ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE Accélérer les gains de productivité pour une croissance diversifiée et résiliente Printemps 2025 Rapport de suivi de la situation économique en Algérie Accélérer les gains de productivité pour une croissance diversifiée et résiliente Printemps 2025 Région Moyen-Orient et Afrique du Nord © 2025 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Internet : www.worldbank.org Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les obser- vations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les déno- minations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et autorisations Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connais- sances, ce rapport peut être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée. 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Conception de la mise en page : The Word Express, Inc TABLE DES MATIÈRES Liste des acronymes ............................................................................................... v Remerciements...................................................................................................... vii Résumé analytique................................................................................................. ix Executive Summary................................................................................................. xi ‫ملخص تنفيذي‬......................................................................................................... xiii Chapitre 1 : Développements économiques récents.......................................................... 1 La croissance du PIB hors-hydrocarbures est restée dynamique en 2024......................................................... 1 La production de pétrole et de gaz s’est contractée en 2024, lestant les exportations d’hydrocarbures... 3 Le compte courant est passé sous l’équilibre en 2024, et les réserves de change ont diminué.................. 4 Le déficit budgétaire s’est creusé en 2024, et a été principalement financé par l’épargne pétrolière........ 5 L’inflation a fortement reculé en 2024, notamment alimentaire.............................................................................. 6 Chapitre 2 : Perspectives et risques............................................................................. 9 La croissance du PIB serait portée par la vigueur du secteur hors-hydrocarbures.......................................... 9 La pression sur les soldes extérieurs et budgétaires s’accentuerait, reflétant la tendance baissière des prix des hydrocarbures........................................................................................................................ 10 L’incertitude mondiale pose des risques pour les équilibres macroéconomiques........................................... 11 Chapitre 3 : Accélérer les gains de productivité pour diversifier l’économie algérienne............... 13 La dépense publique, fer de lance de la croissance dans les années 2000, a ralenti durant la dernière décennie....................................................................................................................................................... 13 La productivité a connu des gains différenciés, portés par l’agriculture et la construction............................ 14 Le modèle de croissance tirée par la dépense publique a orienté la structure de l’emploi, pesant sur la productivité............................................................................................................................................... 16 La comparaison à l’international propose des pistes pour l’accélération de la productivité et la diversification de l’économie algérienne............................................................................................................... 17 Annexe 1 : Dernières sections spéciales des notes de suivi de l’économie algérienne.................. 21 Bibliographie........................................................................................................ 25 iii Liste des figures Figure 1 Le dynamisme de l’investissement a stimulé les importations…....................................................... 2 Figure 2 …tandis que la consommation a dynamisé les services commerciaux........................................... 2 Figure 3 Les données d’éclairage nocturne suggèrent une croissance hétérogène en 2024…............... 2 Figure 4 …la région Nord-Centre contribuant le plus à la croissance hors-hydrocarbures......................... 2 Figure 5 La production de pétrole brut et de gaz naturel a ralenti en 2024.................................................... 3 Figure 6 …et les prix à l’exportation des hydrocarbures ont diminué............................................................... 3 Figure 7 Le compte courant a affiché un premier déficit en trois ans…........................................................... 4 Figure 8 …bien que les prix à l’importation se soient atténués........................................................................... 4 Figure 9 Les volumes d’exportations pétrolières ont baissé en 2024…........................................................... 5 Figure 10 …tandis que les volumes d’importations ont augmenté....................................................................... 5 Figure 11 La forte augmentation des dépenses et la contraction des recettes ont creusé le déficit budgétaire....................................................................................................................................... 6 Figure 12 …qui a été financé par l’épuisement de l’épargne pétrolière.............................................................. 6 Figure 13 L’inflation a nettement ralenti, emmenée par les prix des produits alimentaires frais.................. 7 Figure 14 Le taux de change vis-à-vis du dollar est demeuré stable, mais les taux effectifs se sont appréciés…........................................................................................................................................ 7 Figure 15 …tandis que la croissance du crédit au secteur privé s’est accélérée............................................. 7 Figure 16 Le développement des cultures demeure modeste, particulièrement dans l’Ouest................... 10 Figure 17 ...suivant la baisse tendancielle de la pluviométrie................................................................................ 10 Figure 18 Au cours de la dernière décennie, la croissance et la création d’emplois ont ralenti................. 14 Figure 19 ...tandis que la contribution de la productivité au PIB potentiel a été limitée................................. 14 Figure 20 La productivité du travail par secteur d’activité est hétérogène…..................................................... 15 Figure 21 …et limitée par celle des EPE, notamment manufacturières............................................................... 15 Figure 22 Les gains de productivité ont été plus forts dans l’agriculture et la construction......................... 16 Figure 23 …et renforcés par la baisse de l’emploi dans le secteur agricole..................................................... 16 Figure 24 En Algérie, la croissance de l’emploi s’est concentrée dans les services non commerciaux et la construction......................................................................................................... 16 Figure 25 ...plus encore que dans les autres pays riches en ressources naturelles....................................... 16 Figure 26 L’emploi algérien s’est progressivement concentré dans les secteurs à basse VA….................. 17 Figure 27 …étant déconnecté des variations en productivité................................................................................ 17 Figure 28 En comparaison internationale, la performance de la productivité est contrastée… .................. 18 Figure 29 …ce qui explique en partie les écarts relatifs de productivité sectorielle........................................ 18 Figure 30 La structure de l’emploi des pays pairs suggère des avenues de transformation structurelle ....................................................................................................................................................... 18 Liste des encadrés Encadré 1 La loi de finances 2025................................................................................................................................ 11 Encadré 2 La trajectoire de croissance de trois pays performants....................................................................... 19 iv RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE LISTE DES ACRONYMES AADL Agence nationale de l’amélioration et du M2 Masse monétaire agrégée (billets, dépôts développement du logement à vue et à terme) AAPI Agence algérienne de promotion de Mb/j Milliers de barils par jour l’investissement MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord BdA Banque d’Algérie MTEP Million de tonnes équivalent pétrole BM Banque mondiale NASA Administration nationale de DZD Dinar algérien l’aéronautique et de l’espace EPE Entreprises publiques économiques OCDE Organisation de coopération et de EPT Espaces de programmation territoriale développement économiques EUR Euro OIT Organisation internationale du travail FAO Organisation des Nations Unies pour ONS Office national des statistiques l’alimentation et l’agriculture OPEP Organisation des pays exportateurs de FGAR Fonds de garantie des crédits aux petites pétrole et moyennes entreprises OPEP+ OPEP et pays partenaires non-membres FMI Fonds monétaire international PIB Produit intérieur brut FRR Fonds de régulation des recettes PLF2025 Projet de loi de finances 2025 GNL Gaz naturel liquéfié PNDAR Programme National de Développement GPL Gaz de pétrole liquéfié Agricole et Rural IDE Investissements directs étrangers PRFM Pays à revenus faibles et moyens IP Importations de produits S1 Semestre 1 IPC Indice des prix à la consommation S2 Semestre 2 IPP Indice des prix à la production TVA Taxe sur la valeur ajoutée ISMMEE Industries sidérurgiques, métallurgiques, UE Union européenne mécaniques, électriques et électroniques USD Dollar des États-Unis JODI Initiative conjointe sur les données des VA Valeur ajoutée organisations ZLECAf Zone de libre-échange continentale LF 2025 Loi de finances pour 2025 africaine v REMERCIEMENTS C e rapport de suivi de la situation économique mondiale. Il a été préparé par Cyril Desponts, Amel de l’Algérie rend compte des principaux Henider, Daniel Prinz et Sabiha Tiguercha, sous la développements et politiques économiques direction d’Eric Le Borgne et Abdoulaye Sy. L’équipe récents. Il les replace dans un contexte global et à remercie Ahmadou Moustapha Ndiaye (Directeur plus long terme et évalue les implications de ces pays pour le Maghreb et Malte) et Kamel Braham évolutions pour les perspectives économiques de (Représentant résident pour l’Algérie) pour leurs com- l’Algérie. Le rapport s’adresse à un large public, mentaires précieux lors de l’examen de ce rapport. notamment les décideurs politiques, les chefs d’en- L’équipe de la Banque mondiale remercie tout par- treprise, les acteurs économiques et la communauté ticulièrement le ministère des Finances de l’Algérie des analystes et des professionnels travaillant en et pour ses observations sur le contenu du rapport sur l’Algérie. Le rapport est divisé en trois chapitres. avant sa publication. Le chapitre 1 présente les développements