World Bank Policy Research Working Paper 5734 Effets persistants du veuvage sur le bien-être dans un pays pauvre Dominique van de Walle* Banque mondiale Juillet 2011 Nous savons peu sur la situation des veuves et de leurs enfants en Afrique de l‟Ouest, particulièrement quand la veuve s‟est remariée. Dans la société malienne, les femmes, notamment les femmes vivant en milieu rural, semblent être particulièrement vulnérables en cas de perte de leur mari. Une analyse des données disponibles sur la consommation des ménages indique que les foyers dont le chef est une veuve ont des niveaux de vie significativement plus faibles en moyenne que les autres foyers, que ce soit en région urbaine ou rurale. Ce résultat est vrai aussi bien inconditionnellement que conditionnellement aux caractéristiques observables du ménage et de l‟individu, âge inclus. Une étude des mesures individuelles de bien-être révèle également que celui-ci demeure inferieur pour les veuves, même lorsqu‟elles sont remariées. En outre, ces effets néfastes sont transmis aux enfants, ce qui suggère une transmission intergénérationnelle de la pauvreté engendrée par le veuvage. * Traduction de l‟article “Lasting Welfare Effects of Widowhood in a Poor Country.� Le support financier du Plan d‟action du groupe de la Banque mondiale pour l‟égalité entre les sexes est reçu avec gratitude. J‟aimerais remercier Gayatri Koolwal pour son aide avec les données et Martin Ravallion pour ses conseils, ses idées et ses commentaires. Je suis reconnaissante envers Elena Bardasi, Kathleen Beegle, Jishnu Das, Gayatri Koolwal, Sylvie Lambert, Ren Mu, Amber Peterman, Abla Safir et les participants du séminaire de développement de l‟Ecole d‟Economie de Paris et de la conférence annuelle de 2011 du Centre pour l‟Etude des Economies Africaines de l‟Université d‟Oxford pour leurs commentaires utiles. Les résultats, les interprétations et les conclusions exprimées dans ce document ne représentent pas forcément les avis de la Banque mondiale, de ses administrateurs, ou des pays qu‟ils représentent. Correspondence: van de Walle: World Bank, 1818 H ST, NW, Washington, DC 20433. (dvandewalle@worldbank.org). ……. 1 1. Introduction Plusieurs raisons expliquent l‟importance du genre dans la vulnérabilité. Des études réalisées dans le monde entier ont démontré que les individus composant un même foyer n‟ont pas toujours les mêmes niveaux de vie : revenus et ressources ne sont pas nécessairement mis en commun et les membres n‟en profitent pas de manière égale1. L‟une des implications de cet état de fait est que les individus d‟un même ménage n‟auront pas la même vulnérabilité en cas de chocs – que ces derniers bouleversent leur propre vie ou la totalité du foyer – (Dercon et Krishman 2000). Quel que soit le choc vécu par un ménage, les coûts qu‟il entraîne ne sont pas les mêmes pour tous ses membres. Leur capacité à s‟auto-protéger sera également différente – certains membres seront moins résistants que d‟autres, ils seront moins aptes à faire face aux difficultés et disposeront de moins d‟options leur permettant de gérer ces chocs. Au sein d‟un même foyer, la différenciation s‟effectue principalement sur les caractéristiques individuelles que sont le genre et l‟âge. De la même manière, ce type de différenciation s‟observe souvent dans différents types de ménages tels que, par exemple, ceux qui ont des femmes chefs de ménage, et ceux qui ont des hommes chefs de ménage. Ce document se concentre sur les impacts qu‟un choc potentiellement sévère – en l‟occurrence le veuvage – peut avoir sur les femmes et leurs enfants au Mali, un pays sahélien d‟Afrique de l‟Ouest très pauvre et principalement rural (70 % de la population). Mis à part quelques travaux récents portant sur les épouses et les enfants survivant dans le contexte des décès en grand nombre engendrés par le VIH/Sida dans certains pays, et quelques études ayant trait à l‟héritage conditionné par le genre, les économistes n‟ont étonnamment accordé que peu d‟attention à la situation des veuves en Afrique. La littérature sur la vulnérabilité et les filets de sécurité les mentionne à peine. Et pourtant, là où l‟égalité juridique et économique entre les genres est peu présente et où les femmes sont largement dépendantes de leurs maris, cas notable en Inde, les veuves sont particulièrement défavorisées et font souvent l‟objet de discriminations. (Chen 2000, Drèze et Srinivasan 1997, Jensen 2005). Cette situation pouvait également être constatée dans les pays occidentaux jusqu‟à ce qu‟une avancée importante ait eu lieu grâce à l‟introduction de la pension de veuvage payée par l‟État et au système de sécurité sociale existant. Naturellement, les conditions des femmes maliennes (et des veuves maliennes) varient, y compris au sein de zones géographiques – notamment urbaines et rurales -, en fonction du revenu, du niveau d‟éducation et du groupe ethnique. Ce document se concentre principalement sur les femmes pauvres des régions rurales et moins sur les femmes pauvres des régions urbaines. Tout en reconnaissant qu‟il existe une certaine hétérogénéité au sein de ces groupes, il semble que l‟on puise généraliser certaines tendances fortes. Il ressort clairement que, même parmi les femmes pauvres, certaines sont considérablement plus vulnérables que d‟autres. Dans un pays où la dépendance par rapport aux hommes – d‟abord le père et ensuite le mari – est inscrite dans la loi et dans la culture, il est normal de s‟attendre à ce que des bouleversements tels que la perte du père ou du mari soient associés à une dégradation du niveau de vie et à la 1 Pour une revue de la littérature voir Ezememari, Chaudhury et Owens (2002). 2 pauvreté. Ce document présente des preuves empiriques qui confirment cette hypothèse. Cependant, il présente également des faits suggérant que les préjudices et la pauvreté auxquels sont confrontées les veuves ont des conséquences délétères qui se répercutent par la suite sur leurs dépendants, même lorsque la veuve se remarie. En s‟appuyant sur la littérature, la section suivante détaille les diverses manifestations que peuvent prendre les différences entre hommes et femmes au sein des ménages et entre les ménages, et comment ces dernières peuvent augmenter la vulnérabilité. Dans le cadre de cette analyse détaillée, le rôle et l‟existence de filets sociaux de sécurité au Mali sont aussi examinés. Les sections 3 et 4 se tournent ensuite vers les données quantitatives tirées respectivement de l‟Enquête Légère Intégrée Auprès des Ménages (ELIM) de 2006 et l‟Enquête Démographique et de Santé (EDS) de 2006. La section 3 commence par examiner les ménages dont le chef est une femme et détermine si ces derniers sont plus pauvres que ceux qui ont un homme à leur tête, et sous quelles conditions. Cette manière de procéder permet de traiter ces problématiques en utilisant les données des enquêtes ménages disponibles. Les résultats me conduisent à me concentrer sur un type spécifique de choc, le veuvage. La section 4 commence par adresser la possibilité d‟un biais de sélection, tel que les femmes veuves commencent avec de moins bons résultats avant même de devenir veuves et présente des tests qui ne suggère pas que ce soit un grand souci dans le cadre présent. Utilisant des données de l‟EDS, la section 4 identifie alors des preuves que les inégalités hommes-femmes influencent significativement et de manière négative la situation des femmes veuves et, dans une moindre mesure, la situation des femmes qui ont divorcé. La dernière section conclut. 2. Comprendre les sources de la vulnérabilité des femmes au Mali Les différences de bien-être liées au genre existent dans un certain nombre de domaines incluant : la protection légale, les dotations individuelles, les préférences, les contraintes générées par les normes sociales (par exemple les options auxquelles les membres d‟un ménage ont accès en dehors du foyer), et l‟accès aux avoirs et aux ressources du foyer et de la communauté, ainsi que leur contrôle. De telles différences entre les hommes et les femmes au sein du ménage se combinent également à la caractéristique de l‟âge pour influencer les résultats du bien-être, incluant l‟inégalité entre les genres et les effets des chocs sur le bien-être. La protection légale au Mali, et dans de nombreux pays sahéliens d‟Afrique de l‟Ouest, privilégie les hommes. L‟héritage et le mariage sont, encore aujourd‟hui, contrôlés par le droit coutumier sous lequel les droits individuels, particulièrement ceux des femmes, sont souvent niés en faveur de la préservation de la tradition (Wing 2009)2. Cet état de fait laisse les droits des femmes largement non protégés dans ces domaines. Telle qu‟elle est pratiquée au Mali, la loi traditionnelle dicte les règles suivantes en termes d‟héritage et de propriété : 1) les filles héritent seulement de la moitié de ce dont les fils héritent ; et 2) les maris sont les seuls propriétaires des biens familiaux. Dans ce contexte, les femmes seules ont généralement très peu de droits. Certes, le mariage accorde aux femmes une protection et quelques droits, par exemple l‟utilisation d‟un lopin de terre. Cependant, comme expliqué ci-dessous, les droits accordés dépendent du statut 2 Un nouveau code familial qui renforce les droits des femmes et fixe l‟âge légal du mariage à 18 ans a été voté à l‟Assemblée National en 2008, mais n‟a pas été mis en œuvre en raison de manifestations massives et d‟une opposition véhémente. 3 marital et sont perdus en cas de divorce/séparation et de veuvage. Ainsi, étant donné le grand écart d‟âge entre les époux – entre 12 et 14 ans en moyenne dans les régions urbaines et rurales du Mali, respectivement (ELIM 2006) ─ de nombreuses jeunes femmes se retrouvent veuves et avec peu de droits une fois que le mari n‟est plus là pour les protéger et subvenir à leurs besoins3. En général, dans cette situation, les veuves se remarient, mais il se peut qu‟elles doivent alors – tout comme leurs enfants – faire face à des conditions bien pires et que le choix qui se présente à elle soit encore plus restreint que lors de leur premier mariage. Comme nous le verrons ci-dessous, les femmes mariées, qui étaient soit veuves soit divorcées, se retrouvent, par certains aspects, dans une situation bien pire que les femmes d‟autres statuts maritaux. Traditionnellement, les unions de type lévirat – où une veuve « épouse » un membre de la lignée du mari – apportent un soutien aux veuves et à leurs enfants en s‟assurant qu‟un homme est responsable de ces derniers et subvient a leurs besoins4. Le lévirat permet aussi plus facilement aux mères et aux enfants de rester ensemble. Dans la plupart des cas, notamment lorsque la dot de la mariée a été payée, la progéniture d‟un homme est considérée comme appartenant à sa lignée. En conséquence, même si elle peut refuser le lévirat, une femme n‟est pas libre d‟emmener avec elle les enfants conçus avec son défunt mari. De plus, un nouveau mari, provenant d‟une autre lignée que celle du mari décédé, n‟acceptera généralement pas les enfants issus d‟un précédent mariage5. Bien que le lévirat soit encore fortement pratiqué dans les régions rurales du Mali, cette pratique tend à disparaître dans certaines régions, sans qu‟il existe pour autant de véritables alternatives pour les femmes qui se retrouvent sans protecteur masculin. Sans les changements sociaux, économiques et légaux nécessaires, les femmes restent sans réelles opportunités qui leur permettraient de subvenir à leurs besoins elles mêmes. En outre, étant donné l‟écart d‟âge important entre les femmes et les hommes lors du mariage au Mali, seulement 48 pour cent des femmes âgées de 60 ans et plus sont mariées, contre 90 pour cent des hommes (Commission de la population et du développement, 2000). Il existe un nombre considérablement plus important de veuves que de veufs. En effet, dans les données tirées de l‟ELIM 2006, 3 pour cent des hommes âgés de 56 ans et plus sont identifiés comme veufs contre 52 pour cent des femmes de la même catégorie d‟âge. Les femmes maliennes ont tendance à avoir un capital humain différent et substantiellement inférieur à celui des hommes. Selon l‟EDS de 2006, seules 17 pour cent des femmes maliennes sont instruites, contre 37 pour cent des hommes ; les chiffres détaillés pour les régions rurales et urbaines sont respectivement de 8 pour cent contre 26, et 35 pour cent contre 616. Fait alarmant, 88 pour cent des femmes rurales n‟ont pas du tout été scolarisées. Il en va de 3 Ces différences d‟âge moyen sont calculées pour les responsables de famille et leurs époux/épouses. Veuillez noter que les écarts d‟âge sont plus grands dans le cas d‟unions polygames que dans celui d‟unions monogames. 4 Dans la littérature, on peut trouver deux pratiques auxquelles il est souvent fait référence : l‟héritage de la veuve et le lévirat (Kirwen 1979, écrivant à propos de la Tanzanie). Dans le premier cas, la veuve devient la femme légale de l‟héritier, un parent masculin du mari, souvent un frère. Dans le cas du lévirat, la veuve reste la femme du mari mort et cohabite avec le parent masculin du mari qui devient un mari de substitution. Toute progéniture est considérée comme étant les enfants du mari mort. Ces coutumes ont été altérées par de nombreuses forces et la forme qu‟elles ont prise au Mali n‟est pas très claire. Tout comme dans la plupart de la littérature, j‟utiliserai le terme lévirat pour désigner les deux pratiques. 5 Ce problème et ses fréquences m‟ont souvent été mentionnés comme étant la cause de désavantages majeurs pour les enfants et les femmes lors de discussions à Bamako en décembre 2010. 