privés acceptent l’innovation et la conception d’innovations. Sources : Auteurs, sur la base de Fountain 1999 ; Axelrod et Cohen 1999 ; Hakansson et Ford 2002 ; Fagerberg 2005 ; Powell et Grodal 2005 ; Klerkx et Leeuwis 2009 ; Klerkx, Aarts et Leeuwis 2010. 22 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT institutions de recherche et d’enseignement des pays en intervenants pour leur permettre d’améliorer la recherche développement de participer aux processus d’innovation. et l’utilisation d’informations techniques et commerciales. L’intégration productive de personnes n’appartenant pas Enfin, parce que les innovateurs et les médiateurs ne au monde universitaire dans les organes directeurs des peuvent pas innover dans un environnement défavorable, il institutions de recherche peut inciter celles-ci à améliorer importe de mettre en place des infrastructures physiques et leurs interactions avec des agents en dehors de la sphère de communication, de renforcer les institutions et de revoir universitaire. Pour aboutir à ce résultat, il faut que ces périodiquement les réglementations pour les adapter aux derniers comprennent bien la dynamique de l’innovation et nouvelles technologies et aux besoins du marché (voir le de la recherche (Ekboir et al. 2009). Lorsque les instituts de module 6, qui examine en quoi consiste un environnement technologie agricole font partie du ministère de porteur d’un SIA). l’Agriculture et que ce dernier n’a guère d’interactions et de liens formels avec les bureaux chargés des politiques générales en matière d’innovation et de sciences (conseils Catégories d’organes de coordination pour la recherche ou autres ministères), les politiques et d’organisations du SIA d’innovation et de recherche agricoles peuvent être totalement isolées des autres politiques scientifiques et Mis à part les activités de coordination habituelles des technologiques. Cette séparation a deux conséquences ministères de l’Agriculture, l’innovation agricole bénéficie importantes. Premièrement, les incitations offertes aux des apports d’une large gamme d’organes de coordination. chercheurs découragent souvent la poursuite d’interactions Ces derniers et d’autres catégories d’agents dont les activités avec les agriculteurs, en particulier lorsque les incitations ont trait à l’organisation (individus ou organismes) en question privilégient la publication scientifique par prennent de plus en plus d’importance en raison des enjeux rapport à la participation à des processus d’innovation. de la mondialisation, de l’apparition de nouvelles techno- Deuxièmement, les incitations à l’innovation sont souvent logies, de la complexité accrue des sciences, des nouvelles conçues de telle manière que les agriculteurs ne peuvent pas formes d’innovation et de questions de portée mondiale en bénéficier. Par exemple, les autorités proposent telles que le changement climatique, l’accès à l’eau potable et fréquemment des incitations fiscales à l’investissement la réduction de la pauvreté. Ces organismes n’opèrent pas privé dans la recherche et l’éducation mais, pour la plupart nécessairement dans le cadre du secteur public mais ils ont des agriculteurs et des petites entreprises, les abattements souvent des liens avec les échelons les plus élevés des fiscaux proposés sont trop faibles pour leur permettre de administrations publiques (coordination verticale). Les financer des projets de recherche ou d’innovation. interactions et la coordination sont de plus en plus Au niveau macro, les politiques peuvent être formulées favorisées et appuyées par différents intervenants au niveau de manière à faciliter la coordination en établissant de spécifique auquel elles prennent place. Pratiquement tout nouvelles incitations et de nouvelles règles régissant les intervenant peut coordonner un processus d’innovation s’il activités des intervenants. Aux autres niveaux du SIA, pour a les ressources humaines, financières et sociales nécessaires. produire des résultats, la coordination des intervenants Au cours des années, des structures formelles et exige des capacités d’innovation (examinées ci-après) ainsi informelles coordonnant les actions des intervenants à un que des incitations adéquates, tels que de réels débouchés niveau particulier du SIA ou entre différents niveaux de ce (qui ouvrent des possibilités de bénéficier des innovations) dernier se sont constituées dans presque tous les pays. Il est et des fonds d’innovation (voir le module 5, NT 2). Aux de plus en plus admis que des structures informelles (par niveaux inférieurs, les intervenants du SIA coordonnent exemple des réseaux d’innovation ou des chaînes de leurs actions par suite d’incitations publiques (par exemple valeur)7 sont d’importantes sources d’innovation parce des programmes sociaux financés par des bailleurs locaux qu’elles complètent les organisations formelles et forgent ou internationaux), d’éventuels débouchés (comme l’agri- des liens avec ces dernières par le biais d’un vaste réseau de culture à forte valeur ajoutée) ou de problèmes qui relations personnelles (Hakansson et Ford 2002 ; Robinson touchent l’ensemble de la communauté (comme la gestion et Flora 2003 ; Christensen, Anthony et Roth 2004 ; des ressources naturelles). Les programmes conçus pour Vuylsteke et van Huylenbroeck 2008). promouvoir la collaboration à ces niveaux donnent lieu, Les organismes formels, une entreprise ou un conseil notamment, au financement de médiateurs d’innovation national de la recherche par exemple, sont dotés d’une (voir le module 3, NT 4), d’agents de vulgarisation et structure de direction définie dans leurs statuts ou d’incubateurs ; à la promotion de la constitution de réseaux règlements. Les structures spécialisées formelles poursuivant d’innovation (NT 2) ; à la fourniture de ressources à l’appui des programmes déterminés ne garantissent toutefois pas d’activités de coordination (par exemple des réunions une coordination efficace des parties prenantes. Les organi- face-à-face) et au renforcement des capacités des sations informelles n’ont pas de structure formelle mais elles MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 23 possèdent toutes les autres caractéristiques des organisations, l’Afrique du Sud, le Chili, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et notamment une culture commune et des codes de la Thaïlande) ont, de même, mis en place des conseils des communication, des structures de gouvernance, des sciences et technologies ou d’autres organisations, qui incitations et des modes de fonctionnement établis. Les peuvent comprendre des organismes de recherche publics organisations informelles ont des coordinateurs ou des et privés, des entreprises privées, des organismes de leaders (Simon 1981) issus des dynamiques internes de financement, des organisations sectorielles ou des organi- l’organisation, jouissent de la solidité relative des partenaires sations de producteurs, dans le but de promouvoir et opèrent dans un environnement socioéconomique. Par résolument la coordination du système d’innovation9. exemple, les petits agriculteurs qui négocient avec les Une note thématique (module 6, NT 2) examine plus en acheteurs sont en position d’infériorité, mais ils peuvent détail le rôle de la gouvernance du système d’innovation, en améliorer leur pouvoir de négociation en s’organisant, même présentant des exemples et des directives concernant les si leur organisation n’a pas de statut juridique. En l’absence intervenants, les structures (par exemple, les conseils) et les d’une telle organisation, ce sont les acheteurs qui ont la capacités nécessaires pour assurer une bonne gouvernance. direction de la chaîne de valeur ; lorsqu’ils sont organisés, les L’encadré 1.4 examine le cas de l’Agence nationale pour agriculteurs peuvent avoir plus d’influence (Hellin, Lundy et l’innovation en Thaïlande et donne des exemples des Meijer 2009). difficultés, des objectifs, de l’évolution des fonctions et de Il est possible de renforcer les interactions et la coordi- l’acquisition de connaissances liées à la gouvernance du nation en créant de nouvelles organisations ou en renforçant système d’innovation. les organisations existantes (se reporter à l’examen du renfor- cement des capacités d’innovation). Ces deux démarches NIVEAU MESO (SECTORIEL, RÉGIONAL OU PROVINCIAL). Au posent des problèmes différents. Le tableau 1.1 récapitule les niveau du SIA, la gouvernance s’améliore par suite de la principales catégories d’organes et/ou d’organismes de création de forums formels mais productifs de dialogue à coordination opérant à différents niveaux du SIA. Étant différents niveaux, du renforcement des organisations et donné la diversité de ces entités, des instruments et des rôles des capacités des intervenants et de l’amélioration des qu’elles jouent8 (qui sera examiné ci-après), il est important réglementations formelles et informelles (régime des droits que les responsables de l’action publique au plus haut niveau, de la propriété intellectuelle, système judiciaire, douanes et par exemple les ministres ou les bailleurs de fonds, évitent — marchés) de manière à réduire les coûts de transactions dans la mesure du possible — d’imposer des démarches associés aux interactions et à la collaboration. Ces systèmes particulières et qu’ils permettent aux intéressés jouant un de gouvernance visent généralement à accroître la partici- rôle de catalyseur de rechercher les meilleurs instruments pation des parties prenantes, des producteurs aux pour appuyer les processus particuliers qu’ils coordonnent. consommateurs ; à renforcer la transparence et l’ouverture au niveau de la prise de décisions concernant les NIVEAU MACRO (NATIONAL). Plusieurs pays ont entrepris financements et les priorités ; à améliorer la réactivité et la d’améliorer la gouvernance générale du système d’inno- responsabilisation envers les parties prenantes ; à aider à vation au niveau national. La gouvernance s’entend des forger des consensus et à assurer la cohérence des mécanismes par lesquels les décisions sont prises au sein politiques, des stratégies et des activités ; et à définir une d’une organisation, qu’elle soit publique, privée ou sans but vision stratégique (Hartwich, Alex-aki et Baptista 2007). lucratif. Elle a plusieurs dimensions, telles que pouvoirs, La majeure partie des efforts déployés pour coordonner culture, incitations, leadership et coordination. Dans le l’innovation aux plus hauts niveaux du secteur agricole ont cadre de la gouvernance d’un système d’innovation essentiellement donné lieu à la mise en place de structures national, une attention particulière est portée aux systèmes faîtières remplissant les fonctions de conseils de la recherche et aux modes de fixation des priorités et des programmes, à formels. Dans plusieurs pays — parmi lesquels l’Australie, la conception et à l’exécution des stratégies et à l’obtention le Brésil, le Ghana, l’Inde (encadré 1.11 de la NT 1) et le d’informations sur leur impact. Certains pays développés Mexique — ces conseils de la recherche ou forums formels (comme la Finlande et la République de Corée) ont établi aident les pouvoirs publics à concevoir et à mettre en œuvre des conseils nationaux des sciences et/ou de l’innovation au les politiques de recherche agricole, à définir les priorités niveau le plus élevé possible. Ces conseils font participer des et les programmes, à coordonner la division du travail ; ministres (notamment le premier ministre et le ministre des à gérer une grande partie des budgets publics des Finances) et des représentants des universités, d’organismes programmes de recherche, de suivi et d’évaluation des publics de recherche et des entreprises à la formulation de travaux et, souvent, à coordonner les activités et à établir de directives sur l’action à mener et ils facilitent le maintien de meilleurs liens entre les organismes de recherche et de la cohérence, la recherche de consensus et la coordination vulgarisation agricoles du secteur public. La recherche peut des actions au sein du système. Plusieurs pays (comme également être coordonnée au niveau régional (le DAI 5 24 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Tableau 1.1 Exemples d’organes de coordination, de leurs participants potentiels et des niveaux auxquels ils opèrent Participants aux efforts Structure de coordination Type de coordination Pays Exemples d’organes de coordination Niveau macro (national) Conseils des ministres ou Ministères, conseils scientifiques, Spontanée lorsque les Canada, Finlande, Conseil pour la recherche et l’innovation, Finlande, comités consultatifs auprès entités publiques, entreprises intervenants suivent Rép. de Corée http://www.aka.fi/en-gb/A7Science-in-society/ du président ou de ministres privées, organisations les règles ; formelle Strategic-Centres-for-Science-Technology-and- (par le biais des politiques d’agriculteurs, ONG lorsque les ministères Innovation/Background-to-CSTIs/; Agence nationale et réglementations) coordonnent la pour l’innovation, Thaïlande, www.nia.org.th formulation de l’action à mener Commissions pour les Organismes de recherche publics Formelle et informelle Afrique du Sud, Brésil, Chili, Consejo Nacional de Ciencia y Tecnología, Mexico, sciences et l’innovation et privés, entreprises privées, États-Unis, Finlande, Inde, http://www.conacyt.gob.mx/Paginas/default.aspx organismes de financement, Mexique, Union organisations sectorielles et européenne d’agriculteurs Niveau meso (sectoriel, régional ou provincial) Commissions des sciences/ Essentiellement publics, mais les Formelle et informelle Australie, Autriche, Indian Council of Agricultural Research, www.icar.org.in ; de la recherche agricoles types de commissions plus Bangladesh, Inde, Consortium d’Amérique latine et des Caraïbes pour récents s’assurent la participation Norvège, Pays-Bas le soutien à la recherche et développement sur le du secteur public, du secteur manioc ; Australia Rural Research and Development privé, des agriculteurs, de la Council, www.daff.gov.au/ agriculture-food/ société civile innovation/council; Bioconnect, Pays-Bas, www.bioconnect.nl Organes de coordination Organismes de recherche publics et Formelle et informelle Argentine, Australie, Chili, Asociación Argentina de Productores de Siembra (pour plusieurs secteurs privés, entreprises privées, Mexique, Pays-Bas, Directa, www.aapresid.org.ar; Fundación para la ou spécifiquement pour le organismes de financement, Royaume-Uni, Thaïlande Innovación Agraria, Chile, www.fia.cl; Medicinal Herbs secteur agricole) organisations sectorielles et Board/Association, Inde d’agriculteurs Niveau micro (agriculteurs) Réseaux d’innovation Entreprises privées, agriculteurs, Informelle Tous les pays Papa Andina, Centre international de la pomme de terre, organisations d’agriculteurs, ONG, www.papandina.org ; Bioconnect, Pays-Bas, organismes de financement, www.bioconnect.nl chercheurs Chaînes de valeur Entreprises privées, agriculteurs, Informelle Tous les pays Nombreux exemples ; aucun cas particulier indiqué ici organisations d’agriculteurs, ONG Organisations de commer- Entreprises privées, agriculteurs, Formelle Colombie, Israël, Kenya, Federación Nacional de Cafeteros de Colombia, cialisation de produits organisations d’agriculteurs Nouvelle-Zélande www.cafedecolombia.com; Fresh Produce Exporters Association of Kenya, www.fpeak.org Partenariats public-privé Entreprises privées, agriculteurs, Formelle Presque tous les pays Bioceres, Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria, organisations d’agriculteurs, Argentina; http://www.bioceres.com.ar/ organismes de recherche trigo_biointa/trigo_b _regalias.html Parcs d’innovation Entreprises privées, organismes de Formelle et informelle Presque tous les pays Waikato Innovation Park, Nouvelle-Zélande, recherche www.innovationwaikato.co.nz Incubateurs Entreprises privées, agriculteurs, Formelle et informelle Presque tous les pays Institut international de recherche sur les cultures des MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE organisations d’agriculteurs, zones tropicales semi-arides, Agribusiness Incubator, organismes de recherche Inde, www.agri-sciencepark.icrisat.org 25 Source : Auteurs. Encadré 1.4 L’Agence nationale pour l’innovation en Thaïlande En Thaïlande, la National Innovation Agency (NIA — des mesures visant à renforcer la cohérence des Agence nationale pour L’innovation), qui a été politiques suivies par les différents ministères, son constituée en 2003, appuie la conception d’innovations portefeuille indique qu’elle fait davantage porter ses dans le but d’accroître la compétitivité du pays et efforts sur l’octroi de subventions discrètes et accorde une grande attention aux sciences agricoles et masquées au titre des innovations dans les biologiques. Placée sous la direction stratégique entreprises. générale du ministère des Sciences et Technologies, la NIA avait, en 2009, un budget de l’ordre de Le rôle avéré de la NIA consiste à « coordonner des 10,8 millions de dollars. La NIA se distingue de la groupements industriels sur le plan stratégique et plupart des agences par le fait qu’elle fournit opérationnel, promouvoir une culture d’innovation et directement un appui financier à des entreprises renforcer les systèmes d’innovation dans le but plus privées pour des projets liées à l’innovation. En 2009, général de faire de la Thaïlande une économie pilotée elle a apporté son soutien à 98 « projets d’innovation » par l’innovation », ce qui pose un problème car ce rôle lancés par des entreprises privées. L’agence partage semble faire double emploi avec celui du Bureau des fondamentalement les risques d’investissement associés sciences technologie et de l’innovation (Office of à des opérations novatrices axées sur la recherche de Science, Technology, and Innovation — STI), du connaissances par le biais de mécanismes techniques et Conseil national pour le développement économique financiers. Ses principales stratégies consistent à : et social (National Economic and Social Development Board), de l’Agence nationale pour le développement I Améliorer les capacités d’innovation, en mettant des sciences et technologies (National Science and l’accent sur les bio-entreprises, l’énergie et l’envi- Technology Development Agency), et du Bureau pour ronnement ainsi que sur la conception et une la promotion des PME (Office for SME Promotion). Il stratégie d’image. La NIA encourage le lancement de importe, à cet égard, de souligner le fait que les nouvelles entreprises et appuie la commercialisation pouvoirs publics ont chargé le bureau des STI, et non la des travaux de recherche. NIA, de formuler la politique de la Thaïlande en I Promouvoir une culture d’innovation au sein des matière de science, de technologie et d’innovation pour organisations de tous types. La NIA offre un cours de gestion de l’innovation destiné aux cadres les 10 prochaines années. En 2010, un décret de l’État a de direction, organise des concours nationaux modifié le statut de la NIA qui a cessé d’être un projet d’innovation, a mis en place un système d’ambas- relevant du ministère des Sciences et Technologies pour sadeurs pour l’innovation, un service d’acquisition devenir une organisation publique. Son nouveau d’innovations et un bureau de licences conseil d’administration se compose de représentants technologiques. de grands organismes publics ainsi que du secteur I Renforcer le système national d’innovation. Bien que privé et est actuellement présidé par le directeur la NIA soit dans une position idéale pour proposer général de la Bangkok Bank. Sources : Wyn Ellis, communication personnelle ; NIA, www.nia.or.th ; Brimble et Doner 2007; Intarakumnerd, Chairatana et Tangchitpiboon 2002. donne un exemple concernant le manioc). L’efficacité de ces la manière dont les travaux de recherche sont menés. Pour conseils varie toutefois fortement. Beaucoup d’entre eux ne de plus amples détails, voir la NT 1. représentent qu’une petite fraction des parties prenantes, Les commissions nationales d’innovation et de puisqu’ils se composent essentiellement de représentants recherche agricoles prédominent et il existe peu de des ministères ou de chercheurs, et l’ordre des priorités « vraies » commissions pour l’innovation agricole ayant qu’ils établissent pour les travaux de recherche ne résulte pour mission de coordonner les investissements dans pas nécessairement d’un processus de consultations et ne l’innovation agricole et d’établir leur ordre de priorité. Les s’appuie pas non plus toujours sur des faits rigoureux. Ils exceptions notables sont, notamment, l’Agriculture and ont souvent peu d’influence sur le processus stratégique et Rural Development Council en Australie (Conseil de 26 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 1.5 Association kényane des exportateurs de produits frais : organe de coordination sectorielle L’horticulture est le sous-secteur agricole qui se organismes de certification, les fournisseurs de développe le plus rapidement au Kenya, et a généré facteurs de production tels que les fournisseurs de environ un milliard de dollars en 2010. L’association des semences, les fabricants de conditionnements, les exportateurs kényans de produits frais, Fresh Produce sociétés chimiques et les entreprises de dédouanement Exporters Association of Kenya (FPEAK), constituée en et d’expédition. 1975, est la plus grande association commerciale En quoi consistent les objectifs stratégiques et les représentant les producteurs, les exportateurs et les activités de FPEAK ? prestataires de services du sous-secteur (fleurs coupées, fruits et légumes). FPEAK fait partie du Conseil kényan I La FPEAK a formulé et applique les normes pour l’horticulture (Kenya Horticulture Council) régissant les bonnes pratiques agricoles kényanes constitué en 2007 par sa fusion avec le Kenya Flower (Kenya-GAP) qui servent de base aux audits et à Council. Le Conseil a pour mission d’accroître la certification des producteurs, après avoir tenu l’efficacité et l’efficience de l’utilisation des ressources et de vastes consultations avec les parties prenantes. de la prestation de services horticoles au Kenya. I Les services d’information de la FPEAK diffusent FPEAK joue le rôle de centre de liaison et de coordi- des nouvelles sur les questions techniques, le nation pour les entreprises d’exportation horticoles. commerce, les réglementations officielles et les Partenaire agréé des principaux organismes de normes en vigueur sur les marchés. recherche, de législation et de certification agricoles et I La FPEAK reçoit les demandes commerciales du développement au Kenya, elle diffuse des émanant d’acheteurs étrangers et les transmet à ses informations techniques et commerciales et assure des membres. services de formation, remplit les fonctions de centre I La FPEAK propose des programmes de formation d’information et poursuit des programmes actifs de par des spécialistes. Par exemple, les producteurs, mobilisation et de sensibilisation pour renforcer la y compris les petits agriculteurs, suivent des compétitivité du secteur. formations portant sur les bonnes pratiques agricoles Structure de FPEAK. La FPEAK a le statut de société à (GAP) et le respect des normes, en partenariat avec responsabilité limitée par garantie. Ses administrateurs, des exportateurs membres de l’association. qui sont élus, sont des membres actifs des opérations I Les agronomes de la FPEAK se rendent dans les d’exportation. Son secrétariat assure les fonctions exploitations et sur les sites de production des administratives et fournit des services aux membres de membres de l’association qui le leur demandent, pour l’Association. La FPEAK opère indépendamment de ses leur fournir des conseils sur les mesures à prendre afin partenaires, qui lui fournissent un appui. d’assurer le respect des normes, en particulier celles de Qui peut en être membre ? Pour devenir membre Kenya-GAP et de GLOBAL GAP (normes volontaires ordinaire, un exportateur doit être en activité depuis pour la certification des produits agricoles). six mois. Les entreprises et/ou personnes fournissant I La FPEAK coordonne la participation des membres des services dans ce secteur d’activités peuvent à des manifestations commerciales et évaluent les devenir membres affiliés. Sont compris dans cette nouveaux marchés. catégorie les compagnies aériennes, les consultants, les Source : FPEAK, www.fpeak.org. développement agricole et rural ; encadré 1.10 dans la des produits, tels que l’association kényane des exportateurs NT 1) et la Fundación para la Innovación Agraria au Chili de produits frais (Fresh Produce Exporters Association of (FIA, Fondation pour l’innovation agricole ; DAI 3). Kenya) (encadré 1.5) et la Fédération colombienne de Étant donné que peu de pays sont dotés de conseils planteurs de café, ou encore des fondations gérées par les nationaux qui ont pour mission précise de coordonner les agriculteurs comme les fondations mexicaines établies pour intervenants du SIA, les innovations agricoles sont, pour différents produits (DAI 2). l’essentiel, coordonnées au niveau sous-sectoriel par l’inter- Les offices de commercialisation de produits ont été les médiaire de sociétés et d’associations de commercialisation premiers types d’organes de coordination établis dans un MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 27 Encadré 1.6 Inde : Conseil national de promotion des produits laitiers En 1965, le National Dairy Development Board I Créer des institutions coopératives autonomes et (NDDB) a été constitué par le parlement indien en gérées par des professionnels, soucieuses de tant qu’institution nationale gouvernée par un conseil répondre aux attentes économiques et sociales de d’administration dans le but de promouvoir, financer leurs membres, par le biais de programmes et appuyer des organisations laitières appartenant aux coopératifs de développement et de gouvernance, producteurs et contrôlées par ces derniers, et soutenir dans le but de renforcer les capacités des membres les politiques nationales conçues pour promouvoir principaux, des membres des comités de gestion, du leur croissance. Ses travaux et son champ d’action se personnel des sociétés coopératives villageoises et sont élargis dans le cadre du programme Operation des cadres et des administrateurs élus des unions Flood, qui a bénéficié d’un appui de la Banque de coopératives de producteurs laitiers. Les mondiale de 1970 à 1996. Le NDDB a confié le programmes de développement axés sur les femmes développement de l’industrie laitière aux producteurs et le leadership sont, à cet égard, une activité de lait et aux cadres qu’ils emploient pour gérer leurs fondamentale. coopératives. Il encourage aussi d’autres coopératives I Assurer une formation technique et professionnelle de produits et les branches d’activité connexes. Les dans les centres de démonstration et de formation pouvoirs publics ont chargé le NDDB de préparer un régionaux du NDDB, les centres de formation des plan national des produits laitiers permettant de unions et le Mansingh Institute of Technology. Les répondre à la demande qui, selon les projections, serait programmes sont destinés aux administrateurs, aux de l’ordre de 180 millions de tonnes de lait à l’horizon directeurs généraux, aux cadres de direction, au 2021–22. Ce plan est mis en œuvre avec l’appui de la personnel de terrain et aux agents des coopératives Banque mondiale. laitières. En 2009, les 1,3 million de coopératives laitières I Fournir une assistance technique et des services des villages indiens se sont fédérées pour former d’ingénierie de facteurs de production au profit 177 unions et 15 fédérations laitières, qui fournissent de clients tels que les unions et fédérations en moyenne 25,1 millions de litres de lait chaque jour. de coopératives de producteurs laitiers et de En 2010, 13,9 millions d’agriculteurs étaient membres producteurs d’oléagineux, l’administration centrale de coopératives laitières villageoises. Les principaux et les États fédérés. Les services proposés par les domaines d’intervention du NDDB consistent ingénieurs qualifiés de NDDB comprennent notamment à : l’installation et la normalisation d’usines laitières, de centres de refroidissement, de systèmes de vente automatique de lait en vrac, de centres d’engrais- I Appuyer les programmes de reproduction de bovins sement du bétail et d’infrastructures pour des et de buffles et de santé animale ainsi que la projets agroindustriels. recherche biotechnologique pour améliorer la productivité des opérations de production du lait. Le rôle de coordination du NDDB suscite des I Ajouter de la valeur en testant et en transférant les critiques. Bien qu’il renforce les coopératives laitières, technologies concernant les produits, les processus qui fournissent environ 70 % du lait traité commer- et les matériels ainsi que des services d’analyse des cialisé, il n’a pas amélioré la capacité du secteur laitier produits laitiers et d’échantillonnage de la qualité informel, basé sur les vendeurs villageois, qui produit du lait. environ 80 % du lait en Inde. Sources : http://www.nddb.org ; Rasheed Sulaiman, communication personnelle. grand nombre de pays développés et en développement et de définition généralement admise d’un office de commer- ont poursuivi leurs activités pendant de nombreuses cialisation. Il s’agit en règle générale d’organismes officiels décennies. À la suite de la vague de déréglementation des dans le cadre desquels différentes parties prenantes des années 80, de nombreux pays en développement ont aboli opérations de production, de transformation et de ou privatisé leurs offices de commercialisation, bien que commercialisation d’un produit examinent les questions plusieurs offices publics continuent d’exister. Il n’existe pas d’intérêt mutuel et, parfois, réglementent leurs activités. 28 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Ces offices peuvent également financer ou mettre en place des liens entre les acheteurs commerciaux et les organi- des services d’appui tel que la gestion des travaux de sations de producteurs, les petits producteurs ont accès recherche (que ce soit dans le cadre de leurs propres à des ressources cruciales pour atteindre des marchés instituts ou de contrats avec des chercheurs extérieurs), importants (DAI 6). mènent des campagnes de publicité génériques, et Les agriculteurs peuvent former des associations proposent des projets de loi concernant un produit. Dans régionales pour poursuivre des travaux de recherche certains cas, ils réglementent également la production. Les appliquée (comme les associations régionales de offices des produits sont des groupes d’organisations producteurs pratiquant une agriculture sans labour au diverses qui poursuivent une large gamme d’objectifs, ont Brésil, décrites dans le DAI 1), fournir des services, faire des structures différentes et s’attaquent à un éventail de pression sur les décideurs, ou influencer les programmes problèmes. On peut citer, à titre d’exemple, le National d’activité d’instituts de recherche publique (tels que les Dairy Development Board, en Inde (encadré 1.6), le New fondations mexicaines pour les produits décrites dans le Zealand Dairy Board, le Tea Board of Kenya, le Ghana DAI 2). Les organisations sectorielles qui facilitent l’accès Cocoa Board, et la Fédération colombienne des planteurs au marché à un grand nombre de petits agriculteurs en de café. établissant des normes, en fournissant une assistance technique et financière et en regroupant la production de NIVEAU MICRO (ORGANISATIONS D’AGRICULTEURS). Au niveau ces agriculteurs, assurent une autre forme courante de micro, les agriculteurs forment des organisations de coordination au niveau sous-sectoriel (NT 1). producteurs locaux ou rejoignent des entreprises privées et Les réseaux d’innovation sont des groupes d’intervenants d’autres intervenants dans des réseaux d’innovation et des (qui peuvent être des agriculteurs, des entreprises privées et chaînes de valeur. Les organisations d’agriculteurs ne éventuellement des chercheurs et des organisations de comptent parmi leurs membres que des producteurs producteurs) qui coordonnent volontairement leurs actions recherchant des solutions à des problèmes particuliers de et mettent en commun leurs connaissances et autres production ou de commercialisation (NT 4)10. La création ressources pour concevoir ou améliorer ensemble un de nouvelles organisations pour les petits agriculteurs, en produit ou un processus social ou économique. Les particulier de coopératives, a donné des résultats mitigés membres d’un réseau d’innovation changent souvent par (NT 2). Nombre de ces coopératives ont été mises en place suite de l’apparition de nouveaux enjeux et de nouvelles par des agents extérieurs tels que des ONG ou des instituts opportunités (voir la NT 2, en particulier en ce qui de recherche. Lorsqu’elles se sont heurtées à des problèmes concerne le réseau Papa Andina). En revanche, les chaînes financiers, elles ont, dans l’ensemble, reçu un appui supplé- de valeur sont des réseaux à vocation commerciale, dans le mentaire. Ce type d’intervention les a empêchés de se cadre desquels une partie prenante (un supermarché ou un rapprocher d’éventuels partenaires et, dans certains cas, des négociant, par exemple) « organise » et dirige la chaîne, marchés, et a engendré un cercle vicieux de dépendance dont les membres appartiennent à un groupe relativement envers les sources de financement (Hellin, Lundy et Meijer restreint et stable. Les avantages des chaînes de valeur 2009). De plus, les organisations poursuivant les objectifs résultent souvent de la formulation d’innovations organisa- de leurs fondateurs ou noyautées par les élites n’ont guère tionnelles (en particulier la coordination des intervenants servi les membres qu’elles étaient censées aider. Dans le long de la chaîne) qui permettent de créer modèles l’ensemble, les nouvelles organisations qui sont parvenues à d’activité (voir la NT 1 et le DAI 6). procurer des avantages à leurs membres sont essentiel- L’on s’accorde de plus en plus à reconnaître lement celles qui ont pu adapter leurs objectifs et leurs l’importance des médiateurs d’innovation. Ces derniers modes d’opération en fonction d’opportunités et de sont des équipes de spécialistes alliant une solide besoins imprévus, en particulier une évolution inattendue formation scientifique à des connaissances dans le des marchés et de la situation sociale ; qui ont réussi domaine de l’entreprise, de la commercialisation et/ou de à participer activement à des réseaux d’intervenants la création de réseaux d’innovation. Les médiateurs spécialisés ; et qui ont essayé plusieurs types de modalités d’innovation appuient la constitution de liens entre les institutionnelles et modes d’exploitation avant de trouver la parties prenantes d’un SIA et aident les organisations configuration qui leur permettait de s’acquitter au mieux d’agriculteurs et les entreprises privées à gérer des projets de leur mission (Ekboir et al. 2009 ; NT 4 et DAI 2) de recherche et d’innovation. Ils donnent des cours en La coordination des parties prenantes d’un SIA aux gestion de l’innovation, évaluent les capacités d’inno- niveaux meso et micro peut également bénéficier de la vation des intervenants, proposent des mesures pour constitution de groupes d’autoassistance tels que des renforcer celles-ci, et peuvent également fournir leur groupes d’agriculteurs (DAI 1 et 4). Grâce à la création appui durant la mise en œuvre de leurs recommandations. d’alliances rurales de production, qui permettent d’établir Ils peuvent également aider les pouvoirs publics et les MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 29 bailleurs de fonds à se doter de leurs propres capacités consistant à collaborer avec des sociétés étrangères d’agro- d’innovation et rechercher des instruments qui pourraient transformation et de commerce dans le but d’exposer le servir à promouvoir l’innovation. Des ONG, des presta- secteur agricole à différentes cultures d’entreprise et leur taires spécialisés de services ou des organismes publics donner accès à de nouveaux marchés s’est révélée très (notamment les institutions de recherche ou d’ensei- efficace. Une autre stratégie productive consiste à rendre gnement) peuvent assumer ce rôle. visite à d’autres innovateurs (locaux, nationaux ou étrangers), en particulier lorsque les visiteurs disposent de solides capacités d’innovation et que ces visites Renforcement des capacités d’innovation s’inscrivent dans un programme conçu pour assurer des des organisations et des organes de coordination échanges d’informations avec d’autres innovateurs locaux. Les plateformes virtuelles sont également un outil Il peut être plus facile de renforcer des organisations précieux lorsque les intervenants du SIA peuvent les existantes que d’en créer de nouvelles. Il est possible de utiliser. Les médiateurs d’innovation peuvent aider les resserrer les liens de collaboration en transformant les groupes marginalisés à se doter de ces capacités. parties prenantes pour qu’ils puissent mieux contribuer La constitution de capacités d’innovation est essentielle au processus innovation. Par exemple, la stratégie (encadré 1.1), que ce soit dans le cadre de nouvelles Encadré 1.7 Une entreprise traditionnelle dans un secteur mature se dote de capacités d’innovation Faire de l’innovation une compétence fondamentale à formés de membres de la direction se réunissant Whirlpool a exigé des efforts massifs et de vaste portée chaque mois, non seulement pour passer en revue les pendant plusieurs années, et notamment d’importantes idées et les projets, définir les objectifs et allouer les transformations au niveau de la responsabilisation et ressources mais aussi pour assurer la supervision de la formation des leaders, des valeurs culturelles, du processus systématique de renforcement des de l’allocation des ressources, de la gestion des capacités d’innovation. connaissances, des systèmes de récompenses et de I Organisation de grandes manifestations de reconnaissance du mérite, et de toute une gamme de communication appelée Journées de l’innovation, pratiques et de principes de gestion. dans le cadre desquelles les équipes d’innovations Quelques exemples de ces changements sont exposent leurs idées à d’autres agents de Whirlpool, indiqués ci-après : aux médias, et même à des analystes de Wall Street. Ces manifestations sont parfois organisées dans des I Nomination de vice-présidents de l’innovation au centres commerciaux situés à la périphérie de niveau mondial et aussi régional. grandes villes dans le but de solliciter les commen- I Création de vastes « équipes d’innovation » inter- taires et de trouver de nouvelles idées auprès des fonctionnelles dans chaque région, ayant pour consommateurs potentiels. seule mission de rechercher des idées totalement I Constitution d’une série d’indicateurs précis novatrices. permettant de mesurer systématiquement la I Mise en place d’un programme de formation à performance de la société en matière d’innovation l’échelle de la société, conçu pour développer l’esprit ainsi que les progrès accomplis dans le cadre des d’innovation et les compétences en ce domaine et les efforts menés pour intégrer pleinement l’innovation diffuser dans toute la société. dans les compétences de base. I Nomination de plus de 600 « mentors d’innovation » I Mise en place d’une infrastructure perfectionnée de à temps partiel et de 25 « consultants d’innovation » technologies de l’information (TI) appelée Innovation à plein temps jouant le rôle de conseillers E-Space, qui permet à tout le personnel de Whirlpool extrêmement qualifiés auprès de nouvelles équipes de participer aux efforts d’innovation et de suivre les de conception de projets dans le monde entier. progrès accomplis dans le cadre de ces activités dans I Création de « conseils de l’innovation » dans chaque l’ensemble de la société. région et dans chaque grand secteur d’activité, Source : Extrait de Skarzynski et Gibson 2008, 7. 30 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT organisations ou du renforcement d’organisations Il arrive souvent, toutefois, qu’un évènement extérieur existantes. Ces capacités dépendent à la fois des caractéris- ou quelques interventions fondamentales engendrent un tiques des individus (la créativité, par exemple) ou de cercle vertueux qui renforce les capacités d’innovation facteurs collectifs, tels que les mécanismes d’apprentissage (encadré 1.8). Ces capacités doivent être constituées au sein collectif et les cultures d’organisation. En d’autres termes, les d’organisations (organisations d’agriculteurs, organisations capacités d’innovation sont fonction non seulement de la de la société civile, entreprises privées) au niveau des participation de personnes novatrices mais aussi de caractéris- médiateurs d’innovation, dans les organismes d’appui tiques internes d’une organisation, en particulier son cadre (telles que les instituts de recherche des ministères) et dans incitatif, sa culture, la latitude qu’elle offre pour la poursuite un cadre porteur. Les programmes établis pour élargir le d’expériences, sa structure de coordination et son mode champ des capacités organisationnelles doivent être adaptés d’action collective (encadré 1.7). aux catégories d’intervenants, aux problèmes devant être Il n’est pas facile d’acquérir ou de renforcer les capacités résolus et aux environnements socioéconomiques et d’innovation et il faut, pour les développer, réaliser institutionnels. d’importants investissements et faire preuve d’un solide Il est particulièrement difficile de mettre en place des leadership pendant des périodes prolongées, comme l’a capacités organisationnelles pour plusieurs raisons. montré Whirlpool : la société, qui vendait au départ des Premièrement, les principaux facteurs qui déterminent ces appareils électroménagers sur des marchés matures s’est capacités ne sont pas bien compris. Deuxièmement, les transformée pour générer une série d’innovations majeures organisations sont des structures rigides (Christensen, qui ont permis de multiplier par 20 les revenus de la Anthony et Roth 2004), en particulier les organismes compagnie en seulement trois ans (encadré 1.7). Étant publics qui opèrent dans le cadre de la fonction publique. donné la complexité et l’ampleur des investissements requis Troisièmement, étant donné que les interventions menées pour poursuivre des interventions d’une telle ampleur, il pour constituer des capacités d’innovation doivent être est peu probable que beaucoup de pays et de bailleurs adaptées aux besoins particuliers de chaque organisation, la de fonds mettront en place des programmes de cette conception et l’exécution des projets réalisés pour atteindre envergure, en particulier à l’appui de l’innovation agricole, cet objectif doivent être assurées par des organismes qui est souvent générée par des réseaux d’intervenants — d’exécution qui possèdent, eux-mêmes, de solides capacités c’est-à-dire des organisations très peu hiérarchisées. d’innovation. Encadré 1.8 Actions menées pour constituer des capacités organisationnelles I Évaluation des principales organisations du SIA, en décideurs, les responsables des financements et les considérant au moins trois grandes questions : agents sur le terrain. chaque organisation est-elle nécessaire ? De quelles I Créer des forums auxquels participent différentes capacités a-t-elle besoin pour remplir sa mission ? Et parties prenantes pour examiner les politiques et les de quelle manière ces capacités peuvent-elles être programmes d’innovation. constituées. I Promouvoir l’instauration de médiateurs d’inno- I Adopter de nouvelles incitations pour permettre vation et l’adoption de nouveaux types d’inter- aux organisations existantes, en particulier aux actions à l’appui de l’innovation, par exemple universités et aux instituts de recherche publics, de des partenariats public-privé ou des réseaux mieux innover et de s’intégrer dans les réseaux d’innovation (module 3). d’innovation (voir les points suivants ainsi que les I Considérer de nouveaux modèles de vulgarisation modules 2 et 4). pour promouvoir l’innovation organisationnelle ■ Faire prendre conscience aux décideurs de (module 3). l’importance et de la nature des capacités organisa- I Appuyer les organisations s’efforçant de fournir tionnelles et de la nécessité de mener des efforts des services sous l’impulsion des agriculteurs, durables pour les constituer. notamment de recherche, de vulgarisation, de crédit ■ Établir des programmes de formation et de mentorat et de fourniture de facteurs de production dans les portant sur la gestion de l’innovation agricole ; zones rurales (module 3). adapter ces programmes aux besoins particuliers I Appuyer les échanges entre des organisations des principales parties prenantes, notamment les étrangères et intérieures. membres de la haute direction, les directeurs, les Source : Auteurs. MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 31 PRINCIPAUX ÉLÉMENTS STRATÉGIQUES innovations environnementales qui exigent une action collective, comme la gestion des ressources en eau ou Les principaux éléments stratégiques de l’organisation des des forêts. intervenants à l’appui de l’innovation — la nécessité Le secteur public (y compris l’administration centrale, d’assurer une coordination, de mener une action collective les administrations provinciales et locales) peut appuyer et de renforcer les capacités d’innovation — concernent les l’innovation : 1) en mettant en place un cadre institutionnel types d’institutions nécessaires pour promouvoir l’inno- propice à l’innovation (notamment les réglementations, les vation, le rôle des organisations participantes (y compris les services sanitaires et les régimes de la propriété intellec- réformes ou les mesures prises pour aider les organisations tuelle) ; 2) en finançant des programmes à l’appui de et les groupes marginalisés à davantage participer) et la l’innovation, qui soutiennent notamment la coordination viabilité des programmes d’innovation. des intervenants, la fourniture de capital-risque et les fonds providentiels, et le financement d’activités de recherche et de vulgarisation intégrées dans des programmes d’inno- Considérations institutionnelles et cadre porteur vation ; 3) en permettant aux innovateurs d’essayer de nouvelles démarches pour atteindre les objectifs du projet ; Un cadre porteur (module 6) est une condition nécessaire à et 4) en renforçant l’infrastructure, en particulier les une coordination efficace et est plus facile à mettre en place réseaux de transport et les instituts de recherche et de lorsque les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds et les vulgarisation publics. autres parties prenantes du SIA comprennent bien les Le secteur sans but lucratif devrait coordonner les processus d’innovation. Lorsque l’État ou des bailleurs de processus d’innovation qui offrent des possibilités aux fonds financent les processus, ils cherchent souvent à les groupes marginalisés et défendre leurs intérêts dans le cadre influencer ; les pouvoirs publics peuvent également être des dialogues sur l’action à mener. Les organismes publics réfractaires à négocier leurs politiques et leurs priorités avec peuvent se sentir menacés lorsque des intervenants n’appar- d’autres intervenants. Enfin, la coordination donne de tenant pas à la sphère publique prennent la direction des meilleurs résultats lorsque les lois, les réglementations et opérations de promotion de l’innovation et s’efforcent de les interventions des parties prenantes extérieures (en modifier la manière dont ils collaborent avec le SIA. Le particulier les pouvoirs publics et les bailleurs) facilitent la devoir de responsabilité sociale peut amener des transparence et la responsabilisation envers toutes les intervenants privés à créer des organisations pour parties prenantes au processus d’innovation. développer des innovations sans valeur commerciale, notamment des projets à l’appui d’objectifs environne- mentaux ou de réduction de la pauvreté, mais le secteur Rôles des secteurs privé et public et de la société civile public continuera d’assumer l’essentiel des responsabilités dans ces domaines. Le secteur privé est à l’origine de la majorité des innovations, et devrait conserver ce rôle à l’avenir (Fagerberg 2005). Il est probable qu’il continuera de piloter Réforme des institutions de recherche l’innovation, en particulier dans le cas de l’agriculture et d’enseignement commerciale, notamment en organisant des chaînes de valeur et en concevant de nouveaux matériels et facteurs de Étant donné l’inertie organisationnelle qui caractérise production agricoles. Pour innover, les entreprises privées les institutions publiques, les décideurs doivent prendre constituent des réseaux avec les agriculteurs, les négociants soin de déterminer s’ils doivent investir : 1) dans la et, parfois, de solides équipes de recherches (NT 1). En règle transformation d’organisations traditionnelles, 2) dans la générale, ces équipes sont basées dans les pays développés, fourniture d’un appui aux intervenants actuels, ou 3) dans mais quelques équipes performantes de pays en dévelop- la création de nouvelles institutions conçues pour pement participent également à ces efforts. Les instituts de compléter les institutions établies. La réforme des recherche et les services de vulgarisation publics organismes publics de recherche et d’enseignement doit coordonnent parfois, de manière exceptionnelle, l’appa- commencer par la définition des rôles que ces organismes rition de réseaux d’innovation. Le secteur privé ou des doivent jouer, sachant que d’autres institutions opérant ONG souples sont mieux équipés pour coordonner la dans le cadre du SIA fournissent des informations conception et la diffusion d’innovations techniques et techniques et scientifiques. Il importe de comprendre commerciales qui s’adaptent à l’évolution rapide des comment les institutions de recherche agricole du secteur conditions techniques ou économiques, telles que les public peuvent jouer un rôle complémentaire à celui des chaînes de valeur des produits à forte valeur ajoutée, ou des établissements privés poursuivant des travaux de recherche 32 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT et d’innovation (par exemple, une institution publique peut se heurtent souvent à l’opposition des fonctionnaires, des étudier des variétés de plantes relativement inconnues et politiciens, des intermédiaires ou d’agriculteurs plus riches concevoir de nouveaux matériels présentant des caractéris- qui craignent de voir leur pouvoir remis en cause (Banque tiques utiles que les entreprises privées de semences mondiale 2009). Des mesures antidiscriminatoires, peuvent alors utiliser dans le cadre de leur programme de renforcées par l’adoption de mesures dissuasives visant les multiplication). Une fois que les rôles ont été définis, il faut intervenants mieux nantis, contribuent à réduire les déterminer les ressources nécessaires pour remplir les disparités entre les sexes et les niveaux de revenus dans les nouvelles fonctions — en particulier les investissements organisations de coordination ; ces mesures peuvent dans le capital physique, humain et social — et établir des consister, notamment, à : plans pour obtenir ces ressources. Enfin, il importe d’offrir de nouvelles incitations pour encourager les gestionnaires I Promouvoir la création d’organisations de femmes et de et les chercheurs à mieux intégrer leurs activités dans les ménages pauvres, telles que celles constituées dans le processus d’innovation. Par exemple, les incitations ne cadre des programmes de microfinance. devraient pas privilégier la publication d’articles scienti- I Réserver des sièges aux conseils d’administration des fiques aux dépens de la poursuite d’interactions avec les organisations pour les représentants de groupes intervenants du SIA ou la production d’autres types de marginalisés et veiller à ce que les représentants aient résultats scientifiques, notamment de nouvelles recomman- les qualifications (niveau d’instruction, par exemple) dations agronomes ; elles devraient, en revanche, permettre nécessaires pour participer. Il est souvent nécessaire de aux chercheurs de mettre en place des programmes de renforcer les capacités pour empêcher les parties recherche à long terme. Une autre démarche consiste à prenantes les plus puissantes de saisir le contrôle des fournir des ressources et des incitations directement aux organismes de coordination (Banque mondiale 2009). chercheurs et aux professeurs enseignants en quête d’inno- I Promouvoir l’établissement de réseaux mettant l’accent vations pour leur permettre de se joindre à des réseaux sur des innovations adaptées aux populations margina- d’innovation. Cette manière de procéder est relativement lisées, par exemple les programmes d’agriculture sans similaire à celle qui donne lieu à l’octroi de fonds labour mise au point au Ghana (DAI 1) (Ekboir, Boa et directement aux chercheurs, qui peut avoir pour Dankyi 2002). conséquence inattendue de contourner les structures ■ De manière plus générale, intégrer de manière officielles d’allocation des ressources de leurs instituts. systématique des politiques et des fonctions de planifi- cation axées sur la parité homme-femme et les populations pauvres dans les administrations publiques, Considérations sociales et locales, les projets et les organisations, et ouvrir des services notamment de parité homme-femme et d’équité chargés des questions relatives aux femmes et aux agriculteurs défavorisés pour aider les praticiens à Parce que les capacités d’innovation, les actifs physiques intégrer systématiquement des mesures de démargi- et le pouvoir ne sont pas répartis de manière uniforme, nalisation dans la planification, l’établissement et les intervenants les mieux nantis peuvent tirer le plus de l’exécution des budgets. profit des opportunités qui se présentent. Dans les sociétés hiérarchiques qui imposent la participation des chefs de file sociaux aux activités de coordination, le renforcement Viabilité des programmes d’innovation de cette coordination peut conférer encore davantage de pouvoirs aux personnes ou groupes locaux dominants. Les efforts de coordination peuvent résulter d’une action Les conditions en vigueur localement, en particulier les spontanée de parties prenantes en réponse à un besoin ou à normes culturelles, influent également sur les efforts de des opportunités, ou bien de la poursuite de politiques et de coordination. Certaines cultures interdisent toute programmes publics particuliers. Il est plus facile de interaction entre certains groupes ethniques ; dans ce cas, renforcer des modalités de coordination en place depuis un il est peut-être moins efficace de forcer les parties prenantes certain temps car leur persistance implique que les parties à communiquer directement que de passer par des prenantes ont surmonté un grand nombre des obstacles intermédiaires. à l’action collective. Les organisations existantes, en Bien que la marginalisation sociale soit une caracté- particulier les organisations informelles, peuvent tirer ristique fondamentale de la pauvreté, il est difficile de grand profit de programmes qui renforcent leurs capacités créer et de maintenir des organismes de coordination et engendrent des relations avec d’autres intervenants comprenant des intervenants marginalisés, en particulier du SIA. Les formes de coordination imposées par des des femmes et des agriculteurs sans terre. Ces organisations partenaires extérieurs permettent généralement de disposer MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 33 de ressources plus importantes mais sont souvent moins la gouvernance doit revêtir certaines caractéristiques, parmi durables. Elles courent plus de risque de ne devenir que des lesquelles : structures formelles et de perdre leur autonomie et leur efficacité. Les taux d’échec des nouvelles organisations sont I La légitimité. Les intervenants stratégiques et les élevés parce qu’il est nécessaire que leurs règles soient démarches suivies dans le cadre des processus doivent définies et acceptées par la collectivité et dûment être adaptés et bénéficier d’une large adhésion pour appliquées. Dans certains cas, les coûts de transaction assurer la poursuite de la mission. associés à la mise en place d’une organisation sont I La cohérence. Les différents éléments de la politique de supérieurs aux avantages que celle-ci pourrait procurer, en l’innovation et des instruments connexes doivent bien particulier sur les marchés où les coûts de transaction sont s’articuler. peu élevés, tels que ceux des produits non différenciés ■ La stabilité. L’innovation nécessite des conditions, des (Hellin, Lundy et Meijer 2009). institutions et une politique suffisamment stables. Pour assurer la viabilité d’une organisation, les parties ■ Capacité d’adaptation. Étant donné que l’environnement prenantes doivent se doter de capacités organisationnelles de l’innovation et l’innovation elle-même évoluent sans et être incitées à contribuer à l’effort commun. Elles doivent cesse, les parties prenantes de la gouvernance doivent influencer de manière positive cette organisation et doivent pouvoir s’adapter. également tirer des avantages de leur participation. Dans ce ■ Aptitude à diriger et à donner des orientations. Il est cas, les parties prenantes investissent souvent leur capital également important que le système de gouvernance financier et politique pour assurer la poursuite des puisse fournir des orientations aux intervenants et guide programmes. Ce qui précède vaut non seulement pour les le système d’innovation dans son ensemble. Cette capacité nécessite le leadership et une attitude résolue organisations situées à la « base » du SIA (comme les des décideurs au plus haut niveau. organisations d’agriculteurs ou les chaînes de valeur) mais aussi pour les organisations qui s’efforcent de coordonner Il est possible d’améliorer la gouvernance du SIA en le SIA au niveau « supérieur » comme les commissions de créant des forums formels et productifs pour promouvoir le recherche ou les médiateurs d’innovation. dialogue à différents niveaux du système (local, sectoriel et national), en renforçant les organisations des parties NOUVELLES ORIENTATIONS, PRIORITÉS prenantes et leurs capacités, et en améliorant les réglemen- ET IMPÉRATIFS POUR LES INVESTISSEMENTS tations formelles et informelles qui réduisent les coûts de transaction (tels que les régimes des droits de la propriété intellectuelle, le système judiciaire, les douanes et les Comme on l’a vu plus précédemment, il est possible de marchés). Aux plus hauts niveaux du SIA, il importe coordonner l’innovation agricole en renforçant les organi- d’investir dans la mise en place et le renforcement d’organes sations existantes et leurs participants ou en mettant en de coordination de l’innovation agricole efficaces et place de nouvelles organisations et en réunissant de réactifs, par exemple des conseils de l’innovation et nouvelles parties prenantes. Ces différentes approches ont des organismes particuliers à certains sous-secteurs, qui pour dénominateur commun la nécessité d’établir un cadre peuvent contribuer à la détermination collective des incitatif, d’utiliser les instruments qui conviennent et de opportunités et des enjeux et à l’obtention et à l’allocation renforcer les capacités d’innovation et d’organisation. de ressources limitées au profit de domaines d’innovation Toutefois, comme il est très difficile d’assurer une collabo- fondamentaux (pour plus de détails se reporter à la NT 1). ration efficace entre innovateurs, il est probable que les Le DAI 5 décrit une démarche suivie à l’échelle régionale nouveaux types d’organisations auront besoin d’un appui, pour coordonner les participants à l’innovation dans le comme indiqué ci-après. sous-secteur du manioc, en particulier les chercheurs. Le DAI 3 examine le cas de la fondation pour l’innovation agricole (Fundación para la Innovación Agraria, FIA), qui Amélioration de la gouvernance du SIA est affiliée au ministère mais est dotée d’une structure de gouvernance indépendante, et qui coordonne et encourage Un certain nombre de facteurs compromettent l’efficacité l’innovation agricole au Chili. de la gouvernance d’un système d’innovation national11 en Les organisations d’agriculteurs et les entités sans but général et d’un SIA en particulier — en d’autres termes, ils lucratif rendent essentiellement compte à leurs fondateurs, compromettent l’effet maximum que peuvent avoir les dont les intérêts peuvent ne pas coïncider avec ceux des processus politiques compte tenu des ressources utilisées parties prenantes locales, en particulier les groupes (OCDE 2005). L’expérience montre, que pour être efficace, marginalisés comme les femmes ou les ménages ruraux 34 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT sans terre. Il est important de donner à ces groupes les capacités de ses partenaires potentiels. Il peut y avoir conflit moyens de se faire entendre au sein du SIA. Il est possible, à d’intérêts lorsque les exigences des sources de financement cette fin, d’adopter des modalités permettant d’assurer une ne coïncident pas avec les besoins des autres intervenants bonne gouvernance et la responsabilisation ou de donner du SIA. Verser aux utilisateurs les fonds nécessaires pour aux gestionnaires et aux membres une formation portant régler les services de médiation peut contribuer à réduire ce sur les rôles respectifs qu’il doit jouer au sein de leur conflit, mais il importe alors de mettre en place des organisation et du SIA. Il est également important de contrôles efficaces pour s’assurer que les fonds sont utilisés réduire au minimum les interventions extérieures d’ONG de manière appropriée et que les intervenants suivent les et d’organisations de la société civile, pour assurer la recommandations des médiateurs. Les utilisateurs ne savent poursuite des évolutions nécessaires. souvent pas quelles sont la nature et la qualité des services proposés par les médiateurs d’innovation. Ils sont réticents à payer pour des services qui sont difficiles à définir à Le développement des réseaux l’avance et hautement incertains. La NT 2 de ce module examine la nature et la dynamique des réseaux d’innovation, qui jouent un rôle grandissant Une organisation fondée sur les chaînes de valeur parce que les innovations deviennent plus complexes et que la rapidité des mutations économiques et technologiques L’accès des petits agriculteurs aux chaînes de commerciali- force les intervenants à innover plus souvent. Les réseaux sation modernes, souvent organisées par les supermarchés, ont permis de générer d’importantes innovations est analysé dans la NT 3. Les chaînes procurent des revenus techniques, commerciales et organisationnelles ayant plus stables et, parfois, des bénéfices plus élevés à leurs d’importants impacts économiques et sociaux. Le DAI 1 adhérents, mais la participation à ces chaînes exige des examine l’apparition et l’évolution des réseaux d’inno- compétences commerciales et techniques. Il ressort de vation qui ont mis au point les technologies sans labour récents travaux de recherche que peu de petits agriculteurs pour les petits agriculteurs en Amérique du Sud et au peuvent durablement participer à ces chaînes en tant que Ghana. Là où elles ont été adoptées par un grand nombre fournisseurs et que ce rôle revient généralement aux petits d’agriculteurs, ces technologies ont permis d’accroître les propriétaires les plus prospères, possédant des ressources niveaux de revenus des exploitants, d’atténuer l’insécurité naturelles, ayant un meilleur accès aux infrastructures, au alimentaire, de réduire la main-d’œuvre nécessaire pour crédit et au capital social. Malgré l’accès limité des ménages produire des denrées de base, de permettre aux ménages ruraux pauvres aux marchés appuyés par les chaînes de ruraux pauvres de se lancer dans de nouvelles activités valeurs modernes, ces dernières peuvent procurer rémunératrices et de renforcer la viabilité de l’agriculture d’importants avantages aux économies rurales en créant de dans les zones marginales ou riches en ressources. Bien que nombreux emplois permanents et temporaires dans les des programmes visant à répandre les techniques d’agri- exploitations et dans des services connexes, notamment la culture sans labour aient été menés dans plus d’une fourniture de facteurs de production, le triage et le soixantaine de pays, celles-ci n’ont été adoptées de manière conditionnement, et les transports. Les économies locales généralisée que dans quelques régions où de nombreuses et plus dynamiques offrent aussi de nouvelles opportunités diverses parties prenantes ont forgé des réseaux d’inno- aux petites entreprises, telles que les étals de produits vation pour développer des innovations organisationnelles alimentaires et les services professionnels. Comme indiqué et techniques adaptées aux conditions locales. précédemment, les alliances de production rurales, qui sont des accords économiques entre les acheteurs commerciaux et les organisations formelles de producteurs, permettent La médiation d’innovation : une fonction aux petits producteurs d’opérer sur ces marchés. Les prometteuse mais difficile à mettre en place accords créent des conditions favorables et incitent les acheteurs et les petits producteurs à établir des relations Les médiateurs d’innovation peuvent jouer un rôle précieux durables et mutuellement profitables (DAI 6). dans un SIA. Plusieurs types de médiation ont été mis à l’essai mais peu d’entre eux ont duré sans l’appui des pouvoirs publics ou de donateurs (Klerkx et Leeuwis Appui aux organisations d’agriculteurs 2008)12. Les services de médiation d’innovation sont et aux groupes d’autoassistance compromis par les graves incertitudes qui existent au niveau de l’information. Aucune partie prenante ne peut Les organisations d’agriculteurs peuvent participer au être certaine, au départ, du degré d’engagement et des financement, au développement et à la diffusion des MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 35 innovations, gérer des fonds et des programmes d’inno- la participation aux réseaux sociaux, d’innovation, vation publics et privés, collaborer à la conception des économiques ; et constitution de capacités financières), politiques de l’innovation, coordonner d’autres financer des missions de consultation de courte et de intervenants du SIA et influencer les organisations de longue durée, des cours organisés, un programme de recherche et de vulgarisation. La NT 4 examine les mentorat de longue durée, des médiateurs d’innovation, la conditions qui permettent à ces organisations de se création d’organismes spécialisés (conseils d’innovation ou constituer et de se regrouper. Elle prête plus particuliè- programmes pour financer l’innovation) et la transfor- rement attention aux conditions techniques et aux mation des universités et des organismes de recherche et caractéristiques du marché qui font des organisations vulgarisation du secteur public (voir l’encadré 1.8). Cette d’agriculteurs un instrument de coordination des dernière tâche est particulièrement difficile mais pas intervenants du SIA plus efficace que les autres modalités impossible. Les employés de ces organismes ont un emploi institutionnelles, telles que les chaînes de valeur et les sûr, les pouvoirs publics sont réticents à leur verser des réseaux d’innovation. Elle analyse également les facteurs rémunérations compétitives localement, supérieures aux qui ont pour effet d’accroître l’adhésion des agriculteurs et traitements dans la fonction publique et il est difficile de de soutenir leurs organisations. recruter de bons spécialistes dotés de l’expérience requise Le DAI 2 examine la constitution et l’évolution des pour travailler dans des conditions difficiles (Davis, Ekboir fondations mexicaines de production, qui sont des organi- et Spielman 2008)13. Pour surmonter ces obstacles, de sations de la société civile influençant la conception et nombreux pays ont créé de nouvelles organisations offrant l’application des politiques et programmes de recherche et des conditions différentes et possédant des ressources d’innovation. Peu après la création de ces dernières par opérationnelles suffisantes. Une autre option consiste à le gouvernement fédéral en 1996, un petit nombre utiliser les fonds pouvant être investis pour mettre en place d’agriculteurs ont incité leurs fondations à devenir des conditions incitant les meilleurs agents des organi- indépendantes de l’État ; ils y sont parvenus et les autres sations existantes à participer aux réseaux d’innovation, fondations ont suivi leur exemple. Les fondations ont créé quelle que soit l’institution à laquelle ils sont associés. Les un bureau de coordination qui assure les liaisons avec les efforts de renforcement des capacités de coordination dans pouvoirs publics et encourage l’apprentissage organisa- les pays en développement se heurtent également au grave tionnel. L’expérience menée au Mexique montre comment problème de la rotation accélérée des fonctionnaires un certain nombre de facteurs interconnectés peuvent compétents. Il faudrait déployer un effort majeur pour contribuer au succès de la mise en place d’une organisation. renforcer les capacités des organisations non gouverne- Le DAI 2 analyse également les interactions entre des mentales, notamment des partis politiques, des entreprises stratégies poursuivies de manière délibérée pour ériger des privées ainsi que des organisations de la société civile et organisations et les stratégies qui résultent naturellement des organisations d’agriculteurs, pour leur permettre du processus d’innovation. d’avoir un impact sur le dialogue portant sur l’action à Le DAI 4 décrit une autre forme d’organisation, celle de mener malgré les changements intervenant au sein du groupes hautement fédérés d’autoassistance mis en place gouvernement. pour les pauvres par la Société pour l’élimination de la pauvreté rurale (Society for Elimination of Rural Poverty) dans l’Andhra Pradesh. Chaque niveau de l’organisation Organisation fondée sur une vision commune des groupes d’autoassistance fonctionne en tant qu’inter- des grands problèmes médiaire financier et fournit des services spécialisés à ses membres (et à d’autres groupes de parties prenantes) Il est plus facile de coordonner les actions lorsque les dans différents secteurs. partenaires potentiels ont la même perception de leurs problèmes et de leurs opportunités. Cette vision peut-être formée dans le cadre d’exercices de prévision, d’études, de Renforcement des capacités de coordination services de consultation, de réunions et du traitement des des individus et des organisations informations sur les technologies et les marchés, des dialogues sectoriels et des commissions interministérielles. Comme indiqué précédemment, le renforcement des Parce qu’il importe d’actualiser la vision commune capacités de coordination exige un solide leadership et des en fonction des évolutions techniques, sociales et investissements importants et durables. Ces derniers économiques, ces activités doivent être menées de manière peuvent apporter un appui au capital physique, humain périodique et réunir une vaste gamme de parties prenantes et social (éducation de base ; compétences en gestion qui ne se limitent pas à celles qui sont directement associées et qualification d’entrepreneurs ; apprentissage axé sur aux processus analysés (Skarzynski et Gibson 2008). 