CARTOGRAPHIE DES IMPACTS AU SAHEL : Impacts régionaux des programmes de protection sociale adaptative sur les capacités de résilience au changement climatique UNE APPROCHE CENTREE SUR LES CAPACITES DE RESILIENCE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE : Renforcer la résilience au changement climatique est une priorité urgente au Sahel. Les températures dans cette région augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale, entraînant des chaleurs extrêmes ainsi que des précipitations plus erratiques et intenses. Les chocs liés au climat deviennent plus fréquents et plus sévères, notamment les sécheresses et les inondations. Ces crises pourraient plonger 13,5 millions de Sahéliens supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2050 et aggraver les cycles de fragilité et de vulnérabilité, si des mesures d’adaptation urgentes ne sont pas mises en œuvre. Au Sahel, la protection sociale adaptative (PSA) constitue un instrument éprouvé pour renforcer la résilience des ménages les plus pauvres et les plus vulnérables de la société, et pour faire face aux impacts inéquitables du changement climatique dans la région. À travers la mise en œuvre de trois types de programmes complémentaires — les filets sociaux réguliers, les interventions d’inclusion économique qui soutiennent l’emploi des pauvres, et les programmes réactifs aux chocs — la PSA renforce les capacités de résilience des ménages en leur permettant de développer leur capacité d’anticipation, leur capacité d’absorption, et leur capacité d’adaptation face aux impacts progressifs et soudains du changement climatique (selon Bahadur et al. 2015). Cette note cartographie les principaux mécanismes par lesquels la PSA renforce les capacités de résilience climatique des ménages, comme illustré ci-dessous : IMPACT DES PROGRAMMES DE PSA SUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE RÉSILIENCE CLIMATIQUE : Au Sahel, les programmes de protection sociale adaptative mis en œuvre par les gouvernements ont démontré des impacts significatifs sur le renforcement des capacités de résilience climatique des ménages, notamment comme suit : #1 | Les programmes de PSA Les programmes de PSA ont augmenté la consommation et la sécurité alimentaire renforcent la base des ménages, renforçant ainsi leur capacité d’absorption ex -ante – avant la économique des ménages survenue des chocs – garantissant un accès plus stable à la nourriture lors des pauvres et vulnérables, chocs climatiques. Au Sénégal, le programme national de filets sociaux (PNBSF) a comme en témoignent les augmenté la consommation par habitant de 8 % (et réduit la pauvreté extrême de 5 augmentations de la points de pourcentage en zones rurales) sur une période de trois ans, et a réduit de 7 % consommation et de la la part des ménages affectés négativement par des chocs tels que les sécheresses. De sécurité alimentaire — même, au Niger, les bénéficiaires des filets sociaux ont augmenté leur consommation renforçant ainsi leur de 10,4 % en période normale, et ont pu maintenir leur consommation pendant les capacité d’absorption. sécheresses, tandis que les non-bénéficiaires ont dû la diminuer de 24 %. Au Tchad, les programmes réguliers de filets sociaux ont eu un impact significatif sur la sécurité alimentaire, réduisant de 38 % la part des ménages déclarant souvent renoncer à se nourrir pendant une journée faute de ressources. #2 | Les programmes de PSA L’épargne est une ressource cruciale pour réduire l’impact négatif immédiat des augmentent de manière chocs climatiques sur les moyens de subsistance et les besoins fondamentaux, car significative l’épargne des elle peut être utilisée pour maintenir le niveau de bien-être et protéger les ménages pauvres et investissements. L’épargne permet également d’investir dans des actifs productifs vulnérables, essentielle afin d’augmenter les revenus et de faire face aux conséquences financières des pour faire face aux chocs et chocs. Les programmes de PSA ont permis aux ménages d’augmenter leur épargne, investir dans des activités renforçant ainsi leurs capacités d’absorption et d’adaptation. Au Sénégal, un génératrices de revenus — programme d’inclusion économique a montré des impacts significatifs, avec une renforçant ainsi leurs augmentation de 92 % de l’épargne des ménages, un effet qui s’est maintenu même trois capacités d’absorption et ans après la fin du programme. Les montants empruntés et prêtés par les groupes d’adaptation. d’épargne ont également augmenté, reflétant une participation plus dynamique et une utilisation concrète des fonds par les membres des groupes. Au Tchad, 53 % des femmes ayant bénéficié de transferts réguliers et d’activités d’inclusion économique sont restées membres actives des groupes d’épargne, même 18 mois après la fin de l’intervention (soit une augmentation de 44 % par rapport aux non -bénéficiaires), épargnant 64 % de plus que ces dernières. Au Burkina Faso, même après la fin du programme de filets sociaux, la participation des bénéficiaires aux groupes d’épargne était 134 % plus élevée que celle des non-bénéficiaires, et la valeur de leur épargne était 65 % plus importante. De même, au Mali, les bénéficiaires des filets sociaux avaient 57 % plus de chances d’épargner que les ménages ne bénéficiant pas du programme. #3 | Les programmes de PSA Les programmes de PSA ont amélioré l’adoption, par les ménages, de méthodes soutiennent les ménages agricoles et d’activités économiques plus diversifiées et moins vulnérables au pauvres et vulnérables dans climat, y compris des activités génératrices de revenus hors exploitation agricole. l’adoption d’activités Celles-ci sont essentielles pour protéger les revenus et les actifs face aux stress et économiques plus diversifiées et moins chocs climatiques, renforçant ainsi les capacités d’absorption et d’adaptation des vulnérables au climat — ménages. Le recours accru à l’information sur les risques climatiques permet aux renforçant ainsi leurs ménages de se