macroé- Les constatations, interprétations et conclu- conomiques récents de l’Algérie au cours de l’année sions exprimées dans le présent rapport sont celles du 2024, le chapitre 2 décrit les perspectives à court et personnel de la Banque mondiale et ne reflètent pas moyen terme de l’économie algérienne, et le chapitre nécessairement les vues du Conseil d’administration 3 examine les leviers de productivité nécessaires à de la Banque mondiale ou des pays qu’il représente. une diversification durable de l’économie. La date Pour plus d’informations sur la Banque mondiale et limite de saisie des données et de finalisation ses activités en Algérie, y compris des copies électro- des projections utilisées dans ce rapport est le niques de cette publication, veuillez consulter le site 29 mai 2025. https://​www.banquemondiale.org/fr/country/algeria. Le rapport de suivi de la situation économique Pour toute question ou commentaire sur le contenu de l’Algérie est un produit de la section Moyen-Orient de cette publication, veuillez contacter Cyril Desponts et Afrique du Nord (MENA) du pôle d’expertise glo- (cdesponts@worldbank.org) et Eric Le Borgne bal Politique Économique du Groupe de la Banque (eleborgne@worldbank.org). vii RÉSUMÉ ANALYTIQUE L a croissance économique de l’Algérie est (6,6 % du PIB) et, avec un ralentissement modéré de demeurée robuste en 2024, mais devrait l’importation, une baisse dans les réserves de change. ralentir modérément en 2025. La forte dyna- Le déficit budgétaire s’est creusé en 2024 mique de l’investissement et une croissance robuste et devrait persister en 2025. Le déficit budgétaire de la consommation des ménages, toutes deux ali- s’est creusé, atteignant 13,9 % du PIB en 2024 — soit mentées par la dépense publique, ont soutenu l’activité son niveau le plus élevé depuis 2015 — la hausse manufacturière et des services, tandis que la produc- continue des dépenses publiques (+9,0 %, après tion agricole s’accélérait. La croissance de la demande une hausse de 63,3 % entre 2021 et 2023) étant intérieure a cependant stimulé les importations qui, désormais renforcée par la chute des recettes des combinées à la baisse de la production et des expor- hydrocarbures (–31,1 %). Le déficit budgétaire attein- tations des hydrocarbures, ont lesté la croissance. drait 14,5 % du PIB en 2025, avant de se résorber, Somme toute, le PIB hors-hydrocarbures a cru à un la baisse des recettes d’hydrocarbures étant amortie rythme de 4,8 %, compensant la contraction de 1,4 % par la rationalisation des dépenses. La dette publique du PIB des hydrocarbures. La croissance du PIB réel n’a augmenté que modérément en 2024, atteignant est projetée à 3,3 % en 2025, portée par le rebond de la 48,5 % du PIB, l’utilisation du reliquat du Fonds de croissance de la production des hydrocarbures (+1,6 %), Régulation des Recettes (FRR), à hauteur de 19,9 mil- stimulé par celui des quotas de production de l’OPEP liards USD (soit 7,4 % du PIB) assurant la majorité du et de la production gazière. La croissance hors-hydro- financement du déficit. Toutefois, les besoins impor- carbures ralentirait (+3,6 %), du fait de la consolidation tants de financement, couplés à l’épuisement du attendue des dépenses publiques, plus marquée pour FRR, amèneraient la dette publique à augmenter sen- l’investissement. La production agricole demeurerait siblement à partir de 2025. robuste malgré une pluviométrie limitée, compensant L’inflation a nettement ralenti en 2024. La le ralentissement dans l’industrie et les services. croissance de l’indice des prix à la consommation Après deux années d’excédents, la balance a chuté de 9,3 % en 2023 à 4,0 % en 2024, princi- du compte courant est redevenue déficitaire en palement en raison de la désinflation des produits 2024. La contraction des exportations (–10,2 %) agricoles frais, elle-même soutenue par l’autorisation s’est combinée à la hausse des importations (+9,7 de l’importation de viande, le dynamisme agricole, la %), notamment alimentaires, d’équipement et de véhi- stabilité du taux de change et le ralentissement de cules, pour générer un déficit du compte courant à la croissance monétaire, malgré une politique moné- hauteur de 1,7 % du PIB. La baisse des prix du pétrole taire demeurée accommodante et une croissance en 2025 entrainerait un creusement de ce déficit dynamique du crédit au secteur privé. ix Dans une économie mondiale sous pres- L’analyse des tendances de productivité dans sion, il est essentiel d’accélérer l’effort de les différents secteurs offre des pistes de réflexion diversification de l’économie algérienne et de pour accélérer la transformation structurelle de réduction de la dépendance aux exportations l’économie algérienne. Le modèle de croissance tiré d’hydrocarbures. Les incertitudes exceptionnelles par la dépense publique a été le fer de lance d’impor- associées aux évolutions du commerce et de l’éco- tantes réalisations économiques et sociales dans les nomie mondiale, renforcées par celles géopolitiques, années 2000, avant un ralentissement durant la der- menacent les prix du pétrole et du gaz, qui repré- nière décennie alors que le rythme de croissance des senteraient toujours 79 % des recettes d’exportation dépenses devenait insoutenable. Ce faisant, ce modèle et 43 % des recettes budgétaires en 2025. Dans ce de croissance a orienté l’emploi dans des secteurs à contexte, la diversification de l’économie notamment faible valeur ajoutée, notamment les services non com- à travers l’augmentation de l’investissement privé, merciaux et la construction. Par ailleurs, une analyse national et international, et les gains de productivité comparative de la productivité algérienne suggère une est pressante, afin de diversifier les recettes externes performance hétérogène, la forte dynamique dans et fiscales, et d’engager l’économie algérienne sur le secteur agricole contrastant avec des gains limités une trajectoire de croissance résiliente, moins tri- dans le secteur manufacturier. Ainsi, l’accélération de butaire de la dépense publique. Compte tenu du la croissance pourrait être réalisée grâce, d’une part, poids du financement des déficits budgétaires dans à des gains accrus de productivité dans les secteurs l’épargne nationale, et les risques qu’ils font peser sur manufacturiers et des services, et, d’autre part, à une la stabilité monétaire, un rééquilibrage des finances réallocation graduelle de l’emploi vers les secteurs à publiques soutiendrait la croissance. Au vu du niveau haute valeur ajoutée, qui irait de pair avec un rééqui- élevé de dépenses dans une perspective internatio- librage progressif des dépenses publiques. Une telle nale, ce rééquilibrage serait notamment tributaire transformation de l’économie appelle des politiques d’une amélioration de la qualité de la dépense, infor- transversales et sectorielles ciblées pour soutenir la mée par des revues des dépenses et une priorisation croissance et l’emploi dans le secteur privé, tout en outil- accrue des investissements. lant les travailleurs avec les compétences nécessaires. x RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE EXECUTIVE SUMMARY A lgeria’s economic growth remained robust widened, to 13.9 percent of GDP in 2024—its highest in 2024 but is expected to slow modera- level since 2015—with the continued increase in public tely in 2025. Strong investment momentum spending (+9.0 percent, after a 63.3 percent increase and robust growth in household consumption, both between 2021 and 2023) now reinforced by the fall in fueled by government spending, supported manu- hydrocarbon revenues (–31.1 percent). The budget def- facturing and services activity, while agricultural icit is expected to reach 14.5 percent of GDP in 2025, production accelerated. However, growth in domestic before decreasing, as the decline in hydrocarbon rev- demand boosted imports, which, combined with lower enues is cushioned by the rationalization of spending. hydrocarbon production and exports, weighed on Public debt increased only moderately in 2024, reach- growth. Overall, non-hydrocarbon GDP grew at a pace ing 48.5 percent of GDP, with the use of the remaining of 4.8 percent, offsetting the 1.4 percent contraction US$ 19.9 billion (or 7.4 percent of GDP) in the Reve- in GDP from hydrocarbons. Real GDP growth is pro- nue Regulation Fund (FRR) providing the majority of jected at 3.3 percent in 2025, driven by the rebound the financing of the deficit. However, the significant in growth in the hydrocarbon sectors (+1.6 percent), financing needs, coupled with the depletion of the FRR, boosted by the recovery of OPEC production quo- would lead to a significant increase in public debt from tas and gas production. Non-hydrocarbon growth is 2025 onwards. expected to slow (+3.6 percent), driven by the expec- Inflation slowed significantly in 2024. Con- ted consolidation of public spending, which would be sumer price index growth fell from 9.3 percent in more marked for investment. Agricultural production is 2023 to 4.0 percent in 2024, driven by the disinfla- expected to remain robust despite limited rainfall, off- tion of fresh agricultural products, helped by the setting the slowdown in industry and services. authorization of meat imports, agricultural dynamism, After two years of surpluses, the current exchange rate stability, and slowing monetary growth, account balance returned to deficit in 2024. The despite a monetary policy that remained accommo- contraction in exports (-10.2 percent) combined with dative and dynamic credit growth to the private sector. the increase in imports (+9.7 percent), particularly In a global economy under pressure, it is food, equipment and vehicles, generated a current essential to accelerate the effort to diversify the account deficit of 1.7 percent of GDP. The fall in oil Algerian economy and reduce dependence on prices in 2025 would lead to a widening of this deficit hydrocarbon exports. The exceptional uncertainty (6.6 percent of GDP) and, with a moderate slowdown associated with developments in trade and the global in imports, a drop in foreign exchange reserves. economy, reinforced by geopolitical ones, threatens The budget deficit widened in 2024 and oil and gas prices, which are still expected to account is expected to persist in 2025. The budget deficit for 79 percent of export earnings and 43 percent of xi fiscal revenues in 2025. In this context, the diversifica- model resulted in important economic and social tion of the economy, in particular through the increase achievements in the 2000s, before slowing down of private investment, national and international, and in the last decade as the pace of spending growth productivity gains, is urgent, in order to diversify exter- became unsustainable. In doing so, this growth model nal and tax revenues, and to commit the Algerian has steered employment to low-value-added sectors, economy to a resilient growth trajectory, less depen- including non-commercial services and construc- dent on public spending. In light of the weight of the tion. In addition, a comparative analysis of Algerian financing of fiscal deficits in national savings, and the productivity suggests a heterogeneous performance, risks they pose to monetary stability, a consolidation with strong momentum in the agricultural sector con- of public finances would support growth. Given the trasting with limited gains in the manufacturing sector. high level of spending from an international perspec- Thus, a growth acceleration could be achieved by tive, this rebalancing would depend in particular on increasing productivity gains in the manufacturing and an improvement in the quality of spending, informed services sectors, on the one hand, and a gradual real- by spending reviews and increased prioritization of location of employment to high-value-added sectors investments. on the other, combined with a gradual rebalancing of The analysis of productivity trends in dif- public spending. Such an economic transformation ferent sectors offers avenues for reflection to calls for targeted cross-cutting and sectoral policies accelerate the structural transformation of the to support growth and jobs in the private sector, while Algerian economy. The public-spending-led growth equipping workers with the necessary skills. xii RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE ‫ملخص تنفيذي‬ ‫ف ا خالل عام ‪ 2024‬ليبلغ‬ ‫ع ا طفي ً‬ ‫أما الدين العمومي‪ ،‬فقد شهد ارتفا ً‬ ‫‪ ٪48.5‬من الناتج املحيل اإلجاميل‪ ،‬بفضل اللجوء إىل استعامل ما تبقى‬ ‫من موارد صندوق ضبط اإلي رادات‪ ،‬الذي ساهم مبا يعادل ‪ 19.9‬مليار‬ ‫ل النمو االقتصادي يف الجزائر قوي اً يف عام ‪ ،2024‬لكنه من‬ ‫املتوقع أن يتباطأ قلي الً يف عام ‪ .2025‬وقد ساهم كل من‬ ‫االستثامر النشط وزيادة استهالك األرس‪ ،‬املدعومني باإلنفاق‬ ‫ظ‬ ‫دوالر أمرييك (أي ما يقارب ‪ ٪7.4‬من الناتج املحيل اإلجاميل) يف متويل‬ ‫الحكومي‪ ،‬يف تعزيز النشاط يف قطاعي الصناعة والخدمات‪ ،‬بينام‬ ‫الجزء األكرب من العج ز‪ .