36 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Détermination des programmes et des priorités ajuster les interventions si les hypothèses s’avèrent erronées, 2) déterminer les problèmes et opportunités imprévus aussi Les priorités en matière de collaboration doivent être tôt que possible durant le déroulement du projet (Spitzer établies dans le cadre de démarches participatives, et être 2007), et 3) mesurer les changements intervenus dans les revues périodiquement, mais pas trop fréquemment car comportements des parties prenantes et fournir des cela compromettrait la constitution du climat de confiance commentaires en retour à ces dernières pour qu’elles nécessaire à une collaboration efficace et à la poursuite puissent apprendre plus rapidement. d’activités inscrites dans la durée. Les investissements Deuxièmement, de nombreux indicateurs, en particulier devraient également viser à renforcer les capacités de toutes ceux qui ont pour objet de mesurer des processus mal définis les parties prenantes pour leur permettre de participer tels que les innovations organisationnelles, ne peuvent pas activement aux processus d’innovation qu’ils peuvent ne donner lieu à des mesures quantitatives. Il faut, dans ce cas, pas bien maîtriser, tels que la conception des stratégies ou recourir à des indicateurs qualitatifs, tels que les opinions les conseils des organismes de recherche. des parties prenantes, dont le suivi peut être assuré par des techniques spéciales (telles que l’échelle de Likert ou d’autres échelles de notation). SUIVI ET ÉVALUATION DES INVESTISSEMENTS Le système de suivi devrait également couvrir au moins ET ACCROISSEMENT DE LEUR ÉCHELLE quatre domaines : L’impact des innovations organisationnelles sur le SIA est I Le renforcement organisationnel : pour évaluer l’aptitude certainement difficile à mesurer en raison de la complexité de l’organisation à améliorer sa gouvernance, sa culture de la dynamique de l’innovation. Non seulement chaque et ses finances et à accroître le nombre de ses membres. SIA compte de nombreux intervenants poursuivant des I L’apprentissage organisationnel : pour évaluer l’aptitude objectifs différents, mais les résultats de leur coopération de l’organisation à mieux exécuter ses activités courantes. formelle ou informelle peuvent ne pas se manifester avant I La recherche de nouveaux instruments permettant à plusieurs années. L’évaluation des réalisations est également l’organisation de remplir sa mission : pour évaluer compliquée par le fait que les activités de suivi et l’aptitude de l’organisation à rechercher de nouveaux d’évaluation peuvent viser des objectifs différents et souvent moyens d’atteindre ses objectifs ou à définir de opposés, tels que l’apprentissage et la responsabilisation. nouveaux objectifs. Bien qu’il soit difficile de définir des indicateurs valides de suivi des innovations organisationnelles et de leur I Les changements intervenant au sein du SIA confor- impact, il est important de retenir deux grands principes. mément à la théorie sous-jacente du changement : pour Premièrement, le système de suivi doit être un outil d’appren- évaluer les réactions des intervenants participant tissage. Lorsqu’un projet est défini, plusieurs hypothèses directement ou indirectement au projet, et en particulier cruciales sont retenues, qui sont la manifestation de la l’évolution de leurs interactions. théorie implicite ou explicite décrivant l’évolution escomptée des comportements des parties prenantes durant Pour finir, le tableau 1.2 énumère certains indicateurs la vie du projet. Le système de suivi doit être conçu pour : d’innovation organisationnelle, ainsi que les sources 1) tester ces hypothèses à un stade précoce du projet et d’information correspondantes. MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 37 Tableau 1.2 Indicateurs d’innovation organisationnelle Indicateur Source d’information ou instruments Indicateurs de processus 1. Mobilisation d’investissements : investissement de plus de temps Enquêtes au niveau des chaînes de valeur et de ressources dans des activités conjointes par les membres Enquêtes au niveau des réseaux d’innovation de l’organisation 2. Consolidation des réseaux d’innovation et des chaînes de valeur Études de cas Enquêtes auprès des partenaires des réseaux d’innovation et des chaînes de valeur 3. Amélioration des capacités d’innovation des organisations Études de cas d’agriculteurs (par exemple, modification de la gouvernance, Enquêtes auprès des membres, entrevues avec les parties prenantes procédures d’apprentissage, et expériences) 4. Modification des ressources investies dans le renforcement des Examen des programmes publics, enquête auprès des sources capacités organisationnelles de financement 5. Nombre de programmes et ressources investies dans l’innovation Examen des programmes publics, enquête auprès des sources organisationnelle de financement 6. Nombre et types de programmes d’innovation visant des groupes Examen des programmes publics, enquête auprès des sources marginalisés de financement Indicateurs de produit 7. Adoption de nouveaux produits ou processus par les intervenants Enquêtes auprès des parties prenantes de l’organisation de l’organisation (ou par l’organisation elle-même) 8. Solidité des chaînes de valeur (volume commercialisé, revenu supplé- Enquêtes auprès des supermarchés, des négociants, des grossistes, mentaire généré, nombre d’agriculteurs en bénéficiant directement, des agriculteurs nombre d’emplois ruraux créés) Statistiques commerciales 9. Modifications au niveau des chaînes de valeur, en particulier modifi- Enquêtes auprès des supermarchés, des négociants, des grossistes, cation du nombre d’intermédiaires et de leur poids relatif, et autres des agriculteurs changements institutionnels (plateformes des parties prenantes et Statistiques commerciales autres méthodes) 10. Création de nouveaux partenariats (nombre, diversité, types, Examen des programmes qui favorisent la création d’organisations objectifs, réalisations) à l’appui de l’innovation Évaluation rurale à caractère participatif Enquêtes auprès des intervenants du SIA 11. Expansion des réseaux (nombre et types de partenaires, efficacité, Enquêtes au niveau des réseaux d’innovation, entrevues avec les innovations adoptées) parties prenantes 12. Modification des programmes de cours préparant les cadres dans Études de cas le domaine de l’innovation organisationnelle Enquêtes auprès des instituts d’enseignement Indicateurs de réalisation 13. Nombre de partenariats continuant d’opérer à l’issue d’une période Enquêtes au niveau des partenariats de trois ans 14. Changements au niveau de la participation des organisations Études de cas d’agriculteurs au processus d’innovation Enquêtes auprès des partenaires aux processus de prise de décision Entrevues avec les parties prenantes 15. Amélioration de la situation des groupes marginalisés (femmes Études de cas et agriculteurs sans terres) grâce à leur participation à des Enquêtes auprès des partenaires aux processus de prise de décision programmes d’innovation Entrevues avec les parties prenantes 16. Évolution de la performance des chaînes de valeur à l’issue d’une Enquêtes auprès des supermarchés, des négociants, des grossistes, période de trois ans des agriculteurs Statistiques commerciales 17. Modification de la structure de la propriété des actifs et de la partici- Études de cas pation aux activités du marché induites par des innovations Enquêtes auprès des agriculteurs et d’autres parties prenantes organisationnelles à l’issue d’une période de trois ans du processus d’innovation Source : Auteurs. 38 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT NOTES et commercialiser un bien (Porter 1985). La chaîne de valeur est un réseau à vocation commerciale ; une partie prenante 1. À titre d’exemple, l’esprit de collaboration des parties « organise » et dirige la chaîne (Christensen, Anthony, et prenantes a été l’un des principaux facteurs favorisant la Roth 2004), dont les membres appartiennent à un groupe coopération et l’innovation en Corée et en Finlande (voir le relativement restreint et stable. module 6, NT 2). 8. Certaines organisations coordonnent d’autres 2. Interaction n’est pas synonyme de collaboration. organisations (par exemple, un office des produits Certaines interactions peuvent être antagonistes et coordonne les organisations de producteurs, les négociants engendrer des conflits. et les fabricants) ; certaines coordonnent des individus (c’est 3. Le module 4 examine le rôle, et les fonctions des le cas, par exemple, des organisations d’agriculteurs) ; organismes de recherche ainsi que les investissements dont d’autres encore coordonnent à la fois des organisations et des ils ont besoin pour fonctionner de manière satisfaisante individus (dans le cas, par exemple, d’une chaîne de valeur). dans un SIA. La NT 2 examine les partenariats de recherche 9. Consulter http://www.cnic.cl/content/view/469646/ public-privé, et les DAI 2 et 3 décrivent la formation de Un-camino-de-desarrollo-para-Chile.html pour un consortiums de recherche appuyés par des fonds de exemple se rapportant au Chili, http://www.innovateuk.org/ recherche compétitifs. Le module 5 décrit plus en détail les pour un exemple au Royaume-Uni, et fonds d’innovation, et notamment les fonds de recherche http://www.innovatienetwerk.org/en/organisatie/toon/11/ compétitifs et les dons de contrepartie. pour un cas observé aux Pays-Bas. 4. Malgré ces défaillances, ces organismes comptent souvent 10. Les ménages ruraux peuvent aussi former des parmi leurs effectifs un petit nombre de chercheurs associations communautaires pour régler des problèmes de possédant de solides capacités de recherche. portée locale, par exemple dans les domaines de 5. L’analyse de la manière de transformer les instituts de l’approvisionnement en eau et de l’éducation ; ces recherche publics pour leur permettre de mieux s’intégrer associations ne sont toutefois pas prises en considération dans un SIA ne rentre pas dans le cadre de ce module. Elle dans ce module. est examinée dans le module 4 et dans Davis, Ekboir et 11. Voir la NT 2 du module 6 qui traite de la gouvernance Spielman (2008). des systèmes d’innovation. 6. Tout membre d’une organisation a au moins le pouvoir 12. La NT 4 du module 4 fournit de plus amples détails sur de boycotter les activités de l’organisation. les médiateurs d’innovation. 7. Comme indiqué, une « chaîne de valeur » est un ensemble 13. Malgré leurs carences institutionnelles, la plupart des d'activités interdépendantes poursuivies par différents universités et des instituts de recherche et de vulgarisation intervenants et organisées par une entreprise pour produire comptent d’excellents spécialistes. MODULE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 39 MODULE 2 Enseignement et formation agricoles à l’appui des systèmes d’innovations agricoles P R É S E N TAT I O N G É N É R A L E Charles J. Maguire, Consultant RÉSUMÉ ANALYTIQUE prenantes et l’insuffisance criante des investissements. Les réformes doivent viser en priorité à mettre en place un L ’enseignement et la formation agricoles (EFA) cadre stratégique et à constituer une capacité de gestion de jouent un rôle fondamental en créant les capacités la politique de l’innovation pour guider l’enseignement et et en générant les ressources humaines qui opèrent la formation. Les mesures particulières qui seront prises dans des domaines essentiels du SIA et qui permettent au pour parvenir à ces objectifs constitueront la base des système de fonctionner de manière plus efficace. Par suite autres réformes, et elles auront de vastes répercussions pour du manque d’intérêt et de la faiblesse des investissements l’EFA, la coopération interministérielle, les financements et réalisés dans le passé, de nombreux systèmes nationaux la participation des parties prenantes. Parmi les autres d’EFA ne sont pas en mesure de donner à leurs diplômés priorités figure la poursuite d’une vaste réforme systé- les compétences requises par l’agriculture moderne et de mique, qui exige la poursuite de consultations internes et contribuer au SIA. Outre les connaissances techniques, externes avec les parties prenantes ainsi qu’une analyse des qui sont le domaine de compétence traditionnel des EFA, divergences entre les attentes de ces dernières et les les diplômés ont besoin de connaissances et d’outils pour programmes universitaires. Il faut aussi investir dans la reconnaître les idées et les technologies novatrices, réforme des programmes d’enseignement et des méthodes promouvoir les communications entre d’autres interve- pédagogiques ; dans le renforcement des capacités et des nants du SIA et fournir des informations en retour partenariats de parties prenantes à l’appui de l’ensei- aux chercheurs et aux investisseurs. Ils ont besoin, gnement et de la formation techniques ; et dans la en particulier, d’acquérir de nouvelles compétences constitution de capacités efficaces de formation continue et « fonctionnelles » dans des domaines comme le en cours d’emploi au profit des agents du secteur public qui leadership, la communication, la négociation, l’animation ont de fréquentes interactions avec les intervenants du SIA. et les capacités d’organisation. Les employeurs exigent de Il est possible d’appuyer ces diverses réformes par des inves- plus en plus ces types de compétences, qui favorisent tissements dans le renforcement des capacités et de une participation active au SIA. l’infrastructure des TIC, de manière à faciliter l’appren- L’offre d’un enseignement et d’une formation agricoles tissage, la recherche et l’établissement de relations et de de qualité se heurte à de graves obstacles, tels que l’inadap- communications dans le contexte de réseaux mondiaux et tation des principes directeurs de l’EFA, la fragmentation locaux. Investir dans l’homologation des établissements ou des responsabilités concernant certaines parties du système, dans un centre régional validant les diplômes de haut la piètre gouvernance des institutions, l’absence systéma- niveau peut également accroître la probabilité que l’EFA tique de relations entre le système et les principales parties réponde aux besoins des parties prenantes. 41 Quel que soit l’objectif des réformes, toute initiative de plupart des pays en développement, n’ont guère plus changement se heurtera à une certaine résistance ; il sera qu’une éducation de base. La Banque mondiale (2007b, 9) donc nécessaire de faire preuve de leadership et de détermi- note que les niveaux d’instruction dans les zones rurales nation pour faire aboutir les réformes en question. La sont en général extrêmement faibles dans le monde entier période durant laquelle un appui sera nécessaire dépendra puisqu’ils sont, en moyenne, de quatre ans pour les des moyens disponibles, de la détermination et de la hommes adultes et de moins de trois ans pour les femmes capacité à diriger les changements ; dans certains cas, cet adultes en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud, au appui devra être assuré plus longtemps que prévu ; dans Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Des travaux menés d’autres, les réformes et les changements pourront inter- dans les années 80 ont permis d’établir la relation entre le venir plus rapidement qu’on ne le pensait. Il est important niveau d’instruction primaire et la production annuelle des que les praticiens qui planifient des programmes de exploitations (Lockheed, Jamison et Lau 1980 ; Jamison et réformes d’une durée quelconque veillent à constituer des Lau 1982 ; Jamison et Moock 1984). L’éducation de base est groupes d’appui parmi les parties prenantes à tous essentielle à la communication, à la compréhension et à les niveaux pour contribuer à assurer la viabilité du l’évaluation des innovations dans le cadre des processus programme. interactifs qui prédominent dans un SIA. Pendant longtemps, les autorités nationales et les donateurs n’ont que très peu investi, ou n’ont investi que de POURQUOI INVESTIR DANS L’EFA manière intermittente, dans l’EFA (Willett 1998 ; Eicher POUR PROMOUVOIR L’INNOVATION AGRICOLE ? 1999 ; Rygnestad, Rajalahti et Pehu 2005 ; Banque mondiale 2007b). Il s’en est suivi une dégradation de l’infrastructure Bien que peu d’attention ait été portée à la réalisation physique de l’enseignement, des classes surchargées et des d’investissements complémentaires dans l’enseignement logements scolaires surpeuplés, une hémorragie d’ensei- agricole, ces investissements sont essentiels à la formation gnants, des programmes obsolètes et des matériels d’une nouvelle génération de scientifiques et de leaders d’enseignement et pédagogiques inadéquats et, au bout dans le domaine agricole (Banque mondiale 2004). du compte des diplômés ayant des compétences et des L’intérêt grandissant porté aux systèmes d’innovation possibilités d’emploi limitées. dans l’agriculture constitue à la fois un problème et une À ce stade décisif, l’EFA reste la principale source de opportunité pour l’enseignement et la formation agricoles ressources humaines pour de nombreux groupes d’interve- (EFA). Le SIA créé une demande de compétences qui ne nants publics, privés, ou de la société civile du SIA, par le sont pas normalement générées par l’enseignement agricole biais de son réseau de facultés ou collèges d’agronomie au — en particulier de « compétences fonctionnelles » qui sein d’universités, d’instituts de formation technique et permettent aux participants de mieux communiquer, d’être professionnelle et de centres de formation agricole qui, mieux à l’écoute des autres parties prenantes, de conjointement, constituent le système d’enseignement et de promouvoir les capacités de leadership, de travailler en formation agricoles. La question fondamentale posée dans collaboration et, de manière générale, d’avoir une contri- ce module consiste à déterminer si les investissements bution plus productive au SIA. La conception du système réalisés pour remédier à la situation par le biais de modèles, d’innovation en tant que marché dynamique et hautement de programmes et d’activités d’EFA particuliers peuvent interactif d’idées oblige l’EFA à conforter son rôle d’inter- permettre au système de devenir un agent d’innovation venant essentiel dans l’innovation agricole. Trop souvent, puissant et respecté dans le domaine agricole, sachant que l’enseignement agricole ne parvient pas à fournir les les investissements majeurs consacrés aux systèmes d’EFA connaissances, les qualifications et les attitudes dont ont ont été réalisés des dizaines d’années avant que le concept besoin les pays pour nourrir des populations de plus en de « système d’innovation » ne puisse avoir un impact sur plus nombreuses, participer aux chaînes de valeur agricoles leur conception et que beaucoup reste à faire. internationales, faire face au changement climatique, en La structure générale d’un système d’EFA capable de particulier dans des contextes caractérisés par une pauvreté fonctionner de manière productive dans un système rurale écrasante. d’innovation doit prendre en compte le fait que ce dernier Nul ne nie qu’il importe de renforcer les compétences est dynamique. Le système d’EFA doit donc être, lui aussi, des diplômés qui devront collaborer avec une large gamme souple, flexible, adapté aux besoins des parties prenantes du d’intervenants du SIA ; en fait, ces compétences revêtent de système d’innovation et suivre de très près les évolutions plus en plus d’importance parce qu’elles doivent compenser survenant dans les domaines des technologies, des commu- le déficit éducatif considérable dont souffre la population nications et des marchés ainsi que les obstacles à la générale. La majeure partie des personnes avec lesquelles les production agricole que sont le prix élevé de l’énergie, intervenants qualifiés du SIA seront en contact, dans la la diminution des ressources en eau et le changement 42 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 2.1 Un EFA soucieux de promouvoir la parité homme-femme : l’exemple de la participation des Africaines à la recherche et au développement agricole Dans l’agriculture comme dans d’autres domaines, compétences en recherche et leadership des femmes pour innover, il faut communiquer de diverses africaines dans le domaine des sciences agricoles, et de manières et à de nombreux niveaux. La diffusion des leur donner les moyens de contribuer plus efficacement connaissances, de l’information et des innovations pose à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire un problème particulier pour les femmes. Peu d’entre en Afrique subsaharienne. Le programme d’avan- elles suivent un enseignement agricole débouchant sur cement professionnel, qui dure deux ans, comporte un diplôme, de sorte qu’elles sont très peu nombreuses quatre composantes principales : la constitution de à pouvoir travailler avec des femmes dans des sociétés partenariats à des fins de mentorat ; l’acquisition de où ces dernières n’ont pas de droits sur les terres et compétences scientifiques ; le développement des autres ressources naturelles. Les femmes sont capacités de leadership ; et l’observation, l’appren- également tenues à l’écart des réunions, des activités et tissage, le suivi et l’évaluation des progrès des des programmes agricoles organisés par les hommes ou participantes. Il ne finance pas les études universitaires bien ne sont pas autorisées à communiquer avec des et ne subventionne pas les recherches des participantes, hommes en dehors du cadre de la famille. qui ont toutefois la possibilité de postuler à des postes Fondamentalement, « les femmes sont sous- d’attachées de recherche. représentées à tous les niveaux des institutions d’EFA, Soixante chercheuses émérites en sciences agrono- du postsecondaire à l’enseignement supérieur, bien que miques ont été admises dans le programme AWARD les statistiques ne soient pas décomposées par genre, ou en juillet 2010, et le projet fournit actuellement un ne le soient que de manière très épisodique » (Banque appui à 180 Africaines titulaires d’un diplôme de mondiale 2009, 181). Un programme novateur visant à licence, de maîtrise ou de doctorat dans certaines accroître le nombre de femmes titulaires de diplômes disciplines et poursuivant des travaux de recherche et de l’enseignement supérieur en Afrique pourrait développement agricoles. Les chercheuses viennent amorcer une évolution des ratios hommes-femmes d’Éthiopie, du Ghana, du Kenya, du Malawi, du dans les centres universitaires et les instituts de Mozambique, du Nigéria, de l’Ouganda, du Rwanda, recherche. de Tanzanie et de Zambie. L’Association des femmes africaines pour AWARD est un projet d’une durée de cinq ans la recherche et le développement (AWARD, financé à hauteur de 15 millions de dollars dont la http://awardfellowships.org) est un projet du portée devrait être élargie pour couvrir une deuxième Programme Genre et diversité du Groupe consultatif phase qui commencera en 2013. Il bénéficie de l’appui pour la recherche agricole internationale (CGIAR). Ce de la Fondation Bill et Melinda Gates, de l’Agence des programme de perfectionnement professionnel a été États-Unis pour le développement international lancé en 2008 à la suite de l’opération pilote menée (USAID) et du CGIAR. Le projet travaille en avec succès en Afrique de l’Est avec l’appui de la partenariat avec plus de 75 instituts nationaux de Fondation Rockefeller. Il a pour objet de renforcer les recherche agricole. Sources : Auteur. climatique. Il devra également formuler des conseils systèmes, ce module présente un bilan général de l’EFA — destinés aux responsables de l’action publique portant sur sa structure, ses points faibles et ses points forts. Il décrit les principes qui doivent guider l’EFA à tous les niveaux. ensuite les investissements dans l’enseignement et Abstraction faite de ces caractéristiques générales, tous la formation qui donneront aux intervenants du secteur les systèmes d’EFA ne sont pas similaires. Certains devront agricole les moyens d’agir dans un paysage agricole en faire l’objet de réformes fondamentales et être renforcés, rapide mutation en faisant preuve de plus de compétence, tandis que d’autres ne devront procéder qu’à quelques de résistance et d’innovation. Il est incontestable que ajustements mineurs pour pouvoir contribuer utilement au ces investissements doivent promouvoir la parité homme- SIA. Avant d’examiner les besoins et les stratégies d’investis- femme dans les systèmes d’EFA (voir l’encadré 2.1 par sement à court, à moyen et à long terme des différents exemple). Mais le point essentiel sur lequel insiste ce MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 43 module est que, pour encourager la constitution d’une La formation agricole est fréquemment dispensée dans capacité d’innovation sur une telle échelle, il faudra que des centres ou des institutions d’enseignement, mais elle est tous les intervenants — le secteur agricole et celui de également proposée aux employés du secteur public en tant l’enseignement, les pouvoirs publics, la société civile et les que formation en cours d’emploi et/ou aux agriculteurs populations rurales — fassent preuve tout autant de dans le cadre de la formation des producteurs. Les persistance que d’esprit de collaboration. ministères de l’Agriculture assument généralement la responsabilité des programmes de formation agricole. Les services de vulgarisation du secteur public proposent des STRUCTURE DES SYSTÈMES D’EFA formations (essentiellement aux agriculteurs) dans le cadre d’exposés formels, de conférences démonstrations, ou de « L’enseignement et la formation agricoles » couvrent un journées sur le terrain, d’essais au champ dans le domaine éventail de programmes et d’activités organisées pour animal et végétal, de visites d’exploitations et sous diverses répondre aux besoins d’information, de connaissance et de autres formes. Les systèmes de recherche agricole du secteur qualification des personnes opérant dans différents public offrent des possibilités d’éducation aux agriculteurs domaines du secteur agricole et de l’espace rural en général. et aux personnels des services de vulgarisation, généra- Au sommet du système d’EFA se trouvent les instituts lement dans le cadre de journées sur le terrain associées à pédagogiques supérieurs (instituts agronomiques, facultés des conférences. Les chercheurs du secteur public ou collèges d’agronomie d’une université). Autrefois, les fournissent également un appui technique dans le cadre de diplômés de l’enseignement supérieur agricole recher- programmes d’enseignement formel de haut niveau, chaient un emploi dans les programmes publics de travaillent avec les agents de vulgarisation pour former les recherche agricole (voir le module 4) et de vulgarisation agriculteurs ou assurent des formations en cours d’emploi (module 3) et dans d’autres services techniques des minis- aux agents de vulgarisation. tères de l’Agriculture. Ces organismes publics ayant, au cours des dernières années, fortement réduit le nombre de leurs recrues, les titulaires de diplômes et de certificats EFA formelle d’agronomie se tournent désormais vers les agroentreprises ou des programmes agricoles gérés par des ONG. L’enseignement agricole est généralement assuré et appuyé Parmi les autres institutions du système d’EFA figurent pour l’essentiel par le secteur public. Bien que les diverses les centres polytechniques, instituts et collèges préparant les composantes de la chaîne de prestation de services d’EFA techniciens à un diplôme (post secondaire, spécialisé). soient souvent collectivement qualifiées de système Cette deuxième catégorie de services d’éducation, souvent (Bawden 1998, 1999 ; Rivera 2008), il est probable que, dans qualifiée d’« enseignement et formation technico- de nombreux pays en développement, elles ne forment pas professionnels agricoles » (EFTPA) ou d’« enseignement et un système robuste dans le cadre duquel les communica- formation professionnels » (EFP), prépare les techniciens à tions et les informations en retour circulent entre les différentes spécialités de sous-secteurs agricoles. Certaines institutions et permettent de procéder à des améliorations écoles secondaires offrent des programmes axés sur systématiques. L’enseignement et l’apprentissage agricoles l’agriculture en option (Tajima 1985), mais, dans la plupart (EAA) sont une variante du concept d’EFA, qui dénote une des pays en développement, ces programmes donnent des conception des programmes institutionnels plus axée sur résultats mitigés, sont tributaires des qualifications et de l’apprenant (Ochola et Ekwamu 2008). l’expérience des enseignants affectés à cette matière et de Dans de nombreux pays, les ministères de l’Agriculture l’intérêt porté par les élèves inscrits. Le modèle d’ensei- et de l’Éducation se partagent encore la responsabilité de gnement agronome offert dans le secondaire donnant les l’enseignement et de la formation agricoles et du dévelop- meilleurs résultats est probablement le programme pement rural. En règle générale, la responsabilité de professionnel d’agronomie proposé dans les districts essen- l’enseignement supérieur agricole incombe au ministère de tiellement ruraux aux États-Unis. Le programme, qui est l’Éducation tandis que celle des formations axées sur le offert dans les établissements scolaires, couvre des sujets secteur agricole et ses sous-secteurs incombe au ministère théoriques et pratiques et, par l’intermédiaire d’une de l’Agriculture. Certains pays sont dotés d’un ministère organisation d’encadrement des jeunes (Future Farmers of des Coopératives qui est chargé d’assurer la formation America), aide les élèves à acquérir des capacités de d’une gamme de coopératives dans différents domaines, direction et des qualifications techniques en participant à parmi lesquels l’agriculture. Étant donné l’intérêt croissant des concours et en entreprenant un projet supervisé porté aux organisations d’agriculteurs (voir le module 1, (encadré 2.2). NT 4 et DAI 2), surtout en tant que précurseurs 44 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 2.2 Future Farmers of America : une organisation de jeunes agriculteurs sans égale Future Farmers of America (FFA) qui a été fondée en une entreprise , dans un centre de formation ou dans 1928, rassemble des élèves, des enseignants et des un laboratoire d’usine agricole) ; recherche et agroentreprises pour appuyer l’enseignement agricole expériences (l’élève planifie et exécute une expérience au niveau du secondaire. Actuellement (2011), FFA scientifique, ayant généralement trait à l’agriculture) compte environ 523 000 membres (dont 38 % de ou enquêtes et études (l’élève participe à un salon de jeunes filles) âgés de 12 à 21 ans répartis dans les carrières agricoles ou prépare un rapport ou un 50 États : 27 % vivent dans des zones rurales agricoles, documentaire sur le travail d’un vétérinaire ou d’un 39 % dans des zones rurales non agricoles et les 34 % agent de vulgarisation). restants dans des zones urbaines et périurbaines. FFA, Par l’intermédiaire de ce programme, plus de 11 000 qui s’intitule désormais National FFA Organization et enseignants et conseillers du FFA suivent un modèle dont la devise est « apprendre à faire, faire pour d’enseignement agricole intégré qui offre aux élèves apprendre, vivre pour servir » vise à avoir un impact une éducation novatrice et de pointe leur permettant positif sur la vie des élèves en leur donnant des compé- de devenir des leaders compétents. FFA organise tences en leadership, en appuyant leur développement 23 sessions nationales d’avancement professionnel, personnel et en leur permettant de faire carrière par le dans le cadre desquelles les membres mettent leurs biais de l’enseignement agricole. compétences à l’épreuve de situations concrètes et FFA est l’une des trois composantes du programme réelles, pour les préparer à plus de 300 carrières de formation professionnelle agricole au niveau du agricoles. L’agriculture est la source d’emplois la plus secondaire, les deux autres étant les cours donnés en importante aux États-Unis. Plus de 24 millions de salle de classe et l’expérience agricole supervisée personnes poursuivent une activité en rapport avec ce (Supervised Agricultural Experience – SAE). Les élèves secteur. Les professionnels de l’agriculture prisent le poursuivent un projet de SAE dans l’une des quatre programme FFA et ses diplômés, versent des contribu- catégories suivantes : entreprenariat (l’élève possède et tions à la National FFA Foundation, parrainent des exploite une entreprise agricole) ; placement (l’élève programmes et financent des bourses d’études. obtient un emploi dans une exploitation agricole, dans Source : tiré de www.ffa.org, consulté en décembre 2010. d’importantes coopératives agricoles organisées), les négociations pour influencer les décisions d’investissement. associations de coopératives deviennent une composante Ce manque relatif de visibilité et de prestige est d’autant importante du système d’EFA formel. plus grave que les pressions de plus en plus intenses Qu’il s’inscrive ou non dans un système robuste et bien exercées en faveur de la transformation de l’EFA résultent intégré, l’enseignement agricole est affaibli par la segmen- pour l’essentiel de facteurs agricoles qui échappent au tation des responsabilités entre les ministères et l’absence de contrôle des institutions d’EFA. relations entre ces derniers, qui les empêche de collaborer à la conception et à la prestation de services d’enseignement et de formation répondant aux besoins de toutes les parties EFA informel prenantes de l’EFA. Il est donc rare qu’une vision générale de l’EFA ait été définie et, par conséquent, que des Outre le système formel, il existe un système d’appren- politiques et des stratégies de modernisation de l’ensei- tissage informel dynamique qui influence dans une très gnement agricole soient formulées. large mesure la manière dont la formation, les connais- L’enseignement agricole est une composante spécialisée, sances et les compétences sont canalisées et utilisées dans bien que d’envergure limitée, du système d’enseignement l’agriculture. Ce système s’articule autour des agriculteurs, — qui comprend l’enseignement primaire, secondaire et des ménages agricoles, des services qu’ils reçoivent et des supérieur, ainsi que la formation et l’enseignement profes- contacts qu’ils ont sur une base régulière. L’enseignement sionnels et techniques, la formation des enseignants et agricole informel donne lieu à des actions de sensibilisation certains programmes spéciaux d’éducation des adultes — et à des formations axées sur les agriculteurs : ces fonctions et n’a généralement pas un poids suffisant dans les sont assurées par les services de recherche et de MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 45 vulgarisation du secteur public, les négociants qui achètent conférant des diplômes de haut niveau et aussi contribué à des produits et vendent des facteurs de production agricoles la modernisation des bibliothèques et au jumelage des et les médias qui fournissent toute une gamme nouvelles universités avec les écoles d’agriculture des États- d’informations aux communautés rurales. Unis. Il a en outre permis de moderniser l’enseignement et Les communications entre agriculteurs (voir également l’apprentissage de l’agriculture dans de nombreux pays en le module 3 et en particulier le DAI 2) sont l’un des moyens développement ; d’améliorer la qualité de l’enseignement, d’éducation les plus performants du système informel. Les de la recherche et de la vulgarisation ; de fournir des agriculteurs communiquent facilement entre eux, matériels didactiques à jour ; et de créer un réseau observent les techniques et les compétences de leurs pairs international de spécialistes de l’enseignement agricole. et adoptent rapidement les pratiques qu’ils jugent produc- Cet investissement a eu un impact remarquable mais qui tives. Les intervenants de ce système d’EFA entretiennent n’a pas toujours été durable. La qualité de l’enseignement et des rapports entre eux et avec le SIA en général. Les de l’apprentissage s’est dégradée. Les changements au nombreux rôles assumés par les diplômés de l’EFA, quelles niveau des équipes de direction, la baisse des financements que soient leur structure ou leur organisation en un lieu et le relâchement de la collaboration avec différentes particulier, sont décrits de manière détaillée dans les universités à l’étranger ont été autant de facteurs qui ont eu modules 3 et 4. des répercussions sur les résultats. Toutefois, un certain nombre d’écoles d’agriculture constituées dans le cadre du programme ont prospéré et continuent de montrer la voie Formation en cours d’emploi et amélioration longtemps après la clôture du programme d’investissement des compétences (c’est le cas, notamment du système brésilien ; voir l’encadré 2.3). Les services de formation en cours d’emploi et d’amélio- Au cours de cette même période, des organisations multi- ration des compétences assurés dans le cadre du secteur latérales comme la Banque mondiale, l’Organisation des public et du secteur privé, qui peuvent être considérés Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), comme faisant partie intégrante de l’EFA formel, profitent l’Organisation internationale du travail (OIT) et aux employeurs, aux employés, aux agents de vulgarisation, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la au personnel technique des ONG et aux personnes science et la culture (UNESCO) ont fourni un appui à l’EFA souhaitant acquérir par elles-mêmes une formation profes- dans le cadre de projets d’enseignement agricole indépen- sionnelle (Rivera 2008). Le système d’innovation bénéficie dants, de composantes de projets agricoles portant sur la également des compétences acquises dans les domaines formation et aussi de séminaires, d’ateliers, de conférences et techniques et des communications par les jeunes ruraux, de cours dispensés aux niveaux national et international. que ce soit dans le cadre scolaire ou en dehors de celui-ci, Mis à part les projets indépendants, la plupart des autres par suite de leur participation à diverses organisations de activités ont été de courte durée. L’impact des projets jeunes agriculteurs. Future Farmers of America, décrit dans indépendants a été très largement fonction de la détermi- l’encadré 2.2, est un exemple très réussi mais unique de ce nation du ministère ou du pays bénéficiaire à assurer la mode d’amélioration des compétences, qui contribue dans pérennité des investissements réalisés. Le choix des partici- une mesure importante aux capacités des ressources pants aux séminaires, aux ateliers et aux cours de formation humaines dans l’agriculture. a eu un impact décisif sur l’utilité de ces activités et l’effi- cacité avec laquelle les participants ont pu retransmettre les connaissances et partager les technologies nouvellement HISTORIQUE DES INVESTISSEMENTS DANS L’EFA acquises à leur organisation — leçon qu’il importe de retenir pour la conception de projets d’EFA (voir la NT 4). À la fin D’importants investissements ont été consacrés à l’EFA des années 70, les financements accordés à l’EFA ont chuté dans les années 50, 60 et 70. L’un des plus importants, (Willett 1998), les fonds étant réaffectés à d’autres priorités réalisé par USAID vers le milieu des années 50, était un de développement. Le nombre de spécialistes de l’EFA programme de longue durée qui a permis d’ouvrir en employés dans la plupart des organisations internationales Amérique latine, en Asie et en Afrique des universités et les organismes de bailleurs de fonds bilatéraux s’est réduit similaires à celles des écoles d’agriculture installées sur un et, malgré les arguments avancés par de nombreux observa- domaine cédé par l’État aux États-Unis. Cet ambitieux teurs et organisations auprès des autorités, des bailleurs de programme a donné lieu à une assistance technique, fonds et des universités à l’appui de la réhabilitation des couvrant les activités administratives et universitaires ainsi installations dégradées et de la réforme des programmes que la formulation des programmes. Il a également permis d’enseignement agricole, l’importance accordée à l’EFA dans d’établir des liens avec des programmes à l’étranger le programme de développement a continué de diminuer. 46 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 2.3 Le programme de recherche agricole national brésilien bénéficie d’investissements à long terme dans les ressources humaines En 1963, les autorités brésiliennes ont décidé, à un haut mission de coordonner le programme de recherche niveau, de renforcer la base de capital humain pour national, a continué d’investir dans les ressources promouvoir un secteur agricole moderne. Grâce à un humaines. Elle a lancé un très vaste programme de financement de l’Agence des États-Unis pour le renforcement du capital humain dans le cadre duquel développement international (USAID), quatre collèges 500 chercheurs en agronomie ont pu suivre un américains installés sur des terres cédées par l’État ont programme de doctorat, et elle a consacré 20 % de son aidé quatre universités brésiliennes à renforcer leur budget, entre 1974 et 1982, à la formation de formation au niveau de la licence pendant une dizaine chercheurs au Brésil et à l’étranger (Banque mondiale d’années, puis ont fourni leur appui à l’enseignement 2007a, 39). Aujourd’hui, un tiers des scientifiques supérieur pendant une période de quatre ans. En d’EMBRAPA sont titulaires d’un doctorat, la moitié 1971-72, plus de 900 diplômés brésiliens sont venus d’entre eux ont une maîtrise et les autres ont une étudier les sciences agronomiques dans les collèges des licence ou un diplôme équivalent. L’essentiel à retenir États-Unis. Ce renforcement du capital humain dans le de cette expérience est que le Brésil n’a pas réduit les cadre de programmes axés sur l’agriculture est direc- dépenses publiques consacrées à ses grands centres tement lié à la décision prise par le Gouvernement d’enseignement agricole il y a une quarantaine fédéral et le ministère de l’Éducation de promulguer la d’années lorsque les investissements étrangers se sont loi sur la réforme universitaire de 1968, qui a établi taris. En fait, en mobilisant un appui politique de haut un lien entre les promotions et les diplômes de niveau, il a pu constituer une solide base de capital l’enseignement supérieur et a exigé que le personnel humain pour constituer des ressources pouvant enseignant travaille à plein temps. Après sa création en soutenir la concurrence à l’échelle mondiale dans le 1972 par les autorités nationales, la Société brésilienne domaine de la recherche et de la vulgarisation pour la recherche agricole (EMBRAPA), qui a pour agricoles. Source : Auteur. Note : EMBRAPA = Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuária. Un certain nombre de défaillances génériques qualifiés et est compromise par le manque de coopération continuent de caractériser la planification et la prestation entre les sphères de l’éducation et de l’agriculture. des services d’EFA dans les pays en développement1. En Selon un examen consacré en 2005 aux investissements termes succincts, les universités manquent d’autonomie, réalisés dans l’EFA dans le cadre de projets appuyés par la ont des rapports insuffisants avec les parties prenantes, ne Banque mondiale en Afrique, les investissements sont sont pas tenues responsables de la qualité et de l’employa- limités depuis la fin des années 70 (Rygnestad, Rajalahti et bilité de leurs diplômés, suivent des programmes Pehu 2005). Par suite des carences de l’EFA et de l’insuffi- d’enseignement et des méthodes pédagogiques obsolètes, sance des investissements, les élèves ne sont guère incités à n’offrent que des formations pratiques très limitées, ont faire de l’agriculture leur domaine d’étude privilégié des programmes de qualité variable, n’ont guère recours (Pratley 2008 ; Rivera 2008 ; Mulder 2010). Dans les pays aux TIC et rémunèrent peu les enseignants et autres où l’enseignement supérieur est très prisé, ce manque membres de leur personnel. d’enthousiasme signifie inévitablement qu’un grand L’EFA présente également des carences au niveau des nombre des étudiants inscrits dans les programmes formations diplômantes, notamment l’absence de principes d’agronomie le font plus parce qu’ils souhaitent posséder directeurs, des rapports limités avec les parties prenantes, un certificat ou un diplôme universitaire que parce qu’ils des programmes qui ne correspondent pas aux besoins du souhaitent faire carrière dans l’agriculture. marché, des financements insuffisants et non systéma- tiques, et une pénurie d’enseignants/d’instructeurs qualifiés. La formation agricole au niveau du secondaire, PRINCIPAUX POINTS STRATÉGIQUES qui n’est pas dispensée dans tous les établissements, est souvent considérée comme une « filière facile » par les Il est essentiel de poursuivre des stratégies rationnelles pour élèves. Elle souffre également d’une pénurie d’enseignants remédier aux carences persistantes des systèmes d’EFA ; MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 47 toutefois, par suite de leurs lacunes et de leur fragmen- appliqués peut contribuer à prévenir des ingérences de tation, ces systèmes ne peuvent pas présenter un front uni à cette nature. l’État ou aux décideurs et obtenir l’appui dont ils ont Améliorer la gouvernance dans l’enseignement agricole besoin pour accroître l’efficacité de l’EFA. Il est par-dessus supérieur. Un problème connexe se pose, qui tient au tout nécessaire de définir des orientations stratégiques et de manque d’autonomie des collèges et des facultés d’agro- fournir un appui pour : nomie. En règle générale, les universités ne contrôlent guère Préciser le rôle de l’EFA. L’EFA ne peut pas réaliser son ou pas du tout leur budget, le recrutement ou le licen- potentiel en raison de la fragmentation des responsabilités ciement de leur personnel, les relations avec les parties de l’enseignement agricole entre différents ministères, en prenantes et elles ne sont pas comptables du sort de leurs particulier en qui concerne les instituts agronomiques, et diplômés une fois que ceux-ci ont achevé leurs études. Il les facultés ou collèges d’agronomie des universités. Tant importe de prendre des mesures pour remédier à cette que cette question ne sera pas jugée pressante et que les situation et améliorer la crédibilité et l’utilité de l’ensei- ministères de l’Agriculture et du l’Éducation ne collabo- gnement agricole supérieur. Les universités et autres reront pas, il ne sera pas possible de réorienter instituts d’enseignement supérieur doivent avoir le contrôle l’enseignement agricole supérieur et de le moderniser pour de leurs programmes, de leur budget et de leur personnel. lui permettre de répondre aux besoins d’un environnement Elles doivent aussi entretenir des rapports avec les parties agricole et rural en évolution. Clarifier les rôles et les prenantes pour mieux comprendre l’évolution du secteur responsabilités de l’enseignement agricole dans le cadre du agricole et modifier leurs programmes en conséquence. programme de développement (en établissant des liens (Voir également le module 1, NT 1.) clairs avec les programmes des ministères concernés) Remédier aux disparités entre les genres. Il importe de préparerait le terrain à des réformes qui permettraient à ces formuler des politiques prescrivant le recrutement de institutions de répondre aux attentes des parties prenantes. femmes et l’établissement de quotas pour ces dernières. Les Assurer des financements durables et réguliers. Il est mesures prises doivent aussi appuyer un rapport équilibré essentiel de faire bénéficier l’EFA d’allocations et de finance- entre les genres au sein du personnel enseignant des ments durables et réguliers pour maintenir la qualité et la universités, des institutions d’enseignement et formation pertinence des programmes d’enseignement. Les politiques technico-professionnels (EFTP) et des centres de définissant le cadre de l’EFA doivent prendre en compte les formation. La présence d’enseignants, d’instructeurs ou de vastes contributions du secteur agricole dans l’économie, en formateurs de sexe féminin peut inciter les élèves de sexe tant que producteur de produits de base et d’exportation, féminin à poursuivre des études d’agronomie. fournisseur d’emplois, source d’une bonne nutrition et Créer un environnement propice à l’investissement dans facteur de la réduction de la pauvreté. Il sera essentiel de l’EFA et améliorer la répartition des investissements entre la formuler, d’appliquer et de réviser ces politiques au fur et à recherche, la vulgarisation et l’enseignement agricoles. Les mesure de l’évolution des conditions en vigueur dans le investissements dans la recherche, la vulgarisation et secteur. l’enseignement — qui sont les trois éléments constitutifs Mettre un terme aux ingérences politiques dans l’adminis- des systèmes d’information et de connaissances agricoles — tration des universités. Parce que la majorité des facultés ou sont inégalement répartis. Il est plus facile pour les investis- collèges d’agronomie des universités et des centres d’ensei- seurs de traiter avec les instituts de recherche ou les gnement et de formation technico-professionnels sont des organismes de vulgarisation, qui ont des structures hiérar- entités publiques, ils sont soumis à diverses influences de chiques bien définies et de réseaux organisés, qu’avec des nature politique. La demande d’éducation, en particulier au systèmes d’enseignement comptant plusieurs niveaux, qui niveau supérieur, peut amener les instances politiques à rendent compte à plus d’un ministère et qui n’ont souvent ordonner l’augmentation du nombre d’inscrits sans aucun lien avec les activités de recherche et de vulgari- toutefois fournir les ressources physiques, humaines et sation. Il importe de prendre des mesures pour que les financières nécessaires. Il s’ensuit, inévitablement, une intervenants dans les domaines de la recherche, de la dégradation des normes d’éducation parce que les classes vulgarisation et de l’enseignement collaborent de manière sont surchargées, le nombre d’élèves par enseignant devient à exploiter leurs points forts respectifs et établir ingérable, les élèves peinent à étudier et à apprendre dans un l’interdépendance de leurs activités, qui ont pour objet cadre peu propice, les enseignants et les chercheurs de faire bénéficier le secteur de leurs connaissances et expérimentés partent et de nombreux diplômés de leurs services. Se reporter au module 6 pour un sous-qualifiés inondent le marché du travail. Le recours à examen plus détaillé des éléments constitutifs d’un des instruments stratégiques adaptés, et strictement cadre porteur. 48 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT INVESTIR DANS LE CHANGEMENT : PRIORITÉS CONCEPTION D’UN CADRE STRATÉGIQUE ET RENFORCEMENT DES ET NOUVELLES ORIENTATIONS POUR L’EFA CAPACITÉS DE GESTION DE LA POLITIQUE (D’INNOVATION). Une des grandes priorités consiste à amener les autorités Il est clair, au vu de la situation actuelle — c’est-à-dire la nationales à formuler des politiques de l’EFA, pour guider le baisse de la qualité de nombreux systèmes d’EFA, l’inca- système, lui permettre d’établir des stratégies pacité générale de mettre en place un cadre stratégique d’enseignement et de formation efficaces, et lui donner plus robuste pour l’enseignement agricole et l’incapacité corres- de visibilité dans le contexte de la planification et de la pondante des institutions d’enseignement à forger des poursuite du développement au niveau sectoriel et national. groupes d’intérêts solides et puissants au sein du secteur Une telle réforme aura d’importantes conséquences pour agricole — que de nombreux systèmes d’EFA doivent l’EFA, et de vastes répercussions sur la coopération changer. Cette section examine certaines des priorités et des interministérielle, les financements et la participation des nouvelles orientations qui pourraient permettre aux parties prenantes. L’établissement d’un cadre stratégique systèmes d’EFA de devenir des catalyseurs et des bénéfi- pourrait nécessiter des investissements dans la facilitation ciaires de l’innovation. Les changements apportés — pour du dialogue interinstitutionnel, la fourniture d’une autant qu’ils soient gérés avec soin et bénéficient d’engage- assistance technique pour la formulation des politiques ments durables — devraient permettre aux EFA d’assurer d’EFA, la tenue de consultations avec les parties concernées leur autonomie, d’opérer avec souplesse et de se doter des au stade de la préparation des politiques, et l’association de capacités humaines et financières nécessaires pour préparer toutes les parties prenantes au lancement des réformes. Les des diplômés qui peuvent répondre aux besoins du secteur investissements dans ces actions prioritaires permettront de agricole et de ses diverses parties prenantes. constituer la base nécessaire aux investissements dans les L’examen considère en premier lieu les priorités et les réformes organisationnelles et pédagogiques nécessaires — en nouvelles orientations de manière à brosser un tableau d’autres termes à tous les autres investissements considérés général des réformes dont pourraient faire l’objet les dans cette section, qu’ils soient réalisés conjointement ou systèmes d’EFA. Le succès de toute réforme dépendant dans séparément. Pour accomplir ces réformes, il faudra aussi une large mesure de la manière dont elle est gérée, la section renforcer les capacités de gestion et de conception de la suivante présente de manière succincte des directives, politique d’innovation. La plupart des pays souffrent d’un fondées sur l’expérience, pour gérer le changement au sein manque chronique de capacités de conception et de l’EFA. Les responsables de l’action publique, les entités d’exécution des politiques publiques, et les capacités participant à l’EFA et les bailleurs peuvent choisir parmi disponibles pour concevoir et mettre en œuvre des diverses possibilités d’investissements celles qu’ils retien- politiques favorables à l’innovation agricole sont encore dront pour appuyer les transformations envisagées. Ces plus limitées (OCDE 2005 ; Rajalahti, Janssen et Pehu investissements, qui font l’objet des sections suivantes, 2008)2. Voir également les NT 1 et 2 du module 6, qui peuvent être réalisés sur le long terme, le moyen terme ou le traitent des processus de la politique de l’éducation et de la court terme selon les objectifs convenus, les besoins gouvernance. recensés, la durée de l’appui fourni et les financements disponibles. FOURNITURE D’UN APPUI À UNE RÉFORME SYSTÉMIQUE DE VASTE Le tableau 2.1 présente une liste utile des changements PORTÉE. Une fois le cadre stratégique mis en place, la priorité qui pourraient caractériser les EFA par comparaison à la doit être donnée aux réformes du système d’EFA. Celles-ci situation actuelle. permettront aux universités et aux autres institutions d’enseignement supérieur de définir clairement le rôle qui leur revient au sein du système éducatif, vis-à-vis de leurs Priorités en matière d’investissement parties prenantes, et compte tenu des besoins plus généraux du secteur agricole. Elles pourront alors procéder aux Quels sont les investissements qui pourraient contribuer le ajustements nécessaires dans les domaines de la plus à faire de l’EFA une puissante composante du système gouvernance, de l’administration, des programmes, des d’innovation ? Bien que la situation diffère dans chaque méthodes pédagogiques et des services d’enseignement en pays, et que l’on puisse espérer qu’il sera possible de cours d’emploi et de formation continue destinés à leurs toujours trouver de meilleurs moyens d’accroître l’efficacité diplômés et aux membres de la société civile, des de l’EFA, la liste présentée ci-après donne une indication de partenariats et des rapports avec les parties prenantes, et la gamme des réformes possibles et des points qui sont notamment le secteur privé. souvent les plus importants. Dans le cadre de cette démarche lancée au sein du système, celui-ci (et en particulier les institutions MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 49 Tableau 2.1 Caractéristiques actuelles des systèmes d’EFA et évolutions possibles L’enseignement supérieur agricole à l’heure actuelle Orientations futures Stratégies inadaptées, non appliquées ou inexistantes Stratégies d’EFA claires, définition des responsabilités et exercice de ces responsabilités Piètre gouvernance Solide gouvernance associant les parties prenantes Manque d’autonomie Autonomie permettant de prendre des décisions concernant le personnel, de contrôler le budget et de fixer les normes Financements incertains Garantie de financements durables et réguliers Isolement (par rapport aux autres entités et aux parties Établissement de liens entre les milieux universitaires, les communautés prenantes) rurales et les parties prenantes Programmes non homologués L’homologation devient la norme Programmes de cours à l’heure actuelle Orientations futures Obsolètes Programmes à jour et répondant aux besoins des parties prenantes Pas de contribution des parties prenantes Consultation des parties prenantes ; suggestions demandées et prises en compte ; participation des parties prenantes à la gouvernance Enseignement Apprentissage Enseignement théorique Enseignement théorique et applications pratiques Pas de stages d’étudiants Stages réguliers, organisés et supervisés Pédagogie inadaptée Pédagogie efficace adaptée aux matières étudiées et aux besoins des apprenants Recours à des spécialistes externes Recours à des spécialistes externes pour assurer un enseignement en collaboration de manière à renforcer les connaissances et le pool de compétences Recours limité aux TIC L’emploi de TIC adaptées devient la norme Formation technique à l’heure actuelle Orientations futures Essentiellement déterminée par l’offre Essentiellement déterminée par la demande Gérée par le secteur public Gérée dans le cadre de partenariats public-privé Enseignants peu qualifiés et mal rémunérés Enseignants qualifiés et correctement rémunérés Qualifications non homologuées par des organismes Homologation assurée professionnels Matériels insuffisants et obsolètes Matériels/sites de travaux pratiques fournis par des partenariats public-privé Gestion des ressources humaines à l’heure actuelle Orientations futures Carences des responsables de la gestion des ressources Gestionnaires et formateurs de ressources humaines compétents. humaines La sélection des stagiaires n’est pas effectuée en fonction Tous les candidats sont sélectionnés en fonction des besoins et des tâches des besoins futures Pas d’évaluation des besoins de formation Les procédures en place donnent systématiquement lieu à l’évaluation des besoins Participation minime des superviseurs/gestionnaires Les superviseurs/gestionnaires sont consultés et participent aux évaluations Pas d’évaluation de la performance des stagiaires en activité La performance des personnes dans le cadre de leurs activités est évaluée Les formateurs ne reçoivent pas de formation leur Les formateurs qualifiés sont la norme permettant d’assumer les fonctions d’instructeur/ d’enseignant Source : Auteur. 50 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT d’enseignement supérieur) mène le processus de réforme informations techniques et sociales nouvelles ou actualisées. de l’intérieur et s’adresse aux parties prenantes pour déter- Une formation et un apprentissage en cours d’emploi bien miner leurs attentes et la mesure dans laquelle ils sont gérés, de haute qualité et souples, axés sur des agents du satisfaits des programmes existants. Les divergences entre secteur public, du secteur privé et de la société civile l’offre, le contenu et la qualité de l’enseignement et de la permettront d’élargir le réseau de personnes participant au formation, d’une part, et la demande sur le marché du système d’innovation en leur communiquant des travail, d’autre part, indiquent les réformes qui doivent être informations et des connaissances pertinentes. Dans de poursuivies. Les investissements qui leur seront consacrés, nombreux cas, les parties concernées acquièrent des en particulier au niveau universitaire, doivent appuyer le compétences particulières qui leur permettent de mieux dialogue au sein du système, les interactions entre les communiquer et de mieux soutenir l’évaluation de la établissements d’enseignement et ceux qui formulent les pertinence et de la viabilité des innovations agricoles. politiques et prennent les décisions, les consultations avec les parties prenantes, l’analyse des divergences entre les EXPLOITER LE POUVOIR DES TIC. Il est essentiel d’investir dans attentes des parties prenantes et les programmes d’ensei- le renforcement des capacités et des infrastructures pour gnement actuels, la formulation de la stratégie de réforme, permettre aux TIC de faciliter l’apprentissage et la un calendrier pour son exécution et le financement des recherche, d’améliorer l’enseignement des matières et coûts correspondants. Il importe que des animateurs venus d’appuyer le travail et la communication dans le cadre de de l’extérieur du système (voir également la NT 4 du réseaux mondiaux et locaux afin d’assurer la poursuite module 3) gèrent le processus de réflexion, procèdent à d’interactions productives au sein d’un système de l’évaluation des besoins, formulent la stratégie de réforme l’enseignement et du SIA. La révolution des TIC a et déterminent le programme ultime de réforme. considérablement accru le flux d’informations et d’idées dans l’espace rural. Elle a également renforcé les attentes des CHANGER LE CONTENU DE L’ENSEIGNEMENT ET LA MANIÈRE parties prenantes quant aux compétences des diplômés de DONT IL EST DISPENSÉ. Il est très souvent, nécessaire de l’EFA, qui devraient être capables d’utiliser différentes TIC modifier en priorité les programmes et les méthodes pour communiquer des informations techniques et pédagogiques ce qui, dans de nombreux cas, aurait dû être administratives à d’autres participants du SIA. Le manuel fait depuis longtemps. Les programmes de cours devront intitulé Information and Communication Technologies for donner lieu à l’acquisition de connaissances et de Agriculture e-Sourcebook (Banque mondiale 2011) montre compétences aussi bien pratiques que théoriques. Les comment les TIC sont de plus en plus utilisées pour fournir méthodes didactiques traditionnelles feront place à une des services de conseil, obtenir et diffuser des informations approche qui permettra aux élèves ou aux stagiaires de sur les marchés et facilite la recherche, l’apprentissage et les découvrir et d’intérioriser des connaissances et des communications de toutes sortes (encadré 2.5). compétences et, partant, de doter le SIA de personnes Malgré l’évolution du système traditionnel de cours en sachant comment communiquer et partager leur savoir avec chaire au profit d’un apprentissage axé sur l’élève, de d’autres. Les éventuels employeurs des diplômés du système nombreux systèmes d’EFA continuent d’assurer leur ensei- d’EFA mentionnent tous qu’ils recherchent (souvent en gnement dans le cadre de cours magistraux. Certains vain) des personnes capables, notamment, de régler des systèmes d’enseignement agricole supérieur n’ont pour seul problèmes, d’écouter et d’analyser les situations et ayant des appui didactique que des notes obsolètes de conférenciers, compétences dans le domaine des technologies de et certains programmes professionnels et techniques ne l’information (notamment les applications informatiques) sont pas en mesure d’offrir à leurs étudiants la possibilité de (encadré 2.4). s’entraîner sur des matériels et équipements ou de travailler en laboratoire pendant leurs études. Même lorsque les FORMATION EN COURS D’EMPLOI POUR ENTRETENIR LES enseignants et les instructeurs souhaitent utiliser les TIC, il INVESTISSEMENTS DANS LES RESSOURCES HUMAINES. La peut ne pas être possible d’acquérir ces dernières pour des formation en cours d’emploi doit compter au nombre des raisons budgétaires, ou d’être sûr de pouvoir les utiliser par priorités parce qu’elle permet de continuer d’accroître les suite du manque de fiabilité de l’alimentation électrique. compétences au sein du système d’innovation. La formation Les investissements dans la réforme des institutions ou des continue maximise l’utilisation des connaissances et des programmes d’enseignement agricole supérieur, des EFTP compétences antérieurement acquises, permet de tirer les ou de la formation en cours d’emploi devraient donner lieu leçons des expériences pratiques menées par des pairs et à la prise de dispositions pour assurer la mise en place et/ou renforce les capacités des ressources humaines en leur la mise à niveau des TIC et la formation du personnel aux permettant d’acquérir des connaissances et des fins de leur utilisation. MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 51 Encadré 2.4 Il est nécessaire d’élargir l’éventail des compétences pour promouvoir l’innovation Pour être efficaces, les systèmes d’innovation ont propriété intellectuelle, et être capables de jouer un rôle besoin de techniciens capables d’examiner et de d’animation et de forger des partenariats, autant de comprendre les aspects techniques complexes des domaines de qualifications que les institutions innovations. Ils ont aussi besoin de différents spécia- d’enseignement couvrent rarement. listes dont les compétences et les domaines d’intérêt ne Pour être capables de promouvoir l’innovation se limitent pas à leur spécialité mais couvrent (par agricole, les diplômés des différents niveaux du système exemple) les marchés, les agroentreprises, les droits de d’EFA doivent posséder une large gamme de compé- propriété intellectuelle, les institutions rurales, les tences, parmi lesquelles : finances rurales et la facilitation du crédit, l’analyse des Compétences de base et culture numérique : savoir systèmes et la gestion des conflits. Pour promouvoir ces lire, écrire et compter, et être capables d’utiliser les capacités, les universités doivent réformer leurs technologies numériques, d’obtenir accès à des infor- programmes de cours de manière à couvrir les mations et de les interpréter. démarches suivies dans les systèmes d’innovation et Compétences scolaires : pouvoir étudier, dans des privilégier des enseignements professionnels davantage instituts d’enseignement supérieur, des matières telles axés sur les besoins des clients. que les langues étrangères, les mathématiques, l’his- Les besoins que doivent satisfaire les programmes toire, le droit et les sciences. d’enseignement agricole évoluent avec une telle Compétences techniques : posséder des com- rapidité que de nombreux programmes ne peuvent pas pétences théoriques et professionnelles nécessaires à produire les ressources humaines capables du type des professions particulières, et connaître certains d’innovations requises par les économies agricoles du outils et processus. monde entier. Pour répondre à ces besoins, les Compétences génériques : par exemple, être capable programmes d’EFA devront associer des programmes de rechercher des solutions à des problèmes, de mener de cours hautement techniques à des formations une réflexion critique et créative, avoir la capacité portant sur toute une gamme de compétences et de d’apprendre et aussi de gérer des situations complexes. qualifications. Les chercheurs, les agents de vulgari- Compétences « fonctionnelles » : par exemple, être sation et les autres prestataires de services devront capable de travailler et d’avoir des interactions avec compléter leur formation professionnelle en acquérant d’autres personnes dans le cadre d’équipes, de groupes des compétences favorisant leurs interactions et leur hétérogènes et de différentes cultures ; posséder des collaboration avec différents intervenants pour pouvoir compétences en communication ; faire preuve de relever de nouveaux défis, saisir de nouvelles motivation, de détermination et d’initiative ; et être opportunités et partager leurs informations et leurs réceptif à l’innovation. connaissances. Par exemple, les agents de vulgarisation Compétences en leadership : pouvoir constituer et devront savoir comment renforcer le capital social en diriger des équipes, jouer un rôle de mentor, mener des organisant les intervenants ruraux, fournir différents négociations et assurer une coordination, tout en services allant du transfert de technologies au comprenant bien les impératifs de comportements marketing, et jouer le rôle d’animateur ou d’intermé- déontologiques ; diaire entre les participants (voir le module 3). Les Compétences administratives et esprit d’entreprise : chercheurs, au lieu de s’enfermer dans des laboratoires pouvoir mettre les innovations en pratique et et des stations expérimentales, devront posséder des permettre aux organisations de s’adapter et d’opérer compétences administratives, faire preuve d’esprit dans des environnements compétitifs. d’entreprise et de leadership, connaître les droits de la Source : Basé sur Snapp et Pound 2008, OCDE 2010. 