91655 LE POINT DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU BÉNIN AUTOMNE 2014 Gestion macroéconomique et budgétaire Banque mondiale Table des matières Avant-propos .....................................................................................................................................2 Aperçu...............................................................................................................................................3 PREMIÈRE PARTIE: BILAN ÉCONOMIQUE.............................................................................................4 1. Au niveau politique ....................................................................................................................4 2. Au niveau économique ...............................................................................................................4 Croissance économique......................................................................................................................... 4 Politique budgétaire.............................................................................................................................. 6 Balance des paiements ......................................................................................................................... 7 Secteur monétaire et bancaire.............................................................................................................. 7 Inflation et prix...................................................................................................................................... 8 3. Réformes structurelles................................................................................................................9 4. Perspectives économiques ........................................................................................................ 11 DEUXIÈME PARTIE : CROISSANCE ET PAUVRETÉ ................................................................................ 13 5. La pauvreté au Bénin ................................................................................................................... 13 6. Lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté .................................................................. 16 7. Emploi, marché du travail et pauvreté ......................................................................................... 20 8. Accélérer la croissance favorable aux pauvres .............................................................................. 22 Accroître la productivité agricole ....................................................................................................... 23 Encourager la régularisation et promouvoir l’expansion du secteur formel ...................................... 25 Annexe 1 : Indicateurs économiques, Bénin, 2000-2014 .................................................................... 29 Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 1 AVANT-PROPOS P remier d’une série de rapports destinés à décrire et analyser l’évolution récente de la situation économique au Bénin, le présent rapport donne un aperçu des principaux aspects macroéconomiques, politiques et structurels du pays en 2013 et au début de 2014. Ses auteurs sont Boulel Touré et David Cal MacWilliam, économistes senior à la Banque mondiale. Miria A. Pigato Chef des Pratiques Pôle Macroéconomie et finances publiques des Pratiques mondiales (GMFDR) Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 2 APERÇU  Le Bénin a marqué des progrès sensibles au cours de la dernière décennie en améliorant la stabilité économique, ce qui a jeté les bases d’une croissance certes modeste mais plus rapide. Après avoir affiché une moyenne inférieure à 3,7 % entre 2007 et 2011, la croissance du PIB a augmenté à 5,4 % en 2012 pour atteindre 5,6 % en 2013 et devrait rester vigoureuse, à 5,5 %, en 2014.  L’accélération de la croissance a bénéficié des gains d’efficacité du Port de Cotonou, centre nerveux du commerce régional, qui ont contribué à stimuler les échanges et à réduire les coûts d’expédition marginaux. Par ailleurs, des conditions météorologiques favorables et la gestion relativement efficace des récentes campagnes cotonnières ont permis d’accroître la production de coton et d’autres produits agricoles.  La croissance économique récente n’a cependant pas réduit sensiblement la pauvreté, en raison des aspects distributifs de l’inégalité conjugués à l’augmentation rapide de la population. Malgré une légère amélioration des conditions de vie des ménages les plus pauvres, avec notamment un recul de l’extrême pauvreté, la croissance récente n’a pratiquement eu aucun impact sur les taux de pauvreté.  La proportion de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté national a légèrement reculé, de 37,5 % en 2006 à 36,2 % en 2011, mais calculé sur la base de la norme internationale de 1,25 dollar par jour, le taux de pauvreté se maintient à 50,9 %. En revanche, la pauvreté fondée sur le patrimoine affiche un déclin prolongé. La pauvreté touche davantage les ménages ruraux, et bien que ceux dirigés par une femme soient généralement moins pauvres, ils risquent davantage de tomber dans la pauvreté.  Le lien ténu entre la croissance macroéconomique et la réduction de la pauvreté s’explique en grande partie par la faible augmentation du revenu par habitant. En outre, le caractère très informel de l’économie, une productivité faible et en baisse, notamment dans le secteur agricole, et le manque de diversification économique contribuent à la persistance de la pauvreté au Bénin.  La croissance agricole a été davantage tirée par l’expansion des terres cultivées que par des gains de productivité. De même, l’augmentation de la population active du pays a beaucoup plus contribué au PIB que l’accroissement de la productivité de la main-d’œuvre. La croissance du secteur salarié structuré reste lente et peu d’emplois hautement productifs et bien rémunérés sont créés.  Pour renforcer le lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté, il faut accroître la productivité, améliorer le climat des affaires et de l’investissement, et promouvoir le développement du secteur formel. Dans ce contexte, le rapport vise à fournir une analyse opportune de l’évolution récente de la situation économique du Bénin et à enrichir le dialogue sur la gestion macroéconomique et la réduction de la pauvreté. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 3 PREMIÈRE PARTIE: BILAN ÉCONOMIQUE 1. Au niveau politique 1.1 Des élections législatives et présidentielles doivent se tenir en 2015 et 2016, respectivement. La troisième série d’élections municipales, qui devait avoir lieu en mars 2013, a été reportée. La nouvelle date n’a pas encore été arrêtée, le processus de correction de la liste électorale utilisée pour les élections présidentielles de 2011 est actuellement en cours. 2. Au niveau économique Croissance économique 1.2 Le PIB réel a progressé de 5,4 % en Figure 1 : Contributions sectorielles à la croissance, 2006-13 2012 et de 5,6 % en 2013, soit une nette (%) amélioration par rapport au taux moyen de 3,68 % enregistré au cours des cinq années 6 précédentes ; le taux de croissance devrait se maintenir à 5,5 % en 2014. Cette croissance 5 2,2 2,4 récente a été principalement alimentée par le 4 commerce et l’agriculture. Les aménagements réguliers du Port de Cotonou ont accru le trafic 3 1,0 0,7 0,7 et produit des gains d’efficacité, tandis que les 1,3 1,3 0,4 conditions météorologiques favorables ont 2 renforcé la production agricole. La production 0,4 2,6 2,6 1 0,6 1,9 cotonnière devrait atteindre 350 000 tonnes 1,0 0,7 pendant la saison 2014-2015, en hausse de 0 14 % par rapport à 2013. 1.3 La contribution importante et Tertiaire Secondaire Primaire grandissante des secteurs primaire et Source : INSAE tertiaire à la croissance du PIB reflète l’impact de la production cotonnière et du commerce portuaire (Figure 1). Le secteur secondaire, qui est étroitement lié à la production agricole, a bénéficié du bond en avant des activités d’égrenage du coton. Globalement, la fabrication liée au coton représente 33 % de la valeur ajoutée dans le secteur secondaire. 1.4 Du côté de la demande, la consommation a jusqu’à présent été le principal moteur de la croissance. La demande de biens d’équipement et de services liés aux investissements a fortement augmenté en 2013, stimulée par l’accroissement de la prospection pétrolière. Cependant, du fait que cette activité est tributaire des importations, cela n’a eu guère d’impact sur la production intérieure, entraînant au contraire une nette hausse des exportations nettes. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 4 Tableau 1 : Contribution à la croissance du PIB (en points de pourcentage) 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Consommation -0,01 4,28 2,06 6,58 3,86 5,27 Investissement 3,04 -2,81 1,73 -0,11 9,41 -5,08 Exportations nettes -0,38 1,08 -0,46 -1,08 -7,63 5,30 PIB 2,66 2,55 3,33 5,39 5,65 5,48 Source : INSAE et Calculs des services de la Banque mondiale. 1.5 Trois phénomènes essentiels ont influé sur la croissance récente an Bénin. Le premier est une croissance démographique rapide qui freine la croissance du revenu par habitant. Avec un taux d’accroissement annuel de la population de 3,5 % en moyenne, même une croissance soutenue du PIB de 5,5 % n’a pas suffi à accroître sensiblement le revenu par habitant ou à réduire la pauvreté. La deuxième partie du rapport examine de plus près les caractéristiques de la pauvreté au Bénin et les liens entre la croissance et la réduction de la pauvreté. 1.6 Ensuite, Le taux de croissance de 5,5 % atteint au cours des 2 dernières années est historiquement le taux le plus élevé sur une période moyenne de 3 ou 5 ans . Pour accélérer encore la croissance, le pays devra lancer un vaste programme de réformes structurelles assorties de mesures d’accroissement de la productivité et de promotion de l’investissement privé. (Voir la deuxième partie pour un examen plus approfondi du programme de réforme.) 