6 L‟EDS définit la femme adulte comme étant âgée de 15 ans à 49 ans et l‟homme adulte de 15 à 59 ans. 4 même, à un moindre niveau, tout de même inquiétant, pour les femmes urbaines : 59 pour cent d‟entre elles n‟ont pas été scolarisées. Bien que le pourcentage d‟hommes sans instruction soit aussi élevé, avec 69 pour cent pour les régions rurales et 39 pour cent pour les régions urbaines, ils s‟en sortent malgré tout beaucoup mieux que les femmes dans ce domaine. Le nombre de filles allant à l‟école est largement moins élevé : le ratio de présence fille-garçon est de 75 pour cent en école primaire et de seulement 35 pour cent en école secondaire. Un analphabétisme plus important et un niveau d‟éducation moins élevé limitent plus fortement l‟accès des femmes à l‟emploi et aux services gouvernementaux. Les femmes maliennes courent aussi des risques prononcées en termes de santé : elles font face à des complications associées à la fois à la pratique quasi universelle de l‟excision, effectuée dans des conditions très souvent non hygiéniques, et à des grossesses répétées une fois adultes. Une femme donne vie, en moyenne, à 6 ou 7 enfants et ces chiffres sont associés à de forts taux de mortalité maternelle – 670 décès par 100,000 accouchements en 2008 (Hogan et al. 2010) ─ ainsi qu‟à une forte morbidité ; et avec 250 décès pour 1000 naissances, le taux de mortalité infantile est aussi très élevé. De plus, les Enquêtes Démographiques et de Santé indiquent des taux importants d‟anémie. Dans l‟ensemble, les femmes sont donc susceptibles de souffrir de divers maux allant d‟une moindre résistance physique à des chocs bouleversant leur existence, et ce durant une bonne partie de leur vie adulte. Des études menées dans différents pays ont également suggéré que les hommes et les femmes peuvent avoir des préférences différentes (Croson et Gneezy 2009; Tertilt et Doepke 2011), bien qu‟il soit difficile de démêler les préférences des contraintes7. Par exemple, il apparaît que les hommes dépensent la majorité de leurs revenus pour eux-mêmes, alors que les femmes ont généralement tendance à dépenser plus pour leurs enfants et pour l‟alimentation et les soins de santé du ménage (par exemple, voir Schultz 1990, Thomas 1990 et Duflo 2003; revue de la littérature dans Tertilt et Doepke 2011). Il arrive également que les femmes se privent afin de protéger l‟alimentation et la santé de leurs enfants à la suite d‟un choc. Globalement, les faits nous suggèrent que les membres du ménage mettent en commun une partie de leurs revenus et gardent une partie de leur propre revenu pour eux-mêmes. Dans ce cas, l‟accès à ses propres sources de revenu, de même que le pouvoir de négociation de chacun au sein du foyer, devient un élément crucial en ce qui concerne les résultats du bien-être. Des différences importantes entre les genres existent aussi au niveau de l‟accès aux ressources, et du contrôle des ressources dans la société malienne. Au Mali, les femmes dépendent grandement des hommes – la responsabilité en revient d‟abord aux pères et ensuite aux maris, et en cas de veuvage aux fils adultes (si elles ont la chance d‟en avoir). Elles se marient très jeunes – légalement, le mariage est possible dès 11 ans avec le consentement des parents - et, en général avec des maris bien plus vieux. L‟EDS de 2006 révèle que 46, 70 et 90 pour cent des femmes étaient mariées dès l‟âge de 15, 17 et 20 ans, respectivement, et que plus de 43 pour cent des ménages ruraux maliens sont polygames (EDS 2006). La famille du fiancé paye en général la dot de la mariée et celle-ci déménage dans le village de son mari et s‟installe au sein de la structure familiale étendue. Lors du mariage, une femme apporte sa propre richesse, 7 Veuillez noter que, au niveau des préférences, le fait que la différence entre les sexes soit innée, acquise, due aux normes sociales, aux rôles ou aux responsabilités qui peuvent être modifiés, ne diminue pas leur pertinence à court et moyen terme. 5 qui est limitée à un trousseau incluant généralement du linge de maison, des marmites, des ustensiles de cuisine et une petite garde-robe qui indique sa nouvelle identité de maîtresse de maison. Dans les régions rurales du Mali, la femme n‟a que peu d‟opportunités de faire fructifier ses maigres biens. Les règles traditionnelles d‟héritage favorisent les hommes auxquels les maisons et les terres sont transmises. L‟accès des femmes à la propriété est limité et se fait principalement par le biais de leurs maris. Par exemple, le droit d‟utilisation des terres ne peut être obtenu que par le mariage et dépend du statut marital ; en cas de divorce ou de veuvage, les droits sont perdus8. En utilisant les données tirées de l‟EDS de 2006, Peterman (2010) constate que seulement 40 pour cent des veuves ont reçu ne fut-ce que quelques biens à la suite de la mort de leur mari, et que dans seulement 29 pour cent des cas, la veuve ou ses enfants recevaient la majorité des biens. Dans cette culture, les hommes et les femmes ne partagent pas les revenus et gèrent leurs budgets séparément. Dans de nombreux groupes ethniques tels que les Bambara, les hommes ont la responsabilité de fournir la maison et les céréales, alors que les femmes sont en charge de la « sauce » pour accompagner les produits de base et qu‟elles doivent pourvoir à leurs besoins ainsi qu‟à ceux de leurs enfants (Wooten 2003; Madhavan 2001). Les femmes sont également responsables de la garde des enfants, de toute la préparation des repas et des autres tâches domestiques telles que laver, nettoyer, aller chercher l‟eau et les combustibles. De plus, on attend des femmes et autres membres du foyer qu‟ils travaillent sur les terres communes du ménage sous la direction de l‟homme chef de ménage – le mari ou l‟homme le plus âgé de la famille étendue, le cas échéant. Dans le cas où il leur reste un moment libre, celui-ci peut être utilisé pour travailler sur le lopin de terre qui est attribué aux femmes lors du mariage et qui relève de leur responsabilité sur la base de leur statut marital. Le revenu provenant de ce lopin de terre est censé leur fournir, ainsi qu‟à leurs dépendants, un supplément en nourriture, et leur permettre de subvenir à leurs besoins non alimentaires. Pour ce qui est de la répartition de leur temps, les femmes sont bien plus soumises aux contraintes engendrées par les normes sociales que les hommes. En effet, au sein de la société rurale malienne, il est largement répandu et accepté qu‟un homme ait le droit de restreindre le temps dont sa femme dispose, ainsi que sa mobilité, ses transactions sur le marché du travail et ses occupations. Bien qu‟un mari puisse monopoliser le travail des femmes – par exemple pour que celles-ci travaillent sur leurs terres agricoles – ce droit n‟est pas réciproque. Ces nombreuses restrictions limitent les possibilités qu‟ont les femmes d‟accumuler du capital et des revenus, ainsi que de développer des entreprises à leur propre compte, et les privent d‟autres opportunités économiques. Elles réduisent l‟accès à divers mécanismes individuels de survie, tels que la migration temporaire ou les ajustements en termes d‟offre du travail – options disponibles pour les hommes en périodes de chocs négatifs. Le fait de savoir si la situation des femmes rurales s‟améliore ou s‟aggrave pour ce qui est de l‟accès aux opportunités de revenu suscite débat. Certains estiment que les femmes se voient allouer des lopins de terre plus petits et moins fertiles par les hommes en charge du foyer 8 Des exceptions sont possibles, par exemple lorsqu‟il y a un fils qui finira par hériter, mais qui n‟en a pas encore l‟âge ou qui est encore étudiant ou occupé à d‟autres activités. 6 à cause de changements de société récents tels que l‟augmentation de la pression démographique et l‟apparition de l‟agriculture commercialisée (Gray et Kevane, 1999, parlant du Burkina Faso, pays voisin et similaire par bien des aspects). Wooten (2003) a fait valoir que les cultures de rente ont conduit à une augmentation du temps que les femmes de la communauté rurale Bamana du centre du Mali doivent passer à travailler sur les terres communes du foyer, et ce au détriment de leurs propres parcelles de terrain et de leur revenu personnel. En revanche, Lilja et al. (1996) soutiennent que le temps passé à travailler sur des cultures commerciales communes par des membres et des non-membres du ménage est bien mieux rémunéré que par le passé, en relation avec la valeur des nouvelles cultures. Cette rémunération accrue, combinée aux nouvelles opportunités hors culture qui sont alimentées par l‟argent provenant des cultures de rente, a permis d‟améliorer le pouvoir de négociation des femmes et leur bien-être. Le statut des femmes maliennes tire largement son origine de leurs rôles en tant que mères : porter les enfants et les élever, y compris leur assurer une bonne éducation (Madhavan 2001). Plus elles sont perçues comme performantes dans ce rôle, meilleur est leur statut et plus elles accumulent autonomie et pouvoir en vieillissant. Inversement, les femmes célibataires ou non fertiles et les veuves peuvent être sévèrement défavorisées. De l‟ensemble de ces facteurs décrits ci-dessus, il résulte que les femmes possèdent moins de biens et disposent d‟une plus faible capacité de mobiliser des ressources que les hommes. Cette constatation se combine à un accès plus restreint au crédit et à la plupart des services publics et privés qui ont également tendance à favoriser les hommes : les agences de vulgarisation, le crédit, les institutions d‟allocations d‟intrants et de produits agricoles, les offices de commercialisation, les programmes de subventions aux engrais, les plans de production agricole, etc. Dans certains cas, il y a moins de différentiation des genres en ce qui concerne l‟accès aux transferts privés et aux réseaux informels. Dans une étude menée dans le nord du Mali, Christiaensen et Boisvert (2000) ont découvert que les foyers gérés par des femmes étaient moins vulnérables aux sècheresses, ceci dû en partie à la solidarité de la communauté qui intervient plus volontiers pour les aider. C‟est particulièrement vrai dans le cas des veuves et des femmes mariées qui peuvent avoir accès au soutien de frères ou d‟oncles. L‟aide alimentaire officielle ou les transferts de nourriture dans la famille fournissent des mécanismes d‟assurance importants. Cependant, ces résultats ne peuvent pas être généralisés à tout le Mali. Ailleurs en Afrique de l‟Ouest, où des questions similaires se sont posées, on a constaté le contraire. Par exemple, sur la base d‟études de terrain menées au Ghana et en Côte D‟Ivoire, MacLean (2010) identifie des pratiques de réciprocité et de dons au sein de la famille. Elle montre que les plus âgés et les femmes y participent moins que les jeunes et les hommes, et ont donc tendance à compter plus sur les systèmes formels de sécurité sociale que sur les systèmes informels. En utilisant les données domestiques rurales collectées par l‟IFPRI dans la Zone Lacustre du Mali, quelques études ont examiné à quel point les chocs se reflètent dans la consommation (Skoufias et Quisumbing 2003; Harrower et Hoddinott 2004). Harrower et Hoddinott ont découvert que des chocs idiosyncratiques, par exemple la maladie d‟un jeune adulte membre du ménage, ne se reflètent pas dans le niveau de consommation par tête au sein du foyer, peu importe le genre du membre concerné. Cependant, cela ne révèle pas si la consommation individuelle effective se modifie de manière différente en fonction du genre à la suite d‟un choc, comme cela a été démontré dans le sud rural de l‟Éthiopie. Dercon et Krishnan (2000) 7 documentent le partage inégal des risques entre époux, en conséquence duquel les femmes perdent bien plus de poids que les hommes à la suite d‟un choc négatif. En résumé, hommes et femmes peuvent être exposés à des risques de différente nature et de différente intensité. Ils disposeront également de capacités largement différentes pour faire face à ces risques, même au sein d‟un même ménage (Dercon et Krishnan 2000). La protection sociale formelle reste sous-développée et morcelée au Mali. Naturellement, comme l‟on peut s‟y attendre dans une économie rurale pauvre et basée sur l‟agriculture comme au Mali, les chocs agro-climatiques sont récurrents et constituent un souci majeur. Bien entendu, la plupart des programmes de filets sociaux de sécurité mis en place par le pays et les bailleurs de fonds s‟adressent aux problèmes alimentaires (que ce soit sécurité alimentaire ou alimentation tout court). Par exemple, le pays maintient des banques de céréales et est actif dans les manipulations des stocks publics. Il applique également une exonération d‟impôts à certains produits alimentaires afin d‟aider à stabiliser les prix. En cette période de crise, les programmes d‟aide alimentaire d‟urgence ou de transferts monétaires aux ménages ont été élargis. Ces dernières années, quelques programmes d‟aide alimentaire de petite taille et localisés à certaines zones bien définies ont ciblé les enfants sous-alimentés, les femmes enceintes, les personnes infectées par le VIH et les patients TB. Plusieurs programmes alimentaires ciblant les écoles, et souvent les filles, ont été mis en œuvre dans des zones pauvres choisies. Il arrive également que parmi les récents programmes du type « vivres contre travail » mis en place par le Programme alimentaire mondial, certains ciblent les femmes, bien que ces programmes n‟aient qu‟une couverture limitée. Pour finir, le gouvernement dispose d‟un programme de dispense des frais médicaux pour les personnes âgées et les indigents, ainsi que pour les femmes sans ressources9. Les quelques politiques existantes, qui sont à court terme et de faible envergure, tentent souvent de cibler les femmes âgées et les filles en âge d‟aller à l‟école, et de tenir compte du genre. Cependant, il n‟existe, au Mali, aucun signe de l‟existence de programmes ou de politiques de protection sociale qui se concentrent sur les veuves (peu importe leur âge) ou leurs dépendants10. Ni le gouvernement ni les bailleurs de fonds ne semblent particulièrement préoccupés par ce groupe. Dans les deux sections suivantes, je me tourne vers les données existantes afin d‟étudier leur importance. 