52 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 2.5 Possibilités offertes par les TIC dans le cadre de l’EFA et contribution des TIC au système d’innovation De nombreux systèmes d’EFA des pays en dévelop- L’Institut international pour la communication et pement n’utilisent pas de TIC, même de base, dans le le développement (IICD), fondation sans but lucratif cadre du processus d’enseignement/d’apprentissage. spécialisée dans les TIC en tant qu’instrument du Cette situation est due, entre autres, à l’insuffisance des développement, a contribué à l’offre d’un certain capacités des enseignants, qui n’ont pas appris à utiliser nombre d’options basées sur les TIC dans le secteur ces technologies durant leur propre formation, du de l’éducation, qui témoignent des possibilités que manque de fonds disponibles pour acquérir des TIC, du pourraient ouvrir les TIC dans le cadre de l’EFA. Par manque de fiabilité de l’alimentation électrique et de exemple, au Burkina Faso, des enseignants ont appris l’absence de pressions exercées en vue de l’adoption et à créer des sites web, à trouver des ressources sur le de l’utilisation des technologies de l’information et des web et à utiliser des applications de publication vidéo communications. Ces dernières peuvent améliorer la et web pour améliorer leurs leçons. Des formations qualité de l’enseignement et de l’apprentissage et consacrées aux médias sociaux ont aidé ces ensei- accroître la qualité et la pertinence de l’EFA et, par gnants à constituer une communauté en ligne active conséquent, son impact dans le SIA de diverses qui partage des matériels didactiques avec les écoles manières : de tout le pays. Dans le cadre d’un projet similaire, les I Amélioration des compétences des enseignants. Les enseignants boliviens ont appris à créer des vidéos et professeurs et formateurs reçoivent une formation des CD-ROM qu’ils utilisent à l’appui de leurs leçons ; pour acquérir des compétences de base en TIC le succès remporté par cette initiative a incité les qui leur permettent d’utiliser ces dernières et autorités boliviennes à lancer un programme national d’employer des méthodes d’enseignement basées visant à équiper un millier d’écoles de centres infor- sur ces technologies. matiques. En Zambie ; une initiative a été lancée au I Amélioration des compétences des diplômés. Copperbelt College of Education, dans le cadre de L’efficacité et l’employabilité des diplômés de l’EFA laquelle tous les nouveaux enseignants doivent être en s’améliorent par suite de leur connaissance des TIC. mesure de préparer leurs leçons sur des supports I Amélioration des matériels didactiques. Les TIC numériques. Les compétences en TIC profitent permettent aux enseignants d’avoir accès à des également à la formation professionnelle et sources d’information et de créer, mettre à jour et améliorent l’employabilité des jeunes. Toujours en partager des matériels didactiques. Zambie, l’IICD a aidé à mettre en place un centre I Enseignement à distance et en ligne. Les TIC sont informatique dans un centre de jeunes, qui permet à essentielles à la création d’opportunités d’ensei- ces derniers d’acquérir des compétences de base et gnement et d’apprentissage à distance et en ligne. d’obtenir accès au web. Les utilisateurs ayant I Amélioration de l’administration et de la gestion découvert le potentiel des TIC, le centre informatique des services d’éducation. Les TIC permettent, dans a commencé à offrir des services supplémentaires, l’ensemble du système d’EFA, de gérer de manière notamment un appui aux activités de secrétariat et de plus efficace et rationnelle les ressources humaines commercialisation. Maintenant les TIC sont aussi et financières et de mieux suivre les résultats des utilisées pour appuyer la formation de couturiers, de élèves et des étudiants. charpentiers et de mécaniciens. Source : Auteur et www.IICD.org. MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 53 RESPECT DE NORMES DE QUALITÉ AGRÉÉES. Promouvoir changements soient d’origine interne ou externe, les l’homologation des universités et des instituts de formation investissements à long terme nécessaires pour appuyer la incite ces établissements à accroître la qualité de leur transformation d’un système d’EFA concernent, pour enseignement de manière à pouvoir respecter des normes l’essentiel, des réformes de vaste portée. Ces investissements agréées. Il est aussi possible d’investir dans l’établissement exigent une préparation considérable donnant lieu à des d’étroites relations de travail avec des institutions entretiens, à la formulation d’une vision de l’EFA (se d’enseignement de premier plan pour relever les normes reporter également au DAI 4 du module 7, qui examine le éducatives. Ces alliances permettent, en particulier aux processus de création d’une vision), à des accords avec les instituts d’enseignement supérieur, de mettre en place des parties prenantes, à la catalyse des apports des animateurs, programmes d’apprentissage en collaboration qui donnent et à des visites sur les sites de réformes ayant produit de lieu au partage d’informations, à des échanges de personnel bons résultats. les principaux objets des investissements et d’étudiants, ainsi qu’à la poursuite de travaux de sont, notamment : recherche conjoints. L’institution locale, son personnel et La réforme des instituts agronomiques, facultés ou ses diplômés peuvent, à terme contribuer de manière plus collèges d’agronomie d’une université. Ce type de réforme efficace au SIA. peut être considéré comme un changement piloté de l’intérieur, même si l’impulsion initiale a été donnée à CONSTITUTION D’UN CENTRE RÉGIONAL POUR LES ÉTUDES l’extérieur de l’université. SUPÉRIEURES. Étant donné les ressources limitées de Le « jumelage » de longue durée ou l’établissement de nombreux systèmes d’EFA, il n’est pas possible à beaucoup liens de collaboration avec des universités considérées d’universités d’offrir des programmes d’enseignement et de comme des chefs de file de l’EFA. Ces liens peuvent recherche de qualité suffisante pour produire des diplômés renforcer les réformes et produire des opportunités de qui peuvent assumer des rôles de leadership au sein du SIA. croissance productive dans les domaines de la recherche, de Investir dans la création d’un centre d’excellence de portée l’enseignement et de l’apprentissage par le biais d’échanges régionale pourrait offrir aux candidats compétents issus de d’enseignants et d’étudiants. systèmes ayant moins d’envergure ou de ressources la Des investissements dans la création d’institutions possibilité de poursuivre des études à un niveau supérieur. régionales offrant des diplômes spécialisés, en particulier Une fois de retour dans leurs universités respectives, ces au niveau de la maîtrise et du doctorat, le renforcement de candidats pourront alors contribuer à la constitution de leurs capacités et le maintien d’un appui systématique. nouveaux savoirs et renforcer le SIA local. Se reporter Ces entités pourraient devenir des centres d’excellence également à la NT 5 du module 4 qui traite des leçons dans des domaines particuliers de la recherche et de pouvant être tirées des changements organisationnels. l’enseignement. La mise à disposition de fonds de recherche compétitifs sous réserve de la conclusion d’un accord portant sur des Opportunités à long, moyen terme et court terme réformes. de revitaliser le système d’EFA La création de nouveaux instituts agronomiques financés et gérés par le secteur privé — nouveaux en Cette section présente, à titre indicatif, les opportunités raison non seulement de leur récente constitution mais d’investissement en fonction de leur durée — long, moyen aussi de leur approche, de leur vision et de leur autonomie et court terme — de manière à faire ressortir le type d’enga- — rentre également dans la catégorie des investissements à gement requis pour atteindre différentes catégories long terme. d’objectifs. L’apport de changements au système d’EFA, Des exemples d’investissement à long terme à l’appui de la qu’ils soient d’envergure générale ou ponctuels, ne suivra réforme de l’enseignement agricole sont présentés dans une NT pas toujours le calendrier prévu et il importe que les prati- et dans plusieurs DAI : ciens s’attendent à devoir procéder à des ajustements. La NT1 : Réforme du cycle supérieur de l’enseignement période durant laquelle un appui sera nécessaire dépendra agricole public. Cette note décrit le processus, les avantages, des moyens disponibles, de la détermination et de la capacité les risques et les leçons d’une réforme générale de à diriger les changements ; dans certains cas, cet appui devra l’enseignement agricole supérieur. Elle examine en détail être assuré plus longtemps que prévu ; dans d’autres, les l’exemple de la Chine et indique les efforts déployés dans réformes et les changements pourront intervenir plus d’autres contextes (Australie, Irlande). rapidement qu’on ne le pensait. DAI 1 : Réforme des universités agricoles d’État en Inde Ce DAI fait la synthèse des leçons tirées d’un effort majeur INVESTISSEMENTS À LONG TERME (AU MOINS CINQ ANS, PARFOIS déployé pour moderniser l’administration et la gestion des BEAUCOUP PLUS LONGTEMPS). Que les pressions en faveur de universités ; actualiser leurs programmes ; apporter des 54 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT changements pertinents aux méthodes pédagogiques, aux niveaux du système d’EFA ; à une réforme des programmes matériels didactiques et aux infrastructures ; établir de d’enseignement ; à l’amélioration des méthodes nouvelles normes pour l’enseignement agricole supérieur ; d’enseignement et d’apprentissage ; au renforcement des et améliorer la gestion des ressources humaines dans les capacités du personnel ; à l’amélioration des compétences ministères de tutelle des États qui travaillent en étroite en communication ; à la facilitation de l’accès aux TIC et à collaboration avec les universités agricoles. l’utilisation et l’application de ces dernières ; à DAI 4 : Programme du Sasakawa Africa Fund l’introduction ou au renforcement de programmes destinés Education : un programme de formation novateur pour les aux techniciens ; à la formulation des principes directeurs agents de vulgarisation agricole en milieu de carrière. Cet de l’enseignement agricole supérieur et de l’EFTP ; à la investissement à long terme privilégie le développement des modernisation des structures de gouvernance des compétences des cadres en milieu de carrière par le biais universités, collèges et instituts de formation ; à l’obtention de programmes diplômants qui associent des travaux d’une homologation pour les programmes d’enseignement pratiques sur le terrain et des formations théoriques. Le agricole supérieur diplômants, pour les programmes programme a permis d’établir d’étroites relations entre les débouchant sur des diplômes techniques et des certificats ; universités, le secteur public et les communautés rurales, au renforcement de la gestion de la formation en cours qui profitent à toutes les parties concernées. d’emploi ; à l’évaluation de l’impact des programmes de DAI 5 : L’Université Chiang Mai forge des liens avec les formation sur la qualité du travail ; et à la constitution ou au communautés rurales pour axer ses travaux de recherche renforcement de capacités nécessaires aux universités pour sur les problèmes rencontrés par les exploitations agricoles proposer des enseignements et des formations extrascolaires et promouvoir la modification des programmes d’études. aux parties prenantes extérieures, y compris les agents du L’Université Chiang Mai a mis au point un modèle secteur privé et les communautés. Les investissements à d’apprentissage et de recherche qui a eu un grand impact en moyen terme peuvent également financer des fonds de associant le personnel enseignant, les étudiants et les recherche compétitifs à l’appui de ces transformations. communautés rurales. Les commentaires suscités par Plusieurs NT et DAI de ce module examinent les l’expérience communautaire continuent d’influer sur les investissements à moyen terme : travaux de recherche de l’université, son programme de NT2 : Modification des programmes de l’enseignement cours, son rôle au sein du SIA et sa réputation agricole supérieur. Cette note examine les mesures internationale. concrètes qui doivent être prises pour concevoir des plans DAI 6 : EARTH University, Costa Rica : un nouveau propices à la modification des programmes d’études, ainsi type d’université agricole. Fondée en 1990, EARTH que les investissements et les politiques qui peuvent University, qui est une institution privée et autonome, est utilement appuyer ces mesures. un exemple d’institution nouvellement conçue pour NT3 : Enseignement et formation pour les techniciens. répondre à la nécessité d’éduquer et de former des jeunes Les instituts ou centres d’EFTP forment des techniciens pour faire face aux nombreux problèmes agricoles, sociaux ayant les compétences pratiques nécessaires pour gérer des et politiques rencontrés dans les zones rurales de la région. entreprises agricoles et des agroentreprises, fournir des Le modèle adopté donne lieu à l’association de travaux directives pratiques aux organisations d’agriculteurs et aux théoriques à une expérience pratique et à la collaboration banques agricoles, et devenir eux-mêmes entrepreneurs. avec les communautés agraires et des agroentreprises. Cette note technique examine de nouvelles conceptions de DAI 8 : Formation axée sur les agroentreprises destinée l’enseignement et de la formation des techniciens, aux diplômés du secondaire au Timor-Leste. Cet investis- notamment des démarches axées sur les partenariats sement est de relativement courte durée mais il devra public-privé et les agroentreprises. bénéficier d’un appui à long terme pour être viable. DAI 2 : Transformation de l’université agricole de Wageningen. En 1997, le ministère néerlandais de INVESTISSEMENTS À MOYEN TERME (TROIS À CINQ ANS). Les l’Agriculture a entrepris un important investissement dans investissements à moyen terme concernent la réforme et l’infrastructure du savoir agricole, qui a amené l’université l’amélioration des institutions d’enseignement et de Wageningen à modifier ses orientations, sa structure, ses formation, de la qualité de l’enseignement et des programmes et la composition de son personnel et à compétences pédagogiques, le passage d’une optique coopérer avec un réseau plus vaste de parties prenantes, d’enseignement à une optique d’apprentissage, le notamment dans le domaine de la recherche et des sciences renforcement de l’acquisition de compétences pratiques et sociales. l’offre d’un enseignement et d’une formation permanente. DAI 3 : La refonte des programmes des universités Plus précisément, ces investissements peuvent donner lieu à agricoles égyptiennes renforce les liens au sein du système des évaluations des besoins des parties prenantes à tous les d’innovation. La refonte des programmes offerts dans MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 55 cinq universités a permis d’adapter le contenu des cours interventions conçues pour renforcer le système sont, pour aux besoins des employeurs potentiels et ouvre la voie à des l’essentiel, des opérations à long terme : « Ce n’est qu’en modifications institutionnelles de plus large portée. inscrivant le changement dans la durée que les systèmes DAI 7 : Compétences techniques pour les cultures d’EFA pourront contribuer au développement d’éco- d’exportation en Ouganda et en Éthiopie. Grâce à des nomies agricoles plus dynamiques et plus concurrentielles, efforts menés en coopération par un bailleur de fonds, un qui font participer les agriculteurs, les entrepreneurs, les institut de formation et un groupement de producteurs, les agents de vulgarisation, les chercheurs et de nombreux employés du secteur des cultures d’exportation à forte autres intervenants à un système d’innovation de plus valeur ajoutée en Ouganda et en Éthiopie peuvent acquérir grande envergure » (Davis et al. 2007). Cette observation de meilleures compétences techniques. Les formations est également celle d’Eicher (2006), qui a noté que nombre dispensées ont été mises en place pour répondre à la des réformes d’EFA qui ont donné de bons résultats ont demande des employeurs. pris au moins 60 ans et ont nécessité un appui systéma- DAI 8 : Formation en agroentreprise pour les diplômés tique des bailleurs de fonds et d’autres partenaires. de l’enseignement secondaire au Timor-Leste. Le cours Les investissements à court terme sont décrits dans une NT d’un an sur les agroentreprises débouchant sur l’octroi d’un et un DAI : certificat, offert dans le cadre d’une opération pilote dans NT 4 : Réforme de la gestion de la formation/de trois écoles d’agriculture au niveau du secondaire au l’enseignement en cours d’emploi. Cette note décrit les Timor-Leste, montre l’intérêt de ces programmes ainsi que raisons d’être et les étapes de l’amélioration de la gestion de les problèmes considérables rencontrés, en particulier dans la formation en cours d’emploi et de la capacité des les zones rurales des États fragiles. formateurs à évaluer les besoins, à concevoir des programmes, à assurer des formations de diverses manières INVESTISSEMENTS À COURT TERME (UN À CINQ ANS). Les et à évaluer leur impact. investissements à court terme peuvent, eux aussi, largement DAI 9 : La formation professionnelle en Égypte associe contribuer à renforcer la capacité des participants à l’EFA compétences techniques et capacités d’innovation pour pour leur permettre de mieux communiquer et jouer leur promouvoir l’agriculture. Les programmes d’enseignement rôle d’agent d’innovation de manière plus efficace. Il est, par professionnel agricole dispensés dans 25 établissements exemple, possible d’améliorer les programmes de formation secondaires égyptiens ont été transformés de manière à en cours d’emploi ou les programmes de formation des offrir aux élèves non seulement une formation pratique agriculteurs en proposant des cours de courte durée aux mais aussi des compétences de plus haut niveau telles que la enseignants, aux animateurs et aux personnes chargées capacité de rechercher des solutions à un problème, de d’effectuer des démonstrations pour améliorer leurs procéder à des analyses critiques et de prendre des compétences ainsi que la qualité et la pertinence de leurs décisions. Il a fallu, à cette fin, procéder à des transforma- prestations. Les programmes d’études spécialisées destinés à tions supplémentaires des méthodes pédagogiques et des des intervenants essentiels du secteur peuvent également modes de gestion des établissements scolaires. rentrer dans cette catégorie, sous réserve qu’ils répondent à des besoins clairement définis et que les bénéficiaires mettent en place des programmes de travail plus efficaces à l’issue de Il ne peut y avoir de réforme sans réformateurs leur formation. Ces apprentissages spécialisés peuvent être assurés dans le pays, au niveau régional ou international, Il est important de rappeler que le classement des réformes selon les besoins et la qualité des programmes proposés. en fonction de leur durée et les exemples donnés n’ont L’appui à des détachements, à des stages d’initiation à la vie qu’une valeur indicative. Certains programmes de courte professionnelle et à des interactions avec les étudiants rentre durée sont devenus des programmes à long terme lorsque également dans cette catégorie d’investissement. Cette les parties prenantes ont promu le développement de leurs dernière peut également inclure, dans le cas des objectifs ; de nombreux programmes de longue durée ont organisations de jeunes ruraux, les appuis à la formation des échoué parce qu’ils n’ont pas été intégrés de manière organisateurs, aux programmes et aux concours organisés durable dans les activités courantes. Il est important que les pour les jeunes, à des voyages d’études et à la production de praticiens qui planifient des programmes de réformes d’une matériels d’enseignement et de supports média. durée quelconque veillent à constituer des groupes d’appui Bien que les activités de courte durée contribuent à parmi les parties prenantes à tous les niveaux pour contribuer la solidité et aux capacités de l’EFA, il est vrai que les à assurer la viabilité du programme. 56 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT SUIVI ET ÉVALUATION DES INVESTISSEMENTS l’EFA exigent différents indicateurs de progrès et d’impact, CONSACRÉS À LA RÉFORME DE L’EFA la plupart des investissements effectués pour réformer l’enseignement agricole présentent des éléments communs, Les activités de suivi et d’évaluation permettent aux parties que les réformes soient menées à l’échelle du système ou prenantes de déterminer si les investissements contribuent des institutions ou qu’elles concernent des aspects particu- à l’obtention des résultats souhaités, et aux institutions de liers de l’EFA, comme la réforme des programmes d’études. générer l’adhésion nécessaire à la poursuite des réformes et Le tableau 2.2 présente les indicateurs correspondant aussi d’adapter leurs programmes et leurs processus aux investissements dans chaque grand type de réforme administratifs. Bien que les différents investissements dans considéré dans ce module : Tableau 2.2 Évaluation des progrès des réformes de l’EFA Réformes générales des institutions d’enseignement agricole supérieur Résultat recherché Indicateur retenu Action/mesure requise – L’université est un membre actif du SIA. – Mise en place d’un organisme tripartite – Lancement d’un dialogue entre les – La productivité du secteur augmente (ministères chargés de l’éducation, de ministères chargés de l’éducation, de grâce au renforcement de l’efficacité du l’agriculture et des finances) pour l’agriculture et des finances. rôle joué par l’université au sein du SIA. coordonner l’EFA dans les cycles supérieurs. – Préparation des budgets sur une base – L’université propose des options – Des représentants des parties prenantes annuelle. d’éducation permanente aux parties sont membres du conseil d’administration – Présentation des réformes aux principaux prenantes. de l’université. groupes de parties prenantes. – L’université est considérée être une – Le budget annuel de l’université est préparé – Campagne visant à structurer les réformes source fiable et compétente de conseils et soumis à l’organisme tripartite. entreprises avec les décideurs. et d’apprentissage/de formation en cours – Approbation du budget annuel et allocation – Réalisation et analyse de l’évaluation d’emploi. des fonds. des besoins afin de déterminer les – La gouvernance de l’EFA s’améliore et – Le statut juridique des réformes est finalisé divergences entre les programmes offerts et est assurée à un plus haut niveau, grâce et est communiqué au public. les attentes sur le marché du travail. à la formulation de principes clairement – Présentation des réformes à l’organisme – Description et adaptation du programme définis et à l’octroi de ressources tripartite pour approbation. d’enseignement. financières – Le Conseil d’administration de l’université – Actualisation des méthodes pédagogiques – Institutionnalisation des réformes. approuve les réformes pour privilégier l’apprenant plutôt que – La qualité des programmes diplômants – Les compétences pédagogiques des l’enseignant. des universités est assurée par le biais de enseignants sont mises à niveau – Amélioration des rémunérations et des l’homologation. – Les TIC sont couramment utilisées dans le incitations proposées aux enseignants pour – Les parties prenantes participent à la cadre de l’enseignement. attirer et conserver un personnel de qualité gouvernance de l’université, et celle-ci a – La réforme des programmes est approuvée – Amélioration de la sélection des étudiants des rapports plus étroits avec les par le conseil d’administration de l’université admis et augmentation des proportions de communautés et les employeurs des et l’organisme tripartite. femmes et de membres de groupes diplômés. – Le programme d’ouverture sur la minoritaires. – L’université participe et contribue communauté a été mis en place. – Maintien du nombre d’étudiants à un niveau activement aux réseaux nationaux, – Fonctionnement satisfaisant du programme gérable pour assurer la qualité de régionaux et internationaux de l’EFA. des stages d’étudiants. l’enseignement. – Augmentation du nombre d’inscrits dans les – Accroissement du recours aux TIC pour programmes de maîtrise et de doctorat. permettre à l’EFA d’avoir accès à de – Accroissement de la proportion de femmes nouvelles sources de connaissances et dans le personnel universitaire. d’appui. – Établissement de liens avec les universités dans le pays et à l’étranger. (Suite du tableau à la page suivante) MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 57 Tableau 2.2 Évaluation des progrès des réformes de l’EFA (suite) Réforme de l’EFTPA et de l’EFP Résultat recherché Indicateur retenu Action/mesure requise – Le rôle de l’enseignement et de la – Approbation officielle du rôle et de la – Précision de l’attribution des formation techniques agricoles est défini. gestion de l’EFTPA. responsabilités de la gestion de l’EFTPA. – Les institutions offrent des possibilités – Approbation officielle des principes – Création de liens avec le système d’EFA. d’enseignement et de formation directeurs – Mise en place de programmes de continues. – Communication au public de la formule détachement et de stages d’initiation à – Les compétences des instructeurs et des de partage des coûts de l’EFTPA entre le la vie professionnelle, et accord sur les enseignants s’améliorent, notamment en secteur public et le secteur privé. règles et les critères d’évaluation. ce qui concerne les méthodes – Mise en place d’accords de partenariat – Évaluations des besoins de formation. pédagogiques axées sur l’apprenant. public-privé pour le financement de l’EFTPA. – Formation des instructeurs/ enseignants – Les principes directeurs de l’EFTPA sont – Homologation des programmes pour portant sur les méthodes pédagogiques dûment établis. assurer le respect des normes convenues. axées sur les apprenants. – Les parties prenantes participent – Niveau satisfaisant des taux d’emploi des – Réalisation d’enquêtes auprès des activement à la gouvernance de l’EFTPA. diplômés. employeurs et des diplômés. – Le réseau des institutions d’EFTPA/EFP – Employeurs très satisfaits de la qualité et – Évaluations des besoins au niveau des et des groupes de parties prenantes est des qualifications des diplômés. installations et des matériels. opérationnel. – Homologation des cours par des autorités – Examen et ajustement des barèmes de – Le niveau des qualifications de compétentes rémunération des instructeurs/enseignants. l’EFTPA/EFP s’est amélioré par suite du – Satisfaction des employeurs et des étudiants – Accord portant sur les modalités de processus d’homologation et de l’appui quant à l’impact de la formation/de financement par le secteur public et le des employeurs. l’enseignement. secteur privé et les entités parrainantes. – Les installations et les matériels – Conception des cours/programmes de permettent d’assurer le déroulement de manière à répondre aux besoins du marché programmes d’EFTPA de qualité. du travail et des employeurs. – Les niveaux de rémunération proposés attirent des instructeurs qualifiés. Modification des programmes de cours (réforme) Résultat recherché Indicateur retenu Action/mesure requise – Les programmes couvrent les – Nomination de l’équipe chargée de gérer le – Identification de groupes de leaders pour connaissances et les compétences que changement et la définition de leurs termes piloter le processus de réforme. les diplômés doivent posséder pour de référence et de leur programme de – Explication des changements apportés aux répondre aux attentes du marché du travail. programmes d’enseignement aux principales travail. – Présentation des nouveaux programmes de parties prenantes. – La stratégie de mise en œuvre des cours aux principales parties prenantes. – Évaluation des besoins avec la participation réformes/des changements est formulée – Approbation du nouveau programme de des principales parties prenantes. et appliquée. cours par l’établissement d’enseignement – Définition précise des étapes du processus – Un mécanisme opérationnel de suivi et le ou les ministères responsables. de stratégie et de réforme et affection des systématique des changements au sein – Formulation de commentaires en retour responsabilités à toutes les étapes du du secteur a été mis en place. positifs par les employeurs. processus. – Le personnel adopte des méthodes – Utilisation de meilleurs matériels didactiques – Identification des lacunes des programmes pédagogiques adaptées. par le personnel enseignant. et préparation de nouveaux programmes – Un mécanisme de suivi systématique de – Recours généralisé aux TIC par les pour y remédier. l’efficacité du programme de cours est enseignants et les apprenants. – Planification et exécution de programmes de en place. – Étudiants satisfaits du programme de cours. formation des enseignants et des instructeurs. – Essai pratique du programme et apport des modifications nécessaires. – Conception, essai, et production de matériels à l’appui du programme de cours. – Formation des enseignants/instructeurs pour leur permettre de suivre le nouveau programme (Suite du tableau à la page suivante) 58 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Tableau 2.2 Évaluation des progrès des réformes de l’EFA (suite) Modification des programmes de cours (réforme) (suite) Résultat recherché Indicateur retenu Action/mesure requise – Communication des leçons tirées des interactions entre l’université et la communauté aux gestionnaires du processus de modification des programmes – Conception d’un plan de suivi et d’évaluation. – Enquête auprès des employeurs pour déterminer la mesure dans laquelle ils sont satisfaits des prestations des diplômés. Gestion et amélioration de la qualité de la formation Résultat recherché Indicateur retenu Action/mesure requise – La formation est remplacée par – Prise et annonce de l’engagement – Identification des besoins de formation par l’apprentissage. d’améliorer la GRH. les directeurs et superviseurs. – Le rôle de gestion des ressources humaines – Mise en place de la stratégie de GRH. – Préparation des résumés des qualifications du secteur agricole est clairement défini. – Attribution des responsabilités en matière universitaires et des formations achevées – Les capacités de GRH et les de GRH. pour tous les membres du personnel. réglementations en la matière sont établies – Nomination de personnes qualifiées pour – Constitution de capacités pouvant assurer et appliquées. assurer la GRH. la GRH au sein des unités. – La conception des programmes de – Mise à disposition d’un appui budgétaire à – Poursuite de programmes d’orientation pour formation et la sélection des participants la GRH. la GRH destinés au personnel de direction. s’améliorent et sont basées sur l’évaluation – Mise à niveau régulière des qualifications – Acquisition de compétences en évaluation et l’analyse des besoins. des personnels de formation/d’animation. des besoins par le personnel chargé de la – Les dossiers de formation/d’enseignement – Mise à jour et pertinence des matériels de formation/ de l’enseignement. sont tenus à jour. formation/ d’enseignement. – Recrutement de concepteurs et création – Les recrutements et les promotions se font – Amélioration du moral du personnel et de de bases de données pour la GRH. au mérite. la satisfaction des clients, telle qu’indiquée – Révision des descriptions de poste pour par des enquêtes. inclure les qualifications et compétences – Examen régulier des résultats du requises programme de GRH au niveau ministériel – Amélioration des compétences pédagogiques – Diffusion de rapports annuels détaillés sur des formateurs/animateurs. la formation/l’apprentissage. – Acquisition de matériels et d’outils de TIC adaptés. – Formulation et allocation des budgets. – Mise à jour des matériels d’enseignement/ d’apprentissage. – Préparation de dossiers réguliers et détaillés sur les activités de GRH. – Enquête sur l’impact des programmes de formation/d’enseignement sur la performance au travail. Source : Auteur. Note : EFTPA = enseignement et formation technico-professionnel agricoles; GRH = gestion des ressources humaines. MODULE 2 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 59 NOTES 1. Ces défaillances génériques ont été recensées et documentées par différents chercheurs et par des groupes de spécialistes dans le monde entier. Voir, par exemple, FAO, UNESCO et OIT (1970) ; Busch (1988) ; Hansen (1990) ; GCHERA (1999) ; Magrath (1999) ; Foster (1999) ; Csaki (1999) ; Maguire (2000, 2007) ; Hazelman (2002) ; Muir- Leresche (2003) ; FAO et UNESCO (2003) ; Eicher (2006) ; Ochola et Ekwamu (2008). 2. À l’échelle mondiale, peu d’établissements d’enseignement proposent systématiquement des cours de formation en gestion des politiques publiques ; il existe donc un besoin sur lequel autant les pouvoirs publics que les établissements d’enseignement et les bailleurs de fonds devraient porter leur attention. 60 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT 1 MODULE 3 Investissements Coordination and dans les services Collective Action for de vulgarisation Agricultural et de conseil dans le cadre Innovation des systèmes d’innovation agricoles OR P ES VÉ RE VN W ION GÉNÉRALE TAT IE Kristin Davis, Forum mondial pour le conseil rural (GFRAS) Willem Heemskerk, Royal Tropical Institute (KIT) RÉSUMÉ ANALYTIQUE global d’innovation nécessitera des investissements dans les capacités des agents de vulgarisation et des organisations L es services de vulgarisation et de conseil font partie de manière à permettre la poursuite d’approches orientées intégrante du SIA, dans le cadre duquel ils jouent sur les chaînes de valeur, dans les services de vulgarisation plus que jamais un rôle d’intermédiaire en faisant axée sur le marché, dans le développement de groupes le lien entre les principaux intervenants, notamment les et d’organisations, dans les agroentreprises, et dans des mécanismes d’échange d’informations (réseaux, organisations de producteurs, les services de recherche et plateformes, etc.). Étant donné l’évolution récente de la l’enseignement supérieur. Ce module examine l’historique situation mondiale, les services de conseil devront couvrir et la situation actuelle des services de vulgarisation et de le changement climatique et la sécurité alimentaire et conseil et considère différentes questions importantes donner aux populations rurales les moyens requis pour telles que le pluralisme, les nouveaux rôles de la vulgari- faire face aux risques en général. sation, les nouveaux types de prestataires de services, les Pour mieux servir leurs parties prenantes et orienter les TIC et les agroentreprises. politiques publiques, les services de conseil doivent avoir Pour assurer de solides services de vulgarisation et de davantage voix au chapitre au niveau mondial et régional. conseil, il est important de coordonner et d’établir des liens Il est nécessaire d’établir les priorités d’investissement et avec les parties prenantes d’un SIA pluraliste, comprenant de définir les programmes des services de conseil agricoles de multiples parties prenantes. Des intervenants non dans le cadre des systèmes d’innovation sur la base des faits traditionnels, tels que les organisations d’agriculteurs et les établis. Les questions stratégiques concernant les services agronégociants, sont devenus d’importants prestataires de de conseil et de vulgarisation pluralistes concernent services de vulgarisation et de conseil, qu’il est essentiel de l’évolution des rôles des prestataires de services de vulgari- prendre en compte dans la conception des investissements sation, l’avantage comparatif de différents prestataires dans et des programmes. Les services de vulgarisation et de le cadre de fonctions particulières des services de vulgari- conseil doivent sans cesse s’adapter aux besoins des clients, sation et de conseil, la viabilité de leurs activités et l’équité. et ils doivent suivre et évaluer leurs prestations. Le changement de modèle — la notion que les connais- L’ampleur des besoins de nouvelles capacités de vulgari- sances générées par les travaux de recherche peuvent piloter sation pose peut-être le plus grave défi. Dans l’ensemble du l’innovation faisant place à l’idée que l’innovation dépend monde en développement, l’évolution de la demande et des de l’évolution du système dans son ensemble — doit rôles des services de vulgarisation dans le cadre du système s’effectuer non seulement dans la conception des 61 termes se rapportant à la vulgarisation figurent dans le Encadré 3.1 Définition des services glossaire de ce guide. de vulgarisation et de conseil Dans le présent module, les services de vulgarisation AUTRES RÔLES ET IMPACTS DES SERVICES et de conseil sont des systèmes qui facilitent l’accès DE VULGARISATION ET DE CONSEIL des agriculteurs, de leurs organisations et d’autres intervenants des chaînes de valeur et des marchés à Outre qu’ils sont un élément important des systèmes des connaissances, des informations et des techno- d’innovation, les services de vulgarisation et de conseil logies ; qui facilitent leurs interactions avec les contribuent directement à la croissance économique, à la partenaires dans le domaine de la recherche, de réduction de la pauvreté et à la bonne santé de l’environ- l’éducation, les agroentreprises et d’autres entités nement. La vulgarisation est un outil essentiel face aux pertinentes ; et qui les aident à développer leurs difficiles problèmes auxquels se trouve confrontée l’agri- propres pratiques et compétences techniques, culture — notamment le changement climatique, la cherté organisationnelles et administratives, ainsi qu’à des produits alimentaires et la dégradation des ressources améliorer la gestion de leurs activités agricoles. naturelles — qui contribue, de surcroît, à améliorer la productivité et à réduire la pauvreté (Davis 2009). Les Sources : Birner et al. 2009 ; Christoplos 2010. autres fonctions, très diverses, des services de conseil couvrent donc la fourniture d’informations commerciales, phytosanitaires et épidémiologiques et d’informations sur programmes et dans la manière de penser des agents de l’accès au crédit ou la facilitation de l’accès à des sources terrain mais aussi dans la manière de penser des adminis- disposant de telles informations (voir également la NT 1 et trateurs des services de vulgarisation et des responsables de la NT 4). Bien qu’il soit très difficile de faire ressortir l’action publique. l’impact des services de vulgarisation et que les observations des effets de certains grands modèles de vulgarisation témoignent de résultats mitigés, cette dernière DÉFINITION DES SERVICES DE VULGARISATION s’est avérée être un moyen efficace par rapport aux coûts ET DE CONSEIL AGRICOLES DANS L’OPTIQUE d’accroître les rendements économiques des agriculteurs et DES SYSTÈMES D’INNOVATION elle a eu des effets importants et positifs sur les connais- sances, l’adoption des technologies et la productivité (voir, Il existe de nombreuses définitions, philosophies et par exemple, Birkhaeuser, Evenson et Feder 1991). Une conceptions des services de vulgarisation et de conseil métaanalyse du CGIAR couvrant 292 études de cas a agricoles. Les perceptions de la mission de la vulgarisation permis d’établir que les investissements dans les services de ont, en outre, évolué au cours des ans. Lorsque les services conseil avaient un taux de rendement médian de 58 % de vulgarisation agricole se sont généralisés dans les pays en (Alston et al. 2000 ; Dercon et al. 2008). développement dans les années 70, les besoins, les attentes, Les services de conseil ont engendré non seulement de les perceptions et les outils la concernant n’étaient pas les notables rendements financiers mais aussi des rendements mêmes qu’aujourd’hui. À l’époque, la vulgarisation visait sociaux positifs, en particulier pour les femmes, les essentiellement à accroître la production, à améliorer les populations peu instruites, et les agriculteurs dotés de terres rendements, à former les agriculteurs et à procéder au de superficie moyenne (comme le montrent les travaux transfert de technologies. Aujourd’hui, la vulgarisation n’est consacrés par le CGIAR à la vulgarisation ; Davis et al. plus considérée comme un moyen de générer des capacités 2010b). Certains programmes de vulgarisation, tels que les d’action et de décision mais comme un système essentiel champs-école pour agriculteurs, se sont révélés avoir faisant partie intégrante des systèmes d’innovation et visant un impact positif sur l’environnement et la santé à faciliter les interactions et l’apprentissage sans se limiter à (Praneetvatakul et Waibel 2006). la formation des agriculteurs. Les travaux de recherche du Malgré les appels à la privatisation, l’État doit continuer CGIAR sur la vulgarisation agricole dans l’optique des de jouer un rôle dans le domaine de la vulgarisation (voir systèmes d’innovation montrent que cette dernière a un Rivera et Alex 2004 ; Swanson et Rajalahti 2010). Bien que rôle crucial à jouer qui consiste à contribuer au renfor- divers services publics et privés soient offerts aux cement des capacités d’innovation et à servir d’intermé- agriculteurs, de nombreuses tâches relevant des services diaire (Spielman et al. 2011). L’encadré 3.1 définit la de vulgarisation et de conseil ont un caractère de bien manière dont l’expression « services de vulgarisation et de public, notamment celles qui concernent les réglemen- conseil » est employée dans ce module. De nombreux autres tations, le contrôle de la qualité le long de la chaîne 62 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT d’approvisionnement de produits, la coordination de la adaptées ou efficaces, il n’a pas été possible de parvenir à fourniture des services, et la gestion des ressources une définition commune de ce que devraient couvrir des naturelles, ainsi que la fourniture de services aux groupes services de vulgarisation de plus vaste portée. Tant que marginaux, qui n’ont probablement pas accès aux services l’on n’aura pas une meilleure idée de ce qui donne ou non de conseil privé ou les moyens de les obtenir. Le secteur de bons résultats, des démarches viables ou non viables et public a pour rôle de financer la fourniture des services de de qui peut avoir ou non accès et profiter des différentes conseil (directement ou par voie de sous-traitance) lorsque formes de services de vulgarisation, l’on ne pourra que la demande portant sur ces services n’est pas satisfaite, répéter les erreurs passées. Plusieurs publications d’appuyer les services de conseil axés sur les questions de examinent ces questions en détail (se reporter, par viabilité sociale et écologique à long terme (y compris la exemple à Leeuwis et van den Ban 2004 ; Birner et al. sécurité alimentaire) et de gérer les services de vulgarisation 2009 ; Christoplos 2010 ; Hoffmann et al. 2009 ; et et de conseil (y compris le contrôle de la qualité et la gestion Swanson et Rajalahti 2010). Nous examinerons des connaissances). Le secteur public peut également offrir rapidement ici l’évolution dans le temps de la nature des des incitations au secteur non public pour l’amener à investissements dans la vulgarisation, décrirons comment contribuer davantage à la fourniture de services. Dans les et pourquoi les services de conseil ont évolué et systèmes pluralistes de vulgarisation, le secteur public exposerons certaines des démarches les plus récentes ainsi peut recadrer son action pour réorienter certains investis- que leurs objectifs. sements publics au profit de la gestion des systèmes de vulgarisation et du renforcement des capacités des intervenants privés, bien que cela ne soit possible que si Évolution des niveaux d’investissement les intervenants du secteur public adhèrent à de tels changements (Christoplos 2010 ; Spielman et al. 2011). Des Des investissements dans la vulgarisation ont été réalisés services de conseil sont de plus en plus intégrés dans les par des bailleurs de fonds, les autorités de différents pays, services d’approvisionnement en facteurs de production des ONG (internationales) et le secteur privé. Le type et (DAI 1), mais le secteur public doit coordonner les activités l’ampleur de ces investissements ont été extrêmement au niveau local de manière à réglementer et certifier ces variables au cours des dernières décennies, en particulier services (pour empêcher la fourniture d’informations parce que les diverses démarches suivies en ce domaine, biaisées, par exemple) et faciliter les interactions entre les prisées à une époque, n’ont pas toujours conservé la faveur prestataires de services publics et privés. des parties prenantes (encadré 3.2). Les autorités de nombreux pays ont réduit leurs investis- sements dans les services de vulgarisation et de conseil au fil ÉVOLUTION DU SERVICE DE VULGARISATION du temps, ce qui a privé ces derniers des ressources ET DE CONSEIL nécessaires à leurs opérations et les a forcés à continuer de fournir des recommandations de portée générale en Le regain d’importance accordée à l’agriculture dans le répétant systématiquement les mêmes démonstrations. Le programme de développement reporte l’attention sur les nouveau groupe d’appui de la vulgarisation qui se constitue services de vulgarisation et de conseil agricoles. Par ailleurs, depuis peu de temps grâce à des organisations d’agri- des facteurs imprévus provoquent d’importants besoins de culteurs renforcées, au secteur privé et aux services de services de vulgarisation additionnels, qui tiennent à la conseils appuyés par les ONG, a suscité un grand intérêt nécessité de fournir de plus amples informations sur le pour la vulgarisation dans le cadre du Programme détaillé climat, à l’expansion des programmes de sécurité de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) et du alimentaire, à l’évolution du programme d’aide à la facili- Cadre pour la productivité de l’agriculture africaine qui tation des échanges, aux programmes de développement l’accompagne. En dehors de l’Afrique, l’attention accrue des chaînes de valeur, et à la réforme générale de la portée à la vulgarisation se manifeste dans le contexte du recherche agricole mondiale à l’appui du développement. Forum mondial pour le conseil rural (GFRAS). Le PDDAA Face à ces besoins, il importe d’exploiter les connaissances et les contrats correspondants conclus au niveau national actuelles et aussi d’examiner la pertinence des nouvelles prônent un meilleur ciblage et une augmentation de l’effi- formes de vulgarisation dans le cadre des nouveaux cacité de la prestation des services en définissant ces programmes de développement, des nouvelles architectures derniers en fonction des besoins réels des agriculteurs, en de l’aide et des nouvelles structures institutionnelles évitant la fourniture de recommandations générales, en (Christoplos 2010, 6,9). poursuivant les travaux avec les groupes d’agriculteurs Si l’on sait que les méthodes traditionnelles employées existants, en recherchant des fonds de contrepartie auprès pour fournir des services de conseil ne sont pas toujours des intervenants des chaînes de valeur, et en utilisant de MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 63 Encadré 3.2 Niveaux passés et présents des investissements dans les services de conseil agricoles De nombreux bailleurs de fonds, investisseurs, et à l’éducation agricoles s’est établi à environ entreprises privées, et pratiquement tous les États 120 millions de dollars par an en 2007 et 2008, et s’est investissent dans la vulgarisation, bien qu’il soit difficile essentiellement orienté vers l’Afrique. Les financements de déterminer précisément le niveau de leurs investis- annuels à ces sous-secteurs fluctuent considérablement sements. Le montant global des investissements publics puisqu’ils sont descendus aux environs de 100 à dans la vulgarisation a été estimé à 6 milliards de 126 millions de dollars au cours de certaines années dollars en 1988 ; deux initiatives sont actuellement (2003, 2008 et 2007) mais ont atteint 499 millions de menées dans le but d’actualiser ce chiffre. dollars en 2006, 582 millions de dollars en 2009 et L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation environ 300 millions de dollars en 2010. et l’agriculture (FAO) a récemment procédé à une Les investissements de la Banque mondiale dans les enquête sur les investissements effectués dans neuf services de vulgarisation sont souvent, pour l’essentiel, secteurs agricoles du monde entier, notamment au titre de petits investissements effectués conjointement à des de la vulgarisation. En collaboration avec l’Institut investissements dans l’amélioration de la productivité international de recherche sur les politiques alimen- agricole et des liens avec le marché. Il existe cependant taires, la FAO procède aussi à une évaluation de la des exceptions notables, telles que les importants vulgarisation à l’échelle mondiale, qui permettra de investissements consacrés aux liens entre la recherche et mieux déterminer le niveau des investissements dans le les systèmes de vulgarisation ainsi qu’à des réformes capital physique et humain et d’obtenir d’autres générales de ces systèmes. Par exemple, grâce à l’appui, données à brève échéance. entre autres, de la Banque mondiale, les pouvoirs Les bailleurs bilatéraux et multilatéraux investissent publics de certains pays ont fortement investi dans la dans les systèmes de vulgarisations nationaux et dans conception et la mise en œuvre de nouveaux modèles de des méthodes de vulgarisation telles que les champs- vulgarisation, tels que le service national de conseil école pour agriculteurs et les groupes de recherche de agricole en Ouganda (décrit dans l’encadré 3.7) et la producteurs. Les prêts de la Banque mondiale au secteur méthode du centre de formation des agriculteurs en agricole ont plus que doublé entre 2006 et 2009, pour Éthiopie. Le secteur privé, notamment British American passer de 2,9 milliards au cours des années de référence Tobacco, Nestlé, des entreprises horticoles et des 2006–08, à 5,3 milliards de dollars pour l’exercice 09. La brasseries, investit également dans la vulgarisation. recherche, la vulgarisation et les services d’éducation Dans de nombreux pays (surtout en Afrique de l’Est), agricoles n’ont pas autant bénéficié de cet accroissement les sous-secteurs des cultures d’exportation ont organisé que les autres sous-secteurs agricoles. L’essentiel des la prestation des services, y compris de vulgarisation, financements supplémentaires a été consacré à l’infra- par secteur, et ces services sont financés par des droits structure et aux politiques de développement. L’appui d’exportation et des commissions et taxes de commer- de la Banque mondiale à la recherche, à la vulgarisation cialisation prélevée au niveau des districts. Sources : Swanson, Farner et Bahal 1990 ; Davis 2008 ; Davis et al. 2010b ; World Bank Rural Portfolio Team. nouveaux outils comme les TIC (encadré 3.3). La viabilité Évolution des démarches suivies de la prestation des services est désormais une composante importante des stratégies de services de conseil. Les contrats Les démarches retenues pour fournir des services de du PDDAA engagent également les autorités nationales à vulgarisation ont dû évoluer par suite des critiques faites investir davantage dans la vulgarisation et à ne pas compter aux approches traditionnelles selon lesquelles ces services sur les financements des bailleurs. En Ouganda, par étaient imposés du sommet à la base, ne rendaient pas exemple, le pourcentage du budget national affecté à la compte aux utilisateurs, avaient un caractère discrimi- vulgarisation (National Agricultural Advisory Services— natoire envers les femmes, étaient axés sur la production et NAADS) a progressivement augmenté pour passer de 0,3 % les technologies et non sur les marchés et privilégiaient des en 2003 à 2,6 % en 2011, et a aussi nettement augmenté en recommandations générales sans prendre en compte la pourcentage du budget agricole. diversité des situations des ménages agricoles. Ces critiques 64 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 3.3 Avantages des TIC pour les services de vulgarisation et de conseil agricoles Les chercheurs associés au Groupe consultatif pour la partagées, à des forums en ligne et à des espaces de recherche agricole internationale ont montré que collaboration. Beaucoup d’ONG, d’organismes de l’infrastructure des télécommunications contribuait à recherche et de ministères nationaux ont amélioré réduire la pauvreté et ouvrait des perspectives aux l’accès aux technologies et aux connaissances de populations des pays en développement (Torero, leurs services de conseil ruraux en établissant des Chowdhury et Bedi 2006). Les TIC remplissent trois télécentres ruraux et des forums en ligne. grandes fonctions dans le contexte des services de conseil ruraux à l’appui de l’innovation : Dans l’ensemble du monde en développement, les services de conseil ruraux commencent à utiliser les TIC I Les TIC permettent de satisfaire aux besoins sous diverses formes, notamment des programmes de d’informations locales et spécifiques — radio et de télévision ruraux, l’internet et les services informations adaptées aux utilisateurs ruraux parce mobiles. Les conseils et les informations communiquées que présentées sous une forme compréhensible et par l’intermédiaire des TIC sont de plus en plus dans une langue appropriée — en donnant aux petits diversifiés ; ils concernent aussi bien des technologies et producteurs ainsi qu’aux prestataires de services de des pratiques particulières que les mesures d’atté- conseil un accès adéquat et rapide aux informations nuation et d’adaptation au changement climatique, la techniques et commerciales. gestion des catastrophes, les alertes précoces en cas de I Les TIC permettent de stocker des informations, ce sécheresse, d’inondation et de maladie, les prix, l’habili- qui donne la possibilité de les utiliser à une date tation politique, la gestion des ressources naturelles, ultérieure. Dans bien des cas, les informations sur les informations agricoles, l’efficacité de la production les technologies et les bonnes pratiques ne sont et l’accès aux marchés. Les TIC offrent également aux disponibles que sur papier, sont incomplètes, peu agriculteurs de nouveaux moyens de documenter et nombreuses ou inutiles. Les savoirs locaux et de partager leurs expériences entre eux et avec des autochtones sont souvent transmis oralement, ne spécialistes. Le guide intitulé Information and Com- sont que rarement consignés par écrit ou sont munication Technologies for Agriculture e-Sourcebook dispersés. Un système d’information adapté aux (Banque mondiale 2011) donne de nombreux exemples utilisateurs ruraux permettant de compiler, de de ces applications. documenter et de partager des informations dans Bien que de nombreux prestataires de services de des formats standards accroît l’utilité, la sûreté et vulgarisation et de conseil aient recours aux services de l’accessibilité des informations recueillies. «e-vulgarisation » ou de « cyber-vulgarisation » pour I Les TIC facilitent la création de réseaux locaux, toucher un plus grand nombre d’agriculteurs et régionaux et mondiaux, et permettent ainsi d’adopter accroître l’accès de ces derniers aux informations, la des méthodes collaboratives et pluridisciplinaires pour plupart de ces initiatives sont encore en phase d’essai et résoudre les problèmes et diversifier les recherches il n’existe encore que peu d’observations sur l’efficacité grâce au recours à des bases de connaissances des TIC dans le domaine de la vulgarisation. Sources : Banque mondiale 2011; Davis et Addom 2010. ont tenu, en règle général, à différents facteurs : l’absence de développer leur esprit d’entreprise, ce qui a suscité une technologies pertinentes ; le fait que les chercheurs et les demande de services de vulgarisation offrant aux agents de vulgarisation ne comprenaient pas ce dont agriculteurs des conseils portant non seulement sur les avaient besoin leurs clients et ne les faisaient pas participer questions de production mais aussi sur la manière à la définition et au règlement des problèmes ; l’absence d’obtenir accès aux marchés. Il est désormais beaucoup d’incitations offertes aux agents de vulgarisation ; et plus important pour les agents de vulgarisation de suivre l’absence de relations entre les agents de vulgarisation, les des formations en marketing (Dixie 2005). chercheurs, les agriculteurs et les intervenants du marché Un certain nombre de démarches ont visé à surmonter (Davis 2008). Dans de nombreux pays, les politiques de ces difficultés et à répondre aux nouvelles demandes de libéralisation économique ont permis aux agriculteurs de services de conseil. Le modèle de vulgarisation traditionnel réorienter leurs activités en fonction du marché et de de formation-visites (Benor et Baxter 1984) a fait place à MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 65 des démarches menées sur une petite échelle par des ONG marché et entraînées par la demande. L’encadré 3.4 donne et la FAO et dans le cadre de projets financés sur une base l’exemple d’un nouveau modèle appliqué en Inde. bilatérale. Ces démarches mettent l’accent sur des modèles Les agriculteurs obtiennent des informations de sources d’apprentissage et d’action fondés sur la participation des de plus en plus diverses, en particulier dans les sociétés agriculteurs, qui fournissent des services mieux adaptés à ouvertes et en voie de démocratisation, surtout grâce aux ces derniers, notamment en facilitant leur accès à des innovations dans le domaine des communications. Leurs services financiers et aux marchés. Les efforts déployés au connaissances et leurs systèmes d’innovation se sont plan national et international pour relancer la vulgarisation nettement diversifiés (Engel et Salomon 1997). On observe ont engendré diverses réformes institutionnelles (Rivera et la même diversité et complexité au niveau des systèmes Alex 2004), menées essentiellement dans une optique du modernes de services de conseil, qui suivent désormais Encadré 3.4 Inde : organisme de gestion des technologies agricoles L’organisme de gestion des technologies agricoles comparables qui ont commencé à produire et à (Agricultural Technology Management Agency — commercialiser des produits particuliers. ATMA) suit une démarche décentralisée et axée sur le I Les systèmes de vulgarisation doivent constituer des marché pour assurer la vulgarisation qui, de l’avis de comités directeurs ou consultatifs formels pour beaucoup, est un modèle de réforme probant. Le modèle déterminer les besoins particuliers et les priorités ATMA s’efforce de relever les niveaux de revenus d’agriculteurs représentatifs dans chaque district, y agricoles et l’emploi rural en intégrant les programmes compris des femmes. Par exemple, dans le modèle de de vulgarisation dans les ministères de tutelle, en l’ATMA, 30 % des sièges de chaque organe directeur établissant des liens entre la recherche et la vulgarisation, et de chaque comité consultatif d’agriculteurs sont et en assurant une planification de bas en haut. Il vise, attribués à des femmes des zones rurales. notamment, la démarginalisation des agriculteurs par le I La vulgarisation peut offrir des services mieux biais de groupes d’intérêt agricoles, la prestation de adaptés aux agriculteurs et aux agricultrices en services à ces groupes d’intérêt par différents presta- permettant à des entreprises privées de contribuer à taires, le recours à une planification de bas en haut à la « dissémination » de produits innovants et en laquelle participent des représentants des groupes recadrant les services de vulgarisation publique sur d’intérêt (consultations portant sur les besoins et les les innovations concernant les processus, dans le demandes des agriculteurs), et l’autonomie du système contexte desquels les agents de ces services jouent un de vulgarisation. Il est essentiel, dans ce modèle, rôle d’animateur ou de médiateur d’innovation (voir d’assurer la coordination des prestataires de services de la NT 4). vulgarisation. L’impact de l’ATMA a été décrit de I Les agriculteurs innovants jouent un rôle essentiel en manière détaillée (Swanson et Rajalahti 2010, 114). identifiant et en élargissant la portée des innovations L’une des principales leçons qui peuvent être tirées concernant les processus (dans le cadre de la vulgari- de l’expérience de l’ATMA est que la vulgarisation doit sation entre agriculteurs). être plus décentralisée et suivre un processus de bas en haut pour les raisons suivantes : Des efforts ont été déployés, avec des résultats variables, dans le but d’appliquer le modèle ATMA sur I Les marchés des cultures et des produits à forte une plus grande échelle. Lorsque ces efforts ont été valeur ajoutée, comme les conditions agroécolo- couronnés de succès, c’est souvent parce qu’une giques, dépendent du site considéré. Les vulgar- attention suffisante a été portée au renforcement des isateurs et les agriculteurs doivent déterminer et capacités des prestataires de services de vulgarisation considérer les cultures à forte valeur ajoutée qui ont publics (planification de bas en haut, formation de les meilleures chances de réussir dans chaque région. groupes, nouvelles méthodes de vulgarisation) et que les La démarche la plus efficace consiste à recenser les ressources affectées ont permis de couvrir les frais agriculteurs novateurs opérant dans des régions d’exploitation. Lorsque ces conditions n’ont pas été remplies, le modèle a donné de moins bons résultats. Sources : Singh et al. 2006 ; Anderson 2007. 66 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT diverses approches, offrent des contenus différenciés et ont développer les entreprises et d’élargir l’accès aux services des interactions avec des entités publiques et privées. Le financiers ; les coopératives d’épargne et de crédit (CCPEC) terme « pluraliste » est souvent utilisé pour décrire la en sont un exemple (Heemskerk et Wennink 2004 ; diversité nouvelle des formes institutionnelles de prestation Wennink, Nederlof et Heemskerk 2007). et de financement des services de vulgarisation agricole Les TIC ont élargi la gamme des options pouvant être (NT 1). De nouveaux intervenants proposent et financent retenues pour la prestation des services de conseil des services de conseil, parmi lesquels des ONG, des organi- (encadré 3.3, tableau 3.1) et sont de plus en plus utilisées sations d’agriculteurs, le secteur privé et des organisations pour communiquer des informations sur les prix du marché communautaires. Ce pluralisme perdurera très probable- et les conditions climatiques et aussi pour offrir des types de ment et s’accroîtra en ce qui concerne les formes d’organi- conseils de vulgarisation particuliers (voir Banque mondiale sation, les méthodes et les structures institutionnelles. 