ALGÉRIE RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE Investir dans les données pour une croissance diversifiée Printemps 2024 Rapport de suivi de la situation économique en Algérie Investir dans les données pour une croissance diversifiée Printemps 2024 Région Moyen-Orient et Afrique du Nord © 2024 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/La Banque mondiale 1818 H Street NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les obser- vations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les déno- minations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et autorisations Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connais- sances, ce rapport peut être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée. 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Conception de la mise en page : The Word Express, Inc TABLE DES MATIÈRES Liste des acronymes................................................................................................ v Remerciements...................................................................................................... vii Résumé analytique................................................................................................. ix Executive summary................................................................................................. xi ‫ملخص تنفيذي‬......................................................................................................... xiii Chapitre 1 : Développements économiques récents.......................................................... 1 La croissance en dehors des industries extractives est restée robuste en 2023.............................................. 1 La production des industries extractives a augmenté en 2023, malgré la baisse de la production pétrolière............................................................................................................................................ 4 L’excédent du compte courant s’est réduit, mais l’accumulation des réserves s’est poursuivie................... 5 Le déficit budgétaire s’est creusé, et la dette publique a augmenté..................................................................... 7 Avec la baisse des prix des aliments frais, l’inflation a commencé à ralentir à la fin 2023............................. 8 Chapitre 2 : Perspectives et risques............................................................................. 11 La croissance du PIB resterait vigoureuse, malgré la réduction des quotas de l’OPEP et une production agricole limitée............................................................................................................................... 11 Les soldes extérieurs et budgétaires seront de nouveau sous pression............................................................. 13 Les prix des hydrocarbures dans un contexte d’incertitude géopolitique posent des risques importants................................................................................................................................................... 14 Annexe 1 : Dernières sections spéciales des notes de suivi de l’économie algérienne.................. 19 Bibliographie........................................................................................................ 23 iii Liste des figures Figure 1 La croissance dynamique a été soutenue par une accélération de l’investissement, accompagnée d’une forte hausse des importations............................................................................ 2 Figure 2 ... et a stimulé les industries non-extractives et les services .............................................................. 2 Figure 3 Évolution de l’éclairage nocturne en 2023.............................................................................................. 3 Figure 4 Les données d’éclairage nocturne suggèrent un ralentissement de l’activité hors hydrocarbures au T1-2024........................................................................................................................... 3 Figure 5 L’augmentation de la production et des exportations de gaz naturel ont compensé la baisse de la production de pétrole ...................................................................................................... 5 Figure 6 ... et les prix à l’exportation des hydrocarbures sont restés élevés, malgré la baisse des prix du gaz naturel.................................................................................................................................. 5 Figure 7 Le compte courant s’est rétréci à mesure que les prix à l’exportation ont baissé et que les importations ont augmenté...................................................................................................... 6 Figure 8 ... même si les prix à l’importation ont baissé pour la plupart des produits................................... 6 Figure 9 Le volume des exportations a diminué au S2-2023, mais est resté supérieur aux niveaux d’avant la pandémie............................................................................................................... 7 Figure 10 ... tandis que les importations ont augmenté, notamment celles de véhicules ............................ 7 Figure 11 L’augmentation des dépenses a dépassé celle des recettes, creusant le déficit budgétaire....................................................................................................................................... 8 Figure 12 ... et le ratio de la dette publique a augmenté, tout comme l’épargne pétrolière.......................... 8 Figure 13 L’inflation s’est atténuée, car les prix des aliments frais ont commencé à baisser au T2-2023....................................................................................................................................................... 9 Figure 14 ... tandis que la croissance de la masse monétaire s’est modérée et que le crédit au secteur privé s’est accéléré................................................................................................... 9 Figure 15 Au cours de la campagne agricole 2023-24, les précipitations se sont améliorées dans l’Est mais se sont détériorées dans l’Ouest.................................................................................. 12 Figure 16 ... et les mesures de croissance des cultures ont suivi l’évolution des précipitations................. 12 Figure 17 Après une forte hausse entre 2021 et 2024, la loi de finances 2024 prévoit une stabilisation des dépenses ................................................................................................................. 13 Figure 18 Le ralentissement de la croissance a suivi l’investissement, notamment public, et s’est accompagné d’une baisse de la productivité......................................................................................... 15 Figure 19 L’investissement public est aujourd’hui plus restreint et la marge de manœuvre pour l’augmenter est limitée, d’où l’importance d’accélérer l’investissement privé .................... 15 Liste des encadrés Encadré 1 Suivi en temps réel de l’évolution économique en Algérie à l’aide de sources de données alternatives................................................................................................................................ 3 Encadré 2 Tendances des exportations et des importations au T1-2024........................................................... 6 Encadré 3 Premiers indicateurs satellitaires de la production agricole pour 2024.......................................... 12 Encadré 4 La loi de finances 2024................................................................................................................................. 13 Encadré 5 La pandémie a accéléré l’importance de passer à un modèle de croissance tiré par l’investissement privé..................................................................................................................................... 15 iv RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE LISTE DES ACRONYMES AIE Agence d’information sur l’énergie JODI Initiative conjointe sur les données AIS Système d’identification automatique des organisations Comtrade des Nations Unies MARS Surveillance des ressources agricoles ASAP Base de données d’anomalie de Mb/j Milliers de barils par jour la production agricole MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord BdA Banque d’Algérie MTEP Million de tonnes équivalent pétrole BM Banque mondiale NASA Administration nationale de BTU Unité thermique britannique l’aéronautique et de l’espace CITI Classification internationale type, OAIC Office Interprofessionnel Algérien par industrie des Céréales DZD Dinar algérien OCDE Organisation de coopération et EPE Entreprises publiques économiques de développement économiques EPT Espaces de programmation territoriale ONS Office national des statistiques EUR Euro OPEP Organisation des pays exportateurs FAO Organisation des Nations Unies pour de pétrole l’alimentation et l’agriculture PIB Produit intérieur brut FMI Fonds monétaire international Pp Points de pourcentage FRR Fonds de régulation des recettes PSR Programme spécial de refinancement GNL Gaz naturel liquéfié TCEN Taux de change effectif nominal GPL Gaz de pétrole liquéfié TCER Taux de change effectif réel IDE Investissements directs étrangers TTF Facilité de transfert de titres IPC Indice des prix à la consommation USD Dollar des États-Unis ISMMEE Industries sidérurgiques, métallurgiques, ZLECAf Zone de libre-échange continentale mécaniques, électriques et électroniques africaine v REMERCIEMENTS C e rapport de suivi de la situation économique paré par Cyril Desponts, Amel Henider et Daniel Prinz de l’Algérie rend compte des principaux sous la direction d’Éric Le Borgne et d’Abdoulaye Sy. développements et politiques économiques Les auteurs tiennent à remercier Jesko Hentschel récents. Il les replace dans un contexte global et à plus (Directeur pays pour le Maghreb et Malte) et Kamel long terme et évalue les implications de ces évolu- Braham (Représentant résident pour l’Algérie) pour tions pour les perspectives économiques de l’Algérie. leurs précieux commentaires lors de l’examen de Le rapport s’adresse à un large public, notamment ce rapport. L’équipe de la Banque mondiale remer- les décideurs politiques, les chefs d’entreprise, les cie tout particulièrement le Ministère des Finances de acteurs des marchés financiers et la communauté l’Algérie pour ses observations sur le contenu du rap- des analystes et des professionnels travaillant en et port avant sa publication. sur l’Algérie. Le rapport est divisé en deux chapitres. Les constatations, interprétations et conclu- Le chapitre 1 présente les développements macroé- sions exprimées dans le présent rapport sont celles conomiques récents de l’Algérie au cours de l’année du personnel de la Banque mondiale et ne reflètent 2023 et du premier trimestre 2024, tandis que le cha- pas nécessairement les vues du Conseil d’admi- pitre 2 décrit les perspectives à court et moyen terme nistration de la Banque mondiale ou des pays qu’il de l’économie algérienne. La date limite pour la sai- représente. Pour plus d’informations sur la Banque sie des données et la préparation des prévisions mondiale et ses activités en Algérie, y compris des était le 10 mai 2024. copies électroniques de cette publication, veuillez Le rapport de suivi de la situation économique consulter le site https://www.banquemondiale.org/fr/ de l’Algérie est un produit de la section Moyen-Orient country/algeria. Pour toute question ou commentaire et Afrique du Nord (MENA) du pôle d’expertise glo- sur le contenu de cette publication, veuillez contacter bal Macroéconomie, commerce et investissement Cyril Desponts (cdesponts@worldbank.org) et Eric Le (MTI) du Groupe de la Banque mondiale. Il a été pré- Borgne (eleborgne@worldbank.org). vii RÉSUMÉ ANALYTIQUE L a croissance de l’Algérie a été robuste en et des dépenses d’investissement, le déficit budgé- 2023, et l’inflation a commencé à décélé- taire global s’est creusé, pour atteindre 5,2% du PIB. rer. La croissance du PIB s’est accélérée pour Le déficit a été principalement financé hors du sec- atteindre 4,1%, soutenue par celle du secteur des teur bancaire, les émissions souveraines diminuant, hydrocarbures, la production de gaz naturel ayant l’épargne pétrolière augmentant à 