81785 Une publication phare du Groupe de la Banque mondiale Abrégé Rapport sur le développement dans le monde 2014 Risques et opportunités La gestion du risque à l’appui du développement Une publication phare du Groupe de la Banque mondiale 2014 Rapport sur le développement dans le monde Abrégé Risques et opportunités La gestion du risque à l’appui du développement Banque mondiale BANQUE MONDIALE Washington, DC © 2013 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Web : www.worldbank.org Certains droits réservés 1 2 3 4 16 15 14 13 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. La Banque mondiale n’est pas nécessairement propriétaire de la totalité de son contenu. Elle ne garantit donc pas que l’utilisation du contenu de l’ouvrage ne porte pas atteinte aux droits de tierces parties. L’utilisateur du contenu assume seul le risque de réclamation ou de plainte pour violation desdits droits. Les observations, interprétations et opinions qui sont exprimées dans cet ouvrage ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Aucune des dispositions précédentes ne constitue une limite ou une renonciation à l’un quelconque des privilèges et immunités de la Banque mondiale, et ne peut être interprétée comme telle. Tous lesdits privilèges et immunités de la Banque mondiale sont expressément réservés. Droits et licences L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported license (CC BY 3.0) (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0. Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attribution (paternité), il est possible de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes : Attribution (Paternité) — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Banque mondiale. 2013. Rapport sur le développement dans le monde 2014 — Abrégé : Risques et opportunités — La gestion du risque à l’appui du développement. Washington : Banque mondiale. License: Creative Commons Attribution CC BY 3.0 Traductions — Si une traduction de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la paternité de l’ouvrage, le déni de responsabilité suivant : Cette traduction n’a pas été réalisée par la Banque mondiale et ne doit pas être considérée comme une traduction officielle de cette dernière. La Banque ne saurait être tenue responsable du contenu de la traduction ni des erreurs qui peuvent y figurer. Pour tous renseignements sur les droits et licences s’adresser au Service des publications et de la diffusion des connaissances de la Banque mondiale : Publishing and Knowledge Division, The World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; télécopie : 202-522-2625 ; courriel : pubrights@worldbank.org. Maquette de couverture et illustrations : Heads of State Conception : Debra Naylor Table des matières Avant-propos  v Remerciements  vii Abrégé Risques et opportunités : La gestion du risque peut être un puissant outil de développement   3 Les risques sont un fardeau, mais offrent aussi une chance à saisir   4 La gestion du risque peut être un puissant outil de développement   5 Qu’implique une gestion efficace du risque ?   10 Au-delà de l’idéal : obstacles à la gestion du risque   16 La voie à suivre : une approche intégrée de la gestion du risque   19 Le ménage  21 La collectivité  24 Le secteur des entreprises   25 Le système financier   30 La macroéconomie  32 La communauté internationale   36 Une réforme institutionnelle pour assurer la gestion systématique du risque   39 Pour conclure : cinq principes pour une action publique propice à l’amélioration de la gestion du risque   41 Dernières réflexions  43 Notes  44 Bibliographie  46 iii Avant-propos Le monde a été secoué par une multitude de crises au cours des dernières années. Des troubles financiers et économiques ont perturbé l’économie mondiale en provoquant des pertes de revenu et d’emploi et en réduisant la stabilité sociale. De graves catastrophes naturelles ont dévasté des communautés tout entières, d’Haïti au Japon, et laissé derrière elles de nombreux morts et de lourdes pertes économiques. Les préoccupations suscitées par le réchauffement planétaire s’intensifient, de même que la crainte de la propagation de maladies contagieuses mortelles. Partout dans le monde, j’entends évoquer la même préoccupation : comment pouvons-nous accroître notre résilience face à ces risques  ? Le Rapport sur le développement dans le monde 2014, intitulé Risques et opportunités  : la gestion du risque à l’appui du développement, contribue à apporter des réponses à cette question pressante. Les opportunités de développement manquées parce que les risques nécessaires n’ont pas été pris sont aussi préoccupantes. Il est nécessaire de prendre des risques pour pouvoir saisir des opportunités, mais nombreux sont ceux, en particulier dans les populations pauvres, qui hésitent souvent à le faire parce qu’ils craignent que leurs actions n’aient des conséquences négatives. L’inaction peut enfermer les êtres humains dans la pauvreté, en les exposant à des chocs négatifs et en réduisant encore plus leur capacité à poursuivre des opportunités qui pourraient améliorer leurs conditions de vie. L’incapacité à gérer les risques de manière appropriée se solde par des crises et par des opportunités manquées, qui sont d’importants obstacles à la réalisation des deux grands objectifs du Groupe de la Banque mondiale : éradiquer l’extrême pauvreté à l’horizon 2030 et promouvoir une prospérité partagée en améliorant la condition des 40  % les plus pauvres des pays en développement. La poursuite de la mission de la Banque mondiale est donc fondamentalement tributaire d’une gestion du risque efficace qui, comme le montre le Rapport sur le développement dans le monde 2014, peut être un puissant instrument de dévelop- pement — en épargnant des vies humaines, en évitant des chocs économiques et en aidant les populations à construire un avenir meilleur et plus sûr. Ce rapport enjoint aux individus et aux institutions d’abandonner un mode de fonctionnement axé sur la « lutte contre les crises » pour passer à une « gestion anticipative et systématique du risque ». Il existe d’amples indications que les efforts menés pour déterminer les risques et pour s’y préparer peuvent être très productifs. Par exemple, de nombreux pays en développement ont pu faire preuve de résilience lors de la récente crise financière mondiale parce qu’ils avaient antérieurement procédé à des réformes de leurs politiques macroéco- nomiques, financières et sociales. Pour parvenir à la prospérité, il est essentiel de protéger les progrès durement acquis dans le processus de développement en accroissant la résilience face aux risques, que l’on soit confrontés à des catastrophes naturelles, à des pandémies, à des crises financières, à une vague de criminalité au niveau des collectivités ou à une grave maladie du chef de ménage. Il ne sera jamais possible d’éliminer tous les risques, mais les populations et les institutions peuvent accroître leur résilience en suivant une démarche équilibrée associant mesures de politique structurelle, actions préventives au niveau des collectivités, assurance, éducation, formation et réglementations efficaces. Si les pays ont appris à gérer les risques dans différents contextes, jusqu’à présent les travaux de recherche sur la gestion du risque dans le monde en développement n’avaient pas donné lieu à une synthèse présentée dans un cadre unique facilement accessible et bien documenté. v vi A v ant - pr o p o s Le Rapport sur le développement dans le monde vise à combler cette lacune. Il est un précieux guide aussi bien pour intégrer la gestion systématique du risque dans le programme de développement que pour aider les pays et les collectivités à renforcer leurs propres systèmes de gestion du risque. Le Rapport apporte en outre des éléments importants pour modifier l’attitude face au risque dans le cadre des opérations de la Banque elle-même. Le Groupe de la Banque mondiale a entrepris de transformer sa culture institutionnelle pour cesser de faire preuve d’une extrême aversion au risque et adopter un mode de fonctionnement donnant lieu à la prise de risques en connaissance de cause. Cette année, le Rapport sur le dévelop- pement dans le monde fait valoir que le risque le plus grave peut être celui de ne pas prendre de risques. Je suis entièrement de cet avis. J’espère que le Rapport sur le développement dans le monde 2014 favorisera l’adoption de politiques de gestion du risque qui permettront de réduire autant que possible le danger posé par des crises futures et de saisir chaque opportunité de développement. Les succès remportés à cet égard nous aideront à bâtir le monde que nous souhaitons tous : un monde sans pauvreté où tous jouissent d’une prospérité partagée. Jim Yong Kim Président Groupe de la Banque mondiale Remerciements Ce Rapport a été préparé par une équipe dirigée par Norman Loayza, avec Inci Ötker-Robe. L’équipe de base se composait en outre de César Calderón, Stéphane Hallegatte, Rasmus Heltberg, Xubei Luo, Martin Melecky, Ana  María Oviedo, et Kyla Wethli. Les analystes-recherche Sebastien Boreux, Kanako Goulding-Hotta, Rui Han, Harry Edmund Moroz, Anca Maria Podpiera, Jun Rentschler, Faiyaz Talukdar, et Tomoko Wada ont également participé aux travaux de l’équipe, à laquelle Gilles Cols, Olga Jonas, Federica Ranghieri et Anna Reva ont aussi apporté leur précieuse contribution. Le Rapport a été parrainé par la vice-présidence Économie du développement. Il a été préparé sur la base des directives générales formulées par Kaushik Basu, Économiste en chef de la Banque mondiale et premier Vice-président, et par Asli Demirgüç-Kunt, Directrice de la Recherche, Économie du développement. L’équipe a bénéficié de la participation systématique de Martin Čihák, Quy-Toan Do, Mary Hallward-Driemeier, Aart Kraay et Sergio Schmukler. Un panel consultatif composé de Laura Alfaro, Robert Barro, Thorsten Beck, Stefan Dercon, Ibrahim Elbadawi, Rohini Pande, Klaus Schmidt-Hebbel, Hyun Song Shin et Jan Švejnar a largement contribué au processus par ses commentaires et ses conseils. L’équipe a en outre bénéficié des conseils des économistes en chef de la Banque mondiale, Augusto de la Torre, Shantayanan Devarajan, Marianne Fay, Ariel Fiszbein, Caroline Freund, Indermit Gill, Bert Hofman, Jeffrey Lewis et Martίn Rama. L’équipe tient à remercier de leur généreux appui à la préparation du Rapport, l’Agence canadienne de développement international (ACDI), le Programme du savoir au service du développement, le Programme japonais pour l’élaboration de politiques et la valorisation des ressources humaines, et la Banque mondiale qui lui a fait bénéficier de son budget de soutien à la recherche. Elle remercie également le ministère allemand de la Coopération économique et pour le dévelop- pement et l’Agence allemande de coopération internationale, Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit, qui ont organisé conjointement un atelier international sur l’action publique à Berlin, en novembre 2012 à l’appui de la préparation du Rapport. Des consultations interorganisations ont été tenues avec la Commission européenne, le Fonds monétaire interna- tional, l’Organisation de coopération et de développement économiques, plusieurs institutions des Nations Unies, le Forum économique mondial et les agences de coopération pour le développement des pays suivants : Danemark, Espagne, Finlande, France, Japon, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse. L’Institut de la Banque mondiale et tous les réseaux régionaux et d’animateurs, ainsi que d’autres parties du Groupe de la Banque mondiale, et notamment la Société financière internationale et l’Agence multilatérale de garantie des investissements ont fourni de précieux apports. Des consultations ont été organisées dans