3. Les ménages dont le chef est une femme sont-ils plus pauvres au Mali? En raison d‟un manque de données appropriées, il est difficile d‟étudier d‟une façon empirique si la différenciation de genre détaillée plus haut affecte les différences interpersonnelles en termes de bien-être, et comment cette influence s‟effectue. Les données individuelles détaillant l‟allocation des ressources, la consommation, la santé et l‟allocation du travail et du temps au sein même du foyer ne sont en général pas disponibles. Par conséquent, il est impossible de calculer directement le statut de pauvreté ou la vulnérabilité des membres individuels d‟un ménage à partir de la plupart des enquêtes ménages. Une approche commune consiste à comparer les foyers dont le chef de ménage (CM) est une femme avec ceux qui ont un homme à leur tête pour en déduire les effets que le genre des individus a sur leur bien-être. 9 Une revue détaillée des politiques de mesures de sûreté au Mali est donnée par la Banque mondiale, 2010. 10 Il existe cependant une exception concernant les programmes de petite envergure de l‟ONG Secours islamique qui ciblent les orphelins et leurs mères veuves. 8 Cependant, les ménages dont le CM est une femme (FHH - female-headed households) peuvent être extrêmement hétérogènes. Certains ont dans leur composition des hommes partis travailler ailleurs et qui envoient des remises, d‟autres sont gérés par des veuves pauvres qui ne disposent d‟aucun moyen de subsistance alors que d‟autres encore sont gérés par de riches divorcées ou des femmes ayant une carrière ou d‟autres moyens indépendants de subvenir à leurs besoins. Dans l‟ensemble, une majorité d‟études, mais en aucun cas toutes les études, indique que les FHH sont en effet plus pauvres dans un grand nombre de régions du monde ; voir Buvinic et Rao Gupta (1997) pour une revue de la littérature ; voir aussi Quisumbing et al., (2001). Chacune de ces deux dernières études note que, si les FHH sont défavorisés et combien ils sont défavorisés, est inextricablement lié a la raison pour laquelle le ménage a une femme à sa tête. Des études détaillées menées en Ouganda et au Zimbabwe indiquent que les ménages dont le CM est une veuve sont singulièrement plus pauvres que ceux qui ont un homme à leur tête et que tout autre type de foyer dirigé par une femme (Appleton, 1996, pour l‟Ouganda ; Horrell et Krishnan, 2007, pour le Zimbabwe). Étant donné les sujets abordés dans la section 2, il serait normal de s‟attendre à ce que les FHH ne soient pas monnaie courante au Mali. Sur 4.494 ménages échantillonnés pour l‟ELIM de 2006, 179 et 131 dans les régions urbaines et rurales, respectivement, ont une femme à leur tête. Cela représente 11,3 % de la population des régions urbaines et 4,5 % de la population des régions rurales. Une large majorité de ces CM sont des veuves – 75 % dans les centres urbains et 64 % dans les zones rurales contre moins de 1 % des CM hommes veufs pour les mêmes zones. Le statut marital du reste des FHH se divise comme suit : monogame (11 et 9 % dans les régions urbaines et rurales, respectivement), polygame (4 et 22 %), divorcé ou séparé (7 et 4 %). Le premier groupe peut être composé d‟un mari parti travailler ailleurs et qui envoie, ou non, des fonds11. Le second est souvent composé de femmes dont les maris vivent avec une coépouse et partagent leur temps entre elles, ces dernières vivant dans des lieux différents. Une étude antérieure qui s‟est penchée sur le profil de la pauvreté au Mali en utilisant l‟ELIM 2006 a observé que le taux de pauvreté des FHH est de 20 % inférieur à celui des ménages dont le CM est un homme (MHH - male headed households) (Backiny-Yetna et al. 2007). L‟analyse qui suit remet ces résultats en question. Plus particulièrement, en utilisant les mêmes données (l‟ELIM 2006), elle révèle que le fait d‟avoir un CM féminin n‟est pas, en soi, un facteur déterminant de la pauvreté. C‟est plutôt la combinaison des caractéristiques du ménage et de l‟individu, y compris le fait d‟être une femme CM, un statut de veuve ou de divorcée, qui détermine le niveau de bien être. Le tableau 1 nous fournit des statistiques descriptives sur les caractéristiques clés des MHH et des FHH, ce dernier groupe se divisant encore en deux catégories : les ménages qui ont une femme veuve comme CM et ceux qui ont une femme non veuve à leur tête. En ce qui concerne certaines caractéristiques ─ plus précisément le nombre d‟années d‟éducation, la quantité de bétail possédé, et le fait que l‟extérieur de l‟habitation soit en ciment ou en tuiles – les différences en termes de moyens d‟existence semblent être plus importantes dans les foyers dont les femmes veuves sont CM que dans tous les autres types de foyers. Pour les autres caractéristiques, ─ y compris la taille du ménage et la terre possédée, ─ il s‟avère que les 11 Les données confirment que les maris sont en général absents lorsque la femme est identifiée comme CM. Un mari n‟est présent que dans 2 sur 310 ménages gérés par des femmes selon l‟ELIM 2006. 9 disparités essentielles se trouvent entre les MHH et les FHH. Une spécificité distinctive des veuves CM est leur âge. Elles sont, en moyenne, plus âgées que les autres CM femmes et que les CM hommes dans les régions urbaines, ce qui souligne la réalité sociale qu‟est le remariage des veuves plus jeunes au sein de MHH. Il se peut tout à fait que le très petit nombre de veuves parmi les plus jeunes femmes CM constitue un groupe qui se trouve entre deux mariages ou a choisi de ne pas se remarier en raison de leur capacité à se débrouiller elles-mêmes, alors que les veuves plus âgées se retrouvent seules, moins par choix que par nécessité. Une régression simple pour expliquer que le CM est une femme, avec un grand nombre de caractéristiques individuelles, du ménage et du lieu de résidence montre qu‟aussi bien en milieu rural qu‟urbain, les femmes CM ont beaucoup plus de chances d‟être veuves ou divorcées que les hommes CM. Elles sont moins éduquées et leurs ménages sont plus petits, avec notamment beaucoup moins de femmes adultes (âgées de 15 ans et plus) (Tableau 2)12. Ces ménages semblent également être concentrés dans certaines zones, comme le prouvent de significatifs effets fixes d‟emplacement (non représentés pour économiser de l‟espace). D‟autres attributs significativement corrélés avec le fait d‟avoir un CM femme incluent également un chef plus jeune en milieu rural et la possession de moins de terres agricoles en milieu urbain. Cependant, en vérifiant les autres co-variables, les FHH ne semblent pas pouvoir être distingués, en moyenne, des ménages gérés par des hommes sur la base de la consommation par tête, des autres richesses et des avoirs. Les variables significatives de cette régression déterminent de manière évidente les niveaux de consommation que j‟examinerai par la suite. En raison du fait qu‟un ménage peut décider d‟avoir une femme à sa tête parce que, par exemple, le mari vit ailleurs et envoie des fonds, on peut supposer, dans des régressions sur la consommation, que les coefficients estimés concernant l‟effet d‟avoir une femme ou une veuve à la tête du foyer seront biaisés. Cet argument est moins plausible lorsqu‟il s‟agit de femmes veuves, qui représentent la majorité des femmes CM, mais il pourrait malgré tout être utilisé. Cependant, mon intérêt ici n‟est pas d‟identifier la causalité du fait d‟avoir une femme ou une veuve à la tête du ménage, mais plutôt d‟identifier les différences de moyennes conditionnelles de consommation entre différents types de ménages. La question que je traite est de savoir si les FHH, et en particulier les foyers gérés par des veuves, sont plus pauvres que les autres, et non pas si le fait d‟être un FHH ou d‟être devenue veuve les a rendus plus pauvres. Cette question est celle qui est pertinente du point de vue des politiques à mettre en place, par exemple pour ce qui est du ciblage basé sur les caractéristiques observées. Les régressions fournies dans le tableau 3 sont axées sur les déterminants du logarithme de la consommation des ménages par tête pour quatre échantillons différents. Dans les colonnes (1) et (2), les échantillons sont limités aux FHH et MHH respectivement. Les modèles s‟avèrent être assez différents. Les FHH ayant à leur tête des veuves ou des femmes divorcées se trouvent dans une situation considérablement pire que ceux ayant des femmes monogames (la catégorie exclue) ou polygames à leur tête. La différence relative estimée de la consommation moyenne par tête est de l‟ordre de 25 % pour les ménages qui ont des veuves à leur tête et de 30 % pour 12 Malheureusement, l‟enquête ELIM n‟a pas collecté d‟information sur l‟ethnicité. Je suis donc dans l‟incapacité de tester si ces facteurs varient au sein de différents groupes ethniques, bien que la plupart des variations dues à l‟ethnicité seront saisies par les effets fixes géographiques puisque différents groupes ethniques tendent à se concentrer dans différentes régions. 10 ceux dirigés par des divorcées. Cependant, les résultats obtenus pour ce dernier groupe ne sont pas statistiquement significatifs, probablement en raison du très petit échantillon de femmes divorcées CM. Parmi les ménages qui ont des hommes CM, ceux étant polygame se trouvent dans une situation significativement meilleure, mais il n‟y a pas de désavantage statistiquement significatif à être placé sous l‟autorité d‟un CM divorcé ou veuf par rapport au fait d‟être sous un CM monogame. La taille du ménage et la composition démographique ont des effets similaires pour les FHH et les MHH. Parmi les capacités et les avoirs, seules les années d‟éducation ont un impact, bien que modeste, sur la consommation des FHH, alors que la terre et le bétail ont un impact positif supplémentaire sur la consommation des MHH. Les régressions des colonnes (3) et (4) explorent plus en détail les déterminants du logarithme de la consommation par tête des ménages ruraux et urbains en incluant une variable indicatrice égale a 1 si le CM est une femme veuve, focalisant ainsi sur les différences entre ce type de ménage et tous les autres. Le coefficient estimé indique alors l‟effet sur la consommation du fait d‟avoir une veuve CM plutôt que n‟importe quel autre type de CM, homme ou femme. Contrôlant pour un ensemble large et varié de caractéristiques des ménages et des individus, y compris les effets fixes géographiques, nous pouvons observer que les ménages des régions rurales qui ont une femme veuve à leur tête ont une consommation moyenne par tête de 13 % inférieure à celle de tous les autres types de ménages (ayant des hommes comme CM ainsi que des femmes d‟un autre statut marital). Dans les centres urbains du Mali, la différence conditionnelle de la consommation moyenne par tête entre les ménages gérés par des femmes veuves et tous les autres types de ménages est de l‟ordre de 8 %. Il s‟agit là de différences moyennes conditionnelles importantes et significatives. Il est également instructif d‟étudier l‟importance pour la consommation du ménage d‟avoir un CM féminin sans tenir compte d‟autres facteurs. En tant que groupe démographique, les FHH au Mali sont-ils en moyenne inconditionnellement plus pauvres que les MHH ? Montrant toujours les résultats d‟une régression du logarithme de la consommation par tête13, le Tableau 4, fournit les coefficients estimés d‟une variable indicatrice pour le cas où un ménage a pour chef une femme (colonnes 1 et 3) ou une femme veuve (colonnes 2 et 4) en région rurale et en région urbaine de manière séparée. En commençant par les régions rurales, la colonne (1) montre que la régression de base sans variables de control autre que celle d‟avoir une femme comme CM résulte en une estimation positive significative de 0,197 (t=2,83), suggérant que les FHH sont environ 20 % moins pauvres que les MHH ─ le groupe de comparaison pour cette régression – tel que suggéré par Backiny-Yetna et al. (2007). Cependant, ce résultat a de grandes chances d‟être artificiel puisque les FHH ont également tendance à être plus petits (Tableau 1). Le résultat pourrait être dû à un problème de mesure du bien-être, à savoir que la spécification par tête ne permet pas d‟économie d‟échelle 13 Dans les régressions fournies dans le Tableau 4, je laisse tomber les ménages gérés par des hommes et des femmes divorcés dans les zones rurales (11 au total) et les hommes divorcés dans les zones urbaines (6 au total) en raison du tout petit nombre d‟observations dans chaque catégorie et parce que je suis intéressée par la comparaison des statuts maritaux. Cela explique en partie les différences de taille des échantillons entre les Tableaux 3 et 4. Les autres raisons sont que certaines variables de control (les biens et l‟incidence de maladies chroniques parmi les membres du ménage) manquent pour certaines observations. Dans les régressions fournies dans le Tableau 3, toutes les variables de control sont inclues alors qu‟elles ne sont ajoutées que progressivement dans le Tableau 4. Par conséquent, la taille des échantillons varie légèrement d‟une régression à l‟autre au sein du Tableau 4. 