‬غري أن احتياجات التمويل املرتفعة‪ ،‬مقرونة‬ ‫تسارع منو اإلنتاج الزراعي‪ .‬ومع ذلك‪ ،‬فإن منو الطلب املحيل قد‬ ‫بنفاد موارد صندوق ضبط اإلي رادات‪ ،‬من شأنها أن تؤدي إىل زيادة‬ ‫حفز الواردات‪ ،‬والتي‪ ،‬إىل جانب انخفاض انتاج وتصدير املحروقات‬ ‫محسوسة يف مستوى الدين العمومي ابتداء من سنة ‪.2025‬‬ ‫ج ل الناتج املحيل اإلجاميل خارج‬ ‫ً‬ ‫إجاماًل‪ ،‬س ّ‬ ‫‪ ،‬قد ق يّ دت وترية النمو‪.‬‬ ‫ح ا خالل عام ‪ .2024‬فقد‬ ‫عرفت معدالت التضخم تباط ؤًا واض ً‬ ‫وا بنسبة ‪ ،٪4.8‬مام أسهم يف تعويض التق لّص امل ُق َّ‬ ‫در بـ‬ ‫املحروقات من ً‬ ‫ت راجعت وترية منو مؤرش أسعار املستهلك من ‪ ٪9.3‬يف عام ‪2023‬‬ ‫‪ ٪1.4‬يف الناتج املحيل اإلجاميل للمحروقات‪ .‬من املتوقع أن يكون منو‬ ‫إىل ‪ ٪4.0‬يف عام ‪ ،2024‬مدفوع اً بانخفاض التضخم عىل املنتجات‬ ‫الناتج املحيل اإلجاميل الحقيقي بنسبة ‪ ٪3.3‬يف عام ‪ ،2025‬مدفوع اً‬ ‫الزراعية الطازجة‪ ،‬وذلك بفضل السامح باست رياد اللحوم‪ ،‬والنشاط‬ ‫بانتعاش منو قطاع املحروقات (‪ ،)٪+1.6‬محفزا ً بزيادة حصص اإلنتاج‬ ‫القوي للقطاع الزراعي‪ ،‬استق رار سعر الرصف‪ ،‬إضافة إىل تباطؤ وترية‬ ‫من أوبك وزيادة اإلنتاج الغازي‪ .‬من املتوقع أن تشهد نسبة النمو‬ ‫منو عرض النقد‪ ،‬رغم استم رار سياسة نقدية متساهلة ومنو قوي يف‬ ‫خارج قطاع املحروقات تباطؤا ً لتبلغ ‪ ، ٪+3,6‬نتيجة لسياسة ضبط‬ ‫االئتامن للقطاع الخاص‪.‬‬ ‫النفقات العمومية‪ ،‬ال سيام ما يتعلق منها بنفقات االستثامر‪ .‬من‬ ‫يف ظل الضغوطات التي يتعرض لها االقتصاد العاملي‪ ،‬أصبح من‬ ‫املتوقع أن يظل اإلنتاج الزراعي قوي اً رغم قلة هطول األمطار‪ ،‬مام‬ ‫الرضوري ترسيع وترية تنويع االقتصاد الجزائري وتقليص االعتامد‬ ‫وض التباطؤ يف قطاعي الصناعة والخدمات‪.‬‬ ‫يع ّ‬ ‫عىل صادرات املحروقات‪ .‬إذ تشكل حالة عدم اليقني الغري املسبوقة‬ ‫بعد عامني من تحقيق فوائض يف الحساب الجاري‪ ،‬عاد هذا األخري‬ ‫املحيطة بتطورات التجارة واالقتصاد العاملي‪ ،‬والتي زادتها التوت رات‬ ‫إىل تسجيل عجز خالل سنة ‪ .2024‬وقد اقرتن ت راجع الصادرات بنسبة‬ ‫را عىل أسعار النفط والغاز التي ال تزال‬ ‫الجيوسياسية تعقي ً‬ ‫دا‪ ،‬خط ً‬ ‫‪ ٪10.2‬بارتفاع الواردات بنسبة ‪ ،٪9.7‬السيام من املواد الغذائية‪،‬‬ ‫متثل حوايل ‪ ٪79‬من عائدات التصدير و‪ ٪43‬من إي رادات امليزانية يف عام‬ ‫ومعدات التجهي ز‪ ،‬واملركبات‪ ،‬مام أدى إىل تسجيل عجز يف الحساب‬ ‫‪ .2025‬يف هذا السياق‪ ،‬فان تنويع االقتصادي يعترب ام را عاجال‪ ،‬ال سيام‬ ‫الجاري بلغ ‪ ٪1.7‬من الناتج املحيل اإلجاميل‪ .‬ومن املتوقع أن يؤدي‬ ‫من خالل تعزيز االستثامرات الخاصة‪ ،‬املحلية واألجنبية‪ ،‬وتحقيق‬ ‫انخفاض أسعار النفط يف عام ‪ 2025‬إىل تفاقم هذا العجز ليبلغ ‪٪6.6‬‬ ‫مكاسب يف اإلنتاجية‪ ،‬بهدف تنويع مصادر اإلي رادات الخارجية‬ ‫من الناتج املحيل اإلجاميل‪ ،‬كام سيؤدي‪ ،‬إىل جانب تباطؤ نسبي يف‬ ‫واملحلية‪ ،‬و وضع االقتصاد الوطني عىل مسار منو مستدام أقل اعتامدًا‬ ‫وترية الواردات‪ ،‬إىل ت راجع يف احتياطيات الرصف االجنبي‪.‬‬ ‫عىل اإلنفاق العمومي‪ .‬وبالنظر إىل االثر الناجم عن متويل العجوزات‬ ‫تفاقاًم يف عام ‪ ،2024‬ومن املرتقب أن‬ ‫ً‬ ‫ج ل عجز امليزانية‬ ‫س ّ‬ ‫املالية عىل االدخارات الوطنية‪ ،‬واملخاطر التي تتبعها عىل االستق رار‬ ‫يستمر خالل سنة ‪ .2025‬حيث بلغ هذا العجز نسبة ‪ ٪13.9‬من‬ ‫النقدي‪ ،‬فإن ترشيد االنفاق العام سيدعم النمو‪ .‬نظ را ً الرتفاع مستوى‬ ‫ج ل منذ‬ ‫الناتج املحيل اإلجاميل يف عام ‪ ،2024‬وهو أعىل مستوى يُ س َّ‬ ‫اإلنفاق من منظور دويل‪ ،‬فإن إعادة التوازن هذه سوف تعتمد بشكل‬ ‫‪ ،2015-‬نتيجة الزيادة املستمرة يف النفقات العمومية (‪،٪+9.0‬‬ ‫خاص عىل تحسني جودة اإلنفاق‪ ،‬استنادا ً إىل م راجعات اإلنفاق وزيادة‬ ‫بعد ارتفاع بـ ‪ ٪63.3‬ما بني ‪ 2021‬و‪ ،)2023‬والتي تزامنت هذه‬ ‫تحديد أولويات االستثامرات‪.‬‬ ‫املرة مع ت راجع كبري يف إي رادات املحروقات بنسبة ‪ .٪37.5‬ومن‬ ‫إن تحليل مسارات اإلنتاجية يف مختلف القطاعات يُ تيح ً‬ ‫سباًل‬ ‫املتوقع أن يصل عجز امليزانية إىل ‪ ٪14.5‬من الناتج املحيل اإلجاميل‬ ‫للتفكري يف كيفية ترسيع وترية التحول الهيكيل لالقتصاد الجزائري‪.‬‬ ‫يف عام ‪ ،2025‬قبل أن يبدأ يف ال رتاجع‪ ،‬حيث سيتم التخفيف من‬ ‫العمومي اداة لتحقيق‬ ‫ً‬ ‫فقد ش كّل منوذج النمو القائم عىل اإلنفاق‬ ‫أثر انخفاض إي رادات املحروقات عرب ترشيد النفقات العمومية‪.‬‬ ‫‪xiii‬‬ ‫وبذلك‪ ،‬ميكن تحقيق تسارع يف النمو االقتصادي من خالل تحسني‬ ‫منجزات اقتصادية واجتامعية كربى منذ بداية هذا القرن‪ ،‬قبل أن‬ ‫مستويات اإلنتاجية يف قطاعي الصناعة والخدمات‪ ،‬إىل جانب إعادة‬ ‫ؤا خالل العقد املايض‪ ،‬مع بلوغ وترية منو اإلنفاق مستويات‬‫يشهد تباط ً‬ ‫توزيع تدريجية للعاملة نحو القطاعات ذات القيمة املضافة العالية‪،‬‬ ‫غري مستدامة‪ .‬وقد أدى هذا النموذج إىل توجيه سوق العمل نحو‬ ‫يف تزامن مع إعادة توازن تدريجية لإلنفاق العمومي‪ .‬ويتطلب هذا‬ ‫قطاعات منخفضة القيمة املضافة‪ ،‬السيام يف الخدمات الغري التجارية‬ ‫التحول الهيكيل لالقتصاد تبني سياسات شاملة وقطاعية دقيقة‪،‬‬ ‫وقطاع البناء‪ .‬من جهة أخرى‪ ،‬تشري املقارنة بني مستويات اإلنتاجية‬ ‫تهدف إىل دعم النمو وفرص العمل يف القطاع الخاص‪ ،‬مع متكني اليد‬ ‫يف الجزائر إىل أداء متباين‪ ،‬حيث ت ُظهر الديناميكية القوية يف القطاع‬ ‫العاملة من املهارات الالزمة لذلك‪.‬‬ ‫ن ا مع املكاسب املحدودة يف القطاع الصناعي التحوييل‪.‬‬ ‫الزراعي تباي ً‬ ‫‪xiv‬‬ ‫‪RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE‬‬ ‫‪DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE‬‬ 1 DÉVELOPPEMENTS ÉCONOMIQUES RÉCENTS La croissance du PIB hors-hydrocarbures vices de commerce, hôtellerie et restauration, est restée dynamique en 2024 tandis que la production agricole s’est accé- lérée. L’augmentation des investissements s’est La croissance du PIB hors-hydrocarbures est traduite par une reprise différenciée de l’activité restée robuste en 2024, soutenue par le dyna- manufacturière (+4,8 % en g.a.), incluant une crois- misme de l’investissement. La croissance du PIB sance dynamique dans les secteurs miniers et des hors-hydrocarbures a atteint 4,8 % en 2024, tirée par matériaux de construction (notamment le ciment et la une solide croissance des investissements (9,5 % brique), tandis que les segments orientés à l’export en 2024, contre 9,9 % en 2023), malgré un ralentis- (notamment les industries chimiques et la métallur- sement au deuxième semestre. La consommation gie) et la fabrication de machines et d’équipements privée est restée dynamique (+4,0 %), soutenue par ont ralenti. Le dynamisme de la consommation a une hausse continue des dépenses publiques cou- davantage soutenu les services à basse valeur ajou- rantes, en particulier celle de la masse salariale. tée (commerce, hôtellerie et restauration), réactifs Les exportations nettes ont contribué négativement à la consommation des ménages, que les services à à la croissance, le dynamisme de l’investissement haute valeur ajoutée (transport et communications, stimulant la croissance en volume des importations services aux entreprises, immobilier et finance).1 (+12,0 %), notamment celles de biens d’équipement, La production agricole a connu une accélération tandis que les exportations ont diminué (–2,9 %). en 2024 (+5,1 %), notamment grâce à une cam- Les données satellitaires d’éclairage nocturne sug- pagne céréalière meilleure qu’attendu, contribuant gèrent une croissance plus marquée dans certaines à l’approvisionnement du marché intérieur et à l’at- régions du Centre et du Sud en 2024, ainsi qu’un ténuation des pressions inflationnistes. Le taux de dynamisme continu au T1-2025. La hausse de la demande intérieure a 1 Voir le chapitre 3 pour les estimations de la productivité dynamisé l’industrie manufacturière et les ser- par secteur. 1 chômage a atteint 9,7 % à la fin 2024, contre 11,4 % 2 Communiqué de l’ONS (février 2025). Il est à noter en 2019, principalement du fait des recrutements qu’aucune enquête sur l’emploi et le chômage n’a été importants dans le secteur public.2 publiée depuis 2019. Le dynamisme de l’investissement a FIGURE 1 •  …tandis que la consommation a FIGURE 2 •  stimulé les importations… dynamisé les services commerciaux 20 6 4 15 Croissance en g.a. du PIB et contributions (%, pp) 2 Croissance en g.a. du PIB 10 et contributions (%, pp) 0 5 –2 0 –4 –5 –6 –8 –10 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 2019 2020 2021 2022 2023 2024 –15 Agriculture Industrie S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 Construction Services à basse VA 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Services à haute VA Services non-commerciaux PIB Importations Consommation privée Consommation publique Investissements Source : ONS. Variation des stocks Exportations PIB Note : Les services à basse valeur ajoutée (VA) incluent le commerce, l’hôtellerie et la restauration. Les services à haute VA incluent les transports et communications, la Source : Office National des Statistiques (ONS). finance, l’immobilier, et les services aux entreprises. (Voir chapitre 3). FIGURE 3 •  Les données d’éclairage nocturne …la région Nord-Centre contribuant FIGURE 4 •  suggèrent une croissance hétérogène le plus à la croissance hors- en 2024… hydrocarbures 16% 14% Croissance de l'éclairage nocturne 12% 10% 8% 6% 4% 2% 0% –2% –4% S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 T1 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Nord-Centre Nord-Est Nord-Ouest Hauts Plateaux Est Quatre régions Source : Estimations des services de la Banque mondiale basées sur les données de l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA). Source : Estimations des services de la Banque mondiale basées sur les données de Note : La carte utilise l’ancien découpage administrative en 48 wilayas. la NASA. 2 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE La production de pétrole et de gaz des hydrocarbures ont connu une baisse de 3 % en s’est contractée en 2024, lestant les 2024,5 lestant la croissance globale. exportations d’hydrocarbures Les recettes d’exportation d’hydrocarbures ont nettement reculé en 2024, sous l’effet conju- La réduction volontaire des quotas en janvier gué de la baisse des volumes exportés et de celle 2024 dans le cadre des accords OPEP+ a entraîné des prix à l’export. Le prix de référence pour le une contraction de la production et des exporta- pétrole algérien est passé de 103,8 USD/baril en 2022 tions d’hydrocarbures. Après être passés de 1055 à 83,6 USD en 2023, et s’est maintenu à 81,7 USD/ kb/j à 1007 kb/j en novembre 2022, les quotas ont été baril en 2024. La part du gaz naturel liquéfié, valorisé ramenés à 977 kb/j en 2023 et à 907 kb/j en 2024. La à un niveau supérieur sur les marchés internationaux, production de pétrole brut a ainsi reculé de 6,9 % en s’étant réduite dans les exportations gazières de l’Al- 2024 