UNE PERSPECTIVE DE GENRE SUR LA PROTECTION SOCIALE ADAPTATIVE POUR MAXIMISER L'IMPACT SUR LES FEMMES ET LES FILLES AU SAHEL : Orientations pour le Programme de Protection Sociale Adaptative au Sahel (PPSAS) Septembre 2025 Auteur Juliette Seibold Contributions supplémentaires de : Valentina Barca, Aline Coudouel, Rebecca Holmes, Sarah Nirvana Patella et les membres de l'équipe PPSAS. RÉSUMÉ Le Sahel — considéré pour cette étude comme incluant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad— est un environnement complexe, caractérisé par des taux élevés de pauvreté et d’inégalités de genre, exacerbés par le changement climatique, la raréfaction des ressources naturelles, l’insécurité et les conflits. Les impacts incluent la perte de revenus, l’insécurité alimentaire, l’érosion du capital humain et productif, ainsi que le déplacement des populations. Les expériences de ces crises ne sont pas neutres du point de vue du genre : les femmes et les filles sont plus durement affectées, en particulier lorsqu’elles présentent d’autres caractéristiques qui les marginalisent ou les excluent. Les femmes et les filles à travers le Sahel connaissent d’importantes différences en matière d’éducation, de santé, de nutrition, d’opportunités économiques et de bien-être. Elles sont également exposées à des taux élevés de violences basées sur le genre, ainsi qu’au mariage et aux grossesses précoces. Ce document explique pourquoi et comment la protection sociale adaptative (PSA) sensible au genre est importante dans le Sahel. Il décrit les éléments clés du contexte genré ayant des implications pour tous les aspects de la PSA — de la conception des systèmes et programmes, à la mise en œuvre, au suivi, à l’évaluation et à l’apprentissage. Pour chaque phase de la chaîne de mise en œuvre de la protection sociale, le document démontre pourquoi une approche intégrant la dimension de genre est essentielle pour maximiser l’impact des interventions ; quels progrès le Programme de Protection Sociale Adaptative au Sahel (PPSAS) a réalisés dans l’intégration de cette dimension ; et les principaux axes d’action pour le PPSAS afin de promouvoir une PSA sensible au genre dans l’ensemble du Sahel, maximisant ainsi les résultats en matière de réduction de la pauvreté, d’emploi, de résilience et d’autonomisation des femmes. 1 ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES EAS/HS Exploitation et abus sexuels / harcèlement sexuel FCDO Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni IDA Association internationale de développement MGR Mécanisme de gestion des réclamations ONG Organisation non gouvernementale PAM Programme alimentaire mondial PPSAS Programme de protection sociale adaptative au Sahel PSA Protection sociale adaptative S&E Suivi et évaluation SIG Systèmes d'information de gestion SIM Subscriber Identity Module - Module d'identité de l'abonné VBG Violence basée sur le genre 2 TABLE DES MATIÈRES 1. PRÉSENTATION………………………………………………………………………………………………………..…….6 2. CONTEXTE GENRÉ AU SAHEL .................................................................................................. 11 3. CONCEPTION ET MISE EN ŒUVRE DE LA PSA SENSIBLE AU GENRE DANS LE SAHEL ................. 16 3.1 Information et sensibilisation adaptées au genre (phase 1) ........................................................ 18 3.2 Accueil, enregistrement et évaluation des besoins et des conditions, adaptés au genre (phases 2- 3) .................................................................................................................................................. 20 3.3 Décisions d’éligibilité et inscription sensibles au genre (phases 4 à 6) ........................................ 26 3.4 Transferts sensibles au genre (phase 7) ..................................................................................... 28 3.4.1 Sélection des femmes comme bénéficiaires des transferts monétaires ............................... 28 3.4.2 Systèmes de paiement sensibles au genre .......................................................................... 32 3.5 Mise en œuvre de mesures d'accompagnement sensibles au genre (phase 7) ............................ 35 3.6 Gestion des programmes sensibles au genre (phases 8 et 9) ...................................................... 41 3.6.1 Suivi et évaluation.............................................................................................................. 41 3.6.2 Mesures pour prévenir et atténuer la VBG et l'EAS/HS.......................................................... 46 3.7 Leviers de changement pour une PSA sensible au genre au Sahel............................................... 50 4. RÉSUMÉ ET PROCHAINES ÉTAPES ........................................................................................... 57 4.1 Résumé ................................................................................................................................... 57 4.2 Prochaines étapes : Principales priorités ................................................................................... 60 ANNEXES.................................................................................................................................... 62 Annexe 1 : Guide pour le suivi et l’évaluation sensibles au genre ..................................................... 62 Annexe 2 : Domaines clés et thèmes pour le développement des capacités du personnel de mise en œuvre .......................................................................................................................................... 69 Annexe 3 : Mesures d'accompagnement - Thèmes proposés pour le développement du capital humain ........................................................................................................................................ 71 Annexe 4 : Assurer l’engagement politique grâce à un plaidoyer fondé sur des données probantes .. 73 BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................... 74 3 LISTE DES TABLEAUX, ENCADRÉS ET FIGURES Tableau 1: Sahel – Taux d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire, alphabétisation des adultes et mariage des enfants .................................................................................................... 12 Tableau 2 : Taux de participation à la population active dans le Sahel ................................................. 13 Tableau 3 : Les dimensions genrées des conflits : risques et vulnérabilités .......................................... 14 Tableau 4 : Résultats sélectionnés en matière d’autonomisation des femmes : mesures d’inclusion économique au Niger ........................................................................................................................ 38 Tableau 5 : Résumé des bonnes pratiques du PPSAS en matière de genre et des opportunités ............. 57 Encadré 1 : Le Programme de Protection Sociale Adaptative au Sahel (PPSAS) ...................................... 7 Encadré 2 : L'importance de la possession et de l'accès des femmes à un document d’identité tout au long de la chaîne de mise en œuvre.................................................................................................... 17 Encadré 3 : Qu’est-ce qu’un registre social dynamique ? .................................................................... 23 Encadré 4 : Mauritanie – Registre social inclusif ................................................................................. 24 Encadré 5 : Sénégal - Utilisation de processus et d'indicateurs sensibles au genre pour la mise à jour du registre national unique ..................................................................................................................... 25 Encadré 6 : Pakistan – Un registre social dynamique peut élargir l'accès des femmes et contribuer à changer les normes de genre ............................................................................................................. 26 Encadré 7 : Une recherche diagnostique en Mauritanie révèle des croyances infondées sur les femmes et l'argent.......................................................................................................................................... 30 Encadré 8 : Une intervention pilote au Mali démontre la viabilité et les avantages des paiements aux femmes dans des zones aux normes sociales bien établies ................................................................ 31 Encadré 9 : Exemples d'enseignements tirés des évaluations du PPSAS et des rapports de mission sur les obstacles genrés à l'accès aux paiements ..................................................................................... 34 Encadré 10 : Mauritanie – Formation des facilitateurs pour l'intervention de dialogue familial .............. 40 Encadré 11 : Engagement de la Banque mondiale à lutter contre l'EAS/HS et à tirer parti des filets sociaux pour prévenir la VBG ............................................................................................................. 48 Encadré 12 : Approche de la mise en place des MGR centrés sur les survivants au Burkina Faso .......... 49 Encadré 13 : Politiques de la Banque mondiale qui permettent une PSA sensible au genre .................. 52 Figure 1 : Chaîne de mise en œuvre de la protection sociale ............................................................... 17 4 REMERCIEMENTS L’auteur souhaite remercier le Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) du Royaume- Uni pour son financement et son soutien. _________________________________________________________________________________________________ La série des documents techniques du PPSAS comprend des documents publiés de manière rapide afin de garantir une disponibilité au sein de notre communauté de pratique en temps opportun, dans le but de favoriser l’engagement et de partager rapidement les connaissances. Veuillez noter qu’à cette fin, les documents n’ont pas fait l’objet d’une révision approfondie et que des fautes de frappe mineures peuvent s’y trouver. Nous vous remercions de votre compréhension. Note : Ce document technique est une traduction du texte original en anglais, accessible ici. 5 1. PRÉSENTATION Le Sahel présente des niveaux de pauvreté parmi les plus élevés au monde, lesquels sont exacerbés par le changement climatique, la rareté des ressources naturelles, l’insécurité et les conflits. En 2021, le pourcentage de la population vivant dans la pauvreté avec moins de 3,00 USD par jour (parité de pouvoir d’achat 2021) était de 42,06 % au Burkina Faso, 39,48 % au Tchad, 36,10 % au Mali, 10,22 % en Mauritanie, 60,49 % au Niger et 18,89 % au Sénégal (Banque mondiale 2025). Le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger figurent parmi les pays les moins bien classés par l’Indice de développement humain, qui prend en compte l’espérance de vie, l’éducation et le revenu (PNUD 2025). Il existe d’importants écarts entre les femmes et les hommes au Sahel sur les plans économique s, sociaux et en termes d’autonomisation. Le score moyen de l’Indice africain de genre pour l’égalité entre les sexes de 2023 dans la région est de 40,4 %, ce qui est inférieur à la moyenne continentale de 50,3 % (Banque africaine de développement et Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique 2024). Cela correspond à un écart global entre les sexes de 59,6 %. La pauvreté, l’inégalité de genre et l’exclusion sociale sont profondément interconnectées, affectant le revenu, la sécurité alimentaire, les opportunités d’emploi, l’accès aux ressources et aux biens, les opportunités de développement humain (éducation, santé, connaissances, compétences), la sécurité et le bien-être. L’égalité des sexes est au cœur d’une croissance inclusive, d’une productivité accrue, de la réduction de la pauvreté et de la résilience (Banque mondiale 2024). L’accès des femmes à l’emploi et à l’éducation réduit la probabilité de pauvreté. Des preuves croissantes indiquent que promouvoir l’égalité des sexes — notamment dans l’éducation et l’emploi — stimule la croissance économique bien davantage que la croissance économique ne favorise l’égalité des sexes, notamment en matière de santé, de bien-être et de droits (Kabeer et Natali 2013). Mettre des ressources entre les mains des femmes a démontré produire une série d’effets positifs sur le capital humain et les capacités des ménages, favorisant le bien-être et la résilience (Quisumbing 2003 ; Banque mondiale 2012 ; Kabeer 2003 ; et Dwyer et Bruce 1988 dans Kabeer et Natali 2013). Les femmes jouent un rôle crucial dans la résilience des ménages et l’adaptation au climat. Elles contribuent à créer et à adopter des pratiques agricoles, commerciales et domestiques résilientes au climat, et à préserver les ressources naturelles. Par conséquent, autonomiser les femmes pour qu’elles participent à la prise de décision renforce la résilience des communautés face aux risques climatiques, y compris par leur engagement dans la planification de la préparation (Banque mondiale 2024). Les programmes de protection sociale adaptative (PSA), y compris les filets sociaux, les programmes d'inclusion économique et les interventions réactives aux chocs, peuvent contribuer positivement aux résultats en matière de genre en élargissant l’accès des femmes aux ressources économiques et en renforçant leurs capacités (Holmes, Marsden et Quarterman 2022). Cependant, les preuves concernant les résultats sont variables, et de multiples facteurs influencent l’efficacité et l’impact des programmes, notamment la compréhension du contexte différencié selon le genre, l’inclusion d’objectifs relatifs aux résultats liés au genre, la conception des programmes, la qualité de leur mise en œuvre, et la mesure des résultats potentiels dans les processus de suivi et d’évaluation (S&E). Ce document explique pourquoi et comment une PSA qui tient compte du genre est importante au Sahel. Il décrit les principaux éléments du contexte différencié selon le genre qui ont des implications 6 pour tous les aspects de la PSA dans la région, de la conception des systèmes et programmes à leur mise en œuvre, leur suivi, leur évaluation et l’apprentissage. Pour chaque phase de la chaîne de mise en œuvre de la protection sociale, le document montre pourquoi il est important d’adopter une perspective de genre et quels objectifs les programmes devraient viser. Il met en lumière l’état des efforts actuels, y compris les bonnes pratiques et les lacunes, et indique où le Programme de Protection Sociale Adaptative du Sahel (PPSAS) (Encadré 1) pourrait concentrer ses actions à l’avenir pour soutenir une PSA sensible au genre à travers le Sahel, afin de maximiser les résultats en matière de réduction de la pauvreté, d’emploi, de résilience et d’autonomisation des femmes. Encadré 1: Le Programme de Protection Sociale Adaptative au Sahel (PPSAS) Le PPSAS est un programme qui appuie six pays sahéliens – le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad – dans la mise en œuvre et l’expansion de systèmes de PSA durables, afin d’aider les ménages et les individus pauvres à développer des sources de revenus durables et à renforcer leur résilience face au changement climatique et à d’autres chocs, y compris les conflits. Les programmes de filets sociaux associés à des mesures d'inclusion économique, élargissent les opportunités d'emploi pour les hommes et, surtout, pour les femmes. Ils renforcent la capacité d'adaptation des individus et de leurs ménages en favorisant l’acquisition de compétences, le développement de capacités et la diversification des moyens de subsistance. En s'appuyant sur les systèmes d'alerte précoce climatique, le PPSAS aide également les pays à anticiper les événements liés au climat, tels que les sécheresses, et à intensifier rapidement l’appui aux ménages à travers les programmes de protection sociale pour répondre aux besoins accrus. Les interventions de PSA ont également le potentiel d'améliorer la cohésion sociale et l'autonomisation des femmes. Pour ce faire, ils allègent les contraintes financières des ménages, s'attaquent aux normes sociales discriminatoires qui réduisent le statut des femmes et des filles et élargissent leurs possibilités d'inclusion financière. Source : Coudouel et al. 2024 Le document est structuré comme suit : la suite de la section 1 présente un aperçu de la méthodologie du programme PPSAS et d’un cadre conceptuel pour comprendre la protection sociale sensible au genre. La section 2 définit le contexte genré au Sahel et ses vastes implications pour la conception, la mise en œuvre et la gestion des programmes. La section 3 identifie la manière dont le PPSAS intègre la dimension de genre à chaque phase de la chaîne de mise en œuvre de la protection sociale, y compris l’utilisation de leviers clés de changement pour amplifier l’impact de la PSA. Enfin, la section 4 conclut par un aperçu des progrès réalisés dans la mise en œuvre des bonnes pratiques et met en évidence les perspectives pour l’avenir. 7 Méthodologie Les éléments présentés dans ce document s’appuient sur une revue exhaustive de la littérature, des bonnes pratiques, la littérature grise du PPSAS, ainsi que sur des entretiens avec des informateurs clés comprenant des membres du personnel de la Banque mondiale, des conseillers techniques et des experts sur divers aspects opérationnels Un cadre conceptuel pour la PSA qui tient compte du genre Cette analyse s’appuie sur le Cadre conceptuel de l’UNICEF Innocenti pour une protection sociale sensible au genre et à l’âge (UNICEF Innocenti, 2020). Ce cadre montre que la pauvreté, les risques et les vulnérabilités sont genrés et qu’ils peuvent évoluer au fil des transitions de la vie et s’accumuler avec le temps. Il souligne la nécessité de comprendre les facteurs structurels et individuels qui sous-tendent les inégalités de genre et la manière dont ceux-ci se traduisent par des trajectoires de vie inégales pour les femmes et les filles par rapport aux hommes et aux garçons, avec des effets négatifs à long terme. Ces facteurs représentent des défis pour garantir que les femmes et les filles bénéficient pleinement de la protection sociale. Le cadre adopte une approche du genre fondée sur le parcours de vie, afin d’évaluer les risques et vulnérabilités spécifiques auxquels les femmes et les filles sont confrontées à différents stades de leur vie. Il décrit les facteurs qui contribuent aux inégalités de genre et qui varient selon le contexte (dynamiques intrafamiliales, accès au marché, normes sociales, culturelles et de genre, politiques, lois, conflits et instabilité, conditions politiques, ainsi que disponibilité et qualité des services). Enfin, le cadre identifie un large éventail d’opportunités et de mécanismes par lesquels les systèmes de protection sociale peuvent s’attaquer aux risques et vulnérabilités liés au genre, notamment à travers le cadre juridique et politique, la conception des programmes, la mise en œuvre, la gouvernance et le financement. Il propose également un continuum d’intégration du genre1, qui distingue les différents degrés d’intégration du genre tout au long de la chaîne de mise en œuvre : • Les programmes discriminatoires en matière de genre excluent activement les femmes et les filles. • Les programmes non genrés ou insensibles au genre négligent les besoins et vulnérabilités différenciés selon le genre. Par exemple, lorsque des transferts monétaires sont effectués par paiements numériques dans des contextes où la possession de téléphones par les femmes est faible, ou lorsque les processus de S&E ne collectent ni n’analysent de données ventilées par sexe. De tels programmes risquent d’exclure les femmes et les filles, de freiner les progrès en matière d’égalité de genre et de produire des conséquences négatives non intentionnelles (Perera et al., 2022). • Les programmes sensibles au genre reconnaissent les différences entre les sexes, mais l’égalité de genre n’en constitue pas l’objectif principal. Par exemple, lorsque des programmes incluent des quotas pour renforcer la participation des femmes, ou lorsque les processus de S&E collectent des données ventilées par sexe sur la participation et les résultats des programmes. 1 Cadre traduit de l’anglais (version originale : UNICEF, 2020). Traduction non officielle. 8 • Les programmes réactifs au genre s’appuient sur une analyse de genre et répondent aux défis ou aux obstacles auxquels les femmes et les filles sont confrontées pour accéder à la protection sociale et en bénéficier. Ils reconnaissent ces défis comme pertinents dans le contexte de la lutte contre la pauvreté, le changement climatique et les conflits. Ces programmes se distinguent par des processus, des systèmes et des résultats équitables et justes. • Les programmes transformateurs en matière de genre visent à transformer les relations de genre discriminatoires ou inégales et à s’attaquer aux causes structurelles et profondes de la pauvreté et des inégalités. Ils promeuvent délibérément le changement dans les processus, l’accès et les résultats. Leur objectif est que les femmes et les filles bénéficient des interventions, tout en impliquant également les hommes et les garçons. Ils visent la résilience, l’autonomisation et des résultats véritablement transformateurs. Par exemple, ces programmes peuvent inclure des interventions de communication pour le changement de comportement qui modifient les normes entourant l’accès des femmes aux ressources, leur contrôle et leur propriété. Le cadre identifie les résultats attendus en matière d’égalité de genre et d’autonomisation des femmes. Ceux-ci comprennent les opportunités économiques et l’autonomisation, le développement du capital humain (santé et éducation, meilleur accès aux compétences et aux capacités), l’amélioration du bien-être psychosocial, une meilleure protection contre la violence basée sur le genre (VBG), ainsi qu’un renforcement de la voix et du pouvoir d’action des femmes. Le cadre identifie les domaines des politiques, des systèmes et des processus qui nécessitent une conception sensible au genre. Il s'agit, entre autres, des éléments suivants : i) l'environnement politique et légal; ii) les stratégies de protection sociale ; iii) les dépenses publiques ; iv) la cohérence au sein des systèmes de protection sociale ; (v) les liens intersectoriels entre les systèmes, les programmes et les services ; et (iv) la qualité de la conception des programmes, de la capacité de mise en œuvre, des systèmes de suivi et d'évaluation (y compris les données ventilées par sexe), des systèmes d'information de gestion (SIG), des registres sociaux et des mécanismes de gestion des réclamations (MGR) qui permettent de signaler et de traiter les préoccupations des bénéficiaires et de fournir un retour d’information afin d’améliorer la mise en œuvre des programmes de protection sociale (Banque mondiale, 2019). (Les informations complémentaires sur les MGR figurent à la section 3.6.2 et dans les sections relatives à chaque phase de mise en œuvre). Les résultats d’une conception de programme sensible a u genre incluent un accès équitable aux services, une réponse adaptée aux besoins spécifiques liés au genre et un renforcement de l’autonomisation des femmes et des filles. Le cadre identifie aussi les leviers de changement pour les systèmes de PSA sensibles au genre. Ils comprennent des actions visant à assurer l’engagement politique et les incitations, ainsi que le financement ; le renforcement des capacités des gouvernements et de leurs partenaires ; les normes, règles et pratiques institutionnelles ; la production de données probantes (données, recherche et évaluation) ; et la facilitation de l’engagement avec les acteurs qui jouent un rôle essentiel dans la mobilisation de la société civile et dans la promotion de la responsabilisation. Le cadre reconnaît que le genre s’entrecroise avec d’autres dimensions sociales telles que l’âge, la race, le handicap et le déplacement. La combinaison du genre avec d’autres caractéristiques intersectionnelles crée des expériences d’inégalité uniques et parfois cumulatives. Comprendre et traiter 9 ces inégalités croisées dans la conception, la mise en œuvre et les processus de collecte de données probantes permet de favoriser des résultats de développement plus efficaces et plus inclusifs. Pourquoi est-ce important ? Les inégalités et l’exclusion fondées sur le genre freinent le développement socioéconomique aux niveaux individuel, familial et sociétal. Elles créent un rôle inégal pour les femmes, qui effectuent la majeure partie du travail domestique et de soins non rémunérés, tandis que le travail des hommes est plus souvent rémunéré. Cette division genrée du travail réduit le statut des femmes et des filles et limite leur accès aux opportunités économiques. Elle affecte le pouvoir de négociation des femmes et leur capacité à prendre des décisions au sein du ménage, dans leurs communautés et dans la société dans son ensemble. Un partage inégal des responsabilités entre hommes et femmes peut entraîner une augmentation du stress et des conflits. Il peut également aggraver la pauvreté, les femmes assumant souvent une plus grande part du travail domestique même lorsqu’elles exercent un emploi à temps plein. Pour la société dans son ensemble, l’inégalité de genre limite le potentiel de la moitié de la population. Elle freine la croissance économique et perpétue la pauvreté. Elle fragilise la cohésion sociale et restreint l’accès aux opportunités dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la prise de décisions. En fin de compte, les écarts en matière de bien-être, d’éducation, de santé et d’emploi entraînent des répercussions sur le bien-être des communautés et des nations tout entières. De tels écarts exposent également les femmes et les filles à un risque accru de VBG. L’inégalité de genre a aussi des effets sur la sphère politique, les principales institutions (justice, fonction publique, administrations locales, police, services sociaux) et le monde du travail. 