CARTOGRAPHIE DES IMPACTS AU BURKINA FASO : Impact au niveau national des programmes de protection sociale adaptative au Sahel DONNÉES DE LA RÉGION1 Au Sahel, la Protection Sociale Adaptative (PSA) est un ensemble de politiques, systèmes et programmes de protection sociale qui renforcent le capital humain, la productivité et la résilience des plus pauvres, tout en améliorant leur capacité à se préparer, faire face et s’adapter aux chocs. Grâce à la mise en place de filets sociaux réguliers, d’interventions d’inclusion productive et de programmes réactifs aux chocs, la PSA a démontré des impacts positifs significatifs sur diverses dimensions du bien-être au Sahel. Pour les plus pauvres et les plus vulnérables, elle a permis des améliorations du bien-être des ménages, de la sécurité alimentaire, de la productivité et de la résilience. Plus largement, elle a montré des effets positifs importants sur l’économie, la société et les générations futures. 1 Les données présentées à des fins d'illustration sont issues des évaluations d’impact rigoureuses de programmes de PSA, qui p euvent inclure des programmes de filets sociaux, d'inclusion productive, de réponse aux chocs, et autres programmes de protection sociale. Pour en savoir plus, visitez le site www.worldbank.org/ppsas ÉLÉMENTS CONCRETS PLUS DÉTAILLÉS PROVENANT DU BURKINA FASO Encadré 1. Programmes Le Burkina Faso de longue date mis en œuvre des filets sociaux pour protéger la Une première phase de filets sociaux consommation des ménages pauvres et Démarré en 2008 dans le sud du Burkina Faso, environ 2 600 familles dans vulnérables, augmenter leur productivité, et 60 villages de la province du Nahouri ont bénéficié de filets sociaux protéger le capital humain des générations pendant deux ans. Les bénéficiaires étaient les familles ayant des enfants futures en protégeant la santé et l'éducation des de moins de 15 ans qui étaient orphelins, vivaient avec une personne vivant avec le VIH, ou vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Des enfants. Depuis plus d'une décennie, les transferts monétaires d'un montant approximatif de 3 500 FCFA (~7 USD) évaluations d'impact ont montré les effets de par mois ont été versés trimestriellement aux ménages. ces efforts. Filets sociaux à grande échelle « Burkin Naong Sa Ya » Une première phase de filets sociaux en 2008 a En 2014, le PFS-BNS a été déployé pour protéger la consommation des eu des effets positifs sur l'éducation et la santé ménages pauvres, les aider à renforcer leur résilience et protéger le des enfants ainsi que sur les conditions socio- capital humain des générations futures. Des transferts monétaires économiques des ménages. Une deuxième d'environ 11 700 FCFA (~19 USD) par mois ont été versés pendant trois phase de filets sociaux, le Filets sociaux – ans (20 % des dépenses mensuelles moyennes des ménages pauvres). Ces transferts étaient distribués trimestriellement. Le programme Burkin Naong Sa Ya (PFS-BNS), mis en organisait également des séances de partage de bonnes pratiques sur la œuvre de 2014 à 2024, a permis d'amél iorer le nutrition et le développement de la petite enfance au niveau des villages. revenu des ménages pauvres et vulnérables, les En 2024, le programme couvrait 1 293 365 bénéficiaires directs au sein actifs, l’épargne, ainsi que la nutrition et les des ménages pauvres et vulnérables. Environ 54 % des bénéficiaires étaient des femmes. résultats scolaires de leurs enfants. Mesures d'inclusion productive En outre, les mesures d'inclusion productive du PFS-BNS ont augmenté les revenus et actifs des Des mesures d'inclusion productive ont été fournies à 21 265 bénéficiaires, presque exclusivement des femmes, bénéficiaires de PFS- bénéficiaires, dont la plupart étaient des BNS. Ce programme comprenait des groupes d'épargne et de crédit, une femmes, et les ont aidés à diversifier leurs formation et un accompagnement en matière d'entrepreneuriat, une moyens de subsistance, réduisant ainsi les formation aux compétences de vie, des sessions communautaires sur les écarts entre les femmes et les hommes, et normes sociales, l'accès aux marchés, et une subvention en espèces d'un montant forfaitaire de 100 000 FCFA (~170 USD). renforçant la résilience face aux chocs climatiques. IMPACT