par rapport à 2023, et de 10,5 % par rapport au gérie, les prix moyens à l’exportation du gaz ont tout pic de 2022. La pression de la demande locale, tant en de même baissé, malgré la tendance également haus- brut qu’en produits raffinés, a limité les volumes dispo- sière des prix mondiaux du gaz entre 2023 et 2024. nibles à l’exportation, ce que confirment les données Ces dynamiques ont eu pour résultat une diminution de suivi des bateaux citernes au départ d’Algérie.3 Du côté du gaz naturel, la production a amorcé un repli 3 Fonds Monétaire International (FMI), données PortWatch. de 6,2 % en 2024, après une croissance marquée en Ces données suggèrent également une baisse continue 2023. Les exportations par gazoduc ont légèrement de l’exportation au T1-2025. reculé, ce retournement s’expliquant en partie par 4 Commission européenne, 2025. la baisse de la demande de partenaires européens 5 La baisse modérée des exportations d’hydrocarbures contraste avec la baisse plus marquée des exportations importants, comme la France et l’Espagne,4 et les de pétrole, de gaz naturel et de GNL, suggérant que exportations de GNL ont plus fortement chuté (–14,3 cette dernière a été en partie compensée par l’expor- %). Le PIB du secteur des hydrocarbures s’est ainsi tation d’autres types d’hydrocarbures (ex : condensats, contracté de 1,4 % en 2024 et les volumes d’exportation gaz de pétrole liquéfié). La production de pétrole brut et de FIGURE 5 •  … et les prix à l’exportation des FIGURE 6 •  gaz naturel a ralenti en 2024… hydrocarbures ont diminué 120 350 110 300 Prix en USD, indices (S1-2019=100) Indices (S1-2019=100) 100 90 250 80 200 70 150 60 50 100 40 50 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1e 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 0 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1e Production de pétrole brut Production de gaz naturel Exportation de pétrole brut Exportations de gaz par pipeline 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 et de condensats & GNL Gaz naturel Prix pondéré Source : Joint Organizations Data Initiative (JODI) pour le gaz, Banque d’Algérie (BoA) Pétrole brut Prix des engrais pour les exportations jusqu’au T1-2024, OPEP pour la production de pétrole brut, et estimations de la BM. Source : BdA, oilprice.com et BM pour le prix des engrais. Note : Les données gazières sont présentées sous forme de moyenne mobile sur Note : L’indice pondéré des prix des hydrocarbures utilise les valeurs des exportations quatre trimestres. Les estimations d’exportations de pétrole brut et de condensats se en dollars de la BdA pour pondérer chaque type d’hydrocarbure et les estimations font à partir des données de suivi des bateaux pétroliers PortWatch du FMI. pour 2024 utilisent les données d’indices des valeurs unitaires de l’ONS. Développements économiques récents 3 de 7,4 % des prix à l’exportation des hydrocarbures en transversale des prix (–6,7 %) sur fond de faiblesse 2024, et une nette érosion des recettes de l’exporta- des cours mondiaux des engrais, des métaux et des tion des hydrocarbures (–10,4 %). produits manufacturés, et par une contraction mar- quée des volumes exportés (–21,3 %).6 Les réserves de change ont diminué de 1,6 mois d’importations Le compte courant est passé sous en 2024, atteignant USD 63,6 milliards à la fin-2024, l’équilibre en 2024, et les réserves estimé à 13,6 mois d’importations. de change ont diminué Les importations de biens et services ont augmenté de 9,7 % en 2024, sous l’effet La balance courante est passée sous l’équilibre d’une forte hausse des volumes d’importations. après deux années d’excédent, sous l’effet conju- La hausse des volumes de biens importés a atteint gué d’un affaiblissement des exportations et 13,1 % en 2024, qui a contrebalancé la baisse modé- d’une reprise soutenue des importations. Après rée des prix à l’importation (–3,1 %). La valeur annuelle un excédent record en 2022 (8,6 % du PIB) porté des importations a augmenté le plus fortement pour par la hausse des prix des hydrocarbures, la balance les machines et matériels de transport (+22,7 %), suivi courante s’est repliée en 2023 (2,6 %) sous l’effet par celle des produits alimentaires (+8,8 %) et celle combiné de la baisse des exportations de biens et des articles manufacturés (+6,2 %), dans un contexte services et de la hausse des volumes d’importation. de forte hausse des volumes importés, atteignant En 2024, la poursuite de la contraction de la valeur respectivement +19,1 %, +16,7 % et +14,0 % dans des exportations de biens et services (–10,2 %), ces trois catégories en 2024. Cette augmentation a combinée à la hausse de la valeur des importations notamment été amortie par la baisse des prix des pro- (9,7 %), a entraîné un renversement de la balance cou- duits alimentaires et celle des produits manufacturés. rante, devenue déficitaire à hauteur de 1,7 %. Le recul des exportations des hydrocarbures a été accentué 6 La contraction de DA 173 milliards a été tirée par celle par la nette baisse des exportations hors-hydrocar- des exportations de produits manufacturés (–106,6 mil- bures (–24,2 %), pénalisées à la fois par la chute liards DA) et des produits chimiques (–51,1 milliards DA). Le compte courant a affiché un FIGURE 7 •  …bien que les prix à l’importation se FIGURE 8 •  premier déficit en trois ans… soient atténués 50 1,2 180 40 1,0 160 30 Indices (S1-2019 =100) 20 0,8 140 Milliards d'USD 10 0,6 120 0 –10 0,4 100 –20 0,2 80 –30 –40 0,0 60 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Exportations B&S Importations B&S Variation des réserves Prix des céréales Prix à l’importation Compte courant Compte courant Termes de l'échange Importations, volume IPP, UE HH (éch. dr.) Source : ONS, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Source : BdA, Fonds monétaire international (FMI), ONS et estimations de la BM. Les (FAO), Eurostat et estimations de la BM. estimations pour le S2 2024 seront mises à jour avant la publication. Note : IPP, UE = Indice des prix à la production de l’Union Européenne. 4 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE Les volumes d’exportations FIGURE 9 •  …tandis que les volumes FIGURE 10 •  pétrolières ont baissé en 2024… d’importations ont augmenté 160 180 150 Volume total en tonnes métriques de navires Volume total en tonnes métriques de navires 140 160 130 140 120 110 120 100 100 90 80 80 70 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1e 60 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1e 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Citerne Autre Vrac sec Conteneur Cargo général Source : FMI. Source : FMI. Note : Le T2-2025 est estimé en utilisant la variation en g.a du T1-2025. Note : Le T2-2025 est estimé en utilisant la variation en g.a du T1-2025. Le déficit budgétaire s’est creusé global s’est fortement creusé, pour atteindre 13,9 % en 2024, et a été principalement du PIB en 2024, contre 5,5 % en 2023. financé par l’épargne pétrolière La dette publique n’a progressé que modé- rément malgré l’ampleur du déficit budgétaire, Le déficit budgétaire s’est fortement creusé l’utilisation de l’épargne pétrolière limitant le en 2024, sous l’effet combiné de l’augmenta- recours à l’endettement. Le ratio de dette publique tion marquée des dépenses et de la baisse des a légèrement progressé pour atteindre 48,5 % du PIB recettes des hydrocarbures. En 2022 et 2023, à la fin-2024, contre 47,7 % à fin 2023, les excédents la forte hausse des dépenses publiques (63,3 % antérieurs issus de la fiscalité pétrolière contenus dans entre 2021 et 2023) avait été financée par celle des les Fonds de Régulation des Recettes (FRR) étant recettes des hydrocarbures, et le déficit budgétaire mobilisés pour couvrir la majorité des besoins de finan- s’était réduit à 3,0 % et 5,5 % du PIB. En 2024, les cement, pour un montant total de 26,6 mille milliards de dépenses budgétaires ont continué de croître à un dinars (USD 19,9 milliards) ou 7,4 % du PIB pour 2024. rythme soutenu (+9,0 %), notamment de personnel et La dette publique demeure presque exclusivement d’investissement. D’une part, les dépenses de person- domestique, et servie dans des conditions financières nel ont augmenté de 9,4 %, du fait notamment de la favorables. En effet, en 2024, le taux effectif sur la dette mise en œuvre de la dernière tranche du programme publique s’établissait à 2,5 %, soit un taux effectif réel triennal d’augmentation des salaires dans la fonction négatif8 du fait notamment de la part importante assu- publique. D’autre part, la hausse marquée de l’inves- rée par la Banque d’Algérie à des taux très faibles dans tissement a été liée à la poursuite des projets en cours de réalisation, et le démarrage de nouveaux projets, 7 L’autorisation d’engagement consacrée au programme neuf en 2024 (hors « divers ») est imputable pour moitié notamment dans le secteur de l’habitat.7 La hausse à l’habitat (51,1 %), ainsi qu’aux travaux publics (12,4 %), des dépenses étant combinée à un fort recul des à l’hydraulique (7,8 %), et à l’éducation (7,5 %). recettes d’hydrocarbures (–31,1 %), et à une reprise 8 Dans les dix dernières années, le déflateur du PIB était modérée des recettes fiscales, le déficit budgétaire de 4,7 % en moyenne. Développements économiques récents 5 La forte augmentation des FIGURE 11 •  …qui a été financé par l’épuisement FIGURE 12 •  dépenses et la contraction des de l’épargne pétrolière recettes ont creusé le déficit 18 60 budgétaire… 16 40 50 14 Mille milliards de DZD 30 12 40 % du PIB 10 20 30 8 En % du PIB 10 6 20 0 4 10 –10 2 0 0 –20 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 –30 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Dette, BdA Dette, banques Total (éch. dr.) Épargne (éch. dr.) Recettes Dépenses Revenus des Solde global Solde global HH hydrocarbures Source : FMI et BM. Note : Sur l’axe de droite, la dette publique est rapportée au PIB sur deux semestres Source : Ministère des Finances, ONS et estimations BM. glissants. le cadre du programme de financement monétaire de Le ralentissement de l’inflation, notamment alimentaire, 2017–2019 et du programme spécial de refinancement couplé à l’augmentation des dépenses publiques de de 2021-2022. transfert et à la croissance hors-hydrocarbures dyna- mique, a pu agir favorablement sur le pouvoir d’achat des ménages, notamment les plus vulnérables. L’inflation a fortement reculé en La politique monétaire est demeurée 2024, notamment alimentaire accommodante en 2024, tandis que la crois- sance du crédit au secteur privé s’est accélérée. L’inflation a nettement ralenti en 2024, du fait Le taux directeur a été maintenu à 3 % depuis avril d’une combinaison de facteurs d’offre et de 2020, tandis que le taux de réserve obligatoire est demande. Après une inflation annuelle élevée en resté fixé à 3 % depuis sa réduction en avril 2023. 2023 (9,3 %), l’économie algérienne a connu une forte Cette orientation a maintenu des taux d’intérêt réels désinflation en 2024 (4,0 %),9 porté par le ralentisse- négatifs, compte tenu d’une inflation de 4,0 % sur l’an- ment des prix alimentaires (3,3 %). Cette dynamique née. La croissance de la masse monétaire a décéléré s’est étendue à l’ensemble du panier de consomma- en 2024, avec une progression de M2 limitée à 7,4 % tion, traduisant un apaisement global des tensions en g.a. au premier semestre et 9,2 % en g.a. au deu- inflationnistes. Le ralentissement de l’inflation des prix xième. Cette évolution peut s’expliquer en partie par des fruits, légumes et viandes, a notamment été per- la baisse des recettes issues des exportations d’hy- mis par la bonne performance du secteur agricole en drocarbures. Parallèlement, le crédit au secteur privé 2024, et par la réouverture des importations de viande a continué de croître à un rythme soutenu, à 9,2 % en fin 2023. La relative stabilité du taux de change a éga- g.a. au S1 et 8,4 % en g.a. au S2-2024, prolongeant la lement pu contribuer à la stabilité des prix importés, dynamique observée au S2-2023. tandis que le ralentissement de la croissance moné- taire a pu modérer l’effet de l’augmentation des dépenses publiques sur l’inflation par la demande. 