11 dans la consommation (Lanjouw et Ravallion, 1995). La spécification standard dans la littérature est comme suit: ln(C / N )  �  �F  �X  � (1) ou C représente la consommation du ménage, N la taille du ménage, F un FHH et X une série d‟autres variables de control. Ici, C/N est l‟indicateur du bien-être d‟un individuel vivant dans un ménage avec consommation C et taille N. Toutefois, supposez plutôt qu‟il existe des économies d‟échelle dans la consommation tel que le bien-être individuel est en fait C / N � , ou 0  �  1 . Au lieu de (1) le model devrait alors plutôt être: ln(C / N � )  �  �F  �X  � (2) comme premièrement suggèré par Lanjouw and Ravallion (1995). Ceci peut être écrit comme ln(C / N )  �  �F  �X  [�  (�  1) ln N ] , (3) ou on peut voir que l‟erreur dans le modèle estimé est �  �  (�  1) ln N . Ainsi, le model standard donnera des estimations biaisées sauf si cov( F , ln N )  cov( x, ln N )  0 . Mais nous nous attendons a ce que cov( F , ln N )  0 , tel que cov( F , � )  0 et nous surestimerons � en utilisant OLS. Etant donné l‟existence d‟économies d‟échelle dans la consommation et que les FHHs ont une plus petite taille, le test standard risque de ne pas révéler que les FHH sont plus pauvre, ou risque même de trouver qu‟ils sont plus aisés comme nous l‟avons vu dans le Tableau 4. La valeur de � est inconnue mais un test de sensibilité est au moins suggestif.14 Lorsque j‟utilise plutôt la consommation par ménage normalisée par la racine carré de la taille du ménage pour permettre les économies d‟échelle, et j‟estime l‟équation 2, le coefficient de FHH devient négatif (-0,093, t=-1,53). Dans une analyse méticuleuse de la pertinence du fait d‟avoir une plus petite taille sur la pauvreté des ménages dont le CM est une femme, et plus particulièrement une veuve, en Inde, Drèze et Srinivasan (1997) obtiennent les mêmes résultats. Comme il est possible de l‟observer dans la rangée suivante, un résultat similaire peut être obtenu en retournant à l‟indice par tête ainsi qu‟en contrôlant pour le logarithme de la taille du ménage. Cette dernière variable influence très clairement les économies d‟échelle dans la consommation. En outre, si l‟on ajoute la commune de résidence, afin de permettre les effets fixes de localisation, et le mois de l‟interview (pour saisir les possibles effets saisonniers), le résultat produit est alors un coefficient négatif significatif de -0,147 (t=-2,60) indiquant que les FHH sont en effet plus pauvres ─ environ 15 % plus pauvres ─ que les MHH dans les régions rurales du Mali15. Par conséquent, en considérant la taille démographique des foyers dans lesquels les femmes sont CM et l‟endroit où ces derniers sont situés, les FHH ont un niveau de vie inférieur, et non pas supérieur tel que prétendu par Backiny-Yetna et al. (2007). 14 Le coefficient de régression des FHH en région rurale s‟approche de zéro à environ �  0,4 . 15 Il est intéressant de constater qu‟une régression (non montrée) qui exclut la taille du ménage, mais comprend la commune de résidence et le mois de l‟interview élimine également l‟effet positif significatif d‟un CM femme (0,011, t=0,19), suggérant qu‟au sein des régions rurales, les FHH vivent dans des endroits plus riches. Par ailleurs, il se pourrait que les FHH soient concentrés dans des endroits où les interviews se sont déroulées lors de la saison d‟abondance. Le fait que l‟ELIM ait été mis en œuvre au cours d‟une période de 4 mois ne semble que pouvoir réduire cette possibilité. 12 Cependant, l‟ajout de la variable « statut marital » fait disparaître les coefficients estimés et leur signification statistique. L‟addition de variables de control additionnelles ne change pas qualitativement ce résultat. Le résultat confirme très clairement que ce n‟est pas, en soi, le fait d‟avoir une femme CM qui est fortement associé à un niveau de vie inférieur, mais plutôt le fait d‟avoir d‟autres caractéristiques, notamment le statut de veuve. En effet, si l‟on effectue le même exercice pour les femmes veuves CM dans les régions rurales, des effets bien plus négatifs sont observés (colonne 2, Tableau 4). Il faut noter qu‟ici le groupe de comparaison n‟est pas composé de MHH comme dans la colonne 1, mais bien de tous les foyers des zones rurales qui n‟ont pas à leur tête une femme veuve. En ne contrôlant que pour les variables correspondant à la taille et à l‟emplacement du foyer, la différence de consommation moyenne par tête entre ces foyers et tous les autres est de plus de 20 %. L‟addition « progressive » d‟autres variables telles le statut marital, l‟âge et son carré, la composition démographique, les années d‟éducation et leur carré, les avoirs du ménage et les maladies chroniques atténue quelque peu l‟effet fortement négatif sur le niveau de vie d‟avoir une femme veuve CM, mais cet effet reste hautement significatif et négatif (Tableau 4). Après l‟ajout de ces variables, la consommation moyenne par personne de ces ménages est d‟environ 12 % inférieure à celle de tous les autres foyers en région rurale. Ce résultat diffère légèrement de la disparité de 13 % estimée à partir de la même régression, et rapportée dans le Tableau 3, en raison de l‟exclusion des ménages dirigés par des divorcées du groupe de comparaison. Dans les zones urbaines, les effets résultant d‟un CM femme, donnés dans les colonnes (3) et (4) du Tableau 4, sont similaires à ceux observés dans les zones rurales. Avoir un CM féminin n‟est pas, en soi, associé à un niveau de vie meilleur ou pire lorsque les économies d‟échelle réalisées dans la consommation sont ignorées. Cependant, combiné avec le veuvage, le fait d‟avoir une femme à la tête du foyer est associé à des dépenses par tête significativement plus faibles. Tout comme dans les régions rurales, une fois que les économies d‟échelle, les données démographiques et d‟emplacement sont prises en compte, les FHH – qu‟ils aient ou non des veuves comme CM – ont des dépenses de consommation par tête significativement plus faibles. Les FHH ont des dépenses par tête en moyenne 16 % inférieures à celles des ménages ayant un homme comme chef; pour les ménages qui ont une femme CM, la consommation moyenne par tête est 19 % inférieure à celle de tous les autres ménages situés en zone urbaine. De nouveau, comme dans les régions rurales, le désavantage significatif associé au fait d‟avoir une femme à la tête du ménage disparaît lorsque le statut marital est pris en compte. Pour les FHH dont une veuve est CM dans les régions urbaines, les effets négatifs sont atténués uniquement en contrôlant pour l‟éducation et le capital physique, réduisant ainsi la différence moyenne à un plus petit, mais toujours significatif, 6 %16. En résumé, en tenant compte de leur plus petite taille, j‟observe que les FHH sont en moyenne plus pauvres que les MHH uniquement avant de contrôler pour le statut marital. 16 Ici, la différence de 2 % avec les estimations du Tableau 3 est due à l‟omission des ménages gérés par des hommes divorcés dans les régions urbaines dans le groupe de comparaison. J‟ai également testé les effets pour les FHH divorcés qui sont au nombre de 19 dans l‟échantillon urbain de l‟ELIM. Les coefficients estimés sont négatifs et importants (-0,20), mais largement atténués une fois que les données démographiques sont incluses dans les régressions. Cependant, ils ne sont jamais statistiquement significatifs en raison de la taille limitée de l‟échantillon. 13 L‟analyse suggère que ce sont les FHH gérés par des veuves qui sont les plus pauvres, faisant ainsi écho aux résultats d‟études réalisées en Ouganda et au Zimbabwe (Appleton, 1997; Horrell et Krishnan, 2007). Étant donné le très petit échantillon de femmes divorcées CM dans les régions rurales et urbaines, je suis dans l‟incapacité d‟émettre la moindre opinion concernant ce groupe, bien qu‟il existe des indications que ces foyers pourraient également être relativement défavorisés. Le fait que ces données soient limitées aux ménages dont le chef est une femme constitue un inconvénient majeur pour analyser la condition des femmes. Une majorité des femmes veuves et divorcées sont réintégrées dans des ménages ayant un homme pour CM, que ce soit par le remariage ou la résidence. (Les données de l‟ELIM indiquent que 7 % des femmes âgées de 15 ans et plus qui ne sont pas CM sont en fait veuves). Par conséquent, l‟étude des FHH ne me permet pas de dire quoi que ce soit sur une grande partie des femmes qui ont été veuves ou divorcées. Pour mieux investiguer le bien-être de ces femmes, je me tourne maintenant vers les données individuelles de l‟EDS. 4. Résultats tirées des indicateurs de bien-être individuel Nous avons vu combien il est difficile d‟étudier le bienêtre des femmes avec nos sources standards d‟information sur les ménages. Le papier se tourne maintenant vers une source de données rarement exploitée pour mesurer la pauvreté mais qui a néanmoins certains avantages. Nous savons qu‟au Mali, les femmes veuves et les femmes divorcées ont tendance à se remarier, généralement au sein de foyers polygames en tant que deuxième, troisième ou quatrième épouses. En raison du grand écart d‟âge entre les époux lors du mariage, le nombre de femmes faisant l‟expérience de la perte d‟un conjoint au cours de leur vie est bien plus élevé que celui des hommes ; le même indicateur nous permet d‟observer qu‟il existe bien plus de femmes âgées veuves que d‟hommes âgés veufs. La section précédente a montré que les ménages dont le CM est une veuve ont un niveau de consommation significativement plus faible que celui des autres types de ménages, même si l‟on contrôle pour un ensemble étendu de variables composé de caractéristiques du ménage et de caractéristiques individuelles, dont l‟âge. Cependant, il n‟est pas possible d‟établir des mesures correspondantes du bien-être économique des membres du foyer pris individuellement sur la base des données portant sur la consommation ou les revenus du ménage. En le comparant à d‟autres statuts maritaux, j‟étudie ici comment le statut de veuve (incluant le statut précédent de veuve de femmes aujourd‟hui remariées) est corrélé non seulement aux indicateurs de bien-être personnel des femmes, mais aussi à ceux de leurs dépendants, peu importe qu‟elles soient chefs de famille ou qu‟elles vivent dans des ménages qui ont des hommes à leur tête. Il est important de noter que je me concentre uniquement sur certains aspects du bien-être, et que - par manque de données - je néglige ce qui pourrait s‟avérer être des dimensions importantes du bien-être liées au veuvage – y compris le deuil, la perte et la détresse émotionnelle, les changements dans le statut social et économique et dans le style de vie et l‟identité et, fréquemment, le rejet et les accusations d‟avoir causé la mort. Les rites et cérémonies de purification liés au statut de veuve sont extrêmement répandus dans les cultures 14 africaines, bien que je n‟aie trouvé aucune référence à de telles pratiques coutumières au Mali (Sossou 2002). Les Enquêtes Démographiques et de Santé menées au Mali nous offrent des données pour les années 1996 et 2006. Certains inconvénients liés à ces enquêtes ne facilitent pas une analyse du genre et de la vulnérabilité – à savoir une attention focalisée principalement sur la santé et la reproduction ; un traitement bien plus important et détaillé des données portant sur les femmes par rapport aux hommes ; une collecte d‟informations détaillées axées uniquement sur les femmes âgées de 15 à 49 ans ; et aucune donnée concernant les revenus ou les dépenses de consommation. Cependant, l‟attrait majeur de ces enquêtes consiste en ce qu‟elles contiennent des informations sur les individus, y compris un certain nombre d‟indicateurs de bien-être, données que les enquêtes ménages ne collectent généralement pas. Dans le cas présent, j‟utilise l‟EDS menée au Mali en 2006. L‟enquête de 2006 identifie le statut marital avéré de toutes les femmes âgées de 15 à 49 ans et, exceptionnellement, prend en considération le fait qu‟une femme aujourd‟hui mariée a été auparavant veuve ou divorcée. Détenir ce détail concernant l‟historique marital est assez rare et permet un examen de la question suivante : le remariage fournit-il l‟assurance attendue ?17 Cependant, les données ne permettent pas d‟identifier clairement et de séparer les veuves faisant partie d‟une union du type lévirat des autres femmes. En outre, il n‟est pas évident d‟établir si les veuves qui ont été réintégrées dans une union du type lévirat ont été identifiées comme mariées ou veuves au moment de l‟enquête. L‟analyse suivante part de l‟hypothèse que les veuves qui ont accepté le lévirat sont identifiées par l‟EDS comme faisant partie du groupe de femmes mariées. Pour ce faire, elle tient compte des deux faits suivants : premièrement, un grand nombre de femmes veuves se sont remariées ; deuxièmement, 60 % des femmes qui sont aujourd‟hui veuves s‟identifient elles-mêmes comme CM, alors qu‟une majorité des autres réside soit avec leurs parents soit avec leurs frères. Le Tableau 5 représente l‟échantillon de femmes interviewées lors de l‟EDS de 2006 en le subdivisant par secteur rural-urbain et statut marital. Environ 16 % des femmes de cet échantillon ont été veuves ou divorcées à un moment donné, avec un taux plus élevé dans les régions urbaines que dans les régions rurales. Sur les 14.583 femmes âgées de 15 à 49 ans ayant participé à l‟enquête, près de 5 % (655) étaient veuves, mais sont aujourd‟hui remariées (430 ou 3 %), ou sont encore veuves au moment de l‟enquête (225 ou 2 %). Le nombre de femmes déjà divorcées est bien plus important (12 %) et la plupart d‟entre elles se sont remariées18. Les données révèlent également que dans les régions rurales (urbaines) 57 % (74 %) des femmes qui n‟ont été mariées qu‟une fois ne vivent pas avec des coépouses alors que ce constat n‟est vrai que pour 26 % (31 %) et 44 % (62 %) des remariages de femmes qui ont déjà été veuves ou divorcées, respectivement. Une analyse du rang d‟épouse qu‟occupent les femmes au sein d‟une union polygame confirme que les femmes qui ont déjà été mariées ont moins de chance de se retrouver au rang de première épouse. Dans les centres urbains du Mali, 44 % des 17 Malheureusement, l‟EDS de 1996 identifie uniquement le statut marital au moment de l‟enquête, ce qui rend une comparaison à travers le temps impossible. 18 Le Tableau 5 présente les pourcentages pondérés par la population qui ne sont finalement pas significativement différents des pourcentages de l‟échantillon cités dans le texte. 