1.7 Troisièmement, malgré des taux de croissance record, les résultats macroéconomiques du Bénin restent inférieurs à ceux des pays de référence. Les écarts de croissance entre le Bénin et les pays de référence les plus performants (Tableau 2) sont essentiellement dus à des taux de productivité relativement faibles. La Figure 2 indique le coefficient marginal de capital (ICOR) du Bénin et des pays de référence pendant les périodes 2004-2008 et 2009-2013. L’ICOR est le rapport entre l’investissement et la croissance, qui est égal à 1 divisé par le produit marginale de capitale: plus l’ICOR est élevé, plus la productivité du capital est faible. Durant les deux périodes, la valeur moyenne de l’ICOR au Bénin est nettement supérieure à celle des pays de référence. Tableau 2 : Taux de croissance du PIB, Bénin et pays de référence, 2004-2013 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2004/ 2009/ 2008 2013 Bénin 3,1 2,9 3,8 4,6 5,0 2,7 2,6 3,5 5,4 5,6 4,9 3,9 Bangladesh 6,3 6,0 6,6 6,4 6,2 5,7 6,1 6,7 6,2 6,0 5,2 6,3 Burkina Faso 4,5 8,7 6,8 3,6 5,8 3,0 7,9 4,2 9,5 6,5 5,3 5,9 Ethiopie 13,6 11,8 10,8 11,5 10,8 8,8 12,6 11,2 8,7 10,4 3,4 11,7 Rwanda 6,9 9,0 8,6 7,6 11,2 6,2 6,3 7,5 7,3 4,6 8,0 8,7 Tanzanie 7,8 7,4 6,7 7,1 7,4 6,0 7,0 6,4 6,9 7,0 6,2 7,3 Source : Calculs des services de la Banque mondiale . Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 5 Figure 2 : Valeurs moyennes du coefficient marginal de capital, Bénin et pays de référence, 2004-08 et 2009-13 06 05 04 03 02 01 00 2004/2008 Source : Calculs des services de la Banque mondiale. Politique budgétaire 1.8 En 2013, le déficit budgétaire global1 a Figure 3 : Variables budgétaires (en % du PIB), 2009–13 été maintenu à 3,6 % du PIB, à peine plus 30 que le taux prévu de 3,5 %. Les recettes totales, dons non compris, ont atteint 19,4 % du 25 PIB, contre 18,8 % en 2012. Les recettes 20 douanières, une importante source de 15 financement intérieur, ont augmenté de 8,3 % du PIB en 2012 à 9,1 % en 2013. Cette 10 augmentation s’explique en partie par 5 l’accroissement des importations de produits 0 réexportés par des voies non officielles au -5 Nigéria, qui a mis en place de nouvelles barrières commerciales. Néanmoins, les recettes -10 Recettes Dépenses fiscales intérieures sont restées inférieures aux Masse salariale Solde budgétaire attentes. Source : INSAEet services de la Banque mondiale. 1.9 Le gouvernement a maintenu une politique de contrôle rigoureux des dépenses courantes, tout en augmentant les investissements dont le pays a grandement besoin. Les dépenses d’équipement ont fortement progressé en 2013, dépassant les projections d’un demi- point de pourcentage du PIB. En revanche, les dépenses courantes sont restées constantes en termes relatifs. Le montant net des prêts a également dépassé les projections d’environ un demi- point de pourcentage du PIB, la compagnie nationale de gestion du secteur cotonnier ayant souscrit un prêt important ; ce prêt doit cependant être remboursé en 2014. Les dépenses sociales prioritaires ont été conformes au budget. La politique budgétaire du Bénin reste compatible avec 1 Sur la base des encaissements et décaissement, dons non compris. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 6 la viabilité de la dette, et un accroissement modeste mais soutenu des dépenses d’équipement devrait stimuler la croissance à long terme. Balance des paiements 1.10 Le déficit de la balance des paiements a reculé de 2,8 % du PIB en 2012 à 0,8 % en 2013. En revanche, le déficit du solde extérieur courant (dons non compris) a atteint un niveau record d’environ 14,8 % du PIB en 2013, contre 8,7 % en 2012. Cette hausse n’est cependant pas particulièrement préoccupante car elle est due en grande partie aux importations de biens d’équipement pour les industries légères, la production de ciment et la prospection pétrolière financée par l’investissement étranger direct (IED). À noter toutefois que les chiffres officiels de la balance des paiements et du solde extérieur courant peuvent être difficiles à interpréter car il existe un important volume d’échanges transfrontaliers informels entre le Bénin et les pays voisins. 1.11 L’accroissement de la production cotonnière a eu un effet positif sur les exportations. En outre, l’amélioration du solde du compte financier a contribué à réduire le déficit de la balance des paiements du Bénin, l’excédent du compte financier ayant augmenté de 2,3 % du PIB en 2012 à 13 % en 2013. Le déficit du solde extérieur courant enregistrée en 2013 a été presque entièrement financé par l’IED (8,9 % du PIB) et les prêts à moyen et long termes souscrits par l’État (3,4 % du PIB). Secteur monétaire et bancaire 1.12 La masse monétaire, estimée à 45 % du PIB en 2012, a augmenté de 17,3 % en 2013. Cette augmentation a été alimentée par une hausse de 10 % et 8,3 %, respectivement, des avoirs intérieurs et du crédit intérieur. Bien que le crédit ait augmenté à un rythme soutenable, les banques ont maintenu un ratio élevé de prêts improductifs, qui excède aujourd’hui 20 %, tandis que le ratio d’adéquation du capital est tombé à 8,5 %. Les banques ont donc une faible marge de manœuvre pour couvrir les risques et promouvoir le crédit. En outre, six banques ont de gros engagements dans un groupe d’entreprises en difficulté financière. Les prêts consentis à ce groupe représentent environ 1 % du PIB, ou 5,2 % du portefeuille de prêts des banques, ce qui a créé des tensions supplémentaires dans le système financier depuis la fin de 2013 et pourrait entraîner la recapitalisation de certaines banques. Deux petites banques sont en difficultés depuis plusieurs années ; la première va fusionner avec une autre banque tandis que la seconde met en place un plan de sauvetage. Bien que le ratio de prêts improductifs dans le secteur bancaire soit une source de préoccupation pour le FMI, il estime que ces prêts ne posent pas un risque systémique. Les pouvoirs publics collaborent avec un large éventail d’acteurs pour résoudre ces problèmes et renforcer le secteur financier. 1.13 La Commission bancaire a renforcé la supervision locale et les banques prennent des mesures pour améliorer la qualité des prêts. Les banques béninoises ont lancé un projet de centralisation et de partage des informations sur les prêts, du moins en attendant que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) établisse une centrale des risques pour l’ensemble de la région. La BCEAO a achevé sa dernière évaluation des mesures de sauvegarde le 13 décembre 2013. Elle a conclu que le secteur bancaire continuait de fonctionner avec de solides mécanismes de contrôle et que les réformes institutionnelles mises en œuvre par l’Union Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 7 économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 2010 avaient renforcé son dispositif de gouvernance. Figure 4 : Inflation, 2010-14 (en glissement annuel) Inflation et prix 7 1.14 L’inflation au Bénin est généralement 6 restée inférieure au plafond de 3,0 % retenu par l’UEMOA, atteignant à peine 1,0 % en 5 2013. La baisse des prix des produits alimentaires 4 à la faveur d’une bonne récolte a aidé à maintenir l’inflation à un niveau particulièrement bas. Au 3 cours des dernières années, le subventionnement 2 des combustibles au Nigéria voisin a eu d’importants effets inflationnistes au Bénin. 1 L’inflation a augmenté de 2,7 % en 2011 à 6,7 % en 2012 lorsque la réduction des subventions aux 0 prix du gaz au Nigéria a entraîné une hausse de 2010 2011 2012 2013 2014 50 % des prix des combustibles au Bénin. Le pays Source : INSAE et services de la Banque mondiale . importe plus de 85 % de ses produits pétroliers du Nigéria, dans le cadre d’échanges transfrontaliers non officiels. En conséquence, tout changement de Figure 5 : Indices des prix, 2013 prix des combustibles au Nigéria est directement et immédiatement répercuté au Bénin. La politique 126 pétrolière du Nigéria est restée inchangée depuis 124 2012, et l’impact initial de la réduction des 122 subventions s’est estompé. 120 1.15 Bien que ses effets inflationnistes ne se 118 fassent plus guère sentir, l’augmentation Source : GoB and World Bank staff calculations permanente des prix des combustibles en 2012 116 continue d’avoir un impact négatif sur le 114 revenu des ménages. De nombreux ménages béninois contribuent au commerce informel de 112 produits pétroliers avec le Nigéria : 500 000 110 personnes y participent directement ou indirectement2. La réduction des subventions sur les combustibles au Nigéria a réduit les marges Indice des prix à la consommation bénéficiaires des commerçants du secteur informel et accru la concurrence exercée par le Source : INSAE et services de la Banque mondiale. marché officiel des combustibles. Si le Nigéria réduit encore ces subventions, le commerce informel des combustibles et les moyens de subsistance associés risquent de disparaître. 2 À noter que les chiffres de l’emploi dans le secteur informel sont peu fiables par nature. Ce chiffre ne peut donc être considéré comme définitif. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 8 1.16 La baisse et la stabilisation des prix des produits alimentaires sur le marché intérieur ont été renforcées par la stabilisation des prix internationaux des produits alimentaires et pétroliers. Les denrées de base produites localement sont la principale source d’alimentation des Béninois. Si les prix intérieurs accusent certaines variations saisonnières, ils ont cependant augmenté beaucoup moins vite que les cours mondiaux des produits alimentaires. Et bien que le secteur agricole du Bénin soit très vulnérable aux chocs climatiques externes, les prix des produits alimentaires devraient rester relativement stables. Le Bénin importe tous ses produits pétroliers et la stabilité des prix des combustibles a contribué à atténuer les pressions inflationnistes, mais les changements de politique au Nigéria constitueront toujours pour la stabilité des prix au Bénin une menace plus sérieuse que la dynamique du marché mondial. 