2011 ainsi que l’exemple des services de santé animale au Kenya décrit dans l’encadré 3.6). Les méthodes de conseil informelles, telles que les échanges entre agriculteurs de Nouvelles démarches novatrices connaissances et de technologies sont également de plus en plus répandues et appliquées dans le cadre de systèmes de Les démarches participatives et basées sur les groupes vulgarisation pluralistes (voir la NT 1 et l’encadré 3.12). gagnent du terrain dans le domaine de la prestation des services de conseil. Elles offrent la possibilité de surmonter les obstacles à la participation, de promouvoir l’inclusion PRINCIPES POUR LA MISE EN PLACE et d’encourager la fourniture de services répondant mieux DE SERVICES DE VULGARISATION à la demande. Elles visent toutes à donner aux agriculteurs ET DE CONSEILS EFFICACES une plus grande voix au chapitre et à faire bénéficier la vulgarisation agricole du savoir de ces derniers pour Le niveau précis des investissements dans la vulgarisation et favoriser la démarginalisation des agriculteurs dans le les stratégies de réforme particulière qui doivent être suivies cadre de la prestation de services et du développement des dépend du contexte national, et notamment de l’organi- chaînes de valeur (Nederlof, Wennink et Heemsekerk sation actuelle des intervenants du système des services de 2008 ; KIT, Faida Mali et IIRR 2006). vulgarisation et de conseil (Birner et al. 2009). Il ne suffit Les groupes d’agriculteurs (groupes de contact) ont été pas de trouver une démarche ayant donné de bons résultats constitués dans le modèle de vulgarisation formation-visites dans un pays ou dans un district pour pouvoir l’appliquer essentiellement parce qu’il est plus efficace de communiquer directement dans un autre. Si les réformes de la vulgari- des informations à des groupes qu’à des individus. sation doivent être adaptées aux conditions locales, il est L’expérience acquise ultérieurement dans le cadre de la bon de commencer par concevoir et établir des services de participation des groupes d’agriculteurs à la planification et vulgarisation et de conseil plus efficaces et durables en des champs-école d’agriculteurs et grâce à la téléphonie envisageant plusieurs catégories de réformes : les réformes mobile, a contribué à accroître la participation des organi- des structures de gouvernance, les réformes des capacités et sations d’agriculteurs à la fourniture de services de vulgari- de la gestion et les réformes des méthodes de conseil sation et à la vulgarisation entre agriculteurs (ces points sont (tableau 3.1). Les investissements pouvant être envisagés développés dans les encadrés 3.3 et 3.5–3.6). Par exemple, ainsi que des exemples de ces principes sont décrits dans les dans le modèle de planification participative au niveau du NT 1-4. district appliqué au Mozambique, les conseils consultatifs De nombreux pays, en particulier ceux où se déroule un d’agriculteurs orientent l’affectation des investissements des processus de décentralisation démocratique, se sont lancés fonds de développement économique du district dans des dans des réformes pour rapprocher les services des projets locaux conçus par les associations d’agriculteurs. Les agriculteurs. Grâce aux réformes entreprises, les activités à associations bénéficient d’un appui pour la conception des caractère participatif de planification et d’allocation des plans d’activité des projets sélectionnés qui, pour beaucoup, ressources sont menées au niveau des districts, et les donnent lieu à la fourniture de services de vulgarisation bureaux agricoles de district coordonnent la fourniture des (voir la NT 2). L’approche des champs-école (voir services. On peut citer à cet égard le NAADS en Ouganda l’encadré 3.5 et le DAI 2) renforce l’apprentissage interactif (encadré 3.7) et le Programme national de vulgarisation d’une part entre agriculteurs et, d’autre part, entre agricole (PRONEA, Programa Nacional de Extensào agriculteurs et prestataires de services. La participation des Agraria) au Mozambique (voir l’encadré 3.12 de la NT 1). groupes d’agriculteurs a encore été récemment renforcée L’Éthiopie a lancé un plan ambitieux conçu pour établir par la formation de coopératives « modernes » chargées de les services de conseil au niveau administratif le plus MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 67 Encadré 3.5 Champs- école pour un apprentissage Encadré 3.6 Recours à la téléphonie mobile pour participatif en groupe assurer des services de santé animale Les champs-école pour agriculteurs donnent lieu à FARM-Africa, ONG opérant au Kenya en association des réunions régulières de groupes de personnes avec les autorités et d’autres parties prenantes, a mis ayant des intérêts communs pour examiner « le au point un système de soins de santé animale comment et le pourquoi » d’un sujet particulier. Les décentralisé dans le cadre de son projet de renfor- champs-école sont particulièrement bien adaptés et cement des capacités et de chèvres laitières au Kenya spécialement conçus pour les études sur le terrain (Kenya Dairy Goat and Capacity Building Project – qui nécessitent des compétences directes en gestion KDGCBP). Pour pouvoir relier les principaux et la compréhension des concepts (sur la base de participants au système, le projet s’est adressé à principes d’éducation scolaire des adultes). Safaricom Corporation, qui est l’entité citoyenne de Quels sont donc les aspects essentiels et la société de téléphonie mobile Safaricom. Le originaux des champs-école pour agriculteurs ? Les système KDGCBP opère avec un agent de santé champs-école sont une méthode à caractère animale communautaire, qui achète une trousse de participatif d’apprentissage, de développement de médicaments vétérinaires et un téléphone mobile à technologies et de diffusion fondée sur les des prix bonifiés. Le projet installe également des principes de l’éducation des adultes, tels que téléphones communautaires, alimentés au moyen de l’apprentissage par l’expérimentation. En règle panneaux solaires et de piles lorsqu’il n’y a pas de générale, entre 20 et 25 agriculteurs se réunissent réseau électrique, dans les centres vétérinaires. Le une fois par semaine dans un cadre informel sur propriétaire du téléphone communautaire est chargé une exploitation avec un animateur. Les champs- des réparations mais il peut faire payer son écoles se caractérisent fondamentalement par utilisation. Pour les vétérinaires privés, le téléphone l’observation, l’expérimentation et l’action de est donc une nouvelle source de revenus. Des groupe. Cette méthode de formation pratique et téléphones mobiles sont en outre attribués aux aides interactive permet aux agriculteurs d’être leurs de santé animale et aux vétérinaires qui travaillent propres experts techniques dans des domaines avec le projet. Le système téléphonique permet aux importants de leurs systèmes agricoles. Les prestataires de soins de santé animale de se tenir agriculteurs sont encouragés par un animateur à mutuellement au courant, de partager des procéder à leurs propres travaux de recherche, à informations et d’aiguiller les animaux malades. Il a établir leurs diagnostics et à les tester, à concevoir permis de réduire les coûts de transaction et des solutions et à partager ce qu’ils ont appris avec d’accroître l’efficacité des soins de santé au niveau d’autres. de la région. Source : Davis 2008. Source : Kithuka, Mutemi, et Mohamed 2007. Tableau 3.1 Démarches axées sur l’établissement de services de vulgarisation et de conseils efficaces Démarche Définition Mesures nécessaires* Réforme des structures de gouvernance Décentralisation et Conformément au principe de subsidiarité, la planification, Mise en œuvre effective des mesures générales de déconcentration le financement et l’administration des services de décentralisation ; fourniture de services répondant à la vulgarisation s’effectuent à l’échelon administratif demande de systèmes agricoles diversifiés ; caractère limité le plus bas possible. de bien public et des externalités non locales des messages de vulgarisation ; affectation spéciale de fonds en cas de décentralisation financière des services de vulgarisation au niveau des administrations locales ; volonté politique de constituer et de maintenir des capacités de vulgarisation à l’échelon local. (La fin du tableau figure à la page suivante) 68 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Tableau 3.1 Démarches axées sur l’établissement de services de vulgarisation et de conseils efficaces (suite) Démarche Définition Mesures nécessaires* Renforcement du Les systèmes de vulgarisation locaux reposent sur la Prestataires de services capables venant du secteur privé pluralisme par le biais coordination des services fournis par le secteur public et du tiers secteur **, ou ressources suffisantes pour de la sous-traitance et par le secteur privé, et la sous-traitance de services renforcer ces capacités ; concurrence entre les prestataires entre le secteur public en fonction des besoins de services ; reconnaissance des problèmes de et le secteur privé gouvernance et de passation des marchés et contrats associés à la sous-traitance, et adoption de mesures adéquates pour y remédier, notamment renforcement de la capacité des organismes de vulgarisation à gérer les contrats. Participation des Les agriculteurs participent à la prestation des services Organisations sociales existantes (capital social) ; absence organisations de vulgarisation, du stade de la planification à celui de de hiérarchie sociale rigide ; disponibilité de ressources d’agriculteurs la passation des marchés et contrats ; aux services suffisantes pouvant être investies dans la mobilisation de vulgarisation entre agriculteurs et au paiement sociale et la formation de groupes, en particulier lorsque des services. les conditions précédentes ne sont pas remplies. Privatisation et Les services sont (en partie) payés par les agriculteurs Systèmes agricoles commercialisés disposant d’une partenariats eux-mêmes, directement ou indirectement. infrastructure de marché adéquate ; climat propice à public-privé l’activité économique des agroentreprises ; orientation des services de vulgarisation sur le marché. Exemple : vulgarisation axée sur le marketing, donnant lieu à la formation des agriculteurs et à la communication d’informations sur les marchés. Recouvrement Une partie des dépenses de fonctionnement des services Commercialisation des systèmes; possibilité d’intégration des coûts est prise en charge par les agriculteurs en espèces ou avec l’agriculture sous contrat ou de liens avec la vente en nature pour garantir que ces derniers obtiennent ce de facteurs de production ; possibilité de prélever des dont ils ont besoin et améliorer la viabilité financière commissions sur les produits (comme les cultures du système. d’exportation). Réforme des capacités et de la gestion Nouvelle gestion Application des principes du secteur privé, notamment Adaptation à la réforme générale du secteur public et publique dans le domaine de la gestion des ressources humaines autonomie relative des organismes de vulgarisation. et financières (contrat de performance, détermination des coûts et transparence financière). Reconfiguration Analyse et conception des flux de travail des Réexamen des structures hiérarchiques et des systèmes de des processus processus au sein d’une organisation. suivi internes. opérationnels Réforme des méthodes de conseil Champs-école pour Groupes d’apprentissages axés sur les agriculteurs, et Technologies complexes exigeant d’importants apprentissages agriculteurs parfois animés par ces derniers (vulgarisation entre (par exemple, technologies devant être adaptées à des agriculteurs). conditions agroécologiques diverses) et/ou modification des comportements. Utilisation des Les TIC permettent d’élargir l’accès à l’information. Infrastructure des TIC adéquate à l’échelle nationale. technologies de Nécessité pour les utilisateurs d’avoir certaines capacités l’information et des (par ex. connaissance des TIC) dans de nombreux cas. communications (TIC) Nécessité d’utiliser un langage approprié. Source : Birner et al. 2009. * Voir la section (de ce module) intitulée « Nouvelles orientations, priorités et conditions en matière d’investissement » et la NT 1 pour des suggestions sur la manière de mettre en œuvre des services de conseil de cette nature. ** ONG et organisations opérant sur le mode d’une action collective. MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 69 Encadré 3.7 Service national de conseil agricole en Ouganda L’État ougandais a créé le service national de conseil améliorer les compétences et les connaissances des agricole (National Agricultural Advisory Services — « nouveaux » conseillers employés par le secteur privé, NAADS) par la loi de 2001 sur le NAADS sous la forme qui devaient pouvoir organiser des groupes d’agri- d’un système décentralisé, pluraliste et opérant sur la culteurs et à former différents types d’exploitants, base de contrats, pour améliorer la productivité et les notamment des femmes, pour leur permettre de moyens d’existence des agriculteurs. Les adminis- diversifier leurs systèmes de production végétale/ trations locales concluent des contrats pour obtenir des animale, a également posé problème. Outre qu’il lui a services de conseil du NAADS compte tenu des besoins fallu créer une nouvelle structure de gestion et recruter recensés par les groupes d’agriculteurs locaux, les de nouveaux agents, le système privé et décentralisé organisations et les forums d’agriculteurs. Les adminis- du NAADS a dû se doter de nouvelles installations trations des districts fournissent des financements (bureaux), de nouveaux matériels, de moyens de supplémentaires à l’appui de ces activités de vulgari- transport et d’un système de communication. Parce que sation et participent à l’établissement des priorités. les services de conseil devaient être gérés par de nouvelles L’établissement de structures d’organisation et de organisations d’agriculteurs, environ 80 % des frais gestion totalement nouvelles pour un système de administratifs et opérationnels étaient encore financés vulgarisation national prend un temps considérable, non par les bailleurs de fonds en 2008. Les dépenses seulement parce qu’il faut recruter de nouveaux agents récurrentes étaient en outre financées à hauteur de 8 % mais aussi parce qu’il importe d’organiser les par l’administration centrale, de 10 % par les adminis- agriculteurs pour leur permettre de contribuer à la trations locales et de 2 % par les agriculteurs eux-mêmes. détermination des priorités de vulgarisation, au suivi des En 2007/2008, le NAADS a fait bénéficier de ses programmes de vulgarisation et au contrôle des services 760 000 ménages répartis dans 712 comtés dépenses. Dans le cadre du NAADS, les postes occupés situés dans 79 des 80 districts, soit un chiffre qui par les agents de vulgarisation du système public ont représente encore moins de 20 % de tous les ménages progressivement été éliminés dans toutes les régions du agricoles ayant accès à des conseils de vulgarisation pays. La majeure partie de ces agents ont été recrutés agricole. En dehors du NAADS, l’Ouganda compte par les entreprises privées et les ONG participant au 1 600 agents de vulgarisation publics (qui doivent être NAADS et ont été affectés à de nouveaux postes et pleinement intégrés dans le NAADS en 2010) ainsi que services. Ces transformations ont posé quelques des programmes de vulgarisation parallèles gérés par difficultés dues notamment au mécontentement des des ONG et des prestataires privés. agents de vulgarisation publics à qui des contrats de Les investissements dans la première phase du courte durée basés sur leurs performances étaient NAADS (2001–09) ont été, selon les estimations, de désormais proposés et qui avaient perdu les garanties l’ordre de 110 à 150 millions de dollars. Les investis- associées à un emploi dans la fonction publique. Le sements prévus pour la deuxième phase (2010–15) manque de ressources disponibles pour former et devraient s’établir à 300 millions de dollars. Sources : Auteurs ; pour de plus amples informations sur le NAADS, se reporter à www.naads.or.ug ; Benin et al. 2007 ; Heemskerk, Nederlof, et Wennink 2008 ; et Swanson et Rajalahti 2010. décentralisé. Un examen approfondi du système de vulgari- contrats de sous-traitance pour la fourniture des services. sation a été réalisé par les chercheurs du CGIAR en 2009 Ces modèles de sous-traitance ont été adoptés notamment (encadré 3.8). en Ouganda, au Mozambique, au Mali et en Tanzanie Par suite de la décentralisation et de la demande de (Heemskerk, Nederlof et Wennink 2008). services axés sur le marché, les administrations des districts Les organisations d’agriculteurs participent de plus en et des provinces doivent associer dans une plus large plus à la fourniture des services de vulgarisation. En effet, mesure les prestataires de services privés aux activités de les approches par groupes se généralisent (comme indiqué vulgarisation, que ce soit en travaillant en étroite coordi- précédemment) et améliorent le rapport coût-efficacité de nation avec des organismes privés ou en concluant des la fourniture des services de vulgarisation. 70 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 3.8 L’Éthiopie investit dans Pour accroître l’efficacité et améliorer les résultats, les les ressources humaines systèmes de prestation de services financés par le secteur public appliquent de plus en plus les principes du secteur Depuis quelque temps, le gouvernement éthiopien privé, tels que l’établissement d’un plan d’activité pour procède à d’importants investissements pour établir la prestation des services, la détermination des coûts et des centres de formation d’agriculteurs dans chaque la transparence financière des services fournis aux circonscription administrative (qui sont au nombre agriculteurs, et le recours à des contrats de performance de 18 000 dans le pays) et affecte trois agents de pour les prestataires de services. Ces réformes sont vulgarisation à chaque centre de formation. De 2000 généralement qualifiées de « nouveaux modes de gestion à 2008, le nombre d’agents de vulgarisation est passé publique » (Heemskerk et al. 2003). de 15 000 à au moins 45 000, l’objectif final étant de l’ordre de 66 000. Si l’Éthiopie atteint cet objectif, elle aura le ratio agent de vulgarisation/agriculteurs le plus élevé au monde (voir la figure de l’encadré). Encadré 3.9 Paiements à l’acte pour les services 15,7 de vulgarisation : avantages 14,0 et inconvénients 11,0 Dans le système de paiement à l’acte, les services de 4,0 vulgarisation sont fournis par le secteur public (ou 3,0 2,0 non) et payés par les agriculteurs. Les contrats de service sont généralement passés par de petits Éthiopie Chine Indonésie Tanzanie Nigéria Inde groupes d’agriculteurs. Ce dispositif permet aux Nb. total d’agents 45 k 700 k 54 k 7k 5k 60 k clients de « voter » pour les programmes dont ils veulent bénéficier et leur étendue en acceptant de les Agent/ agriculteurs 1:635 1:714 1:909 1:2500 1:3333 1:5000 payer. La plupart des exemples de ce type de système viennent des pays développés, comme la Nouvelle- Source : Davis et al. 2010b. Zélande, où les services de conseil agricole relèvent intégralement du secteur privé. Outre qu’il permet de fournir des informations De plus en plus, le secteur privé finance des services de en retour sur les efforts de vulgarisation du secteur vulgarisation axés sur des objectifs et/ou des chaînes de public, le système du paiement à l’acte peut être une valeur déterminés. La passation de contrats avec des agents source de recettes pour les services de vulgarisation des services publics de vulgarisation au titre de tâches publics. Il est adapté aux produits présentant les particulières est une pratique couramment suivie par les caractéristiques de rivalité et d’exclusion. Hanson et ONG et certains programmes de développement de Just font valoir que l’instauration d’un système produits particuliers, tels que le programme de production universel de vulgarisation payé par les utilisateurs de noix de cajou au Mozambique. Certaines chaînes de n’est pas dans l’intérêt du public mais qu’il existe un produits d’exportation financent des services de vulgari- dosage optimal entre services de vulgarisation sation par le biais d’un prélèvement sur les exportations publics, privés et payés. Le problème que pose la institué par l’État, notamment au Mozambique et en mise en place d’un tel mécanisme dans les pays en Tanzanie. Le secteur privé peut aussi financer directement développement tient au fait que les agriculteurs qui les services de vulgarisation : c’est le cas des grandes sociétés ne produisent pas pour le marché ne peuvent de tabac du Malawi et en Mozambique. Nombre de ces obtenir qu’un nombre plus limité de services. Une dispositions évoluent actuellement pour devenir des solution consisterait à regrouper les agriculteurs en dispositifs de partage des coûts avec les agriculteurs, catégories, les agriculteurs commerciaux pouvant premièrement en s’assurant qu’il existe une demande réelle acheter les services dont ils ont besoin tandis que les de services relativement coûteux et, au bout du compte, en agriculteurs plus pauvres, exploitant des superficies faisant assumer aux agriculteurs l’intégralité du coût des moindres, bénéficieraient de services de vulgari- services de vulgarisation autres que ceux qu’ils se sation publics. fournissent déjà entre eux (vulgarisation entre agriculteurs) Sources : Hanson et Just 2001 ; Anderson et Feder 2004. (encadré 3.9). MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 71 PRINCIPAUX ÉLÉMENTS STRATÉGIQUES principales. Premièrement, il sera possible d’exploiter les nombreuses leçons et l’expérience tirée des opérations Outre les efforts déployés pour accroître l’efficacité des pilotes menées dans le cadre des réformes structurelles services de conseil, quelles sont les questions stratégiques visant à mettre en place des systèmes pluralistes de vulgari- qui doivent être prises en compte ? Les systèmes de services sation, entraînés par la demande et axés sur le marché. de vulgarisation et de conseil doivent former de nouveaux Deuxièmement, les services de conseil doivent désormais groupes d’intérêt pour pouvoir avoir un impact sur la répondre aux besoins suscités par le changement formulation des politiques. Ces groupes pourraient résulter climatique, la poursuite de programmes de sécurité d’alliances entre les prestataires de service public et du alimentaire, les nouveaux programmes d’aide pour la secteur privé et les organisations d’agriculteurs et les facilitation des échanges et la réforme du programme de principaux intervenants des chaînes de valeur du secteur recherche agricole à l’appui du développement (Christoplos privé. Les réseaux nationaux peuvent établir des liens avec 2010). Plusieurs défis importants devront toutefois être les réseaux internationaux tels que le GFRAS relevés avant d’atteindre ces objectifs (Christoplos 2010), (http://www.g-fras.org/en/) et le Forum africain pour les qui consistent à : services de conseil agricole (African Forum for Agricultural Advisory Services — AFAAS, http://www.afaas-africa.org/) I Poursuivre la réforme du système de vulgarisation sans pour avoir un impact réel sur la formulation des politiques appliquer un modèle général unique, un seul modèle ne (ces deux forums sont considérés dans l’encadré 3.10). pouvant prendre en compte toutes les situations : la vulgarisation doit être adaptée aux zones géographiques, et même aux chaînes de valeur1. Aspects stratégiques des services de vulgarisation I Promouvoir le pluralisme dans la prestation de services et de conseil de vulgarisation tout en préservant les engagements financiers et les efforts de coordination du secteur public Il sera possible de formuler des politiques qui amélioreront (voir la NT 1). l’efficacité des services de conseil en se fondant sur les I Renforcer l’obligation de rendre compte du sommet à la observations recueillies sur les processus qui donnent base, c’est-à-dire aux organisations d’agriculteurs effectivement de bons résultats, pour deux raisons (également par le biais de la décentralisation et sur la Encadré 3.10 Coordination menée à l’échelle mondiale et à l’échelle régionale pour renforcer les services de conseil agricole De nombreuses parties prenantes comprennent que les Le Forum africain pour les services de conseil services de conseil exigent une structure plus formelle, agricole (AFAAS) (www.afaas-africa.org, constitué en dynamique et proactive pour asseoir leur crédibilité et 2004) a été conçu lorsque les responsables des services faire autorité. Deux forums permettent aux services de nationaux de conseil agricole ont réalisé que les services conseil d’avoir un auditoire et de bénéficier d’un de vulgarisation, contrairement aux services de leadership au plan régional et au plan mondial. recherche, n’avaient aucun mécanisme de partage Le Forum mondial pour le conseil rural (GFRAS) d’expériences. L’AFAAS conçoit les services de conseil (www.g-fras.org, constitué en janvier 2010) a pour agricole comme des conseils qui « contribuent ration- mission de représenter ces services dans le cadre des nellement et efficacement à appuyer la productivité et dialogues mondiaux sur l’action à mener et de une croissance profitable de l’agriculture africaine » de promouvoir l’amélioration des investissements en ce manière à servir les objectifs de développement domaine ; d’appuyer la formulation et la synthèse de particuliers à chaque pays. En intensifiant les démarches et de stratégies basées sur les faits pour interactions et le partage d’informations entre spécia- accroître l’efficacité des services de conseil ruraux ; et de listes, les participants de l’AFFAS se fondent sur les renforcer le rôle des intervenants et des forums des leçons tirées des initiatives de conseil agricole et services de conseil ruraux grâce à la promotion d’inter- renforcent l’application des connaissances et des actions et de consultations en réseau. Le GFRAS forgera technologies par les intervenants des chaînes de valeur des liens étroits avec des réseaux régionaux comme agricoles. l’AFAAS. Source : Auteurs. 72 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT base du principe de subsidiarité) (voir le tableau 3.1 et le nécessaire de formuler des programmes de vulgarisation texte correspondant). particuliers pour les femmes. Les priorités doivent I Créer un marché efficace et rationnel pour les presta- différer selon que les agriculteurs sont jeunes ou âgés, taires de services, ce qui permettra de maîtriser les coûts qu’il s’agit d’hommes ou de femmes, et qu’ils travaillent de l’élargissement de la portée des expériences promet- davantage pour le marché ou essentiellement pour teuses par différents intervenants du secteur public et du assurer leur sécurité alimentaire). secteur privé (voir les DAI 3 et 4). I Faire face aux besoins considérables de renforcement Les autres questions stratégiques concernant les services des capacités humaines dans le domaine de la gestion et pluralistes de conseil et de vulgarisation sont l’évolution de l’exécution ; les agents de vulgarisation, par exemple, des rôles des prestataires de services de vulgarisation, ont besoin d’acquérir une large gamme de nouvelles l’avantage comparatif des différents prestataires dans le compétences. cadre de fonctions particulières des services de vulgari- I Abandonner l’approche par projets au profit de sation et de conseil. Les services de conseil financés par le programmes qui ont un horizon à long terme et secteur public ne devraient pas directement participer à la bénéficient d’engagements de longue durée fourniture de facteurs de production physique (y compris (promouvoir des systèmes de vulgarisations nationaux le crédit). Par ailleurs, de nombreux bureaucrates fondés sur des partenariats public-privé). continuent d’avoir une perception très linéaire de la I Assurer un dosage approprié des investissements dans vulgarisation, qui privilégie des fonctions comme les l’offre et dans la demande de services de vulgarisation, transferts de technologie visant à améliorer la sécurité car les deux types d’investissements sont nécessaires alimentaire. Le changement de modèle doit s’effectuer non pour assurer l’efficacité de ces activités (adoption de seulement dans la conception des programmes et dans la nouveaux principes de gestion publique). manière de penser des agents de terrain mais aussi dans la I Porter les efforts sur les institutions plutôt que sur la manière de penser des administrateurs des services de poursuite de solutions méthodologiques et technolo- vulgarisation et des responsables de l’action publique. giques de grande envergure (voir les DAI 3 et 4). Comme Enfin, il importe également de s’attaquer à la question de indiqué, les méthodes de vulgarisation doivent être la viabilité des organismes de vulgarisation (Swanson et adaptées aux conditions locales, et aucune approche Rajalahti 2010), et à l’équité. Ces trois thèmes (les rôles n’est applicable partout (il importe de mettre l’accent respectifs des prestataires de services de vulgarisation sur les innovations institutionnelles et les transfor- publics et privés, la viabilité et l’équité) sont repris dans les mations organisationnelles). sections qui suivent. I Abandonner les programmes types pour offrir des services adaptés aux conditions locales, en temps opportun et sous la forme requise. La conception de Rôles du secteur public et du secteur privé services adaptés exige une analyse critique et la capacité de résoudre des problèmes. (Il est essentiel d’assurer une En principe, les services de conseil agricoles peuvent être planification participative dans le cadre de la décentrali- assurés et financés par le secteur public, par le secteur privé sation et de la déconcentration — en rendant compte (agriculteurs individuels ou entreprises) et par ce que l’on des actions menées du sommet à la base — de procéder pourrait appeler le « tiers secteur » c’est-à-dire les ONG à des activités d’animation plutôt que d’instruction, et et les organisations opérant sur le mode d’une action aussi de privilégier l’apprentissage et l’établissement collective. Il est possible d’organiser ces prestataires en d’un plan d’activité.) fonction de qui fournit les services et qui les finance I Se soucier des questions d’équité. Il est toujours difficile (tableau 3.2). Les fonctions de prestation et de financement de s’assurer que les services de vulgarisation servent de des services sont souvent séparées pour s’assurer que les manière adéquate les différents groupes d’agriculteurs et services sont financés par les clients ou le secteur corres- d’entrepreneurs : les femmes, les jeunes, les agriculteurs pondant et répondent bien aux besoins. Les différentes sans terre et pauvres en ressources, les castes et les cellules du tableau 3.2 montrent qui est chargé de groupes ethniques minoritaires, etc. (Différentes l’exécution et du financement des services2. stratégies de vulgarisation doivent être utilisées dans le cas des petits agriculteurs commerciaux, des nouveaux agriculteurs commerciaux et des agriculteurs qui Base institutionnelle de la viabilité des services produisent pour assurer leur sécurité alimentaire, pratiquent une agriculture de subsistance ou L’examen de la viabilité des services de conseil peut porter poursuivent ces activités à temps partiel. Il est aussi sur différents aspects de ces derniers, bien que l’attention MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 73 Tableau 3.2 Options de prestation et de financement de services pluralistes de conseil agricoles Source de financement Tiers secteur : Prestataire Secteur privé : Secteur privé : Tiers secteur : organisations basées sur du service Secteur public agriculteurs entreprises ONG les agriculteurs (OBA) Secteur public Services de conseil Services de conseil Des entreprises privées Des ONG engagent sur Des OBA engagent sur publics (différents publics rémunérés engagent sur contrat des contrat des agents contrat des agents des degrés de à l’acte agents des services de des services de services de conseil décentralisation) conseil publics conseil publics publics Secteur privé : Contrats financés Des entreprises Services intégrés : des Des ONG engagent Des OBA engagent sur entreprises par le secteur privées assurent entreprises fournissent des sur contrat des contrat des agents de public attribués à des services de informations lors de la vente agents de prestataires prestataires de services des prestataires conseil rémunérés de facteurs de production de services de de conseil privés de services privés à l’acte ou de la commercialisation conseil privés des produits Tiers secteur : Contrats financés Des agents des Des entreprises privées Des ONG recrutent ONG par le secteur services de conseil engagent sur contrat des leurs propres agents publics attribués sont recrutés par agents des ONG pour de conseil et à des ONG des ONG, les fournir des services de fournissent leurs prestataires agriculteurs payent conseil services gratuitement pour les services Tiers secteur : Contrats financés Des agents des Des ONG financent les Des OBA recrutent leurs OBA par le secteur services de conseil agents des services de propres agents de conseil public attribués sont recrutés par conseil employés par et fournissent leurs à des OBA des OBA, les les OBA services gratuitement prestataires agriculteurs payent pour les services Sources : Birner et al. 2009, basé sur Anderson et Feder (2004, 44). porte le plus souvent sur la viabilité des financements. ougandais du NAADS) permettent de mobiliser des fonds Plusieurs démarches ont fait l’objet de critiques parce auprès de diverses sources. Ces fonds peuvent être qu’elles n’étaient pas viables sur le plan financier ; c’est le regroupés et distribués aux utilisateurs finaux en fonction cas notamment du système de formation-visites préconisé de la demande. dans les années 80 et de la méthode, plus récente, des Les forums de parties prenantes formés par des groupes champs-école pour agriculteurs (Quizon, Feder, et Murgai d’agriculteurs permettent d’obtenir la masse critique 2001 ; Anderson 2006). Les programmes actuels de nécessaire à la fourniture de services par des organismes champs-école, en particulier en Afrique, s’efforcent publics ou privés et de réduire le coût des prestations. Ils d’assurer leur viabilité de diverses manières, notamment permettent aussi aux agriculteurs d’identifier et d’utiliser par le biais de l’établissement de fonds renouvelables, des prestataires de services compétents (État kenyan 2005). de l’autofinancement et de mécanismes de prêt et de D’autres méthodes peuvent être utilisées pour mobiliser et remboursement. Le recours à des animateurs réduit gérer des fonds, notamment le prélèvement de commissions considérablement les coûts3. De plus en plus de services de sur les produits d’exportation (Tanzanie, Kenya), les fonds promotion des agroentreprises et de services de conseil de développement communautaires (Guinée, Kenya) et la axés sur les marchés demandent aux agriculteurs, au sous- sous-traitance des services par l’État (Mozambique) (Rivera secteur ou à la chaîne du produit de couvrir au moins une et Alex 2004). partie des coûts de leurs prestations. Les services de conseil peuvent également être financés Il est également possible de s’attaquer à la question de la par des ressources provenant de programmes décentralisés, viabilité en adoptant des dispositions novatrices pour de la participation d’associations d’agriculteurs et d’ONG, financer les services de conseil. Les modalités de partage des de la sous-traitance des services de vulgarisation, de coûts (comme celles utilisées dans le cadre du programme partenariats public-privé, de la privatisation et de 74 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT l’intégration des services de conseil dans d’autres types de (Davis et al. 2010a ; Gender and Governance Research Team contrats (Anderson 2007). De plus amples informations en 2009). Une première étape cruciale consiste à accroître la la matière sont présentées dans le module 3 de la transparence de la prestation des services en présentant publication intitulée Agriculture Investment Sourcebook séparément les données sur la participation des hommes (Banque mondiale 2006b). et sur celle des femmes, sur celle des agriculteurs jeunes La disponibilité de financements ne garantit pas à elle et celle des agriculteurs âgés et sur celle des différents types seule la viabilité institutionnelle des services de conseil. Les d’agriculteurs (agriculture de subsistance, nouveaux capacités dont disposent ces services revêtent aussi une agriculteurs et agriculture commerciale d’envergure importance majeure. Les agents de vulgarisation doivent limitée) pour toutes les activités, de la planification et de la être en mesure d’appliquer les nouvelles méthodes qui formation au suivi et à l’évaluation. Ces informations visent davantage à faciliter les processus qu’à enseigner des peuvent servir de base à la formulation de plans d’action modèles et qui portent dans une plus large mesure sur le conjoints visant à remédier aux problèmes que peut poser développement des entreprises, des marchés et des activités. l’inclusion de l’un quelconque de ces groupes. Outre qu’ils devront se procurer les capacités requises à Deuxièmement, les agents de vulgarisation ainsi que, cette fin, les prestataires publics de services de conseil notamment, les responsables de l’action publique et les devront procéder à de vastes transformations organisation- représentants des administrations locales, doivent avoir nelles, notamment pour adopter des systèmes de contrats les compétences requises pour faire face aux besoins d’une basés sur les résultats et mettre en place un cadre incitatif. clientèle composée d’hommes et de femmes, de personnes Il importe également de promouvoir le développement d’âges divers et appartenant à des catégories socio- institutionnel (DAI 2). Les services de conseil du secteur économiques et à des ethnies différentes, n’ayant pas les public doivent se doter des capacités institutionnelles mêmes sources de revenus, etc. Pour de plus amples nécessaires pour coordonner et gérer les systèmes de informations se reporter à Christoplos (2010). vulgarisation locaux. Ils devront, par exemple, être en mesure de faciliter un apprentissage interactif entre les différents prestataires de services de vulgarisation. NOUVELLES ORIENTATIONS, PRIORITÉS ET CONDITIONS EN MATIÈRE D’INVESTISSEMENT Considérations de genre et d’équité En Afrique, le PDDAA et ses contrats orientent les services de conseil pour assurer une prestation efficace et bien ciblée Les femmes constituent 60 % de la population rurale à au sein du SIA. Le modèle a donc totalement changé, le l’échelle mondiale (Hafkin et Taggart 2001), mais ne font principe selon lequel les connaissances générées par les l’objet que de 2 à 10 % des contacts de vulgarisation et ne travaux de recherche pilotent l’innovation ayant fait place bénéficient que de 5 % des services (Swanson, Farner et à l’idée que l’innovation dépend de l’évolution du système Bahal 1990). En Afrique subsaharienne, où les femmes dans son ensemble. jouent un rôle majeur dans l’agriculture et contribuent Dans l’ensemble du monde en développement, pour plus de moitié à la production agricole, elles ne sont l’évolution de la demande et des rôles des services de les destinataires que d’une proportion bien moindre du conseil dans le cadre du système global d’innovation total des investissements dans l’agriculture (Blackden et al. nécessitera des investissements, notamment des investis- 2006 ; Quisumbing 2003). Seulement 7 % des ressources de sements dans les capacités des agents de vulgarisation et des vulgarisation sont consacrés aux femmes en Afrique organisations de manière à permettre la poursuite (Blumberg 1994, cité dans Haug 1999). Les Africaines d’approches orientées sur les chaînes de valeur, dans des continuent d’être particulièrement défavorisées dans les services de vulgarisation axés sur les marchés, dans le interventions concernant l’éducation, la vulgarisation, le développement de groupes et d’organisations, dans les renforcement des capacités, la démarginalisation et l’accès agroentreprises, et dans les mécanismes d’échange d’infor- au marché (Rahmato 1993 ; Alawy 1998 ; Frank 1999 ; Haug mations (réseaux, plateformes, etc.). Étant donné 1999). Ce problème est particulièrement prononcé dans les l’évolution récente de la situation mondiale, les services de régions sortant d’un conflit (Banque mondiale, PNUD et conseil devront couvrir le changement climatique et la UNIFEM 2010). sécurité alimentaire, et donner aux populations rurales les Malgré le peu d’attention porté aux femmes, de récentes moyens requis pour faire face aux risques en général. Il sera études sont parvenues à la conclusion que certains nécessaire de définir les priorités d’investissement et les programmes avaient permis de fournir des services aux programmes de services de conseil agricoles dans le cadre agricultrices en prenant des mesures concrètes pour des systèmes d’innovation sur la base des faits. Pour s’attaquer au caractère non inclusif des activités de conseil orienter les politiques publiques et mieux servir leurs MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 75 parties prenantes, notamment les populations pauvres et un moyen de décision et d’action au sein du SIA en les femmes, les services de conseil doivent avoir davantage offrant des services technologiques et non technolo- aux voix au chapitre aux niveaux mondial et régional giques aux agriculteurs. Cette approche de la vulgari- (l’encadré 3.10 décrit les méthodes permettant d’atteindre sation au sens large met l’accent sur les stratégies cet objectif). Enfin, il sera essentiel d’investir dans des formulées localement pour permettre aux participants domaines ne relevant pas de l’agriculture. d’apprendre par l’expérience et l’adaptation. Elle Ce point sort quelque peu du cadre de ce guide, mais privilégie la recherche d’une bonne adaptation plutôt doit être pris en compte dans le contexte des investis- que l’application des meilleures pratiques, et exige une sements dans la vulgarisation. L’attention portée à des transformation des organismes de vulgarisation et questions telles que la nutrition, l’organisation d’autres institutions du SIA. communautaire, le développement des microentreprises, la I NT 4 : Rôle des médiateurs d’innovation au sein des santé, les activités des jeunes, la démarginalisation des SIA. Certains agents de vulgarisation et autres femmes et le développement rural, est variable. Il pourrait intervenants (notamment des chercheurs et des être souhaitable que les activités de vulgarisation visent employés d’ONG) peuvent choisir de jouer un rôle de à faciliter l’emploi en dehors des exploitations agricoles médiateur d’innovation. Cette fonction s’inscrit dans le pour améliorer les opportunités de commercialisation. droit fil de la vulgarisation agricole qui ne donne plus Les notes thématiques et les descriptifs d’activités simplement lieu à l’établissement de contacts par une d’innovation présentés dans ce module présentent diverses personne agissant en tant qu’intermédiaire direct entre stratégies pouvant être adaptées pour répondre aux besoins un chercheur et un agriculteur mais devient un moyen d’investissement, de stratégies et d’approches novatrices : de créer et de faciliter des relations entre de multiples parties (ce qui est crucial dans un SIA). I NT 1 : Systèmes pluralistes de vulgarisation. Les I DAI 1 : Apparition des agronégociants sur les marchés systèmes pluralistes de vulgarisation prennent en en développement et émergents. Les agronégociants compte la pluralité et la diversité inhérentes des sont de plus en plus nombreux à fournir des services de agriculteurs et des systèmes agricoles ainsi que la conseil. L’approche globale axée sur le marché adoptée nécessité de s’attaquer aux défis posés par le dévelop- pour le développement de leurs activités facilite pement rural en proposant des services et des approches l’amélioration de l’efficacité de l’allocation des diversifiées. Cette note décrit des systèmes pluralistes, ressources, des opérations et des résultats économiques leurs points forts et leurs points faibles, les possibilités et contribue à l’établissement de systèmes de fourniture d’investissement, les questions stratégiques et les de facteurs de production viable. enseignements qui commencent à se dégager. I DAI 2 : Fédération des champs-école pour agriculteurs I NT 2 : L’exploitation agricole en tant qu’activité en réseaux pour améliorer l’accès aux services. En se économique et la nécessité de services de dévelop- regroupant, les groupes d’agriculteurs accroissent pement des agroentreprises locales. L’agriculture en tant l’efficacité avec laquelle ils peuvent se procurer les qu’activité économique poursuivie sur une petite échelle services de conseil qu’ils jugent importants au niveau exige un accès aux marchés, à des services financiers et à local, souvent à moindre coût. des facteurs de production, et elle nécessite un ensemble I DAI 3 : INCAGRO : développement d’un marché de de compétences et d’attitudes entrepreneuriales de la services d’innovation agricole au Pérou. Cette étude du part des agriculteurs ainsi que des plans d’activité cas d’INCAGRO décrit la manière dont le Pérou a créé bancables. Cette note examine les approches suivies un marché de services d’innovation agricole régi par la pour répondre aux besoins de développement demande ; deux fonds de recherche compétitive ont joué commercial des agriculteurs, notamment le recadrage un rôle important dans le cadre de ce programme. des programmes et le recyclage des effectifs, le I DAI 4 : Association des services de vulgarisation et de recrutement de nouveaux effectifs, la participation des crédit agricole : le cas de BASIX India. Étant donné que communautés à la promotion des agroentreprises et le le crédit agricole ne peut, à lui seul, permettre aux développement de plateformes ouvertes à de multiples Indiens pauvres des zones rurales d’acquérir les parties prenantes pour appuyer le développement de ces connaissances, les compétences et les services d’appui agroentreprises. nécessaires pour accroître leurs revenus, BASIX a intégré I NT 3 : La vulgarisation au sens large : les nouveaux trois catégories de services — services financiers ; rôles des services de vulgarisation et de conseil. La services de développement de l’agriculture, de l’élevage vulgarisation peut cesser d’être confinée à son rôle et des entreprises ; services de développement institu- traditionnel de transfert de technologies pour devenir tionnel — pour améliorer leurs moyens d’existence. 76 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT de rentabilité des investissements dans les services de Encadré 3.11 Guide de l’évaluation de conseil sont élevés, mais les difficultés que pose l’estimation la vulgarisation des avantages sont nombreuses. Les efforts déployés pour mieux comprendre comment améliorer les activités de S-E Le Forum mondial pour le conseil rural (GFRAS) se poursuivent mais il apparaît déjà clairement que certains publie un guide pour assurer la réalisation des aspects les plus importants de ces dernières sont la d’évaluations des services de vulgarisation plus participation de tous les intervenants ; une définition claire détaillées, rigoureuses, crédibles et utiles. Ce guide des objectifs, des indicateurs, des produits, des réalisations décrit différents types d’évaluation, explique et des impacts souhaités ; la poursuite systématique des comment choisir la démarche la mieux adaptée au évaluations pendant toute la durée de l’investissement ; et la contexte et indique des sources d’informations collecte de données de référence. Les indicateurs qu’il théoriques et pratiques supplémentaires. Il importe d’établir comprennent les indicateurs de référence comprend des directives sur des questions telles que et d’étalonnage, ainsi que les indicateurs des intrants, des la préparation de termes de référence et fournit des produits, des réalisations et des impacts (Swanson et liens renvoyant à des manuels d’évaluation utilisés Rajalahti 2010). Se reporter à Swanson et Rajalahti (2010) dans différents secteurs. Le guide a été établi et à Rajalahti, Woelcke et Pehu (2005) pour une liste essentiellement à l’intention : détaillée des indicateurs. Il est nécessaire d’utiliser des indicateurs pour évaluer I des responsables de la poursuite et de la gestion l’efficacité des programmes de vulgarisation, notamment la des évaluations. proportion d’agriculteurs ayant régulièrement accès à ces I des évaluateurs professionnels et des agents services et la satisfaction que ceux-ci leur procurent. Ces responsables des systèmes de suivi. indicateurs ne doivent pas se limiter au seul groupe des I des participants à des activités de gestion basées agriculteurs mais aussi être établis séparément pour les sur les connaissances et les résultats dans diverses producteurs de sexe masculin et ceux de sexe féminin, organisations participant à des activités de d’autres intervenants (essentiellement privés) de la chaîne vulgarisation. et les administrations (locales (Spielman et Birner 2008). I des agents des organismes de vulgarisation du Les indicateurs de produits utilisés pour procéder au suivi et secteur public, des associations d’agriculteurs et à l’évaluation des services pluralistes de conseil couvrent les d’autres organisations participant directement capacités des services de développement des entreprises et ou indirectement à la fourniture de services de des services de certification locaux ; la gestion de systèmes vulgarisation. pluralistes de vulgarisation au niveau du district ; et I des spécialistes participant à la formation et à l’apprentissage entre différents organismes. Les indicateurs l’éducation des évaluateurs. de réalisation concernent la qualité des plans d’investis- I des chercheurs s’efforçant d’établir des synergies sement établis pour améliorer les associations et la mesure entre leurs efforts et les initiatives d’évaluation. dans laquelle les agricultrices peuvent faire entendre leur voix dans les forums d’agriculteurs. Source : basé sur le site web du guide du GFRAS, Étant donné le caractère de plus en plus pluraliste des http://www.g-fras.org/index.php/en/knowledge/gfras- systèmes de vulgarisation, les innovations — aussi bien publications/file/20-guide-to-extension-evaluation, technologiques qu’institutionnelles seront nombreuses. Il consulté en juillet 2011. est donc nécessaire d’établir un mécanisme permettant de suivre les nouvelles expériences pratiques, souvent très localisées et d’en tirer des enseignements, cette fonction, très importante pour les responsables de la vulgarisation, SUIVI ET ÉVALUATION DES INVESTISSEMENTS étant nouvelle. Ces derniers devront considérer aussi bien ET PASSAGE À L’ÉCHELLE SUPÉRIEURE les expériences du secteur privé que celles du secteur public, et faire participer les grandes parties prenantes au Il est essentiel de procéder à des activités de suivi et système d’innovation. Il importera d’identifier et de d’évaluation et d’utiliser les outils existants en ce domaine documenter les bonnes pratiques au niveau local, puis pour assurer le bon déroulement des investissements dans d’envisager leur application sur une plus grande échelle la vulgarisation. Par suite des défaillances des efforts menés en formulant une stratégie à cet effet. à cette fin, voire même de leur absence, le GFRAS a établi Le processus axé sur la poursuite de pratiques agricoles un guide d’évaluation des services de vulgarisation et de sur une plus grande échelle est complexe et dépend conseil (encadré 3.11). Selon des études générales, les taux de nombreux facteurs. Il peut avoir un caractère MODULE 3 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 77 essentiellement quantitatif et viser à accroître, par exemple, le nombre d’agriculteurs adoptant des technologies ou les adaptant aux conditions dans lesquelles ils travaillent, mais il peut également viser les aspects stratégiques, institu- tionnels et organisationnels de la mise en application d’une pratique sur une plus grande échelle. Il importe d’analyser au préalable les facteurs qui sont susceptibles d’avoir un impact sur la réussite des efforts menés pour procéder à ce changement d’échelle sur la base des concepts du système d’innovation4. NOTES 1. Il est utile d’établir un cadre théorique et analytique pour l’exécution et l’analyse des réformes de la vulgari- sation dans une optique de pluralisme. Ce type de cadre, mis au point par un groupe de chercheurs pluridisci- plinaires, définit quatre séries de facteurs qui doivent être pris en compte : le cadre de l’action publique, les capacités des éventuels prestataires de services, le type de système agricole et l’accès au marché des ménages agricoles, et la nature des communautés locales, y compris leur aptitude à coopérer. Le cadre analytique « isole » ensuite les principales caractéristiques des services de vulgarisation agricole pour lesquelles des décisions stratégiques doivent être prises (« variables de choix ») : structures de gouvernance, capacités, gestion, organisation, et méthodes de conseil. La mise en œuvre des réformes et des programmes de vulgarisation qui en découlent privilégie la recherche d’une bonne adaptation plutôt que l’application des meilleures pratiques. Pour plus d’informations, se reporter à Birner et al. (2009). 2. Un grand nombre des éléments présentés dans le tableau et dans cette section sont tirés de Birner et al. (2009). 3. Ces stratégies et leçons présentent de l’intérêt pour d’autres programmes de services de conseil ; pour plus d’informations, voir Braun et Duveskog (2009) et Davis et al. (2010a). 4. Se reporter à l’examen de l’instrument mis au point par le ZALF (Centre de Leibniz pour la recherche sur le paysage agricole) décrit dans Herberg et Schoening (2010). 78 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT 1 MODULE 4 La recherche agricole Coordination and Collective Action for dans un système Agricultural d’innovation agricole Innovation PR O ES VĖ VN RE TW IE ATION GĖNĖRALE John Lynam, Consultant RÉSUMÉ ANALYTIQUE par des organisations-relais, notamment les services de vulgarisation, les organisations d’agriculteurs, les L es investissements dans la recherche agricole, dans associations professionnelles et les ONG, et la demande le cadre d’un système d’innovation agricole (SIA), agricole s’articule autour d’autres mécanismes que ceux complètent l’orientation traditionnelle, qui du marché, avec la participation des agriculteurs. Celle-ci privilégie le renforcement des capacités et la recherche en implique de nouvelles formes d’organisation (conseils interne, en permettant une meilleure articulation entre d’agriculteurs, plateformes d’innovation, nouvelles la demande des clients et des partenariats institutionnels méthodes), un remaniement structurel des instituts de efficaces en externe. La recherche agricole en tant que recherche et des modalités de financement qui permettent source de connaissances nouvelles nécessite des de faire face à l’augmentation des coûts de transaction dispositifs institutionnels efficaces qui permettent de inhérente à l’amélioration de la connectivité externe. La mettre ces connaissances en application. Les types collaboration des agriculteurs à l’innovation est caracté- d’organisation et la nature de ces partenariats axés sur ristique de ces formes d’organisation, et elle peut être l’innovation dépendent de la place faite aux mécanismes facilitée par des médiateurs ou facilitateurs d’innovation. du marché dans le secteur agricole et des investissements Les fonds proviennent presque entièrement du secteur privés dans les agroentreprises. Dans les économies public et sont généralement acheminés par l’intermédiaire urbaines et les économies en mutation, ces partenariats de fondations de recherche ou de conseils de recherche institutionnels visent généralement à établir des liens agricole. Dans un SIA, les travaux de recherche ont entre les activités de recherche et la production d’intrants tendance à être axés sur les applications commerciales, ou la transformation des produits agricoles, souvent dans souvent dans le cadre d’une chaîne de valeur, et des le cadre de partenariats public-privé, notamment aux fins stratégies particulières doivent être formulées pour garantir de transfert de technologie, et sont souvent facilités par que la recherche continue de contribuer au recul de la des mécanismes de financement public. Ces liens entre la pauvreté rurale. recherche et le secteur privé et d’autres acteurs ont tendance à s’articuler autour de pôles, et les travaux de recherche sont généralement financés par des fonds POURQUOI INVESTIR compétitifs, et cofinancés par le secteur privé. Dans les économies à vocation agricole, en revanche, les Dans un monde caractérisé par la diminution des liens externes de la recherche sont essentiellement assurés ressources en terre, en eau et en nutriments, un équilibre 79 fragile entre l’offre et la demande de produits alimentaires, entraîné une réorganisation en profondeur des organismes et des changements climatiques inéluctables, les nouvelles de recherche. Ces transformations ont été plus fréquentes connaissances issues des systèmes de recherche agricole dans les petits pays que dans les grands, et ont permis à des seront essentielles pour continuer d’accroître la produc- systèmes comme EMBRAPA, au Brésil, de poursuivre leurs tivité agricole et les disponibilités alimentaires mondiales. activités et de réaliser d’importants investissements dans la L’intégration de la recherche agricole au SIA est un moyen recherche. Les sections ci-après décrivent les différentes d’améliorer les résultats de recherche grâce à une meilleure méthodes d’investissement dans la recherche agricole. articulation avec la demande, à des partenariats institu- tionnels plus efficaces et mieux différenciés, et à une meilleure intégration des marchés. Création d’instituts nationaux de recherche agricole La création d’un cadre pour les systèmes d’innovation apporte de nouvelles dimensions à l’investissement dans les Les années 80 et 90 ont été, dans l’ensemble, les décennies sciences et technologies agricoles. Un SIA fait porter des instituts nationaux de recherche agricole. Ces structures l’attention sur : 1) la gamme toujours plus grande des administratives indépendantes, formées par le regrou- technologies (notamment les technologies après récolte pement des divers services de recherche des ministères de et mécaniques) provenant de sources diverses ; 2) la l’Agriculture et d’autres ministères, ont été constituées dans satisfaction de la demande, grâce notamment à des liens le but de réaliser des économies d’échelle, d’affecter les plus étroits entre la recherche agricole et les acteurs non crédits budgétaires de manière plus efficace et de mener agricoles ; et 3) la facilitation de l’innovation dans divers une politique du personnel libérée du joug de la bureau- domaines (crédit, marchés, assurance, groupements cratie qui caractérise la fonction publique. Les grands pays d’exploitants, services de vulgarisation) et l’adaptation à ces comme le Brésil et l’Inde ont mis en place un système innovations. complexe d’instituts de recherche fédéraux et d’État et Ce nouveau cadrage de l’innovation technologique d’universités agricoles d’État. Les investissements des coïncide avec l’accent mis sur les approches favorisant bailleurs de fonds dans l’agriculture ont atteint un niveau l’accès au marché pour le développement des petites exploi- sans précédent, du moins en pourcentage. Le réseau de tations agricoles , suite aux ajustements structurels et à la centres internationaux de recherche agricole du CGIAR libéralisation des marchés dans les années 90. L’orientation s’est étendu, et les bailleurs — la Banque mondiale et de la recherche vers le marché, souvent dans le contexte de USAID en tête — ont financé des programmes axés sur la chaînes de valeur particulières, est aujourd’hui l’un des formation, le développement des infrastructures et la principaux moyens utilisés pour introduire des techno- formulation de programmes pour les nouveaux instituts logies nouvelles et les combiner avec les innovations nationaux de recherche agricole. institutionnelles qui accompagnent souvent le progrès technique dans le secteur agricole. En ce sens, une approche SIA représente une forme Des instituts nationaux de recherche aux systèmes relativement évolutive de transformation institutionnelle de de recherche la recherche agricole, qui met l’accent sur une meilleure adaptation de la recherche aux besoins externes. Mais il La prédominance des instituts nationaux de recherche importe de concilier cette priorité immédiate avec les agricole n’a guère duré puisque, à la fin des années 90, des stratégies d’investissement nécessaires à long terme pour réformes ont été menées dans le but de mettre en place des que le système de recherche soit productif. En conciliant ces systèmes décentralisés ayant un caractère plus pluraliste et impératifs à court et à long terme, les organismes de séparant les activités de recherche et de financement, les recherche assureront un meilleur alignement entre les ressources étant généralement obtenues par le biais de capacités de recherche internes et les consortiums et fonds de recherche compétitifs. L’objectif était d’aban- partenariats externes qui se forment de plus en plus avec le donner le modèle basé sur une seule institution de secteur privé. recherche pour adopter celui d’un système national de recherche agricole (SNRA) à plus large assise. La part des budgets d’aide consacrée à l’agriculture a par ailleurs HISTORIQUE DU CHANGEMENT diminué à cette époque tandis que les mesures d’ajus- ORGANISATIONNEL DANS LA RECHERCHE tement structurel ont comprimé les budgets nationaux. AGRICOLE Dans les pays asiatiques en pleine expansion, l’accrois- sement des recettes fiscales a permis de financer la Les stratégies d’investissement dans la recherche agricole ont recherche agricole, et en Amérique latine la libéralisation évolué au cours des trente dernières années, ce qui a souvent des marchés a permis une plus large participation du 80 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT secteur privé. En Afrique, par contre, la réforme des pertinence et la qualité des programmes de recherche, de instituts nationaux de recherche agricole est intervenue vulgarisation et de formation agricoles, à promouvoir les dans un contexte de fortes restrictions budgétaires, surtout partenariats de recherche et à mobiliser des ressources pour dans les petits pays. La Banque mondiale est pratiquement la recherche, et à aider à mettre en place un système de le seul bailleur de fonds qui a continué à investir dans les recherche pluraliste plus efficace (Banque mondiale 2010). programmes nationaux de recherche agricole. Dans le Dans les systèmes de moindre envergure, dont les capacités contexte d’un système d’investissement sélectif, seuls de base étaient déjà limitées par le manque de ressources, quelques instituts nationaux relativement solides ont pu se les mécanismes des fonds de recherche compétitifs ont développer tandis que la majorité des instituts a souffert souvent été employés pour permettre aux agriculteurs d’une pénurie de capacités. d’exprimer plus clairement leurs besoins en matière de recherche, et les faire participer à l’examen des demandes de financement. Ces mécanismes ont facilité le passage à la Décentralisation et recherche participative recherche adaptative. Le recours aux fonds de recherche compétitifs a Cette période a également été marquée par le dévelop- cependant souvent fait obstacle à la planification pement de la recherche participative et la prise de stratégique à long terme. Il faut parfois plus de dix ans conscience du fait que les instituts nationaux de recherche pour mettre au point une nouvelle variété, des pratiques agricole devaient s’employer à mieux répondre à la agricoles durables adaptées aux conditions locales, ou un demande. L’amélioration de la faculté d’adaptation aux système de gestion des maladies animales. Dans ces besoins a été le principal motif des réformes en faveur de conditions, la mesure dans laquelle les systèmes de la décentralisation de la gestion des instituts nationaux et recherche peuvent répondre à la demande en allouant les de la création de conseils de recherche autonomes. Ces ressources (souvent par des méthodes d’allocation de fonds conseils, auxquels siégeaient généralement des agriculteurs, disputables) à la recherche appliquée par opposition à prenaient dorénavant les décisions de financement (Banque l’allocation de ressources pour les recherches stratégiques à mondiale 2006) mais leur efficacité était très variable. La long terme tenant compte des besoins prioritaires du plupart d’entre eux n’étaient guère représentatifs des parties secteur agricole a fait l’objet d’intenses débats1. Selon une prenantes puisqu’ils se composaient essentiellement de étude de la Banque mondiale (2009, xii–xiii) couvrant fonctionnaires ministériels ou de chercheurs, et les priorités quatre projets de l’institution en Amérique latine dans le de recherche n’étaient pas toujours établies de manière cadre duquel des mécanismes de fonds de recherche cohérente ni rigoureuse. Les conseils avaient souvent peu compétitifs ont été employés pour financer la recherche d’influence sur le processus de formulation des politiques agricole : et les méthodes de recherche, et rares étaient ceux qui L’un des principaux enseignements (…) est la nécessité de assuraient une réelle séparation entre les fonctions renforcer les capacités des organismes de recherche au lieu de d’allocation des fonds et les activités d’exécution (voir le seulement financer la recherche. Les fonds de recherche module 1). La décentralisation était déjà un aspect caracté- compétitifs peuvent être un important moyen de ristique des grands systèmes fédéraux, mais elle a donné financement de la recherche et jouent un rôle stratégique lieu à d’importants compromis dans les petits systèmes. Les en permettant de mettre à l’essai de nouvelles méthodes de économies d’échelle dans des domaines tels que la phytogé- travail ou d’axer les travaux sur de nouveaux thèmes de nétique ont été sacrifiées, et les budgets opérationnels ont recherche, mais ils sont aussi plus susceptibles d’avoir une privilégié la recherche adaptative. contribution utile et durable lorsqu’ils appuient un système de recherche public relativement solide (à cet égard, les perspectives étaient au départ plus favorables Nouveaux modes de financement au Brésil et en Colombie qu’au Nicaragua et au Pérou). Les financements publics revêtent une importance Le recours à des fonds de recherche compétitifs a eu des fondamentale pour les systèmes d’innovation agricole, effets différents selon la capacité du système de recherche. qui ont besoin de financements privés pour compléter Les systèmes de grande envergure dotés de solides capacités les ressources publiques et non pour les remplacer. ont eu recours à des mécanismes compétitifs pour améliorer la qualité des travaux de recherche en accordant En Amérique latine, les petits pays sont devenus les financements sur la base des évaluations scientifiques beaucoup plus tributaires tant des résultats des travaux de collégiales. Ils cherchaient ainsi en particulier à axer les recherche menés par les centres du CGIAR que des travaux de recherche sur des thèmes prioritaires ou de recherches menées par le secteur privé à l’échelle mondiale. nouveaux domaines de compétence, à améliorer la Certains pays ont même mis un terme aux travaux de MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 81 recherche agricole dans le cadre du secteur public. Durant Dans ce contexte, la recherche agricole se heurte à ce cette période de restructuration, les efforts visant à qu’on pourrait appeler le « problème des petits pays », où la renforcer les capacités de recherche fondamentale en faible taille du marché, les obstacles à la réalisation Afrique subsaharienne, en Amérique centrale et dans les d’économies d’échelle et de gamme, des budgets serrés et le petits pays d’Amérique latine ont été abandonnés. En manque de réponse apportée aux demandes de techno- Afrique, les capacités de recherche demeurent très insuffi- logies nouvelles émanant des agriculteurs restreignent santes après trois décennies d’expérimentation. Malgré fortement la productivité de la recherche. Il est nécessaire l’engagement pris par les gouvernements africains de d’avoir des capacités de recherche même pour emprunter consacrer 10 % de leur budget national à l’investissement des technologies de sorte que, dans certaines situations, dans l’agriculture, seuls quelques pays avaient atteint cet cette option n’est même pas envisageable. En Afrique objectif en 20092. subsaharienne, les possibilités d’utiliser les technologies mises au point dans d’autres pays sont souvent très limitées en raison des cultures pratiquées (qui sont peu répandues Insuffisance des fonds destinés aux opérations dans les autres régions) et des contraintes particulières qui pèsent sur la productivité agricole (Pardey et al. 2007). Il est essentiel de disposer de fonds opérationnels suffisants S’il est difficile d’accroître l’efficacité institutionnelle en pour financer les travaux de recherche qui donnent lieu à pareilles circonstances, les économies à vocation agricole des interactions avec les populations rurales en dehors des n’en ont pas moins d’excellentes raisons d’investir dans la stations expérimentales (recherche adaptative en milieu recherche car l’agriculture reste le moteur de la croissance réel, réseaux d’expérimentation multilocaux, sélection de l’ensemble de l’économie. végétale participative, programmes de surveillance des maladies et essais de fertilité des sols, par exemple). Les contraintes pédologiques et biologiques étant plus lourdes Appui à la recherche menée à l’échelon sous-régional dans les champs des agriculteurs, les recherches menées dans ces conditions produisent des résultats plus utiles. L’une des démarches retenues pour s’attaquer au problème L’insuffisance des fonds opérationnels est le principal des petits pays, notamment en Afrique, a consisté à obstacle à la productivité de la recherche agricole. Le organiser la recherche agricole à l’échelon sous-régional problème est particulièrement grave en Afrique, où la dans le but de réaliser des économies d’échelle et d’utiliser pénurie de fonds a fait obstacle à une articulation claire de efficacement les technologies venues d’ailleurs. Depuis la la recherche à la demande, ce que la décentralisation était fin des années 90, de nombreux donateurs ont réorienté les censée faciliter. Les résultats de la recherche dépendent de financements des systèmes nationaux de recherche agricole l’accès à des fonds opérationnels ; or, en période de vers les instituts de recherche sous-régionaux et le Forum restrictions budgétaires, les financements de ce type sont pour la recherche agricole en Afrique qui est l’organisme les premiers à être réduits, les ressources disponibles étant faîtier régional (voir la NT 3 sur la recherche au niveau utilisées pour couvrir les salaires et les dépenses de régional). Les instituts de recherche sous-régionaux ont fonctionnement des stations expérimentales et préserver initialement coordonné les travaux de recherche menés par les ressources de base telles que les banques de matériel les centres du CGIAR au niveau régional, mais depuis le génétique. Les chercheurs productifs sont généralement milieu des années 2000 ils « distribuent » les subventions de ceux qui obtiennent des financements extérieurs, au recherche aux programmes nationaux. La déconnection détriment toutefois de l’intégrité du programme global avec les centres internationaux de recherche a éliminé toute de recherche. possibilité de tirer parti des économies d’échelle dans le cadre de ces approches régionales, bien que deux grands projets financés par la Banque mondiale (le Programme de Le problème des petits pays productivité agricole en Afrique de l’Est et le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest) aient été en Le sentiment général, surtout chez les investisseurs partie conçus à cette fin. En Afrique, la centralisation bilatéraux et multilatéraux, est que la recherche agricole associée aux organismes sous-régionaux réduit encore plus menée dans le cadre du secteur public ne répond pas aux l’aptitude des agriculteurs à exprimer leurs besoins normes de productivité attendues. Cette perception (Sumberg 2005) dans un contexte où les perspectives de concerne plus particulièrement les systèmes de recherche propagation des travaux sont très limitées, les zones des petits pays dont le secteur privé n’a que peu de capacités agroécologiques extrêmement variées et les produits de recherche agricole et qui sont confrontés à des obstacles entrant dans le système d’alimentation très hétérogènes systémiques sur le marché. (Pardey et al. 2007). 