8,2% du PIB et compensé les réductions successives des quotas de la dette publique augmentant légèrement, à 49,2% production de pétrole brut. La croissance du PIB hors du PIB. industries extractives a atteint 3,7%, la croissance de La croissance devrait ralentir en 2024 dans l’investissement s’étant accélérée, soutenue par une un contexte de production pétrolière et agricole reprise marquée de l’investissement public, et entraî- limitée, avant de se redresser en 2025. Dans le nant une hausse des importations. La consommation scénario de référence, les réductions des quotas privée est restée dynamique, stimulée par la hausse pétroliers resteraient en place et le PIB des hydrocar- des salaires dans le secteur public et stimulant les bures se contracterait légèrement en 2024. L’activité secteurs fournissant les ménages. L’inflation s’est hors hydrocarbures resterait dynamique, tirée par maintenue à 9,3% en 2023 et a ralenti à 5,0% en glis- l’investissement et la consommation privée, soute- sement annuel au premier trimestre 2024, dans un nue par une troisième hausse annuelle consécutive contexte de baisse soutenue des prix des produits ali- des salaires dans l’administration publique. D’après mentaires frais, de dinar fort et de baisse des prix à les premières données satellitaires sur la météo et le l’importation. développement des cultures, la production agricole La chute des prix des hydrocarbures à la devrait rester modérée en 2024. La croissance glo- fin 2022 a réduit l’excédent du compte courant bale du PIB atteindrait 2,9% en 2024 et repartirait à en 2023, creusé le déficit budgétaire, et le ratio 3,7% en 2025 à mesure que la production pétrolière dette publique/PIB a augmenté. La chute des prix et la production agricole se redresseraient. à l’exportation des hydrocarbures et des engrais et Dans un contexte d’augmentation des la forte augmentation des volumes d’importation ont importations et des dépenses publiques, la entraîné une contraction rapide de l’excédent de la baisse des recettes d’hydrocarbures exercerait balance courante, mais les réserves ont continué une pression accrue sur les équilibres extérieurs d’augmenter, pour atteindre 16,1 mois d’importations et budgétaires. Dans le scénario de référence, les à fin 2023. Les recettes des hydrocarbures dans le exportations d’hydrocarbures diminueraient et les budget se sont néanmoins maintenues mais, compte importations augmenteraient, suivant le dynamisme tenu de la forte augmentation de la masse salariale de la demande intérieure, et ramenant la balance ix du compte courant sous l’équilibre en 2024 avant tive à l’investissement de 2022, la loi monétaire et de générer des déficits plus importants en 2025 et bancaire de 2023, l’adhésion formelle à l’Accord de 2026. Dans le budget, la baisse des recettes d’hy- libre-échange continental africain, la loi sur le foncier drocarbures et une nouvelle vague d’augmentations économique de 2023 et le lancement de réformes des des salaires et des transferts surcompenseraient le banques publiques visent à stimuler l’investissement dynamisme des recettes fiscales et la modération des privé pour favoriser la diversification. Le renforcement dépenses d’investissement. Le déficit budgétaire glo- de ces efforts, notamment en s’assurant que ces bal augmenterait en 2024 avant de se stabiliser les mesures contribuent effectivement à stimuler l’envi- deux années suivantes, résultant en une augmenta- ronnement des affaires, est d’autant plus important tion de la dette publique, qui dépasserait 55% du PIB que l’investissement public, auparavant moteur de d’ici 2026. la croissance de l’Algérie, est de plus en plus limité La variabilité des prix des hydrocarbures par des dépenses courantes rigides et en expansion reste le principal risque pour les équilibres rapide. macroéconomiques, les besoins de finance- La poursuite de l’amélioration des sys- ment prévisionnels soulignant l’importance d’un tèmes de données soutiendrait l’investissement rééquilibrage budgétaire progressif. L’augmenta- et l’élaboration des politiques publiques. En 2023 tion des importations et des dépenses publiques a et 2024, les efforts de numérisation dans l’adminis- creusé les déficits courants et budgétaires hors hydro- tration algérienne ont été renforcés, tout comme carbures, laissant les équilibres macroéconomiques certaines publications de la Banque d’Algérie et de plus exposés à la dynamique des prix mondiaux du l’ONS, avec notamment le premier rebasage du PIB. pétrole, dans un environnement d’incertitude géo- Les sources alternatives de données utilisées dans politique accrue. Si les réserves de change restent le présent rapport, telles les données satellites sur le confortables, les besoins attendus de financement développement des cultures ou l’éclairage nocturne, budgétaire appellent des politiques de dépenses représentent un complément utile aux statistiques publiques prudentes et un rééquilibrage budgétaire économiques et sociales usuelles. Néanmoins, progressif. Dans le même temps, la faiblesse des l’amélioration de la disponibilité, de la granularité et précipitations et la hausse des températures de ces de l’actualité des données économiques officielles, dernières années, avec leurs effets sur la production notamment en ce qui concerne l’activité, l’investisse- agricole, l’inflation et les importations, soulignent la ment et le marché du travail, reste de la plus haute sensibilité de l’économie algérienne au changement importance. Des systèmes de données améliorés climatique. soutiendraient le passage vers une budgétisation Les efforts visant à encourager l’investis- axée sur les résultats et l’élaboration de politiques sement du secteur privé et la diversification de fondées sur des données probantes. Ils fourniraient l’économie devront être renforcés. Les risques également des données économiques précises et associés aux prix mondiaux des hydrocarbures sou- exhaustives aux chercheurs et analystes, aux inves- lignent l’importance de soutenir la diversification en tisseurs nationaux et internationaux potentiels, ce qui accélérant les investissements du secteur privé et atténuerait l’incertitude économique et favoriserait dans les secteurs hors-hydrocarbures. La loi rela- l’investissement. x RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE EXECUTIVE SUMMARY A lgeria’s growth was robust in 2023, Growth is expected to slow in 2024 amidst and inflation started to decelerate. GDP subdued oil and agricultural output, before recov- growth accelerated to 4.1 percent, sup- ering in 2025. In the baseline scenario, oil quota ported by hydrocarbon sector growth, as natural gas cuts would remain in place, and hydrocarbon GDP production compensated for successive crude oil would contract slightly in 2024. Non-hydrocarbon production quota cuts. Non-extractive GDP growth activity would remain dynamic, driven by investment reached 3.7 percent as investment growth accelerated, and private consumption, supported by a third con- supported by a marked recovery in public investment, secutive annual wage increase. Based on early and leading to a surge in imports. Private consump- satellite weather and crop growth data, agricultural tion remained dynamic, stimulated by growing public production is expected to remain subdued in 2024. sector wages, and pulling sectors serving households. Overall GDP growth would reach 2.9 percent in 2024 Inflation remained at 9.3 percent over 2023 but mod- and pick up again to 3.7 percent in 2025 as oil pro- erated to 5.0 percent year-on-year in the first quarter of duction and agricultural output recover. 2024, amidst a sustained decline in fresh food prices, Amidst higher imports and public spend- a strong dinar, and lower import prices. ing, lower hydrocarbon revenues would put Falling hydrocarbon prices narrowed the renewed pressure on external and fiscal bal- current account surplus in 2023, while increas- ances. In the baseline scenario, hydrocarbon exports ing the fiscal deficit and the public debt-to-GDP decline and imports increase, tracking dynamic ratio. The fall of hydrocarbon and fertilizer export domestic demand, and causing the current account prices and large increase in import volumes resulted to turn slightly negative in 2024 before posting larger in a rapidly narrowing current account surplus, deficits in 2025 and 2026. In the budget, lower hydro- although reserves continued to increase, to reach carbon revenues and another wave of wage and 16.1 months of imports at end-2023. Hydrocarbon transfer increases would offset robust tax revenues revenues in the budget have nonetheless remained and consolidation of capital expenditures. The over- stable but given the sharp increase in the wage bill all budget deficit would increase in 2024 and stabilize and capital expenditures, the overall budget defi- in the next two years, resulting in growing public debt, cit widened to 5.2% of GDP. The deficit was mainly which would pass 55 percent of GDP by 2026. financed outside the banking sector, with bond issu- The variability of hydrocarbon prices ance declining, oil savings increasing to 8.2% of GDP, remains the main risk to macroeconomic bal- and public debt as a percentage of GDP increasing ances, with projected financing needs highlighting slightly to 49.2% of GDP. the importance of a gradual fiscal rebalancing. xi Rising imports and public spending have deepened improvement of the business environment, is even the non-hydrocarbon current account and budget def- more important now that public investment, previ- icits, leaving macroeconomic balances more exposed ously the engine of Algeria’s growth, is increasingly to global oil price dynamics, in an environment of constrained by rigid and rapidly expanding current heightened geopolitical uncertainty. While foreign expenditures. exchange reserve remains adequate, projected fis- Continuing to strengthen data systems cal financing needs call for prudent public spending would support investment and public policymak- policies and a gradual fiscal rebalancing. Meanwhile, ing. In 2023 and 2024, digitalization efforts accelerated, subdued rainfall and higher temperatures in recent as did efforts from the Bank of Algeria and ONS to years, with their effect on agricultural production, infla- strengthen their publications, with notably the first tion, and imports, underscore the vulnerability of the GDP rebasing. The alternative data sources used in Algerian economy to climate change. this report, such as satellite data on crop development Efforts to foster private sector investment or nighttime lights, represent a useful complement and diversification should be strengthened. The to conventional economic and social statistics. Yet, risks associated with global hydrocarbon prices point improving the availability, granularity, and timeliness of to the importance of supporting diversification by official economic data, most notably relating to activity, accelerating private sector investment in non-hydro- investment, and the labor market, remains of utmost carbon sectors. The 2022 Investment Law, the 2023 importance. Enhanced data systems would support Banking and Monetary Law, formal adhesion to the the authorities’ pivot towards performance-based Africa Continental Free Trade Agreement, the 2023 budgeting and support evidence-based policymak- Land Law and initiation of state-owned bank reforms ing. They would also provide accurate and exhaustive are aimed at boosting private investment to foster economic data to researchers and analysts, potential diversification. Strengthening those efforts, in partic- domestic and international investors, alleviating eco- ular by ensuring that they contribute effectively to the nomic uncertainty and fostering investment. xii RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ‫ملخص تنفيذي‬ ‫محــدودا يف عــام ‪ .2024‬ومــن املتوقــع أن يبلــغ النمــو االجــايل للناتــج‬ ‫املحــي اإلجــايل ‪ 2.9٪‬يف عــام ‪ ،2024‬و يرتفــع إىل ‪ 3.7٪‬يف عــام ‪2025‬‬ ‫مــع تعــايف إنتــاج النفــط و اإلنتــاج الزراعــي‪.‬‬ ‫ققت الجزائر منواً قويًا يف عام ‪ ،2023‬و بدأ التضخم يف التباطؤ‪.‬‬ ‫ارتفع منو الناتج املحيل اإلجاميل بنسبة ‪ ،4.1٪‬مدعوماً بنمو‬ ‫قطاع املحروقات‪ ،‬حيث عوض إنتاج الغاز الطبيعي التخفيضات‬ ‫ح‬ ‫يف ظــل زيــادة الــواردات و النفقــات العموميــة‪ ،‬ســيؤدي انخفــاض‬ ‫املتكررة يف حصص إنتاج النفط الخام‪ .