10 2. CONTEXTE GENRÉ AU SAHEL Qu'est-ce qu'un contexte genré ? Le contexte genré fait référence aux normes sociales et culturelles, aux attentes et aux dynamiques de pouvoir qui existent entre les hommes et les femmes dans un contexte donné et qui peuvent mener à l’exclusion les femmes des programmes, y compris des programmes de PSA. Dans les pays à faible revenu, les femmes et les filles sont désavantagées par rapport aux hommes et aux garçons. Les structures familiales, communautaires et institutionnelles — y compris le cadre légal et économique — les enferment dans une réalité où les opportunités, les choix et le pouvoir d’agir sont limités (Camilletti et al., 2021 ; UNICEF Innocenti, 2020). Les facteurs structurels des inégalités de genre incluent les normes sociales ou de genre, les pratiques traditionnelles néfastes telles que le mariage précoce, ainsi que les lois et pratiques discriminatoires à l’égard des femmes. Les vulnérabilités et les risques auxquels les femmes et les filles sont confrontées varient selon les étapes de leur vie (par exemple, l’adolescence, la maternité et la vieillesse). Les femmes et les filles ne jouissent pas des mêmes droits, avantages, ni du même accès aux biens, ressources et opportunités que les hommes et les garçons. Les dynamiques familiales et les déséquilibres de pouvoir influencent la manière dont elles bénéficient des ressources partagées et déterminent qui prend les décisions — notamment en ce qui concerne l’utilisation des revenus ou la répartition de l’alimentation. La position plus faible des femmes et des filles au sein des ménages se traduit souvent par un accès limité aux biens et aux ressources. Les femmes prennent généralement des décisions concernant les enfants ou les petits achats, mais pas nécessairement en matière de dépenses importantes ou de décisions majeures du foyer. De plus, les femmes et les filles disposent d’une mobilité réduite et d’un accès limité aux espaces publics (Hallman et al., 2014). Les femmes et les filles sont également moins protégées par les cadres juridiques et réglementaires, en particulier dans les domaines du mariage des enfants et d’autres pratiques traditionnelles néfastes , de la VBG, du harcèlement sexuel et du féminicide ; ainsi que dans les lois relatives à l’entrepreneuriat (contraintes à la capacité des femmes de créer et de gérer une entreprise, y compris l’ouverture de comptes bancaires), à l’accès aux biens (les femmes ne disposent pas toujours de droits de propriété ou d’héritage, ce qui limite leur accès au crédit) et à l’accès aux marchés (Banque mondiale, 2024b). Contexte genré au Sahel Le Sahel présente des différences marquées entre les femmes et les hommes, ainsi qu’entre les filles et les garçons, en matière de résultats scolaires (Tableau 1). Les taux d’achèvement varient selon les pays de la région : les taux à la fin des études primaires sont plus faibles pour les filles au Tchad, au Mali et au Niger, mais plus faibles pour les garçons au Burkina Faso, en Mauritanie et au Sénégal. De même, au niveau du premier cycle du secondaire, les taux d’achèvement des filles sont inférieurs à ceux des garçons au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger, tandis qu’au Sénégal et au Burkina Faso, ils sont inférieurs pour les garçons. De manière générale, les filles sont plus exposées que les garçons au risque d’abandonner l’école afin de répondre aux besoins de main-d’œuvre domestique ou en raison du mariage précoce et de la grossesse précoce (Plan International, 2022). 11 Les taux d’alphabétisation sont faibles chez les hommes au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger (moyenne de 40,6 %), mais encore plus faibles chez les femmes, qui accusent en moyenne un retard de 15,6 points de pourcentage par rapport aux hommes (Tableau 1). Au Sénégal, le taux d’alphabétisation est également nettement inférieur pour les femmes que pour les hommes (47,1 % contre 69,1 % respectivement). En Mauritanie, les taux d’alphabétisation sont globalement plus élevés (71,8 % pour les hommes et 62,2 % pour les femmes), mais les femmes demeurent en retard de 9 points de pourcentage. Ces chiffres masquent toutefois d’importantes disparités régionales. Les obstacles à l’éducation des filles comprennent le mariage précoce, la maternité précoce et le rôle des filles dans le travail domestique. En moyenne, 52,5 % des jeunes femmes du Sahel se marient durant l’enfance (UNICEF, 2020). Plus de 60 % des filles au Tchad et au Niger sont mariées avant l’âge de 18 ans ; au Burkina Faso et au Mali, ce taux dépasse 50 % ; et en Mauritanie et au Sénégal, il dépasse 30 %. Le mariage des enfants et les pratiques traditionnelles néfastes, telles que les mutilations génitales féminines, persistent au Sahel (Erskine, 2023). Tableau 1: Sahel – Taux d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire, alphabétisation des adultes et mariage des enfants Achèvement du premier Taux d'alphabétisation Filles mariées Achèvement du primaire cycle du secondaire des adultes avant l'âge de (% du groupe concerné) Pays (% du groupe concerné) (%, 15+) 18 ans (%) Filles Garçons Filles Garçons Femmes Hommes Filles Burkina 57.3 46.4 31.9 23.5 29.1 40.1 52.0 Faso Tchad 37.7 49.2 14.1 24.2 18.9 35.8 67.0 Mali 48.4 51.0 27.9 29.6 22.0 40.0 52.0 Mauritanie 72.4 60.2 41.7 45.7 62.2 71.8 37.0 Niger 46.8 49.0 14.6 15.4 29.7 46.3 76.0 Sénégal 69.4 53.4 44.7 34.1 47.1 69.1 31.0 Sources : Girls, Not Brides 2019 ; Save the Children 2017 ; Banque mondiale, s.d. Notes : Taux d'achèvement des études primaires et secondaires : Burkina Faso 2023 ; Tchad 2021 ; Niger 2023 ; Mali 2023 ; Sénégal 2023 ; Mauritanie 2019 ; Taux d'alphabétisation des adultes : Burkina Faso 2022 ; Tchad 2022 ; Mali 2020 ; Sénégal 2022 ; Mauritanie 2021. Un pourcentage élevé de filles dans le Sahel a un enfant avant l’âge de 18 ans. Quatre-vingt-quinze pour cent des adolescentes mariées ne vont pas à l’école. La pauvreté, les conflits et l’insécurité peuvent inciter les ménages à marier leurs filles précocement, mais d’autres facteurs, tels que les normes sociales, les interprétations religieuses et le manque d’accès à l’éducation, jouent également un rôle crucial (Ba et Versluys, 2022). Les adolescentes et les jeunes femmes sont aussi confrontées à des risques accrus en période de chocs et d’instabilité. Les femmes et les filles présentent de faibles indicateurs de santé au Sahel. Un grand nombre d’entre elles meurent en couches. Les taux de mortalité maternelle dans la région varient entre 242 et 748 décès pour 100 000 naissances vivantes (Organisation mondiale de la Santé et al., 2025), en raison du mariage précoce et d’un accès limité aux soins maternels et de santé reproductive. La faim et la malnutrition, conséquence des crises successives liées aux chocs climatiques et aux conflits, affectent également les femmes et les filles de manière différenciée (Plan International, 2022b). Les femmes et les filles sont plus 12 susceptibles de sacrifier leurs rations alimentaires, de manger moins et en dernier, et les femmes enceintes ou allaitantes ainsi que leurs nourrissons sont plus exposés à des conséquences sanitaires graves et durables dues à une nutrition insuffisante. Elles subissent également de manière disproportionnée les répercussions de la VBG et des pratiques traditionnelles néfastes. Les taux de participation des femmes à la population active varient dans le Sahel (Tableau 2). Cependant, il existe des différences dans la manière dont les femmes et les hommes participent. Les femmes travaillent majoritairement dans le secteur informel, principalement comme travailleuses indépendantes dans l’agriculture de subsistance, la transformation alimentaire et le commerce de détail, où elles jouent un rôle crucial dans la gestion de l’alimentation et de la nutrition de leurs ménages (Bossuroy, Koussoubé et Premand, 2020). Les hommes sont plus susceptibles de travailler sur des cultures destinées aux marchés. Dans les zones urbaines, les femmes travaillent davantage dans l’artisanat et le commerce de détail. Les taux de participation des femmes sont les plus faibles pendant leurs années les plus productives, période où elles commencent à se marier et à avoir des enfants (Kabeer, 2018). À mesure que les femmes vieillissent, leur accès limité à l'éducation, aux biens et aux opportunités à différentes étapes de la vie contribue à augmenter les risques de pauvreté et à réduire le soutien familial. Tableau 2: Taux de participation à la population active dans le Sahel Burkina Faso Tchad Mali Mauritanie Niger Sénégal Femmes 57.0% 48.6% 51.6% 26.4% 62.0% 37.6% Hommes 72.0% 72.2% 82.1% 57.2% 84.3% 63.9% Source : Banque mondiale 2024 Les normes sociales imposent des contraintes considérables à la productivité des femmes. Les femmes jouent un rôle important dans la garde des enfants et les responsabilités domestiques, et elles sont souvent limitées à certains types d’activités productives, comme le petit commerce. Les femmes et les hommes pauvres et vulnérables font face à de multiples défis pour améliorer leur productivité, notamment les risques liés au climat, mais aussi l’accès limité aux intrants, au capital et aux infrastructures. Les défis varient selon le sexe : les femmes sont plus susceptibles de rencontrer de faibles ventes et de subir des pressions sociales pour faire preuve de générosité, accorder du crédit et pardonner des dettes, tandis que les risques auxquels les hommes sont confrontés sont plus liés aux maladies du bétail et au harcèlement sur les marchés locaux (Bossuroy, Koussoubé et Premand, 2020). Le Sahel est l’une des régions du monde les plus affectées par le climat, avec des impacts disproportionnés sur les femmes et les filles. Les températures y augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale, et les chocs climatiques — en particulier les pluies irrégulières, les inondations et les sécheresses — deviennent plus fréquents et plus sévères (Roest, Coudouel et Gordin, 2025). La région possède un agrosystème semi-aride et dépend économiquement de l’agriculture et du pastoralisme (McOmber, 2020). L’économie alimentaire, qui emploie plus de 80 % de la population au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger, est de plus en plus vulnérable aux chocs climatiques et aux variations météorologiques. Les événements climatiques dévastent les moyens de subsistance, et parmi les plus vulnérables se trouvent les femmes, les groupes socialement marginalisés, les jeunes, les personnes 13 âgées et les personnes en situation de handicap. Bien que l’agriculture reste la principale source de subsistance dans le Sahel, elle génère des revenus très faibles, obligeant la plupart des ménages à diversifier leurs activités génératrices de revenus (Brunelin, Zombre et Benzidia, 2025). La capacité des femmes à investir dans les types de ressources nécessaires pour se remettre d’événements climatiques et s’y préparer est limitée par les normes sociales, qui restreignent leur mobilité ainsi que leur accès à l’information, à l’éducation, à l’information et aux choix de subsistance (McOmber, 2020). L’insécurité alimentaire persistante dans la région expose également les femmes, les filles et les groupes marginalisés à un risque accru de malnutrition, en raison des inégalités dans la répartition des aliments au sein des ménages (OCHA, 2023). Cela contribue à des pics de mariages d’enfants et de pratiques traditionnelles néfastes (Erskine, 2023). Bien que les femmes jouent un rôle central dans la production alimentaire, les normes de genre restrictives font également d’elles l’un des groupes les pl us vulnérables face à la crise alimentaire, aux côtés des personnes âgées, des jeunes et des personnes en situation de handicap. Le manque d’accès et de contrôle des femmes sur les terres et autres biens et ressources économiques constitue un facteur clé de leurs inégalités, de l’insécurité alimentaire et de leur vulnérabilité. La pauvreté, la vulnérabilité, la concurrence pour les ressources naturelles et le manque d’opportunités économiques exacerbent les conflits et les déplacements forcés dans le Sahel, où près de 4 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile (Roest, Coudouel et Gordin, 2025). Dans les zones fragiles et touchées par les conflits, les femmes et les hommes sont confrontés à des risques et vulnérabilités, avec le genre comme facteur déterminant de leurs expériences différentes. La dépendance des femmes aux ressources naturelles accroît leur vulnérabilité. La recherche de ressources de plus en plus rares, comme le bois de chauffe et l’eau, réduit leur temps disponible, leur sécurité et leurs revenus (McOmber, 2020). L’insécurité sociale et économique constitue également un facteur de migration et de déplacement (Afifi, 2011 ; Schürmann et al., 2022), qui génèrent des risques et vulnérabilités différenciés selon le genre (Tableau 3) (Bushra, 2000 ; OCHA, 2023 ; ONU Femmes, 2024). À mesure que la sécurité se détériore dans le Sahel, la situation en matière de VBG s’aggrave. Entre 2022 et 2023, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger ont enregistré une augmentation de 20 % des incidents liés à la protection, dont 1 sur 9 était lié à la VBG, atteignant un ratio de 1 sur 5 dans certaines zones. Globalement, plus de 40 % des survivantes de VBG n’avaient pas accès à des services adéquats (Project 21, 2023). Tableau 3: Les dimensions genrées des conflits : risques et vulnérabilités Femmes et filles Hommes et garçons La violence sexuelle utilisée comme tactique de guerre ; Vulnérables aux blessures physiques directes, aux l'augmentation de la VBG, y compris les mariages assassinats ciblés et au recrutement forcé dans des précoces ; l'exploitation sexuelle contre nourriture ; la groupes armés. traite des filles et des femmes. Les trois quarts des décès maternels surviennent chaque Problèmes de santé mentale. année dans des contextes fragiles. Les inégalités économiques réduisent la capacité des Le chômage et l'isolement. La stigmatisation et la honte de femmes à absorber les chocs. ne pas pouvoir jouer un rôle de soutien de famille. Les femmes sont plus difficiles à atteindre et ont souvent Vulnérable aux abus sexuels, mais incapable ou réticent à un accès limité à l’aide et aux secours, avec des menaces le signaler. 14 supplémentaires pour leurs moyens de subsistance, leur bien-être et leur rétablissement. Abandon familial. Perte d'accès à l’éducation. Problèmes de santé mentale. Perte d'accès aux services essentiels, y compris l'éducation, la santé, y compris les services de santé sexuelle et reproductive. Les filles peuvent être retirées de l'école en premier. Sources : Bushra, 2000 ; OCHA 2023 ; ONU Femmes 2024 Le Sahel abrite d’autres groupes vulnérables, notamment les personnes en situation de handicap, les populations mobiles, celles déplacées de force en raison de conflits ou d’événements climatiques, y compris les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, les veuves, ainsi que les épouses et les enfants dans les ménages polygames. Les populations mobiles sont particulièrement affectées par le manque d’accès aux services de base. Au Mali, par exemple, le taux de scolarisation des enfants issus de populations pastorales nomades est estimé entre deux et trois pour cent des enfants (Crola, 2019). Les veuves sont confrontées à des défis sociaux et économiques spécifiques, notamment des politiques et lois discriminatoires, des stéréotypes et des étiquetages négatifs, une perte de statut social, l’isolement social et la stigmatisation (Odhiambo et al., 2025). La stigmatisation des veuves entraîne des conséquences négatives sur la santé mentale, sexuelle et reproductive. Les veuves perdent l’accès aux biens en raison des pratiques d’héritage et sont également vulnérables à l’exploitation sexuelle et à la VBG. Les systèmes et programmes de protection sociale ont le potentiel de s’attaquer à certains obstacles structurels auxquels les femmes sont confrontées et d’améliorer les résultats de développement pour les femmes et les filles, en promouvant leur autonomisation. Les preuves montrent que les programmes ont le plus de chances de produire des résultats positifs en matière de genre lorsque leur conception repose sur une compréhension du contexte genré, que des objectifs clairs d’autonomisation des femmes sont définis, que les approches de mise en œuvre tiennent compte du genre, et que les résultats contribuant à l’autonomisation des femmes sont mesurés (Holmes, Marsden et Quarterman, 2022). 15 3. CONCEPTION ET MISE EN ŒUVRE DE LA PSA SENSIBLE AU GENRE DANS LE SAHEL Le PPSAS appuie les pays du Sahel dans le développement de systèmes de PSA qui sont sensibles au genre. Au niveau des résultats, le PPSAS a démontré la contribution des programmes de PSA aux résultats en matière d’égalité de genre dans plusieurs domaines clés : les opportunités économiques et l’autonomisation, le développement du capital humain, le bien-être psychologique, ainsi que la participation et l’influence des femmes et des filles. Pour la troisième phase de son programme, le PPSAS a identifié trois objectifs transversaux visant à réduire la pauvreté et l'exclusion et à promouvoir la résilience ainsi que l'autonomisation des femmes : • Accès égal aux services pour les femmes et les filles. Les services comprennent le versement de transferts monétaires aux ménages par l’intermédiaire des femmes (en tant que récipiendaires), ainsi que des mesures visant à renforcer l’inclusion économique et le capital humain des femmes, et des programmes destinés à protéger la consommation et les actifs en période de crise. L’accès égal suppose une compréhension des obstacles auxquels les femmes sont confrontées — contraintes de temps et de mobilité, accès limité aux documents d’identité, et rôle inégal des femmes dans la prise de décision au sein des ménages et dans la sphère publique. • Réponse adaptée aux besoins différenciés selon le genre. Il s’agit de veiller à ce que les programmes soient conçus de manière à reconnaître les contraintes spécifiques auxquelles les femmes font face, et à adapter les interventions à ces besoins particuliers (en matière de connaissances, de compétences, de secteurs d’emploi, de mobilité, de contraintes de temps, entre autres). • Renforcement de l'autonomisation des femmes et des filles, accompagné d’attitudes et de comportements favorables de la part des communautés, des hommes et des garçons. Pour chacune des étapes clé de la chaîne de mise en œuvre de la protection sociale, cette section explique pourquoi et comment ces objectifs sont importants du point de vue du genre, ce que le PPSAS a déjà accompli, et ce qui peut encore être fait. La section est structurée selon les phases de la chaîne de mise en œuvre de la protection sociale (Figure 1) comme suit : Section 3.1, information et sensibilisation ; Section 3.2, accueil, enregistrement et évaluation des besoins et des conditions ; Section 3.3, décisions d’éligibilité et inscription ; Section 3.4, paiement des prestations (y compris les systèmes de paiement) ; la section 3.5, mise en œuvre de mesures d'accompagnement ; la section 3.6, gestion des programmes, couvrant, dans le cadre du présent document, les progrès et défis en matière de suivi-évaluation, ainsi que la prévention et l’atténuation de l’exploitation et des abus sexuels, et du harcèlement sexuel (EAS/HS) — ces dimensions étant pertinentes à toutes les étapes de la chaîne de mise en œuvre ; et la section 3.7 présente la manière dont le PPSAS utilise les leviers clés du changement pour transformer la conception et la mise en œuvre d’une protection sociale sensible au genre (notez que certaines discussions sont importantes pour plusieurs phases, comme indiqué le cas échéant (voir par exemple l'Encadré 2). 16 Figure 1: Chaîne de mise en œuvre de la protection sociale Source : Lindert et al 2020 Encadré 2: L'importance de la possession et de l'accès des femmes à un document d’identité tout au long de la chaîne de mise en œuvre La possession et l'accès des femmes aux documents d’identité constituent un défi récurrent à travers plusieurs étapes clés de la chaîne de mise en œuvre, ce qui peut compromettre l'accès des femmes aux programmes PSA et à d'autres services. Des écarts entre les sexes dans la possession de pièces d’identité existent dans les six pays du Sahel, mais ils sont particulièrement marqués dans les pays où le taux de détention d’une pièce d’identité est inférieur à 70 % (Tchad, Mali et Niger). Dans l’ensemble des pays du PPSAS, les populations rurales, pauvres, marginalisées ou déplacées, en particulier les femmes, sont moins susceptibles de détenir une pièce d’identité. Les obstacles à la possession ou à l'accès des femmes aux documents d’identité dans le Sahel comprennent les normes sociales qui accordent plus de valeur aux hommes et aux garçons, les contraintes de mobilité, le coût des déplacements, les coûts d'opportunité associés aux responsabilités de soins, le manque de documents et les processus bureaucratiques complexes. L'absence de pièces d'identité limite l’accès des femmes aux services financiers, aux cartes SIM (Subscriber Identity Module), aux services de banque mobile, à l'emploi et à la participation aux élections locales. Dans les sections suivantes, l'analyse met en évidence l'importance du document d’identité, les bonnes pratiques existantes et les mesures supplémentaires pouvant être mises en œuvre pour améliorer la situation. Sources : Clark, Metz et Casher 2022 ; Klapper 2024 17 3.1 Information et sensibilisation adaptées au genre (phase 1) Qu’est-ce que c’est ? Les activités de d’information et de sensibilisation suscitent l'appui de la communauté à l'égard des objectifs, des règles et des critères d'admissibilité du programme. Leur but est d'atteindre les populations visées et de leur fournir l'information dont elles ont besoin pour participer au programme. La sensibilisation fournit aux populations cibles des informations sur les points de contact ; le moment et le lieu de l'inscription ; les droits et les responsabilités des bénéficiaires potentiels et éventuels du programme ; et les canaux de dépôt des réclamations et appels (Lindert et al. 2020). La sensibilisation implique des interactions qui informent les individus (hommes et femmes) sur les programmes de protection sociale et les processus de mise en œuvre et les persuadent de s'engager (Lindert et al. 2020). Cela signifie qu'il faut faire participer au dialogue les leaders communautaires (hommes et femmes, y compris les chefs religieux et les aînés) qui influencent les normes sociales pour s'assurer qu'ils comprennent et appuient les programmes et leur conception, y compris les critères d’éligibilité et la raison pour laquelle les femmes sont récipiendaires et participantes aux mesures visant à améliorer leur capital humain et à développer leur potentiel économique. Pourquoi est-ce important ? Les populations vulnérables, à risque et marginalisées, en particulier les femmes, sont susceptibles de rencontrer des obstacles pour accéder à l'information sur les programmes de PSA. Ces obstacles doivent être compris par les personnes qui conçoivent et mettent en œuvre les stratégies de sensibilisation. Les femmes peuvent ne pas avoir accès aux mêmes canaux de communication sur le programme que les hommes. Cela inclut les femmes en situation de handicap, âgées, déplacées ou parlant une langue différente. Les femmes peuvent être occupées par les tâches domestiques, avoir des contraintes de temps et être moins en mesure d’interagir avec le personnel de terrain en présence des hommes. Les travailleurs de première ligne peuvent supposer que les individus s’informent mutuellement et que les hommes informeront les femmes. Il est donc essentiel de comprendre les obstacles auxquels les femmes sont confrontées pour accéder à l’information lors de la phase de sensibilisation. Cette compréhension peut être obtenue soit par des recherches diagnostiques, soit par des processus de suivi et d’évaluation qui recueillent en continu des informations sur ces obstacles et prennent des mesures pour y remédier. Lorsque les programmes de protection sociale ciblent les femmes comme bénéficiaires, il est essentiel que les communautés, les dirigeants communautaires, les hommes et les garçons soient informés et favorables. Par conséquent, le personnel de première ligne lors de la phase de sensibilisation doit présenter et expliquer le raisonnement derrière les décisions du programme (Barca et al., 2021). Cette phase exige que le personnel de terrain possède la capacité et les compétences nécessaires pour sensibiliser sur la situation des femmes et pour mobiliser les hommes et les garçons, afin d’expliquer la finalité des programmes et la raison du ciblage des femmes comme bénéficiaires ou récipiendaires. Elle nécessite l’utilisation de concepts, termes et approches culturellement appropriés, afin d’éviter tout retour de bâton ou réactions négatives, pouvant inclure harcèlement, agressions et résistance. La sensibilisation est la première phase de la chaîne de mise en œuvre pour informer les communautés des exigences en matière d'identification pour l’inscription, pour comprendre les 18 obstacles auxquels les femmes sont confrontées pour obtenir un document d'identité et pour trouver des solutions pour faciliter l'accès. Les actions favorisant l’accès aux pièces d’identité incluent l’organisation d’enregistrements mobiles et/ou l’accompagnement au transport ou la prise en charge de son coût, ainsi que la négociation au niveau local pour un accès accéléré aux pièces d’ident ité et une certaine flexibilité concernant les documents requis. La sensibilisation est également la première phase où les risques d’exploitation et abus sexuels, et du harcèlement sexuel (EAS/HS) par les travailleurs de première ligne doivent être compris et traités au moyen de stratégies d'atténuation. Ces stratégies garantissent que les femmes et les enfants ne sont pas exposés au harcèlement, à l’exploitation ou aux agressions par les personnes impliquées dans la mise en œuvre, y compris les consultants, le personnel de terrain et les agents chargés des paiements des transferts. Des mécanismes de gestion des réclamations (MGR) sont également établis à l'étape de la sensibilisation pour permettre à tous les bénéficiaires potentiels d'exprimer leurs problèmes et leurs préoccupations concernant tout aspect de gestion du programme, y compris le signalement des incidents d'EAS/HS. Les MGR offrent aux individus un mécanisme de recours en cas de refus d’un service ou transfert ou pour se plaindre de la qualité et de la quantité de la mise en œuvre et des services (UNRISD et al., 2015). Les MGR doivent être impartiaux, indépendants et équitables, transparents et efficaces pour répondre aux réclamations et recours, et pour fournir des solutions sans discrimination de genre. Que fait le PPSAS ? Les programmes nationaux de protection sociale appuyés par le PPSAS utilisent des approches de sensibilisation différenciées selon le genre, visant à fournir un accès équitable à l'information. En général, le personnel de première ligne s’adresse séparément aux hommes et aux femmes dans leurs communautés, puis les rassemble pour un dialogue ultérieur. Certains programmes de filets sociaux appuyés par le PPSAS ont fixé des objectifs concernant le nombre ou le pourcentage de femmes devant être informées lors des processus de sensibilisation. Ils utilisent des approches multimédias pour communiquer, telles que les stations de radio locales et les haut-parleurs montés sur des véhicules, et collaborent avec les associations villageoises (masculines et féminines), qui diffusent ensuite l’information aux ménages potentiellement éligibles au programme. Les associations villageoises jouent un rôle important pour informer et aider les bénéficiaires potentiels tout au long de la chaîne de mise en œuvre. Le personnel de première ligne explique également le fonctionnement des MGR (pour plus d’informations sur la manière dont le PPSAS soutient les actions de prévention et d’atténuation des risques d’EAS/HS, voir Section 3.6.2). Au Burkina Faso, le personnel de terrain engage les communautés ainsi que les hommes et les garçons afin d’expliquer le raisonnement derrière le ciblage des femmes pour certains services. 19 Que peut-on faire de plus ? • Fournir un appui au renforcement des capacités du personnel de première ligne et des bénévoles afin d’améliorer la sensibilité au genre des activités de sensibilisation , avec pour objectifs : (i) Atteindre tous les membres des communautés, y compris les femmes et autres groupes difficiles à joindre, en leur fournissant des informations sur la protection sociale et en expliquant toutes les phases de la mise en œuvre; ii) Obtenir le soutien de la communauté pour l’accès des femmes aux documents d’identité, ainsi que pour les femmes en tant que bénéficiaires de transferts et autres services, y compris toutes les épouses dans les ménages polygames; (iii) Mettre en place et expliquer les MGR aux associations communautaires et aux bénéficiaires potentiels, en utilisant des termes et concepts compris localement; (iv) Identifier et réduire les risques d’EAS/HS de la part du personnel de programme et des opérateurs mobiles, le cas échéant (voir Annexe 2 pour plus de détails sur les domaines clés et thèmes pour le développement des capacités du personnel de mise en œuvre). • Appuyer les recherches diagnostiques afin de comprendre et de répondre aux différents besoins de communication des femmes selon le contexte, et intégrer les résultats et recommandations dans l’approche globale de sensibilisation. 