les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Brésil, Chili, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Indonésie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pérou, Royaume-Uni, Rwanda, Singapour, Suède et Suisse. Des universitaires, des membres de la société civile, d’entités publiques et de l’État ont participé à la plupart d’entre elles. Les réunions avec les chercheurs et les universitaires ont été facilitées par l’organisation de conférences par le Centre for the Study of African Economies, Oxford University, et le Center on Global Governance, School of International and Public Affairs, Columbia University. L’équipe a également reçu de précieux commentaires à l’occasion de la Conférence économique africaine 2012, de l’Asia Development Forum 2013, et de la Latin American and Caribbean Economic Association Conference 2012. Le Rapport a bénéficié des précieux travaux d’édition de Nancy Morrison et de Martha Gottron ainsi que des conseils de Bruce Ross-Larson et Gerry Quinn en ce domaine. La Division des publications et de la diffusion des connaissances de la Banque mondiale a coordonné la conception, la mise en page, l’impression et la diffusion du Rapport. L’équipe tient en particulier à remercier Mary Fisk, Stephen McGroarty, Stephen Pazdan, Denise Bergeron, Andres Meneses, Shana Wagger et Paschal Ssemaganda, ainsi que Bouchra Belfqih, Cécile Jannotin et Michael Lamm du Service de traduction et d’interprétation. Le Groupe des données sur le développement, sous la coordination de Timothy Herzog, a contribué à la préparation de l’annexe statistique du Rapport. L’équipe remercie également Merrell Tuck-Primdahl, Vamsee Krishna Kanchi, et Swati P. Mishra de leurs directives concernant la stratégie de vii viii R e m ercie m ents communication, et Vivian Hon du rôle de coordination qu’elle a assumé. Barbara Cunha, Birgit Hansl et Manal Quota ont revu certaines des traductions de l’Abrégé. Les activités de production et la logistique du Rapport ont été assurées par Brónagh Murphy, Mihaela Stangu, et Jason Victor, avec l’appui de Laverne Cook, Gracia Sorensen et Tourya Tourougui. Ivar Cederholm, Elena Chi-Lin Lee et Jimmy Olazo ont coordonné les opérations de mobilisation de ressources. Irina Sergeeva et Sonia Joseph ont assumé la responsabilité de la gestion des ressources. Gytis Kanchas, Nacer Megherbi et Jean-Pierre S. Djomalieu ont apporté leur soutien dans le domaine des technologies de l’information. Des études de référence ont été réalisées par Joshua Aizenman, Phillip R. D. Anderson, Maximillian Ashwill, Emmanuelle Auriol, Ghassan Baliki, Thorsten Beck, Najy Benhassine, Nicholas Bloom, Julia K. Brown, Martin Brown, Daniel Buncic, Julio Cáceres-Delpiano, Sara Guerschanik Calvo, Olivier De Jonghe, Alejandro de la Fuente, Philippe de Vreyer, Mark A. Dutz, Maya Eden, Penelope D. Fidas, Roberto Foa, Rodrigo Fuentes, Garance Genicot, Gary Gereffi, Ejaz Ghani, Sudarshan Gooptu, Mikael Grinbaum, Federico H. Gutierrez, Ronald Inglehart, Susan T. Jackson, Olga B. Jonas, Jan Kellett, Ilan Kelman, Tariq Khokhar, Auguste T. Kouame, Aart Kraay, Sadaf Lakhani, Sylvie Lambert, Esperanza Lasagabaster, Ethan Ligon, Samuel Maimbo, William F. Maloney, Tom Mitchell, Ahmed Mushfiq Mobarak, Hernan J. Moscoso Boedo, Andrew Norton, Eduardo Ortiz-Juárez, Patti Petesch, Florence Pichon, Patrick Premand, Carlos Rodriguez Castelan, Natalia Salazar, Luis Servén, Francis J. Teal, Maarten van Aalst, Guillermo Vuletin, Koko Warner, Tetyana V. Zelenska et Nong Zhu. Des informations détaillées sur leurs apports figurent à la fin du Rapport. L’équipe remercie de leurs précieux apports et conseils Pablo Ariel Acosta, Tony Addison, Montek Ahluwalia, Ahmad Ahsan, David Aikman, Harold Alderman, Franklin Allen, Aquiles Almansi, Philippe Ambrosi, Goli Ameri, Walter J. Ammann, Dan Andrews, Paolo Avner, Edmar Bacha, Javier Baez, Hemant Baijal, Christopher Barrett, Scott Barrett, Kathleen Beegle, Tim Besley, Gordon Betcherman, Deepak Bhattasali, Indu Bhushan, Jörn Birkmann, Christiane Bögemann-Hagedorn, Uta Böllhoff, Patrick Bolton, Laura Elizabeth Boudreau, François Bourguignon, Carter Brandon, Juan José Bravo, Tilman Brück, Robin Burgess, Guillermo Calvo, Jack Campbell, Jason Cardosi, Michael R. Carter, Miguel Castilla, Michael Chaitkin, Marcos Chamon, Guang Zhe Chen, Maria Teresa Chimienti, Fredrick Christopher, Craig Churchill, Luis Abdón Cifuentes, Massimo Cirasino, Stijn Claessens, Daniel Clarke, Tito Cordella, Sarah E. Cornell, Gerardo Corrochano, Robert Cull, Julie Dana, Anis Dani, Jishnu Das, Joachim De Weerdt, Ximena Del Carpio, Jean-Jacques Dethier, Jacqueline Devine, Pierre Dubois, Patrice Dumas, Peter Ellehoj, Brooks Evans, Jessica Evans, Marcel Fafchamps, Paolo Falco, Shahrokh Fardoust, Thomas Feidieker, Wolfgang Fengler, James Fenske, Ana Margarida Fernandes, Adrián Fernández, Francisco Ferreira, Deon Filmer, Greg Fischer, James Foster, Marcel Fratzscher, Linda Freiner, Roberta Gatti, Francis Ghesquiere, Swati Ghosh, Antonino Giuffrida, David Gleicher, Markus Goldstein, George Graham, Margaret Grosh, Patricia Grossi, Mario Guadamillas, Conor Healy, Frank Heemskerk, Joachim Heidebrecht, Jesko Hentschel, Rafael Hernández, Matt Hobson, John Hoddinott, Niels Holm-Nielsen, Naomi Hossain, Andrew Hughes Hallett, Oh-Seok Hyun, Elena Ianchovichina, Ridzuan Ismail, Takatoshi Ito, Abhas K. Jha, Emmanuel Jimenez, Steen Jørgensen, Nidhi Kalra, Sujit Kapadia, Masayuki Karasawa, Corneille Karekezi, Supreet Kaur, Lauren Kelly, Igor Kheyfets, Beth King, Naohiro Kitano, Leora Klapper, Alzbeta Klein, Kalpana Kochhar, Kiyoshi Kodera, Friederike Koehler-Geib, Diane Koester, Robert Kopech, Anirudh Krishna, Jolanta Kryspin-Watson, Howard Kunreuther, Kiyoshi Kurokawa, Christoph Kurowski, Miguel Laric, Alexia Latortue, Sara Lazzaroni, Nick Lea, Daniel Lederman, Margaret Leighton, Robert Lempert, Sebastian Levine, Yue Li, Irina Likhacheva Sokolowski, Justin Yifu Lin, Kathy Lindert, Gladys Lopez, Augusto López Claros, Leonardo Lucchetti, Maria Ana Lugo, Olivier Mahul, Thomas Markussen, Will Martin, María Soledad Martínez Pería, Eric Maskin, Laura Mazal, J. Allister McGregor, Claire McGuire, Robin Mearns, Carlo Menon, Rekha Menon, Erwann Michel-Kerjan, Tim Midgley, Gary Milante, Suguru Miyazaki, Nuno Mota Pinto, Marialisa Motta, Joy Muller, Akira Murata, Lydia Ndirangu, Ha Nguyen, Giuseppe Nicoletti, Yosuke Nishii, Michel Noel, Alistair Nolan, Sharyn O’Halloran, Philip O’Keefe, Ory Okolloh, Michelle Ooi, Miguel Angel Ostos, Marcus C. Oxley, Robert Palacios, Pepi Patrón, Douglas Pearce, Brian Pinto, Russell Pittman, Jean-Philippe Platteau, Sandra Poncet, David Popp, Antonin Pottier, Prashant, John Primrose, Hnin Hnin Pyne, Ricardo Raineri, Anthony Randle, Martin Ravallion, Robert Reid, Ricardo Reis, Ortwin Renn, Changyong Rhee, Helena Ribe, Michelle Riboud, Jamele Rigolini, Dena Ringold, David Robalino, Jorge Luis Rodriguez Meza, Rafael Rofman, Jonathan Rothschild, Davinder Sandhu, Apurva Sanghi, Hans-Otto Sano, Yasuyuki Sawada, Stefano Scarpetta, Anita Schwarz, Paul Seabright, Junko Sekine, Amartya Sen, Rodrigo Serrano- Berthet, Shigeo Shimizu, Paul B. Siegel, Joana Silva, Emmanuel Skoufias, Marc Smitz, Irina Solyanik, Joseph Stiglitz, Adrian Stone, Stéphane Straub, Henriette Strothmann, Pablo Suarez, Kalanidhi Subbarao, Mark Sundberg, Olumide Taiwo, Tamanna Talukder, Kazushige Taniguchi, Finn Tarp, Gaiv Tata, Maria Hermínia Tavares de Almeida, Stoyan Tenev, Mehrnaz Teymourian, Erik Thorbecke, Klaus Tilmes, Carlos Tortola, Izabela Toth, Carolina Trivelli Ávila, Yvonne Tsikata, María Cristina Uehara, Tunc Tahsin Uyanik, Renos Vakis, Dominique Van De Walle, Ashutosh Varshney, Adrien Vogt-Schilb, Eiji Wakamatsu, Sophie Walker, Simon Walley, Christine Wallich, David Waskow, Masato Watanabe, Asbjorn H. Wee, Jonathan B. Wiener, Alys Willman, Lixin Colin Xu, Mohamed Mahdi Youssouf et Asta Zviniene. Elle remercie également les nombreuses autres personnes, membres ou non des services de la Banque mondiale, qui lui ont fait part de leurs commentaires. ABRÉGÉ Risques et opportunités La gestion du risque à l’appui du développement 2 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 Gérer les risques pour une vie ouverte sur les opportunités : au Ghana, une mère protège son enfant du paludisme en l’abritant sous une moustiquaire. FPO © Arne Hoel/Banque mondiale Abrégé Risques et opportunités La gestion du risque peut être un puissant outil de développement Depuis 25 ans, le monde connaît des exactement ? Quels sont les obstacles qui changements sans précédent qui, dans empêchent les individus et les sociétés de bien des cas, ont été synonymes de gérer efficacement les risques, et comment progrès. Dans tous les continents, de peut-on les surmonter ? La valeur nombreux pays se sont engagés dans ajoutée par le Rapport tient à la voie de l’intégration interna- l’importance qu’il accorde à une tionale, de la réforme économique, de la modernisation technologique gestion préventive, systématique et et de la participation démocratique. intégrée des risques. Ces caractéris- Si certains problèmes et inégalités tiques renvoient à l’importance de la demeurent, force est de constater que planification prospective et de la les économies qui avaient stagné durant préparation dans un contexte entouré des décennies sont aujourd’hui en pleine d’incertitudes. Elles mettent aussi en lumière la croissance, que des familles plongées dans le nécessité d’appréhender globalement l’ensemble des dénuement pendant des générations sortent peu à peu de risques considérés, en mettant à profit les outils et les la pauvreté, et que des centaines de millions d’individus de par le monde jouissent désormais des avantages dispositifs institutionnels existants. Pour les responsables découlant de l’amélioration des conditions de vie et de de l’action publique, cette approche préventive, l’intensification des échanges scientifiques et culturels systématique et intégrée de la gestion du risque implique le entre les nations. Les grands changements que traverse maintien d’un juste équilibre entre la contribution de l’État la planète ouvrent des perspectives nouvelles toujours et celle des individus, de la société civile et du secteur privé, plus nombreuses, mais sont aussi porteurs de risques. tout en s’assurant qu’elles sont à la fois coordonnées et Certains existent de longue date tandis que d’autres sont complémentaires. Le Rapport fait valoir que la gestion du plus récents, et ils vont du chômage et de la maladie aux risque peut être un puissant outil de développement, dangers liés aux tensions sociales et à la dégradation de puisqu’elle permet non seulement de renforcer la capacité l’environnement. Si rien n’est fait pour y remédier, ces risques peuvent déclencher des crises qui réduisent à d’adaptation des populations et, partant, de réduire les néant des progrès chèrement acquis et mettent en péril les effets défavorables de certains événements, mais aussi de réformes sociales et économiques à l’origine de ces progrès. donner aux individus l’occasion de mettre à profit les La solution ne consiste pas à rejeter le changement pour possibilités d’amélioration qui s’offrent à eux. Le Rapport éviter les risques qui lui sont associés, mais plutôt à se sur le développement dans le monde 2014 ne procède pas à donner les moyens de faire face aux risques et d’exploiter une analyse détaillée de risques précis mais il propose un les opportunités qui découlent du changement. La gestion cadre de gestion du risque auxquels sont exposés certains responsable et efficace des risques peut contribuer à la pays et régions. En mettant l’accent sur le processus de sécurité et promouvoir le progrès dans les pays en dévelop- gestion du risque en lui-même, le Rapport peut examiner pement comme dans le reste du monde. Le Rapport sur le développement dans le monde 2014 les synergies, les compromis et les priorités qui doivent être examine le processus de gestion du risque et pose les pris en considération pour gérer les risques dans différents questions suivantes : pourquoi la gestion du risque est-elle contextes, dans le but unique de stimuler le développement importante pour le développement, et que recouvre-t-elle (encadré 1). 