‬كام بلغ منو الناتج املحيل اإلجاميل‬ ‫عائــدات املحروقــات إىل زيــادة الضغــط عــى التوازنــات الخارجيــة‬ ‫خارج قطاع الصناعات االستخراجية ‪ ،3.7٪‬بسبب تسارع منو االستثامر و‬ ‫و توازنــات امليزانيــة العموميــة‪ .‬يف الســيناريو املرجعــي‪ ،‬مــن املتوقــع‬ ‫االنتعاش امللحوظ يف االستثامر العمومي‪ ،‬مام أدى إىل زيادة يف الواردات‪.‬‬ ‫أن تنخفــض صــادرات املحروقــات و ترتفــع الــواردات‪ ،‬مبــا يتــاىش مــع‬ ‫عا بزيادة األجور يف القطاع‬ ‫و ظل االستهالك الخاص ديناميكيًا‪ ،‬مدفو ً‬ ‫ديناميكيــة الطلــب املحــي‪ ،‬مــا يعيــد املي ـزان التجــاري إىل التــوازن يف‬ ‫العمومي‪ ،‬األمر الذي أدى اىل تحفيز القطاعات التي تزود األرس بالسلع‬ ‫زا يف امليزانيــة العموميــة يف عامــي ‪2025‬‬ ‫عــام ‪ 2024‬قبــل أن يولــد عج ـ ً‬ ‫و الخدمات‪ .‬من ناحية أخرى‪ ،‬ظل التضخم عند ‪ 9.3٪‬يف عام ‪ 2023‬و‬ ‫و‪ .2026‬انخفــاض إي ـرادات املحروقــات و موجــة جديــدة مــن زيــادات‬ ‫تباطأ إىل ‪ 5.0٪‬سنوياً يف الربع األول من عام ‪ 2024‬بسبب تراجع أسعار‬ ‫يف األجــور و التحويــات قــد يعوضــا بشــكل كبــر ديناميكيــة اإليـرادات‬ ‫املنتجات الزراعية الطازجة و قوة الدينار و إنخفاض أسعار الواردات‪.‬‬ ‫الجبائيــة و تباطــؤ النفقــات االســتثامرية‪ ،‬و مــن املتوقــع أن يــزداد عجــز‬ ‫أدى إنخفــاض ســعر املحروقــات يف عــام ‪ 2023‬إىل تقليــص فائــض‬ ‫امليزانيــة يف عــام ‪ 2024‬قبــل أن يســتقر خــال الســنتني التاليتــن‪ ،‬األمــر‬ ‫الحســاب الجــاري و زيــادة عجــز امليزانيــة العموميــة و نســبة الديــن‬ ‫الــذي ســيؤدي إىل زيــادة الديــن العمومــي بحيــث يتوقــع ان يتجــاوز‬ ‫العمومــي إىل الناتــج املحــي‪ .‬أدى انخفــاض أســعار تصديراملحروقــات‬ ‫‪ 55٪‬مــن الناتــج املحــي اإلجــايل بحلــول عــام ‪.2026‬‬ ‫و األســمدة و الزيــادة الحــادة يف حجــم الــواردات إىل انكــاش رسيــع‬ ‫و ال يــزال تقلــب أســعار املحروقــات ميثــل الخطــر الرئيــي عــى‬ ‫لفائــض امليــزان التجــاري‪ ،‬و لكــن اســتمرت احتياطــات الــرف يف‬ ‫توازنــات االقتصــاد الــكيل‪ ،‬حيــث تشــر متطلبــات التمويــل املتوقعــة إىل‬ ‫را مــن الــواردات يف نهايــة عــام ‪.2023‬‬ ‫اإلرتفــاع‪ ،‬لتصــل إىل ‪ 16.1‬شــه ً‬ ‫أهميــة إعــادة التــوازن التدريجــي للميزانيــة‪ .‬أدت الزيــادة يف الــواردات‬ ‫ومــع ذلــك‪ ،‬ظلــت إي ـرادات املحروقــات يف امليزانيــة العموميــة ثابتــة‪،‬‬ ‫و اإلنفــاق العمومــي إىل اتســاع عجزالحســاب الجــاري و عجــز امليزانيــة‬ ‫لكــن مــع الزيــادة الكبــرة يف كتلــة األجــور واالســتثامر العمومــي‪ ،‬اتســع‬ ‫العموميــة خــارج قطــاع املحروقــات‪ ،‬مــا جعــل أرصــدة االقتصــاد الــكيل‬ ‫عجــز امليزانيــة العموميــة ليصــل إىل ‪ 5.2٪‬مــن الناتــج املحــي اإلجــايل‪.‬‬ ‫أكــر عرضــة لديناميكيــات أســعار النفــط العامليــة‪ ،‬يف بيئــة تتســم بقلــة‬ ‫تــم متويــل العجــز بشــكل أســايس مــن خــارج القطــاع البنــي ‪ ،‬حيــث‬ ‫الرؤيــة الجيوســيايس‪ .‬و يف حــن أن احتياطيــات الــرف ال تـزال مريحــة‪،‬‬ ‫انخفضــت اإلصــدارات الســيادية‪ ،‬مــع زيــادة االدخــار النفطــي إىل ‪8.2٪‬‬ ‫فــإن احتياجــات متويــل امليزانيــة تتطلــب سياســات إنفــاق عمومــي‬ ‫مــن الناتــج املحــي اإلجــايل و ارتفــاع طفيــف يف الديــن العمومــي إىل‬ ‫حكيمــة و إعــادة التــوازن التدريجــي للميزانيــة‪ .‬و يف الوقــت نفســه‪،‬‬ ‫‪ 49.2٪‬مــن الناتــج املحــي اإلجــايل‪.‬‬ ‫تؤكــد شــحت األمطــار و ارتفــاع درجــات الحـرارة يف الســنوات األخــرة‪،‬‬ ‫مــن املتوقــع أن يتباطــأ النمــو يف عــام ‪ 2024‬يف ظــل انخفــاض اإلنتــاج‬ ‫مــع مــا لهــا مــن آثــار عــى اإلنتــاج الزراعــي و التضخــم و الــواردات‪،‬‬ ‫النفطــي و الزراعــي‪ ،‬قبــل أن يتحســن يف عــام ‪ .2025‬يف الســيناريو‬ ‫عــى حساســية االقتصــاد الجزائــري لتغــر املنــاخ‪.‬‬ ‫املرجعــي‪ ،‬مــن املتوقــع أن تظــل تقليصــات حصــص النفــط ســارية‬ ‫ينبغــي تكثيــف الجهــود الراميــة إىل تشــجيع اســتثامرات القطــاع‬ ‫املفعــول‪ ،‬و مــن املتوقــع تراجــع طفيــف للناتــج املحــي اإلجــايل‬ ‫الخــاص و التنويــع االقتصــادي‪ .‬تؤكــد املخاطــر املرتبطــة بتقلــب أســعار‬ ‫للمحروقــات يف عــام ‪ ،2024‬يف حــن يتوقــع أن يظــل النشــاط خــارج‬ ‫النفــط و الغــاز العامليــة عــى أهميــة دعــم التنويــع االقتصــادي مــن‬ ‫يــا‪ ،‬مدعومـاً باالســتثامر و االســتهالك الخــايص‬ ‫قطــاع املحروقــات ديناميك ً‬ ‫خــال ترسيــع اســتثامرات القطــاع الخــاص و االســتثامر يف القطاعــات‬ ‫بســبب زيــادات أجــور املوظّفــن للســنة الثالثــة عــى التــوايل‪ .‬و وف ً‬ ‫قــا‬ ‫خــارج قطــاع املحروقــات و يهــدف كل مــن قانــوين االســتثامر لعــام‬ ‫للبيانــات األوليــة الصــادرة عــن األقــار الصناعيــة عــن حالــة الطقــس و‬ ‫‪ ،2022‬و البنــوك و النقــود لعــام ‪ ،2023‬و االنضــام الرســمي إىل اتفاقيــة‬ ‫تطــور املحاصيــل الزراعيــة‪ ،‬مــن املتوقــع أن يكــون منواإلنتــاج الزراعــي‬ ‫‪xiii‬‬ ‫إعــادة تحديــد أســاس الناتــج املحــي اإلجــايل ألول مــرة‪ .‬متثــل مصــادر‬ ‫التجــارة الحــرة يف القــارة األفريقيــة‪ ،‬و قانــون األرايض االقتصاديــة لعــام‬ ‫البيانــات البديلــة املســتخدمة يف هــذا التقريــر‪ ،‬مثــل بيانــات األقــار‬ ‫‪ ،2023‬و إطــاق إصالحــات البنــوك العموميــة‪ ،‬إىل تحفيــز االســتثامر‬ ‫الصناعيــة‪ ،‬عــن تطــور الزراعــات أو اإلضــاءة الليليــة‪ ،‬اداة مكملــة و‬ ‫الخــاص لتعزيــز التنويــع االقتصــادي‪ .‬و ينبغــي تعزيــز هــذه الجهــود‪،‬‬ ‫مفيــدة لإلحصــاءات االقتصاديــة و االجتامعيــة املعتــادة و التقليديــة‪.‬‬ ‫ال ســيام مــن خــال ضــان مســاهمة هــذه التدابــر بشــكل فعــال يف‬ ‫مــع ذلــك‪ ،‬فــإن تحســن توفــر البيانــات االقتصاديــة الرســمية و دقــة‬ ‫تحفيــز بيئــة األعــال‪ ،‬نظـرا ألن االســتثامر العــام‪ ،‬الــذي كان يف الســابق‬ ‫تفاصيلهــا و مــدى توقيتهــا‪ ،‬ال ســيام فيــا يتعلــق بنشــاط االقتصــادي‬ ‫دا بشــكل أكــر بالنفقــات الجاريــة‬‫محــرك النمــو يف الجزائــر‪ ،‬أصبــح مقيـ ً‬ ‫و االســتثامر و ســوق العمــل‪ ،‬يظــل أمــرا ً يف غايــة األهميــة‪ .‬ســتدعم‬ ‫الغــر مرنــة و املتزايــدة برسعــة‪.‬‬ ‫أنظمــة البيانــات ّ‬ ‫املحســنة التوجــه نحــو امليزانيــة القامئــة عــى النتائــج‬ ‫مواصلــة تحســن أنظمــة البيانــات مــن شــأنها أن تدعــم االســتثامر‬ ‫و صنــع سياســات القامئــة عــى البيانــات‪ .‬كــا أنهــا ســتوفر بيانــات‬ ‫و رســم السياســات العموميــة‪ .‬يف عامــي ‪ 2023‬و‪ ،2024‬تــم تكثيــف‬ ‫اقتصاديــة دقيقــة و شــاملة للباحثــن و املحللــن و املســتثمرين املحليــن‬ ‫الجهــود املبذولــة لرقمنــة اإلدارة الجزائريــة‪ ،‬و كذلــك بعــض املنشــورات‬ ‫و الدوليــن‪ ،‬مــا يحــد مــن قلــة الرؤيــة االقتصاديــة و يشــجع االســتثامر‪.‬‬ ‫الصــادرة عــن بنــك الجزائــر و الديــوان الوطنــي لإلحصــاءات‪ ،‬مبــا يف ذلــك‬ ‫‪xiv‬‬ ‫‪RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE‬‬ 1 DÉVELOPPEMENTS ÉCONOMIQUES RÉCENTS La croissance en dehors des suggèrent que la croissance dynamique de l’acti- industries extractives est restée vité a été transrégionale, mais qu’elle a ralenti au robuste en 2023 T1-2024 (voir encadré 1). En 2023, le gouverne- ment a adopté plusieurs mesures pour favoriser la La croissance du PIB non extractif a été robuste diversification économique et la croissance hors en 2023, soutenue par une forte accélération hydrocarbures, telles que la mise à disposition de de l’investissement. La croissance du PIB non terrains du domaine public pour des projets d’in- extractif1 a atteint 3,7% en 2023, avec une accélé- vestissement privé à travers la loi portant sur le ration modérée au cours de l’année. Ce dernier a foncier économique et la mise en place d’un portail été tiré par une solide croissance des investisse- ments, passant de 5,3% en glissement annuel au 1 Les comptes nationaux remaniés présentent désor- premier trimestre à 12,3% en glissement annuel au mais les « industries extractives » mais pas l’ancien secteur des « hydrocarbures ». Les industries extrac- quatrième trimestre, pour atteindre 8,4% en 2023, tives reflètent désormais la classification internationale soutenus par une reprise marquée de l’investisse- type des industries (CITI) et ne tiennent pas seule- ment public, y compris dans plusieurs grands projets ment compte des activités d’extraction du pétrole brut industriels. La croissance rapide de l’investissement et du gaz naturel, mais incluent également les activités a stimulé les importations, qui ont augmenté de minières. Les activités de transformation des hydrocar- 19,4% en 2023, tirées par les importations d’équi- bures (raffinage du pétrole, liquéfaction du gaz) sont désormais classées dans le « secteur manufacturier », pements et de véhicules. La consommation privée tandis que certaines activités liées aux hydrocarbures est restée dynamique (+3,8%), stimulée par une ont été reclassées du secteur des hydrocarbures vers forte croissance des dépenses salariales publiques. les sections CITI dédiées (par exemple, la construction, Les données sur l’éclairage nocturne par satellite le transport). 1 La croissance dynamique a été FIGURE 1 •  ... et a stimulé les industries non- FIGURE 2 •  soutenue par une accélération de extractives et les services l’investissement, accompagnée d’une forte hausse des importations 120 130 110 PIB réel et composantes, 120 indices (2019=100) PIB réel et composantes, 100 indices (2019=100) 110 100 90 90 80 80 70 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 70 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 2022 2023 2019 2020 2021 2022 2023 Agriculture Industries extractives Importations Consommation Investissements PIB Services Industries non extractives Source : Office National des Statistiques (ONS). Les indices étant en base 100 en Source : Office National des Statistiques (ONS). Les indices étant en base 100 en 2019, ces données comparent le niveau actuel des composantes du PIB réel à leur 2019, ces données comparent le niveau actuel des composantes du PIB réel à leur niveau du même trimestre en 2019. niveau du même trimestre en 2019. « guichet unique » à l’Agence algérienne de promo- du marché du travail n’ont pas été publiés depuis tion des investissements (AAPI).2 2019, mais les estimations internationales suggèrent La croissance de l’industrie et des ser- que les taux de chômage ont baissé pour revenir à vices est restée dynamique, tandis que la leurs niveaux d’avant la pandémie.3 production agricole a ralenti. L’augmentation des investissements s’est principalement traduite par une augmentation des importations, et les indi- 2 La nouvelle loi sur le foncier économique, qui établit des cateurs de l’activité industrielle du secteur public lignes directrices pour l’attribution de terrains apparte- suggèrent également une forte croissance dans les nant à l’État à des projets d’investissement dans le but industries sidérurgique, métallurgique, mécanique, de promouvoir l’investissement privé et de créer des électrique et électronique (ISMMEE), en particulier emplois, a été adoptée en novembre 2023. La mise en les biens intermédiaires métalliques, mécaniques œuvre du programme de concession foncière écono- mique a débuté au T1-2024. 97 des 1 500 candidats et électriques, bien que la production manufac- se sont vu attribuer des parcelles par l’Agence algé- turière publique demeure en-deçà des niveaux rienne de promotion des investissements à travers la d’avant la pandémie. Le dynamisme de la consom- nouvelle plateforme numérique. Les terres sont attri- mation a également stimulé les secteurs fournissant buées pour une durée de 33 ans avec possibilité de les ménages, notamment le commerce et l’hôtelle- renouvellement. rie. La croissance de la production agricole a ralenti 3 Les estimations de l’Organisation internationale du tra- vail (OIT) suggèrent que le taux de chômage global en raison des sécheresses, avec des indices de est tombé à 12,3% en 2023 (–0,2 pp), que le taux de végétation inférieurs à la normale dans certaines chômage des femmes est tombé à 21,5% (–0,3 pp) et des principales régions productrices de l’ouest de que le taux de chômage des jeunes a baissé à 31,3% l’Algérie (voir encadré 3). Les indicateurs standards (–0,7 pp). 