3.2 Accueil, enregistrement et évaluation des besoins et des conditions, adaptés au genre (phases 2-3) Qu’est-ce que c’est ? L’accueil et l’enregistrement (phase deux) sont les processus consistant à établir le contact, à interagir avec les individus et les ménages, et à recueillir des informations les concernant, ainsi qu’à enregistrer et vérifier ces informations. L’objectif de l’accueil et de l’enregistrement est de fournir des informations complètes, vérifiées et validées afin d’alimenter l’évaluation des besoins et des conditions (phase trois), qui consiste à profiler les individus et ménages enregistrés à l’aide de diverses méthodologies d’évaluation. Ces profils peuvent ensuite être utilisés par les programmes sociaux — souvent en combinaison avec des critères d’éligibilité spécifiques au programme — pour déterminer l’éligibilité potentielle et l’enregistrement (phases cinq et six) aux programmes sociaux (Lindert et al., 2020). Dans le Sahel, les registres sociaux sont utilisés pour soutenir les processus d’accueil, d’enregistrement et d’évaluation des besoins et des conditions, en s’appuyant sur les données et informations qu’ils collectent. Les gouvernements utilisent les registres sociaux pour collecter et consolider systématiquement des données socioéconomiques et d’autres caractéristiques des populations ciblées, suffisantes pour permettre l’évaluation d’un éventail d’indicateurs de bien -être. Dans le cadre de ce processus, dans le Sahel, le ciblage géographique et/ou communautaire peut : (i) contribuer à la priorisation des ménages qui seront enregistrés ; et (ii) appuyer la validation des scores d'évaluation du bien-être ou des listes de bénéficiaires, en utilisant les connaissances locales et en s'appuyant souvent sur des structures communautaires établies (associations villageoises masculines et féminines). Les registres sociaux préparent régulièrement des estimations du bien-être des ménages à 20 l’aide de tests de moyens proxy (PMT), basés sur des « proxys » du revenu ou de la consommation réels, reposant sur des caractéristiques observables telles que la possession d’actifs, la qualité du logement, les données démographiques et d’autres facteurs corrélés à la pauvreté monétaire. Lorsqu’ils soutiennent ces processus communs pour plusieurs programmes, les registres sociaux améliorent l’efficacité et l’efficience des administrateurs de programmes, qui prennent les décisions d’éligibilité et d’enregistrement (Alberro et Geschwind, 2025). Pourquoi est-ce important ? Lorsque les processus d’accueil, d’enregistrement et d’évaluation des besoins et des conditions ont pour objectif de supprimer les obstacles pour les personnes à risque d’exclusion, ils peuvent offrir des opportunités significatives pour promouvoir un accès égal aux services (Barca et al., 2021). Ces trois processus nécessitent une prise en compte du genre afin de garantir l’inclusion des femmes. Une attention particulière doit également être portée aux caractéristiques croisées susceptibles d’exclure lorsqu’elles se combinent au genre (âge, handicap, déplacement). Dans le Sahel, ces processus nécessitent une capacité de mise en œuvre réactive et adaptative pour soutenir les programmes de PS A dans l’extension rapide de leur couverture, aussi bien en temps normal qu’en cas de choc (Alberro, Geschwind et Patella, 2025). Les processus d’accueil et d'enregistrement comprennent deux éléments principaux. Tout d'abord, définir les critères et les processus utilisés pour décider quels ménages doivent être enquêtés. Deuxièmement, déterminer quelles données doivent être collectées. Ces processus ont des implications en matière de genre, tant sur les critères définis pour identifier les ménages les plus vulnérables et sur la manière dont ils sont appliqués, que sur les décisions concernant les ménages à enquêter. Cela inclut les processus de présélection impliquant les perspectives des communautés et/ou des autorités locales. Les questionnaires et processus de collecte de données peuvent involontairement créer des obstacles pour les femmes s’ils ne prennent pas en compte la possession ou l’accès aux pièces d’identité, les contraintes de mobilité, les barrières linguistiques, les complexités juridiques liées au statut de réfugié, ainsi que la discrimination potentielle des groupes de femmes vulnérables et marginalisées (âge, handicap, déplacement). La recherche diagnostique sur les obstacles liés au genre dans l’accueil et l’enregistrement peut contribuer à élargir l’accès à l’enregistrement pour les ménages et individus exposés à des risques et vulnérabilités spécifiques au genre (OCDE, 2022). Les phases d’accueil et d’enregistrement sont critiques pour évaluer et réduire les risques associés à l’EAS/HS. Cela inclut les risques encourus par les femmes et autres groupes vulnérables dans les centres d’enregistrement ou lors d’autres processus de collecte de données (par exemple, visites à domicile par les enquêteurs) (voir Section 3.6.2 pour plus d’informations). L’évaluation des besoins et des conditions nécessite plusieurs méthodologies pour évaluer le bien- être des personnes enregistrées. Les résultats sont ensuite utilisés (lors de la phase d’éligibilité et d’enregistrement) par les administrateurs de programmes pour considérer l’éligibilité potentielle et l’enregistrement des personnes sélectionnées. Lorsque les processus d’accueil, d'enregistrement et d'évaluation sont sensibles au genre, y compris dans des environnements caractérisés par des chocs soudains causés par des événements climatiques et des conflits : 21 • L’enregistrement a des objectifs pour l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes. Par exemple : permettre aux femmes d'être responsables de la communication des informations sur le ménage ; le recrutement de femmes pour appuyer les processus d'enregistrement ; et le soutien à ceux qui ont besoin d'aide. • Les critères d’accueil prennent en compte les ménages présentant des risques et vulnérabilités liés au genre, tels que les ménages dirigés par des femmes, les ménages comprenant des membres handicapés, des personnes parlant une langue non locale, des migrants et des populations déplacées, où les femmes sont doublement désavantagées. Inclure dans le processus décisionnel des personnes ayant une connaissance locale des ménages présentant des vulnérabilités liées au genre peut contribuer à rendre les critères d’accueil plus inclusifs. • Les processus de validation communautaire incluent les femmes, soit en établissant des quotas pour leur participation aux décisions, soit en impliquant séparément les hommes et les femmes dans ces processus. Les communautés reçoivent des orientations sur les types de ménages présentant des risques et vulnérabilités liés au genre et à la pauvreté. Les évaluations des programmes vérifient les progrès réalisés dans ce domaine en analysant les biais dans les processus décisionnels et en s’assurant que la voix et les perspectives des femmes sont entendues et prises en compte (voir Section 3.6.1 et Annexe 1 pour plus de détails sur le suivi et l’évaluation du rôle des femmes dans les comités de validation). • Un objectif est défini pour supprimer les obstacles à l’accueil et à l’enregistrement pour ceux qui sont les plus à risque d’exclusion (Barca et al., 2021). Il s'agit notamment (i) de réduire les coûts directs, indirects et d'opportunité liés à l'enregistrement. Par exemple, trouver des solutions locales pour surmonter le manque de temps des femmes, les obligations familiales, faciliter les exigences d'identification des femmes, la complexité des processus d'enregistrement, et la distance et les coûts pour atteindre les points d'enregistrement ; ii) identifier et traiter les normes de genre restrictives qui peuvent limiter la participation des femmes aux processus d’accueil et d'enregistrement, par exemple le genre de l’enquêteur; et (iii) soutenir les groupes vulnérables de femmes qui s'inscrivent, par exemple celles qui ont un faible niveau d'éducation et/ou un handicap ou des contraintes linguistiques (Barca et al. 2021). • Les données collectées lors de l’accueil sont conçues pour révéler les risques et vulnérabilités liés au genre. Les actifs et ressources peuvent jouer un rôle dans la détermination de l’éligibilité potentielle. Dans ce cas, les outils de collecte de données peuvent inclure des questions sensibles au genre sur : la possession et les droits sur les actifs physiques et financiers (téléphones portables, terres, bétail) ; les résultats sur le marché du travail ; l’accès aux services (santé, éducation et autres services essentiels) ; les expériences de violence dans des contextes soumis à des chocs ; et la mobilité — la capacité des femmes à se déplacer librement (Hasanbasri et al., 2021 ; Pereznieto et Holmes, 2020). Cependant, des questions supplémentaires nécessitent une justification claire pour éviter des coûts injustifiés et la surcharge des processus de collecte de données. • Les processus identifient et réduisent les biais potentiels dans la collecte de données. Les biais peuvent apparaître dans le recrutement des enquêteurs, dans leurs attitudes et comportements, et dans la formulation des questions. Les biais liés au genre, au handicap et au déplacement renvoient à des stéréotypes ou préjugés conscients ou inconscients pouvant 22 influencer l’interprétation des informations concernant une personne candidate. Ces biais peuvent être éliminés grâce à la formation et à la supervision des équipes de mise en œuvre (Banque mondiale, 2019). • Les approches fournissent des orientations sur le sexe des répondants. Les hommes et les femmes peuvent avoir des points de vue similaires sur les aspects matériels de leurs conditions de vie, mais des perspectives différentes sur d’autres questions du questionnaire. Interroger uniquement les chefs de ménage plus âgés ou ceux présents lors de la première visite d’évaluation peut entraîner une vision limitée (Demombynes, 2013). Une meilleure pratique consiste à interroger plusieurs membres du ménage, en recueillant différentes informations auprès des personnes les plus informées. Il est également important d’analyser les données selon une perspective de genre pour identifier les ménages présentant des risques et vulnérabilités liés au genre. Les femmes peuvent ne pas posséder ou avoir accès à un téléphone mobile, ce qui est crucial si les transferts monétaires passent à des systèmes numériques. Les femmes et les enfants peuvent également ne pas avoir accès aux services essentiels, y compris les écoles, les centres de santé et les services de prise en charge liés à la VBG. De plus, les ménages dirigés par des femmes peuvent ne pas posséder de bétail, mais en dépendre ou être affectés par des pénuries sur le marché (Pereznieto et Holmes, 2020). Que fait le PPSAS ? Le PPSAS appuie les gouvernements dans le développement de registres sociaux pour que les programmes nationaux de PSA puissent identifier les populations pauvres et vulnérables. Un document technique récent du PPSAS sur les registres sociaux dynamiques pour la PSA (Encadré 3) explore leur rôle dans des contextes sujets aux chocs, y compris dans le Sahel, en intégrant des considérations importantes pour le genre et l’accès équitable. Par exemple, il fournit des informations sur les variables et attributs des modules de données de base et complémentaires, incluant des données d’identification et biographiques couvrant les caractéristiques individuelles. Il signale également les points où les critères d’évaluation de la qualité des données peuvent exclure certains groupes, y compris les femmes. Enfin, il souligne la nécessité que les processus d’enregistrement assistent les personnes inscrites, en particulier les femmes, les personnes ayant un faible niveau d’éducation et les personnes en situation de handicap. Encadré 3: Qu’est-ce qu’un registre social dynamique ? Les registres sociaux dynamiques permettent de suivre l’évolution des conditions de vie des ménages. Ils offrent un « processus d’accueil et d’enregistrement ouvert et continu, permettant aux ménages de s’inscrire et/ou de mettre à jour leurs informations socioéconomiques à tout moment » (Alberro et Geschwind, 2025). Les registres sociaux dynamiques jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre de la PSA dans des environnements où le bien-être des ménages peut changer de manière spectaculaire et soudaine à la suite de chocs. Sources : Alberro et Geschwind 2025 ; Williams et Moreira, 2020 23 Le PPSAS conseille les gouvernements sur la conception de registres sociaux inclusifs. Ces registres enregistrent la composition des ménages (y compris pour les ménages polygames et l’enregistrement de toutes les épouses), ainsi que les caractéristiques individuelles au sein des ménages, par genre, âge et handicap, afin que les ménages présentant des vulnérabilités spécifiques liées au genre, à l’âge ou à d’autres facteurs puissent être pris en compte pour l’éligibilité aux programmes. Certains registres incluent également les populations réfugiées (Encadré 4). Les questionnaires utilisés par les registres sociaux capturent de plus en plus les caractéristiques individuelles au sein des ménages pour une meilleure analyse du genre et de l’exclusion. Au Sénégal, l’assistance technique du PPSAS a appuyé les partenaires gouvernementaux pour que les questionnaires enregistrent désormais les principaux actifs des ménages par genre, par exemple les téléphones portables des membres du ménage âgés de 15 ans et plus, et la distance entre les utilisateurs et les services financiers. La recherche diagnostique du PPSAS informe la conception des registres sociaux. Une étude récente du PPSAS sur les obstacles rencontrés par les migrants internes et les personnes déplacées à l’intérieur du pays pour accéder aux services de protection sociale recommande d’intégrer la migration et/ou le déplacement comme catégorie dans les évaluations des registres sociaux, car ces groupes — et en particulier les femmes — présentent des vulnérabilités spécifiques, notamment l’émigration des hommes, laissant femmes et enfants dépendants et non protégés (Holmes et Branders, 2024). Ceci est également pertinent dans les contextes de crise. Encadré 4 : Mauritanie – Registre social inclusif Dans les zones d’accueil de réfugiés, le gouvernement de la Mauritanie, en partenariat avec le HCR, la Banque mondiale et le Programme alimentaire mondial (PAM), intègre les données sur les ménages réfugiés et les communautés hôtes dans son registre social, utilisé par le programme national de filets sociaux Tekavoul et d’autres programmes sociaux. Le registre social mauritanien est l’un des plus grands du Sahel. Créé en 2016, il a couvert toutes les régions et zones du pays en 2020 et contient des informations socioéconomiques détaillées sur les 40 % les plus pauvres de la population dans sa base de données. Il est utilisé par plus de 40 partenaires institutionnels nationaux pour la distribution alimentaire, les filets sociaux, et les initiatives de réponse aux urgences. Sa dernière mise à jour enregistrera les ménages ayant des membres en situation de handicap, en utilisant le Washington Group Short Set on Functioning. Source : HCR et PAM 2021 ; II PPSAS Le PPSAS a appuyé le renforcement des processus communautaires qui contribuent aux phases d’accueil et d’enregistrement, que ce soit pour l’identification ou pour la validation des ménages à inclure dans les registres. Cela a consisté à fixer des quotas pour les femmes en tant que membres des comités et/ou à fournir aux comités des critères pour identifier les ménages présentant des vulnérabilités et risques liés au genre (Encadré 5). 24 Encadré 5: Sénégal - Utilisation de processus et d'indicateurs sensibles au genre pour la mise à jour du registre national unique La phase de présélection communautaire pour la mise à jour des données du Registre National Unique au Sénégal implique un comité au niveau communal (Comité Communal de Ciblage et de Suivi), qui répartit le quota alloué entre les localités ou quartiers de la commune, ainsi que des comités communautaires dans chaque localité ou quartier, chargés de présélectionner les ménages à enregistrer. Pour les deux types de comités, des quotas sont définis pour les femmes. Il est supposé que l’implication des femmes dans les comités renforce le processus de ciblage en tirant parti de leurs réseaux et connaissances des ménages à risque. Les travailleurs sociaux fournissent aux associations communautaires des indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité sensibles au genre, qu’elles utilisent pour identifier les ménages à faible revenu présentant des caractéristiques liées au genre, telles que : les ménages dirigés par des femmes ; les ménages avec veuves ; les ménages avec des membres handicapés ; les ménages avec des personnes souffrant d'une maladie chronique ; et les ménages sans accès aux services de base (eau potable, électricité et système d'assainissement, entre autres). Tous ces éléments peuvent indiquer la pauvreté extrême, les vulnérabilités et besoins liés au genre, mais également le déplacement. Source : entretiens avec des informateurs clés PPSAS Que peut-on faire de plus ? Établir des objectifs pour un accueil, un enregistrement et une évaluation des besoins sensibles au genre (accès égal, compréhension des besoins différenciés selon le genre, ainsi que l’âge, le handicap et le déplacement, et renforcement de l'autonomisation des femmes). Soutenir l’analyse diagnostique des processus d’accueil et d’enregistrement sensibles au genre et renforcer les conseils fournis aux parties prenantes sur les questions d’équité et d’inclusion. Évaluez les points suivants : • Quels sont les obstacles liés au genre dans les processus d’accueil et d’enregistrement, et quelles mesures pourraient améliorer les critères et les processus pour les rendre accessibles à tous (OCDE, 2022) ? (Voir, par exemple, Encadré 6.) Dans quelle mesure les processus de collecte de données des registres sont-ils accessibles aux femmes et exempts de biais ? Les processus de collecte directe incluent-ils délibérément les femmes comme répondantes ? Existe-t-il des biais perceptibles dans les questionnaires et l’approche des enquêteurs ? Les équipes d’enquêteurs comprennent-elles à la fois des hommes et des femmes ? • Quels facteurs assurent que les processus de validation communautaire soient inclusifs pour les femmes et leurs perspectives, y compris leur connaissance des circonstances locales qui pourraient ne pas être capturées par les méthodes standard de collecte de données (McCord, 2013) ? Quels éléments renforceraient et soutiendraient les associations villageoises de femmes et d’hommes pour modifier les normes de genre qui restreignent l’accès des femmes à l’accueil et à l’enregistrement ? Quels biais typiques influencent la participation des femmes et comment peuvent-ils être corrigés ? 25 • Dans quelle mesure les données stockées dans les registres sociaux sont-elles inclusives en termes de genre, âge, handicap et déplacement, ainsi que d’accès aux services ? Les questions enregistrent-elles le genre, l’âge et d’autres caractéristiques croisées (handicap, déplacement) ; l’accès aux services (santé et santé reproductive, éducation et programmes agricoles) ; l’accès aux marchés ; et la mobilité (Barca et al., 2021) ? • Dans quelle mesure les données des registres sociaux sont-elles analysées selon une perspective de genre et quelles informations peuvent-elles fournir pour créer des synergies avec d’autres partenaires, par exemple pour élargir l’accès aux services pour le s femmes et les filles ? Soutenir le renforcement des capacités des agences de mise en œuvre afin qu’elles suppriment les obstacles à l’accueil et à l’enregistrement (y compris l’accès aux documents d’identité) et éliminent les biais potentiels. Dans les documents d’orientation, introduire des objectifs pour les processus d’enregistrement visant à renforcer l’autonomisation des femmes. Encadré 6: Pakistan – Un registre social dynamique peut élargir l'accès des femmes et contribuer à changer les normes de genre Au Pakistan, le Benazir Income Support Program gère un registre social dynamique permettant une protection sociale réactive aux chocs, en utilisant des approches visant à contribuer à l’autonomisation des femmes et à modifier les normes de genre. Par exemple, depuis sa création, l’enregistrement des données des ménages est de la responsabilité des femmes. Les hôtesses dans les centres d’enregistrement, principalement des femmes, proviennent de ménages bénéficiaires du programme de filets sociaux, contribuant ainsi à l’expansion rapide du registre et à l’autonomisation des femmes issues de communautés pauvres et vulnérables. Leurs expériences préalables avec le Benazir Income Support Program leur ont permis de mieux comprendre et empathiser avec les besoins des femmes venant s’enregistrer. Les employées des centres d’enregistrement ont également servi de modèles, montrant aux communautés, ainsi qu’aux femmes et aux filles, leur potentiel et leurs capacités. Les femmes ne sont pas considérées comme des bénéficiaires passives, mais comme des actrices du changement, promouvant l’emploi des femmes en dehors du foyer. Source : Bilal 2018 3.3 Décisions d’éligibilité et inscription sensibles au genre (phases 4 à 6) Qu’est-ce que c’est ? Les phases de décision d’éligibilité et d’inscription consistent pour les programmes à déterminer quels ménages ou individus peuvent bénéficier des programmes selon des critères spécifiques, à prendre des décisions d’inscription et à informer et intégrer les bénéficiaires des programmes sociaux. L’éligibilité et l’inscription sont déterminées sur la base de l’évaluation des besoins et des conditions (phase 3) et d’autres critères spécifiques au programme, y compris sur la base des données provenant des registres sociaux (Lindert et al., 2020). 26 Pourquoi est-ce important ? L’éligibilité et l’inscription sensibles au genre peuvent accroître l’inclusion des femmes dans les programmes de PSA, en veillant à ce que les objectifs, critères et processus prennent en compte les risques et vulnérabilités liés au genre (Lindert et al., 2020). Lorsque les informations issues des enquêtes auprès des ménages sont analysées pour définir les critères d’éligibilité des programmes, l’application d’une perspective de genre peut offrir des analyses plus nuancées des schémas de pauvreté et de vulnérabilité. Cela permet de s’assurer que les critères d’éligibilité sont informés par le genre et inclusifs (Lindert et al., 2020). Par exemple, les tests de moyens proxy (PMT) peuvent être rendus sensibles au genre s’ils incluent des caractéristiques telles que les ménages dirigés par des femmes, les adolescentes, les veuves ou le statut matrimonial comme déterminants potentiels de la pauvreté fondée sur la consommation dans le processus de spécification du modèle PMT (Barca et al., 2021 et entretiens avec des informateurs clés PPSAS). Les critères de notation peuvent refléter que certains ménages présentent plus de risques et vulnérabilités liés au genre que d’autres. Ces critères peuvent inclure, par exemple : les ménages dirigés par des femmes, les ménages avec des veuves, les femmes enceintes, les ménages polygames, les personnes vivant avec un handicap ou une maladie, les filles exposées au risque de mariage précoce et d'autres pratiques traditionnelles néfastes, et les enfants à risque d’abandon scolaire précoce. Lors de la phase d’inscription, une pièce d’identité peut à nouveau être nécessaire (Lindert et al., 2020). Le processus amorcé dans les phases précédentes pour faciliter l’accès des femmes aux pièces d’identité est susceptible de se poursuivre. Que fait le PPSAS ? Le PPSAS a appuyé les efforts visant à identifier et traiter les obstacles liés au genre dans les processus d’inscription. Par exemple, les études et évaluations mettent régulièrement en évidence les obstacles rencontrés par les participants, y compris les difficultés des femmes à obtenir des pièces d’identité. Pour répondre à ces contraintes au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, les programmes de filets sociaux soutenus par le PPSAS ont facilité l’accès aux pièces d’identité. Au Niger, les conseillers techniques du PPSAS et le personnel gouvernemental de mise en œuvre ont trouvé des solutions locales en impliquant et en sollicitant le soutien du service municipal compétent. En Mauritanie, le programme national de filet social, Tekavoul, a émis son propre identifiant au moment de l’inscription. Cela souligne l’importance d’une capacité suffisante du personnel de première ligne pour trouver des solutions contextuelles aux défis de mise en œuvre (Barca et al., 2021). Comme pour le processus de sélection des ménages à enquêter dans les registres sociaux, les programmes appuyés par le PPSAS impliquent souvent une validation communautaire de la liste des ménages considérés comme éligibles, avant leur inscription. Cela implique généralement un processus où les membres de la communauté (hommes et femmes) examinent activement et confirment quels ménages de leur zone sont éligibles au programme. Dans ce processus, le PPSAS a appuyé les gouvernements pour impliquer les associations villageoises dirigées séparément par des hommes et des femmes. 27 Que peut-on faire de plus ? Soutenir la recherche diagnostique pour évaluer dans quelle mesure les processus de validation communautaire et autres soutiennent l’inclusion et les objectifs sensibles au genre, tout en réduisant les biais. Veiller à ce que les recommandations soient évaluées en termes de coûts et de faisabilité à grande échelle. Fournir un soutien au renforcement des capacités des agences de mise en œuvre afin qu’elles puissent : • Guider les communautés dans la validation de la sélection des ménages, en élargissant leur compréhension de la pauvreté et du genre, du rôle des femmes dans les processus de validation communautaire et des biais potentiels dans les processus d’éligibilité. Fournir des critères mettant en évidence les risques de pauvreté et de vulnérabilité face aux événements climatiques et autres chocs. Par exemple : les ménages dirigés par des femmes ; les ménages en situation d'inactivité économique ; les ménages avec veuves ; les adolescentes (potentiellement à risque de mariage et de grossesse précoces et d'autres formes de VBG) ; les ménages avec des enfants à risque de ne pas aller à l'école ou d'abandonner l'école ; les ménages dont les membres sont handicapés ou malades ; et les ménages de migrants et de déplacés avec des femmes et des enfants non accompagnés. • Maintenir une perspective de genre tout au long de la phase de décisions d’éligibilité et d’inscription, depuis la conception (établissement d’objectifs clairs) jusqu’aux critères d’éligibilité inclusifs, la validation communautaire et les processus d’inscription. 