82 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Principaux enseignements tirés des réformes LA RECHERCHE DANS LE CADRE D’UN SIA Les principaux enseignements tirés des tentatives de Le savoir et l’information sont les moteurs d’un SIA, et une restructuration de la recherche agricole sont les suivants : économie de marché crée les incitations nécessaires pour chercher des produits et des processus améliorés qui I Il n’existe pas de solution universelle. La structure du débouchent sur des gains de productivité dans l’économie système de recherche agricole dépend du contexte et du agricole. Dans un grand nombre (sinon la majorité) des sentier de dépendance (« path dependency »). économies à vocation agricole du monde en dévelop- I La productivité de la recherche agricole est très pement, cependant, les contraintes qui pèsent sur les différente selon la taille des pays et l’existence d’une ressources, les capacités et les marchés freinent le dévelop- économie de marché fonctionnant de manière pement et le fonctionnement de systèmes d’innovation satisfaisante. agricole. Le Rapport sur le développement dans le monde I Une certaine période de consolidation est nécessaire 2008 (Banque mondiale 2007) établit une distinction entre les pays à vocation agricole, les pays en mutation et les pays pour permettre aux chercheurs de s’adapter à la nouvelle urbanisés : organisation. I Le leadership a joué un rôle déterminant dans les I Les pays à vocation agricole, qui se trouvent principa- instituts nationaux de recherche agricole opérant de lement en Afrique subsaharienne, sont presque toujours manière satisfaisante. des pays relativement petits qui dépendent essentiel- I Le manque de financement durable et de capacité lement des cultures vivrières de base et dont la demeure un obstacle à la productivité des instituts de croissance économique est tributaire de l’agriculture. recherche agricole dans les petits pays. Leurs marchés agricoles ne sont pas bien intégrés, leurs systèmes logistiques et de transport sont onéreux, et Les investissements dans la recherche agricole se sont l’investissement privé en milieu rural reste limité. détournés des instituts nationaux de recherche agricole I Les pays en mutation, notamment la Chine et l’Inde, se pour s’orienter vers les systèmes nationaux de recherche trouvent principalement en Asie, où la croissance agricole et les organismes de recherche sous-régionaux dans économique est aujourd’hui tirée par le secteur un contexte caractérisé par la libéralisation des marchés, industriel et où l’économie s’urbanise rapidement. le développement de la société civile et le renforcement L’augmentation de la demande urbaine, surtout en ce de l’action collective dans les économies rurales. Cette qui concerne les produits à forte valeur ajoutée comme évolution a, dans une certaine mesure, constitué une les produits de l’élevage et les cultures horticoles, condition nécessaire à l’investissement dans la recherche agricole dans le cadre d’un SIA. Selon une méthode entraîne des transformations structurelles dans d’évaluation des besoins des systèmes de recherche l’économie agricole. De nombreuses zones rurales agricole, il importe d’établir les conditions requises en ce affichent néanmoins encore des taux de pauvreté élevés qui concerne : 1) les ressources, 2) les priorités, 3) les liens et restent en marge du processus de croissance. et 4) les mesures d’incitation (Howard Elliott, communi- I Les pays urbanisés, dont la population vit pour une large cation personnelle). Dans un SIA, le cadre d’investissement part dans les zones urbaines, se trouvent principalement recentre l’attention sur les liens et les incitations, ainsi en Amérique latine et ont un secteur agricole bien que sur l’identification des domaines dans lesquels la intégré dans les marchés mondiaux. La pauvreté est un poursuite des transformations organisationnelles permettra problème essentiellement urbain. d’accroître les capacités d’adaptation externes. Il reste à savoir si cette réorientation, alors que les SIA en sont encore Les pays en mutation ou urbanisés ont tous une à une phase précoce, produira automatiquement les infrastructure de transport et des marchés agricoles plus changements nécessaires pour remédier au manque de développés, un secteur privé plus vaste et plus dynamique, ressources et de capacités, du moins pour les systèmes de de plus grandes capacités de recherche et développement recherche des petits pays. Le reste de ce module examine agricoles, des institutions agricoles plus efficaces et des l’évolution de l’organisation de la recherche agricole dans investissements plus importants dans les technologies de le cadre d’un SIA. l’information et des communications que les pays à vocation agricole, ce qui leur permet d’avoir des systèmes d’innovation qui fonctionnent mieux, notamment parce qu’ils bénéficient de l’élargissement des débouchés offerts par des marchés agricoles plus dynamiques. MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 83 Les sections suivantes comparent le rôle de la recherche Systèmes d’innovation et passage à un contexte et des SIA dans les marchés qui fonctionnent de manière de marché satisfaisante et dans les marchés peu développés. Elles décrivent les démarches de SIA retenues pour promouvoir À mesure qu’ils s’intègrent à l’économie de marché, les l’innovation technologique, puis passent en revue les agriculteurs ont de plus en plus recours à des intrants pour grandes questions liées, dans le cadre d’un SIA, à la accroître leur productivité et vendent une proportion recherche agricole, à l’évolution du contexte des investis- grandissante de leur production. Ils commencent généra- sements, et aux mécanismes de suivi, d’évaluation et lement par diversifier leurs activités en se tournant vers des d’élargissement de la portée des travaux de recherche cultures ayant une plus forte valeur ajoutée, puis se spécia- agricole. lisent dans des activités de production particulières. Cette intensification est facilitée par la multiplication des innovations proposées par le biais des marchés de facteurs Les SIA dans le contexte de marchés fonctionnant de production et de services agricoles. Ces innovations, de manière satisfaisante quant à elles, sont de plus en plus déterminées par l’évolution de la demande urbaine qui peut privilégier aussi Le fonctionnement d’un SIA repose sur la création de bien des produits particuliers que des caractéristiques de nouveaux liens dans un secteur agricole dont la matrice qualité spécifiques d’un produit. organisationnelle s’élargit. Le développement du secteur Les programmes publics de recherche agricole sont sans privé, notamment par suite de la transformation des cesse confrontés à la difficulté d’adapter leurs actions pour produits en biens marchands et de l’élargissement des mieux répondre à la demande et, dans une économie débouchés commerciaux, donne lieu à l’apparition d’orga- agricole plus moderne, de concilier les besoins des nisations toujours plus nombreuses, qui cherchent à agriculteurs et l’adoption de leurs produits par les consom- promouvoir leurs intérêts, généralement en influençant la mateurs. Par exemple, dans les domaines de la production politique gouvernementale mais aussi en instaurant des de semences et de la sélection végétale, les établissements normes de fonctionnement dans leurs sous-secteurs semenciers se trouvent au point d’intersection, dans la respectifs. chaîne de valeur semencière, des contraintes de production La prolifération des groupements de producteurs de des agriculteurs (il leur faut déterminer comment produire semences, de produits chimiques et d’engrais, des une semence que les agriculteurs achèteront) et des associations du secteur agroindustriel (comme la Thai exigences de qualité des consommateurs (lorsque les Tapioca Trade Association), des associations d’usinage des consommateurs et les intermédiaires commerciaux veulent aliments pour bétail et des organisations par filière (on un produit donné, leur préférence se manifeste, au niveau trouvera des exemples dans la présentation générale du des producteurs, par un surprix du produit ou de la module 1 et dans les NT 3 et 4) — que ce soit pour l’expor- variété). Les innovations réalisées par les établissements tation de blé, d’oléagineux ou de produits horticoles — semenciers dans le domaine de la sélection végétale témoigne du renforcement et de la concentration concilient les intérêts des producteurs et ceux des consom- grandissante de la chaîne de valeur. Dans les chaînes mateurs sous réserve, toutefois, que le marché semencier établies pour les produits à forte valeur ajoutée, les fonctionne bien et soit compétitif. agriculteurs forment généralement des associations au titre Les capacités de recherche du secteur privé se d’un produit particulier, souvent en commençant par développent principalement dans les pays où les marchés des coopératives (l’industrie laitière et la fédération agricoles fonctionnent bien, comme en Amérique latine et colombienne du café en sont deux exemples). Dans une en Asie, et surtout dans les grands pays dotés de vastes telle matrice organisationnelle, la concurrence va de pair marchés. À mesure que les économies à vocation agricole avec la coopération et l’action collective organisée pour se modernisent et que le secteur privé accroît ses activités promouvoir les intérêts du sous-secteur. L’information de recherche agricole et leur financement, l’innovation circule bien, les besoins du sous-secteur sont clairement s’oriente vers l’application des sciences de pointe tandis que exprimés et les liens et dispositifs institutionnels requis les programmes publics de recherche s’emploient à aider les sont définis, généralement pour chaque tâche spécifique. entreprises privées en développant de nouveaux produits À ce stade d’évolution du marché dans le secteur (riz hybride, par exemple) ou en appuyant la recherche agricole, un SIA s’organise de lui-même. La recherche dans dans le secteur privé. le secteur public doit être très souple et adaptée aux besoins Dans le domaine agricole, la biologie moléculaire et la exprimés par l’intermédiaire des fabricants d’intrants ou génomique sont des sciences de pointe et les travaux dans des entreprises agroindustrielles, faute de quoi elle risque ces domaines, où les universités jouissent généralement de devenir rapidement anachronique. d’un avantage comparatif, sont souvent financés par des 84 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT fonds de recherche compétitifs. En Inde, par exemple, le à graines, de la surveillance des maladies végétales, de la Programme national d’innovation agricole (National mise au point de fourrages pour ruminants, et surtout de la Agricultural Innovation Project — NAIP) a recours à un recherche sur la gestion des récoltes et des ressources mécanisme de fonds de recherche compétitifs pour financer naturelles. Les instituts de recherche agricole opérant dans des pôles d’innovation axés sur les travaux de recherche le cadre de secteurs agricoles dynamiques doivent trouver fondamentale qui peuvent avoir des applications intéres- le juste équilibre entre la recherche fondamentale, qui sert santes pour le secteur privé. En Thaïlande, le ministère des les intérêts du secteur privé, et la recherche appliquée, Sciences et Technologies suit la même démarche par le biais qui répond aux besoins des agriculteurs. Étant donné de son agence nationale pour l’innovation et du l’attention grandissante accordée à l’utilisation rationnelle programme BIOTEC, qui visent également à financer des de l’eau et des nutriments et à la réduction des effets domaines de recherche et des applications connexes. En externes des systèmes de production sur l’environnement, outre, BIOTEC a créé deux programmes de recherche il sera de plus en plus important de parvenir à concilier indépendants, le Rice Gene Discovery Unit (programme de ces objectifs. recherche génétique sur le riz appliquant les méthodes de Même dans les pays à vocation agricole en mutation, les génomique et de biologie moléculaire) et le Cassava and programmes publics de recherche ont un rôle à jouer dans Starch Technology Research Unit (programme de recherche les zones rurales marginales où les taux de pauvreté sont moléculaire sur la synthèse et la qualité de la fécule de particulièrement élevés et les marchés généralement peu manioc, plus particulièrement axé sur l’industrie développés. Les relations avec les intervenants extérieurs thaïlandaise de l’amidonnerie). sont, dans ce cas, assurées par des organisations-relais, Dans ces cas, les programmes publics de recherche sont en particulier des ONG et les services de vulgarisation. de plus en plus découplés de leur clientèle principale, les Le SIA se limite alors essentiellement aux partenariats agriculteurs, et se fondent sur les marchés de facteurs de traditionnels entre les agriculteurs, les programmes de production comme moyen d’expression de la demande des recherche et les organisations-relais, mais ces organisations agriculteurs. Mais il arrive que les intérêts des agriculteurs fournissent, en plus de leurs conseils, toute une gamme de diffèrent de ceux des producteurs d’intrants, comme en services tels que des mécanismes d’épargne et de crédit, témoignent les tensions suscitées par l’utilisation de des activités de mobilisation des agriculteurs et la pesticides et l’accroissement de l’échelle des programmes facilitation de l’accès aux marchés. de gestion phytosanitaire intégrée en Asie. En Inde, le programme NAIP propose des financements Lorsqu’ils sont réalisés dans des conditions régies par le différenciés des plateformes ou pôles en fonction du degré marché, les investissements dans les programmes publics de développement du marché et de la pauvreté rurale de recherche agricole privilégient généralement les correspondante. Dans les régions où le commerce est plus innovations institutionnelles qui renforcent les liens entre développé, les plateformes du NAIP font intervenir des la recherche et le secteur privé. Par exemple, une grande partenariats public-privé, tandis que dans les régions importance est accordée aux droits de propriété intellec- marginales elles font intervenir des organismes de tuelle aussi bien pour garantir l’accès du public aux recherche traditionnels et des organisations-relais. innovations émanant du secteur public que pour protéger Pour les petits instituts de recherche, ce type de différen- les innovations issues du secteur privé. Les droits de ciation pose un dilemme. Doivent-ils mettre l’accent sur les propriété intellectuelle sont souvent la base des contrats régions où le commerce est plus développé et sur les conclus dans le cadre de partenariats public-privé. Il est partenariats qui y ont été constitués, ou bien sur les régions possible de renforcer ces interconnections par le biais des marginales ? Les premières présentent davantage de fonds de recherche compétitifs qui privilégient la formation possibilités d’innovation mais il peut être dans l’intérêt du de partenariats public-privé, la désignation d’agents public de privilégier les secondes. Un SIA est généralement pouvant servir d’intermédiaires entre les programmes orienté vers les régions où le commerce est développé publics de recherche et les besoins des sous-secteurs, la tandis que la recherche publique est plus souvent axée sur création de parcs scientifiques jouxtant les instituts de les autres. recherche spécialisés dans des domaines communs de R-D, et la constitution de fonds de capital-risque qui investissent dans le développement de produits et de marchés basés sur Recherche dans les marchés peu développés les innovations dans la recherche. D’autres domaines de recherche agricole appliquée Les pays à vocation plus agricole, notamment en Afrique sont cependant moins bien servis par le secteur privé et subsaharienne, sont essentiellement tributaires de la petite constituent des biens publics plus traditionnels ; c’est le cas, agriculture pluviale. Les agriculteurs doivent faire face à des notamment, de la sélection de légumineuses, notamment situations caractérisées par des marchés des produits et des MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 85 moyens de production incomplets et mal intégrés, exportations horticoles, l’organisation par produit est déjà l’asymétrie de l’information et des coûts de transaction évidente. L’Association des exportateurs de produits frais élevés. Les marchés de l’assurance et du crédit sont du Kenya (voir le module 1, encadré 1.5 dans la présen- quasiment inexistants. tation générale) est un exemple parmi d’autres. COMBINER LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES ET MULTIPLICATION DES INTERACTIONS DANS LE SECTEUR PRIVÉ. INSTITUTIONNELLES. Pour que la recherche agricole soit En général, les programmes publics de recherche agricole, efficace dans ces conditions, les innovations technologiques notamment ceux qui relèvent des instituts nationaux de doivent généralement être associées à des innovations recherche agricole, sont organisés autour de certaines organisationnelles et institutionnelles, principalement pour capacités de base dans des domaines tels que la sélection compenser l’absence de marchés susceptibles d’encourager végétale, la gestion des maladies et la lutte antiparasitaire, la l’innovation. Les innovations ont, en outre, tendance à gestion intégrée des cultures, la gestion des sols et des eaux, suivre une trajectoire plus organisée (Rajalahti, Janssen et l’élevage et la pêche, et éventuellement la gestion des forêts Pehu 2007) — en d’autres termes, le processus d’innovation et zones de pâturage. Dans pratiquement tous ces domaines, est généralement facilité par des acteurs externes, et les l’accent est mis sur l’amélioration de la productivité des innovations technologiques vont souvent de pair avec les terres et les agriculteurs sont les principaux clients, soit innovations organisationnelles. directement soit par l’intermédiaire d’organisations-relais Par exemple, il est beaucoup plus rentable pour les telles que les ONG, les organisations d’agriculteurs et les agriculteurs des pays sahéliens d’adopter les variétés services de vulgarisation. améliorées de sorgho, les méthodes d’application de La principale modification apportée à l’organisation de microdoses d’engrais et les techniques de collecte de l’eau la recherche dans le cadre d’un SIA tient à la création de dans des puits lorsqu’ils opèrent dans le cadre d’asso- liens entre la recherche et un secteur privé naissant. Les ciations utilisant le système de récépissé d’entrepôt. Les instituts de recherche et les organisations-relais ne sont pas innovations technologiques sont ainsi associées à des organisés de manière à permettre l’établissement de tels innovations organisationnelles qui pallient les déficiences liens (Larsen, Kim et Theus 2009). Le secteur privé ne joue des marchés d’intrants et du crédit et encouragent un pas un rôle prédominant dans les zones rurales des petits regroupement efficace pour les marchés de produits. Les pays à vocation agricole. Les activités de transformation à trajectoires organisées sont également facilitées par des grande échelle sont généralement concentrées dans les réformes qui légalisent l’acceptation des récépissés grands marchés urbains. Un grand nombre des activités d’entrepôt par les banques, souvent au départ dans le cadre non agricoles génératrices de revenus poursuivies dans les d’un programme de garantie de prêt. zones rurales sont des activités familiales, telles que la fabrication de bière ou la transformation des plantes à ORGANISATIONS-RELAIS. Lorsque les marchés sont incomplets tubercules3. Haggblade (2009:A1-2) note que « les activités et non intégrés, les organisations-relais — notamment les manufacturières rurales sont encore peu développées dans services de vulgarisation, les organisations d’agriculteurs, les la plupart des pays africains. . . mais les services ruraux associations professionnelles et les ONG — assurent le lien locaux, le commerce et autres activités économiques entre le domaine de la recherche et du savoir et le domaine représentent, globalement, 80 % des revenus ruraux non de la production et du marché naissant. Ces organisations agricoles ». fournissent et adaptent les produits de la recherche tout Les innovations qui ont le plus d’impact sur l’économie en apportant des innovations organisationnelles qui rurale non agricole sont donc, en général, des innovations améliorent l’accès et l’efficacité des activités de organisationnelles qui améliorent l’efficacité des activités transformation et la commercialisation. de commercialisation, ou qui portent sur les petites Les organisations-relais ne permettent pas de bien activités de transformation lorsque les conditions du exprimer la demande des consommateurs et des marché permettent de poursuivre une activité spécialisée agriculteurs à moins que celle-ci ne concerne une chaîne de en dehors de l’exploitation. La mise au point de valeur particulière. Les chaînes de valeur sont aujourd’hui techniques de transformation à petite échelle repose le principal pivot autour duquel s’articulent les plateformes essentiellement sur les innovations mécaniques qui sont d’innovation organisées. Dans un SIA, l’importance financées par des entreprises privées, par des emprunts conférée à la chaîne de valeur a pour effet de recadrer la extérieurs ou, dans certains cas (pour les activités de recherche agricole suivant une approche par produit plus transformation spécialisées), d’écoles d’ingénieurs ou centralisée. Elle oriente aussi généralement l’organisation d’instituts de recherche industrielle (Haggblade, Hazell et des associations d’agriculteurs vers ce modèle. Lorsque les Reardon 2007). La disponibilité de matériels de transfor- marchés sont bien développés, comme dans le cas des mation spécialisés est cependant tributaire de l’existence 86 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT de capacités locales privées de production et de mélanges d’engrais pour les combiner à des éléments distribution. biologiques, et mettre au point des systèmes de lutte Comment établir des liens efficaces entre la recherche phytosanitaire intégrée pour la production horticole. agricole et le secteur privé dans les pays à vocation Dans le domaine de la sélection végétale, la nature agricole ? Plusieurs stratégies sont possibles, notamment des partenariats public-privé évolue en fonction de la l’intégration verticale, le recours à des intermédiaires et la concurrence et du développement de nouveaux produits formation de partenariats public-privé. sur le marché semencier. L’évolution des capacités du Dans le secteur de la transformation à grande échelle, secteur privé sur les marchés de facteurs de production, en comme la minoterie de maïs ou la production fourragère, il liaison avec des programmes publics de recherche à l’écoute est dans l’intérêt d’une entreprise de pouvoir assurer des des besoins des parties prenantes, peut créer des débouchés approvisionnements réguliers en matières premières de directs pour les produits de la recherche publique. Le qualité et d’un prix compétitif. Lorsque la structure des secteur public peut axer ses recherches sur les régions où coûts et les marges le permettent, l’entreprise peut procéder les producteurs d’intrants n’investissent pas, qui se à l’intégration verticale de ses activités tout au long de la caractérisent généralement par des taux de pauvreté élevés chaîne de valeur, comme dans l’horticulture d’exportation, et l’absence de réponse aux demandes des agriculteurs. ou avoir recours à des importations, comme les font les grands moulins à blé des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Dans ces conditions, rien n’incite à créer des partenariats L’innovation technique dans le cadre d’un SIA public-privé. Toutefois, lorsqu’une entreprise s’approvisionne sur les La capacité d’innovation d’un SIA augmente à mesure marchés intérieurs, elle a intérêt à s’efforcer d’associer les qu’il évolue, et la recherche agricole joue un rôle clé dans avantages d’une productivité agricole plus forte et de coûts l’innovation technique. Selon Kline et Rosenberg (1986), moins élevés à ceux d’opérations d’assemblage, de « contrairement à ce que l’on croit généralement, le point regroupement et de commercialisation plus efficaces. Une de départ de la plupart des innovations n’est pas la agroentreprise n’est guère incitée à investir dans l’amélio- recherche mais la conception » (cité dans Sumberg 2005). ration de la productivité agricole à moins que les achats des En ce sens, l’expression « recherche agricole appliquée » est matières de base entrant, par exemple, dans la production probablement inappropriée puisque ce type de recherche d’huile de palme ou de sucre de canne, ne fassent l’objet porte essentiellement sur la conception de technologies, d’un quasi-monopole. Les plateformes d’innovation pour qu’il s’agisse de concevoir une variété améliorée, un système les cultures vivrières de base visent généralement à établir de lutte phytosanitaire intégrée, un système de gestion des des liens entre les innovations introduites par les petits maladies animales ou un système d’agroforesterie. Dans ce distributeurs au niveau de l’assemblage et du regroupement cas, l’objectif du processus de conception est de garantir, et les technologies permettant aux agriculteurs d’améliorer dans la mesure du possible, que les agriculteurs pourront la productivité agricole. Dans les chaînes de valeur où utiliser le produit final, principalement pour améliorer la l’amélioration de la qualité permet d’accroître sensiblement productivité agricole. Faire en sorte que les caractéristiques les marges bénéficiaires (comme dans le cas du café fin techniques répondent aux besoins des agriculteurs est un et des produits laitiers spécialisés), il est généralement objectif fondamental de la recherche agricole participative nécessaire de coordonner les activités depuis l’exploitation (y compris dans le domaine de la sélection végétale) et de agricole jusqu’au point de traitement final. La coordination son précurseur, la recherche sur les systèmes de culture, car entre tous les acteurs de la chaîne de valeur est généra- le processus de conception s’effectue souvent dans le cadre lement assurée par une ONG spécialisée qui bénéficie d’un de processus itératifs associant les essais menés par les financement public (autrement dit, par un intermédiaire). agriculteurs et les modifications techniques ; il s’agit en fait Les possibilités de création de partenariats public-privé d’un processus de conception conjointe (voir la NT 4). dans les économies à vocation agricole sont très limitées et l’amélioration de la productivité agricole continuera PLATEFORMES D’INNOVATION. Dans la pratique, les systèmes généralement d’être l’objectif des partenariats ou des d’innovation technique dans le cadre d’un SIA revêtent plateformes. souvent la forme de plateformes d’innovation basées sur un Les facteurs de production agricoles constituent un autre projet (NT 1 ; voir également le module 1, NT 2). Les projets domaine d’interaction entre les instituts de recherche et le ont généralement une durée limitée et privilégient par secteur privé. Dans ce domaine, les interactions qui peuvent conséquent l’apport de solutions rapides aux problèmes avoir lieu sont plus directement complémentaires. Les techniques identifiés dans le cadre de la plateforme. Compte programmes publics de recherche fournissent des variétés tenu de cet horizon à court terme, les instituts de recherche aux établissements semenciers, peuvent chercher à créer des ont tendance à adapter les connaissances et technologies MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 87 existantes. Ils doivent néanmoins concilier la demande critères fondamentaux de la conception des plateformes croissante de capacités pour mener des recherches organisées autour des chaînes de valeur. Elle détermine le adaptatives à court terme avec la nécessité de constituer des niveau — national, régional ou local — auquel celles-ci capacités de recherche à plus long terme pour pouvoir opèrent, la nature des partenariats — entre personnes ou élargir le champ des options techniques. Les services de entre institutions — et la place faite aux réformes dans le recherche sur les systèmes de culture ont souvent obtenu de cadre de leurs activités. bons résultats au niveau local mais ils ont eu des difficultés Les plateformes qui ne sont pas organisées en fonction à faire adopter les résultats de la recherche adaptative à plus de chaînes de valeur et qui visent à réduire la pauvreté ou à grande échelle. Un système fondé sur les chaînes de valeur, améliorer la sécurité alimentaire fonctionnent généra- qui met généralement l’accent sur la recherche appliquée, lement comme des programmes de développement rural et élargit la définition du problème et associe généralement les font appel à des agents du secteur public ou de la société innovations techniques et les innovations institutionnelles civile. Créer une volonté d’innovation dans le cadre de ces apportées aux modes d’organisation des agriculteurs et de plateformes, qui ont essentiellement une vocation de facili- commercialisation pour assurer l’application des résultats tation et de service, exige l’adoption de méthodes qui ont des travaux de recherche tout au long de la chaîne de valeur. un caractère plus participatif, sont davantage axées sur les Toutefois, dans bien des cas, il est difficile de reproduire à problèmes à résoudre et offrent de plus amples possibilités plus grande échelle des résultats qui sont propres à des d’expérimentation. Mais ces impératifs limitent souvent chaînes de valeur et des contextes particuliers, comme on l’a l’échelle des activités et accroissent les coûts de mise en vu avec les systèmes de récépissé d’entrepôt dans le cas des œuvre. Il peut être préférable de créer des plateformes marchés céréaliers peu développés des pays sahéliens. d’innovation d’envergure limitée qui aideront à mettre en Un institut de recherche peut également encourager la place des programmes de développement rural de plus mise en place de plateformes d’innovation en créant un vaste portée. service spécialisé, ou en ayant recours à des mécanismes de financement comme ceux utilisés en Amérique latine par PLATEFORMES D’INNOVATION AYANT POUR OBJECTIF DE RÉDUIRE les fondations de recherche ou les programmes de fonds de LA PAUVRETÉ. Un SIA privilégie souvent les approches recherche compétitifs. Ces services ou mécanismes de fondées sur les chaînes de valeur, comme le Programme financement permettent aux instituts de répondre à une de productivité agricole au Kenya (Kenya Agricultural forme de demande « exprimée », émanant d’une faible Productivity Program — KAPP). Lorsque le Kenya a partie de la population agricole. L’institut de recherche a libéralisé ses marchés dans les années 90 et que le secteur aussi la possibilité de jouer un rôle plus dynamique en privé a gagné en importance, le pays a laissé jouer les forces créant lui-même une plateforme d’innovation, surtout s’il du marché pour développer les activités des petits pense qu’une de ses innovations techniques a de bonnes producteurs de thé, de produits horticoles et de lait ainsi chances de succès et qu’une plateforme d’innovation est un que le marché des engrais. En dépit de ces progrès, le taux de bon moyen de garantir son utilisation. Cette approche peut pauvreté rurale reste très élevé dans les régions agricoles être qualifiée de « linéaire », mais elle ne constitue qu’un marginales et les zones à forte densité de population autour autre mode d’application de connaissances existantes. du Lac Victoria. La majorité des petits exploitants sont encore des acheteurs nets de maïs, le principal produit de ÉCHELLE DES PLATEFORMES D’INNOVATION. La question de base : 18 % seulement des producteurs de maïs sont des l’échelle des plateformes d’innovation n’a guère été étudiée vendeurs nets, et 2 % des producteurs assurent 50 % des (Hall, Dijkman et Sulaiman V. 2010). En Afrique, les ventes (Jayne, Mather et Mghenyi 2006). L’Institut de plateformes d’innovation sont souvent établies au niveau recherche agricole du Kenya, comme de nombreux instituts des districts qui se heurtent aux obstacles constitués par de recherche agricole de petits pays, doit relever un double l’hétérogénéité des systèmes de production et leur défi : innover en suivant une approche axée sur le marché éloignement des marchés. L’échelle des plateformes tout en essayant d’élargir l’accès au marché ou d’améliorer organisées dans le contexte des chaînes de valeur est quelque peu la sécurité alimentaire de la majorité des petits déterminée par le problème qui doit être réglé, la taille du exploitants. marché, les besoins de coordination et la structure de la Comme indiqué, le programme NAIP en Inde (DAI 2) a chaîne de valeur. Au Rwanda, par exemple, le passage à des réussi à concilier l’innovation tirée par le marché et l’inno- mélanges haut de gamme dans le sous-secteur du café s’est vation axée sur les zones marginales en créant deux effectué au niveau national. Par comparaison, les chaînes de mécanismes de financement pour appuyer des types de valeur dans le secteur de l’horticulture biologique sont pôles d’innovation différents. Dans les zones marginales , souvent organisées au niveau des districts ou à une échelle les fonds octroyés couvrent les coûts de transaction liés à la encore plus petite. L’échelle constitue généralement l’un des création de plateformes d’innovation et de partenariats. Ces 88 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT plateformes sont cependant limitées par la durée de la interactions au niveau des organisations) au particulier subvention, et soit le problème est abordé dans une optique (nécessité d’utiliser des instruments stratégiques qui à court terme, auquel cas les résultats peuvent être réduisent les coûts de transaction de la collaboration au considérés comme une expérience pilote pour laquelle on niveau des organisations). Les politiques de décentralisation recherchera ensuite des financements plus importants, soit et de démocratisation peuvent aussi avoir un effet positif le financement est structuré de manière à permettre l’octroi sur l’innovation rurale. de subventions relais pour étudier des problèmes dont le règlement prendra plus de temps mais qui offre des perspectives prometteuses. Un institut national de Incitations en faveur d’un accroissement recherche agricole comme l’institut kényan doit cependant des interactions au niveau des organisations faire ces choix dans le contexte de son propre programme de recherche et déterminer le nombre de partenariats qu’il Dans les SIA, les interactions au niveau des organisations peut gérer, la durée de ces partenariats, et en fin de compte, sont encouragées par les mesures-cadres arrêtées dans les les biens publics qui sont leurs objectifs et qui déterminent domaines commercial, administratif et financier. Les ces décisions. En d’autres termes, il doit décider s’il donne politiques publiques devraient, de manière générale, la priorité à des investissements dans des capacités renforcer la collaboration, l’action collective et ce que l’on scientifiques ou dans des capacités de collaboration. pourrait appeler la « suffisance fonctionnelle », c’est-à-dire la participation d’intervenants divers qui mettent un PRISE EN COMPTE DES BESOINS À LONG TERME. Ce sont en ensemble suffisant de compétences au service du processus général les pays développés à économie de marché qui d’innovation. Comme mentionné, les mesures de libérali- planifient les besoins à long terme en matière d’innovation sation des marchés ont fortement contribué à promouvoir technique, et ils mettent le plus souvent l’accent sur les l’investissement dans le secteur agricole, encourager la capacités de recherche fondamentale et stratégique participation aux activités du marché et créer des liens nécessaires. À ce stade de développement de l’agriculture favorables à la croissance de l’économie rurale. agricole, il semble manifeste que les sciences nouvelles Compte tenu de l’évolution en faveur de la libérali- seront l’un des principaux moteurs de la poursuite de la sation des marchés, les autorités nationales cherchent croissance et de la compétitivité agricoles sur les marchés aujourd’hui à améliorer l’efficacité des opérations de mondiaux. Les spécialistes élaborent souvent des scénarios commercialisation et à définir des normes de partici- pour évaluer les conditions futures en fonction de pation aux activités du marché, notamment des niveaux et l’évolution de l’économie agricole et définir les normes de qualité pour les marchés des produits de base investissements à long terme qui devront être consacrés à la et des normes de qualité et de sécurité pour les marchés R-D agricole. des facteurs de production. La certification des semences, Dans les pays en développement, le secteur privé l’expérimentation et la dissémination de variétés n’investit pas dans ce type de planification sur la base de nouvelles, la réglementation en matière de biosécurité, les scénarios, bien que des multinationales comme Monsanto droits des phytogénéticiens et les droits de propriété utilisent cette approche et que l’on commence à discerner intellectuelle (voir le module 6) définissent les règles qui une division plus nette des activités de recherche et régissent la mise au point de nouveaux produits. Ils développement entre le secteur public et le secteur privé. définissent les règles de concurrence (par exemple entre Dans le contexte du développement de consortiums pour la les établissements semenciers) et encouragent la collabo- recherche fondamentale, le programme NAIP a employé ration (par exemple, entre les entreprises de gestion des méthodes prospectives de planification sur la base de phytosanitaire intégrée et les horticulteurs). Ce cadre scénarios (voir le module 7, NT 3) pour définir les besoins à réglementaire encourage à son tour le secteur privé à long terme. Souvent l’appui à la poursuite de la transfor- investir davantage dans la recherche, ce qui crée au départ mation structurelle de l’économie nationale met l’accent un climat de concurrence avec la recherche publique qui sur l’exploitation des possibilités offertes par la génomique débouche à terme sur des modes de fonctionnement plus et la biologie moléculaire, ainsi que par les bioénergies. collaboratifs. Il importe alors de décider si la recherche publique est poursuivie dans le contexte de l’octroi de droits exclusifs à certaines entreprises, surtout lorsqu’elle PRINCIPAUX ÉLÉMENTS STRATÉGIQUES est financée à la fois par le secteur public et le secteur privé, ou si elle est conçue de manière à appuyer Les principaux éléments stratégiques concernant la l’ensemble du secteur agricole. En général, la recherche recherche agricole dans un système d’innovation vont du publique est une recherche « d’amont », axée sur le long très général (nécessité de créer des conditions favorables aux terme, qui porte sur des domaines moins importants pour MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 89 Encadré 4.1 Financement de la recherche et de l’innovation agricoles La recherche agricole dans les pays en développement transformation et de gestion et les compétences se caractérise par un niveau d’investissement très des instituts de recherche publics (DAI 3). Les insuffisant, notamment en Afrique. La production de financements étaient gérés par trois organismes biens publics relève essentiellement de l’État, qui gouvernementaux dotés chacun d’un mandat continue de financer l’essentiel de la recherche agricole légèrement différent. L’Inde a adopté un programme (à hauteur de 81 % en moyenne). Le financement similaire administré par un bureau constitué grâce interne, notamment les contrats avec des entreprises à un prêt de la Banque mondiale (DAI 2). Les fonds publiques et privées, ne représente que 7 % du total. de recherche compétitifs, qui étaient dans ce cas le Étant donné l’importance que revêt la disponibilité principal mécanisme de financement utilisé, allouaient de financements ininterrompus pour l’amélioration de les subventions à certains types de partenariats, la productivité de la recherche agricole, de nouveaux généralement en vertu de dispositions contractuelles modes de financement ont été mis à l’essai au cours explicites. des vingt dernières années. En tant que prédécesseurs Il est de plus en plus souvent demandé aux bénéfi- des stratégies de financements des SIA, ils donnent une ciaires de la recherche de contribuer à son financement idée des défis à relever. pour assurer sa pérennité et diversifier ses sources. Les nouvelles approches présentent toutes deux Au Kenya, par exemple, la recherche sur les cultures caractéristiques fondamentales. Elles établissent une d’exportation (thé et café) est financée par des séparation entre les décisions de financement et prélèvements fiscaux. En Uruguay, les organisations l’exécution des travaux de recherche, et elles de producteurs ont investi directement dans les diversifient les sources de financement pour améliorer programmes nationaux de recherche sur les produits de la prévisibilité des ressources. base. Plus généralement, des incitations fiscales sont Pour assurer la responsabilisation et établir un offertes aux entreprises pour les encourager à investir programme de recherche qui réponde aux besoins des dans la recherche et le développement en recrutant utilisateurs, les représentants du secteur privé, les leurs propres chercheurs ou en signant des contrats agriculteurs et le secteur public ont décidé quel type avec des organismes publics. Dans tous ces cas, les de recherche financer, principalement par le biais travaux de recherche financés sont définis beaucoup de fonds de recherche compétitifs. Cette séparation plus précisément pour tenir compte des exigences des a nécessité de nouveaux systèmes d’organisation utilisateurs, garantir que les produits voulus sont permettant de gérer des coûts de transaction plus développés et promouvoir le respect du principe de lourds, généralement en créant une fondation de responsabilité. recherche, un conseil national de recherche agricole ou Ces sources de financement ne procurent cependant un organisme gouvernemental chargé de gérer les toujours qu’une faible partie du financement total de fonds de recherche compétitifs (voir le module 6, la recherche agricole. De nombreux intervenants du NT 2). Les observations recueillies dans le cadre des secteur agricole dépendent encore presque entièrement fondations de recherche ont produit divers de l’aide de l’État, notamment en ce qui concerne les enseignements tels que la nécessité de faire participer travaux de recherche portant sur la culture sélective les clients aux décisions de financement et de mettre des plantes vivrières de base et la gestion des ressources en place des capacités suffisantes pour gérer les fonds naturelles. dans un cadre stratégique. Une leçon fondamentale ressort de l’analyse : une Les fondations de recherche et les fonds de nette orientation commerciale, axée sur le marché, recherche compétitifs ont privilégié les projets pour ne pas parler de distorsion, caractérise les encourageant la formation de partenariats essentiels modalités de financement, qui visent de plus en plus à pour le SIA, généralement entre des instituts de financer l’innovation plutôt que la recherche dans le recherche publics et le secteur privé. Par exemple, la cadre d’un SIA. Un grand défi consistera à veiller à ce Chine a créé des pôles associant les compétences des que la recherche et l’innovation bénéficient d’un appui entreprises en matière de commercialisation, de suffisant pour produire des biens publics. Sources : Indicateurs relatifs aux sciences et technologies agricoles (http://www.asti.cgiar.org); Byrnes et Corning 1993. 90 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT le secteur privé, tels que la gestion des ressources vraisemblance, continuer à appuyer la multiplication naturelles, la réduction de la pauvreté, la parité homme- des interactions qui conduisent à l’innovation et faire femme et l’équité. intervenir de nouvelles formes de collaboration et structures institutionnelles ainsi que de nouveaux systèmes et technologies qui accroissent les échanges d’information Financement des coûts de transaction inhérents entre les intervenants d’un système d’innovation. aux SIA Dans certains cas, le renforcement de la collaboration et des communications entre les intervenants d’un système Les mécanismes de financement sont probablement le d’innovation transforme la recherche agricole — le cadre moyen le plus efficace d’accroître les interactions au niveau dans lequel elle est poursuivie, les participants aux travaux, des organisations (voir l’encadré 4.1). Outre qu’ils créent les sources de financement et les priorités changent. En des incitations, les mécanismes de financement jouent un Afrique, cependant, cette évolution accroîtra encore les rôle essentiel en couvrant les coûts de transaction supplé- difficultés des organismes publics de recherche face à la mentaires inhérents à la création de liens et plateformes. prolifération des petits projets d’innovation. Il sera en outre Lorsque les avantages de la collaboration sont évidents, en crucial d’investir dans la recherche pour contrebalancer particulier pour le secteur privé, ces coûts deviennent un la vocation commerciale des SIA et promouvoir l’ouverture élément nécessaire des investissements dans l’innovation. et l’équité dans le processus d’innovation. Toutefois, pour financer ces coûts dans les programmes publics de recherche, il faut créer des postes budgétaires et indiquer clairement comment ces dépenses contribueront Intensification des interactions entre les participants aux objectifs institutionnels visés. C’est dans le but de aux activités de recherche et les autres agents réduire les risques et les incertitudes ainsi créés et couvrir d’innovation les coûts de transaction liés à la participation, que des fonds spéciaux d’innovation agricole ont été créés (module 5, Dans un SIA, la recherche est essentiellement axée sur NT 2) (Banque mondiale 2010). l’intégration de tous les agents d’innovation, qu’il s’agisse d’entités du secteur public, du secteur privé ou de la société civile. Dans la pratique, les efforts ont surtout visé les Décentralisation et équité interactions entre les secteurs public et privé. Les partenariats entre les organismes publics et privés font Le processus de démocratisation s’accompagne souvent intervenir différents types de contrats, formels ou d’une plus grande décentralisation administrative et informels, dans le cadre desquels des instituts de recherche financière — les services publics sont gérés localement et fournissent des produits ou des services au secteur privé. les organismes publics ont davantage de comptes à rendre Pour un organisme public de recherche, le contrat est à la population locale, y compris les agriculteurs hommes souvent défini par le degré d’exclusivité de l’utilisation de et femmes. La décentralisation a eu une forte incidence son produit ou service, qui est généralement protégé par sur la mise en place de services de conseil et de services de des droits de propriété (voir la NT 2 de ce module et la santé animale et végétale, et sur le développement des NT 1 du module 5). infrastructures, notamment l’approvisionnement en eau et Les parcs scientifiques créent des liens utiles entre les la construction de routes rurales. La démocratisation va entreprises commerciales et les instituts de recherche en également de pair avec le développement des organisations permettant de mettre sur le marché les produits de la société civile et la reconstitution des organisations prometteurs générés par la recherche et en fournissant d’agriculteurs. À bien des égards, ces transformations sont l’appui technique nécessaire à la modification de ces essentielles à la création de capacités d’innovation rurale. produits. Ils fonctionnent mieux lorsque l’investissement Dans les régions où les administrations locales sont de capitaux privés va de pair avec l’apport de compétences particulièrement à l’écoute des besoins, elles peuvent techniques industrielles (voir le module 5, présentation faciliter les innovations, comme le Programme de générale). protection des terres aux Philippines. La création de nouveaux débouchés pour les produits agricoles nécessite souvent des compétences publiques en matière de recherche agronomique et phytogénétique, ainsi ĖVOLUTION DES DOMAINES D’INVESTISSEMENT que divers services allant de la négociation de contrats et DANS LA RECHERCHE DANS LE CADRE D’UN SIA la constitution de partenariats au développement des capacités du secteur privé en passant par la mobilisation de Comment les investissements dans la recherche vont-ils capitaux. Il est rare de pouvoir justifier les coûts de la évoluer dans le cadre d’un SIA ? Ils devraient, selon toute recherche sur ces créneaux commerciaux dans le cadre des MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 91 instituts publics de recherche qui ont un mandat plus large Encadré 4.2 Les technologies de l’information de création de biens publics. Cette question est examinée et des communications permettent plus avant dans le module 3, NT 4. d’inclure davantage de parties Les plateformes organisées au niveau de chaînes de prenantes dans la recherche agricole valeur, qui constituent le moyen le plus informel d’établir des liens entre le secteur privé et la recherche financée par l’État, semblent mieux fonctionner lorsqu’il s’agit de Les TIC permettent d’inclure davantage de parties produire un bien spécialisé comme le café fin. Elles exigent prenantes dans la recherche agricole tout en l’axant un financement et un appui externes, et leur aptitude à davantage sur les objectifs de développement, parce promouvoir l’innovation pour différents produits de base qu’elles modifient la manière et la destination des et sur des marchés différents reste à démontrer (voir le courants d’information, ainsi que les personnes module 1, NT 2 et le module 5, NT 4). intéressées. L’information peut circuler dans de nombreuses directions ; elle peut être très dispersée et accessible, ou bien elle peut être ciblée et localisée. Améliorer l’accès à l’information Les TIC jouent un rôle important dans la recherche et la communication mais elles peuvent aussi et surtout être un catalyseur de l’innovation par le biais de diverses fonctions : L’intensification des échanges d’information favorise l’inté- collecte, stockage et analyse des données, avec ou gration d’un SIA. Le rôle facilitateur des TIC est essentiel sans intervention humaine ; applications géospa- pour les chercheurs et les autres intervenants dans un SIA tiales ; aide à la décision et systèmes et robotique qui collectent et traitent les données ou utilisent des sources fondés sur le savoir ; TIC intégrées dans les matériels d’information mondiales (voir l’encadré 4.2) (Banque et procédés agricoles (agrionique) ; rapprochement mondiale 2011)4. Les échanges d’information entre les des communautés et facilitation de l’apprentissage ; acteurs d’un SIA dans les pays en développement collaboration avec les intervenants dans l’ensemble ont toujours été particulièrement coûteux, souvent du processus de recherche ; et gestion des fonds asymétriques et généralement incomplets. Les nouvelles d’innovation compétitifs. TIC pourraient améliorer sensiblement l’accès à Sources : Indicateurs relatifs aux sciences et technologies l’information et à des outils de communication et de agricoles (http://www.asti.cgiar.org); Byrnes et Corning 1993. collaboration, bien que l’accès à l’information ne soit qu’un aspect du processus d’innovation dans les systèmes agricoles. Pour mettre au point des technologies qui permettent d’accroître la productivité agricole, il faut que connaître les prix du marché, vérifier que les vendeurs de l’information circule dans les deux sens entre les semences et d’engrais sont homologués, et obtenir des agriculteurs et les chercheurs. L’innovation dans les exploi- recommandations concernant des engrais ou des semences. tations agricoles exige que les informations soient replacées Les téléphones mobiles équipés d’un système GPS et d’un dans leur contexte (ce qui est particulièrement difficile, appareil photo permettent aux chercheurs et aux surtout lorsque les agriculteurs ont un faible niveau agriculteurs de recueillir des informations au niveau de d’instruction), que les résultats de la recherche soient l’exploitation. Par exemple, un réseau d’agriculteurs dans la accessibles et que le mode d’apprentissage par la pratique région des Grands Lacs en Afrique surveille deux pandémies soit répandu. Pour leur part, les chercheurs doivent être qui ravagent le manioc — la mosaïque causée par une forme conscients de l’hétérogénéité des systèmes de culture et de hybride du virus, et la maladie striée qui frappe deux production et des contraintes qui pèsent sur la productivité variétés de manioc. Un modèle de données a été mis au agricole, pour en tenir compte lorsqu’ils mettent au point point avec le prestataire de services et les agriculteurs les technologies et définissent les procédures d’essai et faire fournissent des photographies de plantes qui pourraient en sorte que celles-ci répondent aux besoins des être touchées par ces maladies. Ce projet pourrait aboutir à agriculteurs. Certains nouveaux domaines d’investissement un système de surveillance et de contrôle interactif des sont examinés ci-après. maladies. La téléphonie mobile continuera d’ouvrir de nouvelles possibilités d’échanges d’information de ce type. LA TÉLÉPHONIE MOBILE, UN NOUVEAU MOYEN D’ÉCHANGE D’INFORMATIONS. La téléphonie mobile se développe RENSEIGNEMENTS SUR LE MARCHÉ. Dans un SIA, les instituts rapidement dans certaines régions rurales. Le téléphone de recherche devront de plus en plus concilier les exigences mobile n’est pas seulement un moyen d’information à des agriculteurs et celles du secteur privé ; cela aura des double sens. Les agriculteurs kenyans l’utilisent pour effets indirects sur les agriculteurs par suite des innovations 92 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT produites par la recherche à d’autres niveaux de la chaîne transformations organisationnelles de plus en plus de valeur. Dans les pays pratiquant une agriculture dynamiques. L’investissement privé dans la recherche commerciale, les échanges d’information sont de plus en agricole augmente rapidement, notamment dans le plus orientés sur les besoins de chaque secteur. Les domaine de la sélection végétale. Les établissements informations sur le marché deviennent un important bien semenciers ont dans un premier temps investi dans le maïs public qui améliore l’efficacité de ce dernier et oriente les hybride puis dans les cultures horticoles, le riz hybride et investissements dans le sous-secteur, notamment les les cultures de plantations. En Asie et en Amérique latine, investissements dans la recherche. Au Brésil, par exemple, les programmes publics de sélection végétale se sont l’Institut national de géographie et de statistique recueille adaptés à ces changements soit en orientant leurs travaux des données de base sur la population et la production4, sur la recherche génomique et la présélection pour fournir tandis que les instituts de recherche sur l’économie agricole un appui au secteur privé, soit en accroissant les travaux de recueillent des informations sur les prix, le volume des sélection végétale dans les domaines non couverts par le échanges intérieurs, la production des agroentreprises et secteur privé (encadré 4.4). les marchés internationaux et réalisent des études pour En Afrique subsaharienne, le marché et le contexte de la appuyer le développement du marché. recherche agricole demeurent très différents, ce qui oblige les instituts nationaux de recherche agricole à trouver un ALLIANCES D’APPRENTISSAGE. Les alliances d’apprentissage juste équilibre entre une recherche traditionnellement axée permettent de créer des liens entre des instituts de recherche sur la productivité et les travaux qui devraient être menés et développement souvent très différents les uns des autres dans le cadre d’un secteur privé émergent qui ne possède mais s’intéressant à un domaine d’intervention particulier, pratiquement aucune capacité de recherche. Trouver cet qui donnent lieu à la conception et à l’exécution d’un équilibre, améliorer les interactions avec le secteur privé programme ou d’un projet. Elles facilitent notamment pour élargir l’accès des agriculteurs aux marchés, et établir l’apprentissage lié à l’application des innovations sur une des liens plus efficaces avec les organisations-relais qui plus grande échelle, qui associe généralement des activités fournissent des services aux agriculteurs sont autant de de recherche, de renforcement des capacités, d’exécution moyens permettant aux instituts nationaux de recherche des projets et d’évaluation. Ces plateformes dépassent le agricole d’améliorer leur connectivité dans le cadre du SIA. cadre d’un système traditionnel de suivi et d’évaluation et Dans bien des cas, l’approche suivie dépend du lieu et du visent des objectifs d’apprentissage de plus vaste portée produit de base considérés, et les organismes de recherche impliquant les différentes institutions. Les alliances ont un rôle à jouer rôle même dans les pays sortant d’un d’apprentissage utilisent systématiquement les méthodes de conflit. Dans tous les cas, il est essentiel de renforcer les facilitation et de synthèse de l’information et ne peuvent partenariats avec diverses ONG, organisations d’agri- fonctionner sans financements externes. Voir le DAI 4. culteurs et organisations de la société civile pour obtenir des résultats. Compte tenu de leurs problèmes chroniques de Réorganisation de la recherche financement, les instituts nationaux de recherche agricole dans un SIA en mutation africains sont souvent confrontés à des dilemmes lorsqu’ils s’organisent pour faire face à un éventail toujours plus large Les changements organisationnels dans un système de de processus d’innovation, qui sont souvent centrés sur des recherche reflètent la différenciation et la spécialisation de créneaux et des niches de développement relativement plus en plus marquées observées dans les domaines de la spécialisés. Comme le notent Hall, Dijkman et Sulaiman V. génération de connaissances et de la création de nouveaux (2010: 4), « la diversité de l’innovation est un aspect produits et services. Cette différenciation des organismes fondamental de la conception des projets de recherche, ce de R-D est liée à l’accroissement de leur capacité à répondre qui veut dire qu’il n’existe pas de méthode optimale pour à l’évolution des besoins dans le secteur agricole à mesure organiser la recherche de façon à innover et à produire un que les interactions entre organisations s’améliorent (NT 1 impact ; la recherche dépend du contexte et du sentier de et 5 ; encadré 4.3). Les interactions plus étroites entre la dépendance ». Le changement organisationnel des instituts recherche agricole financée par l’État et un secteur privé nationaux de recherche agricole africains continuera d’être et une société civile en expansion ont un impact sur dicté par la manière dont ils abordent la question de la l’organisation de la recherche parce qu’elles modifient le diversité dans le cadre de leurs relations avec les parties locus de la recherche agricole, ses priorités et son mode externes, compte tenu de la nécessité d’organiser leurs de financement. ressources internes limitées en fonction des ressources Cette réorientation est plus visible dans les pays biotiques, naturelles et des défis que pose le changement asiatiques en rapide expansion, qui connaissent des climatique pour l’agriculture africaine. Ce changement MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 93 Encadré 4.3 Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale et le SIA Le rôle institutionnel des quinze centres du Groupe I Dans les années 2000, les centres ont renforcé leurs consultatif pour la recherche agricole internationale travaux de recherche en aval et privilégié la mise au (CGIAR) aux fins de l’innovation agricole fait depuis point de méthodes dans le cadre de programmes longtemps l’objet d’un débat animé et a nettement de gestion des ressources naturelles, de recherche évolué au fil du temps. La question généralement posée agricole au service du développement et de l’appli- consiste à déterminer où les centres se situent entre cation concrète des connaissances — qui sont tous recherche et développement. des précurseurs ou des éléments représentatifs d’un SIA. Ces programmes accordaient tous une place I Pendant les deux à trois premières décennies, le rôle centrale à l’articulation de la demande, et l’inno- des centres était défini par la division du travail avec vation organisationnelle et institutionnelle était les instituts nationaux de recherche agricole (les considérée comme un complément indispensable de centres étaient essentiellement chargés de mettre au l’innovation technique. La matrice institutionnelle point des technologies nouvelles qui étaient ensuite dans laquelle les centres opéraient s’est encore perfectionnées et diffusées par les instituts de élargie. recherche). D’importantes ressources ont été investies dans la formation et le renforcement des À présent, le CGIAR souhaite que ses quinze centres capacités des programmes de recherche des instituts fonctionnent comme un système et non comme des dans le but de constituer une réserve de technologies entités autonomes. Les centres poursuivront leurs nouvelles. activités dans le cadre des programmes de recherche I Dans les années 80 et 90, les systèmes de culture et multi-centres du CGIAR. Le financement à long terme la recherche participative ont élargi la matrice des activités de base sera de nouveau assuré par les institutionnelle dans le contexte de laquelle les donateurs par l’intermédiaire d’un Conseil du Fonds qui centres opéraient (et les centres se sont également sera juridiquement distinct des centres. Ces derniers multipliés). Les efforts ont cessé de promouvoir la seront administrés par un Conseil du Consortium. La création de technologies nouvelles pour mettre gestion des programmes de recherche multi-centres sera l’accent sur l’analyse des besoins des agriculteurs axée sur les résultats et les programmes seront évalués en matière de recherche et accroître les travaux sur la base de la contribution qu’ils apportent aux quatre consacrés à la gestion des ressources naturelles. objectifs du système. Le nouveau dispositif comporte L’octroi de financements au titre des programmes de certains éléments d’un SIA, et met l’accent sur base a fait place à un système de financement des l’obtention de résultats mesurables (qui sont définis projets fondé sur la concurrence. Cette réorientation dans le contrat signé entre chaque programme de visait à faire une plus grande place aux réalisations recherche multi-centres et le Conseil du Fonds). Dans sur le plan du développement — mais dans une cette optique, il importera de faire une distinction entre optique moins stratégique et davantage axée sur le changement rural induit par l’innovation et la mise les projets. en œuvre structurée de projets de développement. Source : Auteur. organisationnel devra être fondé sur l’expérimentation, Innover en faveur des populations pauvres les projets pilotes et l’amélioration systématique des compétences nécessaires pour mettre en place des accords L’orientation commerciale des SIA pose un certain nombre institutionnels externes, tout en accroissant la souplesse de problèmes concernant l’impact de l’innovation sur les des activités de conception des produits et services de populations pauvres. À bien des égards, ces problèmes recherche. rappellent le débat soulevé par les répercussions de la 94 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 4.4 Exemples de participation conjointe du secteur public et du secteur privé aux activités de sélection végétale et de génomique La Thaïlande a investi dans la recherche génomique et partie de ses ressources budgétaires de ses contrats de la reproduction cellulaire de haut niveau, et ce dans le recherche et ventes de semences commerciales. cadre du ministère des Sciences et Technologies plutôt On retrouve des situations similaires en Amérique que du ministère de l’Agriculture et des coopératives. latine, mais cette évolution est moins nette qu’en Ces travaux scientifiques de haut niveau sont organisés Indonésie et aux Philippines. La Colombie, l’Uruguay autour de pôles de collaboration avec des entreprises et l’Argentine financent la recherche sur le café, le riz, le privées. sucre et l’huile de palme grâce à une taxe sur les ventes En Indonésie et aux Philippines, le secteur privé de produits de base. Le Chili a créé plusieurs fonds assure un cinquième de la R-D agricole, en partie parce compétitifs qui nécessitent tous une collaboration avec que l’économie agricole repose pour une large part sur le secteur privé. Ces évolutions montrent que la la culture de plantations. L’Institut indonésien de recherche agricole s’éloigne des agriculteurs et que les recherche sur la culture de plantations tire une grande entreprises privées jouent de plus en plus un rôle d’intermédiaire entre les chercheurs et les agriculteurs. Source : Beintema et Stads 2008. révolution verte sur l’équité. Tout d’abord, les populations institutionnelles qui doivent être adoptées dans le cadre du rurales pauvres vivent principalement dans des régions où SIA pour promouvoir l’innovation sont très différentes les marchés sont peu développés, en raison de l’insuffisance dans ce contexte, et peuvent même s’étendre aux alliances des infrastructures de transport, de l’éloignement des d’apprentissage. Dans un SIA, ce sont généralement les marchés ou d’une faible densité démographique. Les producteurs commerciaux qui offrent des incitations aux pauvres vivent souvent dans des régions marginales qui chercheurs, notamment lorsque ceux-ci travaillent avec sont laissées pour compte par les investisseurs privés tant les chaînes de valeur. Pour procurer des avantages aux que les salaires ruraux n’augmentent pas dans une trop populations pauvres, le processus d’innovation doit large mesure dans les autres régions. En pareilles circons- reposer sur une politique d’investissement mieux tances, il est généralement difficile de créer des liens orchestrée ; en fin de compte, il sera nécessaire d’accroître durables avec les marchés. considérablement les expériences et de procéder à de Deuxièmement, même lorsqu’il est possible de nombreuses évaluations pour déterminer comment assurer développer les marchés, les populations rurales pauvres ne l’inclusion des populations pauvres dans le processus disposent souvent pas des ressources nécessaires pour y d’innovation. accéder. Il est encore plus difficile d’assurer la participation des femmes. Il pourrait être nécessaire de déterminer de manière distincte les rôles des femmes dans la chaîne de SUIVI, ÉVALUATION ET CHANGEMENT valeur et les services qui leur fournissent un appui. Il D’ÉCHELLE pourrait également être nécessaire de procéder à des innovations organisationnelles assurant la participation des Le suivi des résultats de la recherche agricole dans un SIA femmes aux groupements d’agriculteurs et leur permettant présente un certain nombre de problèmes théoriques et d’en bénéficier. pratiques. Dans l’idéal, un système de suivi et d’évaluation Enfin, l’établissement de liens entre la recherche est en place dans chaque projet, institut de recherche et agricole et les organismes de développement contribue système de recherche, ainsi qu’au niveau du SIA dans son souvent beaucoup à améliorer la sécurité alimentaire des ensemble, et les indicateurs définis aux niveaux inférieurs ménages qui dépendent dans une large mesure de l’agri- peuvent donner lieu à des agrégations aux niveaux culture vivrière. Il s’agit notamment de promouvoir les supérieurs. En pratique, toutefois, presque toutes les aliments nutritifs (en particulier pour les ménages touchés fonctions de suivi et d’évaluation dans les systèmes par le sida), de raccourcir la « saison de la faim » (la d’innovation sont assurées au niveau des projets. période de soudure) et d’améliorer la résilience du système Spielman et Kelemework (2009) ont mis au point un de production. Les méthodologies et dispositions indice de performance du SIA qu’ils ont testé en Éthiopie MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 95 Tableau 4.1 Cadre schématique d’un système de suivi et d’évaluation des résultats de la recherche agricole dans un SIA Domaine Indicateur Résultats de l’innovation/ – Adoption de technologies impact de la recherche – Amélioration de la productivité et des revenus agricoles – Amélioration de l’efficacité dans la chaîne de valeur – Accroissement de la productivité globale des facteurs – Accroissement du PIB agricole Expression de la demande – Forums permettant aux agriculteurs de s’exprimer – Définition conjointe des priorités – Recherche menée ou conçue en collaboration – Nombre de partenariats public-privé (PPP) Interfaces organisationnelles/ – Nombre de plateformes d’innovation, pôles d’activité ou consortiums partenariats – Nombre de PPP – Plateformes au niveau des chaînes de valeur – Participation des chercheurs aux réseaux Changement organisationnel – Participation des intéressés à la planification, à la définition des priorités et à l’évaluation – Présence de mécanismes ou de services de gestion des partenariats et de médiation dans les processus d’innovation Productivité de la recherche – Nombre de dons attribués par un processus de concurrence – Nombre d’articles publiés qui ont fait l’objet d’un examen collégial – Nombre de variétés produites – Nombre d’essais au niveau de l’exploitation Diffusion des connaissances – Nombre de consultations du site web – Articles publiés ou émissions diffusées dans les médias – Index des mots-clés d’accès aux citations – Bulletins de vulgarisation produits et diffusés Source : Auteur. Note : Tous les indicateurs devraient être établis séparément pour les hommes et pour les femmes chaque fois que possible. et au Viet Nam. Ils ont divisé le SIA en domaines Au niveau des projets menés dans un SIA, le suivi et organisationnels, parmi lesquels figure le domaine des l’évaluation sont plus détaillés et sont généralement connaissances et de l’éducation, qui comprend la recherche organisés au niveau des chaînes de valeur, de plateformes agricole. Les résultats obtenus dans ce domaine ont été d’innovation, de partenariats public-privé ou de fonds de mesurés en termes de génération de connaissances, recherche compétitifs. Dans ces contextes, la recherche essentiellement sur la base des publications scientifiques. agricole n’est qu’un partenaire parmi d’autres organisations Lorsque les résultats de l’innovation sont définis au du système de suivi et d’évaluation. L’objectif est de niveau du SIA dans son ensemble, c’est le rôle de la comprendre les processus et de les adapter, souvent dans le recherche agricole en tant que source de connaissances — cadre d’un processus de recherche-action (qui est un et non pas l’adoption des technologies par les agriculteurs processus itératif de diagnostic, de planification, d’action, — qui est l’indicateur de la performance de la recherche d’évaluation, et de réflexion). Le système de suivi et agricole. L’impact au niveau de l’exploitation est imputé d’évaluation remplit plusieurs fonctions, en particulier : au SIA plutôt qu’aux instituts de recherche agricole. À 1) le suivi de l’avancement du projet ; 2) l’apprentissage et l’échelle du SIA, le suivi des organismes de recherche le changement ; 3) la collecte de données pour tester les agricole consiste à évaluer les processus (Daane 2010) et à hypothèses, souvent en vue de reproduire les résultats du définir les liens systémiques entre la recherche agricole projet à plus grande échelle ; et 4) la gestion de projet et les autres domaines du SIA ainsi que leurs fonctions. (Njuki et al. 2010). Des données sont recueillies sur un Ragasa et al. (2010) ont utilisé cette approche pour ensemble d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs (dans ce élaborer un système de suivi et d’évaluation de la recherche dernier cas, généralement dans le cadre de processus de suivi agricole au Nigéria. et d’évaluation menés auprès des participants au projet). 