2 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ENCADRÉ 1 : SUIVI EN TEMPS RÉEL DE L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE À L’AIDE DE SOURCES DE DONNÉES ALTERNATIVES Les nouveaux développements de la recherche sur les mégadonnées permettent un suivi immédiat de l’évolution économique à des niveaux géographiques désagrégés. Les données satellitaires sont disponibles avec un court décalage (moins d’un mois) et sont très désagrégées dans le temps et dans l’espace. En estimant la relation entre ces données alternatives et les comptes nationaux au cours des dernières années, ils peuvent aider à produire des estimations de production géographiquement désagrégées jusqu’au T1-2024. Les données d’éclairage nocturne permettent d’estimer de manière fiable le PIB des hydrocarbures et hors hydrocarbures de l’Algérie. L’éclairage nocturne observé par satellite dans les zones d’extraction et de traitement du pétrole et du gaz sont un bon indicateur de la production des hydrocarbures.a L’éclairage issu des sites de torchage explique 94% des niveaux mensuels de production de pétrole brut et l’éclairage hors-torchage dans les wilayas productrices de gaz explique 69% des niveaux mensuels de production de gaz naturel. La relation entre l’éclairage nocturne dans les autres régions et le PIB hors hydrocarbures est encore plus forte, 93% de la variation du PIB réel hors hydrocarbures étant expliquée. À titre d’exemple, Desponts et Le Borgne (2023) estimaient à 3,6% la croissance du PIB en glissement annuel sur les neuf premiers mois de 2023; les données tout juste publiées par l’ONS l’établissent à 4,2%. L’éclairage nocturne suggère une forte croissance transrégionale hors hydrocarbures en 2023, mais une croissance plus faible dans les régions productrices d’hydrocarbures. Les données satellitaires sur la météo et la végétation peuvent être utilisées pour estimer la production agricole algérienne. Les indices de végétation par différence normalisée (IVDN) observés par satellite pour les plus grandes régions productrices de cultures peuvent, à eux seuls, expliquer 51% du niveau du PIB agricole, avec des corrélations robustes pour les IVDN des plus grandes régions céréalières d’Algérie. En 2023, les mesures de la pluviométrie et de la croissance des cultures ont été inférieures à la moyenne dans les plus grandes régions productrices de cultures, en particulier les hauts plateaux de l’Ouest et de l’Est, ce qui suit la décélération de la croissance de la production agricole suggérée par les comptes nationaux (voir encadré 3). Les données sur les navires et leurs cargaisons à l’arrivée et au départ des ports algériens renseignent sur les importations et les exportations en temps opportun. Les données de transport maritime incluent la taille du navire, son poids et la catégorie des produits transportés, en plus du port d’arrivée ou de départ. Le tonnage des navires peut être utilisé pour estimer le volume des importations et des exportations. (Voir encadré 2). FIGURE 3 • Évolution de l’éclairage nocturne Les données d’éclairage nocturne FIGURE 4 •  en 2023 suggèrent un ralentissement de l’activité hors hydrocarbures au T1-2024 15% 10% l'éclairage nocturne, en g.a. Variation de l'intensité de 5% 0% –5% –10% T1e T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Baisse Augmentation entre 0 et 7,5% Nord-Centre Nord-Est Nord-Ouest Augmentation entre 7,5 et 15,6% Hauts Plateaux Est Quatre régions Augmentation de plus de 15,6% Source : Estimations de la Banque mondiale basées sur les données de la NASA. Source : Estimations de la Banque mondiale basées sur les données de Note : Les régions correspondent aux Espaces de Programmation Territoriale l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA). (EPT). Note : La carte utilise l’ancien découpage administratif, à 48 wilayas. a Cyril Desponts et Eric Le Borgne, « Que nous dit l’imagerie satellite sur l’économie algérienne ? » Blogue « Voix arabes » de la Banque mondiale. Développements économiques récents 3 La production des industries extractives mentation de la production de gaz naturel ayant plus a augmenté en 2023, malgré la baisse que compensé la baisse de la production de pétrole. de la production pétrolière Bien que le prix du gaz naturel algérien exporté ait baissé par rapport à son sommet de Dans un contexte de réductions successives des 2022, il demeure élevé et soutient les recettes quotas de l’OPEP, la production de pétrole a dimi- d’exportation d’hydrocarbures, malgré la baisse nué tout au long de l’année 2023, ce qui a réduit des prix du pétrole. Après avoir atteint un sommet les exportations. L’Algérie a abaissé volontairement au T2-2022, le prix de référence du pétrole algé- son quota de production de pétrole brut de 1055 mb/j rien est passé de 103,8 USD en 2022 à 83,6 USD en octobre 2022 à 1007 mb/j en novembre 2022 et en 2023, malgré des prix plus élevés au S2-2023, ce à 959 mb/j en mai 2023. En conséquence, en 2023 qui a motivé des réductions successives des quo- la production de pétrole brut a été inférieure de 3,8% tas pour soutenir les prix. Les prix du gaz naturel se à celle de 2022 et de 7,4% en glissement annuel au sont découplé des prix du pétrole à la mi-2022 dans S2-2023. Avec une nouvelle réduction à 908 mb/j mise un contexte d’augmentation de la demande euro- en œuvre en janvier 2024 (–4,9%), la production est péenne avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de devenue inférieure de 13,2 % au pic d’octobre 2022. renégociation des contrats de livraison à long terme La baisse de la production dans un contexte d’aug- et de ventes supplémentaires sur les marchés au mentation de la consommation intérieure s’est traduite comptant. Ils ont atteint un pic au T4-2022 et ont dimi- par une réduction notable des exportations de pétrole, nué en 2023 mais restent bien au-dessus de leurs tirée par le pétrole brut et les produits raffinés,4 et niveaux de 2021, tandis que le ratio entre les prix à seulement partiellement compensée par une augmen- l’exportation du gaz et les prix décalés du pétrole est tation significative des exportations de condensats et désormais plus élevé qu’en 2019, ce qui suggère que de gaz de pétrole liquéfié (GPL).5 Bien que la produc- les contrats d’approvisionnement en gaz de l’Europe tion de pétrole brut et raffiné ait diminué depuis son pic génèrent désormais des prix à l’exportation plus éle- de 2008, elle représente encore près de la moitié de la vés.8 Les prix des engrais, principale exportation de production d’hydrocarbures de l’Algérie.6 l’Algérie hors hydrocarbures, ont également suivi les La production de gaz naturel a atteint un prix des hydrocarbures. La valeur des exportations sommet historique et la hausse des exporta- d’hydrocarbures a ainsi diminué de 16,2%, la forte tions de gaz naturel liquéfié (GNL) a compensé baisse des prix ayant surcompensé une augmenta- la baisse des exportations par gazoduc. Après tion de 4% des volumes exportés.9 une forte hausse de la production en 2021 et une légère baisse en 2022 du fait notamment du deu- 4 Les volumes d’exportation de pétrole brut au cours des xième hiver le plus doux jamais enregistré en Europe, neuf premiers mois de 2023 ont augmenté de 2,0 % en la production de gaz naturel a augmenté de 6,1% en glissement annuel, mais il est attendu que les exporta- glissement annuel en 2023, soutenue par une crois- tions du T4-2023 soient bien inférieures à leur valeur du sance rapide de la production de nouveaux champs T4-2022, ce qui engendrerait une baisse pour l’année. au cours du second semestre.7 Malgré l’augmenta- Pendant ce temps, les exportations de produits pétro- liers raffinés ont diminué de 7,4%. tion de la consommation intérieure dans un contexte 5 Les exportations de condensats ont augmenté de de dynamisme industriel, les exportations de gaz 34,6% en glissement annuel et les exportations de GPL naturel sont demeurées stables, et une plus grande de 6,0 %. part a été exportée sous forme de GNL, ce qui a com- 6 En millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP). pensé la baisse des exportations par pipeline. L’Italie, 7 APS, décembre 2023. l’Espagne et la France sont restés les plus gros ache- 8 Banque mondiale (Printemps 2022), démontrait que les prix du gaz étaient en partie arrimés au prix du pétrole, teurs de gaz algérien, les pays européens continuant avec autour de 4 mois de décalage. de remplacer le gaz russe dans leur mix énergétique. 9 Les données de la balance des paiements indiquent Par conséquent, la production du secteur extractif a que les exportations d’hydrocarbures ont diminué de rebondi après une légère contraction en 2022, l’aug- 59,6 milliards de dollars à 49,9 milliards de dollars. 4 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE L’augmentation de la production et FIGURE 5 •  ... et les prix à l’exportation des FIGURE 6 •  des exportations de gaz naturel ont hydrocarbures sont restés élevés, compensé la baisse de la production malgré la baisse des prix du gaz naturel de pétrole ... 350 Prix en USD, indices (T1-2019=100) 120 300 110 Indices (T1-2019=100) 250 100 90 200 80 150 70 100 60 50 50 40 0 T1e T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1e T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Production de pétrole brut Exportation de pétrole brut et de condensats Gaz naturel Prix pondéré des hydrocarbures exportés Production de gaz naturel Exportations de gaz par pipeline & GNL Pétrole brut Prix des engrais Source : Initiative conjointe sur les données des organisations (JODI), Banque Source : (BdA), oilprice.com, BM pour le prix des engrais. d’Algérie (BdA), Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Note : L’indice pondéré des prix des hydrocarbures utilise les valeurs des exportations Note : Les données gazières sont présentées sous la forme d’une moyenne mobile sur en dollars pour pondérer chaque type d’hydrocarbures. quatre trimestres. L’excédent du compte courant s’est Les importations de biens et de services ont réduit, mais l’accumulation des augmenté de 10,3 %, la hausse des volumes, tirée réserves s’est poursuivie par les machines et le matériel de transport, ayant contrebalancé la baisse des prix. L’augmentation des L’excédent du compte courant s’est considé- volumes d’importation de machines a été alimentée par rablement réduit par rapport à son sommet de l’expansion des investissements, tandis que l’augmen- 2022, en raison de la baisse des prix à l’exporta- tation des volumes d’importation de voitures et d’articles tion. Après que le solde du compte courant a atteint manufacturés suggère une consommation dynamique un creux en 2020 en raison de la chute des prix du dans un contexte d’assouplissement des contrôles à pétrole dans le contexte de récession mondiale induite l’importation pour les véhicules de tourisme et les véhi- par la pandémie, la flambée des prix du pétrole en cules utilitaires.10 Les importations alimentaires ont 2021 a entraîné une forte réduction du déficit et, en également augmenté dans un contexte de faibles pré- 2022, le compte courant a enregistré un excédent de cipitations et d’une production agricole atone, la Russie 19,5 milliards de dollars, soit 8,6 % du PIB, le premier devenant le plus grand fournisseur de blé de l’Algérie, en dix ans. En 2023, la baisse des prix à l’exporta- supplantant l’Union européenne.11 Les prix à l’importa- tion des hydrocarbures, a contribué à une baisse tion ont baissé dans toutes les catégories, y compris de 14,9% des exportations de biens et de services. pour les produits alimentaires, ce qui a contribué à Conjuguée à une augmentation des volumes d’impor- compenser la forte expansion des volumes d’importa- tation, celle-ci s’est traduite par une contraction rapide tion.12 Les données sur le transport maritime suggèrent de l’excédent de la balance courante, qui s’est établi à 5,4 milliards de dollars, soit 2,3% du PIB. Les exporta- 10 Les concessionnaires de véhicules neufs, limités à la tions hors hydrocarbures ont également contribué au vente de voitures partiellement fabriquées localement rétrécissement de la balance courante, car une légère depuis 2016, peuvent désormais importer des unités augmentation des volumes a été compensée par entièrement construites. 11 Algérie Éco (février 2024). une baisse des prix, en particulier des engrais. Les 12 Le volume global des importations a augmenté de 16,1% réserves de change ont augmenté de 7,9 milliards de en glissement annuel au cours des neuf premiers mois dollars en 2023 pour atteindre 68,9 milliards de dol- de 2023, tandis que l’indice des prix des importations a lars, soit environ 16,1 mois d’importations. diminué de 12,1%. Développements économiques récents 5 que la croissance des importations s’est poursuivie au été créé pour réguler les importations, protéger la pro- cours du T1-2024 (Encadré 2). Dans le même temps, duction nationale, améliorer les systèmes d’information un Conseil supérieur de régulation des importations a et lutter contre les pratiques d’importation illégales. Le compte courant s’est rétréci à FIGURE 7 •  ... même si les prix à l’importation FIGURE 8 •  mesure que les prix à l’exportation ont baissé pour la plupart des ont baissé et que les importations produits ont augmenté... 