3. Réformes structurelles 1.17 La situation géographique du Bénin offre des avantages appréciables pour le commerce et l’agriculture, mais d’autres réformes s’imposent pour tirer parti de ces avantages et accélérer la croissance. Le gouvernement a pris des mesures en 2013 et 2014 pour accroître la capacité et la compétitivité du Port de Cotonou. Un « guichet unique » a été mis en place pour les procédures de dédouanement, sous la forme d’un système de paiement qui regroupe tous les paiements dus aux entités assurant le traitement et la manutention des marchandises. En outre, un système informatisé de circulation des camions a été introduit pour gérer leurs entrées et sorties ainsi que leurs déplacements dans le port. Grâce à ces réformes de la gestion portuaire et aux autres mesures prises dans ce domaine, le temps de séjour à terre des conteneurs a été réduit de 35 jours en janvier 2012 à environ une semaine en 2013 et 2014. 1.18 La production cotonnière a contribué pour beaucoup à la croissance en 2012 et en 2013 ; d’importantes réformes sectorielles ont cependant été annulées et les perspectives d’avenir restent incertaines. En 2014-2015, pour la troisième saison consécutive, la filière coton restera entièrement contrôlée par l’État. 1.19 Malgré la bonne performance de l’agriculture non cotonnière au cours des dernières années, la productivité du secteur continue de souffrir des difficultés d’accès au crédit. Malgré l’importance économique du secteur agricole, seulement 4 % du crédit disponible sont alloués aux activités liées à l’agriculture. Au début de 2014, le gouvernement a créé le Fonds National de Développement Agricole (FNDA), un fonds de garantie du crédit agricole visant à encourager l’octroi de prêts aux conditions du marché dans le secteur agricole. Il est encore trop tôt pour apprécier l’impact du FNDA, mais les efforts faits par les pouvoirs publics pour élargir l’accès au crédit dans le secteur agricole sont encourageants. 1.20 Les difficultés d’accès au crédit sont un obstacle majeur à la croissance économique. Il n’existe pas de centrale des risques digne de ce nom, à quoi s’ajoutent l’absence générale d’informations sur les antécédents des emprunteurs potentiels et l’encours de leurs engagements financiers, ainsi que la nature largement informelle de l’économie. Le gouvernement s’efforce de centraliser l’enregistrement des contrats de garantie, des accords de prêt et de crédit-bail dans une seule institution. Un arrêté ministériel a été publié pour établir le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier au Tribunal de première instance de Première Classe de Cotonou comme étant le seul mode d’enregistrement des contrats de garantie et de crédit-bail. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 9 1.21 Une loi organique relative aux lois de finances a été adoptée par l’Assemblée nationale le 03 juillet 2013 et promulguée par le gouvernement le 27 septembre 2013. La nouvelle loi reprend les directives de l’UEMOA adoptées en 2009, introduit d’importantes réformes de la gestion des finances publiques et établit un nouveau cadre juridique et institutionnel pour le budget. La gestion des finances publiques sera renforcée par la mise en œuvre des normes de l’UEMOA applicables à la nomenclature budgétaire, au plan comptable, aux pratiques de comptabilité publique et à la présentation du budget. Ces réformes sont réalistes mais ambitieuses, et il faudra beaucoup de temps et un engagement soutenu pour les appliquer pleinement. 1.22 Plusieurs activités sont entreprises par le Gouvernement pour la mise en œuvre des dispositions de la LOLF. Un document de stratégie de mise en œuvre effective de la LOLF a été élaboré. Dans le cadre de cette réforme, le Gouvernement a présenté au Parlement, en juin 2014, et pour la première fois, les orientations budgétaires des trois années à venir. En outre, le projet de loi de règlement 2013 été transmis par le Gouvernement a la Chambre des comptes de la Cour Suprême dans les délais requis. 1.23 Le gouvernement continue à mettre en œuvre son programme de réforme de la fonction publique. Un plan stratégique pour la réforme de l’administration publique a été adopté, assorti d’un plan d’action, et un nouveau Répertoire des hauts emplois techniques de la fonction publique a été établi avec le concours des partenaires de développement du Bénin. La mise en œuvre prendra plusieurs années et il faudra suivre attentivement les progrès accomplis. Néanmoins, le programme de réforme de la fonction publique et les réformes entreprises par plusieurs ministères témoignent d’un véritable engagement de la part du gouvernement de créer une fonction publique plus efficace. 1.24 La réforme de la gestion des finances publiques est en bonne voie, mais il reste des obstacles à surmonter. Le gouvernement a commencé à mettre en œuvre une stratégie de réforme des douanes à moyen terme (2013-2016), qui met l’accent sur l’amélioration de l’analyse des risques. Les partenaires techniques et financiers du Bénin ont fourni une aide précieuse pour l’évaluation et le renforcement du système de gestion des finances publiques. Les travaux analytiques entrepris au premier semestre 2014 comprennent un examen des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEFA), un examen de la gestion des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEMFAR) qui est accompagné d’une revue des dépenses dans les secteurs de l’éducation et de la santé, et une évaluation du système national de passation des marchés effectuée selon la méthode standard de l’OCDE. Ces évaluations offriront au Bénin un diagnostic détaillé de ses systèmes et méthodes de gestion des finances publiques qui pourra servir de référence pour d’autres réformes. 1.25 Des réformes économiques structurelles seront nécessaires pour renforcer le lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté. Bien que la croissance récente au Bénin ait été relativement favorable aux pauvres, dans la mesure où elle a eu des effets positifs pour les plus démunis, le taux national de pauvreté est resté quasiment inchangé. En outre, l’amélioration de la situation de l’emploi et la hausse du taux de participation au marché du travail ne se traduiront pas nécessairement par un recul de la pauvreté, sachant que 30 % des salariés restent pauvres. Cela soulève des questions importantes quant à la qualité de l’emploi au Bénin, qui sont abordées dans la deuxième partie du rapport. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 10 4. Perspectives économiques 1.26 Selon les prévisions, le PIB réel augmentera de 5,5 % en 2014. L’amélioration continue de la gestion des ports et des douanes devrait stimuler le commerce, et l’investissement privé devrait se maintenir à un niveau élevé en 2014, les investisseurs continuant à mettre en œuvre des projets pluriannuels de prospection pétrolière et de production de ciment. En outre, les investissements récents dans le secteur manufacturier devraient accroître la contribution du secteur secondaire au PIB. La production agricole - cotonnière et non cotonnière - devrait se maintenir à un bon niveau mais le secteur demeurera vulnérable aux aléas climatiques. 1.27 L’un des risques externes qui pèsent sur le Bénin est la baisse potentielle de la demande d’exportation, notamment de la part de ses principaux partenaires commerciaux, la Chine et l’Inde. Le secteur extérieur demeure également très sensible à la politique commerciale du Nigéria, pays destinataire ou de transit de quelque 80 % des produits exportés par le Bénin dans le cadre d’échanges transfrontaliers informels. Les changements de politique générale du Nigéria, même mineurs, peuvent donc avoir d’énormes répercussions au Bénin et représentent encore le plus gros risque externes pour le pays. 1.28 Le Bénin mène une politique budgétaire saine, avec un déficit budgétaire global qui devrait s’établir à 3.1 % pour 20143. A ce niveau, le ratio dette/PIB devrait rester inférieur à 30 %. La relativement bonne situation du Bénin sur le plan des finances publiques et de la dette reflète sa politique de contrôle rigoureux des dépenses, en ce qui concerne notamment les dépenses courantes. Le montant total des dépenses et le montant net des prêts devraient diminuer d’un demi-point de pourcentage du PIB en 2014, en supposant que les prêts relatifs à la campagne de coton de 2013 seront remboursés dans les délais prévus. Des grèves dans la fonction publique pourraient cependant créer des pressions salariales après plusieurs années de salaires relativement stables. 1.29 Les dépenses sociales prioritaires devraient augmenter de 136,8 milliards de FCFA 4 en 2013 à 147 milliards de FCFA en 2014. Pour atteindre ses objectifs budgétaires, le gouvernement continuera à mettre en œuvre son plan de réforme du Service des douanes pour 2013-2016. Il s’emploie également à améliorer sa capacité de mobilisation de recettes intérieures et à réduire sa dépendance à l’égard des recettes douanières, notamment en informatisant l’administration fiscale. 1.30 Le taux d’inflation annuel devrait rester inférieur au plafond de 3,0 % retenu par l’UEMOA. Le déficit des transactions courantes devrait légèrement diminuer grâce à la hausse des exportations agricoles et à la baisse des importations de biens et services. Ce déficit sera financé en grande partie par l’IED et l’aide budgétaire extérieure. 1.31 Les perspectives économiques du Bénin pourraient changer sensiblement si les engagements pris par les donateurs et le secteur privé à la table ronde multipartite récemment tenue à Paris se concrétisent. Selon le document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) récemment actualisé, les autorités considèrent l’investissement dans 3 Déficit calculé sur la base des ordres de paiement. 4 Franc de la Communauté financière africaine. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 11 l’infrastructure comme une priorité essentielle pour accélérer la croissance. Le gouvernement a organisé une table ronde avec les donateurs et les investisseurs privés en juin 2014 afin de mobiliser des fonds pour son ambitieux plan de promotion de l’investissement. Encadré 1 : La table ronde de Paris Lors d’une table ronde sur le financement du développement organisée par le gouvernement et tenue en juin 2014 à Paris, les donateurs et investisseurs privés se sont engagés à fournir un montant record de 5 028 milliards de FCFA (10,4 milliards de dollars) pour aider à combler un déficit de 2 900 milliards de FCFA (6,7 milliards de dollars) au titre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté pour 2014-2018. Les contributions annoncées par les différents partenaires de développement sont récapitulées dans le tableau ci-contre. La concrétisation de ces engagements en investissements nécessitera un accroissement sensible des taux d’exécution du budget, notamment en ce qui concerne les investissements publics, et pour y parvenir, il faudra poursuivre la réforme du système de passation des marchés et de la gestion des finances publiques, et améliorer considérablement l’efficacité des institutions publiques chargées de mettre en œuvre les plans d’investissement. En outre, vu les déficiences du climat des affaires au Bénin concernant la définition, l’adjudication et le respect des droits de propriété, on ne peut attendre des investisseurs privés qu’ils financent des projets industriels et des travaux d’infrastructure à grande échelle dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) sans un appui substantiel de l’État. Pour que les investisseurs privés et les institutions financières s’intéressent véritablement à ces projets, il faudra mettre au point des dispositifs appropriés de mutualisation des risques. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 12 DEUXIÈME PARTIE : CROISSANCE ET PAUVRETÉ 5. La pauvreté au Bénin 2.1 Malgré le renforcement de la stabilité macroéconomique et l’accélération progressive de la croissance, la pauvreté est encore très répandue au Bénin. Cette section a pour objet de décrire brièvement la nature et les caractéristiques de la pauvreté au Bénin, d’évaluer le lien entre croissance et pauvreté, et de déterminer les conditions à remplir ainsi que les mesures prioritaires à prendre pour faire reculer plus rapidement la pauvreté5. 2.2 Après avoir diminué de 2,3 points de pourcentage entre 2006 et 2009, l’indice numérique de pauvreté a augmenté de 1 point de pourcentage entre 2009 et 2011. Ce taux de pauvreté — qui est fondé sur un panier de consommation — est resté relativement stable depuis 2006 (entre 35 % et 38 %, voir le Tableau 3). Les taux de pauvreté sont légèrement plus élevés en milieu rurale qu’en milieu urbain, et les données font apparaître de fortes disparités régionales. Tableau 3 : Indice numérique de pauvreté au Bénin, 2006, 2009 et 2011 2006 2009 2011 Milieu de résidence Cotonou 30, 3 23, 9 25, 9 Urbain, autre 36, 3 31, 5 33, 5 Urbain, total 35.1 29.8 31.4 Rural 38.9 38.4 39.7 Bénin 37.5 35.2 36.2 Source : INSAE, EMICoV (2006, 2009 et 2011). 2.3 Les ménages dirigés par une femme sont moins touchés par la pauvreté que ceux dirigés par un homme, et l’écart semble se creuser. Ce phénomène, également observé dans d’autres pays de la région, pourrait s’expliquer par le fait que les ménages dirigés par une femme comprennent un nombre moins élevé de personnes (3,71 personnes en moyenne au Bénin, contre 5,47 personnes dans les ménages dirigés par un homme). La corrélation entre la taille des ménages et l’incidence de la pauvreté pourrait expliquer l’écart observé. 5 Les résultats et données présentés ici sont principalement tirés du rapport intitulé Évaluation de la pauvreté au Bénin (INSAE 2014), qui analyse de manière plus approfondie la pauvreté au Bénin et le lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 13 Figure 6 Taux de pauvreté par sexe du chef de ménage 100 90 80 70 60 50 Hommes 37.736.4 36.2 38 40 30.4 Femmes 27.6 30 20 10 0 2006 2009 2011 Source : INSAE, EMICoV (2006, 2009 et 2011). 2.4 Le taux de pauvreté, calculé sur la base de la norme internationale de 1,25 dollar par jour, affiche la même tendance. La proportion de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a diminué de 61,7 % en 2006 à 45,9 % en 2009, avant de remonter à 50,9 % en 2011. Figure 7 : Pourcentage de pauvres vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, par milieu de résidence 100 90 80 70 60 50 2006 40 2009 30 2011 20 10 0 Source : INSAE, EMICoV (2006, 2009 et 2011). 2.5 Comme le montre la Figure 7 ci-dessus, la proportion de pauvres vivant avec moins de 1,25 dollar par jour varie fortement d’une région à l’autre et est nettement plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain. En 2011, 64,4 % de la population rurale disposait de Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 14 moins de 1,25 dollar par jour pour vivre, proportion deux fois plus élevée que dans les zones urbaines. 2.6 En revanche, la pauvreté fondée sur le patrimoine a nettement diminué. Le taux de pauvreté fondée sur le patrimoine a reculé de 44,1 % en 2006 à 29,5 % en 2011, soit une baisse de 14,6 % points de pourcentage. Il subsiste cependant de gros écarts entre villes et campagnes et entre régions, ce qui confirme les résultats des autres mesures de la pauvreté. Selon diverses études sur la dynamique de la pauvreté, le patrimoine des ménages – les actifs productifs et ceux qui contribuent à la qualité de la vie – pourrait être un meilleur indicateur de la pauvreté que des variables de flux telles que la consommation ou le revenu6. Figure 8 : Taux de pauvreté fondée sur le patrimoine, par milieu de résidence 50 47.2 44.1 38.9 38.3 40 35 32.5 29.1 29.5 30 25.3 rural urbain 20 Bénin 10 0 2006 2009 2011 Source : INSAE, EMICoV (2006, 2009 et 2011). 2.7 L’écart entre la pauvreté fondée sur le patrimoine et la pauvreté monétaire pourrait s’expliquer par la baisse des prix à la consommation. A mesure que les prix des biens durables des ménages – téléphone portable, mobylette, poste de télévision, etc. – continuent de baisser, le patrimoine des ménages pourrait augmenter beaucoup plus vite que leur revenu. Par conséquent, bien que la pauvreté fondée sur la consommation reste relativement stable, la baisse des prix pourrait avoir des effets positifs pour les ménages dans la mesure où ils peuvent acquérir davantage d’actifs même si leur revenu n’augmente pratiquement pas. 6 Les enquêtes auprès des ménages au Bénin utilisent des données sur les avoirs des ménages (biens durables), la qualité du logement (matériaux de construction) et l’accès aux services d’utilité publique et aux équipements collectifs (approvisionnement en eau, services d’assainissement, électricité, etc.) pour déterminer la pauvreté fondée sur le patrimoine. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 15 Figure 9 : Pauvreté fondée sur le patrimoine, par sexe du chef de ménage 60 48.5 50 43.2 43.4 38.7 40 33.3 27.7 Femmes 30 20 Hommes 10 0 2006 2009 2011 Source : INSAE, EMICoV (2006, 2009 et 2011). 2.8 Bien que la pauvreté monétaire soit moins prononcée dans les ménages dirigés par une femme, ces ménages sont beaucoup plus touchés par la pauvreté fondée sur le patrimoine. Les taux de pauvreté fondée sur le patrimoine ont diminué dans tous les ménages, mais la baisse est plus sensible dans les ménages dirigés par un homme. 2.9 Cet écart observé entre les ménages dirigés par un homme et ceux dirigés par une femme pourrait également s’expliquer par la taille du ménage. Si l’on mesure la pauvreté en termes de patrimoine, les familles nombreuses pourraient sembler moins pauvres que celles qui comptent moins de membres du fait que le même patrimoine peut être réparti entre un plus grand nombre de personnes. Une autre explication possible serait que les femmes chefs de ménage consacrent davantage de ressources à la consommation du ménage (alimentation, santé, éducation, etc.) au lieu de privilégier l’accumulation d’actifs. 6. Lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté 2.10 La croissance économique n’est pas une fin en soi ; elle est souhaitable dans la mesure où elle améliore la qualité de vie des habitants d’un pays. Pour le Bénin et les autres pays à faible revenu, l’aspect le plus important de la croissance économique est son impact sur la pauvreté. Bien que l’accès aux services sociaux de base et aux biens publics essentiels soit aussi important pour la qualité de la vie que le revenu monétaire, l’analyse présentée ici porte sur le lien entre la croissance économique et la réduction de la pauvreté, telle que définie par le revenu, la consommation et les biens possédés7. 7 La situation au Bénin s’est nettement améliorée en ce qui concerne les services sociaux. Par exemple, l’accès à l’éducation s’est considérablement accru, le taux brut de scolarisation (TBS) primaire ayant augmenté de 93 % en 2005/06 à 121 % en 2012/13. Cette tendance s’observe également chez les filles, dont le TBS est passé de 85,9 % à 118,7 % durant la même période. Le taux d’achèvement du cycle primaire (TACP) a augmenté de 65 % en 2005/06 à 76,9 % en 2012/13, celui des filles étant passé de 54,3 % à 71,7 %. Dans le secteur de la santé, le taux de fréquentation des établissements de soins de santé a légèrement augmenté, de 44 % en 2006 à 47 % en 2010, hausse qui tient en partie à la nouvelle politique de gratuité des accouchements par césarienne et à l’extension du Fonds pour la santé des pauvres aux 34 districts sanitaires. Le Ministère de la santé a adopté un plan stratégique pour la mise en place d’un régime d’assurance maladie communautaire afin d’élargir l’accès des pauvres, et plus particulièrement des femmes, aux soins de santé. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 16 2.11 La croissance économique récente du Bénin n’a pas réduit la pauvreté de manière significative, mais les tendances au sein des groupes à faible revenu méritent d’être étudiées de plus près. Il semblerait que la croissance économique globale a eu des effets positifs pour les groupes aux revenus les plus faibles, mais les conditions de vie des ménages proches du seuil de pauvreté n’ont guère évolué. Les ménages appartenant au premier et au deuxième déciles de revenu ont enregistré une légère amélioration, mais dans les troisième et quatrième déciles, les conditions de vie n’ont pas sensiblement changé. En outre, la légère augmentation du revenu des Béninois les plus démunis s’explique en grande partie par l’expansion des superficies cultivées, sans amélioration notable de la productivité marginale, ce qui met sérieusement en question la viabilité à long terme de la réduction de la pauvreté, ainsi que les répercussions de la croissance récente sur l’environnement. 