3.4 Transferts sensibles au genre (phase 7) 3.4.1 Sélection des femmes comme bénéficiaires des transferts monétaires Qu’est-ce que c’est ? La fourniture de services sensibles au genre, en particulier le versement de transferts monétaires, constitue une phase clé de la chaîne de mise en œuvre (Lindert et al., 2020). Les transferts monétaires vers les femmes sont considérés comme une bonne pratique, souvent en raison de leur rôle instrumental dans l’amélioration des résultats en matière de développement humain, les femmes étant les principales responsables des enfants et autres personnes à charge. Les paiements aux femmes peuvent également contribuer aux objectifs d’autonomisation, notamment en permettant aux femmes de participer aux décisions concernant l’utilisation des revenus du ménage (Pereznieto et Holmes, 2023). Les paiements constituent souvent l’un des points de contact réguliers entre les programmes de filets so ciaux et les bénéficiaires, offrant ainsi des opportunités supplémentaires d’engagement et de fourniture de services, mais également des risques. Pourquoi est-ce important ? La décision de désigner les femmes comme bénéficiaires des transferts repose sur un corpus croissant de preuves montrant des effets positifs pour les femmes et les enfants. Par exemple, une revue systématique de 2012 sur les résultats en matière de bien-être des transferts monétaires ou en nature vers les femmes, par rapport aux hommes, a montré que cibler les transferts vers les femmes 28 améliorait la nutrition et la santé des enfants (Bastagli et al., 2016 dans Camilletti, 2020). Les femmes ont également investi dans le bétail et les outils agricoles autant, voire plus que les hommes, et elles ont investi dans différents types d’actifs par rapport aux hommes (Bastagli et al., 2016 dans Camilletti, 2020). Les données montrent également que les transferts aux femmes peuvent entraîner une réduction de la violence, en particulier de la violence conjugale et de la violence contre les enfants, en réduisant le stress lié à la pauvreté, en autonomisant les femmes et en renforçant leurs réseaux sociaux (Botea et al., 2021). La violence conjugale fait référence au comportement d'un partenaire intime ou d'un ex-partenaire qui cause des dommages physiques, y compris l'agression physique, la coercition sexuelle, la violence psychologique et les comportements de contrôle (OMS 2012). La violence au sein des ménages est souvent associée à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté et au chômage. L'amélioration de l'accès des femmes aux ressources peut réduire les conflits au sein des ménages en réduisant leur dépendance vis- à-vis du soutien financier masculin. Il peut également réduire d'autres facteurs de stress liés à la pauvreté et améliorer le bien-être émotionnel (Buller et al., 2008, dans Botea et al., 2021). Dans le même temps, lorsque les femmes reçoivent des transferts, il est important de déterminer les facteurs qui leur permettent de conserver une voix sur l'utilisation de ces transferts, et d'identifier et de résoudre tout conflit potentiel d'une telle utilisation. Comme il est indiqué à la section 3.1 sur la sensibilisation, la raison de désigner les femmes comme principales bénéficiaires des transferts monétaires doit être comprise et soutenue par un large éventail de parties prenantes pour en assurer l'acceptabilité. Il s'agit notamment des organismes gouvernementaux, des partenaires de mise en œuvre, des conseillers techniques, des évaluateurs, des représentants locaux, ainsi que des communautés, en particulier les hommes et les garçons. Que fait le PPSAS ? Le PPSAS encourage activement la sélection des femmes comme bénéficiaires des programmes. Dans l'ensemble, les femmes représentent plus de 90 % des bénéficiaires des programmes de réponse aux chocs climatiques soutenus par le PPSAS, 75 % des bénéficiaires des programmes de réponse au COVID-19 soutenus par le PPSAS et 75 % des bénéficiaires d'un soutien à l'inclusion économique. En outre, la plupart des programmes réguliers de protection sociale appuyés par la Banque mondiale dans la région désignent les femmes comme récipiendaires des transferts (pour plus d'informations, voir le rapport annuel du PPSAS pour l'exercice 2024). Le PPSAS recueille des données sur les raisons pour lesquelles les paiements versés aux femmes sont importants pour les relations au sein du ménage, l'autonomisation des femmes et le bien-être des ménages. Ces données probantes mettent en évidence des avantages importants pour les femmes. Les évaluations du PPSAS permettent de tirer des enseignements sur la nécessité de promouvoir activement les femmes en tant que bénéficiaires des transferts monétaires, d'introduire de la flexibilité et d'évaluer pourquoi certains ménages optent pour des alternatives (d'autres femmes du ménage ou des hommes). Dans le même temps, le PPSAS encourage la flexibilité dans les approches de sélection des bénéficiaires. Au Mali et au Sénégal, les femmes bénéficiaires peuvent désigner un mandataire pour percevoir le paiement en leur nom. Potentiellement, cela allège les contraintes de mobilité et les contraintes de temps des femmes. Les données d'une évaluation menée au Mali ont révélé que ces autres 29 bénéficiaires avaient des niveaux d'éducation plus élevés (Banque mondiale, 2022a). Cela suggère que les ménages prennent des décisions rationnelles sur la personne la mieux placée pour percevoir les paiements. Toutefois, si le remplaçant est un homme, il peut s'agir d'une occasion manquée de renforcer les compétences et les capacités des femmes, à moins que les mesures d'accompagnement ne soient suffisamment souples et inclusives dans leur ciblage. Le PPSAS reconnaît que la désignation des femmes comme bénéficiaires des paiements nécessite l'engagement de la communauté pour contrer les résistances potentielles et garantir un plus grand rôle aux femmes dans la prise de décisions. Le PPSAS reconnaît également que les femmes bénéficiaires ne peuvent pas nécessairement utiliser et bénéficier de manière égale du transfert si elles ont un faible pouvoir de négociation et ne jouent pas un rôle dans la prise de décisions, une confiance limitée ou un manque de littératie financière et fonctionnelle (Yoong, Rabinovich et Diepeveen, 2012 ; Myamba 2020 à Camilletti 2020 ; et Ulrichs, 2016). Les études d'impact du PPSAS ont démontré que lorsque le transfert est présenté comme une contribution au bien-être du ménage, et lorsque les femmes bénéficiaires sont soutenues par leur ménage et leur communauté, elles sont plus susceptibles d'en récolter les impacts positifs et moins susceptibles d'être minées par le contrecoup (Bossuroy et al. 2022). Les processus de collecte de preuves au sein du PPSAS ont mis en lumière les obstacles liés au genre et les normes sociales qui affectent la phase de paiement. La recherche diagnostique a révélé des attitudes discriminatoires de la part des communautés et des hommes à l'égard de la capacité des femmes à gérer leur argent et à prendre des décisions (Encadré 7). Les évaluations du processus ont également révélé l’importance de clarté parmi les travailleurs de première ligne, afin de bien comprendre si les prestations sont destinées aux femmes ou aux ménages. Cela indique la nécessité pour les programmes d'inclure un objectif selon lequel le personnel de mise en œuvre doit assurer le soutien de la communauté et du ménage pour les femmes bénéficiaires et intégrer cette question dans les efforts de renforcement des capacités (voir l'annexe 2, Tableau A2.1). Encadré 7: Une recherche diagnostique en Mauritanie révèle des croyances infondées sur les femmes et l'argent Des recherches menées en Mauritanie sur les normes de genre discriminant les femmes ont mis en évidence un certain degré de méfiance de la part des dirigeants et des hommes quant à la capacité des femmes à gérer l’argent et à prendre des décisions. L’étude a révélé que les femmes étaient perçues par certains comme moins capables que les hommes de gérer l’argent. Elles étaient parfois considérées comme frivoles et centrées sur elles-mêmes, plutôt qu’orientées vers le ménage. Ces attitudes n’étaient pas fondées sur des faits. En effet, la recherche a montré qu’un nombre significatif de femmes participait à des activités génératrices de revenus, vendait des produits sur les marchés et gérait de l’argent, dans les mêmes communautés. Source : Littérature grise du PPSAS2 2 Rouichi, Stépha, Salma Bleila, Hawa Ball, Julia Vaillant et Tara Bedi. « Rapport de Mission : Recherche Qualitative Sur Les Normes Sociales et l'Équite Du Genre, Mbout, Mauritanie. » Mimeo. Décembre 2019. Banque mondiale. 30 Pour démontrer l’intérêt de désigner les femmes comme bénéficiaires des transferts là où ce n’était pas le cas auparavant, le PPSAS a piloté une intervention au Mali afin de montrer aux décideurs gouvernementaux que faire passer les paiements des hommes vers les femmes serait viable et générerait des gains en matière d’autonomisation, même dans des zones où les attitudes sociales étaient fortement ancrées (Encadré 8). Encadré 8: Une intervention pilote au Mali démontre la viabilité et les avantages des paiements aux femmes dans des zones aux normes sociales bien établies Au Mali, la plupart des décideurs pensaient que les communautés rejetteraient l’idée de femmes bénéficiaires. Le PPSAS a appuyé une intervention pilote pour évaluer si le passage des paiements des hommes vers les femmes serait accepté par les communautés et si les femmes pourraient être considérées comme fiables dans l’utilisation des fonds. Le changement a été largement accepté par les communautés, bien que les gains en matière de prise de décision des femmes aient été limités à court terme. Cependant, même si les femmes bénéficiaires remettaient souvent une part importante du transfert à leur mari, elles étaient plus susceptibles d’avoir voix au chapitre sur l’utilisation de ces fonds. En revanche, lorsque les hommes recevaient les transferts, ils n’impliquaient pas leur épouse dans la prise de décision. L’intervention a également amélioré la connaissance du programme par les femmes et a conduit à une sécurité alimentaire des ménages significativement plus élevée (selon les témoignages des hommes). Des preuves indiquent une augmentation des dépenses pour l’éducation (selon les témoignages des femmes). Cependant, Il n’y a eu aucun changement majeur dans le pouvoir décisionnel des femmes, ni dans les dynamiques de pouvoir au sein des relations. Source : Littérature grise du PPSAS3 Que peut-on faire de plus ? • Appuyer le renforcement des capacités des agences de mise en œuvre afin d’améliorer leur compréhension des avantages de désigner les femmes comme bénéficiaires des paiements. Fournir les preuves des impacts positifs des paiements aux femmes (voir Section 3.1 pour plus de détails et Annexe 2 sur les sujets de formation). Développer les connaissances et compétences pour enregistrer correctement les données ventilées par sexe sur les bénéficiaires de paiements. • Appuyer des pilotes supplémentaires dans des contextes aux normes sociales fortement ancrées afin de démontrer aux gouvernements et aux communautés les avantages des paiements aux femmes. 3 Hilger, Anne et Kelsey Wright. « Accès aux ressources et autonomisation des femmes : données probantes du Mali. Leçons d'une évaluation d'impact (partielle)." Mimeo. 14 juin 2023. Banque mondiale. 31 3.4.2 Systèmes de paiement sensibles au genre Qu’est-ce que c’est ? Les systèmes de paiement, y compris les systèmes de paiement numériques, sont cruciaux pour fournir un appui en temps utile aux bénéficiaires des programmes de PSA. Les paiements peuvent également constituer un point de contact clé entre les bénéficiaires et le personnel de première ligne ou les prestataires de services numériques. Dans le Sahel, certains pays s’orientent vers les paiements numériques, et le choix et la conception des systèmes de paiement sont guidés par de nombreuses considérations liées à l’offre et à la demande. Celles-ci incluent : le coût ; les contraintes de capacité ; la couverture et l'accessibilité des opérateurs de paiement ; les taux de possession de téléphones mobiles (genre) ; le réseau ; et les considérations liées à la VBG (Lindert et al. 2020 dans Botea et al 2021). Pourquoi est-ce important ? Les systèmes de paiement, y compris numériques, sont plus susceptibles d’être inclusifs lorsque les obstacles liés au genre qui limitent l’accès des femmes sont pris en compte dès la phase de conception. Pour les femmes, les obstacles sont souvent liés à leurs rôles genrés et aux normes sociales affectant leur temps, leur mobilité et leur sécurité. Le coût des déplacements et la disponibilité de transports sûrs, ainsi que le soutien aux hommes et aux femmes tout au long du processus de paiement, sont également importants. De plus, une pièce d’identité est souvent requise pour la possession d’un téléphone ou d’une carte SIM et pour collecter les paiements. Les transferts numériques offrent une alternative moins coûteuse, plus sûre et sécurisée aux paiements en espèces, mais ils peuvent ne pas être adaptés à tous les contextes, par exemple là où l’analphabétisme est élevé, où la couverture mobile est limitée et où les femmes ne disposent pas de document d’identité. En période de crise, les risques liés aux différents systèmes de paiement (espèces ou numérique) doivent être évalués afin de comprendre les défis posés à l’accès, à la sécurité et à la mobilité des femmes (Pereznieto et Holmes, 2020). La possession de téléphones mobiles reste une contrainte genrée, avec un écart entre les sexes de 32 % en Afrique subsaharienne, affectant l’accès des populations pauvres et rurales (Jeffrie, 2024). Même si le registre social du Sénégal montre qu’en 2025 plus de 80 % des hommes et des femmes possèdent un compte mobile money, les 20 % restants doivent être pris en compte avec soin dans la conception des systèmes de paiement. Offrir un choix et une commodité aux bénéficiaires à travers différents mécanismes de paiement (portefeuille mobile, espèces, QR code, carte) peut contribuer à renforcer la sensibilité au genre des programmes de PSA. Des preuves émergentes suggèrent des solutions pertinentes pour concevoir des systèmes de paiement sensibles au genre dans les programmes de PSA. Par exemple, des recherches en Inde et en Chine fournissent des informations sur les contraintes rencontrées par les utilisateurs non lettrés, ainsi que des solutions telles que : la fourniture de téléphones mobiles simples avec des fonctionnalités minimales, l'organisation de sessions d’apprentissage pour utiliser le téléphone et la création d'un environnement d’exploration sans risque pour améliorer les compétences et l'amélioration de l'infrastructure avec des messages vocaux (Chipchase, 2005). 32 Lors de la phase de paiement, l’accès aux mécanismes de gestion des réclamation (MGR) qui offrent un soutien impartial aux hommes et aux femmes est également particulièrement important afin de garantir que les hommes et les femmes puissent signaler tout problème d’accès aux paiements. Que fait le PPSAS ? Le PPSAS apporte son soutien pour garantir que les systèmes de paiement soient adaptés aux femmes. Dans le Sahel, les systèmes de paiement évoluent le long d’un continuum allant de l’administration manuelle à l’automatisation des paiements, et du paiement en espèces à la fourniture de paiements numériques. Le PPSAS soutient le renforcement des capacités sur les obstacles rencontrés et l’engagement avec les concepteurs de systèmes pour trouver des solutions. Le PPSAS a mené des activités de suivi, d’évaluation et de diagnostic qui ont permis de collecter des données ventilées par sexe et de mettre en évidence les obstacles genrés à l’accès aux paiements (Encadré 9), y compris aux paiements numériques (Banque mondiale, 2022a). Les données ventilées par sexe ont démontré des différences importantes entre hommes et femmes dans l’accès aux paiements et dans la réception de soutien. Les évaluations du PPSAS au Mali, au Niger et au Sénégal ont également produit des enseignements importants sur les transitions vers les paiements numériques en milieu urbain. Par exemple, la fourniture de téléphones mobiles bon marché et de cartes SIM peut élargir l’accès des femmes à cet outil et aux paiements. Cependant, des risques sont associés — la remise de téléphones aux femmes peut provoquer des conflits au sein du ménage ; et face à la pauvreté extrême, aux chocs climatiques et autres, les ménages peuvent être amenés à vendre ce bien. Si les femmes possèdent déjà des téléphones et des cartes SIM, une distribution générale peut également causer de la confusion (Gueye, Dia et Brunelin, 2024). De plus, une évaluation du PPSAS au Mali a révélé que les bénéficiaires accédaient aux informations sur les paiements des filets sociaux via plusieurs canaux de communication, mais que les personnes se fiaient davantage aux chefs de village, à la radio, aux voisins et aux appels téléphoniques directs qu’aux messages textes et communications liées au programme (Banque mondiale, 2022a). Cependant, certaines femmes peuvent ne pas avoir le même accès à ces canaux que les hommes, et elles peuvent ne pas faire confiance aux chefs de village masculins pour résoudre les problèmes qu’elles rencontrent. Cela souligne la nécessité d’évaluer en continu quels canaux de communication sur les paiements fonctionnent bien pour les hommes et les femmes. Le suivi du PPSAS révèle d’importants risques liés à la sécurité, avec des rapports de femmes donnant leur téléphone et leur code PIN secret à des enfants ou à d’autres personnes pour recevoir les paiements, ce qui peut entraîner le vol du téléphone ou du transfert. Les raisons probables de cette stratégie à haut risque sont les contraintes de mobilité et de temps des femmes, ainsi que le manque de confiance dans l’utilisation du téléphone, la surconfiance et le manque de sensibilisation. Ces risques peuvent être atténués par la communication avec les communautés et les femmes lors des étapes de sensibilisation et de paiement. 33 Encadré 9: Exemples d'enseignements tirés des évaluations du PPSAS et des rapports de mission sur les obstacles genrés à l'accès aux paiements Au Mali, une évaluation des systèmes de paiement de la protection sociale, qu’ils soient numériques ou en espèces, a montré que les bénéficiaires, hommes et femmes, étaient plus susceptibles de ne pas avoir d’éducation formelle. Hommes et femmes ont déclaré qu’ils supprimaient les messages textes car ils n’étaient pas capables de les lire. La moitié des bénéficiaires avaient également besoin d’aide pour utiliser leur téléphone, les femmes et les personnes âgées trouvant plus difficile que les hommes d’utili ser les menus USSD (Unstructured Supplementary Service Data). Les femmes ont indiqué ne pas hésiter à demander de l’aide, mais dans certains cas, les bénéficiaires ont signalé vivre dans des communautés où il y avait peu ou pas de personnes alphabétisées vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Sources : Banque mondiale, 2022a ; II PPSAS Que peut-on faire de plus ? Assurer que le processus de conception des systèmes de paiement soit informé par les défis liés au genre et y réponde. Inclure des objectifs transversaux liés au genre. Les approches peuvent inclure la promotion de la collaboration entre différents acteurs dans la conception des systèmes — gouvernements, opérateurs de téléphonie mobile, organisations de développement et experts en genre. Certains contextes peuvent nécessiter un engagement de sensibilisation pour assouplir les normes sociales qui limitent la mobilité et l’inclusion numérique des femmes (Aranda -Jan et Qasim, 2023). Les mesures d’accompagnement peuvent également inclure des sessions sur la sécurité et la littératie numérique. Au niveau de la mise en œuvre, les options peuvent inclure la fourniture de dispositifs mobiles et de cartes SIM aux femmes ou le soutien aux déplacements des femmes vers les centres de paiement. Appuyer le renforcement des capacités, y compris la formation du personnel, les directives et les outils pour soutenir la conception, la mise en œuvre et le suivi des systèmes de paiement sensibles au genre. Les principaux sujets abordés seraient les suivants : • Justification de l’importance des systèmes de paiement sensibles au genre, y compris pour les personnes ayant peu ou pas de compétences en lecture et écriture. • Preuves et actions sur ce qui élargit l’accès aux paiements pour les femmes et autres groupes vulnérables, incluant : veiller à ce que les systèmes, dispositifs et interfaces soient conviviaux pour les personnes ayant peu ou pas de compétences en lecture et écriture ; offrir choix et commodité aux bénéficiaires via plusieurs canaux ; objectifs de sensibilisation et d’engagement communautaire pour soutenir les paiements ; mesures d’accompagnement sur la littératie numérique de base (voir Section 3.5). • Compréhension et prévention des risques d’EAS/HS à l’étape du paiement. Veiller également à ce que les prestataires de services mobiles respectent les protocoles et codes de conduite. Dans la mise en œuvre, s’assurer que le suivi de routine et les contrôles ponctuels identifient les obstacles et points de blocage genrés à l’accès aux paiements et formulent des recommandations chiffrées pour les améliorations (voir Annexe 1, Tableau A1.2). 34 3.5 Mise en œuvre de mesures d'accompagnement sensibles au genre (phase 7) Qu’est-ce que c’est ? La pauvreté est multidimensionnelle et résulte de facteurs multiples, complexes et d’inégalités structurelles sous-jacentes (Rohwerder, 2016 ; UNICEF Innocenti, 2020 ; Banque mondiale, 2013). Les femmes et les hommes ont besoin de sources de revenus durables, ainsi que d’un accès aux services et aux opportunités leur permettant de renforcer leurs connaissances, leurs capacités et leurs compétences afin de s’adapter, se diversifier et faire face à la pauvreté, aux changements climatiques et à d’autres chocs. Certaines de ces nécessités peuvent être satisfaites par le biais de mesures qui accompagnent les transferts. Les mesures d’accompagnement constituent un élément essentiel pour la mise en place de programmes de PSA efficaces, car elles renforcent les programmes de protection sociale en offrant des voies durables de sortie de la pauvreté. Pourquoi est-ce important ? Un nombre croissant de données probantes, y compris celles issues du PPSAS, montrent que les mesures d’accompagnement peuvent être conçues de manière à répondre aux risques, besoins et obstacles liés au genre, tout en ouvrant des voies de transformation vers des résultats en matière d’égalité de genre (Holmes, Marsden et Quarterman, 2022). Lorsqu’elles sont élaborées à travers une approche sensible au genre et fondées sur une analyse des déterminants de la pauvreté et des inégalités entre les sexes (Holmes, Levine et Shakespeare, 2021), ces mesures peuvent s’attaquer à certains des obstacles structurels et individuels qui maintiennent les femmes et les filles dans la pauvreté — tels que les normes sociales discriminatoires, les pratiques traditionnelles néfastes (comme le mariage précoce), la charge domestique, le handicap, ou encore les faibles ambitions. Les mesures d’accompagnement sensibles au genre peuvent : accroître l'accès des femmes à un emploi productif, y compris dans des domaines non traditionnels ; accroître leur contrôle sur les revenus ; améliorer leurs connaissances, leurs compétences et leurs capacités ; améliorer leur santé mentale et leur bien-être ; accroître leurs réseaux ; améliorer la qualité de leurs relations ; et réduire les conflits au sein du ménage, entre autres avantages mesurés (Bossuroy et al., 2022 ; Holmes, Marsden et Quarterman 2022 ; Perera et al., 2022 ; UNICEF Innocenti 2020). Ces mesures établissent des objectifs clairs en matière d’autonomisation des femmes, et les interventions intègrent systématiquement la dimension de genre dans leur conception, mise en œuvre et suivi-évaluation (Holmes, Marsden et Quarterman, 2022). Elles renforcent également la capacité organisationnelle et les compétences techniques du personnel pour assurer un contenu adapté, y compris pour les personnes à faible niveau d’alphabétisation. Les projets pilotes réussis, une fois évalués et budgétisés, peuvent être adaptés et étendus en s’appuyant sur les preuves générées afin de convaincre les décideurs politiques de leurs avantages (Holmes, Levine et Shakespeare, 2021). La mise à l’échelle requiert un investissement durable dans le développement des capacités pour garantir une mise en œuvre à grande échelle. Il est également essentiel que les mesures d’accompagnement soient adaptées à différents contextes, notamment dans les zones touchées par des crises ou des chocs. 