20 1,4 170 15 1,2 150 Indices (T1-2019=100) 10 1,0 Milliards d'USD 5 0,8 130 0 0,6 90 –5 0,4 –10 0,2 70 –15 0,0 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 50 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 2022 2023 2019 2020 2021 2022 2023 Exportations B&S Importations B&S Variation des réserves Compte courant Compte Termes de l'échange Prix des céréales Prix à l'importation courant HH (éch. dr.) IPP, UE Importations, volume Source : ONS, Fonds monétaire international (FMI) et estimations de la Banque Source : ONS, FAO, Organisation de coopération et de développement économiques mondiale. HH = Hors-hydrocarbures. (OCDE) et estimations de la Banque mondiale. IPP = Indice des Prix à la Production. ENCADRÉ 2 : TENDANCES DES EXPORTATIONS ET DES IMPORTATIONS AU T1-2024 Les données sur les navires et leurs cargaisons à destination et en provenance des ports algériens sont disponibles dans la base de données du Système d’identification automatique Comtrade des Nations Unies (AIS). Les données incluent les dates d’arrivée et de départ des navires, des informations sur leur cargaison dans les grandes catégories (denrées alimentaires, véhicules, pétrole, gaz, etc.), la taille et le poids de leur cargaison. Bien qu’il ne soit pas possible de déterminer la valeur des importations et des exportations à partir de ces données, leur volume peut être approximé et utilisé pour produire des estimations des importations réelles des comptes nationaux. Les variables de tonnage de quelques catégories de navires entrant et sortant des ports algériens peuvent expliquer la majeure partie de la variation des flux commerciaux. Les données sur les exportations de gaz par gazoduc et le tonnage des navires quittant les ports algériens dans les catégories vrac, conteneurs, gaz liquéfié et denrées alimentaires expliquent 74% des volumes d’exportation. D’autre part, le tonnage des navires arrivant dans les ports algériens dans les catégories vrac, conteneurs, véhicules et denrées alimentaires explique 82% des volumes d’importation. Les données sur le nombre de navires suggèrent que les exportations sont restées limitées au T1-2024, tandis que les importations sont restées élevées. Le nombre total de navires sortants a diminué en 2023, les escales dans les catégories du vrac et du pétrole/produits chimiques ayant diminué (–2,7% et –4,7% en glissement annuel, respectivement), bien que les exportations de conteneurs et de GPL/GNL se soient accélérées (+16,3% et +2,6%), conformément aux données officielles. Au T1-2024, les exportations de vrac, de conteneurs et de pétrole/produits chimiques sont restées inférieures à celles de l’année précédente (–13,2%, –17,7% et –12,0% en glissement annuel, respectivement), tandis que les exportations de GPL/GNL étaient supérieures de 1,0% à leur niveau du T1-2023. Du côté des importations, le nombre d’escales a augmenté en 2023 pour les plus gros types de cargaisons (+3,1% pour le vrac, +0,3% pour les conteneurs), et le nombre de navires transportant des véhicules a doublé dans un contexte d’assouplissement ciblé des contrôles à l’importation. Au T1- 2024, les importations sont restées élevées dans les catégories du vrac (+17,5% en glissement annuel) et des véhicules (+14,0%), bien qu’il y ait eu une baisse des arrivées de conteneurs (–0,8%). (suite à la page suivante) 6 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ENCADRÉ 2 : TENDANCES DES EXPORTATIONS ET DES IMPORTATIONS AU T1-2024 (suite) Le volume des exportations a FIGURE 9 •  ... tandis que les importations ont FIGURE 10 •  diminué au S2-2023, mais est resté augmenté, notamment celles de supérieur aux niveaux d’avant la véhicules pandémie... 350 300 300 250 250 indices (T1-2019=100) indices (T1-2019=100) Nombre d'escales, Nombre d'escales, 200 200 150 150 100 100 50 50 0 T1 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 0 T1 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Vrac Conteneurs GPL/GNL 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Pétrole/chimie Autre Vrac Conteneurs Véhicules Autres Source: Système d’identification automatique Comtrade des Nations Unies (AIS) Source: AIS. Le déficit budgétaire s’est creusé, la consommation et les importations.14 La hausse des et la dette publique a augmenté dépenses a également été compensée par celle des dividendes des entreprises publiques, notamment de Le déficit budgétaire s’est creusé, sous l’effet la Sonatrach, qui ont bondi pour atteindre 2,6% du de l’augmentation marquée des dépenses sala- PIB. Ainsi, le déficit budgétaire global a augmenté de riales et d’investissement. En 2022, les recettes 2,2pp, pour atteindre 5,2% du PIB, et le déficit hors des hydrocarbures ont bondi et le déficit budgétaire hydrocarbures, de 4,3pp, pour atteindre 24,9% du s’est réduit à 3,0% du PIB, contre 6,3% en 2021, son PIB, les recettes hors hydrocarbures n’ayant pas com- niveau le plus bas depuis 2013. En 2023, malgré la pensé l’augmentation des dépenses. forte baisse des prix des hydrocarbures et l’appré- Le ratio dette publique/PIB a augmenté, ciation du dinar, les recettes d’hydrocarbures sont tout comme l’épargne pétrolière, le gouverne- restées stables,13 mais les dépenses ont considé- ment ayant recours au financement non-bancaire rablement augmenté (+18,4%). Le gouvernement a pour financer le déficit. La dette publique a culminé mis en œuvre la deuxième tranche d’un programme à 55,1% du PIB en 2021 lorsque le gouvernement a triennal d’augmentation des salaires (près de 50% en mis en œuvre le programme de rachat de la dette trois ans), augmenté les recrutements dans le sec- des entreprises publiques, mais a diminué à 48,1% en teur public et augmenté les dépenses en capital de 2022 lorsque le déficit s’est réduit et que le PIB nomi- manière considérable (+39,1%), bien qu’elles restent inférieures à ce qu’elles étaient avant la pandémie. 13 Ainsi, 78% des recettes d’exportation des hydrocarbures Ces effets ont été partiellement compensés par l’aug- ont alimenté le budget, contre 65% en 2022. 14 Ainsi, les recettes des impôts directs ont augmenté de mentation marquée des recettes fiscales (+17,0%) 25,0%, tirés par les recettes de l’impôt sur le revenu glo- en raison de l’augmentation de la masse salariale bal et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, tandis publique et de l’effet du dynamisme économique que celles des impôts indirects ont été tirées par les hors hydrocarbures sur les revenus des entreprises, recettes de la taxe sur la valeur ajoutée. Développements économiques récents 7 L’augmentation des dépenses a FIGURE 11 •  ... et le ratio de la dette publique FIGURE 12 •  dépassé celle des recettes creusant a augmenté, tout comme l’épargne le déficit budgétaire... pétrolière. 40 16 60 30 14 50 12 Mille milliards de DZD 20 40 10 En % du PIB En % du PIB 10 8 30 0 6 20 4 –10 10 2 –20 0 0 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 S1 S2 –30 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 Recettes Dépenses Revenus des Dette à la BdA Dette aux banques Solde budgétaire Solde budgétaire hydrocarbures Total (éch. dr.) Épargne (éch. dr.) global HH Source : FMI et estimation de la Banque mondiale. Source : Ministère des Finances (MdF), ONS et estimation de la Banque mondiale. Note : Sur l’axe de droite, la dette publique est rapportée au PIB sur quatre trimestres HH = Hors-hydrocarbures. glissants. nal a augmenté rapidement, tandis qu’une épargne prix des produits alimentaires (+13,3%) et notamment importante été accumulée dans le Fonds de régu- des produits agricoles frais (+22,1%) a dépassé l’in- lation des recettes (FRR), atteignant 6,1% du PIB fin flation générale en 2023, ce qui a plus touché les 2022. En 2023, le gouvernement a ralenti les émis- plus vulnérables, car l’alimentation représente plus sions régulières de bons du Trésor, qui sont passées de la moitié des dépenses des 40% les moins nan- de 5,0% du PIB à 2,3%, et le déficit a été en bonne tis de la population. Jusqu’à la mi-2022, l’inflation des partie financé par le financement non bancaire.15 Ce produits alimentaires était principalement tirée par faisant, l’épargne pétrolière dans le FRR a continué les catégories « fruits et légumes » (principalement d’augmenter, passant à 8,2% du PIB. Par consé- produits localement) et « pain et céréales », dépen- quent, la dette publique n’a augmenté que de 3,9% en dant des prix à l’importation, en hausse. En 2023, termes nominaux, passant de 48,1% du PIB à 49,2% et malgré le resserrement des subventions aux pro- du PIB pour 2023 et reste presque entièrement déte- duits céréaliers, l’appréciation du dinar et la baisse nue sur le marché intérieur à des échéances à long des prix à l’importation, l’inflation a été soutenue par terme et à des taux d’intérêt bas.16 la forte croissance des prix des viandes et poissons. Cependant, au premier trimestre 2024, elle a ralenti à 5,0% en glissement annuel, le plus bas niveau en Avec la baisse des prix des aliments trois ans, du fait de la forte baisse des prix des fruits frais, l’inflation a commencé à et légumes frais17 et du ralentissement des prix des ralentir à la fin 2023. L’inflation est restée élevée à 9,3% en 2023, mais 15 Ce financement est classifié comme « divers ». les prix ont commencé à baisser tirés par les prix 16 En outre, une nouvelle règle budgétaire de la loi de finances 2024 stipule que les prélèvements sur le Fonds des fruits et légumes. Les prix à la consommation ont de régulation des recettes (FRR) ne doivent pas dépas- commencé à augmenter rapidement en 2021 (+7,2%), ser 11% du PIB par an. l’inflation s’accélérant en 2022 (+9,3%) et maintenant 17 Après avoir augmenté de 61% entre janvier 2021 et août le même niveau en 2023 (+9,3%). L’augmentation des 2023, ils ont baissé de 17% avant mars 2024. 8 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE L’inflation s’est atténuée, car FIGURE 13 •  ... tandis que la croissance de la FIGURE 14 •  les prix des aliments frais ont masse monétaire s’est modérée et commencé à baisser au T2-2023... que le crédit au secteur privé s’est accéléré 12 160 150 20 10 15 Indices (T1-2019=100) 140 Croissance et contributions, 8 130 10 en g. a. (%, pp) IPC (%) 6 120 5 110 4 0 100 2 –5 90 0 80 –10 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 IPC IPC non alimentaire Monnaie en circulation Dépôts en M2 IPC produits frais Indice TCEN (éch. dr.) M2 Crédit au secteur privé Source : ONS, FMI et estimation de la Banque mondiale. TCEN = Taux de change Source : FMI et estimation de la Banque mondiale. effectif nominal. viandes, notamment à la suite de l’autorisation des teurs réels (corrigés de l’inflation) sont nettement importations de viande à la fin-2023. négatifs. En avril 2023, la Banque d’Algérie a rétabli Les autorités ont continué de soutenir un le taux des réserves obligatoires de 2 à 3%, revenant taux de change stable en 2023 et au début de au niveau de la fin 2020, afin de réduire les pressions 2024. Pour atténuer l’inflation importée, et après inflationnistes. Cependant, la croissance de la masse quatorze années consécutives de dépréciation, la monétaire a décéléré chaque trimestre, atteignant Banque d’Algérie (BdA) a soutenu une apprécia- 6,0% en glissement annuel au quatrième trimestre tion de 6,6% par rapport au dollar américain entre 2023, contre 14,5% un an plus tôt. Après une moyenne juillet et décembre 2022. Depuis décembre 2022, de 3,6% en 2021 et 2022, la croissance du crédit au la BdA a soutenu un taux de change officiel à peu secteur privé a atteint 7,3 % en glissement annuel au près stable par rapport à l’euro et au dollar, tandis deuxième semestre 2023, soit la plus rapide en cinq que le dinar s’est apprécié de 5,2% par rapport au ans. Conjuguée à l’augmentation simultanée des yuan chinois,18 ce qui a entraîné une appréciation importations d’équipements et de véhicules, la forte du taux de change effectif nominal (pondéré par le croissance du crédit au secteur privé suggère le relâ- poids des partenaires commerciaux de l’Algérie) et chement d’une consommation privée latente. du taux de change effectif réel (également corrigé des différentiels d’inflation). La politique monétaire reste accommo- dante et le crédit au secteur privé s’est redressé 18 En 2020–2021, l’Union européenne (UE) représentait 38% des importations algériennes, contre 18% pour au T4-2023, mais la croissance de la masse la Chine. L’UE représentait 59% des exportations algé- monétaire a tout de même continué de ralentir. riennes. Comme 90% des exportations sont