préparer et de planifier face aux chocs, et oriente l’adaptation de capacités d’adaptation, leurs activités économiques — ce qui renforce leurs capacités d’anticipation et d’absorption et d’adaptation. Au Sénégal, les filets sociaux ont entraîné une augmentation de 44 % de d’anticipation. la possession d’unités de bétail tropical, mieux adapté au changement climatique, contribuant à la résilience face à la sécheresse grâce à une diversification des moyens de subsistance. Au Niger, les ménages bénéficiaires des filets sociaux ont mieux su s’adapter aux sécheresses en augmentant leur utilisation d’engrais, ce qui a permis une hausse de 57 % de leurs ventes agricoles par rapport aux autres ménages. Ces ménages ont également diversifié leurs activités, avec 27 % de ménages supplémentaires se lançant dans des activités non agricoles. Parmi les femmes ayant bénéficié d’un appui à l’inclusion économique, les revenus issus des activités non agricoles ont durablement augmenté de 62 % à 107 %, même après la fin du programme. En Mauritanie, les bénéficiaires des filets sociaux et des mesures d’inclusion économique ont vu leurs revenus augmenter de 29 %, en partie grâce à une hausse de 35 % des revenus issus d’activités commerciales non agricoles (pour lesquelles ils ont également augmenté le nombre de jours travaillés de 32 %). Au Mali, les bénéficiaires des filets sociaux avaient 46 % plus de chances d’investir dans les petits animaux et les actifs non agricoles. #4 | Les programmes ASP Le capital humain — une bonne santé, une nutrition adéquate, une éducation et des renforcent et protègent compétences — est essentiel pour renforcer la capacité des individus à s’adapter, considérablement le capital à apprendre et à s’ajuster face aux risques climatiques à long terme, ainsi qu’à humain des ménages mieux anticiper et se préparer. Les programmes de PSA ont permis d’augmenter la pauvres et vulnérables — en scolarisation, l’assiduité et la nutrition au Sahel. Au Burkina Faso, le programme de améliorant leurs capacités filets sociaux a permis d’améliorer la nutrition des enfants de moins de 5 ans, en d'adaptation et particulier durant les années de mauvaises récoltes, comme en témoignent les d'anticipation. indicateurs anthropométriques à moyen terme. Il a également entraîné une augmentation de 14 points de pourcentage du taux de scolarisation des enfants âgés de 7 à 15 ans, ainsi qu’une réduction de 42 % de l’absentéisme scolaire. Au Sénégal, le programme national de filets sociaux, qui inclut des sessions de sensibilisation sur la scolarisation, a augmenté la scolarisation des filles âgées de 6 à 12 ans et réduit l’absentéisme chez les garçons de 13 à 16 ans, lorsque les récipiendaires étaient des femmes. De même, au Mali, le programme de filets sociaux a eu des effets très positifs sur l’éducation des filles, avec des augmentations significatives de la fréquentation scolaire, en particulier chez les plus jeunes (6 à 9 ans) et les plus âgées (15 à 18 ans), ainsi qu’une hausse de 56 % de la probabilité qu e les adolescentes passent à la classe supérieure. #5 | Les programmes ASP La cohésion sociale — les mécanismes qui lient les ménages entre eux au sein des favorisent la cohésion communautés, entre communautés, et avec l’État — est essentielle pour renforcer sociale — en renforçant les la capacité des ménages à anticiper et absorber les effets négatifs des stress et capacités d’anticipation et chocs climatiques soudains. Les programmes de PSA favorisent la cohésion d’absorption des communautés. sociale, ce qui peut renforcer l’action collective et préventive pour éviter ou réduire l’exposition et la vulnérabilité en amont, ainsi qu’améliorer le soutien social pendant et après les crises. Au Tchad, les filets sociaux et les mesures d’inclusion économique ont renforcé les mécanismes de solidarité communautaire, essentiels pour la coordination et la mobilisation au sein des communautés. Les bénéficiaires ont montré un engagement communautaire accru, notamment par leur participation à des associations. En Mauritanie, les filets sociaux ont renforcé la confiance des bénéficiaires envers les autres membres de leur communauté ainsi que leur coopération pour le bien commun, à travers leur engagement dans des groupes ou associations locaux, des dons ou des activités de bénévolat. Au Niger, l es interventions d’inclusion économique ont renforcé la confiance des participants, leur inclusion sociale et leur coopération pour le bien commun. Au Mali, les bénéficiaires des filets sociaux étaient plus enclins que les non-bénéficiaires à transférer de la nourriture (14 % contre 9 %) et de l’argent (11 % contre 5 %) à d’autres ménages. Références : Akresh, Richard, Damien de Walque, and Harounan Kazianga. 2016. “Evidence from a Randomized Evaluation of the Household Welfare Impacts of Conditional and Unconditional Cash Transfers given to Mothers or Fathers.” World Bank Policy Research Working Paper #7730. Washington DC: World Bank Group. Akresh, Richard, Damien de Walque, and Harounan Kazianga. 2023. 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Washington DC: International Food Policy Research Institute (IFPRI). © 2025 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale   1818 H Street NW   Washington, DC 20433   Téléphone : 202-473-1000   Site web : www.worldbank.org      Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les constatations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Banque mondiale, de ses Administrateurs, ou des gouvernements qu’ils représentent.      La Banque mondiale ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité, ni l’actualité des données citées dans cet ouvrage. Elle n’est pas responsable des erreurs, omissions, ou incohérences qui pourraient apparaître dans les informations qui y sont fournies, ni de l’utilisation ou du défaut d’utilisation des informations, méthodes, procédés ou conclusions présentées dans l’ouvrage. 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