3 4 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 E n c a d r é 1  Les cinq grandes leçons sur la gestion du risque, d’après le Rapport sur le développement dans le monde 2014 1.  La prise de risques est un préalable incontournable 4. Lorsque les risques dépassent la capacité des individus à pour  quiconque souhaite tirer parti de perspectives de y faire face par leurs propres moyens, la gestion du développement. L’inaction pourrait être la pire des risque exige une prise de responsabilité collective et la solutions et présente bien plus de risque. poursuite d’actions concertées aux différents niveaux de 2. Pour agir efficacement face aux risques, il est primordial la société, depuis les ménages jusqu’à la communauté de renoncer aux ripostes non planifiées et ponctuelles internationale. en situation de crise au profit d’une approche antici- 5. Les pouvoirs publics ont un rôle primordial à jouer  : pative, systématique et intégrée de la gestion du risque. 3. Il ne suffit pas de connaître les risques : il faut aussi assumer la gestion des risques systémiques  ; créer identifier l’ensemble des compromis et des obstacles à un  environnement propice à la mise en œuvre d’inter- la bonne gestion du risque, établir des priorités et ventions concertées et à l’exercice de la responsabilité y répondre par des interventions autant publiques que collective ; et apporter un soutien direct aux populations privées. vulnérables. Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. Les risques sont un fardeau, mais offrent conséquences accablantes, en particulier pour les aussi une chance à saisir individus et les familles les plus vulnérables. À  titre d’exemple, en Éthiopie, des ménages dont des membres Pourquoi se préoccuper des risques ? Ces dernières années, souffraient de maladies graves ont dû réduire leur de multiples crises ont perturbé l’économie mondiale et consommation de près de 10 % et en subissent encore les ont eu un impact particulièrement néfaste sur le dévelop- effets trois à cinq ans plus tard1. Dans certains pays pement. La crise financière mondiale de 2008-09 a d’Amérique latine, les dépenses de santé liées à des taux entraîné une brusque réduction des taux de croissance de élevés de criminalité et de violence représentent entre 0,3 la plupart des économies de la planète, qui s’est traduite et 5 % du produit intérieur brut (PIB) annuel, sans parler par une contraction des revenus et une hausse du chômage de l’impact de la criminalité sur la baisse de la production et a largement compromis les efforts visant à réduire la résultant de la contraction des investissements et de la pauvreté. La flambée des prix alimentaires en 2008 a réduction de la participation au marché du travail2. Dans provoqué des émeutes révélatrices du mécontentement et des pays pourtant très différents, comme l’Argentine, la du sentiment d’insécurité des populations dans plus d’une Bulgarie et le Guyana, le chômage a non seulement douzaine de pays d’Afrique et d’Asie, et engendré une provoqué une chute des revenus et de la consommation grande instabilité politique. Le tsunami qui a frappé l’Asie en 2004, le tremblement de terre qui a ébranlé Haïti en mais a également érodé la capacité des individus à trouver 2010 et la catastrophe aux multiples ramifications un nouvel emploi, ébranlé la cohésion sociale et entraîné survenue au nord-est du Japon en 2011 — pour ne citer que dans certains cas une augmentation des violences quelques exemples — ont causé des pertes humaines et familiales3. économiques considérables qui témoignent de la fréquence Les conséquences négatives de ces phénomènes, qu’ils et de l’intensité accrues des catastrophes naturelles. Les résultent de risques systémiques ou intrinsèques, peuvent inquiétudes liées à l’impact du changement climatique détruire des vies et des biens et saper la confiance et la partout dans le monde ne cessent de grandir, tout comme stabilité sociale. Les populations pauvres sont généra- les craintes qu’inspire la menace d’une propagation de lement les plus durement touchées. Malgré les progrès maladies contagieuses mortelles au-delà des frontières. De remarquables enregistrés ces 30 dernières années dans fait, les crises économiques et les catastrophes de grande la lutte contre la pauvreté, une très forte proportion de ampleur survenues ces dernières années et la probabilité la population des pays en développement vit toujours que d’autres se produisent à l’avenir montrent combien les dans le dénuement et risque même de sombrer dans une individus, les collectivités et les pays sont vulnérables aux misère encore plus grande lorsque surviennent des chocs risques systémiques, en particulier dans les pays en défavorables (figure  1). Le taux de mortalité imputable développement. aux maladies et aux blessures chez les adultes de moins de Certains risques intrinsèques, propres aux individus 60 ans est deux fois et demie plus élevé pour les hommes, ou aux ménages, sont tout aussi lourds de menaces pour le quatre fois plus important pour les femmes et près de bien-être de ces derniers. La perte d’un emploi ou 20 fois supérieur chez les enfants de moins de cinq ans l’impossibilité d’en trouver un faute de compétences dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu suffisantes, la maladie et la criminalité, l’effondrement de élevé4. Il est de plus en plus évident que les chocs négatifs, la cellule familiale qui peut résulter de difficultés en particulier les problèmes de santé, les phénomènes financières ou de migrations forcées ont parfois des météorologiques et les crises économiques, contribuent Risques et opportunités 5 F I G U R E 1  Un grand nombre de personnes vivent dans la pauvreté, ou très près du seuil de pauvreté dans le monde entier. Ils courent le risque de sombrer dans une misère encore plus grande lorsqu’ils sont touchés par des chocs négatifs. Plus de 20 % de la population des pays en développement a moins de 1,25 dollar par jour pour vivre, plus de 50 % a moins de 2,50 dollars par jour et près de 75 % a moins de 4 dollars par jour. a. Tous pays en développement, 2010 b. Pays en développement, par région, 2010 500 1,25 dollar par jour 16 1,25 dollar par jour Population totale, en millions d’habitants % de la population dans chaque région 14 2,50 dollars par jour 2,50 dollars par jour 400 12 300 10 8 200 6 4 100 2 0 0 0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 8 10 12 14 USD USD Région Afrique subsaharienne Région Moyen-Orient et Afrique du Nord Région Asie du Sud Région Amérique latine et Caraïbes Région Asie de l’Est et Paci que Région Europe et Asie centrale Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014, à partir des chiffres de la base de données de la Banque mondiale PovcalNet. Note : Le montant de 1,25 dollar par jour est couramment utilisé en tant que seuil de pauvreté extrême. Le seuil de 2,50 dollars par jour est toutefois considéré être un indicateur plus pertinent d’extrême pauvreté dans certaines régions comme l’Amérique latine et les Caraïbes. Voir Ferreira et al. 2013. dans une très large mesure à faire basculer et enfermer villes dans l’espoir de trouver de meilleures perspectives les ménages dans la pauvreté5. Les populations pauvres, d’emploi et d’accéder à des services de santé et conscientes que de tels chocs peuvent être synonymes d’éducation; elles s’exposent ainsi aux risques engendrés de dénuement, de faillite ou de crise, préfèrent alors par une criminalité plus élevée tout en se privant du s’en tenir à des outils technologiques et à des moyens de soutien de leurs communautés d’origine. La promesse subsistance qui leur semblent relativement sûrs, mais qui d’une vie meilleure est leur principale motivation, mais les condamnent à stagner. ces familles prennent néanmoins des risques, car le Certes, confronter les risques, considérés sous l’angle résultat est rarement garanti. des pertes possibles, constitue un fardeau, mais c’est aussi une nécessité pour quiconque souhaite pouvoir saisir La gestion du risque peut être un puissant une opportunité. Risques et opportunités sont généra- lement indissociables lorsque les pays, les entreprises et outil de développement les familles prennent des décisions ou des mesures pour Que les risques soient systémiques ou intrinsèques, améliorer leur situation. De fait, la prise de risque est une imposés ou assumés, le développement dépend du succès composante intrinsèque du processus de développement. des efforts menés pour les surmonter et rechercher des Prenons quelques exemples. À partir des années  90, la opportunités. Les crises et les revers observés en matière plupart des pays ont ouvert leurs frontières dans un souci de développement sont très souvent la conséquence de d’intégration internationale et dans l’espoir de stimuler risques mal gérés. De même, les possibilités qu’offrent leur croissance économique. Ce faisant, ils ont pris le certaines situations ne sont pas mises à profit, parce que la risque de s’exposer davantage aux chocs internationaux. préparation aux risques est insuffisante et que les risques Partout dans le monde, des entreprises investissent dans nécessaires ne sont pas pris — c’est ce que l’on appelle des outils technologiques plus performants pour accroître «  le risque de l’inaction  ». Aussi est-il primordial d’aban- leur rentabilité, mais les dettes qu’elles contractent à donner les modes d’intervention ponctuels et non planifiés cette fin accentuent leur vulnérabilité à l’évolution de la en période de crise au profit d’une approche anticipative, demande et des conditions de crédit. Du Brésil à l’Afrique systématique et intégrée de la gestion du risque. La gestion du Sud, des millions de familles rurales migrent vers les du risque permet alors de renforcer la capacité de réduire 6 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 I l lu s t r at i o n 1  La gestion des risques pour tous : représentation graphique des principaux concepts Pour saisir les opportunités, ……etet ils ils sont sont nombreux nombreux … il faut faire face aux risques Perte Perte d‛emploi Maladie Maladie d’emploi Opportunités Risques Criminalité Catastrophes Catastrophes Criminalité naturelles naturelles Crises Crises financières financières … etles …et lesobstacles obstaclesààla gestion lagestion … et les obstacles Partager à la les risques gestion peut aider deces de cesrisques sontnombreux risquessont nombreux deàces risques vaincre cessont nombreux obstacles… Maladie Maladie Perte Perte Perte Famille Collectivité d’emploi d‛emploi d‛emploi Catastrophes Catastrophes Catastrophes naturelles naturelles Criminalité Criminalité Banques Crises Crises Entreprises Crises financières financières financières Communauté État internationale … grâce à l’action collective et aux institutions La gestion du risque peut être un puissant outil de développement Connaissance Protection Assurance RITÉ Adaptation PROSPÉ RÉ SI LI EN C E Jason Victor pour le Rapport sur le développement dans le monde 2014 Risques et opportunités 7 P r o fi l 1  La famille Gomez : un exemple de résilience et de maîtrise des risques La famille Gomez vit dans un bidonville à la périphérie les aidait en s’occupant des enfants après l’école. de Lima. Il y encore quelques années, les Gomez Grâce à leurs deux salaires (et à l’aide de la habitaient dans un village des Andes péruviennes. Ils grand-mère), les Gomez étaient mieux à même de avaient une petite exploitation agricole dans une faire face aux imprévus. région sujette à la sécheresse, et