35 Que fait le PPSAS ? Le PPSAS appuie la conception, la mise en œuvre et l'évaluation de trois principaux types de mesures d'accompagnement : (i) les mesures de développement du capital humain qui accompagnent la plupart des programmes ; ii) les mesures d'inclusion économique ; et iii) des mesures portant sur de nouveaux domaines d’intervention visant à aborder les normes de genre et les vulnérabilités au sein des ménages. Développement du capital humain Renforcer le capital humain à travers les systèmes de PSA est essentiel pour améliorer le bien-être des ménages et rompre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté. En plus d’appuyer les mesures régulières de développement du capital humain qui accompagnent la plupart des programmes de filets sociaux nationaux, le PPSAS a soutenu des mesures abordant la santé mentale afin de renforcer la résilience parentale et d’améliorer les résultats de la petite enfance (au Sénégal), ainsi qu’une initiative sur des modes de cuisson plus propres au Tchad. Les mesures d’accompagnement axées sur le capital humain ont également été adaptées pour répondre aux besoins et vulnérabilités des réfugiés et des communautés hôtes au Tchad et en Mauritanie. Les mesures d’accompagnement en matière de capital humain visent à renforcer les connaissances, les compétences et les capacités. Le PPSAS soutient une gamme de thèmes ou sujets pertinents pour le genre. Dans les six pays du Sahel, ceux-ci incluent la nutrition et la santé, ainsi que deux ou plusieurs des éléments suivants : eau, assainissement et hygiène ; éducation ; droits et protection de l’enfant ; développement cognitif et socio émotionnel ; VBG ; changement climatique ; et inclusion économique (Colin et al. 2025). L’identification des thèmes est un processus itératif, impliquant les principales parties prenantes — notamment les partenaires gouvernementaux, les bénéficiaires, les membres de la communauté et les prestataires de services — tout en veillant à ce que la population bénéficiaire échantillonnée soit représentative des groupes vulnérables propres au contexte. Le curriculum est généralement mis en œuvre par une combinaison d’activités adaptées au contexte, aux besoins et aux capacités des prestataires de services. Celles-ci peuvent inclure : la sensibilisation communautaire à travers des campagnes médiatiques de masse et des forums communautaires pour encourager l’adhésion de la communauté ; des sessions de discussion entre bénéficiaires, parfois ventilées par sexe ; et des visites à domicile aux ménages bénéficiaires effectuées par les prestataires de services. Il est important de noter que, pour encourager le changement de comportement, les approches ciblent à la fois les individus et la communauté élargie qui façonne les normes de genre et les pratiques individuelles. En plus de ces sujets, le programme de santé mentale « Self Help Plus » au Sénégal renforce la résilience parentale en sensibilisant les parents à la gestion du stress. Cette activité de groupe s’appuie sur les meilleures pratiques dans des contextes similaires où les résultats ont montré une réduction de la détresse psychologique. Son développement s’est appuyé sur une étude qualitative évaluant les besoins en santé mentale et l’acceptabilité du programme auprès des parents (hommes et femmes), des prestataires de services et des membres de la communauté. Il est adapté aux contextes locaux et dispensé dans les langues locales afin de maximiser son impact. En outre, une initiative de cuisson plus propre au Tchad s’appuie sur un diagnostic du PPSAS (2022) qui a identifié la pollution de l’air domestique due aux combustibles de cuisson comme un facteur déterminant important de la sous-nutrition infantile et de la santé des femmes au Sahel. Outre 36 l’exposition à la pollution de l’air, les pressions du changement climatique et de la dégradation environnementale contraignent les femmes et les filles à parcourir de plus longues distances pour collecter du bois de chauffe, ce qui augmente leur charge de travail, leur pauvreté en temps, et les expose davantage aux risques de VBG. Le PPSAS a également appuyé l’élaboration de notes d’orientation décrivant les étapes et considérations nécessaires pour développer des mesures d’accompagnement axées sur le capital humain, spécifiquement adaptées au contexte ouest-africain et s’appuyant sur des études de cas issues des pays du Sahel. Ces orientations visent à informer la conception et la mise en œuvre de ces mesures afin de maximiser leur impact sur les résultats en matière de capital humain, en particulier pendant la petite enfance. Elles sont pertinentes pour les acteurs gouvernementaux, bilatéraux, multilatéraux et non gouvernementaux, à but lucratif ou non lucratif, et fournissent des considérations étape par étape pour le développement du contenu, l’identification de la population bénéficiaire, la conception des activités du programme, et la conception des systèmes de S&E. De manière transversale, ces orientations soulignent la nécessité d’identifier et d’aborder les vulnérabilités propres au contexte, y compris leurs dimensions liées au genre (Colin et al. 2025). Inclusion économique Les mesures d’inclusion économique soutenues par le PPSAS visent à améliorer la productivité et la résilience des ménages, ainsi que l’accès des femmes au capital, aux compétences et aux capacités, et aux marchés (Banque mondiale, 2020). Elles ont été mises en œuvre dans cinq pays : le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal (Archibald, Bossuroy et Premand, 2021), en apportant principalement un soutien aux femmes. Ces mesures s’attaquent aux normes de genre qui influencent le manque de statut social des femmes, leurs contraintes psychosociales et aspirationnelles, ainsi que leur capacité à gérer les risques. Elles reposent sur l’hypothèse que des effets positifs durables sur les résultats économiques des femmes nécessitent des connaissances et des compétences, mais aussi un soutien instrumental et normatif provenant des communautés, des ménages et des maris (Bossuroy et al., 2022). Les mesures d’inclusion économique s’appuient sur une recherche qualitative menée en 2016 au Burkina Faso, au Tchad, au Niger et au Sénégal, qui a mis en évidence les obstacles rencontrés par les ménages pauvres et en particulier par les femmes (Bossuroy et al., 2020). La conception de ces mesures s’inspire également des meilleures pratiques internationales et d’un processus de conception inclusif réunissant les gouvernements, les organisations non gouvernementales (ONG) et les partenaires de développement de l’ensemble des pays du Sahel (Bossuroy et al., 2025). Quatre pays — Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Sénégal — ont mis en œuvre un ensemble complet de mesures d’inclusion économique, tandis que le Tchad a appliqué un ensemble plus restreint. Le paquet complet comprenait la formation de groupes d’épargne, le coaching, la formation à la micro - entreprise, la sensibilisation communautaire sur les aspirations et les normes de genre, la formation aux compétences de vie, la facilitation de l’accès au marché, ainsi qu’un subside productif (le projet pilote a testé différentes combinaisons — voir Bossuroy et al., 2022 pour une description complète du paquet appliqué au Niger). Les mesures ont été fournies aux participants des programmes nationaux de filets sociaux, dont la plupart étaient des femmes. Elles ont été mises en œuvre dans les zones rurales de tous 37 les pays, sauf au Sénégal, qui a opté pour des zones urbaines et périurbaines, en adoptant différentes modalités de mise en œuvre (Archibald, Bossuroy et Premand, 2021). L’approche comprenait la construction d’un consensus communautaire autour de la participation des femmes, tout en opérant dans les paramètres des normes sociales existantes et positives (Thomas et al., 2024). Le cheminement du changement était progressif et culturellement sensible, fondé sur la création d’un consensus parmi les dirigeants et les membres de la communauté autour des contraintes pesant sur le revenu des ménages. Il était essentiel de sensibiliser les dirigeants aux contraintes aspirationnelles ou psychosociales auxquelles les femmes sont confrontées dans la réalisation d’activités génératrices de revenus productives, afin qu’ils perçoivent ces interventions comme complémentaires aux valeurs existantes et qu’ils soutiennent la participation des femmes au programme. Deux éléments de l'ensemble de mesures étaient essentiels pour lever les contraintes liées au genre : (i) la sensibilisation communautaire, qui s’est appuyée sur des approches de changement de comportement utilisant des vidéos de drames éducatifs pour modéliser les comportements souhaités ; et (ii) la formation aux compétences de vie pour les bénéficiaires féminines, couvrant l’estime de soi, l’initiative personnelle, les aspirations, les normes sociales, ainsi que les rôles et relations entre les hommes et les femmes. Le PPSAS a appuyé des évaluations d’impact du programme au Burkina Faso, au Tchad, au Niger, en Mauritanie et au Sénégal. Les résultats positifs ont été démontrés pour un large éventail d’indicateurs liés à la résilience et aux résultats en matière de genre (voir Tableau 4). L’évaluation a montré que, tandis que la dotation productive monétaire augmentait le contrôle des femmes sur leurs revenus et leurs activités, les activités psychosociales (sensibilisation communautaire et formation aux compétences de vie) renforçaient les relations et élargissaient les sources de soutien social instrumental (par exemple, maris et fils aidant aux tâches domestiques) ainsi que le soutien social normatif (attentes et comportements communautaires) (Bossuroy et al., 2022). Tableau 4: Résultats sélectionnés en matière d’autonomisation des femmes : mesures d’inclusion économique au Niger Domaine de résultat : Autonomisation des Résultats femmes Augmentation du revenu des ménages et des participants. Renforcement de l'autonomisation économique des femmes grâce à l'augmentation des Sécurité économique et revenus des entreprises. autonomisation Augmentation de la participation des femmes dans les groupes d'épargne. Contrôle accru des femmes sur leurs propres revenus. Augmentation de la part des femmes dans le revenu total des ménages. Amélioration de la santé mentale, de la satisfaction de la vie, de la paix intérieure et de la dépression des femmes. Bien-être psychosocial et Augmentation des relations sociales des femmes avec les membres et les partenaires de santé mentale la communauté. Augmentation du capital social, surtout lorsque les activités psychologiques sont incluses. 38 Cohésion sociale et Cohésion sociale accrue avec diminution des rapports d’inimitié et intérêt renforcé pour proximité l’appui au village, en particulier lorsque des activités psychologiques sont incluses. communautaire Amélioration de la qualité des relations intrafamiliales, grâce à une augmentation de la Relations et protection proximité perçue par les femmes avec leurs partenaires et de leur aisance à exprimer leur contre la VBG désaccord, lorsque des activités psychosociales sont incluses. Source : Bossuroy et al. 2022 PPSAS soutient également l’adaptation des packages d’inclusion économique pour les personnes affectées par le changement climatique et pour des groupes spécifiques, tels que les réfugiés. Au Sénégal, cela inclut des interventions pour soutenir la gestion des biens communautaires et des moyens de subsistance liés à la gestion des ressources naturelles, à la production durable, aux activités de récolte et post-récolte, à la diversification durable des emplois non agricoles, à l’emploi et à l’utilisation des informations climatiques. Pour les réfugiés, les adaptations du package d’inclusion économique se concentreront sur l’aide aux femmes réfugiées pour diversifier leurs activités de l’élevage vers l’agriculture semi-intensive. Normes de genre et vulnérabilités au sein des ménages En plus des thématiques liées au capital humain et à l’inclusion économique, PPSAS a appuyé la mise en oeuvre de formations pour les couples et d’activités d’éducation au niveau communautaire autour des dynamiques intra-ménage. Les objectifs de l’intervention « Dialogue Familial » soutenue par PPSAS en Mauritanie étaient d’améliorer la communication et la coopération économique entre conjoints, y compris le soutien à la participation des femmes au travail productif ; de réduire les conflits internes aux ménages ; et de promouvoir des pratiques parentales saines. L’intervention visait également à changer les normes au niveau communautaire, ainsi que les croyances et attitudes qui pourraient empêcher les couples de modifier leur comportement. Initialement prévue dans le cadre des activités d’inclusion économique, l’approche a depuis suscité l’intérêt et l’adhésion du programme national de filets sociaux, Tekavoul. La conceptualisation de l’intervention repose sur une recherche diagnostique qui a mis en lumière les contraintes et obstacles auxquels les femmes sont confrontées, liés à leur manque de voix et d’autonomie ainsi qu’à leur sécurité économique (Batiobo et al. 2024). Le curriculum a été adapté du Malawi et couvre la coopération et la communication intra-ménage, le développement d’une vision familiale commune, la budgétisation et l’allocation des ressources, les rôles de genre, les relations de pouvoir, le contrôle de la colère et des émotions, et la compréhension de la violence envers les femmes et les filles ; ainsi que l’héritage des attitudes et comportements transmis par les pères et mères. Les composantes comprennent six modules sur la coopération économique entre conjoints, cinq vidéos de changement de comportement destinées aux communautés (une mini-série dramatique en cinq parties), et six modules sur les relations de pouvoir et les normes sociales. Le contenu de l’intervention vise un changement progressif et culturellement sensible. L’approche encourage les hommes à reconnaître les avantages associés au travail productif des femmes, au partage des tâches domestiques et à la prise de décisions conjointe, afin de soutenir une répartition plus équitable des ressources dans les ménages et de réduire les conflits. Les scripts et curricula ont été largement revus pour assurer l’adhésion et l’acceptation. 39 À court terme, des évaluations rigoureuses ont démontré que l’intervention Dialogue Familial renforçait la collaboration au sein des ménages et amplifiait la voix des femmes sans provoquer de conflit au niveau communautaire ou familial. Les résultats à moyen terme ont également montré une amélioration de la fréquentation scolaire, du développement précoce de l’enfant, et une augmentation des connaissances des mères sur le développement de l’enfant. De plus, les bénéficiaires avaient des aspirations plus élevées pour le parcours professionnel de leurs enfants. Fait clé, le pilote n’a pas généré d’opposition, ni de la part des communautés, ni des hommes, mais a plutôt suscité leur soutien. On a également observé quelques améliorations en matière de facteurs qui contribuent à la violence domestique (Batiobo et al. 2024 ; Bedi et al., 2025). Le pilote fournit des enseignements sur quatre leçons importantes pour la conception et la mise en œuvre qui ont des implications pour toutes les mesures d’accompagnement. Elles incluent : (i) l’importance de recruter des facilitateurs possédant déjà des compétences et attitudes positives envers l’autonomisation des femmes et le dialogue de couple (Encadré 10) ; (ii) le niveau d’effort requis pour préparer un corps de facilitateurs hommes et femmes, travaillant ensemble avec les couples pour reformuler les normes de genre et les relations ; (iii) le succès des approches pédagogiques utilisant des interventions de changement de comportement, y compris l’éducation vidéo ; et (iv) la nécessité d’impliquer les acteurs détenant l’autorité au niveau local pour valider le contenu sur les questions sensibles liées aux normes de genre. Encadré 10: Mauritanie – Formation des facilitateurs pour l'intervention de dialogue familial L’intervention « Dialogue Familial » en Mauritanie a formé un groupe de facilitateurs (hommes et femmes) pour travailler par paires avec des groupes de couples. Le processus de recrutement s’est basé sur une liste de compétences et d’attitudes positives favorisant la participation et la prise de décision des femmes. Cela a été suivi d’une formation intensive pendant une année, avec un certain taux d’attrition dû à un désalignement des perspectives des facilitateurs sur le genre ou à un manque de compétences en facilitation. L’intervention a été soutenue par une variété d’approches pédagogiques, notamment un enseignement culturellement adapté ; l’apprentissage coopératif où les facilitateurs travaillaient avec les formateurs pour écouter et respecter différentes perspectives ; l’apprentissage mixte ; des pilotes avec des couples réels avec retours immédiats et ajustements du contenu du curriculum. L’évaluation, à mi-parcours et après 12 mois, a constitué une partie clé du design de l’intervention. Source : Laboratoire d'innovation sur le genre 2024 Que peut-on faire de plus ? • Encourager les pays soutenus par le PPSAS à optimiser le choix des thématiques pour les mesures d’accompagnement régulières en capital humain selon leur contexte. Les sujets pertinents pour tous les pays incluent la VBG et l’adaptation au changement climatique. De plus, les résultats des évaluations PPSAS sur les paiements numériques suggèrent la nécessité d’inclure la littératie numérique et la sécurité comme sujet (voir Annexe 3). 40 • Pour réduire le risque de réactions négatives (opposition à l’emploi productif des femmes ou à leurs efforts pour développer leur capital humain), continuer à soutenir un changement progressif, car un changement transformationnel pour le genre est plus probable grâce à un ensemble d’interventions convergentes (éducation, santé, cadre juridique, politique économique, leadership, engagement communautaire, médias) sur une période plus longue (Burrell, Ruxton, et Westmarland 2019 ; Boudet et al. 2023). • Veiller à ce que les femmes participent à l’identification des options productives dans le cadre des packages d’inclusion économique, à la lumière des preuves que ces packages peuvent augmenter la charge de travail des femmes en augmentant leur participation aux activités agricoles chronophages et à la production animale (Peterman et al. 2024, Quisumbing et al. 2024, et Staab et al. 2024 dans Gavrilovic et al. 2025). Envisager également de réduire les responsabilités non rémunérées des femmes grâce à des subventions couvrant le coût des technologies économes en travail (par ex., appareils de transformation alimentaire, outils solaires). 3.6 Gestion des programmes sensibles au genre (phases 8 et 9) Cette section couvre le suivi, l’évaluation et les actions visant à prévenir et à atténuer les risques d’EAS/HS. 3.6.1 Suivi et évaluation Qu’est-ce que c’est ? Le S&E favorise la compréhension du fonctionnement de la mise en œuvre, de l’impact atteint et des bonnes pratiques mises en œuvre (Lindert et al. 2020). Il englobe le suivi de routine, les évaluations des processus et de performance, ainsi que les évaluations d’impact, et contribuent à un programme d’apprentissage plus large visant à affiner et améliorer l’impact du programme. Ils participent également à l’assurance que les fonds publics sont alloués de manière efficace. Les évaluations des processus et de la performance, y compris les contrôles ponctuels, sont réalisées pendant la mise en œuvre des programmes. Elles couvrent les piliers clés d’un système de mise en œuvre performant : les institutions, la communication efficace et l’interface avec les bénéficiaires, ainsi que les systèmes d’information (Lindert et al. 2020). Les évaluations d’impact fournissent des preuves sur la manière dont les programmes de PSA améliorent la vie des bénéficiaires et de leurs communautés. Elles permettent aux décideurs d’allouer les ressources de manière efficace, d’améliorer la conception des programmes et de prendre des décisions éclairées concernant l’extension ou l’arrêt des initiatives sur la base des résultats démontrés (Peersman 2022). Les mécanismes de gestion des réclamation (MGR) font partie du S&E, car ils constituent une voie importante pour les bénéficiaires, les membres de la communauté ou les acteurs du programme pour exprimer leurs préoccupations et fournir des retours. Pour plus d’informations sur ce que le PPSAS a fait pour introduire les MGR, y compris comme mécanisme de réponse à l’EAS/HS, voir la section 3.6.2. 41 Pourquoi est-ce important ? Le S&E est essentiel pour garantir que la PSA soit efficace, équitable et mesure son impact, y compris sa contribution aux résultats en matière de genre. Le S&E fournit aux planificateurs des données et des informations sur les ajustements nécessaires pour améliorer la qualité et l’inclusivité de la mise en œuvre de la PSA afin d’atteindre les résultats pour les hommes, les femmes, les filles et les garçons. Il assure la responsabilité et la transparence. Il fournit également des retours précieux pour améliorer la conception et la mise en œuvre des programmes de PSA et favorise la prise de décision fondée sur des preuves, y compris la correction de trajectoire et l’adaptation pour renforcer l’efficacité et l’efficience. Les cadres et produits de S&E soutiennent une PSA sensible au genre lorsqu’ils tiennent compte du contexte genré ; des intentions du programme de contribuer aux résultats en matière de genre ; et lorsqu’ils utilisent des données ventilées par sexe et une analyse de genre pour démontrer les progrès et les résultats. Pour ce faire, ils appliquent des questions d’évaluation spécifiques et des approches qualitatives et quantitatives incluant les perspectives des bénéficiaires (UNICEF Innocenti 2020 ; Banque mondiale 2024) (voir l’annexe 1 pour des exemples). Même lorsque les bénéficiaires d’un programme de PSA sont principalement des femmes, des données ventilées par sexe sont nécessaires pour comprendre les complexités des dynamiques de genre, des rapports de pouvoir et des barrières genrées, et comment celles-ci affectent l’enregistrement, l’inscription, l’accès aux services et les résultats du programme. Les MGR qui recueillent des données ventilées par sexe peuvent fournir aux concepteurs et aux responsables de la mise en œuvre des informations sur les goulots d’étranglement et l’efficacité de toutes les phases de mise en œuvre. Les données peuvent également fournir des indications sur la manière dont les problèmes sont résolus en temps opportun et sans biais. La section 3.6.2 fournit de plus amples informations sur le rôle des MGR dans la lutte contre la VBG et les EAS/HS. Les évaluations d'impact mesurent le changement pour les ménages et les communautés bénéficiaires, en utilisant la comparaison avec un groupe « témoin » pour établir la causalité (groupe de ménages ou de localités qui sont similaires aux bénéficiaires, mais qui ne bénéficient pas du programme). Des études à plus petite échelle peuvent examiner les aspects genrés de la distribution des actifs et des ressources au sein des ménages afin d'évaluer l'impact des programmes sur différents groupes démographiques au sein des ménages, en particulier les femmes et les enfants. Les données de suivi et d'évaluation peuvent également évaluer les progrès accomplis dans la mise en place d'institutions sensibles au genre. Les évaluations des processus et de performance devraient tenir compte des questions organisationnelles au sein des institutions qui mettent en œuvre les programmes de PSA. Cela inclut la présentation d’un bilan de l’équilibre entre les sexes dans le personnel, ainsi que des politiques et pratiques soutenant les progrès en matière de diversité, d’égalité et d’inclusion (voir l’annexe 1 pour les questions d’évaluation pertinentes). Cela est également important pour les consultants, ONG ou entreprises contractuelles. Les preuves issues des évaluations constituent la base des efforts de plaidoyer pour sensibiliser davantage à la contribution des PSA aux résultats en matière de genre ; pour obtenir un engagement politique ; et pour établir des alliances avec des partenaires stratégiques afin d’amplifier l’impact et la durabilité de la PSA. Pour plus d’informations, voir la section 3.7. 42 Que fait le PPSAS ? Cadre de résultats PPSAS Le programme global PPSAS assure le suivi de l’un des quatre indicateurs intermédiaires qui contribuent à six résultats clés en matière de genre tels que définis dans la Stratégie pour l’égalité des sexes 2024-2030 de la Banque mondiale (Banque mondiale 2024) : le nombre de personnes (ventilé par sexe) bénéficiant d’actions qui élargissent et favorisent les opportunités économiques ( indicateur du cadre du suivi global et de la Scorecard de la Banque Mondiale). Le cadre de résultats du PPSAS comprend également des indicateurs portant sur le nombre de femmes inscrites dans les registres sociaux nationaux, le nombre de femmes bénéficiant de programmes adaptatifs aux chocs (toutes les femmes vivant dans les ménages bénéficiaires), ainsi que le nombre de femmes qui sont les véritables bénéficiaires de ces programmes. Dans le cadre de l'évaluation de l'impact des filets sociaux et des mesures d'accompagnement (inclusion économique et évolution des normes sociales), le PPSAS a appuyé des évaluations qui tiennent compte des résultats stratégiques en matière de genre identifiés dans la Stratégie 2024-2030 de la Banque mondiale, notamment : (i) les progrès accomplis dans l'élimination de toutes les formes de violence sexiste (par exemple : impact sur la violence conjugale, la violence domestique et la réduction de la violence envers les enfants) ; (ii) un capital humain plus fort et plus résilient (par exemple : connaissances de la mère sur le développement de la petite enfance et le bien-être de l'enfant, amélioration de la santé mentale) ; (iii) des emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour l'avenir (augmentation des revenus provenant de revenus diversifiés) ; (iv) une plus grande appropriation et utilisation des actifs économiques (augmentation des actifs et des revenus des femmes dans les entreprises) ; (v) l’élargissement de l'accès aux services (MGR) ; et (vi) le progrès dans la prise de décisions par les femmes (contrôle des femmes sur le revenu) (voir section 3.5). Capacité de suivi des programmes et systèmes de PSA En plus de l'établissement de rapports au niveau du PPSAS, le PPSAS a soutenu le renforcement des capacités des unités de suivi pour les divers systèmes et programmes de la PSA (agents de suivi et conseillers en genre). Des progrès ont été réalisés dans certains pays pour la collecte et la consolidation de données ventilées par sexe pour les résultats (nombre de bénéficiaires, nombre de recours et réclamations adressées par les MGR et leur résolution en temps opportun). Le personnel de terrain utilise des approches qualitatives (observations sur le terrain) pour ajuster les actions de manière à promouvoir l’égalité d’accès pour les femmes. Par exemple, dans plusieurs pays, le suivi, incluant les retours du personnel du programme, a mis en évidence les obstacles rencontrés par les femmes pour obtenir des pièces d’identité, et ces informations ont été utilisées pour trouver des solutions locales. De plus, dans certains cas, les unités en charge de la mise en œuvre des programmes consolident et analysent régulièrement les données ventilées par sexe provenant des MGR à chaque phase de la mise en œuvre. Évaluations des processus et des performances Le PPSAS appuie également les évaluations des processus et de performance au niveau des programmes mis en œuvre par les gouvernements, sur une partie ou l'ensemble de la chaîne de mise en œuvre. Les évaluations du système complet de mise en œuvre fournissent des informations sur les 43 défis institutionnels et de capacité dans la mise en œuvre, depuis les approches de sensibilisation et d’interface avec les bénéficiaires lors de l’accueil, de l’enregistrement, de l’évaluation des besoins et des conditions, ainsi que des décisions d’éligibilité et de l’inscription ; jusqu’aux obstacles rencontrés par le personnel de terrain, les acteurs communautaires et les bénéficiaires tout au long de la chaîne de mise en œuvre. Certaines ont également recueilli et présenté les perspectives des bénéficiaires et du personnel de mise en œuvre. Certaines évaluations des transferts monétaires ont permis de collecter et de présenter des données ventilées par sexe pour les bénéficiaires (Banque mondiale, 2022). Les évaluations indiquent généralement que la plupart des bénéficiaires sont des femmes (Gueye, Dia et Brunelin 2024 ; Le Teuff 2020 ; Banque mondiale 2022 ; Banque mondiale, 2023b). Les évaluations ont également présenté les points de vue des bénéficiaires, les différences entre les sexes dans l'accès à l'information et les obstacles liés au genre dans l'utilisation des téléphones portables. Dans certains cas, les évaluations ont présenté des données sur l'utilisation genrée des MGR et des données ventilées par sexe pour le règlement des recours et réclamations. Évaluations des impacts et des résultats Le PPSAS a mené une série d'évaluations d'impact axées sur les trois principaux types de programmes PSA : les filets sociaux, l'inclusion économique et les interventions de réponse aux chocs. Cela inclut les évaluations des mesures d'inclusion économique au Burkina Faso, au Tchad, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal (présentées à la section 3.5), qui ont fourni des informations importantes sur les impacts de différentes combinaisons d'activités sur l'autonomisation des femmes et la résilience des ménages. Les évaluations ont également porté sur les filets sociaux réguliers et les programmes de réponse aux chocs, mettant en évidence les gains durables pour les bénéficiaires, leurs ménages et leurs communautés. Dans l'ensemble, les évaluations d'impact posent les bonnes questions en termes d'efficacité et de genre. Ils démontrent des résultats pour les ménages et les individus (bénéficiaires directs, généralement des femmes) en utilisant une bonne gamme d'indicateurs de genre (voir section 3.5) pour la résilience et pour mesurer les progrès, et une contribution aux résultats de genre (Constas, d'Errico et Pietrelli 2020). Plus généralement, des preuves ont été recueillies sur les impacts démontrés des programmes PSA sur les bénéficiaires au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, ainsi que dans tout le Sahel, mais les résultats ne sont pas toujours présentés de manière à mettre en évidence les résultats de manière à ce que les résultats soient selon le genre. 