15 femmes qui ont été mariées une fois occupent le rang de première épouse, comparé à 6 et 11 % des femmes veuves ou divorcées, respectivement. Dans les zones rurales du Mali, ces chiffres sont de 41 % pour les premiers mariages contre 16 et 23 % pour celles dont le premier mari est décédé ou qui ont divorcé. En résumé, il est plus probable que les remariages qui ont lieu au sein d'une union polygame mettent les femmes à un rang inférieur de coépouses– et donc dotées d‟un moins bon statut. L‟EDS de 2006 comporte également des informations ayant trait à certains indicateurs de bien-être individuel propres aux femmes et à leurs enfants. Le premier indicateur que j‟examine est l‟indice de masse corporelle (IMC) des femmes, indice qui représente une mesure de la santé puisqu‟un faible IMC peut refléter un stress élevé et une malnutrition19. Au-delà du simple calcul de l‟IMC, nous pouvons également analyser la proportion de femmes dont l‟IMC est plus élevé que la limite inférieure, située à 1900, en dessous de laquelle une femme est considérée en état de malnutrition20. Les questions de savoir si les femmes ont, ou non, des enfants dépendants – définis comme ceux dont elles ont la responsabilité principale – et si une mère a des enfants qui lui sont dépendants, mais qui ne vivent pas sous le même toit, constituent d‟autres indicateurs également observables à partir des données de l‟EDS. Certains indicateurs concernant les enfants peuvent également être reliés au statut marital de la mère, mais uniquement pour les enfants qui résident avec celle-ci. Ces éléments de mesure comprennent les centiles de poids pour la taille, la scolarisation et le fait que les filles soient, ou non, traitées différemment des fils. Bien que je sois dans l‟incapacité de relier des enfants non-cohabitant avec le statut marital de leur mère, je peux cependant comparer le taux de scolarisation des enfants qui vivent avec leur mère avec celui des enfants qui ne vivent pas avec leur mère. Tests pour l’existence d’un biais de sélection Lors de la lecture de cette analyse, il est important de prendre en compte deux inconvénients importants. Tout d‟abord, l‟EDS ne permet pas de faire la lumière sur le groupe de grande envergure que représentent les veuves et autres femmes âgées de plus de 49 ans, groupe qui inclut probablement les plus vulnérables d‟entre elles. Malheureusement, il n‟existe aucune solution pour régler ce problème de données. Ensuite, l‟échantillon de femmes veuves ou divorcées dans l‟EDS est composé de femmes „sélectionnées‟ en raison du fait qu‟elles ont vécu le choc d‟une dissolution du mariage à un âge relativement jeune. Par conséquent, certains peuvent remettre en question le fait que la comparaison des résultats concernant les femmes veuves avec ceux des autres femmes peut souffrir d‟un biais de sélection, tel que les femmes veuves commencent avec de moins bons résultats avant même de devenir veuves. Par exemple, un faible IMC peut être préexistant au mariage et au veuvage. Utilisant des données de panel sur la santé et les retraites aux Etats Unis, 19 L‟IMC est égal au poids/(taille/100)². Un individu est considéré comme souffrant d‟un surpoids très élevé si son IMC est supérieur à 2500 ; et comme étant en état de malnutrition si son IMC est inférieur à 1850. (Veuillez noter que l‟IMC est souvent exprimé comme suit : 25 et 18,5. Cependant, l‟EDS les multiplie par 100 pour assurer la précision et j‟applique cette pratique). 20 J‟utilise la limite de 1900 au lieu de celle, plus courante, de 1850 en raison du peu de données existant à des âges plus élevés pour certains groupes de femmes, ce qui entraîne une plus grande volatilité dans les régressions. 16 certaines études ont montrés que, tenant compte du faite que les hommes pauvres sont plus susceptibles de mourir jeune (étant donné une corrélation forte entre les revenus et la mortalité), les veuves ont une forte probabilité de venir de ménages pauvres (Hurd et Wise 1989 ; Sevak et al. 2003). La pertinence du cas des Etats Unis a celui du Mali ─ ou devenir veuve a un jeune âge n‟est pas nécessairement associé avec la mort d‟un mari jeune étant donné le grand écart d‟âge entre conjoints ─ est discutable. Dans le cas du Mali, il se peut plutôt qu‟une femme avec un IMC déjà peu élevé ait une probabilité plus élevée de se marier avec un homme beaucoup plus âgé (ce qui accroit la probabilité de veuvage). Par conséquent, les « impacts » sur le bien-être tirent en réalité leurs origines de la période qui précède le décès du mari. La question clef est alors si les femmes s‟appauvrissent parce qu‟elles deviennent veuve ou si elles étaient déjà plus pauvres dans lequel cas il n‟y aurait aucun effet causatif du veuvage. Ce deuxième problème mérite d‟être examiné plus en détail. Sans données de panel qui pourraient identifier les ressources économiques avant qu‟une épouse devienne veuve, la meilleure façon de tester pour un biais de sélection consiste en un examen des caractéristiques individuelles qui sont fortement corrélées avec les niveaux de vie mais qui précèdent nettement le veuvage et même le mariage. Si les veuves sont surtout des femmes qui ont épousés des hommes pauvres et donc maladifs, on s‟attendrait alors a ce que ces femmes soient elles mêmes de milieu pauvre et maladif. On pourrait alors aussi s‟attendre à ce que ceci soit reflété dans des niveaux d‟éducation et de taille moins élevés ─ des indicateurs qui sont typiquement hautement corrélés avec la pauvreté. On pourrait également s‟attendre a ce que les femmes plus pauvres se marient plus jeunes. Une analyse portant sur l‟âge moyen au moment du premier mariage, le niveau d‟éducation, et (ce qui est peut-être le plus révélateur) sur la taille, ne suggère pas que les veuves aient des résultats systématiquement pires que les non-veuves. En faite, les différences de tailles moyennes ─ 6,8 et 6,0 millimètres en zone urbaine et rurale respectivement ─ favorisent les veuves, bien que d‟une façon statistiquement significative seulement dans les régions rurales (t=2,01; urbain t=1,36). Il n‟y a aucune différence d‟âge au premier mariage dans les villes (- 0,26, t=-0,90), tandis que les veuves résidant en zone rurale étaient en moyenne 0,65 années plus vieilles lorsqu‟elles se sont mariées la première fois (t=2,36). Enfin, une comparaison des années d‟études révèle que les veuves sont significativement moins scolarisées: la différence est de 1,1 années de moins (t=-3,92) en région urbaine et 0,2 années (t=-2,37) en région rurale. Par contre, elles sont aussi en moyenne plus âgées que les autres femmes dans l‟échantillon. Les cohortes plus jeunes ont eu de plus grandes possibilités d‟assister a l„école que les plus vieilles. En effet, une fois que je contrôle pour l‟âge, les différences d‟années de scolarité et leur signifiance statistique disparaissent (la différence urbaine est -0,44, t=-1,41; la différence rurale est 0,08, t=0,95). Combinant ces variables dans un probit du fait que la femme soit ou ait été veuve confirme que seules les caractéristiques d‟âge (y compris l‟âge lors du premier mariage doté d‟un effet négatif significatif dans les régions urbaines), et d‟appartenance au groupe ethnique Dogon dans les zones urbaines du Mali, possèdent un pouvoir explicatif. Les régressions pour l‟échantillon complet, et séparément pour les échantillons urbain et rural, sont données dans le Tableau 6. Les régressions incluent la taille qui peut raisonnablement être traitée comme une variable exogène dans le cas qui nous occupe ; aucun effet significatif de la taille sur la 17 probabilité d‟être veuve n‟est observé21. Le Tableau 6 présente aussi des régressions avec et sans le quintile de richesse du ménage dans lequel réside la veuve. Bien que cette variable puisse être endogène au veuvage, il est quand même intéressant de tester sa signifiance. Si les veuves viennent de milieux pauvres et ont épousé des hommes pauvres alors, suivant la même logique, elles auront aussi de grandes chances de se remarier dans le sein de ménages relativement pauvres (qu‟elles choisissent le lévirat ou non) ou de rejoindre un ménage ─ typiquement celui de leurs parents, d‟un frère ou d‟un fils ─ qui est lui aussi pauvre. Ainsi, si le type de sélection qu‟ont retrouve aux USA est également présent au Mali, on s‟attendrait à ce que le veuvage soit hautement corrélé avec le faite d‟habiter dans un ménage défavorisé. Pourtant, comme peut être vérifié dans la Tableau 6, ce n‟est pas ce que je trouve. Il n‟y a pas de corrélation partielle significative entre le fait d‟être une veuve ou de l‟avoir été et la richesse du ménage, contrôlant pour l‟âge, la taille et le groupe ethnique. Les résultats des régressions qui n‟incluent pas le quintile de richesse sont pratiquement identiques (Tableau 6). Donc, ce test en plus ne suggère non plus pas que les résultats principaux du papier souffrent d‟un biais de sélection. Une autre indication de l‟étendue du biais peut aussi être fournie en examinant l‟échantillon des femmes mariées une seule fois pour voir si un grand écart d‟âge entre les époux empire leur bien-être. Une régression de l‟IMC des femmes mariées une fois, utilisant la différence d‟âge entre les époux entre autres variables, suggère qu‟un plus grand écart d‟âge est associé à un IMC plus élevé et non pas plus faible. Ces tests permettent, jusqu‟à un certain point, de réduire les soucis concernant un biais de sélection, bien qu‟il me soit évidemment impossible d‟exclure totalement la possibilité que certaines caractéristiques non observées concernant les veuves ou les ménages dans lesquels elles se marient n‟influencent les résultats, (Dans l‟incapacité d‟effectuer une expérience qui créerait des veuves de manière aléatoire, il est impossible d‟en être totalement sûr). Néanmoins, on s‟attendrait à ce que les caractéristiques non observées soient corrélées avec les caractéristiques observées utilisées dans les tests ci-dessus. Le faite qu‟être une veuve est a peu près orthogonal a ces variables ne suggère pas que des biais de sélection soient un grand souci dans le cadre présent. Régressions d’indicateurs de bien-être individuel Je me tourne maintenant vers les indicateurs identifiés du bien-être individuel afin d‟examiner si les veuves ou leurs enfants se trouvent dans une moins bonne situation que les autres. Pour commencer, pour calculer les différences de résultats (Y) pour les veuves (W=1) et les non veuves (W=0) j‟utilise une équation de forme quadratique en âge (A): Yi  � 0  �1 Ai  � 2 Ai2  (� 0  �1 Ai  � 2 Ai2 )Wi  � i (4) où l‟âge et le statut de veuve sont supposés être exogènes ( E[� i Ai ,Wi ]  0 ). Dans le but d‟estimer les impacts du veuvage pour un âge donné (A*), nous pouvons réécrire l‟équation (1) comme suit : 21 Les variables sont l‟âge et l‟âge au carré, l‟âge au premier mariage, l‟éducation, le fait d‟être né dans une région urbaine, la taille, le fait de résider dans une région urbaine ou rurale, le groupe ethnique et le quintile de richesse du ménage. Ces derniers sont calculés par l‟EDS sur la base d‟un indice des biens et des attributs de l‟habitation et de l‟accès à l‟eau, et généré par une analyse en composantes principales. L‟indice est exprimé au niveau du ménage et non par personne. 18 Yi  � 0  �1 Ai  � 2 Ai2  �1 ( Ai  A* )Wi  � 2 ( Ai2  A*2 )Wi  �Wi  � i (5) Ici, � nous donne l‟impact du veuvage sur la variable de résultat lorsqu‟il est évalué à l‟âge A*, par ex. �  E[Yi Ai  A* , Wi  1]  E[Yi Ai  A* , Wi  0]  � 0  �1 A*  � 2 A*2 (6) (D‟autres variables peuvent être ajoutées à l‟équation (4) et le paramètre d‟impact est alors évalué pour des valeurs spécifiques de ces variables). La régression est évaluée à différents âges afin d‟obtenir les estimations d‟impact et leurs erreurs types. Ces dernières sont présentées dans les Tableaux 7 et 822. Pour la plupart des indicateurs du bien-être des femmes présenté dans le Tableau 7, la comparaison est effectuée entre les femmes ayant déjà été veuves et toutes les autres. Les différences moyennes d‟IMC et les valeurs de la statistique de Student sont données dans les deux premières colonnes. Dans les régions rurales du Mali, le veuvage impacte l‟IMC de manière négative pour les veuves de 20 à 40 ans, bien que la différence moyenne ne soit statistiquement significative qu‟au seuil de 10 % pour les femmes d‟environ 30 ans. Aucune des différences n‟est significative dans les centres urbains. En regardant les résultats du groupe de femmes dont l‟IMC se trouve au-dessus de la limite d‟état de malnutrition située à 1900, on voit qu‟une proportion très importante des veuves vivant en zone rurale et appartenant à la catégorie d‟âge des 20 - 45 ans tombe dans la tranche d‟état de malnutrition. De nouveau, ce constat n‟est pas observé dans les zones urbaines. Les données confirment qu‟au cours de leur vie les femmes veuves ont plus de probabilité d‟avoir des enfants à leur charge que les femmes non veuves. Ce constat se vérifie à la fois dans les régions rurales et dans les régions urbaines. Par exemple, à l‟âge de 35 ans, la différence moyenne est de 0,15 (15 points de pourcentage) ; entre 40 et 45 ans, la différence est de 0,17 dans les zones rurales et de 0,14 dans les zones urbaines. Les données confirment également que, souvent, les femmes qui se remarient vivent séparées d‟au moins une partie de leurs enfants. Dans ce cas précis, il est plus logique de comparer les femmes remariées (qui ont été veuves), plutôt que les femmes au moins une fois veuves, avec les autres femmes. Dans les régions rurales du Mali, les femmes qui ont été veuves, et qui ont entre 20 et 40 ans, ont une probabilité significativement plus élevée d‟avoir des enfants qui ne vivent pas avec elles. À l‟âge de 30 ans, la différence moyenne est de 0,31 (par exemple, les veuves ont 31 pourcent de points de probabilité supplémentaire d‟avoir un enfant qui vit ailleurs). Dans les zones urbaines, les tendances ressemblent plus à un U inversé avec : une différence de probabilité moins élevée sous l‟âge de 25 ans, une probabilité qui augmente entre 25 et 40 ans et, enfin, une dernière inversion vers 50 ans. Pour finir, les deux dernières colonnes du Tableau 7 examinent l‟impact que le fait d‟être veuve peut avoir sur les centiles de poids pour la taille des enfants. Bien que, dans les zones rurales, les différences moyennes soient négatives 22 Les différences moyennes du tableau 7 sont estimées en n‟ajoutant pas d‟autres variables à celles de base indiquées dans les équations 4 et 5. J‟ai également effectué les régressions en utilisant les variables d‟appartenance au groupe ethnique Dogon, le fait que la femme soit ou non enceinte (pour les régressions d‟IMC), l‟âge au premier mariage, le nombre de frères et, pris séparément, le nombre de sœurs qui sont en vie, les années d‟éducation et le fait qu‟elles aient ou non des enfants à charge (de nouveau, seulement pour l‟IMC). Ces variables n‟impactent que très faiblement les estimations. 