DES PROGRAMMES DE FILETS SOCIAUX ET DE SES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT RELATIVES AU CAPITAL HUMAIN #1 | Les filets sociaux ont L'évaluation du programme PFS-BNS a révélé que les ménages qui recevaient des permis aux ménages pauvres transferts directs en même temps que les séances mensuelles d'information sur la santé et vulnérables d’augmenter et la nutrition avaient un revenu total plus élevé, même 16 mois après la fin du leurs revenus, qui se sont programme. Ce résultat est dû à une augmentation de 15 % du revenu agricole. Les maintenus même après résultats indiquent qu'au-delà de l'utilisation des filets sociaux pour répondre aux l'arrêt du programme. besoins essentiels et immédiats de consommation, les ménages ont pu augmenter leur productivité et leur revenu global, ce qui peut à son tour renforcer leur capacité à répondre à des besoins essentiels futurs. Ainsi, le programme a montré le potentiel pour les ménages pauvres et vulnérables au changement climatique d'avoir de meilleurs revenus et une consommation plus élevée même après la fin du programme. #2 | Le programme a en Le patrimoine total des ménages a augmenté de 32 % grâce aux transferts et aux séances mensuelles d'information. Les transferts seuls (sans séances d'information) ont également outre permis aux ménages augmenté la participation aux groupes d'épargne de 134 %, l'épargne informelle des d'accumuler davantage ménages de 65 %, et la possession d'animaux de 11 %. Ces niveaux plus élevés d'épargne d'actifs et d'épargner, et d'actifs renforcent la résilience des ménages face aux chocs futurs en les protégeant renforçant ainsi leur capacité contre des stratégies d'adaptation réduction de la consommation essentielle (nourriture) et de production future, leur la réduction des investissements dans le capital humain (santé et éducation). En outre, les potentiel de diversification des actifs et l'épargne accumulés permettent aux ménages d'investir davantage dans des revenus, et leur résilience aux activités productives, de diversifier leurs sources de subsistance et de devenir ainsi plus chocs climatiques et au résilients aux chocs climatiques et, à plus long terme, au changement climatique qui affecte changement climatique. les moyens de subsistance agricoles traditionnels. #3 | Les filets sociaux La première phase de filets sociaux mis en œuvre en 2008 a permis d'augmenter aident les ménages pauvres à considérablement les inscriptions, la fréquentation scolaire et le passage de classe des investir dans les générations jeunes enfants issus de ménages pauvres. En outre, la nutrition des enfants de moins de futures en protégeant la santé 5 ans s'est améliorée, en particulier pendant les années de mauvaises récoltes. Ainsi, les et l'éducation des enfants, y filets sociaux ont renforcé la résilience des enfants en matière de santé en évitant les compris pendant les chocs. stratégies d'adaptation négatives. En outre, les ménages pauvres ont augmenté les visites médicales de routine pour les enfants de moins de 5 ans et ont déclaré moins de maladies pour ces enfants. De même, le PFS-BNS étendu à l'échelle nationale a continué d'avoir des effets positifs sur la santé et l'éducation des enfants. Le programme a permis d'améliorer les compétences linguistiques, la motricité globale, et les compétences sociales personnelles des enfants. La nutrition des enfants de moins de 5 ans, mesurée par des indicateurs anthropométriques à moyen terme, s’est aussi améliorée. En outre, chez les enfants âges 6 à 15 ans, on a observé une augmentation de 14,3 % de la scolarisation, 14,9 % du nombre d'années de scolarité, 14,8 % de la probabilité d'achever une scolarité, et 16,4 % du passage en classe supérieure. #4 | Enfin, le programme a La première phase de filets sociaux a démontré une augmentation de 2,5 fois de la perception subjective de leur statut social par les bénéficiaires. Alors que seulement 3 % amélioré le sentiment des des bénéficiaires avaient le sentiment d'être mieux lotis que le citoyen moyen du pays au participants de leur statut départ, après le programme, 7,5 % des bénéficiaires partageaient cette opinion. Ainsi, social. au-delà des résultats économiques, le programme a renforcé la perception de statut