n’ont jamais réussi à Or, l’imprévu s’est produit. Mario, leur fils aîné, a gagner assez d’argent pour sortir de la pauvreté. Alors été blessé dans un accident de la circulation. La que nombre de leurs voisins avaient migré vers les voiture n’était pas assurée, et les Gomez ont dû villes dès les années 80 pour fuir les troubles civils qui assumer les frais médicaux. Ils n’auraient pas pu y sévissaient alors dans les campagnes, les Gomez parvenir seuls : Mario a été traité dans un hôpital avaient toujours refusé de partir, de peur de perdre public géré et financé par l’État. La prise en charge leurs terres et de ne pas trouver mieux en ville. Le médicale y était de qualité variable, mais l’établis- risque était trop grand. À cette époque, la situation au sement assurait les services de base. La famille a dû Pérou était très différente  : l’inflation était rampante, dépenser une partie de ses modestes économies pour le chômage élevé et la menace d’instabilité sociale obtenir des services complémentaires et acheter des permanente. médicaments, mais leurs efforts ont porté leurs fruits Dans les années 90, la situation économique s’est puisque Mario s’est rétabli. stabilisée, et la guerre civile a pris fin. De nouveaux Les Gomez ont dû à nouveau puiser dans leurs débouchés sont apparus dans les zones urbaines et réserves pour une raison toutefois très différente : leur rurales, mais les Gomez n’en ont pas immédiatement deuxième fille, Elena, considérée comme le cerveau profité. Un barrage a été construit près de leur village, de la famille, leur a fait part un jour de son désir de mais il leur fallait remettre en état leurs canaux d’irri- suivre des cours du soir pour apprendre l’anglais. gation pour pouvoir se raccorder au nouveau réseau. C’était une bonne idée. Le Pérou venait en effet de Ils ont demandé un prêt à une banque commerciale signer plusieurs accords de libre-échange (dont un qui le leur a refusé, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’ils avec les États-Unis), et les sociétés d’exportation, qui n’avaient encore jamais emprunté. Monsieur et commençaient à se développer, cherchaient à Madame Gomez ont fini par se dire que leurs enfants recruter des jeunes qualifiés. La maîtrise de l’anglais n’avaient aucun avenir dans le village et ont décidé de était dans ce cas un atout non négligeable. s’installer en ville. Ils ne craignaient plus de perdre Quelques mois plus tôt, les parents d’Elena leur exploitation car ils en avaient obtenu le titre de n’auraient toutefois pas accepté qu’elle suive ces propriété, et ils ont pu vendre leurs terres à un voisin cours parce qu’il était dangereux de sortir la nuit. La qui avait les ressources nécessaires pour rénover les police n’était guère présente à la périphérie de la ville, canaux d’irrigation. L’argent tiré de la vente de la et les criminels en profitaient. Lorsqu’une vague de ferme devait leur permettre d’atténuer les difficultés crimes a déferlé sur le bidonville où vivaient les liées à leur départ. Gomez, les habitants du quartier ont décidé de Lima, qui comptait un peu moins de 10  millions prendre les choses en main et de constituer leurs d’habitants, leur a semblé immense et peu propres patrouilles (une solution efficace, malgré accueillante. Les Gomez ont donc élu domicile dans le certains dérapages). Lorsqu’Elena a demandé à suivre bidonville où s’étaient installés nombre des habitants des cours d’anglais, les rues étaient plus sûres, et elle a de leur village. Ils ont pu ainsi tisser des liens sociaux, pu s’inscrire à un cours du soir. Au fil du temps, Elena renouer avec leur culture (toutes les fêtes culturelles et sa famille ont su se doter des moyens nécessaires organisées dans leur ancien village sont également pour tirer pleinement parti de la période de stabilité célébrées dans le bidonville) et trouver de l’aide dans et de croissance soutenue qu’a traversé le Pérou. leur recherche d’emploi. M.  Gomez a été embauché En prenant des risques et en saisissant les sur un chantier de construction, mais il s’agissait d’un occasions qui se présentaient, les Gomez ont réussi à emploi précaire, et il se retrouvait régulièrement au sortir de la pauvreté, peut-être définitivement. Ils y chômage. Mme Gomez a dû elle aussi chercher du sont parvenus au prix de leurs efforts, en faisant travail, et a eu la chance de trouver un emploi de preuve d’initiative et en prenant leur destin en main. couturière dans une entreprise textile. La grand-mère Pour autant, ils n’auraient pas pu y arriver seuls. Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. Note : Une vidéo de ce récit fictif est disponible en neuf langues sur le site web du Rapport sur le développement dans le monde 2014, à l’adresse http://www.worldbank.org/wdr2014. 8 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 F I G U R E 2  Les bénéfices de la gestion du risque l’emportent souvent sur leur coût 12 10 Rapport coût-béné ce 8 6 4 2 Point de basculement 0 Vaccination Amélioration de Systèmes Programmes Mesures pour réduire le coût des l’approvisionnement d’alerte nutritionnels Séismes Inondations Tempêtes en eau et précoce tropicales de l’assainissement Source : Wethli 2013 pour le Rapport sur le développement dans le monde 2014. Note : La figure indique la valeur médiane des rapports coût-bénéfice dans diverses études pour chaque catégorie (avec au minimum quatre estimations par catégorie). Au-dessus de la ligne en pointillé, les avantages espérés sont supérieurs aux coûts anticipés. À l’intérieur de chaque catégorie, l’ampleur des fourchettes d’estimations est parfois considérable en raison de la diversité des situations et des types d’intervention et de la sensibilité des estimations aux variations des hypothèses sous-jacentes. Dans presque tous les cas, toutefois, même le 25e centile des fourchettes se situe au-dessus du point de basculement. les pertes et d’accroître les avantages que les populations de  préparation semblent avoir eu les mêmes effets peuvent tirer de leurs activités quotidiennes et de la bénéfiques dans nombre d’autres pays à revenu faible ou poursuite d’opportunités de développement (illustration 1 intermédiaire7. et profil 1). La gestion du risque facilite la création d’opportunités. La gestion du risque peut sauver des vies. L’exemple du Les outils de gestion du risque — tels que l’information Bangladesh montre que le renforcement des dispositifs de qualité, l’assurance récolte et la diversification des de préparation aux risques naturels peut conduire à emplois — peuvent aider les gens à atténuer les risques. une baisse spectaculaire du nombre de décès dus à des Forte de cette aptitude renforcée à faire face aux aléas, les cyclones. Ces 40 dernières années, trois violents cyclones populations, et en particulier les plus pauvres, peuvent de même puissance ont frappé le pays. Le cyclone de plus aisément surmonter leur aversion au risque et saisir 1970 a fait plus de 300  000 victimes, celui de 1991 près les opportunités qui s’offrent à eux. En Éthiopie, certains de 140 000 et celui de 2007 environ 4 000. Le lancement agriculteurs ont choisi de ne pas utiliser d’engrais par d’un programme national de construction d’abris — on crainte de la sécheresse et d’autres chocs potentiels, n’en comptait que 12 en 1970, contre plus de 2 500 en 2007 préférant conserver leur épargne pour faire face aux — le renforcement des capacités des services de prévision imprévus plutôt que d’investir dans l’achat d’intrants météorologique et la mise en place d’un système d’alerte agricoles intermédiaires8. À l’inverse, au Ghana et en relativement simple mais néanmoins efficace sont autant Inde, les paysans ayant souscrit une assurance pluie se de facteurs qui expliquent cette forte diminution du sont montrés plus enclins à prendre des risques pour nombre de victimes6. accroître leurs rendements et ont investi dans l’achat La gestion du risque permet d’éviter des pertes et de d’engrais, de semences, de pesticides et d’autres intrants9. prévenir des revers économiques. Les exemples de pays À l’échelle d’un pays, ces avancées peuvent avoir des aussi différents que la République tchèque, le Kenya et le effets cumulés non négligeables et contribuer à stimuler la Pérou sont révélateurs de l’impact positif des mécanismes productivité et la croissance. de préparation macroéconomique mis en place pour Les crises et les pertes imputables à une mauvaise protéger les économies nationales des effets de la récente gestion du risque ont un coût élevé, mais c’est aussi le cas crise financière mondiale. Parce qu’ils avaient réduit leurs des mesures à prendre pour mieux se préparer aux déficits budgétaires, instauré la discipline monétaire et risques. La question est donc de savoir si les dispositifs abaissé les déficits de leurs comptes courants, ces pays de  préparation portent leurs fruits. Les analyses ont enregistré une baisse de leurs taux de croissance plus coût-bénéfice réalisées dans un certain nombre de limitée après la crise internationale de 2008 qu’après la domaines indiquent que la préparation aux risques crise qui a éclaté en 1997 en Asie de l’Est. Ces mesures contribue généralement à réduire ces coûts, parfois Risques et opportunités 9 E n c a d r é 2  Un monde plein de menaces : évolution des risques, par région Les risques auxquels les individus sont confrontés ont considéra- des catastrophes naturelles a augmenté de manière spectaculaire dans blement évolué dans le temps, mais parfois de manière différente toutes les régions. En Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique d’une région à l’autre. Ils se sont atténués dans certains domaines, du Nord ainsi qu’en Afrique subsaharienne, le nombre d’années de notamment dans le domaine de la santé maternelle puisque les taux récession enregistré au cours de chaque décennie est en très net recul de mortalité maternelle ont diminué partout dans le monde. depuis les années  80, alors qu’il  augmente dans les pays membres À  l’inverse, l’incidence de la criminalité a fortement progressé en de  l’OCDE (Organisation de coopération et de développement Amérique latine et en Afrique subsaharienne. Par ailleurs, la fréquence économiques). Taux pour 100 000 naissances vivantes a. Mortalité maternelle b. Homicides 25 Taux pour 100 000 personnes, 800 1990 1981–1990 700 2000 20 moyenne annuelle 600 1991–2000 2010 2001–2010 500 15 400 300 10 200 5 100 0 0 OCDE EAP ECA LAC MENA SAR SSA OCDE EAP ECA LAC MENA SAR SSA c. Incidence des catastrophes naturellesa d. Grandes récessionsb Fraction de décennie de récession 4,5 0,4 4,0 1981–1990 1981–1990 1991–2000 1991–2000 3,5 Moyenne annuelle 0,3 2001–2010 2001–2010 3,0 2,5 0,2 2,0 1,5 1,0 0,1 0,5 0 0 OCDE EAP ECA LAC MENA SAR SSA OCDE EAP ECA LAC MENA SAR SSA Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 à partir des données suivantes : Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale (base de données), Base de données internationale sur les catastrophes EM-DAT OFDA/CRED et statistiques de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (base de données). Note : Les figures indiquent la moyenne simple des pays de chaque région. Les pays de l’OCDE pris en compte ici sont des pays à revenu élevé membres de l’OCDE depuis au moins 40 ans. Tous les autres pays sont groupés par région géographique. EAP = Asie de l’Est et Pacifique ; ECA = Europe et Asie centrale ; LAC = Amérique latine et Caraïbes ; MENA = Moyen-Orient et Afrique du Nord ; SAR = Asie du Sud ; SSA = Afrique subsaharienne. a. Les catastrophes naturelles incluent les sécheresses, les tremblements de terre, les inondations et les tempêtes tropicales. b. Les récessions de grande ampleur sont identifiées selon Barro et Ursúa 2012 et en appliquant un seuil correspondant à une réduction de 5 % de la croissance du PIB par habitant du sommet au creux du cycle. L’Asie