44 Que peut-on faire de plus ? • Inclure deux indicateurs intermédiaires supplémentaires dans le cadre de résultats de PPSAS pour refléter les contributions dans ces domaines : le nombre de personnes bénéficiant d’actions visant à progresser dans l’élimination de toutes les formes de VBG ; et le nombre de personnes bénéficiant d’actions visant à renforcer la participation des femmes à la prise de décision. La justification est que PPSAS soutient le renforcement des messages sur la VBG et facilite l’accès aux services liés à la VBG via des MGR sensibles au genre, et que les mesures d’accompagnement sont conçues pour promouvoir un rôle des femmes dans la prise de décision. • Renforcement des capacités pour les partenaires de mise en œuvre : Soutenir une meilleure focalisation sur le genre dans le renforcement des systèmes et processus de suivi et évaluation des programmes PSA. Améliorer les capacités à collecter des données ventilées par sexe et à appliquer l’analyse de genre. Au niveau du programme global PPSAS, fournir un récit qualitatif pour expliquer les résultats pour les femmes, et pour les changements contribuant aux progrès en matière de genre lorsque cela est pertinent. • Recherche diagnostique : Inclure des évaluations de la précision du ciblage dans les évaluations, notamment dans les zones affectées par des chocs, par exemple la précision dans la sélection des ménages présentant des risques d’exclusion et vulnérabilités genrées dans le registre social, la qualité des processus de validation et de vérification, et la mesure dans laquelle les services atteignent la population éligible visée, y compris la minimisation des erreurs d’exclusion et d’inclusion (Banque mondiale 2025a). • Orientation pour les termes de référence des évaluations : Soutenir les évaluations de processus/performance incluant un angle genre. S’assurer que les termes de référence pour ces évaluations stipulent (i) les exigences de capacité de l’équipe en matière de genre ; (ii) la compréhension du contexte genré et de la justification du choix des femmes comme bénéficiaires ou récipiendaires ; (iii) une méthodologie avec des questions clés sur le genre et des méthodes pour recueillir les perspectives des bénéficiaires et des agents de terrain avec analyse de genre (voir Annexe 1) ; et (iv) des recommandations avec implications financières pour les stratégies et actions visant à améliorer la mise en œuvre des programmes. La connaissance de l’éthique de la recherche sur la VBG est requise si les évaluations examinent les changements en matière de VBG (Care International 2022). • Soutien à l’apprentissage périodique pour les partenaires de mise en œuvre sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en matière d’approches sensibles au genre dans la mise en œuvre. Cela pourrait impliquer des sessions pour le personnel de terrain afin d’analyser de manière critique une expérience spécifique de mise en œuvre (voir Annexe 1). En examinant les aspects réussis et non réussis, la réflexion peut aider le personnel à tirer des enseignements de ses expériences passées, orienter la conception du programme et informer les corrections de cap. • Soutien aux évaluations d’impact qui testent un plus large éventail d’indicateurs pour les résultats de genre (voir Annexe 1). Ces évaluations pourraient inclure un accent plus marqué sur la répartition intrafamiliale des ressources. Assurer une analyse des coûts pour la montée en échelle des interventions réussies. 45 3.6.2 Mesures pour prévenir et atténuer la VBG et l'EAS/HS Qu’est-ce que c’est ? Le terme violence basée sur le genre désigne tout acte préjudiciable commis contre la volonté d’une personne en raison de son genre (OMS 2021). La majorité des VBG sont perpétrées contre les femmes et les filles, mais le terme inclut également la violence à l’encontre des hommes, des garçons et des minorités sexuelles (Banque mondiale, s.d.). La violence à l’égard des femmes est un type de VBG. Elle constitue une violation des droits humains des femmes et un problème majeur de santé publique. Elle est enracinée et perpétuée par la sanction et le renforcement des inégalités de relations de genre, des lois insuffisantes ou inappliquées, ainsi que par le manque de structures et d’éducation pour la prévention et le traitement des femmes exposées à la violence. Elle se produit partout, en temps de paix comme en période de conflit ou de crise. La VBG inclut des préjudices physiques, sexuels, émotionnels et économiques, des menaces de tels actes, la coercition ou la privation arbitraire de liberté. À domicile, la VBG comprend la violence conjugale, les coups et blessures, les abus sexuels sur enfants, les mutilations génitales féminines et le viol. Dans la communauté, elle comprend la traite, la prostitution forcée, le mariage d’enfants, les abus sexuels, le harcèlement sexuel et l’intimidation. L’EAS/HS incluent l’exploitation sexuelle, les abus sexuels et le harcèlement sexuel. L’exploitation sexuelle consiste en un abus réel ou tenté de vulnérabilité, de pouvoir différentiel ou de confiance à des fins sexuelles, incluant, mais sans s’y limiter, le profit monétaire, social ou politique tiré de l’exploitation sexuelle d’autrui (Nations Unies 2017, 6). L’abus sexuel est une intrusion physique réelle ou menacée à caractère sexuel, que ce soit par la force ou dans des conditions inégales ou coercitives (Nations Unies 2017, 5). Le harcèlement sexuel consiste en toute avance sexuelle non désirée, demande de faveurs sexuelles ou tout autre comportement verbal ou physique de nature sexuelle. Pourquoi est-ce important ? Les programmes PSA peuvent avoir un impact positif sur la VBG par plusieurs voies, comme le démontrent des preuves rigoureuses (Cookson, Fuentes et Bitterly 2024). Premièrement, ils peuvent réduire les difficultés économiques des ménages et l’insécurité alimentaire et diminuer les tensions et conflits au sein des ménages. Deuxièmement, ils peuvent tirer parti des mesures d’accompa gnement et de leur engagement auprès des communautés, y compris les hommes et les garçons, pour renforcer les messages autour de la VBG et lutter contre ce problème grâce à des approches de changement de comportement modélisant les attitudes et comportements souhaités. Troisièmement, ils peuvent renforcer le pouvoir de négociation des femmes au sein des ménages. Quatrièmement, ils peuvent contribuer au renforcement des réseaux sociaux pour les femmes, essentiels à leur autonomisation. Bien que les programmes de PSA aient des effets globalement positifs sur la VBG, les programmes peuvent provoquer un retour de bâton à court terme lorsque les normes et pratiques existantes sont perturbées. Les travailleurs de première ligne et les bénévoles communautaires peuvent être formés pour identifier la VBG et orienter les femmes vers des services de prévention et de réponse ou signaler les cas via les MGR, qui peuvent ensuite gérer les références. Cependant, si les programmes ne tiennent pas compte du genre, ils peuvent aussi involontairement créer des situations où les femmes deviennent vulnérables à des comportements d’exploitation au sein des communautés ou des programmes. Garantir un accès égal à l’information sur les programmes 46 de PSA a été discuté précédemment, soulignant l’importance de prendre en compte les différences de genre dans les processus de mise en œuvre. De même, l’importance d’éviter les réactions violentes (violence et agressions) au sein des ménages et des communautés a également été discutée lors de la phase de sensibilisation du programme. Les auteurs potentiels d’EAS/HS peuvent être tout personnel associé à un programme, y compris le personnel du programme, les bénévoles, les consultants ou le personnel des ONG ou entreprises participant à la mise en œuvre du programme. Les cas d’EAS/HS peuvent se produire à chaque étape de la chaîne de mise en œuvre. Dans le cadre de son Cadre environnemental et social, la Note de bonnes pratiques de la Banque mondiale pour les projets traitant de l’exploitation et des abus sexuels et du harcèlement sexuel dans les opérations de développement humain exige que les équipes identifient les risques d’EAS/HS qui peuvent apparaître et fournit des conseils sur la meilleure manière de gérer ces risques (Banque mondiale 2022b). Mettre en place des mécanismes pour protéger les femmes et les filles contre l ’EAS/HS dans les programmes de PSA nécessite une approche en trois volets. Premièrement, il faut que les travailleurs de première ligne et les bénévoles comprennent les enjeux et adoptent des attitudes et comportements centrés sur les survivantes, plutôt que de soutenir les auteurs. Deuxièmement, chaque phase de mise en œuvre doit être conçue pour limiter les opportunités d’EAS/HS en adoptant des mécanismes qui minimisent le potentiel d’abus par les acteurs du programme. Troisièmement, il faut concevoir et mettre en œuvre des MGR centrés sur les survivantes et accessibles aux femmes pour signaler les incidents d’EAS/HS si ceux-ci se produisent. Les MGR peuvent aider à protéger les femmes des normes de genre qui créent une culture du silence empêchant les femmes et les filles de signaler la VBG et où les survivantes craignent le blâme, la stigmatisation, l’incrédulité ou les représailles si elles se manifestent. Que fait le PPSAS ? Le PPSAS est guidé par l'engagement de la Banque mondiale à lutter contre l'EAS/HS, et il promeut l'utilisation d'outils et de ressources développés pour tirer parti des filets sociaux afin de prévenir la VBG (Encadré 11). 47 Encadré 11: Engagement de la Banque mondiale à lutter contre l'EAS/HS et à tirer parti des filets sociaux pour prévenir la VBG La Banque mondiale s'est engagée à lutter contre la VBG, en incluant la lutte contre l'EAS/HS dans ses projets d'investissement, comme indiqué dans son Cadre environnemental et social et ses notes de bonnes pratiques. Les actions minimales recommandées comprennent des codes de conduite ou des normes de comportement pour tous les acteurs de projets d'investissement, sensibilisation des communautés et des travailleurs, identification d'un prestataire de services de qualité en matière de VBG, MGR efficaces avec des parcours EAS/HS, cadre de responsabilisation et d'intervention, espaces sûrs dans les établissements et considérations pour le recrutement du personnel. Au-delà de la question de l'EAS/HS, la Banque mondiale a produit des orientations pour maximiser les impacts positifs des programmes de PSA sur la VBG. Les outils et les ressources pour aider les praticiens de la protection sociale à éduquer, réduire les risques et autonomiser les femmes comprennent : - La sécurité d'abord : Comment tirer parti des filets sociaux pour prévenir la violence de genre – Orientations opérationnelles : fournit un aperçu des données probantes sur les filets sociaux et la violence de genre, ainsi que des conseils opérationnels sur la façon de la prévenir et d'autonomiser les femmes. - Un cours d'apprentissage en ligne sur la sécurité d’abord : présente des conseils de conception et de mise en œuvre à différentes phases de la chaîne de mise en œuvre pour autonomiser les femmes et amplifier le potentiel préventif des filets sociaux. - Vidéos sur la sécurité d'abord : (2 à 3 minutes chacune) expliquent les décisions de conception et l'impact potentiel sur la VBG. - Document de travail sur la sécurité d'abord : fournit un résumé des questions clés et des conseils de conception pour prévenir et répondre à la VBG au cours des quatre phases principales de la chaîne de livraison. Sources : Banque mondiale 2022b ; Banque mondiale 2023a Par ailleurs, le PPSAS accompagne les partenaires gouvernementaux dans leurs actions à travers quatre mesures : 1. Évaluer et atténuer les risques liés au personnel de première ligne et aux prestataires de services qui s'engagent dans l'EAS/HS à chaque phase de la chaîne de livraison. 2. Établir des codes de conduite et des normes de comportement pour le personnel de première ligne et les prestataires de services engagés dans la mise en œuvre. 3. Mettre en place des MGR centrés sur les survivants (Encadré 12) où les hommes et les femmes peuvent déposer des recours et réclamations s'ils sont victimes d'EAS/HS et être orientés vers des services spécialisés qui suivent des procédures confidentielles. Le PPSAS a soutenu la mise en 48 place de différents MGR afin de maximiser l'accès des femmes, y compris des lignes d'assistance téléphonique gratuites et des comités communautaires de doléances. 4. Surveiller et analyser les données des MGR à l'aide de données ventilées par sexe pour déterminer le nombre et le type de réclamations reçues, et leur résolution en temps opportun. Encadré 12: Approche de la mise en place des MGR centrés sur les survivants au Burkina Faso Pour informer le développement de MGR centrés sur les survivants, le Burkina Faso a mené des recherches diagnostiques, y compris une cartographie des services. La cartographie fournit un inventaire des prestataires de services VBG dans 9 régions et 81 communes, spécialisés dans les services de santé, psychosociaux et juridiques à proximité des sites des programmes. Le Burkina Faso dispose de services de prise en charge existants fournis par le gouvernement et les ONG pour la réponse sanitaire à la VBG, mais il existe des lacunes importantes en matière d’assistance juridique et de soutien aux moyens de subsistance. L’effort a également inclus l’élaboration d’un protocole pour le référencement des cas de VBG, dirigé par le Ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale. Son objectif est de s’assurer que tous les survivants signalent les incidents de VBG aux points focaux du programme et aux comités de gestion des réclamations au niveau communautaire, pour un référencement, avec consentement, vers les services selon des procédures sûres et confidentielles. L’approche comprend un cadre de gestion sociale et un MGR avec plusieurs voies pour déposer une plainte, y compris un numéro de téléphone « Ligne verte ». Le protocole définit les types de VBG et d’EAS/HS les plus fréquents. Il précise les règles, un plan d’action, un ensemble de comportements pour le personnel du programme et un code de conduite. Le MGR définit les rôles et responsabilités dans la gestion de la réponse, les lignes de rapport et de supervision, ainsi que les exigences en matière de partage d’informations et de réponse. Le soutien centré sur les survivants repose sur les principes de sécurité, de confidentialité, de respect et de non- discrimination. Le personnel et les comités reçoivent une formation sur la manière de répondre immédiatement. Source : Burkina Faso, ministère de l'Action humanitaire et de la Solidarité nationale, à paraître. Que peut-on faire de plus ? • Soutenir le développement continu des capacités du personnel de terrain sur la VBG et l’EAS/HS, y compris pour renforcer les messages clés sur la VBG (mariage des enfants, pratiques traditionnelles nocives, conflits intrafamiliaux) dans les zones affectées par les chocs. Cela impliquerait d’adopter une approche de changement de comportement pour modéliser de nouvelles approches. Veiller à la clarté des rôles et responsabilités dans les descriptions de poste, y compris les points focaux dans les structures organisationnelles. Garantir que les guides et outils sont culturellement pertinents. • Explorer le potentiel d’intégration d’une session sur la VBG et l’EAS/HS dans les mesures d’accompagnement, y compris en s’appuyant sur les preuves d’impact et de résultats issues des Dialogues Familiaux en Mauritanie. • Documenter et diffuser les efforts visant à évaluer et à réduire les risques associés à l’EAS/HS à toutes les phases de la mise en œuvre. Il s’agit d’un enseignement précieux qui peut être partagé avec une communauté d’apprentissage plus large sur les PSA. 49 • Recherche diagnostique : Évaluer quelles approches de MGR sensibles au genre (comités communautaires, numéros verts) offrent le meilleur accès aux femmes pour signaler la VBG et dans quelle mesure les renvois vers les services de prise en charge sont utilisés. 3.7 Leviers de changement pour une PSA sensible au genre au Sahel Qu’est-ce que c’est ? Les leviers de changement sont des facteurs qui peuvent transformer la conception, la mise en œuvre et l'impact de la PSA pour la rendre plus sensible au genre, y compris au niveau politique (UNICEF Innocenti 2020). Il s'agit notamment : i) de l'engagement politique et des incitations ; ii) du financement ; iii) du renforcement des capacités ; iv) des institutions sensibles au genre ; v) des partenariats et synergies sectorielles ; (vi) des mécanismes et mouvements sociaux des femmes (McBride et Mazur 2012) ; et (vii) des preuves, des données et de la recherche. Pourquoi est-ce important ? Un engagement politique est nécessaire pour promouvoir les résultats en matière de genre par le biais de la PSA (UNICEF Innocenti 2020). Tous les pays du Sahel se sont engagés en faveur des objectifs mondiaux de développement durable dans leurs stratégies nationales, y compris pour l'objectif 5 pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles. L'engagement politique renforce la cohérence et la convergence des acteurs de la PSA sous le leadership national, pour assurer les politiques, les programmes et le financement d’une PSA sensible au genre (Ocampo, Van Ufford, Coudouel 2025). Il fournit un leadership pour mener des réformes plus larges, améliorer les cadres juridiques, obtenir des allocations budgétaires et des institutions sensibles au genre afin d'éliminer les obstacles structurels à l'autonomisation des femmes et des filles. L’engagement politique démontre aussi le leadership dans la promotion de l'équité et rallie les acteurs de la PSA. Il est nécessaire aux niveaux nationaux et sous- nationaux des gouvernements et au niveau des dirigeants locaux, y compris les communautés. La protection sociale adaptée au genre nécessite un financement régulier pour atteindre des résultats en matière de résilience et d’autonomisation des femmes (UNICEF Innocenti 2020). Le financement couvre le développement et l'évolution de systèmes et d'institutions sensibles au genre. Les données probantes sur la façon dont les mesures de la PSA sensibles au genre qui visent à promouvoir l'inclusion économique contribuent à la croissance économique et à la résilience constituent un argument convaincant en faveur d'investissements soutenus et d'une expansion accrue. Comprendre les normes de genre dans la prise de décision peut aider à développer des arguments convaincants en faveur de budgets qui fonctionnent pour tout le monde (Banque mondiale, 2024). Les acteurs gouvernementaux doivent être en mesure de comprendre le contexte, les besoins, les vulnérabilités et les obstacles liés au genre, et de mettre en œuvre des approches différenciées. La capacité des personnes impliquées dans tous les aspects des mécanismes de mise en œuvre de la PSA a été mise en évidence à toutes les étapes de la chaîne de mise en œuvre – de la capacité à concevoir des programmes sensibles au genre, au compétences du personnel à toutes les étapes de la mise en œuvre, y compris les processus inclusifs de suivi et d'évaluation et d'apprentissage. 50 Les institutions qui mettent en œuvre la protection sociale adaptée au genre possèdent des normes, des politiques et des pratiques, qui influencent également l’équilibre entre les sexes sur le lieu de travail ainsi que les attitudes et comportements du personnel. Les institutions sensibles au genre ont des politiques et des pratiques qui promeuvent et atteignent progressivement un équilibre entre les sexes et des environnements de travail favorables aux hommes et aux femmes (ONU Femmes s.d.). Les engagements mondiaux pour les Objectifs de développement durable 2030, y compris l’Objectif 5 sur l’égalité des sexes, ainsi que les propres politiques de la Banque mondiale, offrent au PPSAS une plateforme pour collaborer avec les gouvernements sur les institutions sensibles au genre impliquées dans la mise en œuvre de la PSA (Encadré 13). Tout aussi importants sont les partenariats et les synergies sectorielles qui peuvent faciliter et amplifier une PSA sensible au genre. Sont notamment concernées les autorités gouvernementales responsables des documents d’identité et les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture. L’élargissement de l’accès aux services est essentiel pour les résultats liés au genre, et les instruments de la PSA peuvent être utilisés pour motiver la mise en œuvre d’autres interventions qui renforcent certains aspects des résultats liés au genre. Par exemple, l’analyse des données des registres sociaux et des évaluations peut aider les secteurs sociaux à mieux cibler les services (éducation et santé). Les mécanismes nationaux pour la promotion des droits des femmes comprennent des structures ou systèmes gouvernementaux formels établis pour promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes. Ils ont souvent pour mandat de coordonner, faciliter et suivre la formulation et la mise en œuvre des politiques. Ils peuvent être bien placés pour soutenir le plaidoyer basé sur des données probantes en faveur de la mise à échelle de la PSA sensible au genre. Par ailleurs, les mouvements sociaux peuvent engager un dialogue constructif avec les bureaucrates et les responsables politiques afin d’élargir la compréhension des liens entre pauvreté, changement climatique, conflits et résultats liés au genre, ainsi que le rôle de la PSA sensible au genre, en parallèle avec l’amélioration des cadres juridiques et l’accès aux services, aux actifs et aux ressources pour un impact durable (Malena, Forster et Singh 2004 ; UNICEF Innocenti 2020). L’utilisation de résultats sur l’importance d’une mise en œuvre qui intègre une perspective de genre est essentielle pour comprendre les lacunes et les défis, définir les objectifs politiques, adapter les systèmes et processus, et améliorer la conception et la mise en œuvre (UNICEF Innocenti 2020). Les sources de données susceptibles d’apporter des informations précieuses sur le genre sont mises en évidence dans les sections précédentes et incluent : (i) les données des registres sociaux et des évaluations de la pauvreté et de la vulnérabilité (Section 3.2) ; (ii) les processus de S&E et de collecte de données qui incluent des approches quantitatives et qualitatives pour comprendre les dimensions de genre de la capacité du personnel, ainsi que les obstacles rencontrés par les femmes et les groupes exclus (âge, handicap, statut migratoire) ; (iii) la désagrégation et l’analyse de genre (Section 3.6.1) ; et (iv) la recherche sur les caractéristiques de conception des politiques pour améliorer l’efficacité des programmes et des systèmes. 51 Encadré 13: Politiques de la Banque mondiale qui permettent une PSA sensible au genre La Score Card de la Banque mondiale et l’objectif récemment adopté de soutenir 250 millions de femmes avec des programmes de protection sociale, en se concentrant particulièrement sur les populations les plus pauvres et vulnérables. Les activités du PPSAS contribuent à 7 des 22 indicateurs de la Score Card de la Banque mondiale, qui inclut les personnes bénéficiant d’actions pour promouvoir l’égalité des sexes et créer de nouveaux emplois de meilleure qualité, y compris pour les femmes et les jeunes. La Stratégie de la Banque mondiale pour l’égalité des sexes 2024-2030 met l’accent sur la protection sociale. La stratégie souligne que l’arène politique influence les résultats liés au genre et que promouvoir l’égalité des sexes à travers les programmes de protection sociale nécessite de comprendre les croyances des acteurs de cette arène et les relations de pouvoir fondées sur le genre au sein des institutions afin de changer les mentalités. Elle exige également un travail transversal au sein des institutions politiques, économiques et sociales — formelles, traditionnelles et informelles. Cela implique la nécessité d’une compréhension différenciée des parties prenantes selon le genre, un plaidoyer fondé sur des preuves, des partenaires stratégiques et un engagement au niveau politique pour transformer les attitudes, comportements et politiques. Le Cadre environnemental et social de la Banque mondiale souligne également l’importance d’un environnement favorable pour les programmes de protection sociale. La Directive sur la gestion des risques et impacts pour les personnes ou groupes défavorisés ou vulnérables mentionne des questions liées à la main-d’œuvre qui ont des implications pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. La Directive couvre notamment le travail et les conditions de travail, ainsi que la santé et la sécurité des travailleurs et des communautés. Elle intègre également la Note de bonnes pratiques de la Banque mondiale sur l’identification et la gestion des risques liés à l’EAS/HS dans les opérations d’investissement en développement humain. Ce cadre offre un levier pour le dialogue politique avec les gouvernements nationaux afin de garantir que les institutions impliquées dans la mise en œuvre de la protection sociale soient sensibles au genre, avec des politiques et pratiques favorisant l’équilibre entre les sexes, la diversité, l’équité et l’inclusion. Sources : Nations Unies 2023 ; Banque mondiale, 2025b, 2024, 2022b, 2024c ; UNICEF Innocenti 2024. Que fait le PPSAS ? Engagement politique, utilisation des données probantes Le PPSAS a contribué à ce que les principaux acteurs reconnaissent la pertinence de la PSA pour traiter les enjeux de résilience et les résultats liés au genre, ainsi que l’importance d’investir dans les systèmes et les capacités de la PSA. La plupart des pays du Sahel ont des objectifs en matière d’égalité dans leurs programmes PSA et le soutien aux femmes est une politique de mise en œuvre largement acceptée. La Banque mondiale a appuyé les messages centraux de plaidoyer de l’Alliance du Sahel sur l’importance de la PSA. Un message central met en avant les impacts transformateurs de la PSA sur la pauvreté et la vulnérabilité pour les bénéficiaires des programmes et la société dans son ensemble. 