constituées Les taux d’intérêt nominaux restent inchangés à 3% d’hydrocarbures, celles-ci sont néanmoins libellées depuis mai 2020, ce qui signifie que les taux direc- en dollars. Développements économiques récents 9 2 PERSPECTIVES ET RISQUES La croissance du PIB resterait mais les exportations d’hydrocarbures se contractant vigoureuse, malgré la réduction des également. D’après les premières données météoro- quotas de l’OPEP et une production logiques et de croissance des cultures, la production agricole limitée agricole devrait rester limitée en 2024 (Encadré 3). La croissance repartirait à la hausse en La croissance devrait rester robuste en 2024, por- 2025 et 2026 avec la reprise des quotas de pro- tée par le dynamisme continu du secteur hors duction pétrolière et de la production agricole. hydrocarbures. Dans le scénario de référence, la L’investissement et la production industrielle conti- croissance globale devrait s’établir à 2,9%, soutenue nueraient de ralentir quelque peu en 2025 et 2026 par la croissance non extractive, projetée à 3,4%, tandis à mesure que la consolidation de l’investissement que le secteur extractif devrait se contracter de 0,5%.19 public se poursuivrait, même si l’investissement La consommation privée resterait dynamique alors privé reste dynamique. Le secteur tertiaire resterait que les salaires et les transferts publics continueraient dynamique en 2025 et ralentirait légèrement avec d’augmenter, ce qui stimulerait le secteur des ser- la consommation privée en 2026. La production vices, en particulier dans les secteurs fournissant les agricole devrait se redresser après les épisodes de ménages. La croissance de l’investissement ralentirait sécheresse successifs, ce qui contribuerait à une à mesure que les dépenses publiques d’investissement croissance plus rapide en 2025. La production de seraient consolidées, tel qu’anticipé dans le cadre bud- gaz naturel augmenterait modérément, les nouveaux gétaire à moyen terme du gouvernement, ce qui serait projets d’exploitation des gisements compensant le partiellement compensé par le dynamisme de l’inves- déclin des champs existants, et l’assouplissement tissement privé. Cela entraînerait un ralentissement de des quotas de production de pétrole brut de l’OPEP la croissance de la production industrielle mais ralen- tirait également la croissance des importations. La 19 Les données du T1-2024 affichent une hausse de près contribution globale des exportations nettes resterait de 2% de la production primaire d’hydrocarbures, tirée négative, la croissance des importations ralentissant par celle du gaz naturel et du GPL. 11 permettrait une reprise de la production de produits innovations technologiques et à stimuler les indus- pétroliers. Les plans d’investissement substantiels tries pétrochimiques, y compris la production de de la Sonatrach visant à moderniser les opérations plastiques et d’engrais, améliorent également les pétrolières et gazières en amont, à adopter des perspectives de croissance à moyen terme. ENCADRÉ 3 : PREMIERS INDICATEURS SATELLITAIRES DE LA PRODUCTION AGRICOLE POUR 2024 Les données satellitaires de haute fréquence sur les précipitations, la température et la végétation peuvent être utilisées pour estimer la production agricole. La base de données des anomalies de la production agricole (ASAP) contient des données sur les précipitations, l’adéquation en eau, la température, le rayonnement solaire, les mesures de la végétation et les alertes météorologiques pour chaque période de 10 jours entre 2000 et 2024 pour chaque wilaya, disponibles avec un délai de deux semaines. Des données officielles sur la production céréalière sont disponibles pour estimer le poids des wilayas dans la production. Les principales régions agricoles de l’Algérie se trouvent dans les zones semi-arides de l’ouest et de l’est, qui reçoivent moins de précipitations. L’ouest semi-aride représente 47% de la production agricole, notamment dans les wilayas de Tiaret et de Sidi Bel Abbes. L’est semi-aride représente 15,2% de la production agricole nationale, en particulier les wilayas d’Oum El Bouaghi et de Batna. Pourtant, ces régions reçoivent moins de précipitations que la région côtière humide et semi-humide d’Alger à la frontière tunisienne, qui représente 34,8% de la production agricole. Les données satellitaires sur la météo et la végétation peuvent être utilisées pour estimer la production agricole algérienne. Les indices de végétation par différence normalisée (IVDN) observés par satellite pour les plus grandes régions agricoles peuvent, à eux seuls, expliquer 51% du PIB agricole, avec des corrélations solides pour les IVDN des plus grandes wilayas productrices de céréales d’Algérie. Les données satellitaires sur le développement des cultures suggèrent que, malgré une reprise tardive dans le Nord-Est, la production agricole sera modérée en 2024. Les précipitations du T4-2023 et du T1-2024 ont été plus faibles dans les wilayas de l’ouest qu’un an auparavant, qui était déjà une année caractérisée par une pluviométrie et un développement des cultures plus faibles. En ce qui concerne les précipitations, les mesures de développement des cultures ont été bien inférieures à la normale en 2021, 2023 et 2024, avec une certaine reprise en 2022, année de croissance rapide de la production agricole. Au cours de la saison des récoltes 2024, le développement des cultures s’est légèrement redressé dans les régions humides, semi-humides et semi-arides de l’Est par rapport à 2023, mais reste limité dans les régions semi-arides de l’Est. Au cours de la campagne agricole FIGURE 15 •  ... et les mesures de croissance des FIGURE 16 •  2023-24, les précipitations se sont cultures ont suivi l’évolution des améliorées dans l’Est mais se sont précipitations détériorées dans l’Ouest... 1,00 0,50 IVDN Z-score 0,00 –0,50 –1,00 –1,50 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 Baisse Humide et semi-humide Semi-aride Est Augmentation entre 0 et 14% Semi-aride Ouest Moyenne nationale Augmentation entre 14 et 43,6% Augmentation de plus de 43,6% Source : ASAP. Note : La saison des récoltes s’étend du 4e trimestre au 2e trimestre de l’année suivante. Les données pour 2024 concernent les T4-2023 et T1-2024. Le score IVDN est un indicateur de l’écart du développement des cultures par rapport à sa Source: Base de données des anomalies de la production agricole (ASAP). moyenne historique. 12 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE ENCADRÉ 4 : LA LOI DE FINANCES 2024 La loi de finances pour 2024 (LF 2024) révise le déficit budgétaire Après une forte hausse entre FIGURE 17 •  à la hausse par rapport à la loi de finances rectificative pour 2023 2021 et 2024, la loi de finances (LFR2023), principalement en raison d’une augmentation des 2024 prévoit une stabilisation des dépenses. Les recettes augmentent de 2%, la hausse des recettes dépenses hors hydrocarbures (+10,3%) étant en grande partie compensée par la baisse des recettes d’hydrocarbures (–8,9%). Les dépenses 20 augmentent de 3,9%, car une hausse des dépenses courantes 15 (+12%) ne serait que partiellement compensée par une baisse de Milles milliards de DZD l’investissement (–7,5%).a En 2025 et 2026, le cadre budgétaire 10 à moyen terme prévoit qu’une stabilisation des dépenses et une augmentation des recettes fiscales permettraient de réduire 5 le déficit. 0 L’augmentation substantielle des dépenses courantes est attribuable à l’augmentation de la masse salariale et aux –5 provisions pour réaffectation budgétaire en cours d’exercice. La –10 masse salariale serait alourdie par la troisième des trois vagues 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 prévues d’augmentations salariales et le retour des promotions Recettes Dépenses au grade. Le ministère des Travaux publics recevrait 36% des Déficit bugétaire Solde budgétaire global nouvelles dépenses, pour financer des projets d’infrastructureb. Le excl. non-allouées ministère de l’Intérieurc et le ministère de l’Éducation recevraient respectivement 21% et 17% des nouvelles dépenses, car ils Source : MdF. représentent une grande partie de la masse salariale, et pour Note : Les données de 2018 à 2023 sont des réalisations, les données de 2024 à 2026 proviennent de la loi de finances 2024. Les dépenses « non-allouées » financer les recrutements dans le secteur de l’éducation. correspondent au titre 7 : « dépenses imprévues ». La LF 2024 comprend plusieurs mesures fiscales pour soutenir l’activité économique. Elle supprime la taxe sur le chiffre d’affaires des entreprises (taxe sur l’activité professionnelle) et introduit des incitations fiscales pour promouvoir les exportations hors hydrocarbures. Elle réduit également la taxe synthétique sur le chiffre d’affaires (Impôt Forfaitaire Unique, IFU) pour les travailleurs indépendants, afin de soutenir les petites entreprises. En outre, elle prévoit des exonérations fiscales pour les revenus provenant de la vente de bons du Trésor. Elle a également introduit une nouvelle règle budgétaire stipulant que les retraits du Fonds de régulation des recettes (FRR) ne doivent pas dépasser 11 % du PIB par an. a PPublié au journal officiel en décembre 2023. (JO 86). b Les comparaisons d’une année sur l’autre par chapitre de dépenses sont empêchées par la nouvelle présentation des dépenses dans les budgets-programmes, qui combinent les dépenses de fonctionnement et les dépenses d’investissement. Les données se réfèrent à la part du secteur dans l’augmentation des dépenses relatives à la LFR2023. c Développement de la production d’hydrogène vert et lancement du projet d’énergie solaire de 1 000 MW, ainsi que l’intégration des opérations liées au projet de phosphate intégré et à la ligne minière Béchar-Tindouf (Gara Djebilet) pour 185 milliards de dinars. d En décembre 2023, plus de 320 000 bénéficiaires du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) auront été intégrés dans des emplois permanents. (APS, 25 janvier 2024). Les soldes extérieurs et budgétaires mais les importations augmenteraient plus rapidement, seront de nouveau sous pression creusant le déficit du compte courant. Les réserves de change se stabiliseraient et resteraient à un niveau Le compte courant devrait passer sous l’équilibre confortable, avant de diminuer, passant d’un pic de en 2024 et les réserves se stabiliser. Dans le scé- 16,1 mois d’importations en 2023 à 8,4 mois d’importa- nario de référence, les prix des hydrocarbures et les tions d’ici 2026 dans le scénario de référence. volumes d’exportation diminuent en 2024, tandis que Le déficit budgétaire augmenterait en les importations continuent de croître à un rythme 2024, avant un certain degré de consolidation décroissant, l’investissement et la consommation pri- budgétaire en 2025 et 2026. Les recettes budgé- vés restant dynamiques, et la faiblesse de la production taires d’hydrocarbures diminueraient encore, surcom- agricole maintenant la demande de céréales importées pensant l’augmentation des recettes fiscales. Du côté à un niveau élevé. Les exportations d’hydrocarbures se des dépenses, la hausse des dépenses courantes redresseraient en 2025 et se stabiliseraient en 2026, entraînée par la dernière vague d’augmentations Perspectives et risques 13 salariales contrasterait avec une consolidation des de dépenses publiques prudentes et un rééquilibrage dépenses d’investissement, stabilisant les dépenses budgétaire progressif. globales en 2024. En 2025 et 2026, la poursuite de Comme il est peu probable que l’inves- l’assainissement des dépenses d’investissement tissement public redevienne le moteur de la entraînerait une légère diminution des dépenses. croissance économique, l’accélération des inves- Avec la diminution de l’épargne pétrolière, l’augmen- tissements du secteur privé hors hydrocarbures tation continue du déficit se traduirait de plus en plus reste une priorité. Les risques associés aux prix par une augmentation de la dette, qui dépasserait les mondiaux des hydrocarbures soulignent l’impor- 55% d’ici 2026. La structure de la dette souveraine tance de soutenir la diversification en accélérant les de l’Algérie reste toutefois confortable, car elle est investissements du secteur privé dans les secteurs presque entièrement détenue et libellée sur le mar- autres que les hydrocarbures et, parallèlement, de ché intérieur, à des échéances à long terme et à des renforcer le cadre de politique