social des bénéficiaires qui comptaient parmi les ménages les plus pauvres et les plus vulnérables. IMPACT DES MESURES D'INCLUSION PRODUCTIVE Bien qu'elles aient été mises en œuvre sur la période 2019 -2020, dans le contexte de #5 | Les mesures la COVID-19 et de l'insécurité accrue dans les régions de mise en œuvre du programme, d'inclusion productive ajoutées au PFS-BNS ont les mesures d'inclusion productive ont permis d'améliorer considérablement les permis d'accroître les revenus, revenus, la productivité et l'épargne des bénéficiaires. Le programme a entraîné une l'épargne et la capacité de augmentation de 37 % du revenu annuel non agricole des bénéficiaires et une production future des jeunes augmentation de 75 % du nombre de jours qu'elles consacrent à des activités femmes. génératrices de revenus non agricoles. Le programme a également augmenté la valeur des récoltes agricoles des bénéficiaires de 39 à 43 % en fonction des activités mises en œuvre. #6 | Les mesures En augmentant l'épargne de 251 %, les actifs commerciaux de 94 % et la valeur du d'inclusion productive ont bétail de 34 %, l'intervention d'inclusion productive a renforcé la capacité des femmes considérablement accru la à être productives à l'avenir et à diversifier leurs moyens de subsistance au-delà de résilience des activités l'agriculture traditionnelle, renforçant ainsi la résilience au changement climatique. En économiques des femmes aux outre, la forte réserve constituée par l'épargne et les actifs permet une résilience accrue chocs et au changement face aux chocs futurs. La plupart des femmes ont continué à participer à des groupes climatique, bien qu'elles aient d'épargne même 12 mois après la fin du programme, ce qui peut constituer un solide été mises en œuvre dans le contexte de la COVID-19 et de réseau informel d'assurance sociale et améliorer davantage la résilience. Ces progrès l'insécurité. ont été réalisés dans le contexte de la COVID-19 et de l'insécurité accrue, mettant en évidence les effets protecteurs de ces interventions, même lorsque leur mise en œuvre est rendue difficile. #7 | Au-delà des revenus et Les participantes ont fait état d'une capacité accrue à mobiliser un soutien financier en des actifs, les réseaux sociaux cas de choc. Elles ont également accru leur participation aux activités communautaires des bénéficiaires et leur locales telles que la participation à des associations villageoises, les dons, et le participation aux activités bénévolat. De plus, la santé mentale et les attentes pour l'avenir se sont également communautaires se sont améliorées grâce au programme. Les effets sur la santé sociale et mentale dans le développés, ce qui a renforcé à contexte de l'insécurité et des chocs mettent en évidence les effets protecteurs de la fois le bien-être personnel l'intervention et la capacité accrue de résilience future, bien qu'elle soit mise en œuvre et la résilience. dans un contexte sécuritaire difficile. Références: Akresh, R., de Walque, D., & Kazianga, H. (2016). Evidence from a randomized evaluation of the household welfare impacts of conditional and unconditional cash transfers given to mothers or fathers (Development Research Group Human Development and Public Services Team Working Paper 7730). World Bank. Akresh, R., de Walque, D., & Kazianga, H. Évaluation de l'impact du filet de sécurité et du développement de la petite enfance au Burkina Faso - Résultats préliminaires. Paper forthcoming. Bossuroy, Thomas, Dean Karlan, Harounan Kazianga, William Pariente, Patrick Premand, Christopher Udry, Julia Vaillant, Kelsey Wright. (2024). Impact of the productive inclusion measures of the Burkin Naong Sa Ya program (2019-2020). (Sahel Adaptive Social Protection Program Technical Working Paper.) World Bank. © 2025 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale 1818 H Street NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Site web : www.worldbank.org Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les constatations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Banque mondiale, de ses Administrateurs, ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité, ni l’actualité des données citées dans cet ouvrage. 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