52 Derrière ce message se trouve l’évidence fournie par le PPSAS que la PSA a démontré des résultats pour la résilience des ménages et l’autonomisation des femmes dans les pays du Sahel (Alliance du Sahel 2024). Pour favoriser l'engagement, le PPSAS partage régulièrement des travaux d'analyse dans une optique de genre afin d'informer les gouvernements et les bailleurs de fonds. Il s'agit, par exemple, de données probantes et de plaidoyer sur le renforcement de la résilience climatique à grande échelle au Sahel en collaboration avec le CGAP, y compris la lutte contre les risques auxquels sont confrontées les femmes et les filles, les personnes handicapées et les populations déplacées (Roest, Coudouel et Gordin 2025). Cela inclut également des notes politiques, par exemple l'analyse économique du déploiement de programmes d'inclusion économique à grande échelle, afin d'éclairer le dialogue politique et de positionner la PSA comme un instrument efficace pour relever les principaux défis de développement (Vinez 2025). Les données comparant différentes approches et paquets d’interventions et identifiant les coûts unitaires pour la mise à l’échelle fournissent une base empirique solide pour mobiliser le soutien à la PSA avec des informations sur les gains pour les individus et les ménages. L’analyse et les preuves de l’impact de la PSA sur la résilience et l’autonomisation des femmes sont diffusées par de multiples canaux, y compris des ateliers nationaux et régionaux destinés aux gouvernements, aux partenaires clés, ainsi qu’aux décideurs politiques et praticiens. Les résultats des différentes évaluations d’impact et autres évaluations constituent également la base du dialogue politique continu et de l’assistance technique des équipes du PPSAS, contribuant à un soutien accru aux systèmes et programmes nationaux de PSA. Financement Le PPSAS a mobilisé des ressources importantes de l’Association internationale de développement (IDA) pour étendre la portée des programmes de PSA qui contribuent efficacement aux résultats liés au genre dans le Sahel (Coudouel et al. 2024). Le financement du PPSAS pour la PSA réactive aux chocs et l’inclusion économique est ciblé principalement sur les femmes dans la plupart des pays du Sahel et a atteint plus de 1,2 million et 100 000 personnes respectivement (dont plus de 645 000 et 77 000 femmes, respectivement). Combiné aux fonds de l’IDA, PPSAS a soutenu une expansion significative de la couverture des programmes de filets sociaux réguliers à plus de 2,2 millions d’individus (principalement des femmes) en 2024. Pour ce faire, la Phase 2 de PPSAS a mobilisé plus de 1,1 milliard USD de l’IDA dans des projets d’investissement dédiés à la PSA ou dans des opérations d’appui budgétaire plus larges. Renforcement des capacités des institutions sensibles au genre Le PPSAS soutient une série de mesures de renforcement des capacités destinées aux ministères et à leurs partenaires de mise en œuvre en matière de genre. Il s'agit notamment d’ appuyer : • Des spécialistes du suivi et du genre dans les unités chargées de la mise en œuvre des programmes et de la collecte de données ventilées par sexe sur les résultats. • L’amélioration des outils de mise en œuvre tels que les manuels opérationnels pour garantir des modalités et des pratiques sensibles au genre. 53 • Le développement des capacités de mise en œuvre des gouvernements et des partenaires pour mettre en œuvre les aspects genrés des programmes de PSA, y compris les mesures d’accompagnement. Ce travail a inclus le développement et le test d’approches de changement de comportement rentables dans les langues locales et adaptées aux contextes locaux, ainsi que l’élaboration du contenu des programmes et la formation. • Des codes de conduite et MGR sensibles à la VBG avec mécanismes d'orientation vers les services de soins. Partenariats et synergies La troisième phase du PPSAS encourage les partenariats pour mobiliser des financements qui permettent aux systèmes nationaux de PSA d'être portés à échelle. Le PPSAS entretient des partenariats techniques avec l’UNICEF et le PAM dans le Sahel, les trois institutions alignant leur approche sur la PSA sensible au genre. Ce partenariat met à profit l’expertise et les réseaux pour soutenir l’alignement et la cohérence en matière de protection sociale, sécurité alimentaire, climat et gestion des risques de catastrophe, ainsi que pour promouvoir des systèmes et programmes de PSA sensibles au genre. Ces partenaires possèdent des compétences en analyse de genre et en approches différenciées de la PSA. Ce partenariat a développé des standards pour les instruments de PSA afin de favoriser une compréhension commune de ce que les systèmes de PSA peuvent inclure dans le contexte du Sahel (UNICEF, PAM et Banque mondiale 2025). Ces normes visent à servir de base au dialogue avec les gouvernements et les partenaires pour définir les objectifs de ces instruments. Des normes minimales sont présentées, ainsi que des normes supplémentaires pour améliorer la performance. Les normes minimales incluent une perspective de genre pour les principaux instruments, comme suit : (i) les programmes nationaux de filets sociaux, les programmes ou composantes d’inclusion économique, et les programmes ou composantes de réponse aux chocs considèrent la dimension de genre dans leur conceptualisation et leurs mécanismes de mise en œuvre et incluent un système de suivi et évaluation robuste, ainsi qu’un MGR ; (ii) les systèmes de paiement disposent d’un MGR; et (iii) les registres sociaux incluent des variables liées à la vulnérabilité. Le partenariat soutient également un projet de recherche conjoint UNICEF-Banque Mondiale-PAM sur la cohésion sociale. Cette recherche – avec un fort accent sur le genre – combine l'élaboration d'un cadre, une revue de la littérature des preuves existantes issues d'analyses qualitatives et quantitatives (Sharma et Menke 2024), ainsi que de nouvelles estimations quantitatives de l'impact des PSA sur la cohésion sociale au Sahel, et des évaluations qualitatives approfondies pour mettre en lumière les voies de ces impacts et les principaux paramètres de conception et de mise en œuvre qui peuvent maximiser les impacts positifs. Le PPSAS a travaillé en étroite collaboration avec des partenaires clés pour promouvoir le déploiement de la PSA dans la région, notamment en étroite collaboration avec le FMI. Ces collaborations ont contribué au plaidoyer et au soutien financier de cette institution en faveur de la protection sociale et de l'inclusion financière. 54 Le PPSAS a également collaboré avec le CGAP, un partenariat mondial de plus de 40 organisations de premier plan travaillant pour le développement qui s'efforcent d'améliorer la vie des personnes vivant dans la pauvreté, en particulier des femmes, grâce à l'inclusion financière. Que peut-on faire de plus ? Engagement politique et utilisation des données probantes • Continuer à diffuser des données probantes dans les efforts de plaidoyer en faveur de la PSA dans toute la région, avec des messages plus délibérés sur la contribution de la PSA à l'autonomisation des femmes. • Plaider en faveur de mesures supplémentaires pour éliminer les obstacles structurels auxquels sont confrontées les femmes. Insister sur le fait que la PSA sensible au genre peut apporter une contribution significative à l'autonomisation des femmes, mais que d'autres interventions sont nécessaires pour consolider son impact. Cela inclut des réformes légales pouvant augmenter l’accès des femmes à la terre et à l’inclusion financière, offrir une meilleure protection contre le mariage précoce et les pratiques traditionnelles nuisibles, ainsi qu’étendre l’accès aux services tels que l’éducation et la santé dans les zones rurales (Kabeer, 2018). Financement • Renforcer les connaissances des ministres des finances sur les avantages des investissements dans la PSA pour la résilience, l’augmentation des emplois et des revenus, et la réduction des écarts de productivité entre les sexes (voir Annexe 4, Tableau A4.1). Démontrer l’efficacité des programmes de PSA et leur fort taux de retour sur investissement, notamment en suivant les bénéfices et les coûts associés à la prise en compte des désavantages liés au genre (par exemple, coûts d’adaptation des systèmes et processus, y compris le recrutement du personnel, la formation, les outils pédagogiques pour le changement des normes de genre et le soutien logistique). Renforcement des capacités pour des institutions sensibles au genre • Continuer à soutenir la formation régulière du personnel chargé de la mise en œuvre sur : i) les principes de l'autonomisation des femmes ; (ii) la compréhension des risques et des vulnérabilités liés au genre ; iii) les caractéristiques de conception des programmes qui favorisent les résultats en matière de genre ; iv) la communication d’informations clés sur les caractéristiques de conception sensibles au genre, visant les communautés locales et acteurs politiques ; et v) les codes de conduite. Surveiller les rôles actuellement exercés par les bénévoles locaux hommes et femmes, en évaluant si les incitations sont justes et égales. • Soutenir les partenaires de mise en œuvre dans l'examen et l'amélioration des politiques et des pratiques dans le milieu professionnel qui favorisent la diversité, l'égalité et l'inclusion, et encourager le recrutement ciblé de travailleuses de première ligne (acteurs des registres sociaux, opératrices de terrain et formatrices), ainsi que le recrutement de personnel de mise en œuvre ayant des attitudes positives à l'égard de l'autonomisation des femmes. 55 Partenariats et synergies sectoriels • Travailler avec le gouvernement et les partenaires clés pour renforcer la collaboration pouvant amplifier les impacts de la PSA sur les résultats liés au genre — en utilisant des preuves pour démontrer comment la PSA contribue à leurs propres objectifs de genre, en encourageant l’action des secteurs capables d’amplifier les résultats de la PSA (par exemple, l’offre de services clés aux femmes et aux filles), et en tirant parti des données des registres sociaux pour aider les secteurs à identifier les lacunes dans la mise en œuvre des services sociaux. 56 4. RÉSUMÉ ET PROCHAINES ÉTAPES 4.1 Résumé Le PPSAS a reconnu l'importance du genre. Le programme s’est fixé comme ambition de soutenir une PSA sensible au genre et a établi trois objectifs transversaux : un accès égal aux services ; une réponse adéquate aux besoins différenciés selon le genre ; et un renforcement de l’autonomisation des femmes et des filles avec le soutien des communautés, des hommes et des garçons. Le programme a réalisé certains progrès pour contribuer à une meilleure compréhension du contexte genré dans le Sahel et pour tenir compte des inégalités structurelles entre les sexes ainsi que des obstacles, vulnérabilités et risques spécifiques auxquels les femmes et les filles sont confrontées dans la conception des systèmes et processus de mise en œuvre des PSA. Pour comprendre le contexte genré, le PPSAS a appuyé des recherches diagnostiques dans tous les pays. Ces recherches ont permis de mettre en lumière les normes sociales discriminatoires, en particulier en ce qui concerne l’accès aux biens et ressources, ainsi qu’au marché du travail. Des travaux ont également été menés pour comprendre les risques et vulnérabilités auxquels les femmes sont exposées en matière d’EAS/HS lors de la mise en œuvre du programme et pour déterminer quand et comment garantir la mise en place de mesures de protection. Au niveau des politiques, le PPSAS a sensibilisé sur le potentiel des programmes de PSA à obtenir des résultats pour les principaux indicateurs liés au genre. Le PPSAS a également tiré parti de ses partenariats pour certains aspects de conception et de mise en œuvre, tels que l’inclusion financière, les registres sociaux inclusifs, les évaluations et les approches de ciblage. Ce document a également identifié les bonnes pratiques du PPSAS pour soutenir une programmation sensible au genre à toutes les étapes de la chaîne de mise en œuvre. Le Tableau 5 résume les conclusions sur les bonnes pratiques ainsi que les opportunités d’actions supplémentaires à chaque étape de la chaîne de mise en œuvre. Il est suivi de la section 4.2 sur les prochaines étapes, mettant l’accent sur cinq actions prioritaires. Tableau 5: Résumé des bonnes pratiques du PPSAS en matière de genre et des opportunités Phase de mise en Bonnes pratiques du PPSAS Opportunités œuvre • Soutenir plusieurs approches pour • Renforcement des capacités du répondre aux besoins d’information des personnel de terrain/bénévoles avec hommes et des femmes, y compris via pour objectifs : (i) atteindre tous les des canaux de communication membres de la communauté avec les multimédias. informations clés, (ii) obtenir le soutien de la communauté pour le ciblage des • Expliquer aux communautés pourquoi femmes et le respect des exigences Sensibilisation les services seront attribués aux d’identification, (iii) garantir un accès femmes et obtenir l’adhésion, en égal aux MGR, (iv) réduire les risques particulier des leaders et des hommes. d’EAS/HS liés au projet et au personnel • Expliquer aux communautés la associé. nécessité de documents d’identité pour • Recherche diagnostique pour l’éligibilité et l’accès aux services. comprendre et répondre aux différents 57 besoins de communication selon le genre. • Soutenir l’amélioration des processus • Objectifs du programme pour un accueil communautaires favorisant la et un enregistrement sensibles au participation des femmes à la prise de genre. décision et leur contribution aux processus d’accueil et • Analyse diagnostique pour comprendre : d’enregistrement. (i) les obstacles liés au genre, (ii) les Accueil, facteurs garantissant l’inclusion des • Aider les gouvernements à élaborer des femmes dans les processus de enregistrement et registres sociaux pour identifier les validation communautaire, (iii) évaluation des populations pauvres et vulnérables, y l’étendue de la collecte de données besoins et des compris les femmes. (genre, âge, handicap, déplacement), et conditions (iv) l’analyse et l’utilisation des données • Promouvoir des registres sociaux et des pour élargir l’accès à d’autres services. évaluations qui tiennent compte des caractéristiques genrées. • Renforcement des capacités des partenaires de mise en œuvre pour garantir que les obstacles sont traités et pour éliminer les biais potentiels. • Soutenir l'identification et l'élimination • Recherche diagnostique pour évaluer des obstacles à l'inscription liés au les processus communautaires et genre. autres processus de validation avec une perspective de genre. • Soutenir les processus de validation communautaire impliquant les hommes • Renforcement des capacités des Éligibilité et et les femmes. partenaires de mise en œuvre pour s’assurer qu’ils : (i) guident les inscription communautés dans la validation des ménages avec la participation des femmes et la réduction des biais, et (ii) maintiennent une perspective de genre tout au long des phases d’éligibilité et d’inscription. • Promouvoir le choix des femmes • Développement des capacités des comme bénéficiaires à travers le Sahel. partenaires de mise en œuvre pour Fourniture des améliorer leur compréhension des • Recueillir des preuves pour soutenir la avantages de la sélection des femmes services : sélection justification de cette décision. comme bénéficiaires et pour enregistrer des femmes • Soutenir la conception et l’évaluation correctement les données sur les comme bénéficiaires ventilées par sexe. des approches d’engagement pour bénéficiaires des assurer le soutien communautaire et • Soutenir les projets pilotes dans des transferts familial à la sélection des femmes contextes de normes sociales monétaires comme bénéficiaires. enracinées pour démontrer les avantages aux gouvernements et aux communautés. • Soutenir l’adaptation des systèmes de • Veiller à ce que la conception des paiement aux besoins des femmes. systèmes de paiement tienne compte des défis liés au genre. Fourniture des • Collecte de données probantes sur les • Développement des capacités, y services : systèmes obstacles liés au genre dans les compris formation du personnel, processus de paiement. directives et outils pour soutenir la de paiement conception, la mise en œuvre et le suivi sensibles au genre des systèmes de paiement sensibles au genre. • Suivi régulier et contrôles ponctuels pour identifier les obstacles liés au 58 genre et les goulots d’étranglement pour accéder aux paiements. • Soutenir les mesures • Encourager les pays à optimiser le choix d’accompagnement en capital humain, des thèmes pour les programmes y compris la santé mentale et les d’accompagnement en capital humain initiatives relatives à la cuisson propre. selon leur contexte (adaptation au • Soutenir les mesures visant l’inclusion changement climatique, VBG, sécurité économique des femmes, en mettant des paiements et alphabétisation Fourniture des l’accent sur l’appui des communautés numérique). et des hommes. • Continuer à soutenir les changements services : mesures • Soutenir les approches de changement progressifs pour réduire les risques de d'accompagnement de comportement pour promouvoir la réaction négative. coopération entre conjoints, réduire les • Garantir la participation des femmes à conflits intrafamiliaux et renforcer les l’identification des options productives normes communautaires favorables. dans les programmes d’inclusion • Soutenir l'adaptation des mesures économique. d'accompagnement aux réfugiés et aux communautés d'accueil. • Renforcer les capacités des unités de • Inclure le nombre de personnes suivi (agents et conseillers genre) et la bénéficiant d’actions visant à éliminer collecte de données ventilées par sexe. toutes les formes de VBG et à • Soutenir les évaluations des processus promouvoir la participation des femmes et performances au niveau des à la prise de décision dans le cadre des programmes et recueillir des résultats. informations sur l’expérience des • Soutenir l’amélioration de l’approche bénéficiaires avec des données genre dans les systèmes et processus ventilées par sexe. de suivi et évaluation. • Réaliser des évaluations d’impact des • Inclure l’évaluation de la précision du Gestion des trois principaux types de programmes ciblage dans les évaluations. programmes : suivi de PSA – programmes de filets sociaux, • Appliquer une perspective de genre et évaluation d’inclusion économique et de réponse dans les évaluations des processus et aux chocs – en mesurant l’impact sur performances. divers indicateurs liés au genre. • Favoriser l’apprentissage périodique des partenaires de mise en œuvre sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas en matière d’approches sensibles au genre. • Soutenir les évaluations d’impact testant un plus large éventail d’indicateurs liés au genre. • Soutenir les gouvernements pour • Renforcement continu des capacités du évaluer et atténuer les risques à chaque personnel de mise en œuvre, y compris Gestion des phase de la mise en œuvre, y compris : le renforcement des messages clés sur (1) évaluation et atténuation des risques la VBG dans les zones touchées par des programmes : d’EAS/HS par le personnel de terrain ; chocs. actions de (2) mise en place de codes de conduite • Explorer l’intégration de la VBG et de prévention et pour le personnel de mise en œuvre ; (3) l’EAS/HS dans les mesures d'atténuation des création de MGR centrés sur les d’accompagnement. risques d’EAS/HS survivants ; (4) analyse des données des • Documenter les efforts pour réduire les MGR avec une perspective de genre. risques liés à la VBG et à l’EAS/SH à toutes les phases de mise en œuvre. 59 Engagement politique et utilisation des Engagement politique et utilisation des données probantes données probantes • Contribuer à la sensibilisation sur la • Continuer à diffuser des données pertinence de la PSA et l’importance probantes pertinentes sur le genre dans d’investir dans les systèmes et les les efforts de plaidoyer en faveur de la capacités. PSA dans toute la région. • Communiquer des preuves avec une • Plaider en faveur de mesures perspective de genre pour informer les supplémentaires pour surmonter les gouvernements et les bailleurs. obstacles structurels auxquels les femmes sont confrontées. Financement Financement • Mobiliser des ressources importantes de l’IDA pour étendre la portée de la • Renforcer les connaissances sur les PSA. avantages de la PSA pour la résilience, l’augmentation de la productivité et des Renforcement des capacités des institutions revenus, et la réduction des écarts de sensibles au genre genre dans la productivité. Activer les leviers de changement • Fournir des mesures de renforcement Renforcement des capacités des institutions des capacités aux partenaires de mise sensibles au genre en œuvre en matière de genre. • Continuer à soutenir la formation Partenariats et synergies régulière sur le genre pour le personnel de mise en œuvre et surveiller le rôle • Favoriser les partenariats pour mobiliser des hommes et des femmes bénévoles des financements afin de mettre à locaux. l'échelle les systèmes nationaux de • Soutenir les partenaires de mise en PSA. œuvre dans l’amélioration des • Mobiliser les partenaires pour le politiques et pratiques en milieu de plaidoyer, y compris le FMI. travail favorisant la diversité, l’égalité et • Entretenir des partenaires techniques l’inclusion. avec l'UNICEF et le PAM et promouvoir Partenariats et synergies une approche unifiée de la PSA sensible au genre. • Renforcer la collaboration avec les gouvernements et les partenaires afin d'amplifier les impacts de la PSA sur les résultats en matière de genre. Source : Tableau original de cette publication 4.2 Prochaines étapes : Principales priorités Poursuivre le plaidoyer fondé sur des données probantes sur la contribution de la PSA aux résultats liés au genre afin d’assurer un engagement politique pour l’extension de la PSA sensible au genre : • Présenter les preuves avec un message clair sur l’autonomisation des femmes. • Mettre en œuvre une stratégie de plaidoyer avec les partenaires clés sur le potentiel de la PSA pour aborder les résultats en matière de genre. Soutenir des analyses supplémentaires pour renforcer la sensibilité au genre des registres sociaux : • Évaluer dans quelle mesure l’accueil, l’enregistrement, et les évaluations sont accessibles aux femmes et exempts de biais. 60 • Promouvoir l'utilisation des données des registres sociaux et des programmes pour identifier les lacunes et les opportunités en matière de mise en œuvre de services sociaux et, le cas échéant, collaborer avec les secteurs sociaux clés pour amplifier l'impact de la PSA sensible au genre. Produire des recommandations pour des systèmes de paiement sensibles au genre : • Élaborer des lignes directrices sur l’intégration du genre dans les recherches diagnostiques pour orienter la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des systèmes de paiement — qu’ils soient en espèces ou numériques. Renforcer le soutien au renforcement des capacités des acteurs gouvernementaux et autres partenaires de mise en œuvre pour la conception et la mise en œuvre des programmes PSA sensibles au genre : • Développer les connaissances, les compétences et les capacités du personnel de mise en œuvre sur le genre par le biais de formations, de manuels opérationnels et d'outils d'engagement stratégique avec les communautés et les ménages pour toutes les phases de la mise en œuvre, de la sensibilisation aux mesures d'accompagnement. • Renforcer les capacités du personnel sur la VBG et l’EAS/HS et enrichir les mesures d’accompagnement par des sessions visant à renforcer les messages clés. Améliorer l’approche genre des systèmes de suivi-évaluation : • Garantir la collecte de données ventilées par sexe, ainsi que l’utilisation d’approches quantitatives et qualitatives et l’application de l’analyse de genre. • Élaborer des termes de référence standard pour les évaluations de processus et de performance intégrant une perspective de genre. • Dans le cadre des évaluations d’impact, envisager d’inclure des mesures sur la dynamique intrafamiliale pour aborder les déséquilibres de pouvoir. 61 ANNEXES Annexe 1 : Guide pour le suivi et l’évaluation sensibles au genre Cette annexe est structurée comme suit : la section A1.1 fournit des directives pour mesurer la contribution des programmes de PSA à l’autonomisation des femmes au niveau de l’impact, y compris les résultats et les indicateurs de la Banque mondiale et de l’UNICEF. La section A1.2 fournit des orientations pour intégrer une perspective de genre dans les évaluations de processus et de performance, les analyses et les revues. Cela inclut les questions de recherche et les approches recommandées pour la collecte de données, notamment la compréhension des perspectives du personnel de terrain et le retour d’information des bénéficiaires. A1.1 Mesure de la contribution des programmes de PSA à l'autonomisation des femmes : résultats/impact La Stratégie de la Banque mondiale en matière de genre 2024-2030 (Figure A1.1) identifie trois objectifs pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, avec six résultats pertinents pour les programmes de PSA soutenus par le PPSAS. Figure A1.1 : Objectifs stratégiques et résultats de la Stratégie de la Banque mondiale en matière de genre 2024-2030 Source : Banque mondiale 2024 Le Tableau A1.1 établit un lien entre les six domaines d'action de la Banque mondiale décrits à la Figure A1.1 et les indicateurs définis par le Cadre conceptuel de l'UNICEF pour une protection sociale sensible à l'âge et sensible au genre. Les résultats mis en évidence sont ceux qui sont les plus pertinents pour les programmes de PSA soutenus par le PPSAS au Sahel. Le PPSAS mesure la plupart de ces facteurs dans les évaluations d'impact, à l'exception de l'accès aux marchés et de la mobilité accrue. 62 Tableau A1.1 : Résultats de la protection sociale sensible au genre et adaptée à l’âge selon l’UNICEF Un capital humain plus solide et plus résilient et un meilleur accès aux services habilitants Des emplois plus nombreux et de meilleure Progrès dans qualité, ainsi Progrès dans la Santé Éducation Bien-être l'élimination qu'une plus prise de décision améliorée renforcée psychologique de toutes les grande propriété des femmes formes de VBG et utilisation des actifs économiques • Sécurité du • Amélioration • Amélioration de • Santé • Liberté par • Attitudes revenu et de l'accès l'alphabétisation mentale rapport à la positives résilience aux services • Augmentation • Satisfaction violence envers • Réduction et de santé et de la de vie • Mariage l’égalité de répartition des aux services fréquentation et • Estime de soi retardé genre charges sociaux des résultats • Attentes et • Réduction • Capacité de domestiques • Amélioration scolaires aspirations du risque de prise de et essentielles de la santé • Amélioration accrues mutilation décision • Autonomie physique et des capacités • Réduction du génitale • Autonomie financière de la et des stress et féminine • Sentiment • Épargne nutrition compétences renforcement • Mobilité d’efficacité • Accès au • Amélioration • Amélioration de la accrue personnelle crédit de la santé des capacités résilience • Sensibilité • Participation • Accès aux reproductive cognitives accrue aux politique et marchés et sexuelle questions communautaire • Accès à des • Réduction de genre (cohésion sources de du risque de chez les sociale) revenus VIH/sida hommes diversifiées • Retard du début des rapports sexuels et de la grossesse Sources : UNICEF Innocenti 2020 ; avec des contributions de Banque mondiale 2024 ; et entretiens avec des informateurs clés PPSAS Le Guide de mesure de la Banque mondiale : Quatre indicateurs pour l'évaluation de l'autonomisation des femmes et des filles fournit des conseils détaillés sur quatre indicateurs permettant d’évaluer l’autonomisation des femmes et des filles : la propriété des actifs (ressources) ; la participation à la prise de décision (agentivité) ; l’efficacité personnelle (agentivité) ; et le partage des tâches domestiques entre hommes et femmes (contexte) (Banque mondiale, 2023). Le guide donne des instructions sur la formulation et la définition des questions ainsi que sur la construction de l’analyse des données. Ces quatre indicateurs, ainsi que d’autres énumérés dans le tableau ci-dessus, ont été utilisés pour évaluer l’impact des mesures d’inclusion économique soutenues par le PPSAS. 