19 pour l‟entièreté de la distribution des âges, aucune des différences n‟est statistiquement significative. Pour ce qui est des centres urbains du Mali, des différences moyennes négatives et significatives sont observées dans le cas des veuves de 30 ans et plus. Le Tableau 8 s‟intéresse aux résultats de la scolarisation des enfants des femmes veuves par rapport aux enfants de celles de tous les autres statuts maritaux. Ces résultats incluent la scolarisation et le fait que les filles soient, ou non, traitées différemment des fils. Dans ce cas précis, les écarts moyens sont estimés en fonction de l‟âge des enfants. Comme cela a déjà été indiqué, les données permettent une analyse de la scolarisation des enfants qui résident avec leur mère seulement, en fonction du statut marital de cette dernière. Dans le Tableau 8, nous pouvons observer que le fait que la mère soit veuve a des effets négatifs sur la scolarisation ; ces effets ne sont cependant statistiquement significatifs que pour les enfants des zones rurales âgés de 12 ans, pour lesquels il existe une probabilité inférieure à 7 points de pourcentage d‟être inscrits à l‟école. En ce qui concerne les régions urbaines du Mali, aucune de ces différences n‟a d‟importance statistique. Pour finir, parmi les enfants de veuves, les garçons sont nettement plus scolarisés que les filles, tant en région urbaine que rurale et quel que soit l‟âge. Cependant, étant donné le taux plus faible de scolarisation dans le milieu rural, l‟écart tend à s‟atténuer. Dans les régions urbaines du Mali, les différences concernant les écarts de genres sont incroyablement importantes, les filles étant particulièrement défavorisées lors de leur plus jeune âge et une fois devenues plus âgées. À l‟âge de 6 ans, l‟écart moyen est de 14 points de pourcentage, ce dernier diminuant jusqu‟à 4 points à l‟âge de 12 ans et augmentant de nouveau à l‟âge de 14 ans pour atteindre 9 points. Les Tableaux 7 et 8 suggèrent qu‟il existe un certain nombre de différences entre les veuves et les femmes d‟autres statuts maritaux. Les veuves se trouvent dans une moins bonne situation à bien des égards. Cependant, il convient de noter que l‟approche utilisée ci-dessus comporte deux limites : premièrement, elle utilise un modèle paramétrique où la relation avec l‟âge prend une forme quadratique explicite ; il s‟agit ici d‟un choix arbitraire qui n‟est peut-être pas justifié. Deuxièmement, certaines différences observées dans le groupe de femmes non veuves peuvent être intéressantes à considérer. (Par exemple, comme nous l‟avons vu dans la Section 3, les femmes divorcées peuvent également être relativement défavorisées). Des régressions non paramétriques peuvent être utilisées pour explorer les associations entre les indicateurs individuels du bien-être, tels que l‟IMC et le statut marital des femmes, en utilisant la variable de l‟âge d‟une manière plus flexible qui ne dépende pas d‟un regroupement par âge effectué de façon arbitraire ou qui ne nécessite pas un modèle de régression paramétrique. Une représentation graphique peut également permettre d‟identifier et de comparer plus facilement une multitude de groupes de statuts maritaux différents, pour autant que la taille des échantillons soit suffisamment importante. Les Graphiques 1 et 2 examinent l‟IMC de cette manière23. Les chiffres suggèrent que, contrôlant pour l‟âge, les veuves et les femmes qui ont été veuves, mais sont aujourd‟hui remariées, ont un IMC moins élevé que les femmes qui sont mariées, sont actuellement divorcées ou sont divorcées mais aujourd‟hui remariées. Dans le Mali rural, elles ont un IMC moins élevé que celui de ces autres groupes de femmes, et ce jusqu‟à ce qu‟elles atteignent la quarantaine (Graphique 1). Les très jeunes veuves et divorcées qui vivent 23 Il s‟agit de régressions non paramétriques de type LOWESS. 20 en milieu urbain semblent également être défavorisées dans ce domaine, bien que la différenciation par statut marital soit moins prononcée dans ce cas (Graphique 2). Les Graphiques 3 et 4 cartographient la proportion de femmes dont l‟IMC est plus élevé que la limite d‟état de malnutrition située à 1900, de nouveau à l‟aide de régressions non paramétriques et en contrôlant pour l‟âge. Le Graphique 3 confirme que, comparé aux femmes d‟autres statuts maritaux, les femmes qui sont actuellement veuves se retrouvent plus fréquemment dans un état de malnutrition, fréquence encore un peu plus élevée pour les femmes qui ont été veuves, et ce jusqu‟à l‟âge de 40 ans (environ) où les femmes divorcées les dépassent. Dans les zones urbaines du Mali, ce sont les femmes aujourd‟hui divorcées qui tombent le plus fréquemment dans un état de malnutrition (Graphique 4). Comme cela peut être constaté dans le Graphique 5, la probabilité d‟avoir des enfants dépendants augmente avec l‟âge, et ce pour toutes les femmes. Dans les régions rurales, ce constat se vérifie pour les femmes aujourd‟hui veuves, pour l‟entièreté de la distribution des âges. Lorsqu‟elles sont âgées de moins de 25 ans, les femmes qui ont été veuves ont à peu près la même probabilité d‟avoir des dépendants que les femmes divorcées. Par contre, à partir de 25 ans, une différence commence à se marquer (Graphique 5). Dans les zones urbaines également, la probabilité d‟avoir des enfants dépendants est plus forte pour les femmes aujourd‟hui mariées (mais ayant été veuves), les femmes veuves et, bien que moins drastiquement, les femmes divorcées, que pour les femmes qui sont une fois mariées ou remariées après un divorce (Graphique 6). Dans l‟analyse des différences de probabilités qu‟ont les femmes de vivre séparées de certains de leurs enfants, il est important de prendre l‟âge de la mère en considération. En effet, le fait que les veuves sont plus âgées que les autres femmes et donc plus à même d‟avoir des enfants en âge de quitter le cadre familial pourrait être un objet de discussion. Les Graphiques 7 et 8 représentent cette tendance pour l‟entièreté de la distribution des âges. Dans les régions rurales du Mali, une plus grande proportion des femmes mariées, mais ayant déjà été divorcées ou veuves, et qui appartiennent à la catégorie d‟âge des 20 – 40 ans, ont des enfants vivant ailleurs. Une fois la quarantaine, il est possible d‟observer une convergence avec les femmes d‟autres statuts maritaux. Encore une fois, les tendances sont moins évidentes dans les régions urbaines, même si la probabilité d‟avoir des enfants qui ne résident pas avec leurs mères y est moindre pour les femmes mariées seulement une fois à tout âge. Passons maintenant au bien-être des enfants de femmes qui ont de différents statuts maritaux. Les Graphiques 9 et 10 s‟intéressent aux milieux ruraux et urbains du Mali, respectivement, et nous montrent les centiles de poids pour la taille des enfants âgés de 0 à 5 ans qui résident avec leurs mères. Veuillez noter que ces mesures anthropométriques englobent déjà l‟âge de l‟enfant, ce qui me permet de me concentrer uniquement sur l‟âge de la mère. La tendance est moins évidente, même s‟il existe une inclination suggérant que la jeune progéniture des veuves et des femmes mariées mais qui ont été veuves se retrouve dans des centiles de poids pour la taille relativement peu élevées. Les enfants dépendants qui résident avec des mères divorcées de 25 à 35 ans semblent être également très défavorisés dans ce domaine (Graphique 9). Dans les zones urbaines du Mali, les données partent un peu dans tous les sens. Dans ces régions, ce sont les enfants de femmes divorcées, ainsi que ceux de femmes veuves et auparavant 21 veuves âgées de plus de 30 ans qui se trouvent dans une moins bonne situation par rapport aux enfants des autres femmes (Graphique 10). Le Graphique 11 s‟intéresse aux enfants des régions rurales qui vivent avec leurs mères, elles-mêmes regroupées selon leur statut marital, et nous indique si ceux-ci se rendent à l‟école, contrôlant pour leur âge (de 5 à 14 ans)24 . De manière inquiétante, il en ressort que les enfants de femmes qui sont ou ont étés veuves et de femmes aujourd‟hui divorcées vivant dans des zones rurales, ont moins de probabilité d‟être scolarisés que les enfants des femmes d‟autres statuts maritaux, constat qui vaut tout particulièrement pour les plus jeunes et les plus âgés. Il est particulièrement frappant d‟observer que ces enfants abandonnent l‟école beaucoup plus tôt que les autres (Graphique 11). Par contre, la situation inverse s‟observe dans le milieu urbain où ce sont les enfants qui résident avec une mère veuve, qui ont le plus de chances d‟aller à l‟école, quel que soit leur âge. Ceux qui ont le moins de chances d‟être scolarisés sont les enfants âgés de moins de 8 ans de femmes divorcées et ceux, de plus de 9 ans, qui dépendent de femmes qui ont été veuves mais se sont remariées (Graphique 12). Il peut également être intéressant d‟étudier si les filles sont traitées différemment des fils et si, le cas échéant, une telle différence est associée à un statut marital particulier de la mère. Le Graphique 13 examine cette question en décomposant les données portant sur la scolarisation, fournies par les Graphiques 11 et 12, en fonction du genre des enfants cohabitant avec leur mère et en âge d‟aller à l‟école. La différence entre la part des garçons et celle des filles qui sont inscrit à l‟école est représentée dans le Graphique 13. Cependant, il est important de noter que, en raison de la faible taille des échantillons une fois la décomposition par âge et par genre effectuée, les enfants des femmes actuellement veuves et des femmes aujourd‟hui divorcées ne sont pas représentés. De la même manière, il peut y avoir des problèmes liés à la petitesse des échantillons concernant le groupe de femmes mariées, mais qui ont été veuves, dans les régions urbaines. À la fois dans les régions rurales et urbaines du Mali, les garçons sont nettement plus susceptibles d‟être scolarisés que les filles, fait conditionné par un état matrimonial donné. Cependant, l‟écart semble être bien moins prononcé, et n‟augmente que faiblement avec l‟âge, pour les enfants de femmes mariées une fois. Dans le milieu rural, les très jeunes filles des femmes qui ont été veuves ou divorcées sont favorisées, mais dès que ces filles atteignent l‟âge de sept ans et demi ou à peu près, l‟écart s‟inverse pour augmenter de manière exponentielle avec l‟âge, tout particulièrement pour les enfants de femmes ayant été veuves. Cet écart qui favorise les garçons dépasse celui que l‟on peut observer chez les enfants de femmes mariées une fois vers l‟âge de 10 ans pour les enfants des femmes qui ont été veuves, et de 12 ans pour ceux des femmes auparavant divorcées. Dans les zones urbaines, l‟écart favorise généralement les garçons quel que soit l‟âge des enfants ; il est en général largement plus important pour les enfants des femmes qui ont été veuves ou divorcées. Renforçant les résultats de la régression sur les différences moyennes, il ressort clairement que, dans le cas où la mère subit un choc qui bouleverse son statut marital, les effets négatifs résultant d‟un manque d‟investissement en capital humain sont pires pour les filles que pour les garçons vivant avec leur mère. 24 L‟EDS ne permet de faire le lien entre l‟identité de la mère et ses enfants que pour ceux âgés de moins de 14 ans, ce qui explique pourquoi l‟analyse portant sur la scolarisation ne s‟intéresse qu‟aux enfants âgés de 5 à 14 ans. 22 Comme on l‟a vu plus haut, il arrive que des femmes qui se sont remariées, après avoir connu le veuvage ou le divorce, ne vivent pas avec la totalité de leurs enfants. Le Graphique 14 compare le taux de scolarisation des enfants, garçons et filles, qui vivent avec leurs mères et de ceux qui ne vivent pas avec leurs mères, en région de résidence urbaine et rurale25. Dans le groupe étendu urbain/rural, et au sein de chaque secteur, les écarts de genre se manifestent immédiatement. Le fait de ne pas résider avec sa mère a également des effets frappants et négatifs sur la scolarisation des enfants.26 Ce constat est particulièrement vrai pour les filles en région urbaine. En effet, si l‟on compare, en milieu urbain, le taux de scolarisation des filles vivant sans leurs mères avec celui des filles vivant avec leurs mères, celui-ci chute de manière constante et abrupte, et ce dès l‟âge de 9 ans. L‟EDS s‟intéresse également à l‟accès aux soins de santé et aux problèmes que les femmes malades rencontrent lorsqu‟elles cherchent à se soigner. On pourrait soutenir que cette information ne souffre pas de problèmes de sélection dans l‟échantillonnage. Le Tableau 9 affiche les pourcentages de femmes qui déclarent qu‟obtenir la permission de chercher à se faire soigner, ainsi que le manque d‟argent, sont de sérieux obstacles. Que ce soit en zone urbaine ou en zone rurale, les femmes qui ont été veuves semblent être particulièrement