2.12 Bien que les secteurs à fort potentiel de croissance identifiés dans le DSRP couvrent la majorité des pauvres, la croissance récente a peu contribué à réduire la pauvreté. Comme le montre la Figure 10, la récente période de croissance soutenue dans certains secteurs (agriculture, commerce, logistique et agroalimentaire) ne s’est pas traduite par une réduction de la pauvreté des personnes qui travaillent dans ces secteurs8. Par ailleurs, la pauvreté a le plus reculé dans le secteur du coton et des textiles, pourtant en déclin pendant la période. Ces résultats donnent à penser qu’il n’existe pratiquement aucun lien entre la réduction de la pauvreté et les taux de croissance sectoriels. Figure 10 : Taux de croissance sectoriels et évolution de l’incidence de la pauvreté par secteur, 2006-2009 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 -12 -14 Modification annuelle du taux de pauvreté Taux de croissance annuel Source : INSAE, 2013. 2.13 Plusieurs facteurs, tant nationaux que sectoriels, pourraient expliquer cette absence de corrélation entre la croissance et la réduction de la pauvreté. Des taux de croissance 8 De fait, comme le montre la Figure 10, la croissance économique est associée à un accroissement des taux de pauvreté dans plusieurs secteurs, notamment dans le secteur agricole. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 17 économique de l’ordre de 4 à 5 % sont peut-être insuffisants pour réduire la pauvreté de manière significative dans un pays où la population augmente de 3,5 % par an. De fait, sans une distribution des revenus supplémentaires plus favorable aux pauvres, l’impact de la croissance sur la pauvreté restera négligeable. Un autre facteur pourrait être le caractère essentiellement non structuré de l’économie béninoise, qui est associé avec une faible productivité et des taux élevés de sous-emploi. L’économie informelle se traduit généralement par des salaires bas, un manque de sécurité de l’emploi et un haut degré d’incertitude économique ; il est donc difficile pour les ménages de sortir de la pauvreté même en période de croissance relativement robuste. 2.14 Bien que la croissance récente n’ait guère contribué à faire reculer la pauvreté, les conditions de vie des ménages les plus pauvres se sont légèrement améliorées. Comme le montre le Figure 4, l’incidence de la pauvreté (P0) est restée relativement stable, tandis que la profondeur de la pauvreté (P1) a régulièrement diminué9. En 2006, la consommation moyenne des ménages pauvres était inférieure de 11,6 % au seuil de pauvreté, en 2009 l’écart avait diminué à 10,4 %, et en 2011 il atteignait 9,8 %. Tableau 4 : Indicateurs de la pauvreté, 2006, 2009 et 2011 2006 2009 2011 P0 P1 P0 P1 P0 P1 Cotonou 30.3 10.4 23.9 5.9 25.9 7.2 Autres centres urbains 36.3 11.2 31.5 9.2 33.5 9.4 Total, centres urbains 35.1 11.0 29.8 8.5 31.4 8.8 Zones rurales 38.9 12.0 38.4 11.6 39.7 10.5 Bénin 37.5 11.6 35.2 10.4 36.2 9.8 Source : INSAE, EMICoV (2006, 2009, 2011). 2.15 Dans les zones urbaines et rurales, le revenu des ménages les plus pauvres a le plus augmenté ; cependant, alors que presque tous les ménages urbains ont bénéficié de la croissance, seuls les ménages ruraux les plus pauvres ont vu leur niveau de consommation augmenter. La Figure 11 présente les courbes d’incidence de la croissance par milieu de résidence. Ces courbes montrent un accroissement de la consommation dans toutes les catégories de revenu pendant la période 2006-2009. Le taux d’accroissement plus élevé à l’extrémité inférieure de la courbe (près de l’axe vertical) indique que la consommation a le plus augmenté chez les ménages les plus pauvres. La hausse de la consommation dans les zones urbaines a été à la fois favorable aux pauvres et positive pour pratiquement toutes les catégories de revenu, mais dans les zones rurales, la consommation n’a augmenté que chez les ménages les plus pauvres. 9 Dans cette section, la pauvreté est définie selon la méthode de calcul du seuil national de pauvreté utilisée par l’INSAE. La profondeur de la pauvreté (P1) est l’écart entre le revenu moyen des ménages pauvres et le seuil de pauvreté, exprimé en pourcentage du seuil de pauvreté. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 18 Figure 11 : Courbes d’incidence de la croissance, population totale, urbaine et rurale, 2006-2009 Bénin Urbain Rural 1.5 1 1 1 .5 .5 .5 0 0 0 -.5 -.5 -.5 0 0 0 .19 .38 .57 .76 .95 .19 .38 .57 .76 .95 .19 .38 .57 .76 .95 Percentiles (p) Percentiles (p) Percentiles (p) - - - - - Seuil de pauvreté en 2006 ……. Seuil de pauvreté en 2009 Source : INSAE, EMICOV 2006 et 2009. 2.16 Le fait que la croissance n’ait eu des effets positifs que sur les ménages ruraux les plus pauvres pourrait s’expliquer par la baisse de la productivité totale des facteurs (PTF) au niveau national, et plus particulièrement dans le secteur agricole10. Cette baisse pourrait également expliquer les taux de pauvreté relativement élevés au Bénin, notamment dans le secteur agricole, malgré la croissance modeste mais soutenue affichée ces dernières années. Le Tableau 5 montre la baisse de la productivité totale des facteurs dans chaque secteur, tandis que la Figure 12 illustre la corrélation étroite entre la production agricole et la superficie cultivée, alors que la productivité marginale a peu évolué (et a même diminué récemment). Tableau 5 : Évolution de la productivité totale des facteurs, par secteur, 1983-2008 (%) Secteur formel Agriculture -10 Industrie manufacturière -2 Industrie, hors manufacture -3 Tertiaire marchand -12 Tertiaire non marchand -8 Secteur informel Agriculture -9 Activités non agricoles -11 Source : Balaro et al. (2010). 10 Voir Balaro et al. (2010). Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 19 Figure 12 : Production agricole et terres cultivées, 2001-2012 Source : INSAE, EMICOV 2006 et 2009. 2.17 Il semble donc que pour accroître les effets positifs de la croissance, notamment dans les zones rurales, il faudrait privilégier la productivité agricole, voire même la diversification en faveur de cultures plus rentables. La croissance du secteur agricole semble être davantage liée l’expansion des superficies cultivées qu’à des gains de productivité. Le secteur agricole a employé davantage de main-d’œuvre pour cultiver de nouvelles terres qui sont parfois moins productives et utilisent des ressources déjà lourdement sollicitées. La production a certes augmenté, mais sans s’accompagner d’une hausse correspondante de la productivité et des revenus, ce qui a limité la contribution du secteur agricole à la réduction de la pauvreté. 7. Emploi, marché du travail et pauvreté 2.18 Une analyse de la dynamique du marché du travail et des taux de pauvreté montre qu’il existe un faible lien entre les deux, ce qui est surprenant. En 2010, le taux de pauvreté de la population active occupée était relativement élevé (30,1 %)11. Ce taux était le plus élevé dans le secteur agricole (38,9 %) et le secteur agroalimentaire (31,2 %). En outre, parmi les travailleurs, les femmes sont généralement plus pauvres que les hommes. 2.19 Le taux élevé de pauvreté de la population active du Bénin indique que le marché du travail ne joue pas pleinement son rôle de réduction de la pauvreté. Cela tient essentiellement à la prépondérance du secteur informel et au fort taux de sous-emploi (voir le Tableau 6). L’emploi dans le secteur informel se caractérise par un faible niveau technologique, un faible niveau d’instruction, une très faible productivité et, partant, un salaire et un revenu faibles. Selon des études récentes, les salaires augmentent à mesure qu’une plus grande proportion de la population active 11 Selon les normes de l’Organisation internationale du Travail, la population active occupée comprend les personnes travaillant dans le secteur formel et dans le secteur informel, ainsi que les personnes actives sous- employées. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 20 travaille dans le secteur formel plus productif ; l’augmentation des salaires est rarement due à des gains de productivité dans le secteur informel12. 2.20 Les conditions du marché de l’emploi sont particulièrement difficiles pour les jeunes. En effet, 30,4 % des jeunes travailleurs sont en situation de sous-emploi lié au nombre d’heures de travail, chiffre qui passe à 63,2 % si l’on considère le faible niveau de rémunération et l’insécurité de l’emploi. Seulement 7,9 % des jeunes travailleurs occupent un emploi salarié. Ces chiffres soulignent les difficultés d’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi, notamment dans le secteur formel. Tableau 6 : Sous-emploi, défini par les heures de travail et la rémunération, selon les caractéristiques du ménage % de la population Sous-emploi lié à la Sous-emploi lié à la 13 14 15 active durée du travail (%) rémunération (%) Sexe du chef de ménage (CM) Homme 84,4 29,9 54,8 Femme 15,6 29,5 59,5 Branche d’activité du CM Agriculture, élevage, pêche et foresterie 82,4 35,9 65,8 Industrie 2,4 40,8 55,8 Eau, électricité et gaz, BTP, banque et 4,3 28,0 58,9 assurance Commerce et restauration 2,5 26,7 57,4 Transports et communication 0,2 44,3 80,5 Autres services 8,4 20,5 48,8 Secteur d’activité du CM Public 4,7 29,5 27,9 Privé formel 4,1 14,5 25,8 Privé informel 91,2 30,4 58,4 Total 100,0 29,7 55,5 Quintiles de dépenses par tête Très pauvres 17,1 26,4 47,4 Pauvres 18,6 24,8 44,5 Moyens 19,3 26,6 41,3 Riches 21,0 26,2 38,7 Très riches 24,1 21,5 26,5 État de pauvreté, 2006-2009 Non pauvres 51,1 25,3 36,3 Pauvreté temporaire 37,3 25,1 41,2 Pauvreté chronique 11,7 22,8 42,5 Source : INSAE, 2013. 12 Voir La Porta et Shleifer (2014). 13 Il s’agit du pourcentage de chefs de ménage travaillant dans les catégories considérées. 14 Selon l’OIT, les personnes en situation de sous-emploi lié à la durée du travail comprennent toutes les personnes titulaires d’un emploi qui répondent aux trois critères suivants pendant la période de référence : a) « disposées à travailler davantage d’heures », b) « disponibles pour travailler davantage d’heures », et c) « ayant travaillé moins qu’un seuil national relatif à la durée du travail ». 15 Selon l’OIT, le sous-emploi lié à la rémunération se caractérise par « un faible revenu, la sous-utilisation des compétences ou une faible productivité ». Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 21 Tableau 7 : Caractéristiques de l’emploi des jeunes Emplois salariés non emploi précaire emploi invisible chômage élargi emploi visible Taux de sous- Taux de sous- % de jeunes dans le d’occupation Taux d’auto- occupant un % d’emplois % de jeunes vulnérables secteur informel Taux de agricoles emploi Taux Milieu de résidence Urbain 97,3 2,7 24,8 52,6 15,0 60,1 11,0 90,3 73,3 Rural 99,1 0,9 34,6 71,2 2,6 63,9 18,8 98,4 91,7 Sexe Masculin 98,4 1,6 24,0 48,2 12,7 58,6 17,7 91,8 76,0 Féminin 98,2 1,8 35,2 74,7 4,4 65,1 13,7 97,3 89,6 Age (années) 15-19 98,6 1,4 31,6 90,5 3,1 17,3 18,1 99,1 70,6 20-24 96,9 3,1 32,2 74,7 6,9 49,3 16,2 96,2 79,0 25-34 98,6 1,4 29,7 55,7 9,2 75,1 14,7 93,7 87,8 Total 98,3 1,7 30,4 63,2 7,9 62,3 15,4 94,9 83,8 Source : INSAE, 2013. 2.21 La dynamique de l’emploi, en particulier chez les jeunes travailleurs, joue un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté au Bénin. La population des moins de 15 ans représente 46,8 % de la population totale, alors que le pays compte seulement 5,5 % de personnes âgées de 60 ans et plus16. De plus, 72 % des chômeurs ont moins de 35 ans. Il est donc essentiel d’élarg ir les possibilités d’emploi des jeunes pour faire reculer la pauvreté et accroître durablement le revenu des ménages. 8. Accélérer la croissance favorable aux pauvres 2.22 Bien que le Bénin ait récemment affiché une forte croissance au regard des chiffres passés, elle reste insuffisante pour contribuer de manière significative à la réalisation des objectifs de réduction de la pauvreté définis par le gouvernement. L’accélération progressive de la croissance favorable aux pauvres nécessitera des mesures dans deux domaines clés : le développement agricole et la prévalence du secteur informel. L’agriculture est étroitement liée à la dynamique revenu-pauvreté ; elle emploie 80 % de la population active du Bénin et constitue un important moteur de la croissance macroéconomique. En même temps, la prépondérance du secteur informel (ou, inversement, le sous-développement du secteur formel) est importante en raison de la faible productivité des activités informelles et de leur faible rémunération. En l’absence d’une économie plus dynamique et plus structurée, notamment dans les secteurs secondaire et tertiaire, les activités informelles mal rémunérées resteront la norme et les taux de pauvreté resteront élevés. 2.23 La Figure ci-dessous indique les taux de croissance au Bénin, par secteur économique. Le secteur primaire (agriculture) et le secteur tertiaire (commerce et services) sont 16 Recensement général de la population et de l’habitation (2002). Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 22 les principaux moteurs de la croissance. Ensemble, ils ont généré 81 % de la hausse totale du PIB enregistrée au cours des deux dernières années, 85 % en 2012 et 77 % en 2013. Ces deux secteurs se caractérisent cependant par une forte proportion de travail informel. Figure 13 : Contributions sectorielles à la croissance, 2006-2013 6 5 4 Autres 3 Tertiaire 2 Secondaire Primaire 1 0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 -1 2.24 Le secteur secondaire (industrie manufacturière et autres industries) est associé à une plus forte productivité et à des salaires plus élevés, mais il n’a que peu contribué à la croissance récente du Bénin. La lente expansion du secteur secondaire formel, notamment l’agroalimentaire et autres activités agro-industrielles, limite la contribution de la croissance à la réduction de la pauvreté. Le manque de possibilités d’emploi stable et bien rémunéré oblige de nombreux travailleurs, surtout les jeunes, à se tourner vers des activités à faible productivité dans le secteur agricole ou le secteur informel. La croissance récente au Bénin a été tirée par l’augmentation de la population active, avec des gains de productivité insignifiants. En ce sens, le fait que les secteurs secondaire et tertiaire n’assurent pas une plus forte productivité et des salaires plus élevés renforce l’expansion du secteur informel à faible productivité, y compris l’agriculture informelle. Accroître la productivité agricole 2.25 Le secteur agricole offre de vastes possibilités encore sous-exploitées. La croissance récente de ce secteur s’explique davantage par l’augmentation des superficies cultivées que par des gains de productivité obtenus grâce à la mécanisation ou à l’adoption de technologies améliorées, de meilleures pratiques agricoles et d’intrants plus efficaces. En conséquence, la productivité du travail a stagné dans l’agriculture alors que la production totale du secteur a augmenté. Bien que la récente croissance agricole ait eu des effets positifs pour les travailleurs les plus pauvres du secteur, les revenus générés par l’augmentation de la production resteront insuffisants pour sortir les ménages agricoles de la pauvreté à moins que la productivité de la terre et du travail n’augmente également. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 23 2.26 Il est essentiel d’accroître la productivité agricole pour accélérer la réduction de la pauvreté. L’amélioration de la productivité de la terre et du travail permettrait d’accroître le nombre d’emplois et le niveau de vie dans les zones rurales, ainsi que la contribution du secteur à la croissance économique. En outre, la croissance agricole a tendance à favoriser les pauvres, qui représentent une forte proportion de la main-d’œuvre agricole. Le gouvernement béninois a retenu l’amélioration de la productivité et de la compétitivité du secteur agricole comme l’un des deux grands défis à relever à l’horizon 201517. 2.27 La diversification est un aspect important de la croissance agricole et le gouvernement en a fait l’une des priorités du plan de développement de l’agriculture. Les chaînes d’approvisionnement en intrants pour les produits agricoles non cotonniers sont sous- développées et les agriculteurs ont souvent des difficultés à se procurer les intrants dont ils ont besoin pour diversifier la production et accroître la productivité. Les marchés sont souvent inopérants dans le secteur agricole, avec une faible présence du secteur privé, et les capacités administratives du gouvernement sont presque entièrement consacrées au fonctionnement de la filière coton. De même, du côté de l’offre, les circuits commerciaux sont sous-développés, les infrastructures rurales sont inadéquates et les services du secteur privé sont souvent inaccessibles ou non fiables. Les agriculteurs qui produisent des excédents ou des cultures spécialisées qui ne peuvent être vendus sur place ont d’énormes difficultés à vendre leurs produits en temps utile et au prix d’équilibre du marché. L’absence de marchés pour les services complémentaires alourdit les coûts de production, ce qui donne un avantage structurel aux grosses entreprises par rapport à leurs concurrents de plus petite taille. Cela freine donc la croissance des petits producteurs et crée des distorsions sur le marché, où coexistent de grandes entreprises agricoles qui contrôlent leurs propre chaînes logistiques et commerciales, d’une part, et de petites exploitations agricoles de semi-subsistance desservant les marchés locaux. 2.28 L’accroissement de la productivité passe par le développement d’un secteur agricole privé plus diversifié et plus compétitif. Dans certains cas, les organismes publics et les partenariats public-privé ont plus ou moins réussi à combler le vide, et les institutions publiques ou semi-publiques qui soutiennent actuellement la production cotonnière pourraient éventuellement élargir leurs services au secteur agricole non cotonnier. 2.29 Les difficultés d’accès au crédit pourraient également contribuer à la faible productivité agricole. Bien que des mécanismes aient été mis en place pour aider à financer la production cotonnière, les systèmes de crédit sont beaucoup moins développés dans le secteur agricole non cotonnier. Non seulement cela décourage la diversification, mais cela crée aussi des problèmes dans la filière coton car les intrants destinés au coton sont souvent détournés vers l’agriculture non cotonnière. L’élargissement de l’accès au crédit pourrait renforcer sensiblement les chaînes d’approvisionnement non cotonnière et aider à créer des débouchés pour les services complémentaires en stimulant la demande des producteurs agricoles. 2.30 L’amélioration des chaînes d’approvisionnement grâce à l’élargissement de l’accès au crédit permettrait à certains producteurs de se tourner vers une agriculture à plus forte productivité. Même s’ils ne pourront pas tous saisir ces nouvelles possibilités, de nombreux petits exploitants pourront renforcer leur capacité de production. La mise en place de mesures 17 Plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA), MAEP (2008). Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 24 complémentaires pour offrir des services de vulgarisation et de formation agricoles accroîtrait le nombre d’agriculteurs en mesure d’adopter progressivement des modes de production plus modernes. 2.31 En s’appuyant sur ce scénario d’amélioration des pratiques agricoles, le remembrement des exploitations pourrait s’avérer nécessaire à moyen ou à long terme pour aligner les revenus agricoles sur ceux des classes moyennes. Il est difficilement imaginable que les ménages agricoles puissent y parvenir en exploitant un ou deux hectares, quelque soit leur capacité ou leur niveau technologique. Pour transformer l’agriculture d’un secteur qui emploie essentiellement les pauvres en une activité économique viable et capable de sortir définitivement les gens de la pauvreté, il faudra non seulement des chaînes viables d’approvisionnement en intrants et en extrants, mais aussi des exploitations plus grandes, une mécanisation plus poussée et une meilleure gestion. Une réforme agraire et des systèmes de délivrance de titres de propriété foncière seront nécessaires pour faciliter cette évolution. 