63 A1.2 Intégration d’une perspective de genre dans les évaluations de processus et de performance, les analyses et les revues Le Tableau A1.2 présente des questions et des méthodes recommandées pour mieux comprendre la dimension genre dans les évaluations de processus et de performance, ainsi que dans les vérifications ponctuelles, où l’accent est mis sur la vérification de la qualité de la mise en œuvre, l’identification des obstacles et la recherche de solutions. Ce tableau a été élaboré à la suite directe de l’analyse de ce rapport, qui souligne la nécessité de renforcer les capacités du personnel en matière de suivi et d’évaluation de routine. Le tableau constitue une référence utile pour l’élaboration des directives de passation de marchés et des termes de référence pour les évaluations. Tableau A1.2 : Évaluations des processus et des performances : questions et approches recommandées de collecte de données Domaine Question d'évaluation principale Méthodes • Dans quelle mesure les approches de communication et de sensibilisation tiennent-elles compte des obstacles auxquels les femmes et d’autres groupes marginalisés sont confrontés pour recevoir des informations sur le programme ? • Dans quelle mesure les communautés, les hommes et les garçons sont-ils encouragés à soutenir les femmes en tant Informations qualitatives (Sensibilisation) que bénéficiaires des transferts monétaires et des mesures recueillies auprès du Communication d’accompagnement ? personnel de terrain, des efficace • Dans quelle mesure les femmes se sentent-elles volontaires et des soutenues par a) leurs communautés et b) leurs ménages, bénéficiaires (hommes et en particulier les hommes, les garçons et les femmes plus femmes). âgées ? • Quels ont été les taux de participation des femmes aux activités d’information et de sensibilisation ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? • Dans quelle mesure les personnes (hommes/femmes) considèrent-elles que les critères d’éligibilité soient équitables et inclusifs pour les plus vulnérables ? • Quelles mesures sont prises pour garantir que les processus de validation communautaire soient impartiaux, tant en termes de représentation que de prise de décision ? • Les données des bénéficiaires dans les registres sociaux et Approche qualitative ; (Critères d’éligibilité les évaluations sont-elles ventilées par sexe, âge, handicap données ventilées par sexe et inscription) et déplacement/mobilité ? et analyse de genre. Critères d’éligibilité • Quel pourcentage de femmes éligibles (ventilées par âge, handicap et déplacement) sont inscrites dans les registres sociaux ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? 64 • Quel pourcentage des personnes accédant aux paiements sont des femmes ? • Quel pourcentage des personnes bénéficiant des mesures (Fourniture des d’accompagnement sont des femmes ? Approches quantitatives et services) Capacité à • Quels sont les facteurs facilitant l’accès a) aux paiements qualitatives. accéder aux services et b) aux autres services, et quels sont les principaux Enquête auprès des et interventions, obstacles (par exemple : manque d’informations, ménages. obstacles d’identification, de transport, problèmes de sécurité) ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? • Les données relatives aux paiements sont-elles ventilées par sexe ? • Quel pourcentage de femmes perçoivent a) les paiements et b) participent aux mesures d’accompagnement ? • Le programme a-t-il satisfait les besoins différenciés des hommes, des femmes et d’autres groupes vulnérables Audit genre des mesures (Fourniture de (personnes handicapées, déplacées, communautés d'accompagnement ; le services) Adéquation d’accueil) ? point de vue des des interventions aux • Quels aspects du programme renforcent les bénéficiaires. besoins liés au genre connaissances, compétences et capacités des femmes ? Y Approches quantitatives et et aux inégalités a-t-il des lacunes ? qualitatives (points de vue structurelles • Quels aspects du programme s’attaquent aux inégalités de des bénéficiaires des genre : protection contre la VBG, développement du capital hommes et des femmes). humain, emplois plus nombreux et de meilleure qualité, propriété et utilisation des actifs économiques, accès aux services, progrès dans la prise de décision des femmes ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels sont les coûts estimés ? • Existe-t-il des approches différenciées à chaque phase de mise en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques des femmes, en tenant compte des principaux obstacles (manque de temps, contraintes de mobilité, responsabilités domestiques et de soins) ? • Quels sont les résultats du programme en matière d’autonomisation des femmes (voir Tableau A1.1) ? Des informations • Les systèmes et processus de suivi et d’évaluation qualitatives provenant du (Gestion du permettent-ils de mesurer les quatre indicateurs clés personnel de première programme) Suivi et (propriété des actifs ; participation à la prise de décision ; ligne, des volontaires et des évaluation agentivité personnelle ; et partage des tâches domestiques bénéficiaires (hommes et entre femmes et hommes) ? femmes). • Dans quelle mesure le programme a-t-il modifié les relations communautaires et intra-ménages ? • Quel pourcentage des réclamations du MGR sont résolues dans les délais impartis (données ventilées) ? • Quel nombre de recours et de réclamation (données ventilées) sont orientées vers les services de prise en charge ? 65 • Le programme est-il en bonne voie pour produire des résultats contribuant à l’autonomisation des femmes ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? • Les institutions impliquées dans la mise en œuvre disposent-elles de politiques favorisant l’égalité de genre (égalité des chances, recrutement, promotion et rémunération équitables) ? • Des plans d’action sont-ils en place pour aborder et suivre les progrès réalisés sur les objectifs institutionnels en matière d’égalité de genre ? • Les ressources humaines et autres ressources, les compétences, les budgets, les incitations, la coordination, Évaluation le partage d’informations et de données sont-ils suffisants organisationnelle sensible (Leviers de pour garantir des approches différenciées en vue au genre. changement) d’atteindre les groupes vulnérables et défavorisés, y Des informations Institutions sensibles compris les femmes ? qualitatives de la part du au genre • Dans quelle mesure le personnel de première ligne est-il personnel de mise en équilibré entre les sexes ? œuvre. • Quelles mesures pourraient encourager un recrutement plus équitable et des conditions de travail favorables pour les femmes ? • Les volontaires sont-ils suffisamment récompensés pour leur travail (par exemple, quels types d’incitations sont offerts et les hommes et les femmes en bénéficient-ils de manière équitable) ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? • Existe-t-il un mécanisme de doléances, de rétroaction, de réclamations ou d’appel, offrant plusieurs voies d’accès pour les hommes et les femmes ? • Ce mécanisme peut-il répondre aux incidents d’EAS/HS et orienter les survivantes vers des services de soins centrés sur la victime ? • Les MGP sont-ils utilisés et jugés fiables par les hommes et Approches quantitatives et les femmes ? qualitatives ; analyse de (Toutes les phases de • Des mesures sont-elles prises dans un délai déterminé ? genre des données mise en œuvre) • Existe-t-il des rapports consolidés et ventilés par sexe sur ventilées par sexe. MGR les recours et réclamations et leur résolution ? Perspectives et expériences • Dans quelle mesure existe-t-il des biais liés au genre ou à des bénéficiaires. d’autres facteurs dans la résolution des réclamations ? • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? • Des cas d’EAS/HS ont-ils été signalés lors de la tentative d’accès aux services ou impliquant les agents du programme ? 66 • Les systèmes d’information sont-ils exacts, sécurisés et protégés ? Cela inclut les registres sociaux, les évaluations, (Toutes les phases de les données relatives aux paiements, les données du MGP, mise en œuvre) Analyse qualitative. y compris les données d’orientation. Systèmes • Quelles stratégies et actions sont recommandées pour d'information améliorer les systèmes et les processus ? Quels en sont les coûts estimés ? Sources : Holmes, Levine et Shakespeare 2021 ; ONU Femmes 2021 La collecte des expériences du personnel de première ligne et des retours des bénéficiaires lors des évaluations de performance et de processus peut aider les gestionnaires de programmes à procéder à des ajustements si des lacunes, des oublis ou des opportunités d’amélioration de la qualité de la mise en œuvre sont identifiés. Les orientations comprennent : • Les expériences du personnel de première ligne et des bénéficiaires peuvent être recueillies soit par du personnel de suivi formé, qui collecte les observations auprès des agents de terrain, soit par des équipes d’évaluation et de recherche dans le cadre des évaluations de processus et de performance, qui recueillent les points de vue à la fois des agents de terrain et des bénéficiaires (hommes et femmes). Les perspectives des agents de terrain permettent de trianguler les informations provenant des bénéficiaires, mais elles sont également essentielles pour identifier des solutions locales. • Les points de vue des agents de terrain et des bénéficiaires sont généralement collectés au moyen de recherches qualitatives, notamment par des discussions de groupe. Il est important d’inclure un retour d’information issu de l’analyse des données à destination des bénéficiaires, afin de montrer ce qui a été fait pour résoudre les problèmes récurrents. Il est également essentiel de recueillir et de synthétiser ces informations pour les acteurs impliqués dans la conception du programme. • Ci-dessous figure une liste recommandée de questions visant à recueillir des informations sur les obstacles rencontrés par les femmes et certains sous-groupes de femmes (cheffes de ménage, personnes déplacées, femmes en situation de handicap) à chaque étape de la chaîne de mise en œuvre. Ces questions peuvent être utilisées par le personnel chargé de la mise en œuvre pour orienter les observations ou lors de discussions de groupe. Les superviseurs peuvent ensuite débriefer le personnel et identifier des solutions locales pour améliorer la mise en œuvre à destination des femmes et des sous-groupes de femmes, ou solliciter des conseils et un appui externe. 67 Tableau A1.3 : Questions recommandées pour identifier les obstacles rencontrés par les femmes à chaque phase de la chaîne de mise en œuvre Phase de mise en Questions recommandées œuvre Sensibilisation Les femmes et les sous-groupes de femmes reçoivent-elles des informations sur le programme en temps utile et ont-elles le sentiment d’avoir le droit d’y postuler ? (Certaines/la plupart/toutes les femmes et sous-groupes de femmes déclarent avoir reçu des informations sur le programme). Enregistrement Les femmes/hommes disposent-ils des documents nécessaires (pièce d’identité) pour s’enregistrer ? (Certaines/la plupart/toutes les femmes et sous-groupes de femmes). Indiquer les mesures prises pour faciliter l’accès aux documents. Inscription Quels obstacles les femmes/sous-groupes de femmes ont-ils rencontrés lors de l’inscription ? Lister tous les obstacles et préciser s’ils concernent certaines/la plupart/toutes les femmes/sous-groupes de femmes. MGR Les hommes et les femmes savent-ils comment déposer une plainte ? (Certaines/la plupart/toutes les femmes/hommes). Les hommes et les femmes ayant déposé une plainte estiment-ils qu’elle ait été résolue en temps opportun ? (Certaines/la plupart/toutes). Dans quelle mesure les femmes se sentent-elles en confiance pour signaler des cas de VBG/EAS/HS ? (Dans une grande mesure ; dans une certaine mesure ; pas en confiance). Transferts Les femmes bénéficiaires ont-elles reçu leur(s) paiement(s) en temps voulu ? (Certaines/la monétaires plupart/toutes). Lister tous les obstacles rencontrés par les femmes, en précisant s’ils concernent certaines/la plupart/toutes les femmes. Mesures Les mesures d’accompagnement ont-elles été programmées à des horaires convenant aux d'accompagnement femmes ? Certaines/la plupart/toutes les femmes ont-elles pu assister aux sessions ? Lister tous les obstacles ayant empêché les femmes d’y assister, en précisant s’ils con cernent certaines/la plupart/toutes les femmes. Source : Tableau original de cette publication. 68 Annexe 2 : Domaines clés et thèmes pour le développement des capacités du personnel de mise en œuvre La sensibilisation constitue une phase cruciale pour lever les obstacles liés au genre auxquels les femmes sont confrontées dans les programmes de PSA. La présente annexe propose des objectifs spécifiques destinés à orienter le personnel chargé de la mise en œuvre pendant la phase de sensibilisation, ainsi que des orientations relatives aux connaissances, aux compétences et aux actions à entreprendre (voir Tableau A2.1). Un travail complémentaire peut être mené afin d’identifier les connaissances, attitudes et pratiques pertinentes que le personnel chargé de la mise en œuvre doit acquérir à toutes les étapes du processus de mise en œuvre. Les domaines et les thèmes présentés sont également pertinents pour l’élaboration des descriptions de poste du personnel de première ligne et pour alimenter les manuels opérationnels. Tableau A2.1 : Sensibilisation : contenu lié au genre pour la formation des agents de première ligne Objectif Connaissances, compétences et actions Connaissances : Les normes sociales locales (attitudes et comportements) qui limitent l’accès des femmes aux services. Attitudes : Conviction que les femmes et les filles ont des droits et des prérogatives, et qu’elles peuvent jouer un rôle important dans la résilience des ménages. Compétences : Communication (explication, négociation, persuasion) Obtenir le soutien de Points d'action : (voir ci-dessous) la communauté et du Expliquez aux chefs communautaires, aux hommes et aux garçons et aux bénéficiaires ménage pour les potentiels : femmes bénéficiaires • Pourquoi les femmes/mères sont les bénéficiaires privilégiées des programmes (les de paiements et mères comprennent les besoins en santé et en nutrition des enfants). d’autres avantages • Pourquoi la participation des femmes/mères est essentielle au bien-être du ménage (les hommes sont plus susceptibles de travailler à l’extérieur ou de voyager). Obtenir le soutien de la communauté et des ménages pour que les femmes reçoivent les paiements et bénéficient des mesures d’accompagnement. Promouvoir le rôle égal des femmes dans la prise de décision sur la façon dont l’argent est dépensé pour le bien-être du ménage. Connaissances : Le processus de paiement ; les exigences en matière d’identification ; les obstacles potentiels auxquels les femmes peuvent être confrontées (mobilité, responsabilités domestiques, transport) ; les risques liés à la sécurité des téléphones portables (partage de données personnelles) ; les risques liés aux déplacements et les stratégies d’atténuation. Expliquer le processus Attitudes : Conviction que les femmes méritent un appui pour exercer leurs droits et de paiement accéder aux services. Compétences : Communication, recherche de solutions pratiques. Points d'action : (voir ci-dessous) Expliquez aux chefs communautaires et aux bénéficiaires potentiels : • Le processus étape par étape pour recevoir les paiements monétaires et autres services (heure, lieu de paiement, exigences en matière d’identification). 69 • Comment reconnaître une activité frauduleuse : identifier les faux appels demandant des informations personnelles ou de l’argent. • L’importance de la sécurité des mots de passe : choisir des mots de passe forts et uniques, ne pas les partager. Mesures de sécurité lors des déplacements vers et depuis les points de paiement (voyager en groupe, précautions sur place). Importance de garder les mots de passe et l’argent en sécurité. Connaissances : Les normes sociales locales (attitudes et comportements) relatives aux besoins des femmes et des filles. Attitudes : reconnaissance des droits et des prérogatives des femmes. Mettre en évidence le Compétences : Communication, recherche de solutions pratiques. besoin de documents Points d'action : (Voir ci-dessous) d'identité • Expliquer aux bénéficiaires à quel moment la présentation d’une pièce d’identité est requise. • Faciliter les démarches pour l’obtention d’une pièce d’identité. Connaissances : Définitions de l’EAS/HS et de la VBG Attitudes : Conviction que les femmes et les filles doivent être protégées contre la VBG et l’EAS/HS ; les actions personnelles et collectives peuvent faire une différence. Actions : (Voir ci-dessous) • Signer le code de conduite du lieu de travail. • Travailler avec les collègues pour identifier et éliminer les risques d’EAS/HS EAS/HS auxquels les femmes peuvent être exposées de la part du personnel de mise en œuvre, et mettre en place des mesures d’atténuation. En particulier, veiller à ce qu’aucune femme ne soit jamais seule avec un membre du personnel, y compris les agents mobiles. • S’assurer que les politiques internes protègent le personnel féminin contre l’EAS/HS et qu’il existe des mécanismes de signalement, d’enquête et de résolution des cas, centrés sur les survivantes. Connaissances : Les processus de MGR, qui permettent de trouver des solutions aux réclamations formulées par les hommes et les femmes, y compris celles liées à la VBG et à l'EAS/HS. Principales caractéristiques des MGR : Accessibilité pour tous ; transparence et équité ; résolution rapide des réclamations ; confidentialité et protection ; orientation vers les services de prise en charge en cas de VBG ; amélioration continue ; gouvernance et MGR responsabilité. Actions : (Voir ci-dessous) Expliquer aux communautés et aux bénéficiaires : • Quels types de problèmes peuvent être signalés : toute question liée à la mise en œuvre du projet, y compris les cas d’EAS/HS. • Les canaux de signalement : par exemple, ligne d’assistance téléphonique, associations villageoises (masculines/féminines). Source : Tableau original de cette publication 70 Annexe 3 : Mesures d'accompagnement - Thèmes proposés pour le développement du capital humain L’annexe 3 présente des orientations supplémentaires sur les thèmes et sous-thèmes proposés pour les sessions de développement du capital humain, en lien avec le soutien aux femmes face aux risques et vulnérabilités liés au genre : la littératie numérique et la sécurité numérique, et la gestion du changement climatique et d'autres chocs extrêmes (Tableau A3.1). Une large gamme de sous- thèmes est proposée pour approfondir ces sujets. Tableau A3.1 : Littératie et sécurité numériques, et changement climatique : sous-thèmes proposés pour les mesures d’accompagnement du développement du capital humain Littératie numérique et sécurité : domaines et sujets Chocs climatiques et autres chocs : domaines et clés thèmes clés pour les femmes Base de l’utilisation du téléphone portable : Comprendre les événements climatiques et autres • Comprendre les fonctions de base du téléphone. chocs extrêmes : • Passer et recevoir des appels : démonstration pour • Définir ce qu’est un événement climatique et d’autres chocs extrêmes (vagues de chaleur, composer un numéro et répondre à un appel. inondations, tempêtes, sécheresse, érosion, • Régler le volume. cyclones, inflation, etc.). • Recharger la batterie. • Comprendre pourquoi les événements climatiques et • Verrouiller et déverrouiller le téléphone. autres chocs vont probablement s’intensifier. • Identifier la fréquence des chocs extrêmes passés Utilisation du téléphone : (élaborer une chronologie sur trois ans). • Identifier les impacts passés et futurs. • Être prêt à utiliser le téléphone (savoir ce que l’on • Comprendre pourquoi les impacts du climat et des veut dire). autres chocs peuvent être plus graves pour les • Répondre au téléphone avec une formule de femmes que pour les hommes. politesse. • Terminer l’appel avec une salutation. Comprendre les risques et les possibilités pour réduire • Parler clairement et être à l’écoute. et atténuer ces risques : • Comprendre le concept de risque lié aux chocs • Éviter de manger ou de boire pendant un appel. externes et aux événements climatiques, ainsi que • Mémoriser les informations importantes ; en informer leurs effets sur la vie familiale et la productivité des un ami ou un membre de la famille en cas d’oubli. femmes et des hommes (discussion de groupe pour partager connaissances et expériences). Sécurité et protection : • Dresser une liste des risques par catégorie : risques • Reconnaître les activités frauduleuses : comment climatiques (sécheresse, manque d’eau, inondations, événements météorologiques identifier les appels suspects, tels que les demandes extrêmes), risques économiques (fluctuations des d’informations personnelles ou d’argent. marchés, dévaluation de la monnaie, manque • Sécurité des mots de passe : importance de mots de d'accès au financement) ; les risques sociaux et passe forts, uniques et non partagés. politiques (famille, communauté, instabilité politique • Sensibilisation au cyberharcèlement : apprendre ce et VBG). qu’est le cyberharcèlement et comment le signaler. Développer des stratégies d’adaptation et des actions • Signalement des problèmes : comment signaler une d’atténuation face aux chocs climatiques et autres : activité suspecte ou des appels/messages • Réfléchir à ce qui peut être fait à l’avance pour inappropriés. réduire les risques (individuellement et • Communication et collaboration : encourager des collectivement). pratiques de communication sûres et respectueuses. • Évaluer le niveau d’effort et les coûts nécessaires. • Comment réagir face à des commentaires ou messages à caractère sexuel non désirés, ou à tout Vous trouverez ci-dessous des exemples de réponses typiques qui peuvent émerger des discussions de groupe. 71 autre comportement offensant par téléphone ou Ces solutions répondent à chacune des catégories de message. risques identifiées : Risques liés au climat (sécheresse, rareté de l’eau, Approches pédagogiques pour les apprenants à faible inondations, événements météorologiques extrêmes) : niveau d’alphabétisation : • Mettre en œuvre des techniques agricoles économes • Supports visuels : utiliser des images et des en eau. schémas. • Diversifier les cultures en incluant des variétés • Pratique : offrir des occasions d’exercer les nouvelles résistantes à la sécheresse. compétences. • Investir dans des systèmes d’irrigation à petite • Langage simple : utiliser un langage clair et concis, échelle. • Développer des installations de stockage résistantes éviter le jargon technique. aux inondations. • Discussions de groupe. • Créer des systèmes de drainage autour des • Exemples concrets : utiliser des exemples tirés de la entreprises ou des barrières de sacs de sable. vie quotidienne. • Mettre en place des systèmes d’alerte précoce avec les communautés locales. • Construire des infrastructures plus solides et résilientes face aux intempéries. • Élaborer des plans d’intervention d’urgence. • Diversifier les sources de revenus pour réduire la dépendance aux activités sensibles au climat. Risques économiques (fluctuations des marchés, dévaluations de la monnaie et manque d'accès au financement) : • Diversifier les produits. • Développer des produits à valeur ajoutée. • Établir des relations avec plusieurs fournisseurs et clients. • Mettre en place des stratégies de prix tenant compte des fluctuations monétaires. • Maintenir un fonds de réserve dans des devises stables, si possible. • Participer à des formations en littératie financière. • Rejoindre des groupes d’épargne ou des coopératives. • Explorer les options de microfinance et les programmes de soutien gouvernementaux. Risques sociaux et politiques (instabilité politique et discrimination fondée sur le genre) : • Élaborer des plans de continuité pour les activités économiques. • Établir des relations avec divers acteurs. • Se tenir informé des politiques locales et nationales affectant les petites entreprises. • Créer ou rejoindre des réseaux de femmes entrepreneures pour le soutien et le plaidoyer. • Chercher du mentorat et des conseils auprès de femmes entrepreneures expérimentées. • Participer à des formations en leadership et en affirmation de soi. 72 Risques sanitaires (maladies, pandémies) : • Mettre en œuvre des pratiques d’hygiène et d’assainissement à la maison et dans les activités productives. • Constituer une épargne d’urgence pour faire face aux fermetures imprévues ou à la réduction des activités (rejoindre un groupe d’épargne). • Souscrire une assurance contre les conséquences négatives des événements climatiques et autres chocs. Source : Tableau original de cette publication Annexe 4 : Assurer l’engagement politique grâce à un plaidoyer fondé sur des données probantes Le Tableau A4.1 examine les points importants pour un plaidoyer fondé sur des données probantes. Il met en correspondance les préoccupations principales pour l’impact, l’utilisation des systèmes de PSA existants, la création de capacités pour un déploiement rapide dans les cadres politiques existants et la résolution des obstacles structurels auxquels les femmes sont confrontées tout au long de la chaîne de mise en œuvre, grâce aux activités soutenues par le PPSAS. Tableau A4.1 : Points pour le plaidoyer afin d’assurer l’engagement politique Assurer l’engagement politique : points pour le Exemples d'activités soutenues par le PPSAS plaidoyer Impact démontré pour le genre dans le contexte • Mesures d'accompagnement : inclusion économique. sahélien. • Processus du registre social national unique du Sénégal. • Projet pilote de paiement aux femmes au Mali. Tirer parti des systèmes et des programmes nationaux • Mesures d'accompagnement, développement du capital existants pour maximiser le rapport coût-efficacité. humain, littératie numérique et sécurité. • S&E sensibles au genre. Créer des capacités pour un déploiement rapide dans • Ciblage et critères d’admission tenant compte du genre. les cadres politiques existants. • Registres sociaux avec des fonctionnalités d'expansion rapide. • MGR sensibles au genre avec orientation vers les services de prise en charge de la VBG. Résoudre les obstacles structurels lors des différentes • Accès aux documents d’identité. phases de la chaîne de mise en œuvre de protection • Téléphones et cartes SIM. sociale. • Formation du personnel de première ligne. • Horaires des mesures d'accompagnement. Maximiser l’engagement politique pour soutenir la • Genre dans les institutions en charge de la mise en œuvre pérennité de la PSA. de la PSA. • Synergies & partenariats. Source : Tableau original de cette publication 73 BIBLIOGRAPHIE Aboagye, Richard Gyan, Mainprice Akuoko Essuman, King David Dzirasah, Abdul-Aziz Seidu, Qorinah Estiningtyas Sakilah Adnani, et Bright Opoku Ahinkorah. 2025. “Association between Polygyny and Justification of Violence among Women in Sexual Unions in Sub-Saharan Africa.” BMC Public Health 25 (1). https://doi.org/10.1186/s12889-025-22581-y Afifi, Tamer. 2011. “Economic or Environmental Migration? The Push Factors in Niger.” International Migration 49 (S1): e95–124. 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Les constatations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Banque mondiale, de ses Administrateurs, ou des gouvernements qu’ils représentent.      La Banque mondiale ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité, ni l’actualité des données citées dans cet ouvrage. Elle n’est pas responsable des erreurs, omissions, ou incohérences qui pourraient apparaître dans les informations qui y sont fournies, ni de l’utilisation ou du défaut d’utilisation des informations, méthodes, procédés ou conclusions présentées dans l’ouvrage. 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