défavorisées dans ce domaine. Si l‟on compare les femmes qui sont actuellement mariées, mais qui ont été veuves, aux autres femmes, une plus grande proportion d‟entre elles déclare qu‟obtenir la permission de se soigner est un problème, ce qui suggère un plus faible degré d‟autonomie. Il y a également une plus grande probabilité que les femmes qui ont été veuves – qu‟elles le soient encore ou qu‟elles soient aujourd‟hui remariées – déclarent qu‟elles manquent de ressources pour chercher à se faire soigner. Dans les régions rurales, ce constat se vérifie pour 80 % des veuves - résultat particulièrement imposant - ainsi que pour 70 % des femmes divorcées. Sur la base du peu d‟indicateurs du bien-être individuel qui sont disponibles, il est possible d‟observer certains faits marquants : les veuves et les femmes qui ont connu le veuvage par le passé se trouvent dans une moins bonne situation et sont moins capables de subvenir aux besoins de leurs enfants ; elles sont également plus vulnérables aux chocs que beaucoup d‟autres femmes. Les tendances qui se dessinent pour les femmes actuellement divorcées sont moins consistantes, mais il semblerait que ces dernières soient aussi souvent fortement défavorisées. C‟est particulièrement le cas dans les zones rurales du Mali. 5. Conclusions La situation désespérée des veuves dans de nombreux pays africains a été très largement négligée dans le travail des économistes et dans les actions de politique publique. Bien que cette problématique ait été un sujet récurrent des littératures sociologiques et anthropologiques, les travaux des économistes se sont souvent concentrés sur les ménages dirigés par des femmes, incluant ceux dont la femme chef de ménage est veuve. Les veuves ont également été inclues dans des discussions portant sur la pauvreté liée à la vieillesse et les pensions sociales, et, plus 25 L‟échantillon composé d‟enfants ne vivant pas avec leurs mères inclut les enfants dont les mères peuvent ne plus être en vie. Cependant, limiter l‟échantillon aux enfants dont la mère ne vit pas sous le même toit, mais est bien en vie, fournit un résultat similaire. 26 Case et al. (2004) ont des résultats similaires pour les orphelins et les enfants ne vivant pas avec leurs parents dans 10 pays d‟Afrique. Par contre, ils ne trouvent pas que les filles soient plus désavantagées que les garçons. 23 récemment, les règles d‟héritage influencées par le genre et les conséquences de l‟épidémie du VIH/Sida. Mais, à ma connaissance, pratiquement aucune attention n‟a été portée à la situation des femmes veuves, souvent très jeunes, qui se sont remariées et qui ne sont donc plus considérées comme étant « veuves », ou qui ont été d‟une manière ou d‟une autre réintégrées, avec leurs enfants, au sein d‟un foyer dont un homme est chef de ménage. Ce document a utilisé les données disponibles pour étudier le bien-être individuel des femmes qui ont connu le choc d‟un veuvage ou d‟un divorce au Mali. Le bien-être des enfants qui dépendent d‟elles a également été étudié. Un inventaire des caractéristiques portant sur la situation des femmes au Mali indique qu‟elles sont plus vulnérables et moins aptes que les hommes à atténuer les difficultés et à y faire face. De plus, les femmes peuvent être tout particulièrement vulnérables en cas de perte d‟un mari. L‟analyse des données sur la consommation des ménages dont le chef est une femme indique que, tenant compte de leur plus petite taille – et donc des économies d‟échelle possibles, -- ils ont des niveaux de vie moins élevés que les ménages dirigés par des hommes seulement avant de contrôler pour le statut marital. Les ménages dont les CMs féminins sont également veuves sont significativement plus pauvres que tous les autres ménages. Enfin, le document ce tourne vers un examen des indicateurs du bien-être individuel tirés de l‟EDS de 2006. J‟examine d‟abords si la possibilité d‟un biais de sélection vis-à-vis des veuves ─ tel que les femmes veuves sont plus pauvres avant de devenir veuve non pas a cause de leur veuvage ─ est un souci important dans le cadre du Mali. Les tests ne suggèrent pas que ce soit le cas. L‟analyse des indicateurs du bien-être individuel confirme que les veuves qui ne sont pas nécessairement CM ont des indicateurs de bien-être d‟un niveau plus faible. Une telle analyse révèle également que, comparées aux autres femmes, la vulnérabilité et le bien-être moins élevé des femmes ayant connu un veuvage ou un divorce, persistent après un remariage. De plus, ces effets négatifs sont transmis aux enfants – probablement plus aux filles qu‟aux garçons – ce qui suggère une transmission intergénérationnelle de la pauvreté engendrée par le veuvage et (bien que dans une moindre mesure) par le divorce. Malgré cela, une revue des filets sociaux de sécurité mis en œuvre par le gouvernement et les bailleurs de fonds révèle qu‟il existe peu d‟actions systématiques cherchant à atteindre les veuves et les enfants qui dépendent d‟elles. Même s‟il est difficile de cibler les veuves, en gardant à l‟esprit que les mêmes conditions qui engendrent l‟inégalité au sein d„un foyer représentent également une contrainte lorsqu‟il s‟agit d‟atteindre les veuves par des actions systématiques, il est nécessaire d‟insuffler plus de réflexions, de ressources et d‟efforts dans l‟aide à apporter à ces groupes particulièrement vulnérables. Un certain nombre d‟actions à entreprendre afin de réduire la vulnérabilité des veuves pourrait faire l‟objet de réflexions et d‟expérimentation. Il est par exemple nécessaire de prendre en considération des réformes et des mesures légales, comme des lois sur l‟héritage, qui assurent la sécurité des veuves et de leurs enfants. Les pensions de veuvage sont un autre exemple de politiques qu‟un grand nombre de pays en voie de développement ont adoptées, y compris l‟Inde 24 (Dutta et al. 2010). En effet, l‟allocation d‟une pension de veuvage basée sur la perte d‟un mari, peu importe l‟âge, pourrait grandement améliorer le statut et le bien-être des veuves dans la société malienne. Le montant pourrait être déterminé en fonction du nombre de dépendants. Pour terminer, les résultats qui ressortent de cette étude démontrent une fois encore l‟importance d‟examiner l‟allocation des ressources et le traitement de chaque membre d‟un foyer pris individuellement. Ces implications importantes se vérifient également pour la collecte des données ainsi que pour l‟étude du statut marital et du statut socio-économique. Les enquêtes collectent en général les données concernant le statut marital au moment où celles-ci sont menées, mais cherchent rarement à collecter des informations sur l‟historique de ce statut. Les conclusions présentées ici soulignent l‟importance de collecter les détails de l‟historique du statut marital et de les prendre en compte dans des pays comme le Mali où il peut s‟avérer être un déterminant critique du niveau de vie. 25 Références: Adams, Alayne, Jindra Cekan and Rainer Sauerborn. 1998. “Towards a Conceptual Framework of Household copping: Reflections from Rural West Africa,� Africa 68(2): 263-283. Appleton, Simon. 1996. “Women-Headed Households and Household Welfare: An Empirical Deconstruction for Uganda.� World Development 24(12): 1811-1827. Backiny-Yetna, Prospere, Franck Adoho, Issa Bouaré, Virginie Briand, Kassim Dabitao, Assa Gakou, Estelle Sommeiller, Dramane Traoré, Clarence Tsimpo, amd Quentin Wodon. 2007. “Tendances et Déterminants de la Pauvreté au Mali 2001-2006,� World Bank. 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Mali: Social Safety Nets, Report No. 553222-ML, Human Development Department, Social Protection Unit, Africa Region, World Bank, Washington, DC. 28 Tableau 1: Statistiques descriptives pour les chefs de ménage en fonction du genre Homme Femme Total Veuve Non-veuve Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Age du CM 52,94 49,41 48,12 50,28 50,75 52,86 43,39 42,57 [14,18] [13,14] [14,48] [12,45] [14,36] [11,39] [13,62] [12,41] CM marié monogame 0,52 0,71 0,08 0,11 - - 0,24 0,46 [0,50] [0,45] [0,28] [0,32] - - [0,43] [0,50] CM marié polygame 0,46 0,27 0,22 0,04 - - 0,61 0,16 [0,50] [0,44] [0,41] [0,20] - - [0,49] [0,37] CM divorcé/séparé 0,001 0,003 0,04 0,07 - - 0,10 0,28 [0,03] [0,06] [0,19] [0,26] - - [0,30] [0,45] CM veuf/veuve 0,01 0,01 0,64 0,75 1,00 1,00 - - [0,11] [0,09] [0,48] [0,43] [0] [0] - - CM avec maladie chronique 0,57 0,51 0,47 0,51 0,48 0,58 0,46 0,32 [0,49] [0,50] [0,50] [0,50] [0,50] [0,50] [0,50] [0,47] Prop. d‟adultes>15 avec maladie 0,06 0,06 0,06 0,07 0,06 0,08 0,05 0,03 [0,11] [0,11] [0,13] [0,12] [0,13] [0,13] [0,12] [0,07] Années d‟éducation du CM 0,78 3,43 0,32 1,99 0,22 1,56 0,50 3,26 [2,30] [4,34] [1,61] [3,52] [1,24] [3,13] [2,12] [4,28] Log taille du ménage 13,22 10,05 7,92 8,76 7,68 9,21 8,34 7,40 [8,11] [5,85] [4,59] [5,11] [4,53] [5,37] [4,72] [3,98] Prop. de femmes 56+ faisant partie du ménage 0,03 0,02 0,01 0,01 0,01 0,01 0,01 0,01 [0,06] [0,06] [0,06] [0,05] [0,07] [0,05] [0,04] [0,03] Prop. d‟hommes 56+ 0,004 0,004 0,002 0,002 0,002 0,001 0,003 0,004 [0,02] [0,03] [0,01] [0,02] [0,02] [0,01] [0,01] [0,04] Prop. de femmes 15-55 0,27 0,29 0,18 0,27 0,19 0,28 0,14 0,23 [0,12] [0,15] [0,16] [0,18] [0,18] [0,17] [0,10] [0,22] Prop. d‟hommes 15-55 0,14 0,16 0,21 0,26 0,24 0,28 0,16 0,21 [0,13] [0,17] [0,21] [0,23] [0,22] [0,23] [0,18] [0,20] Prop. de filles 0-6 0,14 0,12 0,13 0,10 0,12 0,09 0,15 0,13 [0,12] [0,13] [0,19] [0,15] [0,19] [0,12] [0,18] [0,20] Prop. de garçons 0-6 0,15 0,14 0,15 0,10 0,14 0,07 0,19 0,19 [0,13] [0,16] [0,18] [0,15] [0,15] [0,10] [0,21] [0,23] Terres non-agricoles (100s m2) 6,57 1,76 1,80 0,93 1,82 0,95 1,77 0,87 [38,38] [5,78] [9,74] [2,05] [11,97] [1,92] [3,03] [2,41] Terres agricoles (hectares) 7,55 1,36 4,11 0,63 4,62 0,70 3,19 0,44 [12,93] [3,12] [6,32] [1,92] [7,39] [2,03] [3,61] [1,55] Tètes de gros bétails 9,55 2,36 5,94 0,72 6,30 0,62 5,31 1,00 [16,91] [8,13] [15,94] [2,56] [17,55] [2,26] [12,67] [3,32] Tètes de petits bétails 10,53 4,08 7,12 1,43 5,19 1,33 10,59 1,73 [18,24] [11,79] [14,33] [4,37] [12,89] [4,61] [16,2] [3,60] Extérieur de l‟habitation est en ciment/tuiles 0,06 0,59 0,05 0,62 0,03 0,63 0,09 0,59 [023] [0,49] [0,22] [0,49] [0,17] [0,49] [0,29] [0,50] Log consommation par personne 11,78 12,32 11,91 12,36 11,88 12,31 11,96 12,51 [0,59] [0,66] [0,58] [0,62] [0,48] [0,6] [0,73] [0,66] Log consommation par personne seule equiv. 12,99 13,40 12,85 13,37 12,81 13,35 12,94 13,43 [0,55] [0,63] [0,53] [0,58] [0,45] [0,57] [0,65] [0,60] Observations 2.779 1.405 131 179 89 115 42 64 Note: Le tableau indique les moyennes et les écarts standards entre parenthèses. Toutes les valeurs fournies ci-dessus sont pondérées par la population. Le logarithme de la consommation par personne seule équivalente est défini comme le logarithme de la consommation du ménage normalisé par la racine carré de la taille du ménage afin de permettre les économies d‟échelle. Source: 2006 ELIM. 29 Tableau 2: Corrélats des ménages avec chefs féminins Ménage à un CM féminin Variables rural urbain Age du CM -0,001** -0,0005 [-2,01] [-0,84] CM mariée monogame -0,077 -0,176 [-1,21] [-1,57] CM mariée polygame -0,036 -0,142 [-0,57] [-1,25] CM est divorcée/séparée 0,359* 0,531*** [1,90] [3,21] CM veuve 0,570*** 0,698*** [7,82] [5,86] CM avec maladie chronique l‟an passé -0,003 -0,024* [-0,39] [-1,97] Prop. d‟adultes>15 avec maladie chronique 0,03 -0,019 [0,98] [-0,43] Années d‟éducation du CM -0,003* -0,002** [-1,69] [-2,61] Log taille du ménage -0,045*** -0,039* [-4,13] [-1,87] Prop. de femmes 56+ faisant partie du ménage -0,133** -0,193* [-2,49] [-1,92] Prop. d‟hommes 56+ faisant partie du ménage -0,04 -0,124 [-0,22] [-0,58] Prop. de femmes 15-55 -0,166*** -0,146*** [-4,02] [-2,87] Prop. d‟hommes 15-55 0,052 0,032 [1,57] [0,72] Prop. de filles 0-6 -0,007 0,043 [-0,22] [0,76] Prop. de garçons 0-6 0,011 0,012 [0,34] [0,31] Terres non-agricoles possédées (100s m2) -0,0001 -0,001 [-1,31] [-1,31] Terres agricoles possédées (hectares) 0,0001 -0,002** [0,54] [-2,18] Tètes de gros bétails possédés 0,00004 0,0001 [0,21] [0,28] Tètes de petits bétails possédés -0,0001 -0,0001 [-0,35] [-0,54] Extérieur de l‟habitation est en ciment/tuiles 0,015 0,002 [1,12] [0,16] Log consommation par personne -0,007 0,002 [-0,78] [0,20] Constant 0,273** 0,337* [2,08] [1,71] Observations 2.782 1.549 R2 0,57 0,68 Note: La variable de dépendance est une variable nominale en ce qui concerne les ménages dirigés par des femmes. Un modèle de probabilité linéaire est utilisé. Les statistiques de Student sont indiquées entre parenthèses, regroupées au niveau communautaire. *** p<0,01, ** p<0,05, * p<,.1. Les régressions neutralisent également les variables des effets fixes d‟emplacement et les mois d‟interviews. Source: 2006 ELIM. 30 Tableau 3: Régressions de la consommation des ménages par tête (log) (1) (2) (3) (4) VARIABLES FHH MHH Rural Urbain CM est une veuve -- -- -0,128** -0,081** [-2,23] [-2,52] Age du CM 0,005 -0,009** -0,007* 0,001 [1,24] [-2,52] [-1,80] [1,30] Age au carré -- 0,0001** 0,00005 -- [2,16] [1,35] CM marié polygame -0,091 0,070*** -- -- [-0,43] [3,00] CM veuf -0,246** -0,045 -- -- [-2,29] [-0,71] CM divorcé/séparé -0,306 -0,001 -- -- [-1,48] [-0,01] CM avec maladie chronique l‟an passé 0,251* 0,079*** 0,084*** 0,095** [1,92] [3,69] [3,53] [2,56] Prop. d‟adultes avec maladie -0,611 0,112 0,096 0,083 [-1,39] [1,51] [1,12] [0,73] Années d‟éducation du CM -0,500*** -0,410*** -0,371*** -0,430*** [-6,95] [-22,02] [-16,99] [-21,15] Prop. de femmes 56+ faisant partie du ménage 0,396 -0,105 -0,083 -0,052 [0,55] [-1,08] [-0,67] [-0,41] Prop. d‟hommes 56+ 0,576 0,019 -0,901** 0,660** [1,28] [0,05] [-2,03] [2,14] Prop. de femmes 15-55 0,464** 0,157*** 0,177** 0,314*** [2,09] [2,79] [2,53] [4,60] Prop. d‟hommes 15-55 0,237 0,158** 0,074 0,323*** [1,07] [2,59] [1,04] [4,07] Prop. de filles 0-6 -0,038 -0,059 -0,055 -0,032 [-0,15] [-0,88] [-0,68] [-0,27] Prop. de garçons 0-6 0,054 -0,127** -0,123* -0,038 [0,19] [-2,01] [-1,67] [-0,36] Annees d‟éducation du CM 0,048*** -0,043*** -0,041*** -0,037*** [2,68] [-5,28] [-2,93] [-3,65] Années d‟éducation au carré -- 0,008*** 0,008*** 0,007*** [10,15] [4,77] [8,13] Terres non-agricoles (100s m2) 0,017 0,001*** 0,001*** 0,009*** [0,73] [5,30] [5,41] [2,66] Terres agricoles (hectares) -0,0001 0,002 0,002 -0,003 [-0,00] [1,20] [1,23] [-0,89] Tètes de gros bétails 0,007 0,005*** 0,005*** 0,006** [0,47] [5,96] [5,92] [2,12] Tètes de petits bétails 0,003 0,001** 0,002*** 0,0002 [0,85] [2,54] [2,73] [0,18] Extérieur en ciment/tuiles 0,209 0,354*** 0,264*** 0,388*** [1,64] [10,11] [5,08] [9,95] Rural -0,209 -0,108* -- -- [-1,08] [-1,91] Constant 11,988*** 13,343*** 12,437*** 13,117*** [15,25] [98,38] [31,79] [92,85] Observations 283 4.048 2.782 1.549 R2 0,727 0,651 0,587 0,553 Note: La variable de dépendance est définie comme le logarithme de la consommation par tête du ménage. Les statistiques de Student sont indiquées entre parenthèses, regroupées au niveau de la communauté. *** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1. Les régressions utilisent également les variables des effets fixes d‟emplacement et les mois d‟interviews. Source: 2006 ELIM. 31 Table 4: Impacts estimés du fait d’avoir une femme CM et une veuve CM sur le logarithme de la consommation du ménage par tête avec diverses combinaisons de variables (1) (2) (3) (4) Rural Urbain Variable dépendante Autres variables de control CM féminin CM veuve CM féminin CM veuve Log consommation par personne Pas d‟autres variables 0,197*** 0,098 -0,017 -0,101* (2,83) (1,62) (-0,33) (-1,89) Log consommation par personne seule Pas d‟autres variables -0,093 -0,207*** équivalente pour tenir compte des -0,134*** -0,141** (-1,53) (-3,57) économies d‟échelle (-2,90) (-2,45) Log consommation par personne Log taille du ménage -0,060 -0,175*** -0,118** -0,135** (-1,00) (-3,01) (-2,52) (-2,41) Log consommation par personne Comme ci-dessus + effets fixes de -0,147*** -0,215*** -0,160*** -0,188*** localisation et mois d‟interview (-2,60) (-3,50) (-3,65) (-4,19) Log consommation par personne Comme ci-dessus + statut marital -0,066 -0,189*** -0,078 -0,178*** (-0,89) (-3,43) (-0,97) (-3,63) Log consommation par personne Comme ci-dessus + âge et âge au -0,074 -0,171*** -0,065 -0,201*** carré (-0,99) (-3,06) (-0,80) (-4,11) Log consommation par personne Comme ci-dessus+ composition -0,057 -0,156*** -0,033 -0,199*** démographique du ménage (-0,76) (-2,72) (-0,46) (-3,99) Log consommation par personne Comme ci-dessus+ années -0,058 -0,139** 0,017 -0,067 d‟éducation et leur carré (-0,81) (-2,44) (0,24) (-1,52) Log consommation par personne Comme ci-dessus + avoirs -0,063 -0,129** 0,005 -0,056 (-0,88) (-2,28) (0,08) (-1,50) Log consommation par personne Comme ci-dessus +maladie -0,046 -0,121** 0,012 -0,064** chronique du CM et des autres (-0,63) (-2,24) (0,18) (-2,09) membres Observations 2.797 ─ 2.772 1.578 ─ 1.544 Note: La consommation par personne seule équivalente est définie comme le logarithme de la consommation du ménage normalisé par la racine carré de la taille du ménage. L‟échantillon rural omet 11 foyers dirigés par des divorcés (6 femmes et 5 hommes); l‟échantillon urbain omet 6 foyers dirigés par des hommes divorcés. De plus, le nombre d‟observations varie d‟une régression à une autre, comme indiqué, en raison d‟observations manquantes pour certaines variables neutralisées, notamment les avoirs et les maladies chroniques d‟autres membres du foyer. Les statistiques de Student sont indiquées entre parenthèses, regroupées au niveau communautaire. *** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1. Source: 2006 ELIM. 32 Tableau 5: Échantillon de femmes âgées de 15 à 49 ans regroupées par statut marital issu de l’EDS 2006 Statut marital Urbain Rural Total Non-mariée 865 880 1.745 16,97% 9,20% 11,85% Mariée une fois 3.324 7.173 10.497 61, 59% 75,49% 70,74% Mariée, précédemment veuve 110 320 430 2,41% 3,67% 3,24% Mariée, précédemment divorcée 567 830 1.397 13,35% 9,46% 10,79% Veuve 98 127 225 1,84% 1,27% 1,47% Divorcée 179 110 289 3.83% 0.91% 1.91% Total 5.143 9.440 14.583 100% 100% 100% Note: Taille de l‟échantillon et pourcentages de la population. Les pourcentages sont pondérés en fonction de la population. Source: 2006 Mali EDS. 33 Table 6: Probits pour expliquer le veuvage (1) (2) (3) (4) (5) (6) Total Urbain Rural Age 0,005*** 0,005*** 0,003 0,003 0,006*** 0,006*** [3,35] [3,41] [1,31] [1,27] [3,30] [3,34] Age au carré -0,000 -0,000 0,000 0,000 -0,000 -0,000 [-0,75] [-0,81] [0,12] [0,14] [-1,14] [-1,16] Age au premier mariage -0,001 -0,001 -0,002** -0,002** -0,000 -0,000 [-1,21] [-1,17] [-2,21] [-2,10] [-0,02] [-0,03] Années d‟éducation -0,001 -0,001 -0,001 -0,001 -0,000 -0,000 [-1,29] [-1,05] [-1,30] [-1,34] [-0,06] [-0,08] Quintile de richesse 1 -- -0,000 -- -0,008 -- -0,002 [-0,04] [-0,59] [-0,30] Quintile 2 -- 0,001 -- -0,005 -- -0,001 [0,11] [-0,47] [-0,24] Quintile 3 -- 0,005 -- -0,012 -- 0,005 [0,75] [-1,43] [0,83] Quintile 4 -- 0,009 -- 0,005 -- -- [1,34] [0,83] Né en ville 0,004 0,004 0,003 0,002 0,006 0,005 [0,80] [0,89] [0,56] [0,28] [0,76] [0,73] Taille -0,000 -0,000 0,000 0,000 -0,000 -0,000 [-0,63] [-0,65] [0,05] [0,00] [-0,79] [-0,80] Bambara -0,005 -0,003 -0,003 -0,004 -0,004 -0,003 [-0,70] [-0,48] [-0,34] [-0,43] [-0,52] [-0,40] Malinke 0,001 0,002 0,010 0,010 -0,005 -0,005 [0,17] [0,27] [0,78] [0,76] [-0,50] [-0,48] Peulh -0,010 -0,010 -0,003 -0,004 -0,013 -0,013 [-1,49] [-1,35] [-0,27] [-0,34] [-1,46] [-1,40] Sarkole 0,010 0,011 -0,004 -0,004 0,020* 0,021* [1,20] [1,31] [-0,37] [-0,31] [1,81] [1,86] Sonrai 0,008 0,007 -0,005 -0,006 0,015 0,015 [0,95] [0,90] [-0,50] [-0,57] [1,38] [1,31] Dogon -0,019** -0,018** -0,025*** -0,025*** -0,016 -0,016 [-2,30] [-2,17] [-2,86] [-2,87] [-1,62] [-1,52] Tanachek -0,003 -0,003 0,003 0,002 -0,006 -0,007 [-0,31] [-0,31] [0,23] [0,14] [-0,51] [-0,53] Senoufo -0,009 -0,008 0,005 0,005 -0,013 -0,013 [-1,13] [-0,98] [0,37] [0,35] [-1,50] [-1,40] Bobo 0,005 0,006 0,008 0,009 0,003 0,005 [0,34] [0,46] [0,34] [0,38] [0,22] [0,31] Rural 0,003 0,003 -- -- -- -- [0,67] [0,60] Pseudo R2 0,113 0,114 0,158 0,161 0,102 0,102 Observations 12.212 12.212 3.961 3.961 8.251 8.251 Note: La variable de dépendance est une indicatrice du fait que la femme soit ou ait été veuve. Les statistiques robustes de Student, regroupées au niveau de la communauté sont indiquées entre parenthèses. *** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1. Le tableau présente des effets marginaux. Les régressions rurales excluent les quintiles de richesse 4 et 5 puisque très peu de ménages ruraux se trouvent dans le quintile 5. Les quintiles de richesse sont calculés par l‟EDS sur la base d‟un indice des biens et des attributs de l‟habitation et de l‟accès à l‟eau, et généré par une analyse en composantes principales. L‟indice est exprimé au niveau du ménage et non par personne. Source : 2006 Mali EDS. 34 Tableau 7: Écarts moyens entre les veuves et les non veuves à différents âges Proportion de femmes Proportion de femmes Proportion de femmes avec Centiles de poids pour taille, IMC(x100) avec IMC>1900 avec enfants dépendants enfants vivant ailleurs enfants âgés 0-5. Veuve ou ayant été Veuve ou ayant été Veuve ou ayant été veuve Veuve ou ayant été Veuve remariée veuve veuve veuve Age de la Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain Rural Urbain femme 15 61,83 -41,74 -0,01 0,26 0,07 0,18 0,10 -0,60 -1,22 2,96 (0,74) (-0,36) (-0,09) (3,53) (0,51) (0,85) (0,67) (-3,40) (-0,32) (0,44) 20 -8,50 -15,51 -0,06 0,13 0,10 0,17 0,23 -0,23 -6,57 6,18 (-0,18) (-0,25) (-0,82) (2,90) (1,23) (1,35) (2,41) (-2,30) (-1,18) (0,57) 25 -50,41 4,09 -0,09 0,04 0,12 0,16 0,29 0,04 -3,24 0,42 (-1,74) (0,08) (-2,23)) (1,29) (2,53) (2,16) (5,68) (0,61) (-1,15) (0,07) 30 -63,92 17,06 -0,10 -0,01 0,14 0,15 0,31 0,20 -1,58 -4,18 (-2,33) (0,30) (-3,11) (-0,33) (3,50) (2,60) (7,80) (3,11) (-0,72) (-1,12) 35 -49,01 23,38 -0,08 -0,03 0,15 0,15 0,26 0,25 -1,60 -7,62 (-1,80) (0,40) (-2,80) (-0,88) (4,09) (2,61) (6,95) (4,13) (0,67) (-2,11) 40 -5,69 23,08 -0,05 -,004 0,17 0,14 0,17 0,19 -3,30 -9,90 (-0,23) (0,46) (-1,93) (-0,18) (5,27) (2,87) (5,09) (4,02) (-1,35) (-3,21) 45 66,04 16,13 0,008 0,05 0,17 0,14 0,01 0,03 -6,68 -11,00 (1,91) (0,30) (0,30) (2,18) (4,68) (2,50) (0,42) (0,48) (-1,91) (-2,75) 50 200,14 -7,34 0,11 0,20 0,17 0,14 -0,26 -0,39 -13,91 -8,75 (2,53) (-0,06) (1,54) (3,73) (1,70) (1,09) (-2,81) (-2,27) (-1,74) (-0,76) Obs. 9.052 4.792 9.052 4.792 9.026 4.774 9.052 4.792 7.309 3.098 Note: Le tableau donne la moyenne pour les veuves moins celle des non veuves. Les femmes qui ont été veuves incluent les femmes aujourd‟hui veuves ainsi que les femmes ayant été veuves, mais aujourd‟hui remariées. Les statistiques de Student sont indiquées entre parenthèses. L‟EDS multiplie l‟IMC par 100. Source : 2006 Mali EDS. 35 Tableau 8: Écarts moyens dans la scolarisation des enfants de veuves et de non veuves Inscriptions à l‟école d‟enfants Ecarts de genre dans l‟inscription à dépendants habitants avec leur mère l‟école pour enfants dépendants habitant avec leur mère (garçon–fille) Veuve ou ayant été veuve Veuve ou ayant été veuve Age de l‟enfant Rural Urbain Rural Urbain 6 0,01 -0,02 0,03 0,14 (0,44) (-0,41) (7,47) (7,27) 8 -0,01 -0,06 0,02 0,11 (-0,45) (-0,74) (3,61) (6,76) 10 -0,04 -0,09 0,01 0,08 (-1,25) (-1,06) (2,47) (4,35) 12 -0,07 -0,13 0,02 0,04 (-2,13) (-1,56) (4,82) (2,05) 14 -0,07 -0,16 0,03 0,09 (-0,64) (-0,61) (6,45) (4,61) Obs. 11.267 4.228 11.286 4.222 Note: Le tableau donne la moyenne pour les veuves moins celle des non veuves. Les femmes qui ont été veuves incluent les femmes aujourd‟hui veuves ainsi que les femmes ayant été veuves, mais aujourd‟hui remariées. Les statistiques de Student sont indiquées entre parenthèses. Source : 2006 Mali EDS. Tableau 9 : Pourcentages de femmes montrant l’obtention de la permission de se faire soigner et le manque d’argent comme entraves à la recherche de soins de santé pour elles- mêmes en cas de maladie, par statut marital Permission Argent Rural Urbain Rural Urbain Mariée une fois 20,2 13,1 59,0 39,1 (40,2) (33,8) (49,2) (48,8) Mariée, précédemment veuve 25,2 29,4 65,5 60,7 (43,5) (45,8) (47,6) (49,1) Mariée, précédemment divorcée 17,4 10,5 54,4 35,5 (38,0) (30,6) (49,8) (47,9) Veuve 18,4 10,1 80,5 62,7 (38,9) (30,3) (39,8) (48,6) Divorcée 18,9 10,1 70,3 43,6 (39,4) (30,2) (45,9) (49,7) Note: Les chiffres sont pondérés en fonction de la population. Les déviations standard sont données entre parenthèses. Source: 2006 Mali EDS. 36 Graphique 1: IMC des femmes, regroupées par âges et statut marital, dans les régions rurales du Mali Source: 2006 Mali EDS Graphique 2: IMC des femmes, regroupées par âges et statut marital, dans les régions urbaines du Mali Source: 2006 Mali EDS 37 Graphique 3: Proportion des femmes des régions rurales du Mali, regroupées par âge et statut marital, dont l‟IMC est supérieur à 1900 Source: 2006 Mali EDS Graphique 4: Proportion des femmes des régions urbaines du Mali, regroupées par âge et statut marital, dont l‟IMC est supérieur à 1900 Source: 2006 Mali EDS 38 Graphique 5: Proportion de femmes des régions rurales du Mali, regroupées par âge et statut marital, ayant des enfants à charge Source: 2006 Mali EDS Graphique 6: Proportion de femmes des régions urbaines du Mali, regroupées par âge et statut marital, ayant des enfants à charge Source: 2006 Mali EDS 39 Graphique 7: Proportion de femmes des régions rurales du Mali, regroupées par statut marital, ayant des enfants qui résident ailleurs, en 2006 Source: 2006 Mali EDS Graphique 8: Proportion de femmes des régions urbaines du Mali, regroupées par statut marital, ayant des enfants qui résident ailleurs, en 2006 Source: 2006 Mali EDS 40 Graphique 9: Centiles de poids pour la taille des enfants dépendants habitant avec leur mère, âgés entre 0 et 5 ans, regroupés par le statut marital de la mère, dans les régions rurales du Mali, en 2006 Source: 2006 Mali EDS Graphique 10: Centiles de poids pour la taille des enfants dépendants et habitant avec leur mère, âgés entre 0 et 5 ans, regroupés par le statut marital de la mère, dans les régions urbaines du Mali, en 2006 Source: 2006 Mali EDS 41 Graphique 11: Taux de scolarisation des enfants dépendants et habitant avec leur mère, âgés entre 5 et 14 ans, regroupés par âge et statut marital de la mère dans les régions rurales du Mali, en 2006 Source: 2006 Mali EDS Graphique 12: Taux de scolarisation des enfants dépendants et habitant avec leur mère, âgés entre 5 et 14 ans, regroupés par âge et statut marital de la mère dans les régions urbaines du Mali, en 2006 Source: 2006 Mali EDS 42 Graphique 13: Écarts de genre concernant le taux de scolarisation pour les enfants dépendants et habitant avec leur mère, âgés entre 5 et 14 ans, regroupés par âge et statut marital de la mère dans les régions rurales du Mali, en 2006 Note: les échantillons de femmes actuellement veuves et de femmes actuellement divorcées sont mis de côté en raison de leur petitesse. Veuillez noter qu‟il existe des problèmes liés à la petite taille des échantillons en ce qui concerne le groupe de femme mariées, mais qui ont été veuves, dans les régions urbaines – les échantillons de garçons et de filles dans chaque groupe d‟âge contiennent en moyenne 10-15 observations, mais se sont avérés manquant lorsque les échantillons sont descendus sous la barre des 10 observations. Source: 2006 Mali EDS. 43 Graphique 14: Écarts de genre concernant le taux de scolarisation pour les enfants dépendants âgés entre 5 et 14 ans, regroupés par âge et suivant que la mère reste à la maison ou non, dans les régions rurales et urbaines du Mali, en 2006 Source: 2006 Mali EDS. Note: La mère peut être ou non en vie. Les chiffres se limitant aux mères en vie sont qualitativement très similaires. 44