9 Inflation pour la ville d’Alger. 6 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE L’inflation a nettement ralenti, FIGURE 13 •  Le taux de change vis-à-vis du FIGURE 14 •  emmenée par les prix des produits dollar est demeuré stable, mais les alimentaires frais taux effectifs se sont appréciés… 14 120 12 115 Croissance et contributions (%, pp) 110 10 105 Indices (S1-2019=100) 8 100 6 95 4 90 2 85 0 80 75 –2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 T1 70 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 T1 Pain et céréales Viandes et poissons Fruits et légumes 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Lait et produits laitiers Huiles et graisses Autres IPC IPC non alimentaire TCEN TCER USD/DZD EUR/DZD DZD/Yuan Source : ONS et estimations de la BM. L’histogramme correspond à la croissance de Source : ONS, FMI et estimations de la BM. l’IPC alimentaire, éclaté par groupe de produits. …tandis que la croissance du crédit FIGURE 15 •  au secteur privé s’est accélérée 20 Croissance et contributions, en g. a. (%, pp) 15 10 5 0 –5 –10 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Monnaie en circulation Dépôts en M2 M2 Crédit au secteur privé Source : ONS et estimations de la BM. Développements économiques récents 7 2 PERSPECTIVES ET RISQUES La croissance du PIB serait la consommation privée, mais plus marqué pour portée par la vigueur du secteur l’investissement, malgré la bonne tenue de l’inves- hors-hydrocarbures tissement privé. Cela se traduirait par une baisse du rythme de croissance des importations, ce qui La croissance ralentirait modérément en — combiné au redressement des exportations — per- 2025, la consolidation attendue des dépenses mettrait aux exportations nettes de contribuer posi- publiques étant partiellement compensée par tivement à la croissance. La production agricole un rebond des exportations d’hydrocarbures. demeurerait dynamique et compenserait le ralentis- Dans le scénario de référence, la croissance du sement de la production industrielle et des services, PIB réel est projetée à 3,3 % en 2025, portée par malgré l’absence de redressement de la pluviomé- le ralentissement de la croissance hors hydrocar- trie10 et un développement des cultures qui demeu- bures (+3,6 %) et le rebond du secteur des hydro- rerait en-deçà des tendances historiques pour une carbures (+1,6 %). La production et les exportations cinquième année de suite, particulièrement dans d’hydrocarbures reprendraient, notamment grâce au l’Ouest du pays. La croissance demeurerait modé- rehaussement des quotas de production décidé en rée à l’horizon 2026–2027, du fait de la prolongation avril 2025. Le ralentissement anticipé du rythme de de la tendance au ralentissement de la demande croissance des dépenses courantes serait accom- intérieure, en partie compensée par le ralentisse- pagné d’une contraction de l’investissement public, ment des importations, et par le rebond de la pro- dans un contexte de repli des cours pétroliers au duction et des exportations des hydrocarbures. premier semestre 2025, le prix du Sahara Blend ayant enregistré une baisse moyenne de 13,8 % 10 Selon les données satellitaires, celle-ci s’est amélio- en glissement annuel sur les quatre premiers mois rée en 2024–2025 dans les zones côtières humides de l’année. Cette consolidation s’accompagnerait et semi-humides, s’est stabilisée dans l’est semi-aride, et d’un ralentissement modeste de la croissance de s’est détériorée dans l’ouest semi-aride. 9 Le développement des FIGURE 16 •  ...suivant la baisse tendancielle de FIGURE 17 •  cultures demeure modeste, la pluviométrie. particulièrement dans l’Ouest... 15% 40% 10% Différence en % entre 2004–2008 et 2020–2024 30% FPAR, différence en % par rapport 5% à la moyenne 2001–2024 20% 0% 10% 0% –5% –10% –10% –20% –15% –30% –20% 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Humide et semi-humide Semi-aride est Semi-aride ouest Ouest semi-aride Moyenne nationale –25% Température Précipitations FPAR Source : ONS, OIT et estimations de la BM. Humide et semi-humide Est semi-aride Ouest semi-aride Note : Le FPAR est un indicateur composite de données satellitaires sur le développement des cultures. Source : ONS, OIT et estimations de la BM. La pression sur les soldes extérieurs Le déficit budgétaire devrait se creuser et budgétaires s’accentuerait, en 2025, générant des besoins de financement reflétant la tendance baissière des importants. Le déficit budgétaire se creuserait pour prix des hydrocarbures atteindre 14,5 % en 2025, en dépit de la consolida- tion prévue des dépenses courantes dans le cadre Le déficit du compte courant devrait se creuser du plan budgétaire à moyen terme, et de l’hypothèse en 2025 et les réserves de change continueraient d’une contraction des dépenses d’investissement pour à baisser. Dans le scénario de référence, les prix absorber la baisse récente des prix du pétrole. Avec des hydrocarbures baissent sensiblement en 2025, l’épuisement de l’épargne accumulée dans le FRR, avant de reprendre une tendance légèrement haus- le montant du déficit génèrera des enjeux importants sière, lestés par les incertitudes liées au commerce de financement, l’écart de financement étant sensible- et à la croissance mondiale en plus de celles géo- ment plus élevé que les montants habituels d’émissions politiques. En 2025, cela ne serait que partiellement obligataires du Trésor, exception faite des programmes compensé par une reprise des volumes d’exportation de financement monétaires de 2017–2019 et du pro- d’hydrocarbures, alors que les quotas de production gramme spécial de refinancement de 2021–2022. de l’OPEP seraient progressivement rehaussés, et par Le financement du déficit devrait se traduire par une la croissance à un rythme ralenti des importations. augmentation marquée de la dette publique. Bien que Dans ce contexte, le compte courant continuerait à la dette soit presque entièrement détenue sur le marché se dégrader en 2025, accentuant la pression sur les intérieur, libellée en monnaie nationale, à long terme, et réserves de change, avant une légère amélioration en assortie de taux d’intérêt réels négatifs, son augmenta- 2026 et 2027. Ainsi, en l’absence d’un ralentissement tion implique un transfert important de ressources vers plus marqué des importations ou d’entrée de capi- l’État et limite la disponibilité du crédit pour le secteur taux étrangers, les réserves de change poursuivraient privé. À la fin-2024, les crédits nets au Trésor représen- leur tendance baissière. taient ainsi 37 % du crédit bancaire. 10 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE LA LOI DE FINANCES 2025 ENCADRÉ 1 :  La loi de finances pour 2025 (LF 2025) révise à la hausse le déficit budgétaire par rapport à la loi de finances pour 2024, principalement en raison d’une augmentation des dépenses. En effet, la LF 2025 prévoit une augmentation de 9,9 % des dépenses par rapport à la LF 2024, tandis que les recettes budgétaires devraient baisser de 6,4 % sur la même période. Cette dynamique conduit à un accroissement du déficit budgétaire jusqu’en 2026, avant une atténuation prévue en 2027. Le cadre économique retenu repose sur des hypothèses d’une croissance du PIB de 4,5 % en 2025 et 2026 puis 3,7 % en 2027, avec une progression plus marquée du PIB non extractif, de 5,1 % en moyenne. Le prix de référence du pétrole est maintenu à 60 $ par baril pour la période 2025–2027. La LF 2025 intègre plusieurs mesures destinées à soutenir l’activité économique et l’investissement. Elle prévoit notamment l’émission de sukuk souverains, exonérés d’impôt sur le revenu, des avantages fiscaux spécifiques aux régions du Sud et aux dépenses en recherche et innovation. Les start-ups et incubateurs bénéficient d’exonérations de droits d’enregistrement, tandis que les terminaux de paiement électronique sont exemptés de TVA et de droits de douane. Le capital du Fonds national d’investissement est renforcé, et la garantie du Fonds de garantie des crédits aux petites et moyennes entreprises (FGAR) élargie à l’ensemble des crédits. La loi finance également les intérêts des prêts pour les logements en location-vente, propose des abattements pour les bénéficiaires du programme Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL 3) et facilite l’accès aux crédits à la consommation. Elle prolonge enfin certaines exonérations fiscales pour les importations alimentaires et applique un taux douanier réduit pour le cheptel et les viandes fraîches. Elle laisse entrevoir une réforme progressive du système des subventions afin de le rendre plus ciblé. L’incertitude mondiale pose et de création d’emploi dynamique et moins tributaire des risques pour les équilibres de la dépense publique, cette dernière encourageant macroéconomiques l’emploi dans les secteurs moins productifs, tels que la construction ou l’administration publique. Ces gains de Les prix des hydrocarbures restent le principal productivité seraient particulièrement importants dans risque pesant sur les équilibres budgétaires et les secteurs manufacturiers et des services domes- extérieurs, soulignant l’importance d’un rééqui- tiques, qui ont enregistré des gains de productivité librage budgétaire progressif. Les déficits hors moindres que la moyenne internationale (voir chapitre hydrocarbures de l’Algérie — 18,6 % du PIB pour le 3). Des réformes-clés, telles que celles des entreprises compte courant, 25,1 % du PIB pour le solde global publiques — moins productives que le secteur privé du Trésor en 202411 — traduisent la vulnérabilité des — l’amélioration de l’environnement des affaires, ou déficits jumeaux aux fluctuations des prix du pétrole. encore l’ouverture à l’investissement international pour Ceux-ci seront soumis à des incertitudes importantes bénéficier de « l’infusion » productive des entreprises dans un contexte de tensions commerciales avec des étrangères,12 contribueraient à ces objectifs. effets sur la demande mondiale, notamment chinoise, La poursuite et l’approfondissement des pesant sur les cours du pétrole. À cela s’ajoutent efforts de réforme en cours devra soutenir la les incertitudes géopolitiques, notamment relatives transition économique. Les réformes législatives à la situation au Moyen-Orient. Ce contexte appelle récentes — la loi sur l’investissement de 2022, les à une stratégie budgétaire prudente, articulée autour lois monétaire et bancaire et sur le foncier écono- d’un rééquilibrage progressif et d’une réduction de la mique de 2023, l’adhésion formelle à la ZLECAf, ou dépendance aux recettes issues des hydrocarbures. encore les mesures de facilitation de l’investissement L’accélération des investissements du sec- de l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investisse- teur privé et des gains de productivité dans les ment (AAPI) comme la mise en place d’un guichet secteurs hors-hydrocarbures demeurent des prio- unique pour les investisseurs et la recherche en ligne rités. Les risques associés aux prix mondiaux des hydrocarbures renforcent l’importance d’accélérer la 11 Ces ratios sont obtenus en retranchant les recettes liées diversification en encourageant les investissements aux hydrocarbures des totaux respectifs (recettes d’ex- du secteur privé, national et international. Favoriser les portation dans le cas du compte courant, et recettes gains de productivité dans l’économie permettrait éga- budgétaires dans le cas du solde du Trésor). lement d’embarquer sur une trajectoire de croissance 12 Voir Rapport Mondial sur le Développement, 2024. Perspectives et risques 11 du foncier économique — s’inscrivent dans cette de l’environnement des affaires. L’amélioration de la dynamique de transformation. Le renforcement de qualité des données économiques sera également ces efforts est clé, notamment en veillant à ce que ces un levier important pour appuyer les réformes, tout en dispositifs se traduisent par une amélioration effective réduisant l’incertitude. 