96 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT La définition de la portée des résultats de l’innovation public-privé (NT 2), la recherche menée à l’échelle est souvent une tâche complexe. Les résultats reflètent régionale (NT 3), la conception collaborative dans la l’utilisation de nouveaux savoirs, produits ou services dans recherche agricole (NT 4), et les structures de gestion et le contexte d’innovations organisationnelles ou institution- les changements organisationnels (NT 5). nelles. Les investisseurs voudront connaître l’impact de ces Les notes techniques sont suivies de descriptifs innovations et savoir si les innovations organisationnelles d’activités novatrices de recherche agricole dans un SIA. Le ont un meilleur rapport coût-efficacité que les mécanismes DAI 1 examine la restructuration d’un centre de recherche institutionnels existants. agricole internationale en vue de son adaptation à la Dans quelques cas, comme celui du programme du démarche du SIA. Deux descriptifs portent sur la mise en CGIAR intitulé Challenge pour l’Afrique subsaharienne place de fonds d’innovation agricole, en Inde et au Chili, (SSA CP), des méthodes expérimentales et quasi- notamment pour faciliter la création de partenariats expérimentales ont été employées pour tester les gains public-privé (DAI 2 et 3). Un autre décrit l’expérience des d’efficacité relatifs produits par l’utilisation des méthodes alliances d’apprentissage (DAI 4). d’un système d’innovation au lieu des méthodes tradition- nelles de recherche et de vulgarisation (FARA 2009). Ces essais sont cependant très coûteux et, en fin de compte, ils NOTES ne sont pas aussi riches d’enseignements que les méthodes 1. La Nouvelle-Zélande a procédé à la réforme de son adaptatives qui utilisent les données de suivi et d’évaluation système de recherche agricole au début des années 90 ; elle pour améliorer progressivement l’efficacité des méthodes et a créé des instituts de recherche distincts financés par processus du SIA. une fondation accordant des dons disputables pour des Le tableau 4.1 présente des exemples d’indicateurs pour périodes de courte durée. La politique publique a été les domaines couverts par ce module. réaménagée à compter de 2005 : « L’objectif semble consister à abandonner les financements disputables accordés pour de courtes périodes au profit d’engagements ORGANISATION DU MODULE de ressources à long terme, qui permettent aux différents prestataires d’établir eux-mêmes leurs priorités » (Johnson La recherche agricole dans le cadre d’un SIA n’en est encore 2006:8). qu’à ses débuts ; les expériences et applications décrites ici concernent des situations différentes et proviennent souvent 2. En 2009, seuls l’Éthiopie, Madagascar, le Malawi, le Mali, de projets pilotes. Ces informations sont classées par type de la Namibie, le Niger et le Tchad avaient atteint cet objectif, domaine dans cette présentation générale et par thème dans mais dans la plupart, sinon la totalité de ces pays (le les notes qui suivent (sauf dans la NT 1). Malawi, par exemple), les nouveaux financements ont été La typologie établie montre qu’il faut comprendre le consacrés à des interventions de courte durée, notamment contexte commercial, organisationnel et économique pour des programmes de subvention des engrais, et non à des déterminer les modes d’investissement appropriés dans un investissements à long terme dans la recherche agricole. SIA. Les thèmes couverts dans les notes donnent de plus 3. En Afrique subsaharienne, les revenus ruraux non amples détails sur les autres cibles des investissements dans agricoles représentent environ 34 % du total des revenus, des domaines importants du SIA. Les notes examinent contre 5 % en Asie et 47 % en Amérique latine (Reardon, notamment l’expression de la demande et les interfaces Berdegué et Barrett 2007). organisationnelles externes (NT 1), les partenariats 4. IBGE, Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística. MODULE 4 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 97 1 MODULE 5 Incitations Coordinationet ressources à l’appui and Collective Action for des partenariats Agricultural novateurs Innovation et du développement des entreprises OR P ES VÉ RE VN W ION GÉNÉRALE TAT IE Josef Ernstberger, Consultant RÉSUMÉ ANALYTIQUE encouragent la collaboration et la prise de risques. Les fonds de capital-investissement sont peu utilisés dans les pays en D ans les pays en développement, l’État intervient de développement, mais les petites et moyennes entreprises plus en plus pour promouvoir le développement du agricoles ont besoin de capital-risque pour tirer parti des secteur privé par divers moyens. Les investisse- possibilités qu’offre l’innovation agricole. ments publics dans le développement des entreprises L’appui à l’incubation d’entreprises favorise le dévelop- peuvent orienter les investissements privés vers des pement des petites, et souvent nouvelles, entreprises qui domaines qui présentent un grand intérêt pour la société introduisent des technologies et des services novateurs ou dans lesquels le secteur privé a tendance à sous-investir. sur le marché. Les pays en développement ont besoin de Ils peuvent faciliter ou stimuler l’investissement privé grâce services d’incubation plus étendus, moins intensifs et à des politiques et à un cadre juridique et institutionnel plus diversifiés pour promouvoir une culture d’entreprise favorables. Les investissements publics à l’appui du et des cadres d’activité économique novateurs. Les pôles développement des entreprises peuvent aussi compléter les agricoles encouragent l’innovation fondée sur la investissements privés (par exemple, en finançant les proximité ; ils réunissent des entreprises interdépen- services ou la recherche fondamentale). Ces partenariats dantes dans une chaîne de valeur, des prestataires de public-privé (PPP) doivent devenir un élément stratégique services et des institutions connexes. Les approches du programme de développement agricole. Les dispositifs basées sur la formation de pôles ont permis d’accroître formels de transfert de technologie (droits de propriété la productivité agricole, l’innovation et la création intellectuelle, octroi de permis) mis en place par des d’entreprises. bureaux créés à cet effet sont essentiels pour promouvoir les Les grandes questions stratégiques posées par le dévelop- partenariats public-privé et diffuser les technologies par les pement des entreprises agricoles et les PPP concernent les circuits commerciaux. possibilités qu’elles offrent de modifier les priorités de Les mécanismes de financement appropriés pour encou- développement, les effets potentiels de l’innovation agricole rager les institutions publiques, les entreprises privées et et de la croissance impulsée par les intérêts privés sur le autres partenaires à innover dépendent du bien public qui bien-être des populations, les questions de protection sociale doit être fourni et du rôle du secteur public. Par exemple, liées à la parité homme-femme et à l’équité sociale, et les les fonds d’innovation et les dons de contrepartie perspectives d’instauration d’un « système de responsabilité 99 partagée » permettant de concilier les intérêts parfois diver- Appui au développement des agroentreprises gents du secteur public, du secteur privé et de la société civile. Enfin, dans un environnement qui se caractérise par Pour développer les agroentreprises, il est essentiel de la contribution croissante du secteur privé à l’innovation stimuler une croissance qualitative et entraînée par l’inno- agricole, il importe de définir des critères très clairs pour vation et de créer des sources de revenu. La « croissance déterminer si l’intervention de l’État est justifiée et à quel qualitative » est associée à l’apport d’une large gamme de niveau. Tout partenariat ou programme de développement biens publics qui ont pour effet, en particulier, de réduire des entreprises soutenu par l’État doit être assorti d’un l’extrême pauvreté, d’assurer la sécurité alimentaire, de calendrier précis et d’une stratégie de désengagement bien réduire les inégalités structurelles, de protéger l’environ- définie. S’il n’est pas clairement indiqué dès le départ que nement ou d’appuyer le processus de croissance lui-même l’intervention de l’État est temporaire, les décisions et plans (Thomas et al. 2000). La « croissance entraînée par l’inno- stratégiques des investisseurs privés seront faussés. En vation » est une croissance fondée sur des technologies, des revanche, il faut généralement un soutien public à long processus, des produits, des marchés ou des systèmes terme pour assurer la continuité des services sociaux et d’organisation novateurs, plutôt que sur l’utilisation écologiques. d’importantes quantités supplémentaires de ressources naturelles. Les investissements publics à l’appui du développement JUSTIFICATION DES INVESTISSEMENTS des entreprises sont importants parce qu’ils peuvent PUBLICS accélérer la croissance et en améliorer la qualité de plusieurs manières. Ils peuvent orienter les investissements privés vers La capacité du secteur privé à innover et à stimuler la crois- des domaines qui présentent un grand intérêt pour la sance économique est un facteur essentiel pour promouvoir société ou dans lesquels le secteur privé a tendance à sous- l’essor durable de l’agriculture. Les programmes de investir. Ils peuvent faciliter ou stimuler l’investissement développement utilisent deux principaux instruments privé grâce à des politiques et à un cadre juridique et insti- pour mobiliser le secteur privé à cette fin : le développement tutionnel favorables. Les investissements publics à l’appui des entreprises agricoles, qui vise à stimuler la croissance du développement des entreprises peuvent aussi compléter économique en général, et les partenariats public-privé les investissements privés (par exemple, en finançant les (PPP), qui visent à s’attaquer aux problèmes de services ou la recherche fondamentale). développement en association avec le secteur privé. Le secteur agricole se caractérise par des défaillances Le développement agricole a trois principaux objectifs : particulières du marché, qui sont moins courantes dans la sécurité alimentaire nationale, la formation de revenu pour d’autres secteurs, qui tiennent au problème d’échelle, aux les populations rurales, et la durabilité des ressources décalages dans le temps et au grand nombre de partenaires. naturelles. Ces objectifs interdépendants, mais parfois Pour surmonter ces difficultés et autres obstacles à l’inves- contradictoires, doivent être bien équilibrés ; par exemple, tissement privé et faciliter l’adoption de nouveaux produits la sécurité alimentaire ne doit pas être assurée sans tenir ou technologies, le secteur public peut offrir des incitations compte des conséquences que les mesures prises pour sous forme d’avantages fiscaux, de dons ou de garanties. De l’assurer peuvent avoir sur l’environnement. Le principal nombreux États appuient les investissements dans les objectif du secteur privé est de procurer des revenus et de nouveaux produits ou systèmes de production agricoles stimuler la croissance économique, mais sa participation au jusqu’à ce que ces derniers puissent être commercialisés, ou développement agricole risque de se traduire par un appuient l’engagement des intervenants dans l’ensemble développement inéquitable. La difficulté consiste à d’un secteur d’activité (production, transformation et identifier les intérêts communs qui permettront au secteur commercialisation) jusqu’à ce qu’une base commerciale privé d’utiliser ses nombreux atouts pour encourager solide et durable soit en place. C’est dans cette optique que l’innovation et un développement agricole équilibré. la plupart des programmes de production subventionnés de On considère généralement que l’appui du secteur public biocarburants ont été justifiés. au secteur privé et la coopération entre les deux sont Un problème courant du développement des agroentre- justifiés, bénéfiques, voire même nécessaires pour : 1) pallier prises tient au nombre et à la diversité des intervenants les défaillances du marché qui empêchent ou limitent les dans une chaîne de valeur. La base de production d’une investissements privés nécessaires, 2) stimuler la croissance chaîne de valeur comporte souvent un grand nombre de et faciliter la création d’entreprises; 3) encourager l’inno- petits producteurs non organisés et géographiquement vation dans les domaines jugés importants pour la société dispersés. Dans ces situations, que le marché ne peut et/ou l’orienter vers ces domaines ; ou 4) réduire les risques améliorer à lui seul, il n’est guère justifié d’introduire de inhérents à la commercialisation des nouvelles technologies. nouveaux produits ou méthodes de production. 100 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Des fonds publics sont nécessaires pour faciliter les PPP contribuent ainsi à l’élaboration et à l’adoption de relations verticales et horizontales qui contribuent au bon normes sociales internationales. fonctionnement de la chaîne de valeur — par exemple, I Services environnementaux. La protection et l’utili- pour organiser les agriculteurs en coopératives ou sation durable des ressources naturelles pour la associations et créer des plateformes de coopération inter- production agricole sont des biens publics importants. institutionnelle. Ainsi, le gouvernement chinois appuie les Pour empêcher les entreprises privées d’externaliser les dispositifs de collaboration entre les agriculteurs, les entre- coûts environnementaux ou les coûts liés à l’utilisation prises et les milieux de recherche, dans le cadre desquels les des ressources naturelles, les autorités recourent agriculteurs s’organisent pour former des partenariats avec généralement à deux types d’instruments: 1) les régle- des investisseurs dans le secteur de la transformation ou de mentations et contrôles, et 2) les mesures d’incitation ou la commercialisation, signent des contrats avec des établis- de dissuasion financières, telles que l’octroi de subven- sements de recherche pour développer certains produits ou tions pour l’emploi de technologies de conservation de assurer eux-mêmes la transformation et la commerciali- l’eau ou la plantation d’arbres sur les coteaux érodés. sation de leurs produits (voir le DAI 2). La deuxième catégorie d’instruments s’est récemment nettement diversifiée, et de nouveaux types d’activités agricoles se sont créés. La rémunération des services Appui aux partenariats public-privé environnementaux donne lieu non seulement à des paiements pour éviter des coûts environnementaux (par Le soutien public aux PPP dans le secteur agricole ne se exemple, pour éviter que les agriculteurs ne cultivent les limite pas au développement des entreprises et à la facili- bassins versants de réservoirs) mais aussi à des tation du commerce, mais consiste aussi à faire directement paiements visant à assurer la fourniture de services appel aux acteurs du secteur privé pour générer des biens environnementaux. Dans les Alpes, par exemple, les publics. Les responsables de nombreux pays et organismes agriculteurs reçoivent des subventions pour continuer à d’aide au développement reconnaissent que la collabo- pratiquer l’élevage et ainsi préserver le paysage caracté- ration entre le secteur public et le secteur privé peut être un ristique des alpages. De nombreux pays utilisent des moyen plus efficace et plus durable de créer des biens fonds liés au piégeage du carbone afin d’encourager les publics en tirant parti des avantages comparatifs de chaque agriculteurs à planter des arbres, à protéger les prairies, à secteur. Cette coopération directe peut être bénéfique pour utiliser le biogaz ou à mener d’autres activités qui les deux partenaires et s’avère particulièrement utile dans réduisent les émissions de gaz à effet de serre. les domaines suivants : I Innovation et adoption de technologies. L’agriculture souffre tout particulièrement d’un net sous-investis- I Services sociaux. Les pouvoirs publics et les organismes sement dans la recherche-développement (voir le d’aide au développement coopèrent avec des partenaires module 4, NT 2) en raison du grand nombre d’externa- du secteur privé pour investir directement dans la lités (par exemple, l’investisseur n’en tire aucun profit). prestation des services sociaux. Le soutien public revêt Les PPP réduisent les risques pour les partenaires privés, des formes diverses : il peut consister aussi bien à créer tout en encourageant l’adaptation et la diffusion des des conditions favorables à l’investissement privé dans résultats des nouveaux travaux de recherche ou des certaines régions pauvres ou isolées qu’à conclure des connaissances et technologies existantes. Ce type de accords entre des institutions publiques et des investis- collaboration aide à surmonter les problèmes de sous- seurs privés pour la fourniture de biens et services investissement et accélère le progrès technologique. sociaux particuliers. Ces partenariats présentent de nombreux avantages, non seulement pour les petites Dans les PPP agricoles notamment, les agriculteurs entreprises locales, mais aussi pour les grandes sociétés jouent un rôle important en tant que partenaires et presta- multinationales qui font l’objet d’une surveillance de taires de services d’utilité publique. La première étape plus en plus étroite visant à vérifier qu’elles tiennent consiste à mobiliser et organiser les agriculteurs en associa- compte des intérêts de la collectivité. Par exemple, dans tions, coopératives ou groupes formels ou informels, qui le cadre d’un PPP soutenu par GIZ et la société multi- peuvent ensuite collaborer avec des organismes publics de nationale agroalimentaire Tchibo GmbH, une services publics ou former des partenariats plus larges avec formation est dispensée aux responsables des usines au des organisations publiques et privées. Ces partenariats Bangladesh, en Chine et en Thaïlande pour qu’ils portent généralement sur des services de formation et de mettent en place des normes de production et de travail vulgarisation, mais ils peuvent aussi porter sur des travaux avec la participation des employés et améliorent de recherche adaptative et des essais techniques, ou encore durablement les conditions de travail (GIZ 2009). Les sur des services sociaux et environnementaux. MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 101 Le Tableau 5.1 récapitule les principaux instruments de commercial. Certains considèrent que ce dernier fait développement des entreprises, notamment les PPP. obstacle au développement agricole (dans le pire des cas, il est l’« intermédiaire maudit » qu’il faut contrôler), pour d’autres, il est le lien nécessaire entre les agriculteurs et HISTORIQUE le marché, et pour d’autres encore, il le moteur de l’innovation agricole, de la croissance et du développement. Les organismes de développement agricole ont toujours La notion de promotion du secteur commercial est eu des avis partagés sur le développement du secteur relativement nouvelle dans le domaine du développement Tableau 5.1 Instruments de développement des entreprises dans les secteurs non agricoles (ultérieurement adaptés au secteur agricole) Type d’instrument Entreprises visées Caractéristiques principales Incitations fiscales – Toutes les entreprises (généralement plus – Encourage les entreprises à investir dans la recherche-développement (recherche- intéressant pour les grandes entreprises) et l’innovation développement) – Avoir fiscal pour recherche-développement qui réduit les impôts à payer par les entreprises, basé sur le montant des dépenses consacrées au développement de nouveaux produits ou à l’amélioration de produits existants – Plus avantageux pour les grandes entreprises qui paient davantage d’impôts Services-conseils – Petites et moyennes entreprises (PME) – Appui général aux entreprises, notamment services de formation et aux entreprises de conseil – Principal prestataire de services – Essentiellement déterminé par l’offre Services d’appui – PME – Appui général aux entreprises, notamment services de formation et au développement de conseil personnalisés (davantage déterminé par la demande que des entreprises les services de conseil) – Assure généralement la coordination avec les autres prestataires de services – Accent mis sur le renforcement des capacités dans l’ensemble du secteur des services d’appui aux entreprises Incubation – Entreprises en démarrage et PME à fort – Ensemble intégré de mesures intensives de soutien stratégique et d’entreprises potentiel de croissance (entreprises opérationnel aux entreprises sélectionnées en raison de leur potentiel dynamiques) de croissance – Vise essentiellement à aider les entreprises à gérer le risque et à devenir plus compétitives pendant les phases initiales de croissance à haut risque – L’appui cesse en général lorsque l’entreprise franchit certaines étapes – Peut faire intervenir des établissements d’enseignement ou des instituts de recherche Technopôlesa – Entreprises nouvelles et établies, parfois – Vise essentiellement à accélérer la croissance des entreprises dans des branches d’activité particulières relativement matures – Peut utiliser l’incubation pour trouver de nouveaux clients – Peut être lié aux stratégies nationales de développement autour de pôles Pôles industrielsb – Entreprises et autres organisations liées les – Éventuel lien avec des établissements d’enseignement et instituts unes aux autres dans une chaîne de valeur de recherche commune (lien vertical) ou un marché final – Peut utiliser l’incubation pour trouver de nouveaux clients commun (lien horizontal) – Éventuel lien avec les stratégies nationales visant à accroître la – Concentration dans les secteurs compétitivité technologiques Partenariats – Entreprises matures, solides et – Fourniture directe de biens publics public-privé (PPP) expérimentées (partage des responsabilités) – Large gamme de biens publics (biens sociaux ou écologiques et – Large éventail de partenaires privés (PME ou technologies) multinationale – Peut poser des problèmes de durabilité (p. ex., si l’objectif est la fourniture de biens sociaux ou écologiques) Source : InfoDev Monitoring, Evaluation, and Impact Assessment Study, n.d. a. Pour en savoir plus sur les technopôles, voir infoDev, http://www.infodev.org/itparks. b. Application pratique de la théorie de Michael Porter sur les pôles industriels, exposée dans l’ouvrage The Competitive Advantage of Nations (1990). 102 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT agricole, mais depuis le milieu des années 90, l’importance développement du secteur privé en privilégiant la de ce secteur en tant que moteur du développement recherche-développement et l’innovation. agricole est largement reconnue. Les programmes et projets de développement agricole ont commencé à se pencher sur INCITATIONS FISCALES EN FAVEURLA RECHERCHE- DE le développement du secteur privé, en particulier des petites DÉVELOPPEMENT ET DE L’INNOVATION. Pour encourager à et moyennes entreprises (PME) et des chaînes de valeur, et à investir davantage dans la recherche-développement, des chercher des moyens d’améliorer le climat des affaires et de incitations fiscales sont offertes, généralement sous la forme faciliter l’activité commerciale. Le Tableau 5.2 présente une de dégrèvements basés sur le montant des dépenses consa- vue plus schématique du lien entre le développement des crées à la recherche et à l’innovation agricoles. Ces mesures entreprises et les objectifs et instruments de partenariat. peuvent aider à compenser les carences du marché liées au sous-investissement dans la recherche-développement car elles encouragent les entreprises à investir dans l’inno- Développement des entreprises et instruments vation. Bien qu’elles ne soient pas toujours limitées aux de partenariat grandes entreprises et visent également les petites et moyennes entreprises, il est clair qu’elles sont plus intéres- La reconnaissance du rôle du secteur commercial dans santes pour les grandes entreprises qui paient davantage l’innovation et la croissance agricoles s’est traduite par la d’impôts. (Banque mondiale 2006). En dépit de la générali- création de services d’appui au développement des entre- sation des incitations fiscales (plus des deux tiers des pays prises, comme ceux offerts depuis de nombreuses années membres de l’OCDE y ont recours, ainsi que de nombreux dans les secteurs non agricoles. Bien que la plupart de ces pays en développement), il n’est pas évident qu’elles aient instruments soient utilisés pour le développement des un bon rapport coût-efficacité. L’encadré 5.1 décrit l’expé- entreprises en général ou les partenariats avec le secteur rience du Chili, où une évaluation d’impact rigoureuse n’a privé, ils peuvent aussi être adaptés pour stimuler le pas encore été réalisée. En général, les incitations fiscales Tableau 5.2 Instruments de développement des entreprises et de partenariat : objectifs et mécanismes d’aide financière Instruments de développement des entreprises et de partenariat SAE Incubateurs Technopôles Pôles BTT PPP Biens publics particuliers Globaux (p. ex., sociaux, Croissance économique qualitative, entraînée par l’innovation et création de sources de revenus environnementaux, innovations servant les intérêts de la collectivité) Objectifs Création d’entreprises Développement des entreprises Promotion des innovations utiles pour la collectivité Intermédiaires Développement Commercialisation des technologies nouvelles Transfert et application des entreprises de technologies Gains d’efficacité (p. ex., synergies, réduction des coûts de transaction, entre autres moyens) Incubateurs généralement Financement public complémentaire subventionnés : difficile (p. ex., infrastructure, institutions Mécanismes d’aide Financement public de prélever des publiques) financière au départ en général, commissions pour Allégements fiscaux et autres Le financement Dons de contrepartie mais le prélèvement recouvrer les coûts incitations financières (p. ex., public initial est de commissions est subventions, garanties de crédit remplacé par Fonds compétitifs important pour octroyées par l’État) des commissions assurer la viabilité Capital-risque Financement commercial Dons de contrepartie Source : Auteur. Note : SAE = Services d’appui aux entreprises ; BTT = Bureau de transfert de technologies ; PPP = partenariat public-privé. MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 103 Encadré 5.1 Législation chilienne sur les incitations fiscales en faveur de la recherche-développement Le Chili a été l’un des premiers pays d’Amérique latine à I 35 % du montant versé par une entreprise à un adopter des programmes compétitifs de financement de centre de recherche au titre d’un contrat sont déduits la recherche agricole. Ces programmes ont aidé à de l’impôt sur les sociétés. accroître sensiblement le volume et la qualité des I Les 65 % restants sont automatiquement traités travaux de recherche, notamment dans le secteur comme des dépenses aux fins d’imposition. agricole. Le Chili a aussi mis en place des incitations fiscales. Principales conditions à remplir : I Les centres de recherche doivent être immatriculés, Principal objectif des incitations : et le registre doit indiquer le nombre d’années I Accroître l’investissement privé dans la recherche- d’activité, les capacités de recherche et les méthodes développement. comptables utilisées pour garantir l’application des I Renforcer le lien entre les centres de recherche et les règles. entreprises. I Les contrats doivent être approuvés par CORFO, Mode de fonctionnement des incitations fiscales l’organisme chilien chargé du développement et de en faveur de la recherche-développement : l’innovation. I L’entreprise et le centre de recherche doivent être I Les entreprises font appel à des centres de recherche indépendants l’un de l’autre. immatriculés dans le cadre d’un contrat de recherche-développement préalablement approuvé. Source : Adapté de Noe 2007. ont tendance à profiter davantage aux grandes entreprises fonctionner de manière plus efficace et développer leur affichant des revenus élevés. Il est plus difficile pour les entreprise. Elle peut comprendre des formations, des PME et les jeunes entreprises de bénéficier d’abattements consultations et des conseils, une aide à la commerciali- fiscaux car la base de leurs recettes est limitée. sation, des informations, le développement et le transfert de Parmi les autres formes d’incitation fiscale utilisées dans technologies et la promotion de relations commerciales. certains pays, on peut citer les déductions d’impôt Face au coût élevé et au faible impact de bon nombre de ces accordées aux individus qui investissent dans de nouvelles services, les administrations publiques et les donateurs entreprises (ce type d’incitation ne donne de résultats que si internationaux ont abandonné les services d’appui le revenu imposable de l’investisseur est élevé) et les allége- largement subventionnés en faveur d’une approche axée sur ments fiscaux sur les dons et dotations en faveur de la le marché et fondée sur la demande de services sur les recherche. Les jeunes entreprises peuvent se voir accorder marchés privés non faussés. Les défauts des services d’appui un délai de grâce pour le paiement des impôts pendant leur aux entreprises les plus couramment cités sont les suivants phase de croissance, ce qui peut être une stratégie impor- (Altenburg et Stamm 2004) : tante dans les pays qui imposent les entreprises avant même qu’elles n’aient atteint le stade de la production. La I Faible viabilité financière. Étant donné que la plupart réduction des impôts sur l’importation du matériel et des des services sont largement subventionnés, les presta- fournitures nécessaires pour la recherche-développement taires finissent par compter sur un appui public peut aider les projets novateurs. L’innovation peut être permanent. La plupart des pays réduisent leurs dépenses encouragée par la création de zones économiques spéciales publiques, y compris les mesures d’appui aux offrant des allégements de certains impôts et règles, entreprises. notamment pour encourager la coopération avec des I Portée trop étroite. Même durant les périodes marquées partenaires étrangers. par une abondance de recettes publiques, une politique de financement par le recours à l’emprunt ou à SERVICES D’APPUI AUX ENTREPRISES. Cette large gamme de d’importants apports d’aide étrangère, une faible services non financiers est fournie par des entités publiques proportion des entreprises visées bénéficient de et privées aux entrepreneurs pour leur permettre de services d’appui. 104 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT I Orientation non commerciale. Les prestataires de Comme son nom l’indique, un incubateur d’entreprises services publics peuvent afficher certaines des caractéris- est une structure qui aide les jeunes entreprises à démarrer, tiques les moins admirables des programmes relevant du à survivre et à se développer durant la période où elles sont secteur public. Les crédits budgétaires ne sont pas liés à la le plus vulnérables. Les incubateurs fournissent une assis- performance des programmes, les employés n’ont pas tance concrète en matière de gestion, une aide au l’esprit d’entreprise et les bénéficiaires ne sont pas traités financement et des services d’appui commercial et comme des clients. Les incitations — offertes aux institu- technique. Ils offrent également souvent des locaux tions d’appui et à leurs employés — ne les encouragent communs et l’accès à des équipements. Bien qu’ils utilisent généralement pas à forger des relations avec le secteur des différents modèles de développement des entreprises, la entreprises et à chercher à satisfaire les clients. grande majorité des incubateurs relèvent de deux grandes I Qualité médiocre. Les systèmes d’incitation, les modes catégories : technologie (accent sur la commercialisation de de fonctionnement et même les mentalités sont diffé- technologies nouvelles et le transfert de technologies), ou rents chez les prestataires de services et les clients, si bien utilisation mixte (large gamme de clients). Des modèles que les services fournis ne répondent pas aux besoins de hybrides, qui fournissent des services généraux (virtuels) de ces derniers. En outre, la fourniture de produits peu vulgarisation en plus des services plus traditionnels offerts coûteux, voire gratuits, peut créer une dépendance aux entreprises nouvelles et existantes, sont apparus dans fâcheuse et un certain cynisme quant à leur qualité et à de nombreux pays en développement, notamment ceux leur valeur. dont l’économie est de taille réduite, qui ne comptent que I Éviction des concurrents du secteur privé. La prestation peu de services d’appui aux entreprises, où l’esprit d’entre- de services fortement subventionnés fausse les marchés prise est peu développé et le cadre de l’activité économique et entrave la création de services commercialement difficile et qui ne disposent que de ressources limitées pour viables. promouvoir l’innovation. Dans ces pays, la demande de services d’incubation intensifs et étroitement ciblés est En revanche, le nouveau modèle de services d’appui aux minuscule : ils ont besoin de services moins intensifs et plus entreprises souligne la nécessité de fournir des services diversifiés qui ont un impact plus large et permettent de professionnels à des tarifs qui permettent de couvrir les créer des conditions favorables à une culture d’entreprise et coûts et de répondre à la demande. Les prestataires de d’innovation. La NT 3 présente de plus amples informa- services devraient être soit des entreprises privées soit des tions sur la manière dont les incubateurs peuvent aider à entreprises publiques qui opèrent sur le modèle du secteur promouvoir le développement des entreprises et l’inno- privé en ce qui concerne leur système d’incitation, leur vation dans le secteur agricole. personnel, leur culture et leur attitude. Les services devraient être considérés comme des produits commer- TECHNOPÔLES ET PÔLES INDUSTRIELS. Les technopôles font ciaux, et les entreprises visées devraient être considérées généralement intervenir des établissements d’enseignement comme des clients et non comme des bénéficiaires. Les ou des instituts de recherche et fournissent des services prestataires devraient toujours facturer les services à un d’infrastructure et d’appui aux entreprises, notamment des niveau qui assure leur viabilité financière (encadré 5.2). terrains et des bureaux. Ils peuvent stimuler le dévelop- pement des entreprises et l’innovation parce qu’ils mettent INCUBATEURS D’ENTREPRISES. Le concept d’incubation est l’accent sur la création de liens et la collaboration entre apparu pour la première fois dans les pays développés dans différents types d’entreprises — généralement de grandes les années 80, parallèlement à de nombreux autres services firmes bien établies — pour promouvoir le transfert de génériques d’appui aux entreprises, l’idée étant de fournir technologies et le développement économique. Les des services spécialisés à un petit groupe d’entreprises incubateurs d’entreprises présentent des caractéristiques soigneusement sélectionnées. Le concept a été adopté communes avec les technopôles et les pôles industriels dans dans les pays en développement, qui comptent aujourd’hui la mesure où ils font tous intervenir un « lieu physique », des davantage d’incubateurs que les pays développés. Selon les processus et des entreprises à fort potentiel de croissance. La observateurs et la « communauté mondiale d’incubateurs principale différence est que les incubateurs aident les jeunes d’entreprises », il existe quelque 5 000 incubateurs dans le entreprises jusqu’à ce qu’elles atteignent le stade où elles monde, dont au moins 1 000 en Asie (près de la moitié en n’ont plus besoin de ce type de service, tandis que les Chine), 1 000 en Amérique du Nord, 900 en Europe et près entreprises appartenant à un technopôle maintiennent de 400 en Amérique latine (ce secteur d’activité est généralement leur association. Les technopôles ont souvent particulièrement prospère au Brésil). leur propre incubateur pour accélérer la croissance de leurs membres, et certains pôles industriels ont également des services d’incubation1. MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 105 Encadré 5.2 Principaux aspects de l’élaboration et de la mise en place de services d’appui aux entreprises durables et fondés sur la demande Évaluation du marché et justification de toute inter- Suivi et évaluation des résultats. La prestation des vention de l’État. Les interventions publiques, aussi services publics doit être continue, transparente et bien intentionnées soient-elles, peuvent nuire au suivie et évaluée de manière indépendante. Les deux développement à long terme du marché des services fonctions (financement et prestation) doivent être d’appui aux entreprises car elles peuvent fausser les évaluées sur la base de critères de performance diffé- prix, créer de mauvaises habitudes et avoir un effet rents. Pour la gestion des fonds, l’évaluation doit d’éviction sur les concurrents privés. C’est pourquoi il s’appuyer sur le rapport coûts-avantages des objectifs importe de justifier toute intervention sur les marchés préétablis. Pour la prestation des services, l’évaluation des services d’appui aux entreprises en procédant à une doit porter sur l’impact et l’efficacité démontrés de la analyse détaillée de la situation. relation entre le prestataire et les petites et moyennes Séparation des fonctions de financement et de entreprises (PME). prestation des services. La prestation de services Établissement d’un lien direct entre la performance subventionnés pose de graves problèmes lorsque le et l’affectation des ressources. Le suivi et l’évaluation prestataire des services assure également la gestion et ne sont pas des objectifs en soi ; ils doivent servir à l’administration des fonds. En l’absence de mécanismes améliorer constamment le système. Le meilleur moyen de supervision externe relativement complexes, il est de s’assurer que le système réponde aux besoins est de pratiquement impossible de faire en sorte que ce lier directement l’affectation des fonds à la perfor- « système » exécute les tâches d’une manière efficace en mance de ceux qui fournissent les services. L’efficacité veillant à limiter les coûts. Les dysfonctionnements des prestataires de services repose dans une large proviennent de l’obligation explicite ou implicite de mesure sur des systèmes d’incitation qui récompensent dépenser les fonds dans un délai donné, sans tenir financièrement une bonne performance. compte de la cible visée ni du meilleur rapport coûts- Cofinancement obligatoire. Pour assurer une avantages. L’établissement d’une séparation entre le certaine appropriation par les PME des services qu’elles financement et la prestation des services réduit le reçoivent, il importe que chaque transaction soit risque d’éviction des prestataires privés, surtout lorsque financée en partie par le client. La part de cofinan- les entreprises privées ont la possibilité de demander à cement dépendra du type de service et de l’objectif l’État de subventionner leurs services. Ce type de ultime des services fournis. Les autres facteurs à consi- concurrence améliore la transparence du marché des dérer sont notamment le contexte économique et services et fournit des renseignements complémen- l’évolution du cadre institutionnel. Les services qui ont taires qui permettent de savoir si l’intervention de l’État un impact prévisible et approprié devraient être reste justifiée. financés en grande partie par le client même si, dans Responsabilisation accrue. De nombreux presta- certains domaines stratégiques, la part des fonds trans- taires de services offrent une gamme de services plus ou férés sera nécessairement plus importante. Lorsque les moins large, souvent sans avoir établi de système de PME opèreront dans un contexte de croissance ou du responsabilisation qui permette de mesurer les coûts et moins de stabilité économique, la part de financement les recettes générés par chaque type de service offert. Il privé sera normalement plus élevée. En revanche, est essentiel d’améliorer le système de responsabili- lorsque la situation macroéconomique sera instable et sation et de permettre aux prestataires de suivre la que la concurrence compromettra la survie de réponse du marché et les coûts de chaque service offert. nombreuses entreprises, les pouvoirs publics ou Les prestataires qui remplissent une fonction publique d’autres organismes de financement pourront opter peuvent alors décider de subventionner indirectement pour un taux de subventionnement plus élevé, en les services importants qui ne peuvent être fournis sur mettant davantage l’accent sur l’impact immédiat et la la base du recouvrement des coûts. portée des subventions que sur la viabilité financière. Source : Altenburg et Stamm 2004. 106 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Encadré 5.3 Choix déterminants pour les partenariats public-privé Avant de participer à un projet ou un programme technologies, ou les subventions accordées par voie dans le cadre d’un partenariat, il importe de bien de concours et dons de contrepartie pour l’« achat » comprendre les arguments en faveur de de biens publics à des entreprises privées. Les l’investissement ainsi que les problèmes à résoudre ou subventions temporaires ou permanentes sont les les objectifs à atteindre. Ces considérations sont instruments de choix pour les services sociaux et déterminantes lorsqu’il s’agit de sélectionner : environnementaux. Enfin, lorsqu’il s’agit de créer des conditions propices à l’activité économique, I les institutions et partenaires. Si la fourniture d’un les instruments législatifs sont complétés par bien public est le principal objectif du partenariat, il des investissements directs dans les services, doit faire intervenir des organisations qui sont l’infrastructure et les équipements. capables de produire le bien en question (ou de se I la stratégie de désengagement. Tout programme de développer suffisamment sur le plan institutionnel soutien doit être assorti d’un calendrier clair et d’une pour acquérir cette capacité). Cette question est stratégie de désengagement précise. Le secteur public traitée plus loin dans le présent module. intervient pour soutenir les investissements privés I l’instrument de financement. L’instrument de jusqu’à l’arrivée à maturité des branches d’activité ou financement approprié dépend du type de bien la mise au point et l’adoption des technologies. S’il public à fournir et du rôle du secteur public. Lorsque n’est pas clair au départ que la participation du le gouvernement joue le rôle de médiateur dans ces secteur public est temporaire, les décisions et plans types de partenariat, les instruments les plus stratégiques des investisseurs privés seront faussés. couramment utilisés sont les garanties publiques, En revanche, il faut généralement un soutien public à le capital-risque ou capital-investissement pour long terme pour assurer la continuité des services le développement et l’introduction de nouvelles sociaux et environnementaux. Source : Auteur. BUREAUX DE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE. Le transfert de d’institutions connexes opérant dans un domaine parti- technologies permet l’application des innovations agricoles. culier. Certains pôles font intervenir des alliances La grande majorité des innovations agricoles dans les pays stratégiques avec des universités, des instituts de en développement proviennent de centres de recherche recherche, des services commerciaux à forte intensité de financés par l’État qui n’ont généralement pas l’expérience savoir, des institutions-relais (agents, consultants) et les ni les moyens voulus pour participer à des mécanismes clients. Les approches de développement des entreprises et officiels de transfert de technologie. Les bureaux de d’innovation dans le cadre de pôles ont permis d’accroître transfert de technologie (BTT), qui sont généralement la productivité agricole, l’innovation et la création affiliés à des organismes de recherche ou des universités, d’entreprises. (Gibbs et Bernat 1998 ; Andersson et al. sont chargés de recenser et protéger les résultats des travaux 2004 ; Banque mondiale 2009b). Pour un résumé des de recherche2 afin de faciliter leur utilisation et leur principaux enseignements à tirer de ce type d’approche, commercialisation. Certains bureaux hébergent également voir la NT 4. des services d’incubation d’entreprises pour commercialiser la technologie. Pour une description détaillée des bureaux PARTENARIATS. La participation d’organisations privées aux de transfert de technologie, voir la NT 5. initiatives de développement agricole se limitait initia- lement au développement et au renforcement des PÔLES INDUSTRIELS. Depuis 2000, le modèle des pôles entreprises, mais l’appréciation grandissante de la contri- industriels est de plus en plus utilisé pour organiser les bution du secteur privé au développement agricole a stratégies et politiques de promotion du développement conduit à la formation de partenariats dans lesquels le régional. Ces pôles sont des agglomérations d’entreprises secteur public et le secteur privé sont de véritables parte- très interdépendantes (y compris leurs fournisseurs naires commerciaux qui produisent des biens publics. Les spécialisés), liées les unes aux autres dans une chaîne de partenaires apportent leurs compétences, complémentaires, production à valeur ajoutée, de prestataires de services et à un programme ou un projet, avec un niveau de MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 107 participation et de responsabilité variable (NT 1). Les valeurs mobilières. S’ils sont largement utilisés pour partenariats peuvent revêtir la forme d’alliances straté- promouvoir le développement des entreprises dans les giques globales ou d’une coopération pour des projets de secteurs non agricoles, leur application dans le secteur développement particuliers. Dans un véritable PPP, les agricole est limitée. Les petites et moyennes entreprises capacités financières et administratives des partenaires agricoles ont cependant besoin de capital-risque pour tirer privés sont importantes (encadré 5.3), mais de nombreux pleinement parti des possibilités qu’offrent les innovations programmes de développement ont des difficultés à colla- agricoles. La NT 6 récapitule les données d’expérience et les borer avec des entreprises expérimentées et financièrement possibilités d’application des modèles d’investissement solides et craignent que le partenariat ne perde de vue dans le capital-risque au secteur agricole dans les pays en l’objectif de la lutte contre la pauvreté. L’objectif des PPP développement et les pays à revenu intermédiaire. n’est cependant pas de soutenir des entreprises vacillantes au moyen d’un contrat public, mais de faire du secteur privé un partenaire digne de confiance et capable de fournir des biens publics de manière efficace. La comparaison avec PRINCIPALES QUESTIONS STRATÉGIQUES les marchés de travaux publics est utile car les mêmes critères sont appliqués : taille, expérience, solidité financière Les grandes questions stratégiques posées par le dévelop- et fiabilité. pement des entreprises agricoles et les PPP ont trait aux possibilités qu’ont ces entreprises et PPP de modifier les priorités de développement, aux effets potentiels de l’inno- Mécanismes de financement vation agricole et de la croissance tirée par les intérêts privés sur le bien-être des populations, aux questions de Divers mécanismes novateurs peuvent être utilisés pour bien-être liées à la parité homme-femme et à l’équité financer les incubateurs et leurs liens avec les institutions sociale, et aux possibilités de créer un « système de respon- publiques, les entreprises privées et d’autres acteurs3. Au sabilité partagée » qui permette de concilier les intérêts lieu de financer l’innovation par des subventions globales, parfois divergents du secteur public, du secteur privé et de de nombreux pays ont recours à des fonds spécialisés dans la société civile. Enfin, dans un environnement qui se carac- l’innovation pour encourager la collaboration et la prise de térise par la contribution croissante du secteur privé à risques. Par exemple, les fonds de recherche compétitifs l’innovation agricole, il importe de définir des critères très financent des travaux de recherche pour mobiliser des clairs pour déterminer si l’intervention de l’État est justifiée capacités de recherche publiques et privées. Les dons de et à quel niveau. contrepartie sont de plus en plus utilisés pour stimuler la collaboration entre le secteur privé et les agriculteurs dans des domaines tels que la création de technologies, la Offre de produits alimentaires et revenus ruraux diffusion de technologies et l’innovation. Les dons de contrepartie permettent de mieux En s’appuyant sur le développement des entreprises et promouvoir l’innovation impulsée par les entreprises l’innovation entraînée par les entreprises, le développement privées que les fonds de recherche compétitifs car ils agricole peut entraîner un changement de priorités, appuient généralement plus efficacement le pluralisme dans l’objectif de sécurité alimentaire aux niveaux régional et le cadre du développement, du transfert et de l’adoption de mondial cédant la place aux objectifs de croissance et de technologies appliquées en renforçant l’adhésion des diffé- formation de revenu. Le développement des entreprises est rents intervenants. Ils se prêtent également mieux au motivé par l’intérêt des producteurs, des entreprises de développement des agroentreprises car ils peuvent être transformation ou des négociants à générer des bénéfices adaptés de manière à soutenir les partenariats productifs, (par exemple, en accroissant la productivité des facteurs ou fournir une assistance technique et d’autres services, la valeur ajoutée, ou en créant de nouveaux produits ou promouvoir les activités productives des groupements débouchés) et à absorber une bonne partie de ces gains d’agriculteurs, encourager les activités à valeur ajoutée et sous forme de recettes supplémentaires au lieu de les réper- construire de petits équipements (Banque mondiale 2010) cuter sur les consommateurs. (voir la NT 2 pour une vue d’ensemble des programmes de L’accroissement de la productivité des facteurs de don et des possibilités qu’ils offrent et le DAI 4 pour production agricole primaire est le principal moyen différents exemples). d’accroître la production alimentaire, mais elle n’améliore Les fonds de capital-investissement visent expressément pas toujours la rentabilité des producteurs à long terme. On à financer des investissements dans des entreprises a pu observer à maintes reprises que, lorsque que les présentant des risques élevés ou dans certains types de premiers producteurs ayant adopté une technologie ont 108 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT accru leurs gains initiaux, la plus grande partie des gains de particulier au niveau des intrants (développement de productivité ultérieurs sont rapidement répercutés sur les nouveaux produits chimiques ou semences, dont les droits consommateurs sous la forme d’une baisse — relative ou peuvent être suffisamment protégés), mais le secteur privé absolue — des prix des produits alimentaires. Ce scénario cherchera probablement surtout à accroître la valeur ne présente guère d’intérêt pour les principaux intervenants ajoutée de la production agricole et des systèmes de commerciaux, sauf peut-être pour les fournisseurs production. Cette priorité favorisera les agroentreprises d’intrants (encadré 5.4). (celles qui fournissent des intrants et celles qui transforment ou commercialisent les produits) et éventuel- lement les agriculteurs en tant que producteurs primaires, Effet de la croissance tirée par les entreprises mais elle risque de défavoriser les pauvres qui consomment dans le secteur agricole sur la répartition des aliments de base. des revenus L’impact des innovations agricoles sur la répartition des Parité homme-femme et équité sociale revenus est lié à la question de la sécurité alimentaire examinée ci-dessus. Comme l’explique l’encadré 5.4, la Le secteur privé est moins sensible que le secteur public aux nature et le type des innovations et technologies influent considérations de parité homme-femme ou aux autres d’une part sur la croissance et les gains de bien-être, et questions d’équité sociale. L’accroissement de son rôle d’autre part sur la répartition de ces gains entre les produc- pourrait donc compromettre encore plus l’équité sociale teurs et les consommateurs. Non seulement l’innovation dans le développement agricole. Par exemple, la main- agricole et la croissance tirée par les entreprises créent de d’œuvre rurale est majoritairement féminine (70 %) mais nouvelles possibilités de croissance, mais elles peuvent les femmes disposent de beaucoup moins de ressources également orienter le développement agricole dans de (terre, capitaux et accès aux savoirs) que les hommes pour nouvelles directions. Les innovations émanant du secteur s’acquitter de leurs tâches (Forum économique mondial privé peuvent contribuer pour beaucoup à assurer des gains 2011). L’influence grandissante de la société civile et la de productivité durables dans le secteur agricole, en responsabilisation du secteur privé en matière sociale et Encadré 5.4 Différentes trajectoires de croissance du secteur agricole et répartition des gains entre producteurs et consommateurs Du point de vue du bien-être économique, l’accélération agricoles, alimentaires ou non. Par exemple, les matières de la croissance dans le secteur agricole et, à terme, premières agricoles comme le maïs, la canne à sucre ou l’amélioration des conditions de vie de la population le manioc peuvent être utilisées différemment, pour proviennent des gains de productivité, qui dépendent produire de l’énergie ; la différenciation des produits sur dans une très large mesure de l’innovation. Les le marché, le choix d’un nouveau nom de marque, etc. technologies qui permettent d’accroître la production permettent de répondre à l’évolution des préférences (les variétés à meilleur rendement, par exemple) ont des consommateurs ; une matière première agricole pour effet de déplacer la courbe de l’offre vers la peut devenir une composante de base dans l’industrie « droite » et d’améliorer le bien-être, mais généralement chimique ou pharmaceutique ; enfin les produits aux dépens des producteurs car ce déplacement entraîne agricoles pourraient être conçus comme des aliments une baisse des prix. Les technologies qui réduisent le fonctionnels. Bien que la plus grande partie de la coût de production (comme le coton Bt résistant aux production agricole mondiale soit encore destinée à insectes, qui réduit l’utilisation de pesticides onéreux) répondre aux besoins alimentaires de base, la différen- ont pour effet de déplacer la courbe de l’offre « vers le ciation du marché et les nouveaux produits et bas », et produisent un gain de bien-être qui est, dans ce utilisations contribueront de plus en plus à accroître la cas, réparti également entre les consommateurs et les valeur globale de la production agricole, notamment producteurs. dans les pays à revenu intermédiaire et à revenu élevé, et Un autre modèle de croissance consiste à agir sur la les produits agricoles seront cultivés tant par les pays demande en créant une nouvelle demande de produits développés que par les pays en développement. Source : Auteur. MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 109 de parité homme-femme marquent une évolution selon le principe de la responsabilité partagée (voir, par systématique et positive, mais elles ne garantissent pas en exemple, Henckes et al. 2004). soi que les considérations de genre et d’équité influent sur Si les PPP et les activités de développement des entre- le développement agricole. Les pouvoirs publics doivent prises peuvent présenter un intérêt dans la plupart des offrir des mesures d’incitation au secteur privé pour pays, ils ont peu de chances de produire les résultats promouvoir la parité homme-femme et l’équité sociale attendus en l’absence d’un niveau minimum de gouver- dans toutes les activités de développement des entreprises, nance et de mécanismes de contrôles adéquats par la qu’il s’agisse des contrats PPP, des services ou de l’accès aux société civile (encadré 5.5). Il est donc prudent de procéder ressources et aux connaissances. Les PPP ciblés peuvent à une analyse des capacités avant d’investir dans ces contribuer pour beaucoup à promouvoir ces deux objectifs domaines dans un contexte donné. Cette analyse devra (voir par exemple le DAI 2 sur le projet de transfert de évaluer les risques et les moyens de les atténuer, et déter- technologie en Chine). miner s’il importe de renforcer les capacités de soutien. Un système de responsabilité partagée ne peut bien fonctionner s’il n’est pas très transparent, s’il ne donne pas Un système de responsabilité partagée qui modifie lieu à des actions de communication et d’information et le rôle des parties prenantes s’il ne comporte pas de mécanismes qui permettent à la société d’influencer les politiques publiques et les décisions Une société fonctionnant de manière harmonieuse applique du secteur privé — conditions qui sont loin d’être réunies un ensemble de garde-fous pour garantir que le dévelop- dans la plupart des pays. pement agricole répond aux priorités voulues. De nombreuses entreprises ont commencé à intégrer la notion de responsabilité sociale et environnementale dans leur Distorsion des marchés modèle de croissance à long terme parce qu’elles sont conscientes de l’importance de cette stratégie pour leur Le mauvais fonctionnement des marchés est le principal succès commercial. Mais l’équilibre entre les intérêts des argument avancé pour justifier les interventions du secteur entreprises privées et ceux de la société n’est pas automati- public, mais les efforts déployés pour remédier à leurs quement assuré. Il nécessite une collaboration harmonieuse défaillances introduisent souvent des distorsions indues. entre le secteur public, la société civile et le secteur privé, Deux questions fondamentales se posent : l’investissement Encadré 5.5 Les consommateurs veulent être consultés La société civile a élaboré une large gamme d’instru- pour les consommateurs, les entreprises et la société, ments pour exprimer ses intérêts et préférences et mais seulement 53 % estiment que les entreprises les influencer les pouvoirs publics, les organismes d’aide encouragent à exprimer leur point de vue sur les au développement et les entreprises privées. Les sociétés pratiques et produits sociaux et environnementaux des « matures et ouvertes » influencent fortement l’évo- entreprises. La majorité des consommateurs veulent lution de la technologie et la création de nouveaux être consultés sur quatre aspects essentiels de la respon- débouchés. Pour bon nombre de consommateurs dans sabilité des entreprises : la manière dont une entreprise ces sociétés, la valeur d’un produit alimentaire ne mène ses activités (85 %), ses produits et conditionne- dépend pas seulement de facteurs tels que le goût, la ments (83 %), son intérêt pour les questions sociales et valeur nutritionnelle et les propriétés chimiques et environnementales (81 %) et ses méthodes commer- physiques, mais aussi des ressources utilisées pour le ciales et publicitaires (74 %). Les consommateurs sont produire, de son impact sur l’environnement, de sa prêts à investir leur temps et leurs ressources pour contribution au réchauffement de la planète et des influencer les pratiques sociales et environnementales conditions sociales et de sécurité des ouvriers du des entreprises, notamment dans le cadre d’enquêtes et secteur agricole ou industriel. d’études (70 %), en achetant ou refusant d’acheter les Selon une étude sur la responsabilité partagée (Cone produits d’une entreprise (44 %), ou en s’exprimant 2010), 84 % des Américains pensent que leurs idées par courriel, téléphone ou autre moyen de peuvent aider à créer des produits et services gagnants communication du personnel (32 %). Sources : Auteur ; Cone 2010. 110 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT public est-il justifié ? Et quel est le niveau de soutien limitées, et la génération de revenus pour les agriculteurs approprié ? La fourniture d’un bien public n’est pas une pauvres. Pour être efficaces, les partenariats et le dévelop- condition nécessaire pour justifier une intervention, mais pement des entreprises doivent être guidés par une ce n’est pas non plus une raison suffisante. Les biens conception du développement agricole prenant dûment en publics doivent produire des gains économiques nets compte ces problèmes pour fixer des priorités et faire des supplémentaires qui ne seraient pas possibles sans investis- choix stratégiques souvent difficiles. sement public. En d’autres termes, le secteur public ne doit Par ailleurs, les rôles des secteurs public et privé doivent pas investir s’il est probable que le secteur privé le fera de être clairement définis. Le développement d’un secteur lui-même. En pratique, il peut néanmoins s’avérer difficile agricole tiré par les entreprises et faisant intervenir des PPP de savoir si le secteur privé investira. De même, il n’est pas nécessite une définition ou une redéfinition des rôles et facile de déterminer le niveau approprié de soutien à responsabilités des secteurs public et privé. De nombreux apporter par le secteur public (encadré 5.6). La NT 1 décrit pays ont déjà des difficultés à définir et mettre en œuvre comment établir l’additionalité. des politiques qui indiquent clairement le rôle du secteur public par rapport au secteur privé. Les ministères de l’agriculture et les institutions qui en relèvent inter- NOUVELLES ORIENTATIONS, PRIORITÉS viennent encore souvent directement dans les entités de ET IMPÉRATIFS POUR LES INVESTISSEMENTS production agricole, comme les centres de production d’intrants ou les usines agroalimentaires. Ils devront Le développement des entreprises et les PPP sont des facteurs réévaluer ces entreprises afin de faciliter la participation du de plus en plus importants pour l’innovation et la croissance secteur privé et les partenariats avec des entités privées. dans le secteur agricole. C’est pourquoi les décideurs et les L’un des rôles essentiels de l’État est de créer des condi- organismes d’aide au développement doivent prendre en tions qui permettent au secteur privé de stimuler la considération plusieurs points soulevés par l’appui aux croissance économique par l’innovation et la création de partenariats et entreprises. Le plus important est proba- nouvelles entreprises. Pour créer un environnement écono- blement la nécessité de formuler une vision des priorités et des mique porteur, il faut un solide cadre juridique et choix stratégiques concernant le développement agricole. institutionnel, capable de protéger les investisseurs et la L’agriculture ne fournit pas seulement des produits alimen- propriété intellectuelle. Le module 6 donne des exemples de taires. Elle fournit de plus en plus des produits de base stratégies visant à créer des conditions propices à essentiels pour l’énergie, les services environnementaux et l’innovation agricole. toute une gamme de biens sociaux. Étant donné que les trois En outre, le secteur public contribue activement à quarts des populations les plus pauvres du monde vivent en appuyer le développement du secteur privé par le biais des milieu rural, les objectifs de développement agricole sont services de conseil et d’appui aux entreprises, des incuba- souvent tiraillés entre la fourniture de produits alimentaires teurs d’entreprises, des technopôles et des pôles industriels. bon marché au moyen de ressources de plus en plus chères et Les mécanismes formels de transfert de technologie, tels que Encadré 5.6 Critères d’additionalité à employer pour déterminer si un financement public est justifié Les décisions d’investissement public doivent s’appuyer L’additionalité est un facteur clé dans les sur une analyse économique et financière. L’analyse programmes d’aide au développement du secteur économique détermine si un investissement peut privé. Certaines entreprises reçoivent un soutien de produire des avantages supplémentaires à un taux de l’État et assurent les donateurs qu’elles n’auraient pas rentabilité minimal des capitaux publics investis. investi sans ce soutien, ce qui reste à prouver. Il est L’analyse financière détermine si des fonds publics sont probable que les fonds privés sont tout simplement même nécessaires. Par exemple, elle aide à déterminer si remplacés par des fonds publics dans les programmes un investissement est intéressant ou non pour les de dons de contrepartie en particulier. Non seulement investisseurs privés, et elle indique le montant ou la cette substitution est inefficace, mais elle fausse la part de fonds publics nécessaire (la part de subventions concurrence entre les producteurs ou les entreprises. publiques ou le niveau de subvention, par exemple). Source : Auteur. MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 111 la protection de la propriété intellectuelle et les contrats de SUIVI ET ÉVALUATION DES INVESTISSEMENTS transfert des droits de propriété à des partenaires commer- ciaux ou internationaux, sont de plus en plus essentiels à Il est très difficile de suivre les réalisations d’un programme la poursuite de PPP efficaces et à la diffusion de ses d’innovation commerciale ou de partenariat et de technologies par les circuits commerciaux. Les bureaux déterminer les facteurs déterminants des résultats obtenus de transfert de technologie sont une option intéressante, pour des raisons qui tiennent notamment à l’horizon surtout lorsqu’ils sont affiliés à des instituts de recherche temporel, à la complexité des processus, à la diversité des ou des universités ou lorsqu’ils hébergent des services parties prenantes et aux influences externes. Les éléments d’incubation — en d’autres termes, lorsqu’ils s’emploient principaux des activités de suivi et d’évaluation couvrent la à favoriser la croissance d’entreprises ayant pour vocation définition des objectifs du programme, la détermination de commercialiser les technologies. des indicateurs qu’il convient d’employer, la mise en place Les institutions publiques et les entreprises privées de modalités de suivi et évaluation appropriées, conformes seront de moins en moins en mesure de relever les défis du aux pratiques courantes en la matière, et l’évaluation développement agricole aux niveaux mondial, régional ou des impacts. même local si elles opèrent indépendamment les unes des Pour les programmes complexes d’innovation autres. Il convient d’encourager les nouveaux partenariats, commerciale ou de partenariat, il peut être bon de qu’il s’agisse de partenariats ou d’alliances stratégiques regrouper les indicateurs en plusieurs catégories corres- d’envergure mondiale, de PPP novateurs ou de partenariats pondant à différentes étapes. Par exemple, le cadre PAID entre certains groupes d’intervenants. Les partenariats (Process-Action-Investment-Delivered results) comporte doivent évoluer pour ne plus être des initiatives ponctuelles des indicateurs de processus (P) utilisés pour suivre le comme par le passé mais devenir un élément stratégique du premier stade d’un programme ; des indicateurs d’action programme de développement agricole. (A), pour suivre les activités et les intrants fournis par le La demande de mécanismes de financement novateurs programme ; des indicateurs d’investissement (I), pour augmente en même temps que la diversité des partenaires et suivre les investissements et coinvestissements réalisés par des mécanismes institutionnels. Les abondantes données les entités privées bénéficiant d’un soutien ; et des indica- d’expérience fournies par certains de ces mécanismes, teurs de résultats (D), qui mesurent les résultats finaux4. Le comme les fonds de recherche compétitifs et les dons de tableau 5.3 fournit des exemples d’indicateurs pouvant être contrepartie fournissent déjà d’importantes pistes, tandis employés dans le cadre de systèmes de suivi. que de nouveaux mécanismes de financement, tels que le capital-risque, commencent à se mettre en place. 112 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Tableau 5.3 Exemples d’indicateurs de suivi et d’évaluation Type de programme Pôle Type Indicateur Don PPP Incubateur industriel Indicateurs Études (compétitivité, infrastructures existantes, capacités institutionnelles) X X X X de processus Protocoles d’accord X X X X Calendriers et niveaux de participation convenus (y compris les aspects de X X X X parité homme-femme et d’équité sociale) Autres étapes de l’élaboration et de la mise en place d’un dispositif d’appui aux entreprises (établissement de l’inventaire des entreprises du secteur privé, par exemple) Indicateurs Fourniture d’une assistance technique X X X X d’action Formulation de stratégies X X Établissement de plans d’action répartissant les responsabilités entre X X les acteurs Exécution : nombre de sous-projets achevés dans les douze mois suivant la X X X date prévue Taux de réussite : nombre de sous-projets ayant atteint les étapes prévues X X Ponctualité : taux d’exécution des sous-projets dans les délais prévus X X Durée du cycle des sous-projets (nombre de mois) X X Nombre d’entreprises participant à un programme d’incubation X Indicateurs Externalisation aux fins d’efficacité : part des contrats de recherche dans les X d’investissement activités des sous-projets (pourcentage du total) Additionalité des ressources mobilisées grâce au mécanisme (auprès des X X clients, des pouvoirs publics, du secteur privé et des partenaires) Création d’entreprises : nombre de nouvelles entreprises immatriculées X X Valeur du capital social des nouvelles entreprises X X Accès au financement pendant le processus d’incubation X Rétention des entreprises : Pourcentage d’entreprises demeurant dans la X communauté où elles ont bénéficié de services d’incubation Réussite commerciale : pourcentage d’entreprises restant en activité après X avoir participé à un programme d’incubation Investissements nationaux et étrangers attirés X Indicateurs Productivité des facteurs (rendement des cultures, productivité du travail) X X X de résultats Évolution de la dégradation des ressources naturelles (taux d’érosion des sols) X X X Taux de rentabilité sociale de la recherche (pourcentage) X Taux de pauvreté absolue et relative (pourcentage) X X Qualité scientifique et répercussions positives (publications, citations, X évaluations mutuelles) Accroissement du chiffre d’affaires, de la valeur ajoutée agricole et de la X X X qualité des denrées agricoles produites dans le cadre de partenariats Augmentation des revenus, de la rentabilité ou de la compétitivité des acteurs X X X X visés (agroentreprises, agriculteurs, etc.) Accroissement de l’innovation (dans le domaine technique, organisationnel, etc.) X X X X parmi les acteurs visés Rendement de l’investissement public (p. ex., recettes fiscales par rapport aux X X dépenses publiques) Taux de croissance du secteur ou sous-secteur X Emploi X Sources : Banque mondiale 2010 ; Banque mondiale 2009b ; auteur. MODULE 5 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 113 NOTES 1. Voir infoDev Suivi, évaluation et étude d’impact (http://www.idisc.net/en/Page.MEIA.Study.Overview.html). 2. Par exemple, les droits de propriété intellectuelle contribuent à accroître l’impact des travaux de recherche et des innovations émanant d’une institution (en accordant des licences d’exploitation de technologie aux partenaires). 3. Les instruments de financement des innovations agricoles sont examinés dans le module 6. 4. Voir Banque mondiale (2009b), qui recommande cette approche pour l’évaluation des pôles (clusters) ; moyennant de légères modifications, elle s’applique à différents programmes de développement des entreprises. 