du Sud n’a pas subi de grande récession entre 1991 et 2010. dans  des proportions considérables (figure  2). Il semble L’évaluation comparative des coûts et avantages de la donc y avoir beaucoup de vrai dans l’adage selon lequel préparation aux risques et de ceux des mesures d’adap- « mieux vaut prévenir que guérir ». À titre d’exemple, les tation aux conséquences de ces risques compte parmi avantages découlant des programmes de supplémentation les principaux compromis à opérer dans ce contexte. Le en minéraux conçus pour lutter contre la malnutrition et choix des interventions est en partie fonction du rapport les risques pour la santé qui lui sont associés pourraient entre les coûts (avérés) de la préparation aux risques et être 15  fois supérieurs au coût de ces programmes10. De les avantages (généralement incertains) découlant des même, dans les pays en développement, l’amélioration des mesures de préparation12. Il importe aussi, aux fins de systèmes de prévision météorologique et de communi- la gestion du risque, de prendre en considération les cation visant à alerter plus tôt le public de catastrophes différents types de risques et d’évaluer l’importance naturelles pourrait présenter des avantages de 4 à 36 fois relative de la préparation à chacun d’entre eux (encadré 2). supérieurs à leurs coûts11. Le manque de ressources exige de définir des priorités et 10 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 de faire des choix. Ainsi, dans les collectivités en proie à individus sont amenés à faire des choix, et les décisions la violence, les ménages sont confrontés à des risques qui qu’ils prennent sont pratiquement toujours entourées menacent à la fois leur sécurité, leur santé et leurs biens et d’incertitude. Les jeunes se lancent dans des études ou se doivent décider de l’usage qu’ils feront de leurs modestes forment à des métiers sans savoir exactement quels seront ressources pour se protéger contre chacun de ces risques. les emplois disponibles, et les salaires correspondants, De même, un petit pays exposé au risque de très fortes lorsqu’ils entreront sur le marché du travail. Les adultes précipitations et à des chocs financiers internationaux doivent décider du montant à épargner pour leur retraite doit décider du montant des ressources qu’il investira et choisir des instruments à cet effet alors qu’ils n’ont pas dans des infrastructures de prévention des inondations et une idée précise de ce que seront leurs revenus et le de celui qu’il épargnera pour se prémunir contre les effets rendement de leurs investissements, leur état de santé ou l’instabilité financière. combien de temps ils vivront. Les agriculteurs décident de Lorsque des individus prennent volontairement des ce qu’ils vont planter et des intrants agricoles qu’ils risques dans la recherche d’opportunités, ils doivent faire utiliseront sans vraiment savoir si les précipitations seront aussi la part entre le rendement espéré et les pertes suffisantes, s’il existera une demande pour leurs produits, potentielles. Ce compromis s’intensifie lorsqu’un et à quel prix ils pourront les vendre. Enfin, les pouvoirs rendement plus élevé implique une plus grande prise de publics fixent les taux d’intérêt et le niveau des déficits risque. C’est généralement le cas pour les investissements publics, alors qu’ils ne sont pas certains de la manière financiers, dans le cas desquels les positions peu risquées dont évolueront les conditions extérieures, le taux de se caractérisent par un faible rendement tandis que les croissance de la productivité intérieure et les marchés placements plus risqués peuvent générer des rendements financiers. plus élevés13. Le compromis entre risques et rendement peut également être perçu comme une réalité dans le Le choix en situation d’incertitude dans l’analyse contexte de certaines actions de développement : à titre économique et les politiques publiques d’exemple, l’opinion publique peut associer, à l’instar de certains experts, l’augmentation de la croissance Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’analyse des choix économique à une moindre protection de l’environ- en situation d’incertitude et de ressources limitées nement ou à un accroissement des inégalités14. Si les soit, depuis des siècles, un élément central des sciences compromis de ce type ne sont pas toujours présents, la économiques et des politiques publiques. L’approche gestion du risque exige qu’ils soient néanmoins pris en fondamentale de la prise de décision en situation d’incer- considération comme des possibilités réelles. titude, telle qu’elle a été définie par Daniel Bernoulli au La gestion du risque suppose de tenir compte non XVIIIe siècle, puis modélisée par John von Neumann seulement de ces compromis, mais aussi des synergies et Oskar Morgenstern en 1944, repose sur l’idée selon de nature à réduire les coûts des mesures de préparation laquelle les individus optimisent «  l’utilité  » espérée (ou et des conséquences des risques. Ces dernières peuvent leur perception subjective du bien-être) des résultats aussi favoriser l’atténuation des risques et accroître les possibles de leurs décisions18. Cette approche suppose bénéfices espérés. Ces synergies gagnantes pour tous sont que les individus font des choix rationnels, en fonction très fréquentes et doivent être exploitées — ce qui ne veut de leurs préférences à l’égard des risques encourus, de pas dire qu’elles ne sont pas coûteuses ou toujours faciles leur connaissance des résultats potentiels et de leurs à mettre en œuvre. Ainsi, les investissements dans la probabilités associées. nutrition et les soins préventifs favorisent l’accroissement Cette approche, bien que très utile, a été contestée de la productivité des individus tout en réduisant leur pour deux raisons : la première objection tient au fait que vulnérabilité aux maladies15. De même, les améliorations les individus ne semblent pas agir de manière pleinement du climat d’investissement, par exemple la rationalisation rationnelle, peut-être parce que l’incertitude complique des réglementations et l’élargissement de l’accès au crédit, à tel point le processus décisionnel qu’ils préfèrent s’en peuvent contribuer à dynamiser le secteur des entreprises tenir à des règles comportementales simples qui évoluent et à accélérer sa croissance, tout en renforçant sa capacité dans le temps mais ne sont pas toujours optimales. Les d’adaptation aux chocs négatifs16. À l’échelle macroé- travaux de Maurice Allais, dans les années  50, et de conomique, la poursuite de politiques monétaire et Daniel Kahneman et Amos Tversky, dans les années  70, budgétaire rigoureuses, qui se traduisent par une inflation ont appelé l’attention sur les limites du comportement modérée et des déficits publics soutenables, peut stimuler humain et sur les tendances innées qui se manifestent dès la croissance économique tout en réduisant une forte lors qu’un individu est amené à prendre des décisions en volatilité en cas de chocs externes et internes17. situation d’incertitude19. La seconde objection est que les individus ne prennent pas leurs décisions de façon isolée mais de Qu’implique une gestion efficace manière collective, essentiellement parce que les résultats des risques ? potentiels de ces dernières peuvent être fortement Le philosophe grec Héraclite a écrit que «  rien n’est influencés par la manière dont ils coordonnent leurs permanent, sauf le changement  ». Or, le changement est actions. Les travaux de Duncan Black dans les années 40 porteur d’incertitude. Pour améliorer leur ordinaire, les et de James Buchanan et Mancur Olson dans les années 60 Risques et opportunités 11 mettent l’accent sur les carences de l’action collective et les Décrire l’action collective à engager à différents niveaux •   obstacles qu’elle rencontre20. Si elle concerne à l’origine la de la société pour venir à bout des obstacles rencontrés fourniture de biens publics par l’État, la théorie du choix en matière de gestion du risque et définir le rôle public couvre en fait toute mesure prise par un groupe potentiel des différents groupes (voir ci-après la section quelconque, depuis les ménages jusqu’aux collectivités de intitulée « La voie à suivre »). toutes tailles. Elle montre fondamentalement que s’il est très utile de coordonner l’action collective, il est aussi très Comprendre l’environnement dans lequel difficile de déterminer comment y parvenir, surtout en s’inscrivent les risques et les opportunités : situation d’incertitude. la chaîne des risques D’autres économistes se sont attaqués au problème de l’action collective sous un autre angle et ont énoncé un Le monde est en perpétuelle mutation et génère des chocs certain nombre de principes critiques dans l’espoir d’y qui ont une incidence sur les individus et les sociétés. Ces apporter une solution. Dans les années  60 et 70, Leonid chocs peuvent être positifs (pluies abondantes, aubaine Hurwicz, Roger Myerson et Eric Maskin on fait œuvre de financière liée à l’amélioration des termes de l’échange) pionniers avec la théorie de la conception des mécanismes ou négatifs (maladies, guerres). Ils peuvent toucher des d’incitation pour assurer l’efficience des marchés, des groupes restreints (familles, communautés rurales) ou organisations et des institutions, et en défendant l’idée plus importants (régions, pays). Leurs effets peuvent être centrale selon laquelle les contraintes d’incitation soudains (catastrophes naturelles, chocs financiers) ou sont aussi importantes que les contraintes budgétaires progressifs (transition démographique, évolution des pour comprendre le processus de prise de décision face technologies, changements environnementaux). Les à l’incertitude21. Cette analyse est particulièrement conséquences de ces chocs peuvent être favorables ou importante dès lors qu’il s’agit de définir les meilleures préjudiciables, importantes ou limitées, et se faire sentir à manières de coordonner l’action collective d’un groupe, l’échelle individuelle ou collective, selon les interactions quel qu’il soit, en particulier lorsque ce dernier opère entre les chocs et les conditions internes et externes qui dans un contexte caractérisé par l’asymétrie de l’infor- caractérisent le système social et économique (ménage, mation, des intérêts divergents et des informations collectivité locale ou pays). L’important est que les effets limitées. Elle exige des analystes et des responsables de de ces chocs peuvent être atténués par les mesures qui ont l’action publique qui ne se contentent pas d’examiner les préalablement été prises pour se préparer aux risques et y ressources globales, mais s’interrogent sur ce qui explique faire face. et motive les actions des individus et des organisations, Ces interactions peuvent être présentées sous la notamment en matière de gestion du risque. forme d’une chaîne des risques (diagramme 1) applicable à différents contextes et types de risques22. À titre Cadre analytique de la gestion du risque d’exemple, le risque qu’un individu tombe malade lors d’une pandémie dépend de la mesure dans laquelle Les enseignements tirés de l’analyse économique des le virus est contagieux (choc initial), de la densité de choix en situation d’incertitude permettent de définir un population et des conditions de vie dans la région où il cadre analytique de la gestion du risque. Le Rapport sur habite (environnement externe ou degré d’exposition), le développement dans le monde 2014 propose un cadre de sa susceptibilité personnelle au virus (conditions s’articulant autour de plusieurs étapes interdépendantes internes liées à son âge ou à son système immunitaire) visant à : et des mesures préventives qu’il prend pour éviter d’être •   Évaluer les buts fondamentaux de la gestion du risque et contaminé ou de transmettre le virus, telles que le lavage les