macroéconomique en taux d’intérêt réels négatifs. Ce dernier point implique augmentant les sources d’exportation et les recettes cependant un transfert notable de ressources des budgétaires hors hydrocarbures. La loi régissant les épargnants nationaux vers l’État. hydrocarbures de 2019, la loi relative à l’investisse- ment 2022, la loi monétaire et bancaire de 2023, l’adhésion formelle à la Zone de libre-échange conti- Les prix des hydrocarbures dans un nentale africaine (ZLECAf), la loi portant sur le foncier contexte d’incertitude géopolitique économique de 2023 et le lancement de réformes posent des risques importants des banques publiques20 visent tous à stimuler l’in- vestissement et à améliorer la diversification. Le Les prix des hydrocarbures restent le principal renforcement de ces efforts, notamment en s’assu- risque pesant sur les équilibres budgétaires et rant que ces mesures contribuent effectivement à extérieurs, les besoins de financement prévision- stimuler l’environnement des affaires, est d’autant nels soulignant l’importance d’un rééquilibrage plus important que l’investissement public, aupara- budgétaire progressif. Les prix du pétrole se sont vant moteur de la croissance de l’Algérie, est de plus stabilisés à 83,6 dollars en 2023 et les exportations en plus limité par des dépenses courantes rigides21 et d’hydrocarbures de l’Algérie sont restées stables tout en expansion rapide. (Encadré 5). au long de l’année. D’autre part, les importations se La poursuite de l’amélioration des sys- sont redressées, creusant le déficit de la balance tèmes de données soutiendrait l’investissement courante hors hydrocarbures et rendant les soldes et l’élaboration des politiques. Les sources alter- extérieurs plus sensibles aux variations des prix mon- natives de données utilisées dans le présent rapport, diaux du pétrole. De même, la forte augmentation telles les données satellites sur le développement des dépenses publiques en 2023 et 2024, concen- des cultures ou l’éclairage nocturne, représentent trée sur des dépenses rigides telles que les salaires, un complément utile aux statistiques économiques a creusé le déficit budgétaire hors hydrocarbures et et sociales usuelles. En 2023 et 2024, les efforts de accru la sensibilité des soldes budgétaires aux prix numérisation dans l’administration algérienne ont mondiaux du pétrole. Par conséquent, ces prix repré- été renforcés, tout comme certaines publications de sentent des risques importants, à la hausse comme à la Banque d’Algérie et de l’ONS, avec notamment le la baisse, pour les perspectives macroéconomiques premier rebasage du PIB. Néanmoins, l’amélioration algériennes, en particulier dans un environnement d’incertitude géopolitique accrue. Les évolutions du conflit au Moyen-Orient, des quotas de l’OPEP et de la 20 Le Crédit Populaire d’Algérie (CPA), une grande banque publique, a ouvert 30% de son capital à la Bourse demande mondiale en particulier pèsent sur les prix d’Alger. Le CPA est la cinquième société, et la première mondiaux du pétrole. Si les réserves de change de banque, à entrer à la Bourse d’Alger. l’Algérie restent confortables, les besoins anticipés 21 Voir la mise à jour économique de l’Algérie, automne de financement budgétaire appellent des politiques 2023, annexe 1.3. 14 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE LA PANDÉMIE A ACCÉLÉRÉ L’IMPORTANCE DE PASSER À UN MODÈLE DE CROISSANCE ENCADRÉ 5 :  TIRÉ PAR L’INVESTISSEMENT PRIVÉ Depuis 2000, le modèle de croissance de l’Algérie repose principalement sur l’investissement public et les dépenses publiques courantes, largement financées par les recettes budgétaires des hydrocarbures. Pour soutenir la reprise après la crise des années 1990, l’investissement public a bondi dans les années 2000 et est devenu le moteur de la croissance algérienne. Lorsqu’elle s’est stabilisée et que les dépenses courantes ont bondi après 2008, l’économie algérienne est passée d’une économie axée sur l’investissement à une économie axée sur la consommation privée. Lorsque le choc pétrolier est subvenu en 2015, la consolidation des dépenses publiques a affecté la consommation et l’investissement, et a entraîné un ralentissement de la croissance dans toutes les régions du pays. À mesure que la contribution de l’investissement à la croissance diminuait, la productivité globale diminuait également. Depuis 2000, la productivité agricole a augmenté de moitié, la part des travailleurs employés dans ce secteur ayant diminué de moitié. Cela s’est d’abord traduit par une augmentation de l’emploi dans le secteur de la construction, avec des investissements publics massifs de l’État, puis par une augmentation de l’emploi dans les services, une fois que la croissance s’est appuyée sur la consommation privée. La productivité dans les secteurs d’accueil était comparable ou inférieure, tandis que la productivité du secteur industriel a diminué dans un contexte de stabilité de l’emploi mais de baisse de la valeur ajoutée, ce qui a entraîné une baisse de la productivité globale, alors que la consommation remplaçait l’investissement comme moteur de la croissance. Après la pandémie de COVID-19, la croissance et la productivité de l’Algérie devront davantage se reposer sur l’investissement privé et des réformes structurelles pour accélérer. Alors que les prix des hydrocarbures ont chuté pendant la crise du COVID-19, les autorités ont partiellement gelé l’investissement public, qui a été divisé par deux en pourcentage du PIB entre 2019 et 2022, pour atteindre 6,5%. Dans le même temps, les dépenses publiques courantes ont augmenté de 2,4pp, pour atteindre 23,6% du PIB, en raison de l’augmentation des salaires et des transferts. En conséquence, la rigidité des dépenses publiques s’est nettement accrue, réduisant la marge d’augmentation de l’investissement public à l’appui de la reprise. Le ralentissement de FIGURE 18 •  L’investissement public est FIGURE 19 •  la croissance a suivi aujourd’hui plus restreint et l’investissement, notamment la marge de manœuvre pour public, et s’est accompagné l’augmenter est limitée, d’où d’une baisse de la productivité l’importance d’accélérer l’investissement privé 1,8 6% 80% 1,6 5% Contribution à la croissance (pp) 1,4 4% 70% 1,2 3% 60% 1,0 2% 0,8 50% 1% 0,6 0% 40% 0,4 0,2 –1% 30% 0,0 –2% 2000– 2005– 2010– 2015– 2020– 20% 2004 2009 2014 2019 2023 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 Consommation privée Consommation publique Investissement privé Investissement public Part de l'investissement public dans l'investissement total Productivité globale PIB (éch. dr.) Part des dépenses rigides dans les dépenses totales Source : ONS, MdF, estimations des services de la Banque. Note : L’investissement Source : ONS, MdF, estimations des services de la Banque. Remarque : Les public fait référence aux dépenses d’investissement de l’administration centrale. dépenses rigides font référence aux dépenses relatives aux salaires, aux paiements La productivité totale des facteurs est définie comme le résidu de Solow. d’intérêts, aux pensions et l’assistance sociales. Perspectives et risques 15 de la disponibilité, de la granularité et de l’actualité cipitations accompagnant le changement climatique des données économiques officielles, notamment en suggèrent également que les niveaux de produc- ce qui concerne l’activité, l’investissement et le mar- tion pourraient diminuer de façon permanente et que ché du travail, reste de la plus haute importance. Des la variabilité augmenterait, à mesure que les rende- systèmes de données améliorés soutiendraient le ments et les surfaces cultivables diminueraient. Les passage vers une budgétisation axée sur les résul- risques liés au changement climatique vont au-delà tats et l’élaboration de politiques fondées sur des de l’agriculture, comme l’ont démontré les récents données probantes. Cela fournirait également des feux de forêt. Ils englobent également l’accès à l’eau données économiques précises et exhaustives aux dans un contexte de précipitations plus faibles et plus chercheurs et analystes, aux investisseurs nationaux variables et d’impacts potentiels sur la santé, souli- et internationaux potentiels, ce qui atténuerait l’incerti- gnant l’importance des efforts visant à accroître l’offre tude économique et favoriserait l’investissement. — y compris via les investissements massifs en cours Les récentes sécheresses et feux de forêt dans les stations de dessalement — et à renforcer la soulignent la sensibilité de l’Algérie et de la gestion de la demande. Les risques liés aux chan- région au changement climatique. Au cours de gements climatiques et aux catastrophes naturelles la dernière décennie, les températures historique- peuvent être atténués par l’adaptation et le finance- ment élevées et les faibles précipitations ont ralenti ment de la gestion des risques de catastrophe afin la croissance de la production agricole, en particu- d’accroître la résilience humaine et économique et lier ces dernières années. Au-delà de ces impacts de protéger les progrès récents en matière de déve- immédiats, les projections de température et de pré- loppement. 16 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE TABLEAU DES INDICATEURS 2020 2021 2022 2023e 2024f 2025f 2026f Production et prix (En pourcentage, sauf indication contraire) PIB réel –5,0 3,8 3,6 4,1 2,9 3,7 3,2 Hors secteurs extractifs –1,9 2,5 5,0 3,7 3,4 3,8 3,3 Secteurs extractifs –20,9 19,8 –5,1 4,8 –0,5 3,3 2,4 PIB réel par habitant –6,6 2,1 1,9 2,5 1,4 2,3 1,9 Indice des prix à la consommation (moyenne 2,4 7,2 9,3 9,3 7,5 6,4 6,1 de la période) PIB (en milliards de dollars) 164,9 186,3 225,6 239,9 256,7 265,8 275,4 PIB par habitant (USD) 3794,4 4216,3 5023,3 5260,2 5547,0 5665,0 5793,9 Production de pétrole brut (en milliers de barils par jour) 899,2 910,7 1020,0 973,1 920,0 994,0 1039,0 Production de gaz naturel (milliards de m3) 87,7 102,8 99,2 105,2 111,6 118,4 125,5 Secteur extérieur Compte courant –11,3 –2,4 8,6 2,3 –1,5 –3,8 –5,3 Balance commerciale –10,9 –1,3 9,9 3,0 –0,7 –3,0 –4,5 Exportations de biens et de services 15,1 22,5 30,6 24,5 21,9 21,0 20,3 Exportations d’hydrocarbures 12,1 18,3 26,4 20,8 18,5 17,7 17,1 Exportations hors hydrocarbures 3,0 4,2 4,2 3,7 3,4 3,3 3,2 Importations de biens et de services 26,0 23,8 20,7 21,5 22,6 24,0 24,9 Réserves officielles brutes (mois d’importations) 13,5 12,3 15,7 16,1 14,0 11,3 8,4 Taux de change (dinar algérien pour USD ; moyenne 126,8 135,1 142,0 135,8 de la période) Prix à l’exportation du mélange Sahara (USD/baril) 42,1 72,7 103,8 83,6 Finances de l’administration centrale Recettes 27,0 26,2 29,7 32,9 29,8 28,8 27,7 Revenus des hydrocarburesa 9,2 10,4 17,7 19,7 15,2 14,6 13,9 Revenus hors hydrocarbures 17,8 15,9 12,1 13,2 14,6 14,2 13,8 Dépenses 37,5 32,5 32,7 38,1 38,8 37,4 35,3 Dépenses courantes 24,0 21,8 24,9 27,7 28,3 27,3 25,6 Dépenses de capital 9,1 7,7 6,1 8,3 7,2 7,1 6,9 Solde des comptes spéciaux et interventions 4,5 3,0 1,7 2,1 1,5 1,6 1,6 Solde budgétaire globalb –10,5 –6,3 –3,0 –5,2 –9,0 –8,6 –7,6 Solde budgétaire global primaire –9,7 –5,7 –1,8 –3,9 –7,7 –7,3 –6,2 Solde budgétaire global hors hydrocarbures –19,7 –16,7 –20,6 –24,9 –23,7 –22,8 –21,1 Dette totale de l’administration centrale 45,8 55,2 48,1 49,2 51,2 53,9 55,5 Dette intérieure 45,1 54,5 47,6 48,9 50,9 53,7 55,4 Dette extérieure 0,7 0,6 0,4 0,4 0,3 0,2 0,1 a Comprend les dividendes de Sonatrach et les revenus des hydrocarbures reversés au fonds d’épargne pétrolière. b Comprend le solde du compte spécial et les interventions du trésor. Perspectives et risques 17 ANNEXE 1 : DERNIÈRES SECTIONS SPÉCIALES DES NOTES DE SUIVI DE L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE Automne 2023 : « Analyses des Automne 2022 : « Estimer l’activité finances publiques de l’Algérie » économique à partir des données d’éclairage nocturne » Les finances publiques de l’Algérie ont été très réac- tives aux prix du pétrole et du gaz au cours des Les données sur l’éclairage nocturne sont un outil deux dernières décennies, leur chute entraînant des désormais couramment utilisé pour évaluer l’activité augmentations du déficit budgétaire. Après avoir enre- économique. Depuis 2012, les données satellitaires gistré un excédent budgétaire important entre 2000 sont disponibles quotidiennement et sont accessibles et 2008, celui-ci s’est transformé en léger déficit bud- au public sur le site du Groupe d’observation de la gétaire après la chute des prix du pétrole pendant la Terre. Pour l’Algérie, le lien empirique entre les don- récession de 2009, déficit qui s’est creusé après l’ef- nées d’éclairage nocturne et l’activité économique fondrement des prix du pétrole en 2014–2015. Les est fort, autant pour la production pétrolière (géoloca- fonds accumulés dans le Fonds de régulation des lisée par les sites de torchage de gaz), la production recettes ont été presque épuisés en 2017, ce qui a coïn- gazière, et l’activité hors-hydrocarbures. La forte cor- cidé avec une forte augmentation de la dette publique rélation entre l’éclairage nocturne et l’activité hors dans le cadre du programme de financement moné- hydrocarbures permet de mobiliser ces données pour taire de 2017–2019, représentant 32% du PIB de 2019, estimer le niveau récent de l’activité économique, et et du programme spécial de refinancement de 2021– de produire des estimations spatialisées, en niveau et 2022. En 2022, les niveaux de la dette publique ont en dynamique de l’activité, utiles dans le cadre d’ana- diminué pour la première fois en dix ans, alors que les lyses de développement sectoriel ou local. prix du pétrole et du gaz ont augmenté et que le déficit budgétaire s’est considérablement réduit. 