12 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE ACCÉLÉRER LES 3 GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR DIVERSIFIER L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE La dépense publique, fer de lance de entre 2000 et 2014, avant de diminuer de moitié entre la croissance dans les années 2000, 2015 et 2019, lestée par un important effort d’assai- a ralenti durant la dernière décennie nissement budgétaire qui a suivi la chute des prix mondiaux des hydrocarbures en 2014–2015. La créa- Le modèle algérien de développement dirigé par tion d’emplois qui a atteint 3,2 millions d’emplois en l’État a été le fer de lance d’importantes réalisa- 2004–2013, est tombée à moins de 1 million d’em- tions économiques et sociales au cours des années plois en 2014–2023.13 2000. Le secteur public algérien comprend l’adminis- Durant les deux dernières décennies, la tration publique, un réseau d’entreprises d’État qui croissance économique a été soutenue par l’ac- représentent près de 40 % de l’activité, un secteur ban- cumulation de capital et l’entrée de nouveaux caire public qui représente 85 % du crédit à l’économie arrivants sur le marché du travail, avec une et un important secteur de la protection sociale. Les contribution moindre de l’amélioration de la pro- dépenses publiques ont maintenu notamment des ductivité. Dans les années 2000, l’investissement niveaux élevés d’emploi et d’investissement public, public a été le moteur de la croissance et la contri- rendus possibles par des recettes d’exportation d’hy- bution de l’accumulation du capital à la croissance drocarbures représentant près de 60 % des recettes a ainsi été significative, avant de ralentir après 2008. budgétaires entre 2000 et 2023. Ces dépenses ont sti- De manière similaire, la participation au marché du mulé la croissance dans les années 2000, et l’Algérie travail s’est accrue et le chômage a baissé dans les a réalisé des avancées sociales importantes et réussi années 2000, générant une forte contribution de la à maintenir un faible niveau d’inégalités. main-d’œuvre à la croissance, avant un ralentisse- La baisse des recettes après 2014 a ment sous fonds de modération de la participation contraint la dépense publique, contribuant au ralentissement de la croissance et de la création 13 L’analyse utilise les données de l’OIT, basées sur celles de d’emplois. La croissance du PIB hors-hydrocar- l’ONS, en l’absence de séries publiées par l’ONS au-delà bures était demeurée supérieure à 6 % par année de 2019. 13 Au cours de la dernière décennie, FIGURE 18 •  …tandis que la contribution de la FIGURE 19 •  la croissance et la création productivité au PIB potentiel a été d’emplois ont ralenti… limitée 7% 6% 5,9% 6% Croissance et contributions (%, pp) 5% 5% 5% Taux de croissance annuel moyen 4% 4% 2,3% 3% 2% 1% 2% 2% 0% 1% –1% 1% –2% 2004–2013 2014–2023 2004–2008 2009–2013 2014–2018 2019–2023 PTF Travail Capital Production potentielle hors-hydrocarbures Croissance du PIB hors-hydocarbures Croissance de l'emploi Source : ONS, OIT, estimations de la BM. Source : ONS, OIT, estimations de la BM. Note : PTF = productivité totale des facteurs. Note : L’analyse utilise les données de l’OIT, basées sur celles de l’ONS, en l’absence de séries publiées par l’ONS au-delà de 2019. contraste avec les tendances internationales (voir plus bas). Les données de l’ONS indiquent que la au marché du travail et de légère hausse du chô- productivité algérienne serait notamment lestée par mage, accompagnant le ralentissement de la création celle des entreprises publiques économiques (EPE), d’emplois. En parallèle, la productivité totale des fac- principalement dans le secteur manufacturier, où les teurs a eu une contribution limitée en 2004–2013, EPE représentent 34 % de la production, contre 18 % puis négative durant la décennie 2014–2023. dans les services à haute VA, 16 % dans le secteur de la construction, et 7 % dans les services à basse VA. L’analyse de l’évolution de la productivité La productivité a connu des gains montre des gains de productivité hétérogènes du- différenciés, portés par l’agriculture rant les vingt dernières années. Depuis deux décen- et la construction nies, l’Algérie a connu une croissance très forte de sa productivité agricole, particulièrement marquée entre La productivité du travail varie sensiblement par 2008 et 2018, ce qui correspond aux années de mise secteur d’activité mais reste plus faible pour le en œuvre du Programme National de Développement secteur public. Des mesures de la productivité du Agricole et Rural (PNDAR), après 2009.16 De la même travail par secteur peuvent désormais être estimées pour l’Algérie, soit la valeur ajoutée (VA) par travail- 14 La Classification Internationale Type par Industrie, ou CITI, leur, dans chaque secteur.14 La productivité des a été adoptée par l’Office National des Statistiques (ONS). services à haute VA des transports et communica- Cela permet d’adosser les données de valeur ajoutée (VA) tions, finance et assurance, immobilier et services aux données d’emploi par secteur, que l’Organisation aux entreprises est deux à trois fois plus élevée que Internationale du Travail (OIT) estime sur la base des don- dans le reste des secteurs et notamment les services nées publiées par l’ONS. Ces indicateurs sont désormais du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration,15 directement comparables à l’international. 15 Les services non commerciaux (l’administration comme c’est également le cas à l’international. publique, l’éducation, la santé, et les autres services col- Cependant, la productivité agricole est supérieure lectifs et domestiques) ne sont pas inclus ici. à celle du secteur de la construction, elle-même 16 Le PNDAR est une initiative stratégique du gouverne- supérieure à celle du secteur manufacturier, ce qui ment visant à revitaliser la production agricole (FAO, 14 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE manière, les gains de productivité du secteur de la 2013). Cette politique impliquait des investissements construction ont été élevés, tandis que ceux dans les publics substantiels — environ 200 à 300 milliards de secteurs manufacturiers et des services ont été plus li- DZD par an — pour soutenir la mécanisation, l’irrigation mités, dans les services à haute VA. En outre, la pro- et le développement des infrastructures rurales. ductivité globale a été lestée par celle du secteur des La productivité du travail par FIGURE 20 •  …et limitée par celle des EPE, FIGURE 21 •  secteur d’activité est hétérogène… notamment manufacturières Agriculture 59 973 9,6% 9,7% Dinar de VA par dinar de salaire payé Manufacture 36 200 7,4% Construction 41 326 VA par secteur (USD en PPA) 5,8% 5,4% Services, basse VA Commerce et réparation 36 161 4,2% 3,8% 3,3% Hôtellerie et restauration 30 935 2,3% 2,3% Finance et assurance 201 426 Services, haute VA Public Privé Public Privé Public Privé Public Privé Public Privé Inmobilier, services entreprises 194 326 Agriculture Manufacture Construction Services, Services, basse VA haute VA Source : ONS, estimations de la BM. Transport et communication 92 058 Note : Les services à haute VA excluent le secteur financier, pour lequel la distinction public/privé n’existe pas dans les comptes nationaux. Les données pour le secteur manufacturier sont basées sur l’ancienne nomenclature, afin d’exclure la Source : ONS, OIT, estimations de la BM. transformation d’hydrocarbures. La productivité est mesurée par dinar de salaire Note : Ici, la productivité du travail est mesurée comme la VA par travailleur, en dollars versé, et non par travailleur comme la figure 20, en l’absence de données d’emploi constants et en parité de pouvoir d’achat (PPA). ventilées entre secteurs public et privé. Ainsi, cette mesure reflète le différentiel de valeur ajoutée, mais également de salaires, entre secteurs. Les gains de productivité ont été FIGURE 22  •  …et renforcés par la baisse de FIGURE 23 •  plus forts dans l’agriculture et la l’emploi dans le secteur agricole construction… 0,8 420 Croissance de la productivité, 0,6 380 Productivité du travail (2004=100) 0,4 en logarithme 340 300 0,2 260 0,0 220 –0,2 180 140 –0,4 Agriculture Manufacture Construction Services, basse VA Services, haute VA Total, hors-extractif 100 60 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 Contribution de la VA Contribution de l'emploi Agriculture Manufacture Construction Services, basse VA Services, haute VA Source : ONS, OIT et estimations de la BM. Total, hors-hydrocarbures Note : Contributions relatives de la VA et de l’emploi à la croissance de la productivité entre 2004 et 2023, en utilisant une décomposition logarithmique. La croissance de Source : ONS, OIT et estimations de la BM. l’emploi contribue négativement à la croissance de la productivité. Accélérer les gains de productivité pour diversifier l’économie algérienne 15 hydrocarbures, sous l’effet combiné de la part crois- respectivement.17 Les autres l’ont été dans les ser- sante de la production consommée domestiquement vices à basse VA (19 %) et le secteur manufacturier et à des prix subventionnés, et de la baisse des prix sur (14 %), contre 4 % pour les services à haute VA. Lors les marchés internationaux. Dans l’ensemble, les gains de la décennie suivante, durant l’effort de consolida- de productivité ont été soutenus par des hausses de VA tion budgétaire, la croissance de l’emploi a baissé à plus rapides que celles de l’emploi dans la plupart des 0,9 millions mais, fait notoire, le secteur ayant le plus secteurs, notamment la construction et les services, contribué à la croissance de l’emploi est celui des tandis que dans le secteur agricole, la progression a services à haute VA (30 %), dont la création d’emploi également été accompagnée par une contraction mar- a presque doublé, passant de 134 000 en 2004– quée de l’emploi. 