114 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT 1 MODULE 6 Création d’un environnement porteur pour l’innovation agricole P R É S E N TAT I O N G É N É R A L E Johannes Roseboom, Consultant RÉSUMÉ ANALYTIQUE de gouvernance encadrant l’innovation commencent seulement à apparaître. Le choix de l’entité à qui confier la L ’« environnement porteur » qui va favoriser l’inno- responsabilité de la politique d’innovation est une question vation agricole englobe tous les facteurs qui ont un difficile. Certains pays délèguent cette tâche au ministère impact positif sur l’innovation agricole mais qui chargé de la science et de la technologie, tandis que d’autres sont contrôlés par des domaines de politique publique optent pour la création d’une entité de plus haut niveau qui autres que la politique d’innovation agricole. Une politique rassemble les ministères concernés afin de coordonner la d’innovation agricole doit s’employer à développer la politique d’innovation nationale. Dans la plupart des pays, coordination avec ces autres domaines afin qu’ensemble, ils l’objectif général de la politique d’innovation nationale est favorisent l’innovation agricole. Les politiques transversales de faciliter la transition vers une économie du savoir, afin qui ont des répercussions sur l’innovation agricole sont, par d’améliorer la compétitivité du pays et de parvenir à une exemple, celles qui visent à réduire la pauvreté et préserver croissance économique viable. Une politique d’innovation l’environnement, à stimuler la collaboration entre les nationale définit les rôles et les fonctions des acteurs et des secteurs public et privé et à renforcer le capital social plus parties prenantes au sein du système d’innovation national, généralement. offre un cadre général pour l’établissement des politiques Les facteurs favorisant l’innovation agricole peuvent être d’innovation sectorielles, et fixe les priorités entre les répartis en trois groupes, qui nécessitent l’attention et des différents secteurs et technologies. Elle crée des conditions investissements dans la plupart des pays en dévelop- propices à l’innovation en investissant dans des biens pement : 1) la politique de l’innovation et les structures de publics indispensables à une économie du savoir innovante. gouvernance correspondantes pour consolider le cadre Les cadres réglementaires importants pour l’innovation général des politiques d’innovation agricole ; 2) les cadres agricole sont ceux qui régissent la propriété intellectuelle, réglementaires qui encouragent l’innovation directement la biosécurité, et les normes et réglementations techniques (comme les DPI) ou indirectement (normes stimulant le relatives à la santé agricole et à la sécurité et la qualité des commerce) ou qui orientent l’innovation vers certains aliments. Les pays auront besoin d’aide pour élaborer des résultats privilégiés (des produits alimentaires plus sûrs) ; et législations, évaluer les différentes solutions envisageables, 3) les investissements agricoles connexes dans le crédit, les mettre en place leurs organismes de réglementation et infrastructures et les marchés ruraux. investir dans les infrastructures afférentes aux normes. La politique de l’innovation est un domaine nouveau Une meilleure coordination des investissements dans et c’est pourquoi, dans la plupart des pays, les structures l’innovation agricole et des investissements ruraux 115 parallèles devrait favoriser les synergies et augmenter les définissent » (Daane 2010), il n’y a pas de délimitation l’impact produit. Les investissements dans les systèmes de naturelle entre ce qui constitue le noyau central d’un financement ruraux doivent envisager les services financiers système d’innovation et ce qui devrait être considéré de manière plus globale, en prenant en compte le crédit, comme son environnement porteur. Une solution artifi- l’épargne, les transferts d’argent, le crédit-bail et les cielle mais pratique à ce problème consiste à définir assurances. Les investissements dans les routes et dans les l’« environnement porteur » comme étant l’ensemble des institutions et infrastructures du marché contribuent à facteurs qui ont un impact positif sur l’innovation agricole améliorer la productivité agricole, réduire les coûts de mais qui sont contrôlés par des domaines de politique commercialisation, augmenter les marges bénéficiaires et publique autres que la politique de l’innovation agricole ouvrir de nouvelles possibilités d’innovation. elle-même. Il est nécessaire de procéder à des interactions Ces politiques, ces investissements et ces réformes de la entre l’innovation agricole et ces autres domaines et réglementation vont provoquer d’importants changements, coordonner les mesures prises afin de garantir qu’ensemble, par exemple améliorer l’accès des produits agricoles aux ils favorisent l’innovation agricole de la manière la plus marchés étrangers, développer l’investissement privé dans constructive possible. Ces interactions peuvent éventuel- la R-D agricole et encourager l’usage de pratiques agricoles lement, mais pas obligatoirement, conduire à une collabo- plus viables. Des mesures devront être prises pour s’assurer ration revêtant la forme de la poursuite de projets ou de que personne ne soit laissé de côté et que chacun puisse programmes communs. évoluer vers des activités économiques plus prometteuses. Le paysage de la politique d’innovation agricole RAISONS D’INVESTIR La figure 6.1 illustre les sphères de l’action publique ayant le Lorsque l’on raisonne en termes de système d’innovation, plus d’impact sur l’innovation agricole. Au niveau le plus l’innovation est envisagée de manière globale, comme un global, la stabilité politique représente de loin le facteur processus itératif multidimensionnel, dépendant fortement général le plus déterminant pour le système d’innovation. du contexte dans lequel il intervient. C’est la raison pour Sans cette stabilité, les investissements dans les activités laquelle les politiques d’innovation nationales sont d’innovation (en particulier celles ayant des horizons à long habituellement des politiques générales qui s’efforcent de terme, telles que la sélection des plantes) sont trop risqués coordonner un large spectre de domaines d’action — la pour être attractifs. De plus, les conflits armés et les science et la technologie, l’éducation, l’économie, l’industrie, les infrastructures, la fiscalité et la justice, entre Figure 6.1 Sphères de l’action publique influant autres — de telle manière que ces différentes politiques sur l’environnement de l’innovation agricole sectorielles créent ensemble un environnement permettant et stimulant l’innovation de la façon la plus constructive Stabilité possible. Ce travail de coordination ne peut se faire sans un politique Politiques macroéconomiques soutien politique fort à haut niveau, souvent en la personne du premier ministre ou du président qui préside l’entité chargée de la politique d’innovation nationale. Politique Les politiques d’innovation sectorielles (telles que celle agricole concernant l’innovation agricole) reproduisent plus ou moins le caractère global et la fonction de coordination de la politique d’innovation nationale, mais elles ont souvent Politique Innovation Politique infiniment moins de poids politique sur les politiques agricole d’infrastructures éducative publiques extérieures à leur champ d’activité. À titre d’exemple, une politique d’innovation sectorielle aura peu d’influence sur l’adoption d’un régime fiscal pour la R-D. Politique en matière de science, Ce type de question est traité plus fréquemment à de technologie et d’innovation l’échelon national. L’un des problèmes que pose l’approche générale du système d’innovation est qu’elle tend à intégrer son environnement porteur. Les systèmes d’innovation (comme tout système abstrait) n’étant pas des entités ou des réalités objectives mais n’existant que « dans l’esprit de ceux qui Source : Auteur. 116 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT troubles civils affectent souvent les infrastructures du savoir infrastructures. Ces domaines se recoupent dans une très (stations de recherche détruites, bibliothèques pillées, etc.) large mesure, et il n’est pas toujours facile de savoir lequel et, en provoquant des déplacements de population, ils privilégier lorsque l’on veut investir. Par exemple, la entraînent une perte de savoir et d’expérience des pratiques recherche agricole peut être financée par le budget de agricoles et des relations commerciales. l’agriculture ou par celui de la science et la technologie. Le En même temps, il est important de comprendre que champ d’influence de ces différentes sphères de l’action l’innovation en soi peut être très déstabilisante, car elle publique dépasse aussi généralement celui de l’innovation s’accompagne de ce que Schumpeter a appelé la agricole stricto sensu. L’une des tâches importantes « destruction créatrice ». De nouveaux produits et de dévolues à une politique d’innovation agricole est de les nouvelles méthodes de production viennent remplacer ce influencer et de les coordonner (ainsi que les décisions qui existait auparavant et, ce faisant, détruisent d’anciens d’investissement correspondantes) afin qu’elles créent emplois, des intérêts établis et parfois des pans entiers de l’environnement le plus propice à l’innovation agricole. l’industrie. De ce fait, les innovations peuvent rencontrer Chacune de ces sphères de l’action publique est décrite en beaucoup d’opposition et déclencher des troubles sociaux. détail dans les sections suivantes. Des mesures doivent donc être prises pour accompagner l’innovation en réduisant les frictions, notamment afin de POLITIQUE AGRICOLE. Une politique agricole traite créer de nouvelles opportunités d’emploi pour les habituellement d’un large éventail de sujets, dont la santé, la personnes qui perdent leur travail (par exemple en recherche et la vulgarisation agricoles, l’approvisionnement proposant des formations permettant d’acquérir de en intrants, le crédit rural, les réformes foncières et la mise nouvelles qualifications). en valeur des terres, les infrastructures rurales, la Au niveau suivant, les politiques macroéconomiques réglementation et le développement des marchés, la régissant la fiscalité, les taux de change, le marché, le promotion du commerce et les organisations sectorielles commerce et d’autres aspects peuvent avoir des (organisations d’agriculteurs, coopératives, offices répercussions importantes sur la compétitivité relative de interprofessionnels, etc.). Certains de ces sujets relèvent l’agriculture sur les marchés régionaux et mondiaux. Dans entièrement de la politique d’innovation agricole — la les pays en développement, bon nombre de ces politiques recherche et la vulgarisation agricoles par exemple — tandis jouent contre l’agriculture. Elles se traduisent par une que d’autres ne sont que partiellement concernés. Il est taxation nette de l’agriculture qui handicape la croissance et important de coordonner les actions relatives à ces l’innovation agricoles. Au cours des vingt-cinq dernières différents sujets car beaucoup d’entre eux sont années, certains programmes de réforme économique ont complémentaires. Ainsi, le manque de crédit rural permis de remédier parfois à ce déséquilibre macroéco- représente souvent un frein à l’exploitation des nomique (Banque mondiale 2007b), mais il demeure un opportunités de marché et des nouvelles technologies. sujet de préoccupation, en particulier compte tenu des Le niveau d’intégration des agriculteurs dans les marchés importantes subventions agricoles en vigueur dans les pays est un facteur déterminant de transformation de l’agri- développés, qui portent préjudice aux pays en dévelop- culture. Plus il augmente, plus les institutions (par exemple pement. Dans le contexte actuel de hausse inquiétante des les organisations des chaînes de produits) et la réglemen- prix alimentaires, on s’accorde de plus en plus à penser que tation des marchés (par exemple les normes applicables l’agriculture a été relativement négligée dans les pays en aux produits ou les normes sanitaires) prennent de développement, tant par les bailleurs de fonds que par les l’importance et demandent de l’attention et des investis- États, et que les budgets agricoles doivent être augmentés. sements. Dans une économie agricole, la sécurité Les réformes économiques ne visaient au départ qu’à alimentaire repose sur l’autosuffisance, tandis que dans une améliorer la productivité et la compétitivité du secteur économie urbaine, elle repose sur les marchés (y compris agricole. Mais au fil des ans, la réduction de la pauvreté et la les marchés internationaux). viabilité environnementale sont devenues des objectifs aussi importants. Ces nouvelles orientations ont également des POLITIQUE ÉDUCATIVE. L’enseignement et la formation conséquences sur les investissements publics allant à agricoles sont des composantes essentielles d’un SIA (voir l’innovation agricole. La difficulté pour les responsables le module 2), mais ils s’inscrivent également dans une politiques est de gérer les arbitrages entre les différents politique éducative nationale plus large, susceptible de créer objectifs poursuivis. des conditions favorables. Il existe une forte corrélation Au niveau méso, les quatre sphères de l’action publique positive entre les taux de scolarisation dans le primaire et ci-après sont celles qui influencent le plus directement la productivité agricole. L’efficacité des programmes de l’innovation agricole : 1) l’agriculture ; 2) la science, la vulgarisation et de formation agricoles dépend beaucoup technologie et l’innovation (STI) ; 3) l’éducation ; et 4) les des compétences de base acquises par les agriculteurs durant MODULE 6 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 117 leur passage dans le primaire. Par ailleurs, les compétences entreprises ne font pas de bénéfices en produisant pour le scolaires de base sont importantes pour les personnes qui marché, la production agricole reste souvent inférieure à recherchent un emploi en dehors de l’agriculture. son potentiel. C’est lorsqu’ils ont accès aux marchés à un Dans de nombreux pays en développement, l’ensei- coût abordable qu’il devient intéressant et faisable pour eux gnement professionnel est pratiquement inexistant au niveau d’adopter de nouvelles technologies, de se spécialiser et du secondaire (statistiques de l’UNESCO sur l’éducation)1 d’augmenter la production. Une baisse des coûts de et l’apprentissage d’un métier ne commence qu’après la fin transport et un accès plus facile aux marchés peuvent avoir de ce cycle. Ailleurs, on trouve une longue tradition d’ensei- un impact économique considérable (voir l’encadré 6.2 gnement professionnel du second degré qui dispense aux plus loin dans cette présentation générale). Comme on peut futurs agriculteurs les savoirs et savoir-faire dont ils ont le voir dans le DAI 1 pour la Zambie, investir dans besoin. Obliger les jeunes à faire des choix professionnels l’amélioration des routes de desserte locale peut être un tôt dans la vie présente certes des inconvénients et est très maillon essentiel d’un programme de développement de controversé, mais il n’est pas optimal d’attendre trop l’innovation agricole et d’amélioration de la valeur ajoutée longtemps car la plupart des élèves n’atteignent jamais le et de la compétitivité de l’agriculture. stade des études supérieures. L’enseignement supérieur forme généralement aux emplois agricoles plus spécialisés, et ne constitue pas nécessairement la meilleure préparation Principaux facteurs favorisant l’innovation agricole pour un agriculteur généraliste (module 2). L’innovation agricole gagnerait probablement à l’introduction et au Le paysage de la politique d’innovation agricole illustré à développement de la formation professionnelle agricole la figure 6.1 comprend une grande variété de facteurs dans le secondaire, mais cela signifie que beaucoup de déterminants pour l’innovation agricole. Il est impossible pays devront totalement repenser leur politique éducative de les traiter tous, mais les plus importants peuvent être nationale. répartis en trois groupes : POLITIQUE EN MATIÈRE DE SCIENCE, DE TECHNOLOGIE ET I les investissements dans la politique de l’innovation et D’INNOVATION (STI). Ces dernières années, beaucoup de pays les structures de gouvernance correspondantes qui en développement — en particulier des pays à revenu renforcent le cadre général de la politique d’innovation intermédiaire — ont pris conscience de l’importance vitale agricole ; de l’innovation pour la croissance économique, et I les investissements dans les cadres réglementaires s’efforcent d’évoluer vers une économie du savoir. L’attention accordée à la politique des STI s’accroît donc concernent l’innovation agricole, tels que les DPI, les rapidement dans ces pays. mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), et les Cette évolution a un impact majeur sur les services règlements sur la biosécurité, qui visent à encourager les publics de recherche et de vulgarisation agricoles, qui ont acteurs privés à investir dans l’innovation, à améliorer la été établis plusieurs dizaines d’années avant les structures qualité et la sécurité de leurs produits et/ou à faciliter les STI actuelles. Après plusieurs décennies d’isolement relatif échanges commerciaux ; au sein des ministères de l’Agriculture, ces services doivent I les investissements ruraux connexes, tels que les investis- désormais travailler avec de nouvelles entités chargées des sements dans le crédit rural, les infrastructures rurales questions de STI dont le périmètre d’intervention est bien (irrigation, routes et services collectifs) et les marchés plus étendu, de sorte que la recherche et la vulgarisation agricoles. agricoles, d’une part, et les activités non agricoles se font maintenant concurrence pour obtenir des ressources. BILAN DE L’EXPÉRIENCE POLITIQUE D’INFRASTRUCTURE. Les possibilités d’innovation sont souvent fortement tributaires d’infrastructures telles Le bilan des investissements réalisés dans les facteurs que les routes, les voies ferrées, les services collectifs et les favorisant l’innovation agricole n’est pas uniforme. systèmes d’irrigation. Les coûts de transport élevés pèsent Certains types d’investissement existent depuis des dizaines lourdement, on le sait, sur les prix que les agriculteurs et les d’années (sinon des siècles — les infrastructures rurales par entreprises agroalimentaires reçoivent pour leurs produits, exemple), tandis que d’autres ne sont apparus que très et renchérissent le coût de leurs achats de facteurs de récemment (les règlements sur la biosécurité). Leurs production agricoles. Lorsque ces agriculteurs et ces résultats sont donc variables, comme indiqué ci-après. 118 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Politique de l’innovation et structures Il existe un type de DPI relativement spécifique à l’agri- de gouvernance culture, à savoir les droits sur les obtentions végétales (DOV). Dans les pays développés en particulier, les DOV Les investissements dans une politique de l’innovation ont joué un rôle déterminant dans le développement d’une nationale et dans les structures de gouvernance associées industrie semencière privée et le financement des renforcent la coordination entre les différentes sphères de programmes publics de sélection des plantes au moyen des l’action publique sur les questions d’innovation, traitent de redevances. Seulement 68 pays sont actuellement membres questions transversales telles que les DPI et les réductions de l’Union internationale pour la protection des obtentions d’impôt favorisant l’innovation, fournissent un cadre pour végétales (UPOV)3, ce qui indique l’absence de législations l’établissement de politiques d’innovation plus sectorielles sur les DOV conformes aux normes de l’UPOV. Les pays (y compris une politique d’innovation agricole), et, ce qui membres sont particulièrement peu nombreux en Afrique n’est pas sans importance, ils définissent les priorités et en Asie. d’investissement entre les secteurs. Dans beaucoup de pays, L’introduction d’une législation sur les DOV fait l’objet la politique d’innovation nationale a généré un afflux d’intenses débats dans les pays en développement. Prévue important d’idées et d’instruments nouveaux dans le pour intervenir dans le délai fixé par l’accord ADPIC4 domaine de l’innovation agricole, notamment des concepts (2005 à l’origine, et à présent 2016), elle est une source de tels que les incubateurs d’entreprises et le capital-risque difficultés pour beaucoup d’entre eux. Les débats portent (voir le module 5). Le fait d’intégrer la politique d’inno- plus particulièrement sur deux aspects. Le premier vation agricole dans la politique d’innovation nationale concerne les droits des agriculteurs par rapport aux droits provoque des complications et des frictions inévitables, des sélectionneurs : dans quelle mesure les agriculteurs mais au bout du compte, le système d’innovation agricole peuvent-ils réutiliser, échanger ou vendre les semences devrait s’en trouver consolidé. protégées par des DOV ? Le deuxième aspect est la fonction Des politiques de l’innovation ont d’abord été mises en de gardiennes de la diversité génétique assurée par les œuvre dans les pays développés dans les années 90 et ne sont communautés agricoles : les semenciers doivent-ils apparues dans les pays en développement qu’au cours de la rémunérer les communautés pour leurs services ? Pour ce décennie suivante. Dans la plupart des pays, les politiques qui est du deuxième aspect, l’UPOV juge préférable que la d’innovation et les structures de gouvernance associées sont fonction coutumière de conservation des ressources encore très mouvantes ; en fait, la grande majorité des pays génétiques assurée par les agriculteurs soit régie en dehors en développement, surtout les plus petits, n’ont toujours pas de la législation sur les DOV. Sur la question des droits des de politique de l’innovation. En ce sens, le bilan que l’on peut agriculteurs, l’UPOV a évolué au fil du temps vers une tirer des politiques d’innovation est encore très mince, tant norme plus restrictive favorable aux sélectionneurs. Les dans les pays développés qu’en développement. pays en développement reprochent à l’UPOV d’encourager l’adoption des normes des pays développés, qui ne conviennent pas nécessairement au cas des pays en dévelop- Cadres réglementaires pement (encadré 6.1). En dehors des normes environnementales, les trois autres cadres réglementaires (DPI, normes SPS, et normes de Investissements ruraux parallèles produits) existent depuis des décennies, sinon des siècles. La normalisation internationale et la reconnaissance La plupart des pays interviennent depuis longtemps sur des mutuelle de ces cadres relèvent d'un processus politique facteurs tels que le crédit rural, les infrastructures rurales et engagé depuis déjà un certain temps. La Convention de les marchés agricoles. Dans beaucoup de cas, les mesures Paris pour la protection de la propriété industrielle, adoptée prises dans ces domaines par les pouvoirs publics pour en 1883, a été l’un des premiers traités internationaux investir directement ou faciliter les investissements privés ou conclus sur les DPI. Elle a été révisée plusieurs fois et a mixtes sont restées très insuffisantes et ont souvent été gagné de nombreux signataires depuis lors. La mondiali- relativement fragmentées, sans souci de cohérence entre les sation et l’intensification des échanges poussent de plus en différentes interventions. Pour citer un récent rapport plus les pays à adopter ces cadres réglementaires sur d’évaluation de la Banque mondiale sur les investissements lesquels la communauté internationale est très ferme ; dans l’agriculture en Afrique subsaharienne : plusieurs initiatives internationales apportent une assistance technique aux pays et les aident à renforcer leurs ...les prêts accordés par la Banque ne tenaient pas compte de capacités pour la mise en œuvre de ces cadres2. l’interdépendance des activités agricoles. Au contraire, ils ont MODULE 6 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 119 été répartis sur un éventail d’opérations portant sur le secteur CRÉDIT RURAL. Le manque de fonds de roulement et d’accès rural, notamment la recherche, la vulgarisation, la réforme de la à des crédits abordables empêche souvent les agriculteurs et commercialisation, la lutte contre la sécheresse, le dévelop- les entreprises agroalimentaires d’acheter des intrants et du pement de semences et les transports, ont fait peu de cas des matériel modernes et de profiter pleinement d’opportunités liens qui les unissent et de la nécessité de développer ces technologiques ayant fait leurs preuves. Malgré les domaines simultanément, ou tout du moins selon un nombreuses mesures prises pour tenter de remédier à ce enchaînement optimal, pour favoriser efficacement le dévelop- problème, l’impossibilité d’obtenir des crédits ruraux à un pement agricole. Si, à compter du milieu des années 80, la coût abordable demeure un handicap majeur dans stratégie rurale plus globale de la Banque se justifiait, elle a eu beaucoup de pays. Le secteur bancaire formel est encore pour conséquence imprévue de faire perdre de vue la nécessité largement absent des zones rurales, rebuté par les risques et de conduire certaines activités essentielles au développement les coûts de transaction qui lui apparaissent trop élevés par de l’agriculture dans l’espace rural simultanément ou selon rapport aux gains potentiels. Les programmes de crédit un agencement optimal. rural mis en place par les pouvoirs publics entre les années (Banque mondiale 2007a, xviii) 50 et 80 ont peu fait pour attirer les banques commerciales, Encadré 6.1 Législation relative aux droits sur les obtentions végétales en Afrique En 1998, les chefs d’État de l’Union africaine (UA) ont obtentions végétales largement conforme aux normes adopté la « Loi-type africaine relative à la protection des de l’UPOV, annexé à l’Accord de Bangui de 1999. Cette droits des communautés locales, des agriculteurs et des décision a été prise en dépit de la forte opposition sélectionneurs, et à la réglementation de l’accès aux manifestée par des organisations non gouvernementales ressources biologiques ». Ce document historique internationales. s’attaque à deux problèmes — la protection des variétés Plus récemment, le débat sur les DOV en Afrique végétales et l’accès aux ressources biologiques — en s’est déplacé de l’UA vers les communautés partant du principe qu’ils sont étroitement liés. La économiques infrarégionales telles que la CEDEAO, la loi-type de l’UA privilégie fortement les droits des SADC et la CAEc. Leur stratégie consiste à harmoniser agriculteurs sur ceux des sélectionneurs : les droits sur les cadres qui se mettent en place dans leurs pays les obtentions végétales (DOV) peuvent être suspendus membres pour réglementer les semences de manière à ou annulés pour des motifs tels que la sécurité faciliter les échanges commerciaux et à collaborer dans alimentaire, la santé, la diversité biologique et dans tout les domaines qui s’y prêtent pour réduire les coûts de la autre cas où la communauté agricole a besoin de réglementation. À titre d’exemple, la CEDEAO et la matériel de multiplication d’une variété particulière. SADC ont récemment adopté l’idée d’instaurer un La loi-type accorde une grande place à la protection système commun de mise en circulation de variétés des ressources biologiques et des savoirs traditionnels dans leurs communautés respectives. Les deux africains. communautés travaillent à un système régional intégré Cette loi-type a été très critiquée par l’UPOV et de protection des obtentions végétales. La SADC a ainsi l’OMPIa. Les discussions qui se sont déroulées en 2001 élaboré un projet de protocole sur l’adoption de entre l’UA, l’UPOV et l’OMPI n’ont pas permis de législations nationales sur la protection des obtentions réconcilier les points de vue. Il n’y avait pourtant pas végétales. Dans d’autres régions en développement, les de consensus entre les États africains sur les questions communautés économiques régionales sont très soulevées. Certains membres (Égypte, Kenya, Afrique soucieuses de normaliser les systèmes de protection des du Sud et Tunisie) étaient membres de l’UPOV depuis obtentions végétales. La plupart des pays d’Afrique longtemps avant que l’UA n’adopte sa loi-type. En 2002, semblent se diriger vers l’adoption d’un système de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle protection compatible avec les règles internationales (OAPI)b, réunissant quelque 16 pays africains franco- de l’UPOV — mais mènent à cette fin des débats phones, a approuvé un chapitre sur la protection des très animés. Source : Auteur. a. L’UPOV est l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales, et l’OMPI est l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. b. L’OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle) a été créée au début des années 60 pour remplacer l’institut français chargé des DPI avant l’indépendance. Elle gère un système de DPI commun à 16 pays. c. Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, Communauté de développement de l’Afrique australe, et Communauté d’Afrique de l’Est. 120 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT et des problèmes de mauvaise gestion et des taux de pays à revenu intermédiaire en croissance rapide aient défaillance élevés ont eu raison de leur viabilité. Les sous-investi dans les infrastructures et que certains mécanismes de microfinance apparus à la fin des années 90 affichent des schémas géographiques de développement se sont efforcés de combler le manque de crédit rural, qui compromettent la croissance économique (Willoughby notamment par le biais des groupes d’auto-assistance, qui 2002). D’autres études récentes sur les investissements permettent d’absorber les coûts élevés inhérents aux petites dans les infrastructures arrivent aux conclusions suivantes : transactions et de réduire les risques grâce aux pressions sociales (DAI 4). Cette méthode a ses limites, et ce modèle I Des réformes institutionnelles sont nécessaires pour n’a pas partout porté ses fruits. renforcer la capacité des autorités locales et régionales à Il importe que les banques commerciales s’engagent formuler et mettre en œuvre une politique d’infra- plus activement dans l’agriculture. Dans l’ensemble, le structures et pour renforcer la capacité des organisations financement de l’agriculture est resté isolé du reste du d’infrastructures à fournir des services répondant aux système financier et n’a pas bénéficié de son développement besoins des clients. et les opérations de crédit ont été privilégiées au détriment I Les réformes institutionnelles menées dans les pays plus de l’épargne et des autres services financiers. Dans l’optique avancés ont abouti à une plus grande participation du des systèmes financiers, le financement de l’agriculture secteur privé aux investissements et à la gestion des est toutefois un élément du marché, plus vaste, de la infrastructures ; il a donc été nécessaire d’améliorer la finance rurale. capacité des pouvoirs publics à gérer des procédures Cette approche part du principe que les institutions d’appel d’offres transparentes et à maintenir une fonctionnant selon des principes commerciaux ont plus de situation de concurrence. chances de parvenir à élargir leur clientèle et à être viables. I Les nouveaux investissements dans les infrastructures Le rôle du secteur public est essentiellement de veiller à ce doivent privilégier les régions dont le développement que l’environnement soit propice à l’émergence et à la économique est plus lent. croissance de telles institutions (Banque mondiale 2006). À titre d’exemple, l’« Innovative Finance Initiative » de Si nul ne doute de l’importance des routes rurales qui l’Alliance pour une révolution verte en Afrique s’emploie à relient les agriculteurs aux marchés, il n’existe que très peu convaincre les banques commerciales de prêter davantage de statistiques sur l’ampleur et la nature des bénéfices au secteur agricole en les faisant bénéficier d’un dispositif apportés par les routes rurales ou sur leurs effets distri- de garantie de prêts. En absorbant une partie des risques butifs. Non seulement il s’avère extrêmement difficile que prennent les banques commerciales lorsqu’elles prêtent d’isoler l’impact des investissements dans les routes rurales au monde agricole, l’initiative a réussi à mobiliser quelque sur la productivité agricole de celui d’autres facteurs (Walle 4 milliards de dollars auprès de banques commerciales et Cratty 2004), mais il faut aussi prendre en compte qui ont permis de consentir des prêts à un coût abordable beaucoup d’autres bénéfices — salaires plus élevés, meilleur à des agriculteurs et des entreprises agroalimentaires accès aux services d’éducation et de santé, etc. (voir (www.agra-alliance.org). l’encadré 6.2). Une autre méthode, aujourd’hui abandonnée, donnait Un autre investissement dans les infrastructures rurales, lieu à l’octroi de prêts bonifiés pour introduire de nouvelles l’irrigation, est considéré à la fois comme une innovation en technologies. Les agriculteurs bénéficiant de ces prêts soit et comme un important facteur favorisant l’innovation avaient souvent tendance à ne pas les rembourser car ils agricole de manière plus générale. Il a été fait dit que si les considéraient que les subventions étaient des cadeaux. Pour technologies de la Révolution verte (des variétés améliorées lancer rapidement une nouvelle technologie, la meilleure associées à des intrants modernes) ont eu un impact limité solution consiste à accorder une subvention directe (par en Afrique subsaharienne, c’est essentiellement parce que exemple sous la forme de kits de démarrage à prix réduit). les superficies irriguées sont beaucoup plus faibles que dans d’autres régions, en particulier l’Asie. Fondamentalement, INFRASTRUCTURES RURALES. Les premières études consacrées à les coûts d’investissement par unité irriguée sont considéra- la croissance économique ont fait ressortir l’importance des blement plus élevés en Afrique subsaharienne qu’en Asie. infrastructures, compte tenu de la nécessité : 1) de ne pas Les projets d’investissement dans l’irrigation se soldent négliger pour autant les autres investissements, et 2) de aussi plus souvent par un échec en Afrique subsaharienne. gérer convenablement les infrastructures et les services Le Département de l’évaluation des opérations de la connexes. De récentes études économétriques indiquent que Banque mondiale a fait ressortir les carences particulières les investissements dans les infrastructures et leur mise à des projets portant sur l’irrigation, notamment au niveau niveau n’ont peut-être pas reçu une attention suffisante de la conception, de l’exploitation et de l’entretien des dans les pays les plus pauvres. Il semble également que les systèmes d’irrigation, du recouvrement des coûts et des MODULE 6 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 121 Encadré 6.2 Impact économique des routes rurales au Bangladesh Une étude économétrique détaillée de l’impact des d’environ 38 % dans les villages couverts par le RDP investissements dans les routes rurales au Bangladesh a et de 30 % dans les villages couverts par le RRMIMP). montré que ces investissements avaient permis aux Les routes ont des répercussions importantes sur l’offre ménages de réduire dans une mesure importante les de travail pour les adultes dans les villages du RDP, dépenses de transport des ménages : d’environ 36 % en ainsi que sur la scolarisation des garçons et des filles. moyenne dans les villages participant au Projet de L’effet global de l’amélioration des routes sur la développement rural (RDP), et de 38 % dans les villages consommation par habitant a été estimé à 11 % dans les participant au Projet d’amélioration et de maintenance deux zones couvertes par les projets. des routes et des marchés ruraux (RRMIMP). Cette étude montre clairement que les investis- L’amélioration des routes a également eu des effets sements dans les routes rurales permettent d’exploiter sensibles sur les salaires des ouvriers agricoles (qui ont le potentiel des zones rurales en matière de production augmenté de 27 % dans les villages participant au agricole. Des variations apparemment minimes du prix RDP), sur les prix des engrais (qui ont diminué des intrants et des produits se sont traduites par un d’environ 5 % dans les régions participant au RDP et au accroissement de l’offre assez considérable dans les RRMIMP), et sur les indices des prix agricoles (les prix zones couvertes par l’étude. Une grande part de cette ont augmenté d’environ 4 % dans les échantillons production supplémentaire a été écoulée sur le marché. des deux projets, tandis que la production a progressé Source : Khandker, Bakht et Koolwal 2006. groupes d’usagers. Par exemple, les mécanismes de marché. Il a fallu un certain temps pour se rendre compte recouvrement des coûts n’ont pas permis d’améliorer que cette transition ne déboucherait pas inévitablement sur l’exploitation et l’entretien car les recettes étaient versées au des marchés fonctionnant bien (et stimulant l’innovation trésor général. Malgré ces problèmes, les projets d’irrigation agricole) : une assistance de l’État, sous une forme ou une de la Banque mondiale affichent, en moyenne, une bonne autre, a souvent été nécessaire. Depuis quelques temps, les rentabilité, mais ils demandent une préparation et une pays s’emploient à établir sur des bases plus solides une supervision plus poussées que les autres du fait de leur nouvelle architecture pour les institutions des marchés complexité. agricoles et les dispositifs d’incitation associés, à promouvoir les activités commerciales privées, et à INSTITUTIONS ET INFRASTRUCTURES DE MARCHÉ. Les réorienter l’action publique vers la fourniture investissements dans les institutions et les infrastructures d’infrastructures physiques et réglementaires créant des de marché ont été très affectés par l’idéologie de la conditions favorables ; les bailleurs de fonds recommencent libéralisation des marchés qui a dominé les débats de par conséquent à investir dans les institutions de marché politique économique durant les décennies 80 et 90. Dans (Banque mondiale 2006). les années 60 et 70, beaucoup de gouvernements sont intervenus activement et directement sur les marchés agricoles, et les bailleurs de fonds ont réalisé d’importants PRINCIPAUX ÉLÉMENTS STRATÉGIQUES investissements directs dans des entreprises publiques, des coopératives contrôlées par l’État, et des offices de En dehors des politiques thématiques évoquées plus haut, commercialisation publics. Lorsque ces dispositifs d’autres politiques publiques, à caractère transversal, gouvernementaux sont tombés en disgrâce en raison de influencent les orientations prises par l’innovation agricole. leurs mauvaises performances, les donateurs se sont retirés. Il s’agit des actions menées par les autorités gouverne- Le passage à des systèmes axés sur le marché s’est fait mentales pour réduire la pauvreté et préserver l’environ- ensuite au prix de processus longs, difficiles, et parfois nement, favoriser la collaboration entre les secteurs public déstabilisants, de privatisation et de déréglementation du et privé, et renforcer le capital social plus généralement. 122 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Réduction de la pauvreté et préservation 5) l’allègement des procédures administratives préalables de l’environnement à l’introduction de nouveaux produits et technologies. L’impact des investissements réalisés dans l’innovation agricole a été mesuré principalement dans l’optique des Capital social améliorations de la productivité agricole (voir les nombreuses études sur les taux de rendement). Au fil du Le capital social (c’est-à-dire les institutions, les relations et temps toutefois, la préservation de l’environnement et la les normes qui définissent la qualité et la quantité des réduction de la pauvreté résultant de l’innovation agricole interactions sociales d’une société) est essentiel au renfor- sont devenus des objectifs tout aussi importants. Cette cement des différents facteurs susceptibles de stimuler évolution a des conséquences non seulement sur l’orien- l’innovation agricole. La gestion des périmètres d’irrigation, tation des investissements dans l’innovation agricole mais les groupes d’entraide dans le secteur de la microfinance, sur les investissements dans les facteurs favorisant l’inno- l’entretien des routes communales, la création de chaînes vation agricole. Une évaluation de l’impact sur l’environ- de valeur, sont quelques exemples de son rôle, souvent nement est réalisée systématiquement avant tout grand déterminant. projet d’investissement dans la plupart des pays. Mais l’impact d’une nouvelle technologie sur la réduction de la pauvreté est souvent difficile à évaluer au préalable. En ce NOUVELLES ORIENTATIONS, PRIORITÉS sens, l’innovation en soi est un instrument de réduction de ET IMPÉRATIFS POUR LES INVESTISSEMENTS la pauvreté relativement approximatif, contrairement à des facteurs tels que les investissements dans les infrastructures La section précédente était consacrée aux politiques rurales ou le crédit rural, qui peuvent être ciblés beaucoup publiques qui déterminent l’environnement dont va plus finement sur les pauvres. bénéficier l’innovation agricole, et qui vont du très générique au très spécifique. La présente section examine les investissements concrets qui vont stimuler l’innovation Collaboration public-privé agricole en créant un environnement effectivement porteur. Le modèle de l’économie de marché est aujourd’hui largement adopté dans le monde, et beaucoup d’États Investissements dans des politiques d’innovation évitent d’intervenir directement dans l’économie, et les structures de gouvernance associées préférant, quand cela est possible, laisser le secteur privé s’en charger. Lorsqu’une intervention des pouvoirs publics Une politique d’innovation nationale doit : est inévitable, les gouvernements délèguent ou sous- traitent l’exécution des opérations au secteur privé autant I fournir des lignes directrices aux acteurs et aux parties que possible. À titre d’exemple, pour amener des fonds prenantes au sein du système d’innovation national dans le secteur rural, l’approche privilégiée aujourd’hui concernant leurs rôles et leurs fonctions dans le système, est de faire appel à des banques commerciales (souvent en et fixer un cap (en d’autres termes, décrire ce qu’ils les subventionnant pour qu’elles accordent des crédits veulent accomplir ensemble) ; ruraux moins rentables) ou à des établissements de I dessiner un cadre général dans lequel doivent s’inscrire microfinance au lieu de créer des banques rurales d’État. les politiques ciblées sur un secteur — l’agriculture, la La construction des infrastructures rurales est sous-traitée santé, l’énergie, etc. — ou une technologie particulière au secteur privé, qui est de plus en plus sollicité pour gérer — les TIC, les biotechnologies, les nanotechnologies, etc. aussi leur exploitation et leur entretien. La politique nationale définit les priorités entre les Dans beaucoup de pays, l’un des principaux objectifs de secteurs et les technologies (ainsi que les ressources la politique d’innovation nationale est de créer des publiques qui leur sont allouées), tandis que les mécanismes incitatifs encourageant l’investissement privé politiques plus spécifiques définissent les priorités à dans l’innovation. Les autorités peuvent à cette fin utiliser l’intérieur d’un secteur ou d’une technologie donnée ; cinq instruments majeurs : 1) la législation sur les DPI ; I créer les meilleures conditions possibles pour l’inno- 2) les déductions fiscales et les subventions en faveur de la vation en investissant dans un ensemble de biens publics R-D ; 3) la législation antitrust (car un environnement indispensables à une économie du savoir innovante. Il est concurrentiel stimule l’innovation) ; 4) le capital-risque bon de commencer par réaliser une analyse fonctionnelle subventionné (soit directement, soit par des dispositifs de du système d’innovation national afin d’identifier les déductions fiscales) et les incubateurs d’entreprises ; et fonctions qui sont particulièrement faibles et qui MODULE 6 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 123 demandent une attention et des investissements supplé- santé animale, et de la vie et de la santé végétale, mentaires. En dehors des investissements plus y compris les risques environnementaux associés traditionnels dans la génération et l’échange de savoirs (regroupés sous l’expression « cadre de biosécurité »). scientifiques, d’autres investissements sont nécessaires Par exemple, l’établissement d’une législation appropriée pour permettre l’application des connaissances scienti- sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) et fiques et techniques dans toute l’économie. Même si cette des moyens nécessaires pour la faire appliquer constitue fonction relève davantage du secteur privé, l’État peut une condition préalable à la réglementation de leur stimuler l’innovation dans les entreprises par des adoption (ou de leur interdiction). Les signataires du dispositifs incitatifs encourageant l’innovation privée Protocole de Cartagena sur la prévention des risques (subventions, exonérations fiscales, et reconnaissance, biotechnologiques se sont engagés à mettre en place la par exemple) et par des mesures stimulant la création législation et les moyens d’application nécessaires5. d’entreprises à forte intensité de savoir (incubateurs Beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie n’ont pas encore d’entreprises, capital-risque, etc.) (module 5). adopté de législation en matière de biosécurité ni de régimes d’application. Il sera indispensable d’investir La politique de l’innovation étant un domaine très pour mettre en place les réglementations, créer des nouveau, les structures de gouvernance encadrant l’inno- structures de surveillance et former le personnel. La vation n’ont commencé à apparaître que très récemment NT 4 expose les tenants et les aboutissants de la dans la plupart des pays. Par « structures de gouvernance », réglementation en matière de biosécurité. on entend les systèmes et les pratiques que les autorités I Les règlements et normes techniques : la NT 5 est gouvernementales utilisent au sein de leurs systèmes consacrée à l’introduction et à la modernisation des d’innovation nationaux pour définir les priorités et les règlements et normes techniques relatives à la sécurité programmes d’action, concevoir les politiques et les mettre alimentaire, à la vie et la santé animale, à la vie et la santé en œuvre, et collecter des informations sur leur impact végétale, et aux attributs associés à la qualité. Au cours (OCDE 2005). des dernières décennies, le nombre de règlements et de Le choix de l’entité à qui confier la responsabilité de la normes techniques dans ces domaines a considéra- politique d’innovation est une question difficile. Un très blement augmenté. Cette évolution illustre l’intensifi- grand nombre de pays ont délégué cette tâche au ministère cation des échanges régionaux et mondiaux et la montée chargé de la science et de la technologie, tandis que d’autres des craintes relatives à la sécurité alimentaire et à la santé ont opté pour la création d’une entité de plus haut niveau animale et végétale, ainsi que le souci des consommateurs qui rassemble les ministères concernés afin de coordonner de limiter l’impact de la production agricole sur l’environ- la politique d’innovation nationale. Les NT 1 et 2 étudient nement. Elle traduit également l’arrivée d’innovations plus en détail les investissements dans les politiques d’inno- scientifiques et technologiques qui permettent de disposer vation et les structures de gouvernance associées. de méthodes de détection et d’analyse très sensibles, mais apportent aussi une meilleure connaissance de la qualité des produits agroalimentaires et des risques sanitaires Investissements dans les cadres politiques associés. Toutefois, ces nouvelles réglementations et et réglementaires touchant à l’innovation agricole normes techniques influencent aussi les orientations prises par l’innovation agricole. Ainsi, la sélection des Les plus importantes réformes de la réglementation actuel- plantes peut privilégier la mise au point de produits lement en cours qui ont une incidence sur l’innovation présentant un attribut de qualité donné (taille, couleur, agricole sont celles qui concernent les domaines suivants : saveur, etc.), tandis que l’interdiction de certains pesticides (due à des règlements plus sévères) orientera la I Les DPI : comme les DOV et les brevets, les marques de recherche vers d’autres moyens de lutte contre les fabrique, les marques de certification et les indications ravageurs et les maladies. géographiques sont des instruments de DPI qui, appliqués correctement, encouragent les investissements privés pour Les pays auront peut-être besoin d’aide durant un promouvoir la qualité et la spécificité des produits au-delà certain temps pour élaborer la législation nécessaire et des normes minimales. L’accord ADPIC impose aux pays évaluer les différentes solutions envisageables. Ils auront des exigences d’un niveau très élevé. Ces questions sont également besoin d’une assistance pour mettre en place et évoquées à la NT 3 et au DAI 3. renforcer les organismes de réglementation concernés et I La biosécurité : des cadres (comprenant des instruments investir dans les infrastructures afférentes aux normes. et des activités) qui analysent et gèrent les risques dans Les réformes réglementaires actuellement engagées les secteurs de la sécurité alimentaire, de la vie et de la devraient provoquer toutes sortes de changements, 124 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT notamment améliorer l’accès des produits agricoles aux I Les infrastructures rurales : le DAI 1 présente l’expé- marchés étrangers (car ils seront conformes à des normes rience de la Zambie, où des investissements dans SPS plus élevées), accroître les investissements privés dans l’amélioration des routes de desserte rurale ont permis la R-D agricole (du fait de la protection de la propriété d’améliorer l’innovation agricole, la valeur ajoutée et la intellectuelle), favoriser l’adoption de pratiques agricoles compétitivité. plus viables (grâce à l’introduction de normes environne- I Les institutions et les infrastructures de marché : il mentales effectivement appliquées), et développer l’utili- existe une synergie forte entre le développement des sation de cultures génétiquement modifiées (car il existera marchés et l’innovation agricole, dans la mesure où les une législation sur la biosécurité, avec les moyens deux processus reposent sur des chaînes de valeur et font nécessaires pour la faire appliquer). ressortir l’importance des marchés et des institutions de marché. Les investissements possibles dans le dévelop- pement des marchés comprennent les infrastructures de Investissements ruraux parallèles marché (points de distribution ou de collecte, instal- lations de stockage, salles de marché et de vente aux La notion de systèmes imprègne de plus en plus la enchères, etc.), les institutions de marché (interpro- conception du développement économique, et le dévelop- fessions, systèmes d’information, etc.) et la capacité à pement agricole n’échappe pas à cette règle. Les critiques explorer et développer de nouveaux marchés. formulées à l’encontre des investissements agricoles passés portaient le plus souvent sur le fait qu’il s’agissait souvent d’interventions relativement indépendantes, ne créant SUIVI ET ÉVALUATION D’UN ENVIRONNEMENT aucune synergie. La Banque mondiale a maintenant adopté PORTEUR POUR L’INNOVATION AGRICOLE une démarche consistant à élaborer des projets de dévelop- pement agricole plus vastes et plus généraux, et aussi de Comment suivre et évaluer la manière dont un pays plus longue durée. Ce module décrit des exemples des trois progresse dans la création d’un environnement porteur types d’investissements ruraux qui présentent des synergies pour l’innovation agricole ? Cette section présente au fortes avec les investissements dans l’innovation agricole : tableau 6.1 des indicateurs correspondant aux différents facteurs favorisant l’innovation agricole qui sont décrits I Les systèmes de financement rural : pour que le manque dans ce module. Les indicateurs permettent de suivre les de crédit abordable ne soit plus un obstacle à l’inno- progrès dans le temps et d’établir des comparaisons avec vation agricole, il est préférable de ne pas traiter le d’autres pays, ce qui permet d’avoir une idée de la situation problème du crédit isolément mais d’envisager les relative d’un pays sur le plan de la création d’un environ- services financiers de manière plus globale, en prenant nement porteur. La liste d’indicateurs est purement en compte le crédit, l’épargne, les transferts d’argent, le indicative mais constitue un bon point de départ. D’autres crédit-bail et les assurances. Les initiatives de facteurs et indicateurs pourront être ajoutés par la suite, microfinance peuvent constituer une étape intermédiaire et certains ne pourront pas nécessairement être systémati- importante vers un système financier rural plus mature. quement utilisés en l’absence de statistiques fiables sur Le DAI 4 donne un exemple original de microfinance le sujet. dans l’Andhra Pradesh. Tableau 6.1 Facteurs et indicateurs d’un environnement porteur Domaine Facteur Indicateur(s) Politiques macro- Stabilité politique et • Indice d’instabilité politique (The Economist) ou consulter www.countryrisk.com qui économiques’ socioéconomique propose différents indices de stabilité Politiques macroéconomiques • Taxation nette de l’agriculture favorables • Écart entre le taux de change officiel et celui du marché • Impact des accords commerciaux sur le secteur agricole Augmentation des investissements • Pourcentage des dépenses agricoles dans le total du budget de l’État publics dans l’agriculture • Pourcentage des biens publics dans les dépenses agricoles (suite du tableau page suivante) MODULE 6 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 125 Tableau 6.1 Facteurs et indicateurs d’un environnement porteur (suite) Domaine Facteur Indicateur(s) Éducation Enseignement général • Taux d’alphabétisation (urbain/rural) • Scolarisation en primaire (urbain/rural) • Scolarisation dans le secondaire (urbain/rural) • Scolarisation dans le supérieur (urbain/rural) • Scores obtenus au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) Enseignement agricole • Scolarisation dans les établissements secondaires agricoles • Fréquentation des programmes de formation agricole en cours d’emploi (stages pratiques, cours de vulgarisation, etc.) Enseignement supérieur agricole • Nombre de diplômés de l’enseignement supérieur agricole Politique d’innovation Une politique nationale • Existence d’une politique de l’innovation et gouvernance d’innovation complète en place • Existence et utilisation d’instruments d’innovation Une structure de gouvernance • Existence d’un organe directeur au niveau gouvernemental (le plus élevé) pour de l’innovation en place la science, la technologie et l’innovation (STI) • Participation des principales parties prenantes du système STI dans l’organe directeur (composition de l’organe directeur) • Existence d’une stratégie nationale (priorités) en matière de STI • Principales activités engagées pour mettre en œuvre la stratégie nationale • Intensité des interactions verticales et horizontales au sein du système STI • Participation et engagement du secteur privé dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique publique Capacité générale d’innovation • Indices composites d’innovation tels que l’indice de l’économie du savoir de la montrée par un pays Banque mondiale, l’indice de capacité d’innovation de la CNUCED, ou l’indicateur de développement technologique du PNUDa Réformes Législation et dispositif • État de la législation sur les DPI (brevets, DOV, marques de fabrique, marques de réglementaires réglementaire sur les DPI certification, indications géographiques) en place et fonctionnant effectivement • Capacité du système d’enregistrement des DPI (ex. : durée moyenne de la procédure d’enregistrement) • Capacité du système judiciaire à régler les différends relatifs aux DPI • Statistiques sur les brevets (nombre de nouveaux brevets déposés, répartis entre nationaux et étrangers) • Statistiques sur les DOV (nombre de nouvelles obtentions enregistrées, réparties entre nationaux et étrangers) • Utilisation des marques de certification et des indications géographiques Législation et dispositif • Législation sur la biosécurité en place réglementaire sur la biosécurité • Dispositif réglementaire sur la biosécurité opérationnel en place et fonctionnant • Autorisation des essais d’OGM à des fins de recherche effectivement • Introduction de cultures génétiquement modifiées Cadres politique et réglementaire • Modernisation des cadres législatif et réglementaire et capacités de gestion de la • Institutions fonctionnant dans le cadre de mandats clairs santé agricole, de la sécurité • Mécanismes opérationnels en place pour la coordination et la collaboration entre alimentaire et des risques les entités assurant des fonctions SPS et en rapport avec la qualité (y compris les environnementaux associés acteurs privés) en place et fonctionnant • Classement par ordre de priorité des investissements et des plans à court, moyen effectivement et long termes nécessaires pour répondre aux besoins de renforcement des capacités (par exemple sur le plan des compétences, des infrastructures physiques, des structures institutionnelles et des procédures) • Incitations en place à destination du secteur privé • Définition et promotion d’un ensemble de pratiques agricoles viables (suite du tableau page suivante) 126 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT Tableau 6.1 Facteurs et indicateurs d’un environnement porteur (suite) Domaine Facteur Indicateur(s) Investissements Système financier rural • Crédit intérieur fourni par le secteur bancaire en pourcentage du PIB ruraux parallèles fonctionnant bien • Crédit agricole en pourcentage du crédit intérieur total Bonnes infrastructures rurales • Densité de routes au kilomètre carré • Pourcentage des terres agricoles sous irrigation Marchés agricoles fonctionnant bien • Pourcentage de la production agricole vendue sur le marché • Part des exportations dans la production agricole totale • Existence et puissance des interprofessions Source : Auteur. (a) CNUCED = Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement ; PNUD = Programme des Nations Unies pour le développement. NOTES commerce (STDF), Organisation mondiale de la santé animale (OIE), et Convention internationale pour la 1. Sur les 145 pays ayant fourni des données pour les années protection des végétaux (CIPV). 1999/2000 et 2000/01, environ un tiers ont indiqué que plus 3. Union internationale pour la protection des obtentions de 95 % des élèves de l’enseignement secondaire étaient végétales, créée en 1961. scolarisés dans des filières générales et moins de 5 % dans 4. L’ADPIC est l’Accord relatif aux aspects des droits de des filières professionnelles ou techniques. Dans la plupart propriété intellectuelle qui touchent au commerce, signé des pays européens, les taux de scolarisation dans les filières en 1994 dans le cadre du Cycle de l’Uruguay de l’Accord professionnelles ou techniques du secondaire étaient général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). compris entre 20 et 40 %. L’ADPIC oblige tous les membres de l’Organisation 2. DPI : Organisation mondiale du commerce (OMC) et mondiale du commerce (OMC) à avoir une législation en Organisation mondiale de la propriété intellectuelle place sur les DPI, sous une forme ou une autre. Les pays (OMPI) ; DOV : Union internationale pour la protection à faible revenu ont un délai étendu pour honorer cette des obtentions végétales (UPOV) ; biosécurité : Fonds pour obligation, mais ils doivent, à terme, y parvenir. l’environnement mondial (FEM) ; et normes SPS : Fonds 5. Le Protocole de Cartagena, qui fait partie intégrante de la pour l’application des normes et le développement du Convention sur la diversité biologique, a été signé en 2000. MODULE 6 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 127 1 MODULE 7 Analyse, établissement Coordination des priorités, and Collective Action for suivi et évaluation Agricultural des systèmes Innovation d’innovation agricole OR P ES VÉ RE VN W ION GÉNÉRALE TAT IE Helen Hambly Odame, University of Guelph Andy Hall, LINK Ltd. Kumuda Dorai, LINK Ltd. RÉSUMÉ ANALYTIQUE stratégies, il est possible de procéder à des analyses comparatives internationales et intersectorielles (notam- L es investissements dans les activités d’analyse, ment à des fins de référence) et de les utiliser dans le cadre d’établissement des priorités, de suivi et d’évaluation du dialogue sur l’action à mener tenu avec de multiples menées dans le cadre d’un système d’innovation se parties prenantes, conjointement à des études prospectives, justifient par le fait que les praticiens ont besoin d’infor- pour fournir des informations sur les futures questions de mations pour prendre des décisions à court et à long terme développement ou sur les sous-secteurs. Au niveau des et pour gérer des ressources limitées de manière efficace organisations, les méthodes qui peuvent être utilisées sont, dans le cadre des processus complexes et non linéaires notamment, les évaluations de la performance pluri- de transformations techniques et institutionnelles qui institutionnelle et organisationnelle fondées sur des doivent permettre d’atteindre différents objectifs sociaux, enquêtes sur l’innovation et la cartographie des réseaux. économiques et environnementaux. Il est rare de pouvoir Au niveau d’interventions ou de programmes particuliers, gérer le changement en suivant un plan préétabli. En fait, les instruments d’évaluation contribuant à renforcer la des informations sur les adaptations techniques (ce qui est participation des utilisateurs finals et des agriculteurs fait) ainsi que les adaptations institutionnelles (les modifi- participant aux chaînes de valeur sont, entre autres, cations stratégiques et organisationnelles) qui concernent la l’analyse sexospécifique et l’appui à des réseaux auto- manière dont cela est fait doivent être systématiquement organisés. D’autres méthodes encore peuvent utilement réunies, partagées, analysées et utilisées pour assurer contribuer, à tous les niveaux du système d’innovation, une prise de décisions fondées à de multiples niveaux à assurer une gestion efficace des résultats, parallèlement du système. à l’adoption de systèmes de présentation de l’information Ce module examine les processus suivis pour établir les qui favorisent la responsabilisation. bases de la prise de décisions et gérer les innovations à quatre grands niveaux du système d’innovation agricole : les stratégies, les investissements, les organisations et les JUSTIFICATIONS interventions. Il recense les méthodes pertinentes à chaque niveau pour analyser, établir les priorités, suivre et évaluer Dans les systèmes d’innovation, les activités de gestion les processus d’innovation. Par exemple, au niveau des dépendent de tâches à forte intensité d’information, telles 129 Encadré 7.1 Principaux termes et expressions utilisés dans ce module Responsabilisation. Système de gestion transparent exemple, au moyen d’indicateurs établis sur la base de assurant une participation et des communications données quantitatives ou qualitatives) par rapport à la ouvertes ainsi que la présentation d’informations sur mission, aux stratégies, aux objectifs et aux besoins les résultats obtenus et les intrants utilisés pour obtenir des clients. ces derniers. Théorie du changement ou logique d’intervention. Analyse. Procédure suivie à l’appui de la prise de Hypothèses fondamentales d’une intervention, qui décisions d’innovation dans le but de déterminer définissent les relations entre les intrants de l’inter- pourquoi l’investissement est nécessaire pour trans- vention et les réalisations escomptées. former des modes de production et de consommation. Suivi. Traçage des progrès accomplis pour L’analyse a également pour fonction d’accroître la promouvoir une évolution de l’environnement rapidité de la fonction de recherche au sein des systèmes stratégique et institutionnel ; processus interne d’une d'innovation (par exemple pour trouver de nouvelles intervention et fondé sur l'apprentissage. trajectoires, plus durables et plus équitables aux fins de Évaluation. Opération réalisée pour le compte de la création de valeur dans le domaine agricole). l’investisseur afin de déterminer l’efficacité de la Prise de décision. La prise de décisions n’est pas conception et de l’exécution de l'intervention appuyée centralisée mais s’effectue dans l’ensemble du système. par l’investisseur en question, ainsi que les impacts L’apprentissage interactif, qui ne se limite pas à une observés. L’évaluation a également pour objet de fournir seule ligne de recherche ou source d’informations, des informations sur la logique d'intervention de enrichit la prise de décisions ; dans ce cadre, les nouveaux investissements. individus et les groupes doivent être prêts à adopter des Rassemblement d’informations. Collecte, communi- modes de réflexion différents et imaginatifs et être cation, analyse et présentation de données quantitatives réceptifs à de nouvelles idées et orientations adaptées et qualitatives par différentes parties prenantes, afin de : au contexte. déterminer les priorités, les capacités et les résultats ; Priorités. Domaines dans lesquels des ressources d’examiner les composantes du système telles que les internes et externes seront affectées dans le but de institutions, les partenariats et les interventions ; ou remédier à des problèmes ou de saisir des opportunités. de recenser les ressources du système (humaines, Performance. Résultats sous forme de productivité financières, physiques et autres). (produits), de réalisations et d’impacts mesurés (par Source : Auteurs. que l’analyse, le suivi et l’évaluation, qui sont essentielles à responsabilisation au sein du SIA apprennent comment la poursuite de l’apprentissage, à l’obtention de résultats obtenir et utiliser ces informations. et à la responsabilisation (encadré 7.1). Les décideurs, et Les tâches telles que l’analyse, l’établissement des notamment les investisseurs, les gestionnaires des services priorités, le suivi et l’évaluation, seront poursuivies de publics, les entrepreneurs, les chercheurs et les producteurs manière générale dans tout le système par une large gamme primaires, comprennent aisément la nécessité de recenser de parties prenantes. Par exemple, les bailleurs de fonds et les les informations techniques pouvant servir à créer de responsables communautaires peuvent souhaiter évaluer nouveaux produits et services. Il est tout aussi essentiel de les réalisations sociales et économiques permises par les disposer d’informations sur les adaptations institution- innovations agricoles antérieures. Les chercheurs et les nelles (changements organisationnels et stratégiques) qui planificateurs du secteur public établissent des données, sont en cours ou dont le système d’innovation doit faire analysent les évolutions et les priorités futures et suivent les l’objet avant qu’il ne soit possible de procéder à des trajectoires des indicateurs des changements au sein du innovations techniques — mais celles-ci sont beaucoup système. Les entrepreneurs peuvent surveiller l’évolution du plus difficiles à obtenir, à analyser et à communiquer. Aussi rendement des investissements dans les projets en cours faut-il que les individus et les organisations soucieux de tandis que les agriculteurs peuvent analyser les chaînes de gérer les résultats et de promouvoir l’apprentissage et la valeur qui présentent un intérêt particulier pour eux en tant 130 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT que producteurs. Des efforts sont également déployés dans recherchés. Les activités de prise de décisions et de le but d’établir des liens entre toutes les catégories de gestion mettent l’accent, notamment, sur le suivi de décideurs du système pour leur permettre d’obtenir les l’efficacité des actions menées pour atteindre les informations et les données dont ils ont tous besoin sur le objectifs des interventions, comprendre le contexte contexte dans lequel ils opèrent. Aucun organisme ou type dynamique dans lequel les interventions sont d’organisation ne peut fournir, à lui seul, les connaissances poursuivies et les opérations de planification correspon- nécessaires pour fonder les stratégies, définir les priorités ou dantes sont menées, et déterminer les raisons des formuler des projets d’intervention. Les activités de suivi résultats inattendus. peuvent faciliter l’apport d’ajustement à mi-parcours, tandis que les évaluations réalisées aux étapes ultimes des L’approche du « comment » suivie pour déterminer les interventions permettent de procéder à un examen priorités dans le domaine de l’innovation et évaluer les approfondi des réalisations et des impacts qui produira des performances, qui est décrite dans ce module, comprend informations pouvant être utilisées pour fonder les futures des tâches bien connues des décideurs et des gestionnaires décisions d’investissements et les négociations entre les dans le domaine des sciences, de la technologie et de l’inno- parties prenantes. vation, telles que la planification stratégique et l’analyse Les responsabilités concernant la prise de décisions prospective, l’évaluation de la performance organisa- d’innovation et leur gestion sont actuellement réparties entre tionnelle, le suivi, l’évaluation et l’analyse des impacts. différents intervenants opérant à différents niveaux du Ces processus et outils de gestion familiers sont toutefois système d’innovation. Il est important de comprendre que adaptés aux nouvelles exigences d’un système d’innovation chacun de ces niveaux nécessite des investissements différents auquel participent plusieurs catégories de parties prenantes, et que, s’il est encore possible de coordonner les actions et ils sont complétés par un système d’apprentissage menées, il est rare qu’un seul organe centralisé assume interactif conçu pour recueillir des informations sur les l’entière responsabilité de l’analyse, de l’établissement des aspects institutionnels des processus et des capacités priorités, du suivi et de l’évaluation au sein du SIA. Ces d’innovation. Des exemples d’outils adaptés et de nouveaux niveaux, qui facilitent l’organisation de l’examen présenté outils sont examinés tout au long de ce module. dans le reste de cette synthèse, sont notamment les suivants : I Niveau des stratégies. À ce niveau, les intervenants ont HISTORIQUE pour mission de créer un environnement porteur pour l’innovation (voir le module 6). Les activités de prise de Les systèmes de R-D agricole antérieurs mettaient généra- décisions et de gestion mettent l’accent sur la cohérence lement l’accent sur la collecte d’informations sur les entre les secteurs, la formulation de scénarios et l’établis- intrants et les produits des processus de recherche agricole, sement de références pour les capacités d’innovation. l’établissement des priorités concernant l’investissement I Niveaux des investissements. À ce niveau, les de ces intrants, l’énumération des produits obtenus et la intervenants ont pour mission de concevoir des collecte d’informations sur les réalisations émanant des interventions et d’établir leur ordre de priorité à l’appui travaux de recherche combinant généralement différents de l’innovation. Les activités de prise de décisions et produits, par exemple pour améliorer les rendements d’une de gestion mettent l’accent sur l’évaluation de la denrée agricole importante et avoir un impact économique performance des investissements et la vérification des et social de plus grande envergure. Les investissements hypothèses de base de manière à pouvoir fournir des consacrés à l’obtention d’informations sur les intrants et les précisions sur les « raisons d’être » des nouveaux produits permettaient de valider l’adoption de techno- investissements. logies, d’examiner les surplus économiques générés par la I Niveau des organisations. À ce niveau, les intervenants recherche, de calculer les taux de rentabilité et aussi de ont pour mission d’assurer la pertinence du système produire des informations de base pour les études d’innovation dans son ensemble. Les activités de prise de économiques de la contribution de la recherche aux décisions et de gestion mettent l’accent sur l’évaluation impacts observés (Pardey, Alston, et Ruttan 2010). de la performance organisationnelle et la compré- Antérieurement, l’innovation était axée sur un modèle hension de l’évolution du paysage des autres organi- linéaire de « stimulation par la technologie », qui sations et réseaux des systèmes d’innovation. privilégiait dans une très large mesure la R-D ; dans ce I Niveaux des interventions. À ce niveau, les intervenants modèle la prise de décisions et les activités de gestion ont pour mission de gérer et d’exécuter les processus étaient essentiellement régies par des organismes d’innovation et d’organiser les ressources nécessaires centralisés. Les pouvoirs publics prenaient pour l’essentiel pour atteindre les objectifs sociaux et économiques les décisions concernant le développement agricole — sous MODULE 7 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 131 Tableau 7.1 Instruments traditionnels de formulation des politiques et de planification dans le domaine agricole Instrument Description et horizon Avantages Inconvénients et difficultés Planification Définition des nouvelles orientations et Trace une voie qui permet d’aligner Les besoins opérationnels peuvent stratégique objectifs opérationnels (4-8 ans) ; accent l’organisation sur les besoins du compromettre la planification mis sur l’efficacité et la pertinence. contexte. stratégique. Planification Définition des investissements et des Détermine les principales activités Possibilités limitées de redéfinir directrice activités à long terme (10 ans). systémiques et organisationnelles l’organisation en fonction de l’évolution concernant les investissements de l’environnement. financiers. Planification des Poursuite d’actions prioritaires axées Analyse systématiquement les obstacles Les investisseurs peuvent imposer de programmes sur l’élimination des obstacles (3-5 ans). et détermine les priorités avant l’analyse nouvelles priorités dans le cadre des des besoins en ressources et la programmes en vigueur, ce qui conception des projets ; pertinente complique la réalisation des objectifs pour la demande de financements et les initiaux du programme. négociations avec les investisseurs. Planification des Définition d’une série efficace et Détermine et prépare un plan intégré L’absence de ressources nécessaires fait projets suffisante d’activités pour surmonter dans le but de résoudre un « problème ». obstacle à la planification, au suivi et à un « problème » (1-3 ans). Cette intégration permet de concrétiser l’évaluation du projet. Les propositions une idée de projet en proposition et peuvent avoir des dates-butoirs d’inclure les opérations de suivi et immuables. d’évaluation dans la planification. Planification Formulation des meilleures options Détermine les options les plus efficaces Les idées de recherche naissent et d’expériences pour obtenir des éclaircissements et les plus rationnelles, sous la forme deviennent des propositions souvent dans un domaine scientifique (1 an de projets de recherche, aux fins de pour répondre aux souhaits des maximum). l’obtention de résultats dans le cadre investisseurs ou aux besoins des parties des travaux de recherche. prenantes sans qu’une attention suffisante soit portée aux questions d’équité et de justice au sein de l’organisation. Planification Allocation des ressources financières Formule des stratégies et des budgets Il est nécessaire d’établir un lien avec financière disponibles en fonction des besoins annuels pour recenser et établir le suivi et l’évaluation des projets pour (variable). d’autres sources de financement pour faire face aux problèmes associés les activités fondamentales et les aux activités donnant des résultats opérations d’une organisation. insuffisants et réaffecter les ressources dans le cadre des programmes. Ressources Gestion et valorisation efficaces des Analyse les besoins du renforcement Il est nécessaire d’établir un lien avec le humaines ressources humaines (variable). des capacités et prépare l’amélioration suivi et l’évaluation des projets pour et plans de des connaissances, des attitudes et des faire face aux problèmes associés aux formation compétences des membres de personnels affichant des prestations l’organisation. insuffisantes, réorienter les efforts de formation et redistribuer les ressources humaines entre les programmes. Établissement Étape ultime de la planification, qui Détermine les investissements de La mise en œuvre peut ne pas des priorités donne lieu à la définition du portefeuille manière rationnelle en fonction du correspondre aux priorités convenues. d’investissements compatible avec les volume limité des ressources, des Les priorités définies sans l’appui objectifs de développement et la pressions extérieures en faveur de explicite des principales parties politique nationale, la mission de la transparence et de la volonté de prenantes et des agents des l’organisation et les objectifs du répondre aux besoins des clients. programmes peuvent être source de programme. conflits au sein de l’organisation. Source : Auteurs ; Gijsbers et al. 2000 ; Alston et al. 1995. 