19 Automne 2022 : « Estimation des sous-jacentes varient selon les pays. En Algérie, la multiplicateurs de la dépense hausse des prix qui a débuté en 2021 a été tirée par budgétaire en Algérie » celle des produits alimentaires. En outre, une modéli- sation de l’indice des prix à la consommation depuis La hausse marquée de la dépense publique en 2022 2009 permet de déterminer que celui-ci est caracté- pose la question de ses effets sur l’activité écono- risé par une forte inertie à court terme mais que la mique. La propension de la dépense publique à dépréciation du dinar, l’augmentation du prix des pro- soutenir l’activité économique et à générer de l’ac- duits importés, la hausse de la dépense publique et tivité économique additionnelle est capturée par le la hausse de la monnaie en circulation expliquent multiplicateur de la dépense publique. Une analyse plus de 40% de la variation de l’IPC après 2 ans. conduite sur les données trimestrielles algériennes En outre, l’importance de ces facteurs varient selon depuis 2000 trouve un faible effet multiplicateur de la les catégories de biens et services, reflétant notam- dépense publique algérienne sur le PIB, notamment ment l’intensité de l’importation de ces produits et les causé par l’effet d’une hausse sur la dégradation de la caractéristiques du marché algérien tant au niveau de balance commerciale, résultant de son impact sur les la production que de la distribution. importations. L’effet d’entrainement de la dépense sur la consommation privée est observé mais il est limité, Automne 2021 : « Évolution de tandis que l’analyse trouve un effet plus marqué de la la pauvreté non monétaire et des dépense publique sur le secteur de la construction et inégalités en Algérie » les services non-marchands semblent. L’indicateur de la pauvreté multidimensionnelle s’est Printemps 2022 : « L’Algérie profite-t- amélioré en Algérie entre 2013 et 2019, traduisant des elle de la montée des prix du gaz? » progrès dans toutes ses dimensions : éducation, santé et conditions de vie. Bien que l’Algérie affiche des résul- Les prix à l’exportation du prix du gaz naturel algérien tats honorables dans la région MENA, et malgré des suivent une dynamique distincte des prix de référence améliorations notables, la pauvreté multidimension- du gaz sur les marchés internationaux. Ainsi, si le prix nelle varie considérablement selon les régions et entre de référence du gaz Henry Hub a gagné près de 50% les zones rurales et urbaines. Les régions du Nord- entre le T2 et le T3-2021, le prix à l’exportation du gaz Centre et du Nord-Est sont confrontées à des niveaux naturel algérien n’a augmenté que de 0,5% sur la même de privation inférieurs à ceux du reste du pays, tandis période. En effet, ces prix sont établis contractuellement, que la région des Hauts Plateaux Centre est confron- parfois sur le long-terme, et sur la base de négociations tée à un niveau de privation plus élevé. Les régions bilatérales avec les acheteurs. En outre, un exercice de les plus vulnérables ont connu une amélioration plus modélisation économétrique permet d’établir que le rapide entre 2013 et 2019, montrant une convergence prix à l’exportation du gaz naturel algérien est caracté- avec les régions plus riches. La santé et l’éducation risé par une forte inertie, ainsi qu’un arrimage retardé sont devenues des dimensions plus importantes de au prix du pétrole. Le modèle présenté permet d’expli- la privation, soulignant les priorités politiques pour le quer 88% de la variation des prix du gaz naturel exporté. développement humain de l’Algérie. Printemps 2022 : « L’impact des Automne 2021 : « Résilience de facteurs macroéconomiques sur l’Algérie face aux risques climatiques l’inflation en Algérie » et de catastrophe naturelle » L’inflation est orientée à la hausse en 2021 et 2022, Le territoire algérien est exposé à un éventail de dans le monde comme en Algérie, mais les causes risques climatiques et géologiques, notamment dans 20 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE EN ALGÉRIE – INVESTIR DANS LES DONNÉES POUR UNE CROISSANCE DIVERSIFIÉE les zones urbaines, qui affichent une croissance Printemps 2021 : « Vers une réforme démographique rapide et concentrent une part impor- équitable du système de santé tante de l’activité économique. Les inondations sont algérien » les catastrophes les plus fréquentes en Algérie, mais les pertes économiques les plus importantes ont été Les conséquences de la pandémie COVID-19 ont mon- causées par les tremblements de terre. L’Algérie dis- tré la nécessité d’une réforme équitable du système pose d’un cadre juridique moderne de gestion des de santé algérien. Bien qu’officiellement le nombre risques de catastrophe (GRC), un cadre clair de prise de cas et de décès reste bas, la pandémie a mis en de décision en matière d’intervention d’urgence, et exergue les limites du système de santé. Un double reconnaît l’importance de protéger les infrastructures fardeau de maladies transmissibles et non-trans- stratégiques et les secteurs essentiels. De sérieux missibles, ainsi que des moyens limités, suggèrent efforts de réduction des risques ont été menés, sur- en effet un besoin de le renforcer. Bien que celui-ci tout dans la gestion des interventions d’urgence et bénéficie d’un soutien financier public important et la reconstruction, au détriment de la prévention. De nécessite relativement peu de dépenses individuelles, plus, le partage de l’information n’est pas systéma- et bien que l’espérance de vie et la maîtrise des mala- tique, entraînant des incohérences, notamment dans dies non-transmissibles soient comparables aux pays la prévention des catastrophes, et l’application de pairs, les résultats en matière de santé restent en la législation GRC peut être améliorée. Des efforts deçà de ceux des pays à revenu moyen-élevé, particu- importants devraient encore fournis pour la réduction lièrement en matière d’équité des conditions de santé et la gestion globale et intersectorielle des risques cli- de la mère et de l’enfant. Un besoin de moyens phy- matiques et de catastrophe. siques et humains, et d’une meilleure répartition de la couverture santé, représentent des défis majeurs. Enfin, la baisse du financement public et de la capa- Printemps 2021 : « Effets de la cité du système de santé présente des risques pour la COVID-19 sur les inégalités dans la résilience du système de santé. région MENA et en Algérie » Les résultats d’enquêtes menées dans la région Automne 2021 : « Résilience de Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) confir- l’Algérie face aux risques climatiques ment que les individus les plus pauvres déclarent et de catastrophe naturelle » dans une plus grande proportion une détérioration de leurs conditions de vie depuis le début de la crise Le territoire algérien est exposé à un éventail de du COVID-19. Malgré l’absence de données récentes risques climatiques et géologiques, notamment dans sur le bien-être des ménages en Algérie, les caracté- les zones urbaines, qui affichent une croissance ristiques des individus vulnérables suggèrent que les démographique rapide et concentrent une part impor- inégalités y ont également augmenté. Ceux-ci sont tante de l’activité économique. Les inondations sont plus à risque de contracter le COVID-19 ou de perdre les catastrophes les plus fréquentes en Algérie, mais leur emploi durant la pandémie, disposent dans les pertes économiques les plus importantes ont été de moindres proportions d’une protection sociale causées par les tremblements de terre. L’Algérie dis- adéquate, et risquent d’être affectés disproportion- pose d’un cadre juridique moderne de gestion des nellement par les ajustements macroéconomiques risques de catastrophe (GRC), un cadre clair de prise et fiscaux en cours. Une reprise durable et inclusive de décision en matière d’intervention d’urgence, et nécessitera donc d’offrir aux plus vulnérables l’oppor- reconnaît l’importance de protéger les infrastructures tunité de récupérer ce qu’ils ont perdu. stratégiques et les secteurs essentiels. De sérieux Annexe 1 : Dernières sections spéciales des notes de suivi de l’économie algérienne 21 efforts de réduction des risques ont été menés, sur- cours. Une reprise durable et inclusive nécessitera tout dans la gestion des interventions d’urgence et donc d’offrir aux plus vulnérables l’opportunité de la reconstruction, au détriment de la prévention. De récupérer ce qu’ils ont perdu. plus, le partage de l’information n’est pas systéma- tique, entraînant des incohérences, notamment dans la prévention des catastrophes, et l’application de Printemps 2021 : « Vers une réforme la législation GRC peut être améliorée. Des efforts équitable du système de santé importants devraient encore fournis pour la réduction algérien » et la gestion globale et intersectorielle des risques cli- Les conséquences de la pandémie COVID-19 ont mon- matiques et de catastrophe. tré la nécessité d’une réforme équitable du système de santé algérien. Bien qu’officiellement le nombre Printemps 2021 : « Effets de la de cas et de décès reste bas, la pandémie a mis en COVID-19 sur les inégalités dans la exergue les limites du système de santé. Un double région MENA et en Algérie » fardeau de maladies transmissibles et non-trans- missibles, ainsi que des moyens limités, suggèrent Les résultats d’enquêtes menées dans la région en effet un besoin de le renforcer. Bien que celui-ci Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) confir- bénéficie d’un soutien financier public important et ment que les individus les plus pauvres déclarent nécessite relativement peu de dépenses individuelles, dans une plus grande proportion une détérioration et bien que l’espérance de vie et la maîtrise des mala- de leurs conditions de vie depuis le début de la crise dies non-transmissibles soient comparables aux pays du COVID-19. Malgré l’absence de données récentes pairs, les résultats en matière de santé restent en sur le bien-être des ménages en Algérie, les caracté- deçà de ceux des pays à revenu moyen-élevé, particu- ristiques des individus vulnérables suggèrent que les lièrement en matière d’équité des conditions de santé inégalités y ont également augmenté. Ceux-ci sont de la mère et de l’enfant. Un besoin de moyens phy- plus à risque de contracter le COVID-19 ou de perdre siques et humains, et d’une meilleure répartition de leur emploi durant la pandémie, disposent dans de la couverture santé, représentent des défis majeurs. moindres proportions d’une protection sociale adé- Enfin, la baisse du financement public et de la capa- quate, et risquent d’être affectés optionnellement par cité du système de santé présente des risques pour la les ajustements macroéconomiques et fiscaux en résilience du système de santé. 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(Avril 2024) vier 2024”, 02/21/2024. https://momr.opec.org/pdf-download/res/pdf​_ https://www.algerie-eco.com/2024/02/21/ble-la​ delivery_momr.php -russie-a-exporte-16-million-detonnes-vers-lalgerie​ -entre-juillet-2023-et-janvier-2024/. Bibliographie 25 1818 H Street, NW Washington, DC 20433