2.32 Non seulement la croissance du secteur agricole peut être accélérée, mais elle peut aussi être plus favorable aux pauvres. Les mesures prioritaires à prendre pour accélérer la croissance agricole et accroître sa contribution à la réduction de la pauvreté sont les suivantes : i) créer des conditions favorables à la participation du secteur privé aux chaînes d’approvisionnement en intrants et en extrants ; ii) renforcer le soutien de l’État aux filières non cotonnières jusqu’à ce qu’il soit possible d’établir une présence durable du secteur privé ; iii) améliorer l’accès au crédit agricole ; et iv) améliorer l’accès aux services de vulgarisation ainsi que leur qualité. Des efforts supplémentaires pour promouvoir la réforme agraire et améliorer les régimes fonciers contribueraient également à des gains de productivité. Encourager la régularisation et promouvoir l’expansion du secteur formel 2.33 Bien que l’accroissement de la productivité agricole soit indispensable pour faire durablement reculer la pauvreté, il est également essentiel d’accélérer la création d’emplois dans le secteur formel non agricole. De fait, il existe un lien étroit entre les deux, car les gains de productivité agricole entraînent généralement une réaffectation de la main-d’œuvre agricole vers des activités non agricoles. En conséquence, pour réduire véritablement la pauvreté, il faut assurer une progression soutenue de l’emploi dans le secteur formel non agricole, où le niveau des salaires est sensiblement plus élevé que dans le vaste secteur informel de l’économie béninoise. 2.34 Même comparée aux autres pays de la région, l’économie béninoise est particulièrement informelle. Le secteur informel occupe une large place dans l’économie du pays. Comme les secteurs informels dans d’autres pays, l’économie informelle du Bénin se caractérise par une productivité extrêmement faible, les entreprises informelles étant généralement petites, inefficaces et dirigées par des personnes qui ont un faible niveau d’instruction. Bien que le souci d’échapper à l’impôt et à la réglementation soit l’une des principale causes de l’informalité, la productivité des entreprises informelles est généralement trop faible pour leur permettre de prospérer dans le secteur formel. Le secteur formel existe essentiellement en parallèle avec le secteur formel et les entreprises informelles régularisent Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 25 rarement leur situation. Cependant, à mesure que les pays se développent, l’économie formelle gagne du terrain sur le secteur informel, mutation qui semble déjà en cours au Bénin18. 2.35 Bien que certaines entreprises informelles régularisent leur situation lorsqu’elles en ont les moyens, la plupart ne le font pas. Outre le niveau souvent élevé des coûts juridiques et financiers associés à la régularisation, divers problèmes d’éducation et de formation, de capacité de gestion, d’accès aux capitaux et d’adaptation technologique empêchent les entreprises informelles de réussir à passer dans le secteur formel de l’économie et à soutenir la concurrence des autres entreprises de ce secteur. Bien que certaines mesures puissent être prises pour faciliter la régularisation des entreprises informelles, bon nombre d’entre elles ne réussiront pas leur transition, même dans un climat porteur. 2.36 Dans la plupart des économies informelles, la montée en puissance du secteur formel s’explique davantage par la création et le développement des entreprises de ce secteur que par la régularisation des entreprises informelles. Le passage de la main-d’œuvre vers le secteur formel entraîne un recul de l’économie informelle, en termes relatifs voire même absolus. Il est très rare que la croissance économique rapide d’un pays soit liée à l’expansion soutenue du secteur informel, et la régularisation des entreprises informelles contribue généralement peu à la croissance de l’économie formelle. 2.37 Pour assurer une croissance régulière et faire durablement reculer la pauvreté en créant des emplois hautement productifs et bien rémunérés, le gouvernement doit s’employer activement à stimuler la croissance du secteur formel. Cependant, le climat des affaires au Bénin n’est pas favorable à la création et au développement des entreprises du secteur formel. Bien qu’il existe quelques grandes entreprises prospères, le secteur formel se caractérise par la présence d’une multitude de très petites entreprises à faible productivité et d’un nombre insuffisant d’entreprises moyennes. 2.38 Au lieu d’indiquer un bon climat des affaires, l’emprise économique de quelques grandes entreprises est étroitement associée à de faibles taux de développement des entreprises et à un vaste secteur informel. Le Bénin connaît le phénomène du « chaînon manquant », où l’absence d’entreprises moyennes reflète un climat des affaires très défavorable. Une réglementation sévère décourage la création et l’expansion des entreprises du secteur formel, ce qui réduit la concurrence dans ce secteur. Seules quelques très grandes entreprises ont les capacités, les relations et les ressources nécessaires pour faire face à cette réglementation, mais aussi et surtout, le pouvoir de négociation et le poids voulus pour traiter en affaires19. 2.39 L’énorme emprise des grandes entreprises sur le marché renforce leur poids politique et décourage la réforme du climat des affaires. Les mesures destinées à créer des conditions plus favorables dans le secteur formel pourraient ébranler la position des entreprises établies, ce qui leur donne une bonne raison de s’opposer à tout effort dans ce sens. Par ailleurs, les petites entreprises n’ont généralement pas les moyens d’influencer la politique générale, ce qui renforce l’aptitude des grandes entreprises dominantes à maintenir leur position privilégiée. 18 Voir La Porta et Scheifer (2014). 19 Voir Gelb, Meyer et Ramachandran (2014). Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 26 2.40 Les obstacles à la concurrence dans le secteur formel entravent la création d’emplois, l’innovation et la création de nouveaux marchés et produits. La concurrence et l’innovation accroissent la productivité du travail, contribuant ainsi à relever les salaires et à réduire la pauvreté. Inversement, le manque de compétitivité ne fait pas que réduire le dynamisme économique et décourager l’innovation, il contribue aussi à la complaisance et à l’inefficacité des entreprises existantes. 2.41 La réforme du climat des affaires aiderait à créer des conditions plus équitables pour les petites, moyennes, grandes et très grandes entreprises du secteur formel. Un climat des affaires qui favorise systématiquement les très grandes entreprises limite fortement les possibilités de création d’emplois et de hausse des revenus. La réforme du climat des affaires est un processus complexe qui nécessite notamment l’amélioration des lois et règlements, des systèmes d’administration, des mécanismes d’adjudication, de l’accès au marché et des méthodes de passation des marchés publics, entre autres domaines. 2.42 La réforme du climat des affaires au Bénin se heurte encore à de graves problèmes. En dépit des grands progrès accomplis, le pays figurait encore au 174e rang sur 189 pays dans le classement Doing Business le plus récent. Des lacunes importantes subsistent dans des domaines tels que l’exécution des contrats, l’administration fiscale, les systèmes de traitement de l’insolvabilité et la protection des investisseurs. La création d’entreprise a été facilitée par l’introduction d’un guichet unique et la réduction du barème des frais à payer, à quoi s’ajoutent d’importantes améliorations apportées à l’administration des ports et des douanes. Une nouvelle législation a été adoptée pour les partenariats public-privé, et la création de l’Agence des grands travaux devrait aider à développer le parc d’infrastructures propices à l’activité économique. Des mesures supplémentaires seront cependant nécessaires pour attirer davantage d’investissements nationaux et étrangers. 2.43 L’amélioration du climat des affaires et de l’investissement nécessitera la définition et l’adoption d’une liste de réformes prioritaires pouvant être rapidement mises en œuvre afin de produire un impact immédiat en introduisant des règles du jeu équitables dans le secteur formel. Les réformes les plus importantes concernent les pratiques de passation des marchés, les mécanismes de lutte contre la corruption, la transparence des accords de partenariat public-privé (PPP), les dispositifs de règlement des litiges contractuels et l’administration fiscale. L’Autorité nationale de lutte contre la corruption doit être dotée des pouvoirs et du personnel nécessaires, la nouvelle législation relative aux PPP doit être pleinement appliquée, et il reste à doter en effectifs et à opérationnaliser le service de l’Agence des grands travaux chargé des PPP. La mise en œuvre complète du programme de réforme des douanes et le bon fonctionnement des mécanismes d’audit interne et externe et de surveillance des opérations douanières amélioreront encore la compétitivité. Il importe également de décentraliser la passation des marchés publics en délégant l’approbation des marchés aux ministères de tutelle sur la base de seuils appropriés, et de continuer à améliorer les indicateurs Doing Business, notamment dans les domaines suivants : création d’entreprise, accès à l’électricité, exécution des contrats et paiement des impôts. 2.44 Le gouvernement doit également s’efforcer d’améliorer la dynamique politico- économique entre les grandes entreprises qui dominent le secteur privé et leurs homologues du secteur public. Les pratiques inéquitables en matière de passation des marchés et l’influence Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 27 politique des grandes entreprises sont deux problèmes à examiner de près. Le Bénin doit lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et décourager l’abus d’influence et le favoritisme. La montée en puissance d’une élite commerciale menace de fausser l’allocation des ressources publiques et privées, au risque de ralentir considérablement la croissance économique. Un secteur privé structuré plus compétitif pourrait aider à diluer l’influence des grandes entreprises, créant un cercle vertueux dans lequel le développement du secteur formel favorise la compétitivité et la croissance. 