2013 à 255 000 en 2014–2023. Parmi les pays riches en ressources dont la taille de l’économie et le niveau de développement sont comparables à ceux de l’Al- Le modèle de croissance tirée par gérie, la concentration de la création d’emploi dans la dépense publique a orienté la les services domestiques (combinant les services structure de l’emploi, pesant sur la non commerciaux et à basse VA) et la construction productivité est également visible. Cependant, ceux-ci présentent une croissance plus marquée de l’emploi dans les La croissance tirée par la dépense publique s’est services à haute VA et, contrairement à l’Algérie accompagnée d’une croissance de l’emploi depuis 2010, ont connu une croissance de l’emploi concentrée dans les services non-commerciaux agricole et manufacturier. et la construction. Entre 2004 et 2013, sur les 3,7 millions d’emplois créés hors du secteur agricole, ceux dans les secteurs des services non-commer- 17 Le premier réagit directement aux embauches dans le ciaux et de la construction représentent près des secteur public, tandis que le second est tiré par le bud- deux tiers du total, soit 1,6 million et 1,1 million, get public d’équipement. FIGURE 24 • En Algérie, la croissance de …plus encore que dans les autres FIGURE 25 •  l’emploi s’est concentrée dans les pays riches en ressources services non commerciaux et la naturelles construction… 100% Composition de la création nette d'emploi 40% 80% Croissance de l’emploi par secteur (%) 35% 30% 60% 25% 20% 40% 15% 20% 10% 5% 0% 0% –20% –5% Algérie Pays riches Algérie Pays riches –10% en ressources en ressources 2004–2008 2009–2013 2014–2018 2019–2023 2000–10 2010–22 Agriculture Manufacture Agriculture Manufacture Construction Construction Services non commerciaux Services domestiques Services, haute VA Extractif Services, basse VA Services, haute VA Services publics Industries extractives Services publics Source : OIT et estimations de la BM. Source : OIT, ONS et estimations de la BM. Note : Les pays riches en ressources utilisés sont l’Angola, l’Azerbaïdjan, l’Équateur, Note : L’analyse utilise les données de l’OIT, basées sur celles de l’ONS, en l’absence l’Iran, l’Iraq, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Les services domestiques incluent les de séries publiées par l’ONS au-delà de 2019. services non commerciaux et les services à basse VA. 16 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE L’emploi algérien s’est FIGURE 26 •  …étant déconnecté des variations FIGURE 27 •  progressivement concentré dans les en productivité secteurs à basse VA… 0,08 Variation de la productivité, 2004–2023 0,07 0,06 Part de l’emploi par secteur (%) 9% 9% 0,05 15% 18% 0,04 31% 0,03 34% 0,02 12% 0,01 10% 17% 0 22% 11% 9% –0,01 Variation de l'emploi, 2004–2023 2003 2023 Agriculture Manufacture Agriculture Manufacture Construction Services non commerciaux Construction Services non commerciaux Services, basse VA Services, haute VA Services, basse VA Services, haute VA Industries extractives Services publics Industries extractives Services publics Source : ONS, OIT, et estimations de la BM. Source : OIT. Note : La taille des bulles correspond au nombre d’emplois dans le secteur. Ce faisant, l’emploi a été orienté vers entre 2003 et 2023, ce qui explique que la produc- les secteurs à faible productivité, affectant la tivité du secteur soit comparativement plus élevée productivité globale. Les secteurs des services que dans ces pays. Cela est aussi valable pour la pro- non-commerciaux, des services à basse VA et de la ductivité du secteur de la construction, également construction ayant une productivité du travail moindre deux fois plus rapide que dans les PRFM. À l’inverse, que celle du secteur agricole ou que les services à la croissance de la productivité dans les secteurs haute VA, la réorientation de l’emploi vers ces sec- manufacturier et des services à basse VA a été sen- teurs a contraint la croissance de la productivité siblement plus limitée que dans les PRFM, ce qui algérienne. Entre 2003 et 2023, la part de ces trois explique que ces secteurs soient comparativement secteurs dans l’emploi est passée de 58 à 69 %, tan- moins productifs — ils présentent donc un potentiel dis que celle de l’emploi agricole diminuait de plus de rattrapage et de croissance plus important. de moitié, et que la part de l’emploi manufacturier et Enfin, la réallocation de l’emploi vers les dans les services à haute VA stagnait. secteurs à haute VA permettrait des gains de productivité et une trajectoire de croissance plus soutenable. En comparaison aux pays simi- La comparaison à l’international laires, mais avec un PIB par habitant plus élevé, propose des pistes pour l’emploi algérien est concentré dans les secteurs à l’accélération de la productivité faible productivité, avec notamment le double de la et la diversification de l’économie part de l’emploi dans le secteur de la construction, et algérienne près 7 points de pourcentage (pp) de plus dans les services domestiques. Dans un contexte où la crois- Dans une perspective internationale, le potentiel sance des dépenses publiques de masse salariale de croissance de la productivité est le plus élevé et d’investissement ne peut plus être le moteur de la dans le secteur manufacturier et les services. croissance, cette spécialisation est amenée à évoluer. Dans le secteur agricole, la croissance de la producti- À l’inverse, l’Algérie a moitié moins d’emplois dans les vité a été plus de deux fois plus rapide en Algérie que services à haute VA, un tiers de moins dans le sec- dans les pays à revenus faibles et moyens (PRFM) teur manufacturier, et 2 pp de moins dans le secteur Accélérer les gains de productivité pour diversifier l’économie algérienne 17 FIGURE 28 • En comparaison internationale, la …ce qui explique en partie les FIGURE 29 •  performance de la productivité est écarts relatifs de productivité contrastée… sectorielle 7,5% Productivité du travail par secteur, relative Croissance annualisée de la productivité 2,9 à la productivité du travail dans le secteur de la construction par secteur (%), 2004–2023 2,5 2,3 4,8% 4,2% 1,7 3,9% 1,5 1,5 3,0% 2,9% 1,0 1,0 1,0 1,0 0,9 0,9 2,1% 0,6 0,6 1,5% 1,4% 0,5 1,3% Agriculture Manufacture Construction Services Services, Algérie PRFM Algérie PRFM Algérie PRFM Algérie PRFM Algérie PRFM domestiques haute VA Agriculture Construction Manufacture Services, Services, Algérie Pays à revenu intermédiaire élevé Pays à revenu élevé basse VA haute VA Source : ONS, OIT, et estimations de la BM. Source : ONS, OIT, et estimations de la BM. Note : Les services domestiques incluent ici les services à basse VA et les services Note : Les services domestiques incluent ici les services à base VA et les services non non commerciaux, suivant la disponibilité des données. commerciaux, suivant la disponibilité des données. La structure de l’emploi des pays FIGURE 30 •  Somme toute, l’analyse comparative offre pairs suggère des avenues de des pistes de réflexion pour accélérer la crois- transformation structurelle sance et la diversification de l’économie algé- rienne. Dans le secteur agricole, l’élargissement de 9,3 11,5 12,9 17,9 la production permettrait de tirer profit d’une produc- Répartition sectorielle de l'emploi (%) tivité comparativement élevée, tout en renforçant la sécurité alimentaire. Dans le secteur manufacturier, 50,6 47,6 41 43,8 une augmentation de la production devrait aller de pair avec une accélération marquée de la productivité, 6,6 notamment dans les entreprises publiques. Le sec- 12,8 11,8 8,4 17 teur de la construction et celui des services non-com- 11,7 15,1 10,4 merciaux, peu productifs, sont appelés à représenter 23,6 9,3 14,5 11,4 une part moins importante de l’emploi, en cohérence DZA MENA Hors-MENA Cibles avec les efforts de consolidation budgétaire annoncés. Agriculture Industrie manufacturière Construction La croissance de la productivité dans les services à Services domestiques Services à haute VA Industries basse VA semble aussi prioritaire, tandis que l’expan- Services publics extractives sion du secteur des services à haute VA permettrait Source : OIT et estimations de la BM. des gains majeurs de productivité, et s’accompagne- Note : Les services à basse VA incluent ici les services non commerciaux. Les pays comparateurs de la région MENA utilisés sont l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Maroc et rait de la création d’emplois qualifiés et bien rémuné- la Tunisie. Les pays comparateurs hors-MENA incluent l’Ouzbékistan, l’Équateur, le rés. Une telle transformation structurelle de l’économie Pérou, le Ghana, le Vietnam et la Colombie. Les pays cibles sélectionnés sont le Chili, le Kazakhstan, la Malaisie, la Pologne, la Roumanie et la Turquie. appellerait des politiques transversales et sectorielles ciblées pour soutenir la croissance et la création d’em- agricole, alors même que ce dernier est comparati- plois dans le secteur privé, tout en outillant les travail- vement plus productif en Algérie. Une réallocation leurs algériens avec les compétences nécessaires. progressive de l’emploi vers ces secteurs appuierait L’expérience de pays ayant connu une dynamique de une trajectoire de croissance moins tributaire de la croissance et une transformation structurelle soutenue dépense publique et donc plus soutenable. pourrait informer les efforts de l’Algérie. 18 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE LA TRAJECTOIRE DE CROISSANCE DE TROIS PAYS PERFORMANTS ENCADRÉ 2 :  L’expérience de pays ayant connu une dynamique de croissance et une transformation structurelle soutenue peut orienter les efforts de l’Algérie. La Turquie, la Roumanie et le Kazakhstan sont les trois seuls pays de plus de 10 millions d’habitants qui 1/ avaient il y a vingt ans un PIB par habitant similaire à celui de l’Algérie aujourd’hui, et 2/ ont connu une croissance annuelle moyenne de plus de 3 % du PIB durant les vingt dernières années. De plus, ils ont en commun avec l’Algérie certaines caractéristiques économiques structurelles : la proximité au marché européen (Turquie, Roumanie), un héritage socialiste dirigiste (Roumanie, Kazakhstan), et un modèle de croissance tirée par les hydrocarbures et les ressources minières (Kazakhstan). La forte dynamique de croissance de ces trois pays a été portée par une accélération de la productivité et l’investissement privé, domestique et étranger. La croissance de leur productivité totale des facteurs a été très rapide, soit entre 2 et 4 % par année. Elle s’est appuyée sur une accélération de l’investissement, tirée par l’investissement privé et en particulier étranger, favorisant l’« infusion » productive — l’apport des technologies de l’étranger et leur diffusion au niveau national aux gains de productivité — centrale à l’émergence des pays à revenus intermédiaires (Rapport sur le développement mondial, 2024). En effet, si ces pays ont un ratio d’investissement sur le PIB de loin inférieur à celui de l’Algérie sur la dernière décennie (24 % du PIB, contre 38 %), avec notamment un ratio d’investissement public sur le PIB deux à trois fois plus bas, ils ont un ratio d’IDE sur PIB plus de cinq fois plus élevé (2,6 %, contre 0,5 %). L’accélération de la croissance s’est accompagnée d’une hausse marquée de l’emploi dans les secteurs à forte valeur ajoutée, et de la participation des femmes au marché du travail. Dans ces trois pays, la baisse de 20pp de la part de l’emploi agricole dans l’emploi total s’est en premier lieu accompagnée d’un quasi doublement de la part de l’emploi dans les services à haute valeur ajoutée (de 8,9 % à 16,3 % de l’emploi), principalement dans les services aux entreprises (+4pp), et dans les transports et la communication (+3pp). La participation au marché du travail a progressé, celle des femmes (+9.9pp) plus rapidement que celle des hommes (+5,4pp). En Turquie, la participation des femmes au marché du travail est notamment passée de 24,9 % en 2004, à 40,7 % en 2023. Ces pays ont en commun la mise en œuvre d’un ensemble de politiques cohérentes pour soutenir l’investissement, les gains de productivité et la croissance. Ils