132 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT forme de politiques publiques — pour orienter les investis- PRINCIPAUX ÉLÉMENTS STRATÉGIQUES sements vers les domaines prioritaires (souvent des programmes de recherche axée sur un produit). Avant Aux fins de la formulation des politiques, de l’établissement l’adoption d’un mode de réflexion en termes de SIA, les des priorités et de la gestion des résultats au sein du SIA, il politiques et les outils de planification débouchaient est essentiel d’allouer des ressources suffisantes à la collecte souvent sur des programmes et des projets de R-D opérant et à l’évaluation des informations. Ce sont ces activités qui avec des ressources déterminées suivant des calendriers permettront de déterminer les opportunités qui ont un établis (tableau 7.1). Ce modèle de planification publique impact sur le SIA (y compris dans le domaine non agricole) centralisée de la R-D permettait toutefois difficilement de et les stratégies qui doivent être adoptées pour accroître s’adapter à l’évolution systématique des chaînes de valeur l’utilité, pour les différentes parties prenantes et pour le SIA tirées par la demande, dans le cadre desquelles la prise de dans son ensemble, des connaissances acquises dans le décisions et les activités de gestion étaient décentralisées. cadre d’interventions aussi bien très localisées que de vaste Les entrepreneurs et les producteurs primaires sont envergure. devenus des intervenants fondamentaux du processus d’évaluation des politiques en vigueur et de la gestion des performances au sein du système. Il s’ensuit que les Un contexte financier porteur, qui valorise l’analyse, systèmes d’innovation agricole sont de plus en plus l’établissement des priorités, le suivi et l’évaluation difficiles à concevoir, à planifier et à mettre en œuvre en au sein du SIA et assure l’accès à l’information l’absence de mécanismes permettant de procéder à de rapides ajustements lorsque des faits porteurs de transfor- Dans les institutions publiques, les financements des mations surviennent, tels que l’obtention de nouvelles activités de gestion des formations, des connaissances et de informations fondamentales, une modification l’apprentissage sont souvent inscrits dans les budgets déjà considérable des ressources disponibles ou la présentation serrés établis pour financer la R-D et l’innovation (Hall et de demandes émanant de nouvelles ou de différentes Learner 2010). L’affectation de fonds suffisants à la gestion parties prenantes. de l’information doit aussi permettre d’avoir accès à des Si les aspects fondamentaux de la prise de décisions et de informations plus nombreuses et de meilleure qualité. Par la planification n’ont pas totalement disparu du SIA, les exemple, les données sur la production dans les pays en relations de cause à effet et le contrôle des cycles de planifi- développement sont notoirement peu fiables et les données cation et de formulation des politiques sont quelque peu sur les stocks alimentaires dans le monde entier sont remis en question par suite de la nécessité de s’adapter à des extrêmement confidentielles. La publication des résultats conditions incertaines et de la complexité des processus des travaux de recherche ou de données sur le marché telles (Edquist 1997). Dans le cadre d’un SIA, les décideurs que les prix et les conditions en vigueur, qui peuvent être doivent procéder de manière stratégique et non plus se largement diffusées grâce à une large gamme de stratégies contenter de financer et de concrétiser par des opérations de communication et de médias, peut faciliter l’accès à les plans établis, puis de les suivre et de les évaluer. Au lieu des informations qui seraient, sinon très limitées ou de déterminer une série ultime de priorités, la planification extrêmement difficiles et complexes à analyser. Les devient un processus itératif qui systématiquement informations auxquelles ont accès une catégorie de parties identifie, établit puis ré-établit l’ordre des priorités en prenantes particulière peuvent ne pas nécessairement être fonction de l’évolution rapide du contexte. Dans le SIA, le utiles à d’autres, de sorte qu’il importe également de concept traditionnel du plan d’action assorti d’objectifs consacrer des ressources à l’évaluation des besoins déterminés et suivant un calendrier doit être abandonné d’information des différents utilisateurs. parce qu’il faut anticiper l’acquisition de nouvelles Il est également bon que le secteur public joue un rôle informations et de connaissances produites dans le cadre majeur dans le cadre de la mobilisation de l’information des interactions entre les parties prenantes, des opérations aux fins de la conception des politiques, de l’établissement de suivi et, en fin de compte, de l’évaluation des résultats. des priorités et de la gestion des résultats au sein du SIA, et Le dépassement des méthodes antérieures de prise de qu’il diffuse cette information aussi largement que possible. décisions et de planification agricoles est particulièrement Les organismes civils, notamment les universités, les manifeste au niveau du suivi et de l’évaluation qui sont instituts de recherche et les ministères publics peuvent maintenant considérés, dans le SIA, comme des tâches collecter, analyser et communiquer des données sur le SIA, différentes assorties de responsabilités, d’outils et de et les partager non seulement avec leurs propres réseaux calendriers également différents (NT 4 et 5). mais aussi avec des associations professionnelles ou de MODULE 7 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 133 producteurs, des agences d’information, des groupes du Participation des utilisateurs finals et élargissement secteur privé et d’autres encore. La poursuite d’analyses de l’emploi des informations collectées prospectives et la planification de scénarios sont des au niveau local exemples de ce type d’initiative (NT 3). Les pouvoirs publics peuvent en outre encourager la participation du Dans un SIA, il est possible de prendre en compte les secteur privé, en tenant dûment compte des droits de perspectives des utilisateurs ultimes des innovations dans le propriété qui peuvent être associés aux informations cadre de processus tels que l’examen et l’établissement des partagées par les entreprises. Les efforts déployés pour priorités en soumettant l’analyse du système aux effets de la diffuser l’information aussi largement que possible ont collaboration, des comportements et des perceptions des débouché sur d’importantes innovations techniques et changements de ces utilisateurs. Les données de référence institutionnelles (le module 5 examine les incitations et les sur les utilisateurs ultimes, et notamment les agriculteurs, ressources requises pour la constitution de partenariats revêtent une importance cruciale pour la détermination des novateurs et le développement des entreprises ; le module 6 indicateurs des réalisations et des impacts à venir. Les concerne la gestion de la propriété intellectuelle ; le méthodes participatives d’analyse des problèmes, comme la module 1 traite de la coordination et de l’action collective technique du changement le plus significatif (NT 4) ou les des parties prenantes du SIA). exercices de cartographie (DAI 2), permettent de compléter les informations de référence et de présenter aux utilisateurs des évaluations de leur propre situation et des Informations sur les opportunités agricoles interventions antérieures. La collecte et le partage de ces et non agricoles informations permettent à toutes les parties prenantes de prendre des décisions mieux fondées en recensant des Bien que la formulation des politiques, l’établissement des données et des tendances fondamentales. priorités et la gestion des performances au sein d’un SIA L’analyse des innovations techniques et institutionnelles dépendent de la disponibilité d’informations sur les effectuée au niveau de l’utilisateur final ou à l’échelon local interventions qui concernent directement l’agriculture n’en demeure pas moins souvent difficile à intégrer à (comme les interventions qui ont pour effet d’accroître la d’autres analyses réalisées à d’autres périodes, en d’autres productivité agricole), les informations sur la productivité sites et à d’autres fins. Il faut, pour cela, employer des dans des secteurs non agricoles cruciaux et les relations avec instruments génériques d’analyse, d’établissement des les nouveaux marchés des produits sont également priorités, de suivi et d’évaluation des processus d’innovation pertinentes et doivent également faire l’objet des efforts de choisis avec soin et adaptés autant que possible aux collecte de données dans le cadre du SIA. La politique contextes sociaux, culturels, politiques, économiques et d’innovation (voir la NT 1 du module 6) doit généralement environnementaux considérés (voir les exemples de l’Inde établir un lien entre les stratégies économiques agricoles et dans le DAI 4 et du Chili dans le DAI 5). Il n’est, de même, non agricoles pour les ménages pauvres en ressources — pas toujours facile d’élargir la portée des efforts de planifi- par exemple en appuyant un processus d’intensification cation et les résultats des activités de suivi et d’évaluation agricole durable tout en développant les industries des innovations locales pour établir les priorités les manufacturières et les services de manière à accroître politiques nationales. Il est peu probable que les activités de l’emploi non agricole. formulation de politiques et d’établissement des priorités Pour parvenir à un équilibre entre des priorités qui portent leurs fruits si l’ensemble complexe des différentes peuvent être en concurrence à l’échelle du système d’inno- circonstances et décisions prises par les parties prenantes vation, il importe de poursuivre des tâches à forte intensité n’est pas pris en compte. Il est possible de poursuivre des d’information comme l’établissement de références. Le stratégies d’évaluation consistant, non pas à recueillir et à recensement des infrastructures polyvalentes ou des comparer les informations concernant toutes les capacités de poursuite de tâches multiples utiles à l’agri- interventions de portée locale, mais à comparer certains cas culture et transférables au secteur non agricole permettra d’adaptation et d’innovation à l’échelon local donnant lieu d’élargir la gamme des options dans le système d’inno- de préférence à l’établissement de références régionales vation. Un exemple d’infrastructure polyvalente est l’infra- ou internationales (voir la NT 1). L’essentiel est que les structure rurale des technologies d’information et de pratiques de l’utilisateur final ou les processus d’innovation communication, qui peuvent améliorer la circulation locaux ne donnent pas lieu à des généralisations trop vastes d’informations agricoles à l’intérieur des organisations et et que toutes les parties prenantes collaborent activement, au entre celles-ci, en plus des multiples autres fonctions sein du SIA, à l’analyse, à l’établissement des priorités, au qu’elles remplissent (se reporter à Banque mondiale 2011 suivi et à l’évaluation de manière à assurer l’apprentissage, pour un aperçu général de cette question). la gestion des résultats et la responsabilisation. 134 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT NOUVELLES ORIENTATIONS, cadre des interventions du système d’innovation. Les PRIORITÉS ET CONDITIONS investisseurs internationaux peuvent également utiliser les données de référence pour effectuer des Les systèmes d’innovation mettent en place de nouveaux comparaisons internationales, suivre les progrès au processus de gestion qui remettent en cause les hypothèses niveau macro et orienter vers certains sous-secteurs, et théories d’action fondamentales afin de réexaminer la secteurs et pays, les investissements dans le renforcement viabilité de systèmes qui ne sont peut-être plus efficaces et des capacités ou d’autres investissements subordonnés à pertinents par suite de l’évolution des conditions en l’existence de certains niveaux de capacité. Il importe vigueur. Les gestionnaires des systèmes d’innovation toutefois, à cet égard, de s’attaquer aux problèmes doivent désormais avoir les compétences nécessaires pour méthodologiques posés par la mesure et la comparaison faire face au changement et ne pas se contenter de des capacités systémiques et de celles qui sont particu- poursuivre des tâches administratives dans un contexte en lières au contexte. (Voir les NT 1 et 4 de ce module et la évolution. L’accent est donc mis, par exemple, sur la NT 1 du module 6.) définition de stratégies et scénarios différents pouvant avoir I Niveau des programmes d’investissement : analyse un impact ou créer des opportunités d’innovation prospective. Un investissement implique l’engagement technique et institutionnelle. Ces méthodes visent à d’appuyer un programme d’activités dans le but redéfinir les missions organisationnelles tout en assurant d’obtenir un résultat particulier. Les projections des une participation et des communications ouvertes sur les investissements qui seront nécessaires pour le système résultats obtenus au moyen des intrants antérieurement d’innovation bénéficieront de l’emploi d’instruments de utilisés. À long terme, les systèmes d’innovation hautement diagnostic collaboratifs tel que l’analyse prospective. Les performants mettent en place des processus de gestion processus prospectifs facilitent la participation et internes qui définissent les objectifs et les indicateurs de l’apprentissage des parties prenantes et peuvent ainsi réalisation et permettent d’obtenir et de communiquer des déboucher sur des changements techniques et institu- résultats compte dûment tenu des ressources disponibles. tionnels. La prospective donne lieu à l’examen Contrairement aux situations antérieures, en particulier systématique de l’évolution à long terme des sciences, dans le domaine de la R-D agricole, lorsque les activités des technologies et des institutions dans des contextes d’établissement des priorités et les instruments de planifi- économiques, politiques et sociaux dynamiques dans le cation (et les activités de suivi-évaluation que ces derniers but de recenser les stratégies qui généreront le plus exigent) étaient, pour l’essentiel, des exercices incontour- d’avantages. (Voir la NT 3 et les DAI 4 et 5.) nables et souvent statiques, les tâches de gestion dans le I Niveau des organisations : évaluation institutionnelle. cadre du système d’innovation ne sont ni efficaces ni Les investissements dans un SIA anticipent la génération pertinentes tant qu’elles ne sont pas replacées dans un d’innovations techniques ainsi que l’apport de modifi- processus dynamique. cations institutionnelles au niveau de l’application des Les notes thématiques et les descriptifs d’activités politiques et des programmes et de l’exécution des innovantes de ce module présentent de manière plus projets (comment et quand) et des ressources utilisées détaillée les processus et méthodes suivis aux quatre (qui, quoi et où) dans le but de créer les conditions les niveaux considérés. Il existe d’importants chevauchements plus favorables possibles à l’obtention d’impacts. Les entre les différents niveaux, mais il reste utile de définir évaluations institutionnelles emploient différentes leurs objectifs et les rôles de chacun d’entre eux, ainsi que méthodes pour saisir les changements en cours et les domaines d’analyse et les instruments utilisés pour pouvant se produire au sein des organisations et entre établir les priorités en matière d’innovation et évaluer les celles-ci, et dans le cadre de leurs activités stratégiques. résultats (tableau 7.2). (Voir la NT 2.) Des exemples des nouvelles orientations qui seront I Niveau des interventions : méthodes interactives de suivies à l’avenir pour l’analyse, l’établissement des visualisation à des fins d’apprentissage, de planifi- priorités, le suivi et l’évaluation à différents échelons du SIA cation axée sur l’action, de suivi et d’évaluation. Les sont présentés ci-après: intervenants et les organisations des systèmes d’inno- vation se fondent sur des informations provenant d’une I Niveau des stratégies : établissement de références pour large gamme de sources, souvent en employant les capacités de gestion. Les gestionnaires et les différentes méthodes. Les instruments associés à des investisseurs ont de plus en plus besoin de disposer de interactions, telles que la cartographie des réalisations données de référence sur les résultats obtenus au niveau ou Net-Map, servent à collecter et à faire la synthèse des des secteurs et des sous-secteurs dans le cadre de la informations et à créer de nouvelles connaissances. Ces constitution de capacités à des fins d’innovation dans le méthodes génèrent des données qualitatives et sont MODULE 7 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 135 Tableau 7.2 Processus de prise de décisions et de gestion et instruments utilisés à différents niveaux d’un système d’innovation agricole Parties prenantes Instruments Niveau concernées Principaux processus de gestion (TN/DAI correspondantes) Stratégies Décideurs – Suivi des progrès du système national et de ses fonctions – Analyse de référence (NT 1) nationaux, – Coordination du secteur agricole et des autres secteurs – Enquêtes sur l’innovation (NT 2) comités sectoriels (modules 1 et 6) – Analyse prospective et planification de – Fourniture d’informations pour les réseaux de politique scénarios (NT 3, DAI 1) publique mondiaux ou régionaux – Conception d’un cadre porteur (propriété intellectuelle, activités bancaires, détermination des prix et régimes fiscaux) (module 6) Programme Ministère des – Établissement des priorités et allocation des ressources – Études diagnostiques axées sur un d’investissement Finances, bailleurs, – Identification de nouvelles opportunités d’investissement produit ou un sous-secteur (NT 3, secteur privé, chefs ou de goulets d’étranglement DAI 5) d’équipe techniques – Examen de l’efficacité des investissements antérieurs – Analyses de référence (NT 1 et 4) – Amélioration des théories du changement (logique – Évaluation et analyse des impacts (NT 5) d’intervention) qui servent de base aux nouveaux investissements Organisation Directeurs – Analyse de la performance de l’organisation (NT 2) – Indicateurs de réalisation (NT 2) opérationnels, – Détermination de la politique de l’organisation et des – Enquêtes sur l’innovation (NT 2) conseil priorités du programme – Réseaux auto-organisés (DAI 4) d’administration, – Promotion de l’apprentissage et du changement – Évaluation et analyse des impacts (NT 5) instituts de organisationnels et institutionnels (module 4, NT 5) – Historique des institutions (NT 4) recherche, – Adoption de mesures face à l’évolution du paysage de – Cartographie des réseaux (DAI 2) organismes de l’innovation – Application d’une méthode de suivi vulgarisation réflexive (NT 4) – Traçage du processus causal (NT 4) Intervention Organisations non – Obligation de rendre compte aux investisseurs – Analyse participative de la trajectoire gouvernementales, – Gestion de l’efficacité de l’exécution du programme des impacts secteur privé, /projet – Cartographie des réalisations (NT 4) directeurs de – Gestion des processus d’innovation, notamment l’efficacité – Analyse sexospécifique des chaînes de programmes de des réseaux, des interactions, et des modes de travail valeur (DAI 3) recherche et de – Mise à l’essai et recadrage des théories du changement – Évaluation rapide des systèmes de savoir vulgarisation, chefs (logique d’intervention) agricole (NT 4) de projets – Adoption de mesures face à des réalisation inattendues – Analyse des parties prenantes (DAI 2) – Adoption de mesures face à l’évolution du contexte de – Analyse de la technique du changement l’innovation le plus significatif Source : Auteurs. utilisées conjointement à des analyses quantitatives plus SUIVI ET ÉVALUATION traditionnelles et des études diagnostiques de cas pour constituer de nouvelles bases de connaissances qui, à Le développement d’un SIA exige la poursuite systématique leur tour, accroîtront la probabilité que les interventions de processus de prise de décisions et de gestion pour produisent le meilleur retour sur investissement obtenir des informations cruciales permettant de répondre possible. Le suivi permet d’effectuer des ajustements à à des questions fondamentales. Par exemple, dans quelle mi-parcours de manière à optimiser les résultats tandis mesure les politiques et les investissements axés sur les que l’évaluation permet d’améliorer les rapports processus d’innovation ont-ils atteint ou dépassé leurs présentés pour rendre compte des activités et négocier objectifs ? Comment les parties prenantes peuvent-elles les décisions qui seront prises à l’avenir. Ces deux savoir si les ressources consacrées à l’innovation sont processus essentiels de gestion de l’innovation peuvent affectées et gérées de manière efficace ? Quelles sont les produire des informations qui leur sont mutuellement leçons tirées des adaptations institutionnelles qui peuvent utiles, mais ils sont distincts l’un de l’autre en ce qui fournir des informations aux fins de l’apport de nouveaux concerne l’apprentissage, la gestion des résultats et la changements technologiques ? Enfin, de quelle manière responsabilisation. (Voir les NT 4 et 5 et les DAI 6 et 7.) les analyses peuvent-elles générer des informations 136 SYSTÈMES D’INNOVATION AGRICOLE : GUIDE D’INVESTISSEMENT stratégiques pertinentes pour la prise de décision et les interventions futures ? En fait, les activités d’analyse, d’établissement de priorités, de suivi et d’évaluation au sein du SIA constituent une pratique réflexive qui sert de catalyseur à l’appren- tissage fondé sur l’expérience sur lequel reposent toutes les innovations techniques et institutionnelles. Abstraction faite de l’examen plus détaillé des activités de suivi et d’évaluation présenté dans ce module, l’adoption d’une nouvelle conception de la manière dont le suivi et l’évaluation sont absolument nécessaires pour promouvoir l’apprentissage, la gestion des résultats et la responsabili- sation est une notion qui est reprise de manière systématique dans tous les thèmes couverts par les modules de ce guide. MODULE 7 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 137 Glossaire Agent de changement. Voir médiateur d’innovation. vation agricole permettent de mettre davantage l’accent Agriculture de conservation (ou Agriculture sans labour). sur les pratiques de recherche et de développement. Pratique agronomique donnant lieu au semis de cultures Alliance rurale de production. Accord économique entre des sur des sols qui n’ont pas été préparés (labourés) au producteurs organisés de manière formelle et au moins préalable, dans une ouverture localisée ou une tranchée un acheteur ; cet accord stipule les caractéristiques du aussi étroite et peu profonde que nécessaire pour bien produit (par exemple les calibres et les variétés devant couvrir les semences. Les pratiques de labour conven- être produites) ; les quantités devant être produites ou tionnel exigent de multiples passages de tracteurs pour achetées, les modalités de production (par exemple le les opérations de travail du sol, de préparation du lit de mode de livraison, l’entité responsable de la livraison et semence et de semis, tandis que dans le cas de l’agri- le moment auquel celle-ci doit être effectuée, ainsi que les normes de calibrage et de conditionnement) ; les culture de conservation, il suffit d’un ou deux passages modalités de paiement et les critères de détermination pour procéder à l’épandage d’herbicides et au semis. des prix ; et la contribution de l’acheteur (assistance Outre le fait qu’elle réduit le nombre d’opérations technique, fourniture de facteurs de production particu- requises, l’agriculture sans labour permet d’utiliser des liers et modalités de remboursement des facteurs de tracteurs moins puissants et réduit le coût d’amortis- production - par exemple au moment de la vente, etc.). sement du matériel. Si les principes de l’agriculture sans Alliances stratégiques. Partenariats donnant généralement labour sont partout les mêmes — perturbation lieu à une coopération de longue durée (au moins minimale des sols, maintien d’une couverture végétale et 10 ans) entre des sociétés multinationales ou des rotation des cultures — les pratiques diffèrent groupes d’entreprises. Ces alliances peuvent déboucher, grandement selon l’endroit considéré. par exemple, sur la formulation et l’adoption de normes Alliance apprenante ou d’apprentissage. Approche basée sur sociales et environnementales minimales pour la culture des processus facilitant la création commune de connais- des produits agricoles ou forestiers, des dispositions du sances par différents intervenants. Les alliances commerce équitable et d’autres programmes ambitieux d’apprentissage contribuent à l’amélioration des réalisa- de cette nature. tions au plan du développement parce que les leçons Approche de groupe. Démarche consistant à poursuivre sont plus facilement recensées et assimilées et parce que des programmes de vulgarisation avec des groupes les liens plus étroits forgés entre les organismes de d’agriculteurs ou d’autres groupes ayant des intérêts recherche et les autres intervenants du système d’inno- communs. 139 Approche de la chaîne de valeur. Démarche visant à porter Capital social. Institutions, relations et normes définissant l’attention sur l’amélioration de l’efficacité le long de la la qualité et la quantité des interactions sociales dans une chaîne de valeur d’un produit agricole donné, souvent société. On constate de plus en plus que la cohésion en intégrant des recherches agricoles appliquées et des sociale est essentielle à la prospérité économique des innovations institutionnelles dans le cadre de l’organi- sociétés et à un développement durable. Au sens strict, le sation et des activités de commercialisation des exploi- capital social est un ensemble d’associations horizontales tants. entre les individus revêtant la forme de réseaux sociaux Approches participatives ou orientées par la demande. et des normes correspondantes, qui ont un effet sur la Méthodes de recherche et/ou de vulgarisation privilé- productivité et sur le bien-être de la communauté. Les giant une démarche ascendante (bottom-up) et l’attri- réseaux sociaux peuvent accroître la productivité en bution à la clientèle d’un plus grand poids dans les réduisant le coût de l’activité économique. Le capital décisions. Ces approches comprennent, notamment, les social facilite la coordination et la coopération. Cette champs-écoles et les groupes paysans de recherche qualité est notable dans les groupes matures qui se agricole. caractérisent par de solides institutions internes, un Articulation de la demande. Identification des besoins des climat de confiance au sein du groupe, des comporte- différents groupes d’utilisateurs concernant les connais- ments altruistes, l’appartenance à d’autres groupes et des sances et les informations produites par des organismes liens avec des prestataires de services extérieurs. de recherche agricole ou les services (crédit, conseil) Capital-investissement. Type de participation privée prise fournis par d’autres types d’organisation. dans une phase d’exploitation initiale d’une entreprise Capacités d’innovation. Compétences requises pour ou dans une entreprise plus mature ayant un potentiel constituer et intégrer les ressources internes et externes commercial important. Le retour sur investissement nécessaires pour régler des problèmes ou saisir des provient de la cession industrielle de l’entreprise (acqui- opportunités. Les capacités d’innovation sont fonction sition par une autre société ou fusion avec cette non seulement de la participation de personnes dernière) ou de son introduction en bourse, qui lui novatrices mais aussi des caractéristiques internes d’une permet de vendre ses actions au public sur un marché organisation, en particulier son cadre incitatif, sa boursier. Les fonds de capital-investissement fournissent culture, la latitude qu’elle offre pour la poursuite d’expé- non seulement des financements mais aussi des services riences, sa structure de coordination et son mode de mentorat aux entreprises dans lesquelles investissent. d’action collective. Voir capital-risque. Capacités d’innovation d’une organisation. Aptitudes des Capital-risque. Fonds explicitement destinés à financer des membres de l’organisation et principales caractéristiques investissements dans des entreprises présentant des de cette dernière. Les capacités d’innovation d’une risques élevés ou dans certains types de valeurs organisation couvrent, notamment, le maintien de mobilières — généralement celles qui ne sont pas connaissances spécialisées, la créativité et l’attachement à inscrites sur les listes de cotation d’une bourse nationale. l’organisation ; la formulation d’une vision à long terme Dans le présent guide, le terme capital-risque désigne un pour l’organisation ; l’absorption d’informations investissement dans une société ou dans un projet se produites par d’autres agents (également qualifiée de trouvant dans une phase de démarrage ou présentant capacité d’absorption) ; la création de nouvelles connais- des risques élevés. Les investisseurs privés sont les princi- sances ; et l’utilisation de ce savoir pour concevoir des pales sources de capital-risque ; les investissements innovations qui répondent à des besoins ou à des oppor- publics ne peuvent pas répondre aux besoins devant être tunités commerciales, sociales, organisationnelles ou satisfaits, bien qu’ils puissent encourager et démultiplier technologiques. Les principales caractéristiques d’une l’impact des investissements privés dans le secteur. Voir organisation sont sa culture, sa gouvernance et ses capital-investissement. systèmes de communication (structure hiérarchique ou Chaîne de commercialisation. Les chaînes de commerciali- structure autorisant la recherche individuelle d’opportu- sation modernes des produits agricoles présentent un nités et les communications horizontales) ; les modes grand nombre des caractéristiques des chaînes de valeur d’apprentissage (méthodes heuristiques et autres appli- orientées acheteurs : un intervenant proche du quées pour promouvoir l’acceptation collective de consommateur (généralement un supermarché ou un nouvelles idées et procédures) ; la propension à avoir des négociant) joue un rôle prépondérant en organisant de échanges et à coopérer avec d’autres intervenants dans le nombreux producteurs et intermédiaires, en décidant système d’innovation agricole et la disponibilité des qui participe à la chaîne, en supervisant tous les maillons ressources requises pour le développement d’innovation de cette dernière, de l’exploitation agricole aux rayons (capital et actifs spécialisés). des magasins d’alimentation, en définissant la nature des 140 GLOSSAIRE interactions et les conditions commerciales et en fixant certifiés posséder des caractéristiques particulières, la les normes de qualité et de sécurité. Les chaînes de culture sur une petite échelle de produits alimentaires commercialisation modernes ont d’autres caractéris- particuliers achetés directement par les consommateurs tiques importantes : elles privilégient la commerciali- d’une ville voisine ; un nouveau marché pour un produit sation de produits particuliers (par exemple légumes, traditionnel (quinoa, amarante et açaï et nombre fruits ou viande), l’accès à ces chaînes est rigoureu- d’autres produits de cette nature) ou pour un nouveau sement contrôlé, elles donnent souvent lieu à la produit dérivé d’une culture traditionnelle. Certains passation de contrats oraux, fondés sur des relations de créneaux sont assujettis à des critères de qualité et de confiance, mais rarement à des transactions informelles commerce plus rigoureux que d’autres, et seuls les et les technologies employées proviennent essentiel- exploitants qui peuvent remplir ces conditions peuvent lement des pays développés et sont imposées par l’agent opérer sur ces marchés. Bien que les créneaux commer- principal. Seuls les agriculteurs possédant de solides ciaux aient d’importants impacts sur les communautés capacités d’innovation (en particulier l’esprit d’entre- locales, ils ne peuvent se développer au-delà d’une prise, des ressources matérielles et financières et un certaine taille sans devenir des marchés de masse. Aussi capital social) peuvent survivre dans le contexte ne peuvent-ils avoir qu’une contribution limitée à la hautement concurrentiel des chaînes de commerciali- réduction de la pauvreté. Un créneau commercial peut sation modernes. être considéré comme une forme de réseau d’inno- Chaîne de valeur. Ensemble d’activités interdépendantes vation. poursuivies par différents intervenants et organisées par Croissance entraînée par l’innovation. Croissance fondée sur une entreprise pour produire et commercialiser un bien. des technologies, des processus, des produits, des Voir également chaîne de commercialisation. marchés ou des systèmes d’organisation novateurs, Champs-école pour agriculteurs. Méthode à caractère plutôt que sur l’utilisation d’importantes quantités participatif d’apprentissage, de développement de supplémentaires de ressources naturelles. technologies et de diffusion fondée sur les principes de Croissance qualitative. Croissance associée à l’apport d’une l’éducation des adultes, tels que l’apprentissage par large gamme de biens publics qui ont pour effet, en l’expérimentation. En règle générale, entre 20 et 25 particulier, de réduire l’extrême pauvreté, d’assurer la agriculteurs se réunissent une fois par semaine dans un sécurité alimentaire, de réduire les inégalités structu- cadre informel sur une exploitation avec un animateur. relles, de protéger l’environnement ou d’appuyer le Les champs-écoles se caractérisent fondamentalement processus de croissance lui-même. par l’observation, l’expérimentation et l’action de Décentralisation. Transfert des responsabilités et/ou des groupe. Cette méthode de formation pratique et inter- financements des services des administrations publiques active permet aux agriculteurs d’être leurs propres au niveau des administrations locales telles que les experts techniques dans des domaines importants de districts. La décentralisation peut revêtir diverses leurs systèmes agricoles. Les agriculteurs sont encou- formes, telles que la déconcentration (le ministère de ragés par un animateur à procéder à leurs propres l’Agriculture reste l’entité responsable), la dévolution aux travaux de recherche, à établir leurs diagnostics et à les administrations locales (les entités responsables sont tester, à concevoir des solutions et à partager ce qu’ils ont non plus l’administration centrale mais les élus locaux appris avec d’autres. représentant l’État) ou la délégation à des services Contrat de service. Contrat conclu par une organisation avec semi-autonomes. une autre en vue de l’exécution d’une fonction ou d’un Droits de propriété intellectuelle (DPI). La législation de la service. Un contrat est conclu lorsqu’un service de propriété intellectuelle accorde aux propriétaires de la recherche, de vulgarisation ou tout autre service agricole propriété intellectuelle (créations de l’esprit) certains de l’État fournit des services à un groupe extérieur, par droits exclusifs sur divers actifs intangibles, tels que les exemple une organisation non gouvernementale ou un œuvres musicales, littéraires et artistiques, les décou- organisme privé. Un contrat de sous-traitance est un vertes et les inventions, ou encore des mots, phrases, contrat passé par l’État avec une organisation extérieure symboles et modèles (designs). Les catégories courantes qu’il a recrutée pour assurer des services. de droits de propriété intellectuelle comprennent Créneau commercial ou marché de niche. Segment parti- notamment les droits d’auteur, les marques commer- culier, clairement défini et de taille limitée du marché ciales, les brevets, les dessins et les modèles industriels consacré à un service ou à un produit déterminé. Parmi et les secrets commerciaux. Voir droits de propriété les exemples de créneau figurent le commerce équitable, tangibles. (Basé sur http://fr.wikipedia.org/wiki/ le marché des produits biologiques ou d’autres produits Propriété_intellectuelle GLOSSAIRE 141 Droits de propriété tangible. Ensemble de droits codifiés par que les différents éléments de la chaîne de prestation de la loi concernant un objet physique, par exemple des services d’enseignement et formation agricoles soient plasmides ou des vecteurs. Voir propriété intellectuelle. souvent qualifiés, collectivement, de « système », ils ne Écoles de commerce agricole. Écoles facilitant l’acquisition de forment pas nécessairement un système robuste dans qualifications dans les domaines de la production, de la le cadre duquel les communications et les informations gestion et du financement des entreprises, et dans le en retour circulent entre les institutions et permettent domaine du marketing. Les coopératives et les écoles de de procéder à des améliorations systématiques. De commerce agricoles jouent un rôle éducatif important nombreux pays répartissent les responsabilités de en encourageant l’esprit d’entreprise des agriculteurs, l’enseignement et la formation agricoles entre les mais elles nécessitent, au départ, l’appui d’animateurs ministères de l’Agriculture et de l’Éducation. externes. Enseignement et formation technico-professionnels agricoles. Économies d’échelle. Dans le domaine de la recherche Voir Enseignement et formation agricoles. agricole, les économies d’échelle se réalisent lorsque le Entreprise viable. Entreprise censée générer suffisamment coût par unité de produit de recherche diminue si le de revenus et gérer ses ressources de manière à nombre d’unités de produit généré augmente, généra- poursuivre ses activités pendant une période de temps lement par suite d’une meilleure utilisation d’importants indéfinie. investissements fixes ou de compétences spécialisées. Environnement porteur. Environnement (politique, régle- Économies de gamme. Dans le domaine de la recherche mentaire, institutionnel, économique et social) qui agricole, les économies de gamme se produisent lorsque appuie, favorise et permet le maintien d’une réalisation le coût du produit recherché diminue par suite de l’élar- donnée. Dans le cas de l’innovation agricole, un gissement de la gamme des produits générés par la environnement porteur comprend les facteurs qui ont recherche. Ces gains sont dus à l’obtention de connais- un impact positif sur l’innovation agricole mais qui sont sances associées à un autre produit ou à une autre contrôlés par des domaines de politique publique autres discipline et constituent une économie externe. que la politique d’innovation agricole. Éducation et formation professionnelles. Voir éducation et Exploitant de plantation satellite. Exploitant agricole formation agricoles. procédant, dans le cadre d’un accord formel ou informel Enseignement et apprentissage agricoles. Variante du concept (souvent un contrat), à la culture de produits pour une d’enseignement et formation agricoles qui dénote une entreprise agricole commerciale (par exemple un trans- conception des programmes institutionnels davantage formateur de canne à sucre) ou pour un gros exploitant. axée sur l’apprenant. Les exploitants de plantations satellites peuvent recevoir Enseignement et formation agricoles. Programmes et des crédits et des conseils provenant de l’entreprise de activités organisés pour répondre aux besoins d’infor- transformation. mation, de connaissance et de qualification des Fonds de recherche compétitifs. Fonds finançant la recherche, personnes opérant dans différents domaines du secteur accordés dans le cadre d’appels à projets nationaux agricole et de l’espace rural en général. Un système soumis à une évalutation scientifique par les pairs. Des d’enseignement et de formation agricoles comprend procédures transparentes et des critères rigoureux sont généralement des instituts pédagogiques supérieurs appliqués pour sélectionner les propositions qui seront (instituts agronomiques, facultés ou collèges d’agro- financées. Un système bien conçu de fonds compétitifs nomie d’une université) en plus des centres polytech- peut promouvoir la contestabilité dans le cadre du niques, instituts et collèges préparant les techniciens à processus d’innovation ; les financements ne sont pas un diplôme (post secondaire, spécialisé). Cette deuxième nécessairement accordés à des bénéficiaires tradi- catégorie de services d’éducation, souvent qualifiée tionnels. Les fonds peuvent promouvoir des partenariats d’enseignement et formation technico-professionnels de recherche, démultiplier l’impact de ressources consa- agricoles, d’enseignement et formation technico- crées à la recherche et contribuer à la mise en place d’un professionnels ou d’enseignement et formation profes- système de recherche plus efficace, entraîné par la sionnels, prépare les techniciens à différentes spécialités demande et pluraliste en faisant participer les clients à la de sous-secteurs agricoles. Certaines écoles secondaires fixation des priorités et à l’exécution, au financement et offrent des programmes axés sur l’agriculture en option. à l’évaluation des travaux de recherche. Voir Subvention La formation agricole, fréquemment assurée dans des de contrepartie. centres ou des instituts de formation, est offerte aux Formation et visite (Training & Visit). Système de gestion employés du secteur public et aux agriculteurs et/ou aux des services de vulgarisation visant à améliorer les exploitants dans le cadre de la formation continue. Bien connaissances techniques des agents de vulgarisation 142 GLOSSAIRE et donnant lieu à des visites régulières dans les lorsqu’elle entraîne la modification d’un processus exploitations agricoles. social. Gestion adaptative. Processus structuré, itératif, de prise de Logique d’intervention. Hypothèses sur lesquelles repose décisions optimales dans un contexte caractérisé par une intervention, concernant l’existence d’un lien entre l’incertitude, dans le but de réduire cette dernière les intrants de l’intervention et les résultats attendus. progressivement par le biais du suivi du système. La Manipulations génétiques. Un organisme ayant fait l’objet de gestion adaptative est un outil d’apprentissage et aussi de manipulations génétiques ou génétiquement modifié est changement au sein d’un système : lorsque de nouvelles un organisme dont le patrimoine génétique a été trans- informations apparaissent, le système les emploie (de formé par des méthodes de manipulation génétique. Les manière active ou passive) pour modifier les opérations techniques employées donnent lieu à la combinaison de et améliorer les réalisations à long terme. Le processus de molécules d’ADN de différentes sources dans une même gestion fait intervenir les parties prenantes actuelles et molécule pour créer une nouvelle série de gènes. Cet futures, base la prise de décisions itérative sur les ADN recombinant est alors introduit dans un organisme résultats des activités de suivi (apprentissage) et auquel il apporte des gènes modifiés ou nouveaux. Les considère l’incertitude comme un moyen d’améliorer la organismes transgéniques, qui sont un sous-ensemble compréhension des phénomènes. des organismes génétiquement modifiés, contiennent de Gouvernance. Systèmes et pratiques suivis par les adminis- l’ADN provenant d’une espèce différente. C’est le cas, trations publiques pour définir les priorités et les par exemple, du coton génétiquement modifié pour programmes d’action, concevoir et appliquer les pouvoir résister à un herbicide particulier. De nombreux pays contrôlent strictement la production, l’utilisation, politiques et obtenir des informations sur leurs impacts. l’exportation et l’importation de plantes et d’animaux Désigne également tout système et pratique suivis aux génétiquement modifiés. (Basé sur http:// mêmes fins au niveau infranational (instituts provin- fr.wikipedia.org/wiki/Organisme_génétiquement_modifié) ciaux de recherche, programmes de subvention des facteurs de production) et par des institutions de taille Médiateur de technologie. Voir médiateur d’innovation. plus réduite (organisations d’exploitants, périmètres Médiateurs d’innovation (Innovation brokers). Équipes de d’irrigation). spécialistes alliant une solide formation scientifique à des connaissances dans les domaines de l’entreprise et Incubateurs d’entreprises. Programmes conçus pour de la commercialisation et/ou de la création de réseaux accélérer le développement des activités des entreprises d’innovation. Les médiateurs d’innovation sont grâce à une gamme de ressources et de services d’appui également appelés agents de changement ou médiateurs aux entreprises fournis par les responsables des incuba- de technologie. teurs ; ils sont offerts au sein de l’incubateur et par Nœuds centraux. Selon la terminologie de l’analyse des l’intermédiaire de son réseau de contacts. Les incuba- réseaux sociaux, partenaires ayant d’importantes teurs diffèrent les uns des autres par la manière dont ils relations qui attirent de nouveaux membres dans les fournissent leurs services, leur structure organisation- réseaux et collaborent avec une large gamme de parte- nelle et le type de clientèle qu’ils servent. naires pour élargir le champ de leurs expériences, leur Innovation. Invention appliquée pour la première fois dans faire connaître des domaines de compétence différents un produit proposé sur le marché ou produisant une et leur offrir de nouvelles opportunités. En reliant des modification d’un processus social. Une innovation grappes d’agents de réseaux, les nœuds centraux antérieure peut encore être considérée comme une facilitent la circulation de l’information et des innovation dans un site particulier si elle est nouvelle ressources. Les médiateurs d’innovation (« Innovation dans ce site. brokers ») sont préparés plus particulièrement à devenir Interface organisationnelle. Modalités contribuant à la des nœuds centraux. transformation des connaissances et des informations Norme. Document approuvé par un organe agréé qui produites par des organismes de recherche en produits énonce, en vue de leur utilisation générale et systéma- et services présentant un intérêt social et économique. tique, les règles et les directives applicables ou les carac- Il s’agit, par exemple, des plateformes d’innovation, des téristiques des produits et des processus et méthodes de méthodes de chaîne de valeur et des partenariats publics- production correspondants, dont le respect n’est pas privés. obligatoire. Voir réglementations techniques. Invention. Création de savoir. Une invention ne devient une Organisation d’agriculteurs ou organisation de producteurs. innovation que lorsqu’elle est utilisée dans la fabrication Organisation formée d’agriculteurs recherchant des d’un produit qui est ensuite mis sur le marché ou solutions à des problèmes de production ou de GLOSSAIRE 143 commercialisation. Certains services agricoles la productivité agricole, l’innovation et la création s’emploient essentiellement à assurer des services de d’entreprises. vulgarisation, à mener des travaux de recherche ou à Politique nationale de l’innovation. Politiques globales offrir d’autres services par l’intermédiaire de ces permettant de coordonner une large gamme de organisations. domaines d’intervention — telles que la politique des Organisation de producteurs. Voir organisation d’agriculteurs. sciences et technologies, la politique de l’éducation, la Organisation. Groupe d’agents collaborant pendant une politique économique, la politique industrielle, la période prolongée. Une organisation peut-être formelle politique de l’infrastructure, la politique fiscale et la ou informelle. La collaboration peut revêtir diverses politique relative à justice — de manière à créer un formes, telles que de fréquents échanges d’informations, environnement permettant et stimulant l’innovation. la détermination concertée des priorités concernant les Les politiques d’innovation sectorielles (comme la stratégies et les programmes et l’exécution conjointe de politique d’innovation agricole) sont conçues sur le projets d’innovation. modèle de la politique nationale en ce qui concerne leur couverture et leur mode de coordination mais elles ont Paiement à l’acte. Paiement au titre de services fournis par beaucoup moins d’influence, au plan politique, sur les des services de l’État, des organisations non gouverne- mesures prises dans d’autres domaines. mentales ou des organismes privés. Privatisation. Transfert intégral de la propriété (généra- Partage des coûts. Il y a partage des coûts lorsque les utilisa- lement dans le cadre d’une opération de vente) de l’État teurs des services acquittent au moins une partie des à une entité privée. coûts de ces derniers. Protection sanitaire et phytosanitaire (PSP). Mesures Partenariats public-privé. Système dans le cadre duquel au comprenant notamment les réglementations et accords moins une organisation publique et une organisation appliquées : 1) pour protéger la santé des personnes et privée partagent leurs ressources, leurs connaissances et des animaux des risques découlant des additifs, contami- leurs risques pour faire coïncider leurs intérêts et nants, toxines ou organismes pathogènes présents dans produire conjointement des produits et des services. les produits alimentaires, les boissons ou les aliments Dans le domaine de la recherche agricole, les PPP pour animaux ; 2) pour protéger la vie des personnes des réunissent des partenaires ayant des compétences et des risques découlant de maladies véhiculées par des plantes connaissances différentes qui contribuent de concert à la ou des animaux ; 3) pour protéger la vie des animaux ou génération, à l’adaptation et/ou à la diffusion d’une préserver les végétaux des risques liés aux parasites, innovation. L’accord de partenariat revêt généralement maladies, organismes porteurs de maladies ; et 4) pour la forme d’un contrat définissant les engagements que protéger un pays d’autres dommages découlant de doit prendre chaque partenaire et la répartition des l’entrée, de l’établissement ou de la dissémination de bénéfices entre ces derniers. Des PPP peuvent être créés parasites. Ces mesures comprennent les dispositions dans le domaine de la recherche agricole non seulement prises au plan national pour lutter contre les contami- pour générer des connaissances par le biais de travaux de nants, les parasites et les maladies (programmes de recherche mais aussi pour promouvoir la diffusion et vaccination, limites fixées pour les résidus de pesticides l’application des connaissances par des entités du secteur dans les aliments) ainsi que les mesures prises au plan privé (agroentreprises, agriculteurs) et par des entités du international pour prévenir leur propagation par secteur public (universités, instituts de recherche et inadvertance (par exemple le rejet de cargaisons de organismes de vulgarisation). produits alimentaires contaminés par des insectes qui Plateforme d’innovation. Voir réseau d’innovation. posent un risque pour la production alimentaire Pôles (clusters) industriels. Agglomération d’entreprises très nationale). Voir normes et réglementations techniques. interdépendantes (y compris les fournisseurs spécia- Recherche aval. Désigne généralement des travaux de lisés), liées les unes aux autres dans une chaîne de recherche qui ont pour effet d’adapter une technologie production à valeur ajoutée, de prestataires de services et (pratique agronomique, nouvelle variété) aux besoins d’institutions connexes opérant dans un domaine parti- d’un pays ou d’un site particulier. Parfois qualifiée de culier. Certains pôles font intervenir des alliances straté- recherche appliquée ou adaptative. giques avec des universités, des instituts de recherche, Recherche et vulgarisation système. Recherche et vulgarisation des services commerciaux à forte intensité de savoir, des ayant pour objet de comprendre les systèmes de culture institutions-relais (agents, consultants) et les clients. Les et de production des petits agriculteurs dans le cadre de approches de développement des entreprises et d’inno- travaux de recherche appliquée, pluridisciplinaire menés vation dans le cadre de pôles ont permis d’accroître sur le terrain au niveau des exploitations agricoles. 144 GLOSSAIRE Recherche-action. Processus itératif de diagnostic, de soit sur une base individuelle ou dans le cadre d’une planification, d’action, d’évaluation, et de réflexion. coopérative, en les aidant à obtenir accès aux marchés, à Réglementations techniques. Réglementations précisant les des services financiers et à un meilleur environnement caractéristiques des produits et des processus et agroindustriel. Ces services comprennent notamment méthodes de production correspondants, notamment les services de formation et de conseil, les services de les dispositions administratives applicables, dont le communication d’informations sur les marchés, les respect est obligatoire. Les réglementations techniques technologies et les informations sur les liens avec comprennent les interdictions d’importation (totales ou d’autres entreprises. Également qualifiés de services axés partielles), les prescriptions techniques (normes de sur la chaîne de valeur, de services de conseil agricole à processus et de produit), les normes de condition- vocation commerciale et de vulgarisation marketing. nement, les obligations d’information et les obligations Services d’appui aux entreprises. Gamme de services non en matière d’étiquetage et d’assertion. Voir norme. financiers fournis par des entités publiques et privées aux Réseau d’innovation. Groupe d’intervenants divers qui entrepreneurs pour leur permettre de fonctionner de mettent à disposition de manière volontaire leurs manière plus efficace et développer leur entreprise. Ces connaissances et d’autres ressources (financements, services peuvent comprendre des formations, des consul- matériels et terrains) dans le but de concevoir conjoin- tations et des conseils, une aide à la commercialisation, tement ou d’améliorer un processus social ou écono- des informations, le développement et le transfert de mique ou un produit. Un réseau d’innovation constitue technologies et la promotion de relations commerciales. une forme particulière d’organisation caractérisée par Services de commercialisation ou services commerciaux. une structure non hiérarchique, une culture de collabo- Services mettant l’accent, dans le cadre du système de ration, un mode de coordination par consensus (car ses recherche de vulgarisation agricole, sur les cultures membres sont libres de quitter le réseau à tout moment), commerciales ou la prestation de services pour des l’absence, en général, de personnalité juridique (en cultures de rente particulières telles que le tabac ou le particulier dans la phase initiale) et, fréquemment, des coton. objectifs relativement imprécis (par exemple, l’amélio- Services de conseil. Les services de conseil peuvent être ration de la gestion des ressources naturelles). Ce type de définis comme l’ensemble des organisations qui réseau évolue en fonction des opportunités qui s’offrent fournissent un appui aux personnes engagées dans des sur le marché et des technologies qu’ils permettent de activités de production agricole et les aident à résoudre mettre au point. Un réseau d’innovation se distingue des problèmes et à acquérir les informations, les qualifi- d’une organisation d’agriculteurs par le fait que les cations et les technologies nécessaires pour améliorer membres de cette dernière forment un groupe leurs conditions de vie et leur bien-être. Voir vulgari- homogène et ont des relations stables, plus formelles. Un sation agricole. réseau d’innovation se distingue d’une chaîne de valeur Services de vulgarisation agricole. Ensemble des organisa- par le fait que cette dernière est plus stable, a pour objet tions qui fournissent un appui aux agents engagés dans de fournir un produit ou un service et est coordonnée la production agricole et les aident à résoudre des par un intervenant central. Les réseaux d’innovation problèmes et à acquérir les informations, les qualifica- sont également appelés plateformes d’innovation. tions et les technologies nécessaires pour améliorer leurs Réseaux de champs écoles. Réseaux de groupements conditions de vie et leur bien-être. informels ou formels ayant un intérêt commun et dont Services intégrés. Fourniture par les entreprises d’informa- les membres viennent des différents champs-écoles tions associées aux facteurs de production qu’elles situés dans une région ou dans une circonscription vendent ou à d’autres produits qu’elles commercialisent. administrative donnée. Services privatisés de recherche ou de vulgarisation. Services Révolution verte. Se réfère à l’accroissement considérable de fournis dans un but lucratif, mais pas nécessairement la production céréalière par suite de l’adoption de limités aux cultures de rente. variétés de blé, de maïs et de riz à haut rendement, Subvention de contrepartie (matching grant). Fonds versés cultivées sur des terres irriguées avec des engrais et par le bénéficiaire en complément aux ressources d’autres intrants, sur de vastes territoires d’Asie et procurées par l’organisme de financement (généra- d’Amérique latine obtenu entre les années 60 et les lement un organisme public). Les subventions de années 80. contrepartie encouragent de plus en plus la génération Services d’appui aux agroentreprises locales. Services ayant de technologies proches du stade de la commerciali- pour but d’améliorer les résultats des petites entreprises sation, le transfert et l’adoption de technologies, poursuivant des activités de production agricole, que ce l’activité économique dans le cadre du secteur privé et GLOSSAIRE 145 l’innovation en général, souvent avec la participation de Système pluraliste de vulgarisation. Système de vulgarisation multiples parties prenantes. En centrant l’attention sur reposant sur la participation de multiples prestataires de la demande et sur les emplois dès le départ, c’est-à-dire services, notamment des organisations du secteur fondamentalement en encourageant les utilisateurs des public, du secteur privé et de la société civile, qui met technologies et des connaissances à travailler en parte- généralement l’accent sur la poursuite d’une approche nariat (et en exigeant des engagements de leur part), les participative orientée par la demande. subventions de contrepartie peuvent être un moyen plus Systèmes de vulgarisation d’organisations non gouvernemen- efficace que les fonds de recherche compétitifs pour tales (ONG). Systèmes de vulgarisation gérés par des accroître l’application des technologies et des connais- ONG, souvent dans le cadre de projets, et mettant sances par les agriculteurs et d’autres entrepreneurs. l’accent sur des méthodes participatives. Système d’innovation agricole. Réseau d’organisations, Technologies de l’information et des communications (TIC). d’entreprises et de personnes s’efforçant d’intégrer dans Gamme large et grandissante de technologies modernes l’activité économique de nouveaux produits, de des télécommunications telles que l’internet, la messa- nouveaux processus et de nouvelles formes d’organi- gerie électronique, les bases de données électroniques, la sation, ainsi que les institutions et les politiques qui ont téléphonie mobile et la téléphonie fixe, les ordinateurs, un impact sur leur comportement et leurs résultats. les équipements électroniques bureautiques de poche, Système de connaissances et d’informations agricoles. (AKIS les appareils infrarouge-radio fréquence et les infrastruc- en anglais) Système établissant des rapports entre les tures nécessaires à leur fonctionnement (réseaux sans fil, personnes et les institutions dans le but de promouvoir câbles en fibres optiques, etc.). l’apprentissage mutuel ainsi que la création, le partage et Théorie du changement. Hypothèses de base concernant la l’utilisation de technologies, de connaissances et d’infor- relation entre les facteurs utilisés dans le cadre d’une mations concernant l’agriculture. Le système regroupe intervention et les réalisations attendues. des exploitants agricoles, des enseignants en agronomie, Transfert de technologies. Programmes axés sur la diffusion des chercheurs et des vulgarisateurs dans le but d’informations et de nouvelles technologies. Ces d’exploiter les connaissances et les informations programmes suivent souvent une démarche intégrée qui émanant de diverses sources pour améliorer les condi- donne lieu à la promotion d’un paquet technologique tions de vie. Les agriculteurs sont l’élément central de ce avec l’appui institutionnel requis, par exemple des triangle du savoir. facilités de crédit ou d’achat d’engrais. Système de vulgarisation traditionnel (vulgarisation Vulgarisation axée sur un produit. Système de vulgarisation générale). Système de vulgarisation visant à accroître la axé sur une culture de rente, et donnant lieu à la productivité agricole, géré par l’administration centrale fourniture de conseils et de facteurs de production par selon une démarche descendante (top-down) et privilé- une institution. giant fréquemment le transfert de technologies. Vulgarisation coopérative. Modèle de vulgarisation mis au Système national de recherche agricole. Entités chargées, dans point par les universités des États-Unis, dans le cadre un pays, d’organiser, de coordonner ou d’exécuter les duquel les universités, en liaison avec le système de travaux de recherche qui contribuent de manière vulgarisation, procèdent à des travaux de recherche dont explicite au développement de l’agriculture nationale et les résultats sont communiqués aux agriculteurs. au maintien de la base de ressources naturelles du pays. 146 GLOSSAIRE B ien qu’ils soient généralement nécessaires, les investissements dans la recherche, l’éducation et la vulgarisation ne suffisent souvent pas à eux seuls à produire les connaissances, les technologies et les services dont ont besoin les agriculteurs et les entrepreneurs pour innover. Les efforts menés pour renforcer les systèmes de recherche et accroître les connaissances disponibles n’ont pas permis de stimuler l’innovation ou l’utilisation des savoirs dans l’agriculture à l’échelle ou au rythme requis par l’intensification et la prolifération des défis auxquels l’agriculture est confrontée. Systèmes d’innovation agricole : guide d’investissement contribue au recensement, à la conception et la poursuite des investissements, des démarches et des interventions complémentaires qui offrent les meilleures perspectives de renforcer les systèmes d’innovation agricole (SIA) et de promouvoir l’innovation et une croissance équitable. Le Guide présente une série d’outils et de directives opérationnelles ainsi que les enseignements tirés des meilleures pratiques pour exposer les démarches pouvant être suivies pour concevoir de tels systèmes, investir dans ces derniers et les améliorer. Pour gérer la capacité de l’agriculture à faire face à l’augmentation de la demande alimentaire mondiale, à s’adapter aux évolutions et à saisir les opportunités, il faut poursuivre des politiques judicieuses, investir de manière durable et innover — c’est-à-dire ne pas se cantonner aux pratiques actuelles. L’expérience montre que la capacité d’innovation, outre qu’elle nécessite de fortes capacités de R-D, passe fréquemment par une action collective et des activités de coordination, l’échange de connaissances entre différents acteurs, des incitations et des ressources axées sur la formation de partenariats et le développement d’entreprises ; et des conditions propices. Bien qu’un consensus se forge sur ce que recouvrent les concepts d’« innovation » et de « système d’innovation », aucun plan détaillé n’existe, qui permettrait de produire des innovations agricoles à un moment donné, en un lieu précis pour aboutir à un résultat particulier. Cela dit, la démarche du SIA, qui examine les multiples conditions et relations qui favorisent l’innovation agricole dans des contextes particuliers, a évolué pour devenir une sous-discipline à part entière, dotée de principes d’analyse et d’action. Cet ouvrage examine les démarches qui ont été mises à l’épreuve à différentes échelles dans différents contextes pour faire ressortir leurs enseignements, leurs avantages et leurs impacts, les problèmes qui se sont posés dans le cadre de leur application, et les possibilités de reproduire les pratiques fructueuses ou d’en élargir la portée. Le Guide fait état de l’expérience et de l’évolution des connaissances de nombreuses personnes et organisations intéressées par l’innovation agricole, notamment la Banque mondiale. Il est destiné aux principaux responsables opérationnels de la conception et de l’exécution de projets de financement des organismes de développement internationaux et régionaux et des administrations publiques nationales ainsi qu’aux praticiens qui conçoivent des programmes thématiques et des plans d’assistance technique. Le Guide peut également être utile à la communauté des chercheurs et aux organisations non gouvernementales. Banque mondiale