2.45 Le règlement de ces problèmes d’économie politique exige des réformes dans plusieurs domaines clés. L’une des premières priorités devrait être la mise en place d’un système de déclaration d’actifs et des conflits d’intérêts prévoyant notamment des mécanismes renforcés de vérification, de notification et d’application de la loi dans les cas de non-déclaration, de communication d’informations inexactes ou d’accumulation d’actifs et de conflit d’intérêts apparents. En outre, il importe de renforcer la Chambre des Comptes en étoffant son personnel et en allouant des fonds à la formation sur des questions telles que les déclarations de patrimoine, la corruption et les malversations des fonctionnaires. La création par la Cour constitutionnelle, ou en son sein, d’une commission chargée de vérifier et d’assurer le respect des lois et règlements relatifs au financement des campagnes électorales permettrait d’accroître la transparence politique. Enfin, l’Inspection générale d’État, l’Inspection générale des Finances et l’Inspection générale de Ministère doivent avoir la possibilité de renvoyer des affaires en vue d’éventuelles poursuites judiciaires ou mesures disciplinaires directement aux institutions judiciaires d’État plutôt qu’aux responsables de l’administration publique comme c’est actuellement le cas. 2.46 En conclusion, malgré l’accélération de la croissance économique au cours des dernières années, le rythme et la qualité de cette croissance n’ont pas été suffisants pour faciliter une réduction générale de la pauvreté ; si le Bénin veut atteindre ses objectifs de développement, il doit mettre en œuvre des réformes structurelles pour accroître la productivité, améliorer le climat des affaires et de l’investissement, et promouvoir l’expansion du secteur formel. Des progrès ont été accomplis dans ces domaines, mais il reste beaucoup à faire, notamment pour accroître la productivité et la diversification agricoles, ainsi que pour instaurer un climat des affaire favorable à la création et au développement d ’entreprises de toutes sortes et de toutes tailles dans le secteur formel. La réglementation actuelle perpétue la domination économique d’une poignée de grandes entreprises aux dépens des PME, ce qui fausse la concurrence entre les entreprises et freine le dynamisme économique du pays. Pour renforcer le lien entre la croissance économique et la réduction de la pauvreté, il faut s’attaquer au régime d’incitation et aux avantages systémiques ancrés dans l’économie béninoise de façon à promouvoir un secteur privé plus diversifié et plus compétitif qui permette à tous les Béninois de partager les fruits de la croissance. Le point de la situation économique du Bénin ǁ Automne 2014 28 Annexe 1 : Indicateurs économiques, Bénin, 2000-2014 Indicateurs 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Moy. 2014 2000- Prév. 2013 Revenu et croissance économique Croissance du PIB (en % annuel) 4,9 6,2 4,4 4,0 3,1 2,9 3,8 4,6 5,0 2,7 2,6 3,3 5,4 5,6 4,2 5,5 Croissance du PIB par habitant 1,3 2,9 1,1 0,6 -0,2 -0,4 0,6 1,3 2,0 -0,8 -0,9 0,0 1,9 2,1 0,8 2,0 PIB par habitant (en dollars) 330 339 368 452 498 519 545 620 731 704 691 747 751 805 579 872 PIB par habitant, PPA (en dollars courants) 1051 1105 1135 1167 1196 1246 1298 1360 1420 1433 1447 1481 1510 1602 1318 1719 Croissance de la consommation privée (en % annuel) 10,1 7,2 11,5 0,3 6,7 8,8 6,7 6,3 11,4 5,9 5,2 7,9 14,7 6,6 7,8 7,2 Formation brute de capital fixe (en % du PIB) 19,3 19,2 18,0 19,1 17,7 17,9 16,4 19,6 18,1 20,8 17,6 18,7 17,6 25,6 19,0 19,5 Formation brute de capital fixe - Secteur public (en % du PIB) 7,3 7,4 6,1 6,8 6,1 6,3 4,6 7,5 5,9 9,7 5,5 6,6 5,6 7,0 6,6 6,9 Formation brute de capital fixe - Secteur privé (en % du PIB) 12,0 11,8 11,9 12,3 11,6 11,6 11,8 12,1 12,3 11,1 12,1 12,1 12,0 18,6 12,4 12,5 Monnaie et prix Inflation, prix a la consommation (en % annuel, fin d'année) 9,8 2,3 1,2 0,8 2,6 3,7 5,3 0,3 9,9 -2,9 4,0 1,8 6,8 -1,8 3,1 4,6 Inflation, prix à la consommation (en % annuel, moyenne pendant la 4,2 4,0 2,4 1,5 0,9 5,4 5,8 1,3 8,0 2,2 2,2 2,7 6,7 1,0 3,5 1,7 période) Taux des bons du Trésor (en %) 1,8 1,5 1,5 2,3 1,0 0,6 1,6 2,3 2,5 2,6 1,8 2,6 1,8 Taux de change nominal (variation en %) -6,1 1,3 -16,0 -17,0 -7,3 15,5 -10,4 -10,5 5,8 -3,4 -5,4 1,2 -5,1 3,7 -3,8 Taux de change réel (variation en %) -4,2 3,2 -11,6 -0,4 2,0 15,6 -9,6 -2,4 13,2 -8,4 -6,6 -0,7 -1,8 1,3 -0,7 Budget Recettes (en % du PIB) 17,8 17,8 17,8 18,9 19,3 19,0 19,2 23,8 21,3 21,7 18,6 17,6 18,8 19,4 19,4 18,7 Dépenses (en % du PIB) 19,2 20,5 19,6 20,7 20,4 21,3 19,4 23,4 21,4 25,0 21,6 21,9 21,2 23,2 21,3 21,8 courantes (en % du PIB) 11,8 12,7 12,4 13,8 13,6 14,4 14,7 16,1 15,7 15,9 15,5 15,0 15,4 15,4 14,5 15,3 d'équipement (en % du PIB) 7,3 7,8 6,4 6,9 6,2 6,2 4,6 7,5 5,9 9,7 5,5 6,6 5,6 7,0 6,7 6,9 Solde budgétaire global, dons non compris (base caisse, en % du PIB) -9,0 -7,2 -7,1 -3,5 -4,7 -3,4 -2,1 -3,4 -7,5 -9,3 -3,3 -4,9 -2,6 -3,6 -5,1 -3,7 Solde budgétaire global, dons non compris (base ordres de paiement, -7,2 -7,3 -6,1 -3,5 -3,8 -4,4 -2,7 -1,4 -3,5 -7,5 -3,1 -4,3 -2,4 -3,8 -4,4 -3,1 en % du PIB) Solde budgétaire global, dons compris (base ordres de paiement, en -1,8 -1,5 -2,3 -1,9 -1,0 -2,5 -0,3 0,2 -1,7 -4,3 -1,6 -1,8 -0,5 -2,8 -1,7 -1,0 % du PIB) Solde budgétaire primaire (en % du PIB) -6,3 -6,5 -5,3 -2,9 -3,0 -4,1 -2,3 -1,2 -3,1 -7,0 -2,5 -3,9 -1,8 -3,3 -3,8 -2,6 Dette publique totale (en % du PIB) 60,4 54,9 43,0 32,7 30,8 39,3 11,0 21,1 26,5 27,5 30,2 31,9 29,2 29,7 33,4 29,5 Dette publique extérieure (en % du PIB) 60,4 54,9 43,0 32,7 30,8 39,3 11,0 11,8 16,5 15,7 18,1 17,8 16,6 18,4 27,6 18,0 Comptes extérieurs Croissance réelle des exportations (en %, fin d'année) 37,3 -2,1 14,2 40,2 3,7 16,3 -26,3 24,6 47,3 -36,1 30,5 -6,9 6,0 11,4 Croissance réelle des importations (en %, fin d'année) -7,5 11,4 25,1 29,4 10,7 2,7 18,3 76,9 21,6 -1,7 8,9 -5,5 11,8 15,5 Exportations de marchandises (en millions de dollars courants) 371 374 387 487 573 543 627 934 1179 1094 1034 738 934 902 726,9 919 Exportations principales (i.e coton) 152,2 158,3 142,9 240,2 217,3 176,6 98,5 138,1 178,2 140,8 124,4 120,5 167,6 243,0 164,2 255,2 Importations de marchandises (en millions de dollars courants) 621 644 764 944 1016 1010 1145 1796 2065 1966 1528 1288 1494 2430 1337 2000 Services, en valeur nette (en millions de dollars courants) 111,8 118,7 147,6 192,8 220,9 233,2 11,7 -70,7 20,8 -133,8 -68,7 -360,9 -14,4 -53,2 25,4 -79,5 Envois de fonds, en valeur nette (balance des paiements, en millions 80,5 77,8 70,0 49,7 54,1 137,2 186,2 234,2 199,6 122,6 127,1 141,8 124,9 123,5 137,5 de dollars courants) Solde extérieur courant, dons non compris (balance des paiements, -106,3 -138,7 -227,9 -341,5 -310,9 -290,2 -287,0 -600,2 -606,8 -739,9 -313,0 -279,0 -335,8 -606,9 -370,3 -413,2 en millions de dollars courants) en pourcentage du PIB -4,5 -5,6 -8,1 -9,6 -7,7 -6,7 -6,1 -10,9 -9,1 -11,2 -9,6 -8,1 -8,7 -14,8 -8,6 -9,4 Solde extérieur courant, dons compris (balance des paiements, en -103,9 -109,4 -222,6 -333,2 -282,9 -274,7 -249,4 -561,6 -540,1 -587,9 -571,6 -569,7 -596,2 -1205,3 -443,5 -820,6 millions de dollars courants) en pourcentage du PIB -4,4 -4,4 -7,9 -9,4 -7,0 -6,3 -5,3 -10,2 -8,1 -8,9 -8,7 -7,8 -7,9 -14,5 -7,9 -9,2 Investissement étranger direct (en millions de dollars courants) 56,2 41,6 12,6 44,2 65,2 53,4 54,9 26,1 173,8 103,1 195,1 101,5 122,0 744,6 128,2 427,0 Dette extérieure totale (en millions de dollars courants) 1387,8 1457,7 1595,8 1472,0 1597,8 1537,7 640,7 764,2 916,8 1072,5 1189,2 1300,0 1252,9 1529,5 1265,3 1605,6 Dette extérieure totale (en % du PIB) 58,8 58,3 56,9 41,4 39,4 35,3 13,6 13,9 13,7 16,2 18,1 17,8 16,6 18,4 29,9 18,0 Dette multilatérale (en % de la dette extérieure totale) 69,8 69,7 71,4 87,3 90,1 88,2 72,2 78,1 75,5 74,7 75,9 77,5 Ratio du service de la dette (en % des biens et services autres que les 11,0 11,5 10,1 10,1 10,1 7,0 3,4 9,6 3,2 4,5 3,9 6,0 6,3 5,5 7,3 6,8 revenus des facteurs) Le point de la situation économique du Bénin I Automne 2014 29 Population, emploi et pauvreté Population totale (millions d'habitants) 9 9,2 9,5 9,8 10,1 10,5 9,7 11,2 Taux de chômage* 1 Zones rurales Zones urbaines Creation d'emplois, secteur structure (en %, fin d'année) Proportion de pauvres au seuil de pauvreté national (en % de la population)** 37,5 35,2 36,2 Proportion de pauvres vivant avec moins de 1,25 dollar par jour (PPA) (en % de la population) Proportion de pauvres vivant avec moins de 2 dollars par jour (PPA) (en % de la population) Inégalité des revenus - Coefficient de Gini 46,9 46,4 Croissance démographique (en % annuel) 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 Espérance de vie**** 56 Divers : PIB (en milliards d'unités de devises locales courantes) 2971 3109 3248 3443 3851 4104 4404 PIB (en milliards de dollars courants) 6,67 6,61 6,57 7,30325 7,54736 8,31 8,92 Classement Doing Business 1/ 172 170 176 175 174 IDH (Indice de développement humain) 0,414 0,42 0,425 0,429 0,432 0,434 0,436 Classement IDH 2/ 161 134 167 166 CPIA (classement général) 3/ 3,6 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 Gestion économique 4 3,7 3,5 3,5 3,7 3,8 Mesures structurelles 3,7 3,7 3,7 3,7 3,5 3,5 Mesures de promotion de l'inclusion sociale et de l'égalité 3,3 3,3 3,4 3,4 3,4 3,5 Gestion et institutions publiques 3,3 3,3 3,3 3,3 3,3 3,3 Sources : Autorités gouvernementales ; Indicateurs de développement et estimations des services de la Banque mondiale. Notes : 1 = Les indicateurs Doing Business donnent une mesure objective de la réglementation des entreprises dans 183 pays. 2 = L’Indice de développement humain (IDH) est un indice synthétique qui mesure l’évolution à long terme du niveau de développement humain à partir de critères fondamentaux. En 2010, l’IDH a été calculé pour 169 pays. 3 = L’évaluation de la politique et des institutions nationales (CPIA), un outil mis au point par la Banque mondiale, mesure la qualité des politiques et des dispositifs institutionnels de 135 pays bénéficiant des ressources de la BIRD et de l’IDA. Les pays sont notés sur une échelle de 1 (qualité insuffisante pendant une durée prolongée) à 6 (bonne qualité pendant une durée prolongée). Le point de la situation économique du Bénin I Automne 2014 30