ont renforcé leur cadre macroéconomique, notamment fiscal et monétaire, ont favorisé l’entrée des IDE et leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales, contribuant aux gains de productivité, ont investi dans le capital humain afin d’accompagner la montée en gamme de l’économie. Ils ont également mis en œuvre des politiques sectorielles ciblées visant le renforcement de la gouvernance, une plus grande concurrence, la création d’entreprises et l’amélioration de la productivité. Au Kazakhstan, la croissance de la productivité a par exemple été tirée par celle du secteur minier, soutenue par l’entrée massive d’IDE, avec des effets d’entraînements sur le transport, le stockage, et le secteur manufacturier. Accélérer les gains de productivité pour diversifier l’économie algérienne 19 TABLEAU DES INDICATEURS   2021  2022  2023  2024e  2025f  2026f  2027f  Production et prix  (En pourcentage, sauf indication contraire)  PIB réel  3,8 3,6 4,1 3,6 3,3 3,2 2,9 Hors hydrocarbures 2,5 4,4 4,2 4,8 3,6 3,3 3,1 Hydrocarbures 17,1 –0,2 3,6 –1,4 1,6 2,4 1,4 PIB réel par habitant  2,1 2,0 2,6 2,2 2,0 1,9 1,7 Indice des prix à la consommation (moyenne de la période)  7,2 9,3 9,3 4,0 4,2 4,1 4,1 PIB (en milliards de dollars)  186,2 225,6 247,6 267,0 269,9 283,8 298,6 PIB par habitant (USD)  4456,7 4544,5 4660,4 4761,1 4854,8 4948,7 5030,9 Production de pétrole brut (en milliers de barils par jour)  908,4 1016,2 977,1 909,8 929,0 982,9 1007,0 Production de gaz naturel (milliards de m3)  102,8 99,2 104,9 98,4 99,1 99,3 99,5 Secteur extérieur  (En pourcentage de PIB. sauf indication contraire)  Compte courant  –2,4 8,6 2,6 –1,7 –6,6 –5,2 –5,0 Balance commerciale  –1,3 10,0 3,4 –1,0 –5,9 –4,5 –4,4 Exportations de biens et de services  22,5 30,7 24,0 20,0 15,8 16,6 16,5 Exportations d’hydrocarbures  18,3 26,5 20,4 16,9 12,4 13,2 13,1 Exportations hors hydrocarbures  4,2 4,2 3,6 3,0 3,4 3,4 3,4 Importations de biens et de services  23,8 20,7 20,6 21,0 21,7 21,1 20,8 Réserves officielles brutes (mois d’importations)  11,2 14,6 15,2 13,6 Taux de change (dinar algérien pour USD ; moyenne de la période)  135,1 142,0 135,8 134,1 133,9 137,7 139,5 Prix à l’exportation du mélange Sahara (USD/baril)  72,3 103,8 83,5 81,7 Finances de l’administration centrale  (En pourcentage de PIB. sauf indication contraire)  Recettes et subventions gouvernementales  26,2 29,7 31,9 23,2 22,9 23,4 23,3 Revenus des hydrocarburesa 10,4 17,7 19,1 11,2 9,9 10,5 10,5 Revenus hors hydrocarbures  15,9 12,1 12,8 12,0 13,0 12,9 12,8 Dépenses  32,5 32,7 37,4 37,1 37,4 36,3 35,1 Dépenses courantes  21,9 24,9 27,5 27,7 28,9 28,2 27,2 Dépenses de capital  7,7 6,1 8,6 9,3 8,0 7,4 7,0 Solde des comptes spéciaux et interventions  3,0 1,7 1,3 0,1 0,5 0,8 1,0 Solde budgétaire globalb –6,3 –3,0 –5,5 –13,9 –14,5 –12,9 –11,8 Solde budgétaire global primaire  –5,7 –1,8 –4,3 –12,8 –13,3 –11,5 –10,2 Solde budgétaire global hors hydrocarbures  –16,7 –20,7 –24,6 –25,1 –24,4 –23,4 –22,3 Dette totale de l’administration centrale  55,2 48,1 47,7 48,5 59,8 65,7 71,0 Dette intérieure  54,6 47,6 47,3 48,2 59,5 65,5 70,9 Dette extérieure  0,6 0,4 0,4 0,3 0,3 0,2 0,1 a Comprend les dividendes de Sonatrach et les revenus des hydrocarbures reversés au fonds d’épargne pétrolière.  b Comprend le solde du compte spécial et les interventions de trésorerie.  Note : Prévision en date du 10 avril 2025,  20 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE ANNEXE 1 : DERNIÈRES SECTIONS SPÉCIALES DES NOTES DE SUIVI DE L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE Automne 2024 : « Dynamique des Printemps 2024 : « Suivi en temps exportations hors hydrocarbures en réel de l’évolution économique Algérie » en Algérie à l’aide de sources de données alternatives » Les exportations de biens hors hydrocarbures repré- sentent 2 % du PIB en 2023, après avoir triplé depuis Les nouveaux développements de la recherche sur 2017. Ces exportations sont concentrées sur un les mégadonnées permettent de suivre immédia- nombre restreint de produits, tels que les engrais, tement les tendances économiques à des niveaux les produits sidérurgiques et le ciment, ainsi que sur géographiques désagrégés. Les données satelli- quelques marchés partenaires. Une part importante taires sont disponibles avec un court décalage et de ces exportations repose sur des intrants subven- sont très désagrégées dans le temps et dans l’es- tionnés. La proximité géographique de l’Algérie avec pace. En estimant la relation entre ces données l’Union européenne constitue un avantage logistique alternatives et les comptes nationaux au cours pour le développement de nouveaux débouchés. des dernières années, ils peuvent aider à produire La productivité des entreprises publiques et privées, en temps opportun des estimations de produc- les politiques commerciales, le climat des affaires tion géographiquement désagrégées. Les données et le taux de change influencent les performances sur l’éclairage nocturne permettent d’estimer de à l’export. L’accès aux marchés internationaux est manière fiable le PIB lié aux hydrocarbures et aux également lié à l’évolution des standards environ- non-hydrocarbures. Les données satellitaires sur la nementaux, notamment le mécanisme d’ajustement météo et la végétation peuvent être utilisées pour carbone aux frontières (CBAM) mis en place par estimer la production agricole. Les données sur les l’Union européenne. Ces facteurs permettent d’iden- navires et leurs marchandises à l’arrivée et au départ tifier les marges d’action pour accompagner la des ports saisissent les importations et les exporta- progression des exportations hors-hydrocarbures. tions en temps voulu. 21 Automne 2023 : « Analyses des Automne 2022 : « Estimation des finances publiques de l’Algérie » multiplicateurs de la dépense budgétaire en Algérie » Les finances publiques de l’Algérie ont été très réac- tives aux prix du pétrole et du gaz au cours des La hausse marquée de la dépense publique en 2022 deux dernières décennies, leur chute entraînant des pose la question de ses effets sur l’activité écono- augmentations du déficit budgétaire. Après avoir mique. La propension de la dépense publique à enregistré un excédent budgétaire important entre soutenir l’activité économique et à générer de l’ac- 2000 et 2008, celui-ci s’est transformé en léger défi- tivité économique additionnelle est capturée par le cit budgétaire après la chute des prix du pétrole multiplicateur de la dépense publique. Une analyse pendant la récession de 2009, déficit qui s’est conduite sur les données trimestrielles algériennes creusé après l’effondrement des prix du pétrole en depuis 2000 trouve un faible effet multiplicateur de la 2014–2015. Les fonds accumulés dans le Fonds de dépense publique algérienne sur le PIB, notamment régulation des recettes ont été presque épuisés en causé par l’effet d’une hausse sur la dégradation de la 2017, ce qui a coïncidé avec une forte augmentation balance commerciale, résultant de son impact sur les de la dette publique dans le cadre du programme de importations. L’effet d’entrainement de la dépense sur financement monétaire de 2017–2019, représentant la consommation privée est observé mais il est limité, 32 % du PIB de 2019, et du programme spécial de tandis que l’analyse trouve un effet plus marqué de la refinancement de 2021–2022. En 2022, les niveaux dépense publique sur le secteur de la construction et de la dette publique ont diminué pour la première fois les services non-marchands semblent. en dix ans, alors que les prix du pétrole et du gaz ont augmenté et que le déficit budgétaire s’est considé- Printemps 2022 : « L’Algérie profite- rablement réduit. t-elle de la montée des prix du gaz? » Les prix à l’exportation du prix du gaz naturel algérien Automne 2022 : « Estimer l’activité suivent une dynamique distincte des prix de référence économique à partir des données du gaz sur les marchés internationaux. Ainsi, si le prix d’éclairage nocturne » de référence du gaz Henry Hub a gagné près de 50 % entre le T2 et le T3-2021, le prix à l’exportation du gaz Les données sur l’éclairage nocturne sont un outil naturel algérien n’a augmenté que de 0,5 % sur la même désormais couramment utilisé pour évaluer l’activité période. En effet, ces prix sont établis contractuellement, économique. Depuis 2012, les données satellitaires parfois sur le long-terme, et sur la base de négociations sont disponibles quotidiennement et sont acces- bilatérales avec les acheteurs. En outre, un exercice de sibles au public sur le site du Groupe d’observation modélisation économétrique permet d’établir que le de la Terre. Pour l’Algérie, le lien empirique entre les prix à l’exportation du gaz naturel algérien est caracté- données d’éclairage nocturne et l’activité écono- risé par une forte inertie, ainsi qu’un arrimage retardé au mique est fort, autant pour la production pétrolière prix du pétrole. Le modèle présenté permet d’expliquer (géolocalisée par les sites de torchage de gaz), la 88 % de la variation des prix du gaz naturel exporté. production gazière, et l’activité hors-hydrocarbures. La forte corrélation entre l’éclairage nocturne et l’ac- tivité hors hydrocarbures permet de mobiliser ces Printemps 2022 : « L’impact des données pour estimer le niveau récent de l’activité facteurs macroéconomiques sur économique, et de produire des estimations spatia- l’inflation en Algérie » lisées, en niveau et en dynamique de l’activité, utiles dans le cadre d’analyses de développement secto- L’inflation est orientée à la hausse en 2021 et 2022, riel ou local. dans le monde comme en Algérie, mais les causes 22 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – ACCÉLÉRER LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ET RÉSILIENTE sous-jacentes varient selon les pays. En Algérie, la la hausse de la dépense publique et la hausse de hausse des prix qui a débuté en 2021 a été tirée par la monnaie en circulation expliquent plus de 40 % de la celle des produits alimentaires. En outre, une modélisa- variation de l’IPC après 2 ans. En outre, l’importance de tion de l’indice des prix à la consommation depuis 2009 ces facteurs varient selon les catégories de biens et ser- permet de déterminer que celui-ci est caractérisé par vices, reflétant notamment l’intensité de l’importation de une forte inertie à court terme mais que la dépréciation ces produits et les caractéristiques du marché algérien du dinar, l’augmentation du prix des produits importés, tant au niveau de la production que de la distribution. Annexe 1 : Dernières sections spéciales des notes de suivi de l’économie algérienne 23 BIBLIOGRAPHIE Algérie Presse Service • “Foncier économique : l’AAPI lance un service en ligne pour le dépôt et la gestion des demandes.” • “Impôts : une plateforme numérique pour le (8 février 2024). https://www.aps.dz/economie​ paiement des droits de timbres fiscaux.” (8 août /166444 2024). https://www.aps.dz/economie/174439-im​ • “Président de la République : création prochaine pots-une-plateforme-numerique-pour-le-paiement​ du Haut-Commissariat à la numérisation.” (6 août -des-droits-de-timbres-fiscaux 2023). https://www.aps.dz/sante-science-techno​ • “Algérie-Italie : signature d’un accord-cadre logie/159073 pour la réalisation d’un projet de production de céréales et de légumineuses à Timimoun.” (6 juil- let 2024). https://www.aps.dz/economie/172963 Agence internationale de l’énergie • “Sonatrach : signature d’un protocole d’entente • IEA (2024). 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