motivations auxquelles elle répond, à savoir la régulier des mains ou le port d’un masque (gestion du résilience face aux événements défavorables et la risque). De même, la capacité d’une entreprise à tirer prospérité par la recherche de nouvelles opportunités parti de nouveaux outils et avancées technologiques est (voir les deux premières sections ci-dessus). fonction des caractéristiques de la technologie considérée (choc initial), des infrastructures nationales existantes, Comprendre l’environnement dans lequel s’inscrivent •   qui peuvent conditionner l’accès de l’entreprise à cette les risques et les opportunités (désigné ci-après par technologie (environnement externe), de la capacité l’expression « chaîne des risques »). d’innovation de l’entreprise (conditions internes), ainsi Cerner ce qu’implique la gestion du risque : c’est-à-dire •   que du capital dont elle dispose et de sa connaissance des la préparation et l’adaptation aux événements favorables avantages et inconvénients potentiels de la technologie et défavorables (voir ci-après la section portant sur « les (gestion du risque). composantes de la gestion du risque »). Dans ce contexte, le risque est défini par la possibilité •   Évaluer les principaux obstacles auxquels sont de pertes. Pour autant, le risque n’est pas systémati- confrontés les individus et les sociétés en matière quement une mauvaise chose, puisqu’il faut prendre de gestion du risque, et notamment les contraintes des risques pour pouvoir saisir les opportunités. au niveau des ressources, de l’information et des L’opportunité s’entend de la possibilité de progrès ou incitations (voir ci-après la section intitulée « Au delà de gain et correspond donc à la dimension positive du de l’idéal »). risque. Le degré d’exposition aux risques est fonction de 12 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 8 WO R L D D E V E LO P M E N T R E P O RT 2 0 1 4 Di ag r a m m e 1  La chaîne des risques : le choc, le degré d’exposition, les conditions internes et les mesures de gestion du risque déterminent la nature et l’ampleur des conséquences Environnement externe Risk Gestion Chocs management du risque Conséquences Internal Conditions internes Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. Note : Les flèches symbolisant les effets de rétroaction dans le diagramme de la chaîne des risques représentent les effets potentiels des chocs passés sur le degré d’exposition et les conditions internes, ainsi que sur la propension aux chocs futurs. De la même façon, l’efficacité de la gestion du risque par les individus peut influer sensiblement sur la nature des chocs futurs et la propension à ces risques. l’environnement externe. Ainsi, le degré d’exposition les individus et les pays à bien gérer les chocs positifs. De d’une maison au risque d’inondation côtière dépend fait, la bonne gestion des évènements favorables est une de sa situation géographique. Une situation de vulnéra- condition essentielle du renforcement dans le temps de bilité existe dès lors que des individus sont éminemment la capacité d’adaptation des individus aux chocs négatifs. susceptibles de subir des pertes liées à des chocs négatifs Ainsi, la gestion des bons rendements obtenus lors des en raison des effets conjugués de leur forte exposition années de pluies abondantes peut fortement influer sur la à ces chocs, de la faiblesse des conditions internes et capacité des agriculteurs à faire face à une sécheresse. La d’une gestion du risque défaillante. À titre d’exemple, gestion du risque a donc pour double objectif de réduire une institution financière fortement endettée qui prend les pertes et d’accroître les bénéfices que les individus des positions assorties de risques élevés sans mettre en tirent de la prise de risques. place de couvertures correspondantes s’expose à chocs économiques ou financiers. De même, les ménages Préparation et adaptation : les composantes pauvres qui ont peu de biens et des revenus irréguliers de la gestion du risque peuvent être particulièrement vulnérables à des hausses des prix alimentaires. Pour atteindre cet objectif, la gestion du risque doit La gestion du risque est le processus qui consiste à faire conjuguer la capacité de préparation aux risques et face aux risques, à s’y préparer et à faire face à leurs effets. l’aptitude à y faire face, en tenant compte du coût initial La résilience, ou capacité d’adaptation, s’entend de la des mesures de préparation au regard de leurs bénéfices capacité des individus, des sociétés et des pays à se relever probables. Dans le droit fil des importants travaux de chocs défavorables, tout en préservant ou en renforçant d’Isaac Ehrlich et de Gary Becker, la préparation doit leur aptitude à fonctionner. Nombre d’études récentes sur s’articuler autour de trois axes qui peuvent faire l’objet les risques dans le contexte du développement insistent de mesures anticipées : l’acquisition de connaissances sur la contribution majeure que peut avoir leur gestion ou l’information, la mise en place d’une protection et au renforcement de la résilience aux chocs négatifs. Pour l’obtention d’une assurance23. Une fois qu’un risque (ou autant, la gestion du risque ne peut contribuer à l’accrois- une opportunité) se matérialise, les individus prennent sement de la prospérité et du bien-être que si elle aide aussi des mesures d’adaptation (diagramme 2). Pour être Risques et opportunités 13 Di ag r a m m e 2  Composantes interdépendantes de la gestion du risque Assurance Transférer des ressources entre individus et dans le temps, des états favorables aux états défavorables de la nature Connaissance Comprendre les chocs, les Adaptation conditions internes et externes et Se relever des pertes subies leurs conséquences potentielles, et tirer le meilleur parti afin de réduire l’incertitude des avantages Protection Réduire la probabilité et l’ampleur des pertes ou accroître la probabilité et l’ampleur des gains Préparation Adaptation Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. efficace, une stratégie de gestion du risque doit s’appuyer des informations qu’ils peuvent se procurer, mais aussi de sur les quatre composantes suivantes : connaissance, la qualité de celles que leur fournissent d’autres systèmes protection, assurance et adaptation. Ces composantes sociaux et économiques. À cet égard, les pouvoirs publics peuvent se renforcer mutuellement au travers de leurs ont un rôle majeur à jouer en améliorant la disponi- interactions. À titre d’exemple, l’acquisition de nouvelles bilité, la transparence et la fiabilité des informations connaissances ou informations peut favoriser l’adoption présentant un intérêt particulier pour la préparation aux de décisions plus avisées en ce qui concerne la répartition risques (telles que les comptes nationaux, les statistiques des ressources entre assurance et protection. De même, du travail, certains signaux du marché, les prévisions l’amélioration des dispositifs d’assurance et de protection météorologiques). L’État peut aussi s’employer à réduire peut contribuer à réduire le coût de l’adaptation et les les incertitudes que peuvent engendrer la poursuite de difficultés qu’elle soulève. Divers obstacles entravent politiques publiques incohérentes, les retards dans la mise toutefois la mise en œuvre de ce type de stratégie de en œuvre des réformes et l’apport de fréquentes modifi- gestion du risque, comme on le verra ci-après. cations au cadre réglementaire. La connaissance concernant les risques a longtemps fait défaut dans les pays en développement, mais la Connaissance situation s’améliore dans plusieurs domaines essentiels L’obtention de connaissance permettant de réduire comme les maladies, les cycles économiques et les les incertitudes auxquelles font face les individus catastrophes naturelles. Les nouvelles technologies lorsqu’ils sont confrontés à des risques et saisissent des contribuent fortement à l’amélioration de ce que l’on opportunités, est la première composante de la gestion sait des chocs potentiels et sur les réponses à y apporter. du risque. La connaissance ne se limite pas à l’acqui- Ainsi, au Ghana, comme dans 15 autres pays africains, les sition d’informations : s’il est certes nécessaire d’obtenir agriculteurs reçoivent directement sur leurs téléphones des informations sur les événements qui pourraient se mobiles des informations particulières sur le marché, et produire et sur leur probabilité, encore faut-il utiliser sont ainsi mieux à même de réagir à l’évolution des prix ces informations pour évaluer le degré d’exposition à ces des produits agricoles et de la demande24. De même, la évènements, en mesurer les conséquences éventuelles, mondialisation et les progrès scientifiques ont favorisé et décider des mesures à prendre. Il s’agit en d’autres l’amélioration des connaissances sur de nombreux termes d’évaluer les informations obtenues et de porter agents pathogènes, et notamment sur les moyens de les un jugement sur leur base. De plus, la compréhension dépister et de les diagnostiquer rapidement pour lutter que les individus ont des risques dépend non seulement plus efficacement contre les maladies. Grâce aux avancées 14 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 technologiques, la collaboration entre scientifiques et aux groupes les plus vulnérables pour les aider à faire face responsables de l’action publique s’est renforcée, et les à des circonstances difficiles26. médias peuvent désormais informer le public partout Suivant le cas, assurance et protection peuvent dans le monde, y compris dans les régions les plus présenter des synergies ou exiger des compromis. Dans la reculées. mesure où les personnes assurées ressentent moins le besoin de prendre des mesures préventives pour éviter Protection des  situations défavorables, assurance et protection sont La protection s’entend de toute mesure de nature à réduire mutuellement substituables. Pour autant, lorsque les la probabilité et l’ampleur des conséquences défavorables mesures que certains individus prennent pour se protéger d’un événement donné ou à accroître la probabilité et leur permettent de souscrire plus facilement une assurance ou d’en réduire le coût, protection et assurance l’ampleur de ses effets positifs. Les pays en dévelop- peuvent être complémentaires27. À titre d’exemple, un pement ont considérablement amélioré certains aspects non-fumeur pourra plus facilement s’affilier à un régime de la protection contre les risques au cours des dernières d’assurance maladie, et à moindre coût. Pour que décennies. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, protection et assurance puissent ainsi se compléter, il faut la proportion de la population ayant accès à des services généralement que les mesures de protection soient d’assainissement améliorés a été portée de 36 % en 1990 visibles. Si ce constat est particulièrement pertinent dans à 56 % en 2010, tandis que les taux de vaccination contre le cas des mécanismes communautaires informels de la rougeole ont doublé, passant de 41 % en 1985 à 83 % en partage des risques, il l’est aussi de plus en plus dans le 201025. Ces avancées et d’autres mesures de prévention contexte des régimes d’assurance formels grâce aux sanitaire ont contribué à la réduction des taux de avancées technologiques. Ainsi, les nouveaux dispositifs mortalité infantile et maternelle. Après les cycles répétés dont peuvent être équipées les voitures peuvent permettre de forte inflation observés dans les années 70 et 80, aux assureurs de moduler le montant des primes nombre de pays en développement ont mis en place des d’assurance qu’ils appliquent en fonction de la manière cadres de politiques budgétaire et monétaire judicieuses dont les automobilistes conduisent28. qui ont contribué à réduire la gravité et l’incidence des Connaissance, assurance et protection sont les grandes récessions (encadré  2). Enfin, le recours accru composantes de la préparation. Les actifs que possèdent les à des systèmes d’alerte rapide a permis de renforcer la ménages, les collectivités et les États, et les services fournis protection des populations exposées aux catastrophes par les marchés et le secteur public sont les éléments qui naturelles et de réduire les pertes humaines causées par conditionnent le niveau de préparation aux risques, des catastrophes de grande ampleur. lequel influe à son tour sur l’ampleur des conséquences des événements. Il existe en général une corrélation entre Assurance le degré de préparation aux risques des membres de la Les mesures de protection ne pouvant pas éliminer population d’un pays et le revenu national de ce dernier. complètement la possibilité d’événements défavorables, Les divergences notables qui peuvent être observées entre l’assurance offre un moyen d’amortir l’impact de certains les pays d’une même région montrent toutefois que les chocs. Elle recouvre l’ensemble des instruments politiques publiques influent sur le degré de préparation au-delà de l’accès aux ressources (encadré 3). permettant de transférer des ressources au niveau des individus ou dans le temps lorsque des circonstances jusqu’alors favorables se dégradent. Dans certains cas, les Adaptation régimes d’assurance qui couvrent des risques spécifiques La quatrième composante de la gestion du risque est l’adaptation, qui recouvre l’ensemble des mesures prises sont commercialisés sur des marchés spécialisés qui dès lors qu’un risque (ou une opportunité) se concrétise. relèvent du système financier. Toutefois, dans les pays en L’adaptation consiste donc à appliquer les informations développement, les marchés formels de l’assurance ne réunies, les mesures de protection et les dispositifs sont pas très accessibles, et les individus doivent généra- d’assurance mis en place au cours de la phase de lement recourir à des formes d’autoassurance qui se préparation. La relation entre adaptation et préparation révèlent le plus souvent relativement coûteuses et peu devient très fluide dans le cas de risques de nature efficaces, et qui consistent, par exemple, à mettre de côté évolutive. Il s’agit alors d’actualiser les informations des biens durables (des bijoux, notamment) pouvant être pertinentes, en assurant le suivi et l’évaluation des vendus en cas d’imprévu. Un grand nombre de ménages nouveaux risques et en adaptant en conséquence les se regroupent également au sein de réseaux communau- mesures qui peuvent être prises et qui pourraient s’avérer taires informels de partage des risques. Les programmes nécessaires. de microfinance et de microassurance offrent par ailleurs Les décisions concernant l’ampleur des efforts de de plus en plus de nouveaux instruments de gestion préparation ont des répercussions sur la nature des du  risque. Tout comme les programmes traditionnels mesures d’adaptation nécessaires, ce qui peut enclencher d’assistance sociale, les programmes de transferts un cercle vicieux ou vertueux en matière de gestion du monétaires conditionnels et d’autres régimes d’assurance risque. Lorsque des mesures de préparation efficaces sociale permettent à l’État de transférer des ressources permettent de limiter les effets préjudiciables de chocs Risques et opportunités 15 E n c a d r é 3  La préparation aux risques : écarts relevés d’un pays à l’autre Indice de préparation aux risques dans le monde Quintile le moins préparé Quintile le mieux préparé Données manquantes Au niveau national, la préparation aux risques regroupe l’ensemble des budgétaire, basé sur le montant de la dette publique brute exprimé en actions et contributions de tous les groupes sociaux et économiques et pourcentage des recettes publiques (soutien de l’État)a. des institutions, y compris l’État. La carte ci-dessus indique le niveau de L’indice de préparation aux risques met en évidence l’existence, en l’indice de préparation aux risques dans le monde. Cet indice, établi règle générale et seulement jusqu’à un certain point, d’une corrélation pour le Rapport sur le développement dans le monde 2014, regroupe des entre le degré de préparation aux risques et le revenu national. Les popula- mesures d’actifs et de services dans quatre grands domaines influant tions les mieux préparées se trouvent, en moyenne, généralement dans directement sur la préparation aux risques : le capital humain, les actifs les  pays à revenu relevé (surtout en Amérique du Nord et en Europe physiques et financiers, le soutien social et le soutien de l’État. Les occidentale), et les moins préparées dans les pays à faible revenu (en parti- indicateurs pris en compte dans le calcul de l’indice sont : le nombre culier en Afrique). Il existe cependant des écarts importants entre les pays moyen d’années de scolarisation des personnes âgées de 15 ans et plus d’une même région. Le Chili, par exemple, est raisonnablement bien et le taux de vaccination contre la rougeole (capital humain) ; la préparé aux risques, tandis que l’Argentine, qui se trouve juste à l’est du proportion de ménages disposant de biens d’une valeur nette Chili, n’est que moyennement bien préparée, bien que ces deux pays inférieure à 1 000 dollars, et un indice relatif à l’accès aux financements affichent des niveaux de revenu par habitant comparables. Le même (actifs physiques et financiers) ; le pourcentage de la population active constat vaut pour l’Éthiopie, mieux préparée aux risques que les pays de la cotisant à un régime de pension et la proportion de personnes région ayant un revenu par habitant similaire, voire supérieur. Ces résultats interrogées ayant déclaré qu’« en général, on peut faire confiance aux mettent en évidence l’importance de la contribution des politiques gens » (soutien social) ; la proportion de la population ayant accès à des publiques au degré de préparation aux risques au-delà du revenu national installations d’assainissement améliorées et un indicateur de l’espace et de l’accès aux ressources. Source : pour le Rapport sur le développement dans le monde 2014. Numéro de carte : IBRD 40097. a. Les huit indicateurs ont été replacés sur une échelle comprise entre 0 et 1. L’indice, qui est égal à la moyenne de ces derniers, conserve par conséquent leurs propriétés de nombres cardinaux et ne constitue pas une simple moyenne des classements obtenus pour les différentes composantes. Cette approche suit en partie la méthode utilisée pour l’établissement des indicateurs de gouvernance dans le monde (voir Kaufmann, Kraay et Mastruzzi 2010). Chaque indicateur peut au besoin être transformé afin que toute augmentation de sa valeur représente une amélioration. négatifs, les efforts d’adaptation requis peuvent être très la guérison, et réduire le montant des frais médicaux que limités, ce qui permet de continuer d’investir dans la doit financer la famille. Au niveau macroéconomique, gestion du risque et, ainsi, de réduire la vulnérabilité aux certains éléments indiquent qu’en réduisant les pertes chocs futurs. À l’échelle des ménages, par exemple, dues aux catastrophes naturelles, la préparation aux lorsqu’un membre de la famille tombe malade ou est risques pourrait contribuer à soutenir, voire à accélérer la victime d’un accident, l’affiliation à un régime d’assu- croissance économique29. rance-maladie peut faciliter la prise en charge médicale et 16 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 À l’inverse, lorsque les efforts de préparation sont propositions sont restées lettre morte. Une mousson limités ou lorsque survient un choc d’ampleur inattendue, particulièrement violente a frappé la ville en 2005 ; elle a l’adaptation peut s’effectuer au gré des circonstances et entraîné la mort de plus de 400 personnes, a causé des exiger des interventions coûteuses. Les ressources allouées dommages importants aux édifices et aux infrastructures à la gestion des risques futurs s’en trouvent réduites et a interrompu l’activité économique et financière. Le d’autant, ce qui ne peut qu’aggraver la vulnérabilité aux comité d’enquête qui a été constitué a formulé des chocs et affaiblir la capacité des ménages à saisir de recommandations pour la modernisation du système de nouvelles opportunités. La perte d’actifs résultant des drainage ; celles-ci, qui sont tristement similaires à celles catastrophes naturelles qui frappent des pays aussi présentées dans les années 90, n’étaient toujours pas différents que l’Éthiopie et le Honduras — et qui peut être appliquées en 2013. La capitale financière indienne reste due aux dégâts directement causés par un ouragan ou par donc extrêmement vulnérable aux pluies de mousson. une sécheresse, à l’absence d’assurance ou à la vente en catastrophe de biens personnels — a des incidences Pourquoi les individus ne parviennent-ils pas à majeures à court et à long terme : elle enferme les ménages mieux gérer leurs propres risques ? démunis dans la pauvreté, ce qui ne fait qu’accentuer leur vulnérabilité à des chocs négatifs futurs, et limite leurs Insuffisance des ressources. Même lorsqu’une stratégie de capacités à prendre des initiatives pour améliorer leur gestion du risque est efficace par rapport à son coût, les situation30. De même, si les mesures d’adaptation prises individus et les groupes qui ont un accès limité au crédit par les États durant la crise financière de 2008-09 (plans peuvent éprouver des difficultés à l’adopter parce qu’elle de renflouement des grandes sociétés financières, mesures entraîne des coûts initiaux importants. Le manque de relance budgétaire, périodes prolongées d’assouplis- d’actifs et de capitaux, problème qui est particulièrement sement de la politique monétaire, entre autres exemples) aigu dans les pays pauvres et en développement, peut ont contribué à calmer les marchés à court terme, elles accroître la difficulté que posent les compromis inhérents pourraient toutefois avoir des effets négatifs à long terme, à la gestion du risque et amener, par exemple, les pouvoirs notamment en accroissant fortement la dette publique publics à décider que, étant donné leur budget limité, il et en donnant aux institutions financières des incitations est plus important pour eux de privilégier les dépenses pernicieuses à prendre des risques. de consommation courante que la poursuite d’investis- sements dans des efforts de réduction des risques liés aux catastrophes. Au-delà de l’idéal : obstacles à la gestion du risque Manque d’information et déficiences cognitives. Parfois, les décideurs n’ont pas accès aux informations pertinentes, Si la gestion du risque peut sauver des vies, éviter des parce qu’elles ne leur sont pas communiquées ou n’existent pertes économiques et offrir des opportunités — et si, de pas, ou parce qu’ils n’ont pas les capacités requises pour surcroît, le rapport coût-bénéfice est favorable et ses comprendre les informations disponibles. Les déficiences fondamentaux sont bien compris — pourquoi les sociétés cognitives sont des obstacles réels et généralisés à la gestion et les individus qui les composent ne sont-ils pas plus du risque dans de nombreux contextes, même dans les adeptes à gérer les risques  ? Bien que la réponse à cette pays avancés. Selon une enquête menée aux États-Unis, question diffère selon les cas, elle est néanmoins toujours par exemple, seulement 31 % des propriétaires de maisons liée aux obstacles et aux contraintes auxquelles se construites dans des régions sujettes à inondation savaient heurtent les individus et les sociétés, notamment le qu’ils étaient exposés à un tel risque31. Les répercussions de manque de ressources et d’information, les déficiences cas extrêmes d’absence d’informations et de connaissances cognitives et les biais de comportement, l’absence de — qualifiée d’« incertitude profonde » — sont examinées marché et de biens publics, et les externalités sociales et ci-après. économiques. Cette constatation débouche sur un important principe. Il ne suffit pas d’identifier les risques : Biais de comportement. Même lorsque l’information il importe aussi de recenser les obstacles à leur gestion, de existe, les décideurs peuvent ne pas être en mesure de classer ces derniers par ordre de priorité et de chercher à concrétiser les connaissances acquises par des mesures et les surmonter en menant des actions dans le cadre du des comportements qui leur permettraient de se préparer secteur privé et du secteur public (encadré 4). à faire face aux risques. Dans bien des cas, les décideurs et Prenons le cas de Mumbai. Le réseau d’assainissement les responsables de l’action publique semblent oublier de la ville a été construit il y a plus de 100 ans et peut à rapidement l’origine de divers types de crise. Les crises peine absorber les pluies de mousson annuelles. De financières systémiques, par exemple, sont presque nombreux rapports et propositions ont été présentés, qui toujours précédées par une période de forte concentration expliquent de manière détaillée pourquoi il est nécessaire et de rapide augmentation du crédit, et ce processus de procéder à des investissements, notamment pour semble bien compris32. Les responsables de l’action installer des stations de pompage et enlever les débris afin publique ne s’emploient toutefois guère à maîtriser les d’accroître la capacité du système de drainage des eaux de phases de gonflement du crédit. Il est possible que l’inca- pluie. Pourtant, à quelques exceptions près, ces pacité à gérer des efforts de préparation au risque en Risques et opportunités 17 E n c a d r é 4  Une conception des politiques qui tient compte des éléments essentiels et des obstacles à la gestion du risque Pour qu’une politique publique puisse être efficace, sa conception doit risque. Le diagramme ci-après présente une série de tableaux conçus donner lieu non pas simplement à un recensement des risques qui pour faciliter la prise de décision — en aidant à déterminer les carences peuvent exister mais aussi à l’analyse des obstacles à la gestion du cruciales et en suggérant des interventions efficaces et peu coûteuses. a.  Série de filtres à l’appui de la gestion du risque Évaluation Évaluation Évaluation des Évaluation Conception Évaluation des incitations des risques de l’information comportements des ressources des politiques Quelle est De mauvaises incitations Les décideurs Les biais cognitifs Les ressources Quelles politiques l’ampleur amènent-elles à prendre trop sont-ils mal et de comportement et l’accès aux faudrait-il des risques ou trop peu de risques ? informés ? compromettent-ils ressources mettre en œuvre ? auxquels En raison En raison nous sommes la gestion du risque ? sont-ils trop de défaillances de défaillances confrontés ? limités ? du marché ? de l’État ? Cette méthode concrète permet de dégager deux principes importants peuvent ne pas être optimales dans l’immédiat mais qui permettront pour la conception des politiques de gestion du risque : d’obtenir des résultats acceptables pour une large gamme de scénarios et qui pourront être facilement adaptées sur la base de nouvelles Il faut être réaliste. Il importe de recourir de préférence à des instruments informations. La constitution de solides bases pour la gestion du risque de gestion du risque simples lorsque les capacités sont limitées. Les responsables de l’action publique doivent privilégier les tâches les plus exige une optique à long terme, crée les incitations nécessaires et réduit aisées et les solutions qui procurent des avantages à tous. Il est le risque que les mesures prises n’aient des effets inattendus négatifs. Elle préférable de commencer par adopter des mesures non contraignantes contribue également à garantir que les politiques seront suffisamment qui ont pour effet de modifier les incitations (comme l’amélioration des souples pour pouvoir être adaptées lorsque de nouvelles informations règlements de zonage dans les zones côtières) plutôt que de prendre deviendront disponibles (une analyse plus poussée de ces deux points des mesures techniques sophistiquées (comme la construction de est présentée dans la section intitulée « Cinq principes pour une action digues pour prévenir les inondations). Il est en outre particulièrement publique propice à l’amélioration de la gestion du risque » qui se trouve à rentable de renforcer les capacités utiles à la gestion de risques de la fin de cet abrégé). diverses natures, tels que la capacité de réaliser des évacuations sur une L’examen des composantes fondamentales de la gestion du risque grande échelle (ce qui est important aussi bien en cas de cyclone que ainsi que des principaux obstacles auxquels celle-ci se heurte, sous d’accident nucléaire, par exemple). Les options envisagées dans le cadre l’angle de ces deux principes, peut aider à déterminer les mesures de politiques réalistes doivent éviter que la gestion du risque n’ait des particulières qui présentent le plus d’intérêt dans différents contextes. conséquences défavorables inattendues ; elles doivent offrir des Par exemple, les pays dotés de ressources ou de capacités institution- incitations propices à l’optimisation des capacités de tous  ; et elles nelles limitées devraient privilégier des actions qui ont un caractère doivent permettre de protéger les plus vulnérables, qui sont souvent les fondamental, tandis que les pays qui sont déjà dotés de solides bases en moins en mesure d’appliquer des solutions idéales mais coûteuses. matière de gestion du risque peuvent formuler des stratégies plus Il faut établir de solides fondations pour améliorer progressivement la complexes. Ce cadre est utilisé tout au long du Rapport sur le dévelop- gestion du risque. Il est souvent utile de prendre des dispositions institu- pement dans le monde 2014 pour organiser les stratégies de gestion du tionnelles lorsque leur nécessité est évidente, par exemple après une risque et établir leur ordre de priorité en fonction des quatre grandes catastrophe, et de s’assurer qu’elles ne pourront pas facilement être composantes de la gestion du risque (connaissance, protection, éliminées une fois que le souvenir de la catastrophe en question se sera assurance et adaptation) pour différents systèmes sociaux et estompé. Cette irréversibilité institutionnelle doit aller de pair avec une économiques, allant des ménages à la communauté internationale. mise en œuvre souple et un apprentissage continu. Les responsables de Ces  stratégies sont regroupées dans les tableaux correspondants pour l’action publique doivent viser à formuler de robustes politiques qui chacun de ces systèmes (diagramme b). b.  Cadre des priorités des politiques publiques Politiques d’appui à la gestion du risque Fondamentales Complexes Connaissance Protection Assurance Adaptation Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. 18 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 temps normal (en constituant une épargne de précaution ne militent pas en leur faveur ou bien n’ont pas la même ou en établissant des plans de préparation aux situations influence que les groupes de pression. Les puissants de catastrophe, par exemple) tienne à un sentiment de lobbys du tabac et de l’amiante, par exemple, parviennent sécurité illusoire. Il est aussi possible qu’elle tienne au à bloquer le passage d’utiles réglementations sanitaires, « paradoxe de la protection » : les mesures de protection alors même que les faits scientifiques sont bien établis. Les contre le risque qui permettent d’éviter toute perte politiques peuvent aussi créer des distorsions et même des pendant une longue période peuvent créer un climat de mesures prises dans de bonnes intentions compromettent confiance infondé, qui entraîne une baisse de vigilance et la gestion du risque lorsqu’elles réduisent l’intérêt qu’ont de sensibilisation au risque pouvant se traduire, à terme, les citoyens à gérer leurs propres risques. Par exemple, une par des pertes plus importantes33. Dans bien des situations, un comportement apparemment irrationnel réponse mal conçue à une catastrophe peut générer un peut, en fait, être la conséquence d’incitations biaisées, aléa moral en décourageant les individus et les entreprises d’un manque d’information, ou de normes sociales et de de gérer leurs propres risques. La mise en place de filets de croyances culturelles particulières. protection trop généreux ou les opérations de sauvetage du secteur financier peuvent également dissuader le Des obstacles qui échappent au contrôle des secteur privé de prendre des précautions. individus compromettent leur gestion du risque Externalités sociales et économiques. Les mesures prises Absence de marchés et de biens publics. Les marchés par certaines personnes ou par certains pays pour gérer essentiels à une gestion du risque efficace — crédit, les risques peuvent avoir des effets préjudiciables sur assurance, emploi — sont précaires ou bien absents dans d’autres. Par exemple, l’emploi abusif d’antibiotiques de nombreux pays en développement. C’est également le s’est traduit par l’apparition de bactéries encore plus cas des biens publics et des services essentiels à la gestion résistantes aux médicaments. L’exploitation excessive des du risque — stabilité économique et politique, ordre public et infrastructures de base. Il se peut, en fait, que ressources naturelles communes telles que les océans, l’inexistence de marchés bien établis résulte des défail- les forêts et l’atmosphère — phénomène qualifié dans lances des biens publics qui sont censés les appuyer. Si, par les études de « tragédie du patrimoine commun  » — exemple, le système judiciaire n’impose pas le respect des entraîne également la dégradation de l’environnement, le contrats, il n’y a aucune raison de contracter des polices changement climatique et, à terme, le ralentissement de d’assurance médicale, automobile ou immobilière, et les la croissance économique35. Dans un domaine différent, marchés correspondants ne se mettent pas en place34. l’expansion monétaire des grandes économies avancées, L’absence de biens publics s’explique de nombreuses qui a pour objet de stimuler l’économie intérieure, manières mais seules les plus pertinentes pour la gestion engendre des entrées de capitaux déstabilisateurs dans les du risque seront examinées ici. La première, comme nous pays en développement et érode la valeur des actifs des l’avons vu, est le manque de ressources : il est tout épargnants et des contribuables intérieurs. De même, la simplement impossible à des pays en développement, mise en place de barrières commerciales pour protéger comme le Bangladesh ou le Viet Nam, qui sont exposés à les producteurs intérieurs en période de ralentissement des menaces similaires à celles auxquelles sont confrontés économique accroît les coûts assumés par les partenaires les Pays-Bas, de construire, comme ce pays, de coûteux commerciaux et peut provoquer des mesures de rétorsion ouvrages de protection contre les inondations. La seconde tient à l’économie politique de la gestion du risque. Les commerciales et ainsi transformer un repli économique pouvoirs publics peuvent hésiter à prendre des mesures de en une profonde récession mondiale36. D’autres mesures préparation aux risques parce que ces mesures ont des prises pour gérer le risque peuvent procurer des avantages coûts immédiats et observables tandis que les avantages à d’autres personnes que celles qui en assument le coût qu’elles peuvent procurer, pour aussi importants qu’ils et, par conséquent, offrir à ces dernières des incitations à puissent être, se manifesteront à plus long terme et seront exploiter ces avantages sans contrepartie. Cela se produit, moins visibles. par exemple, lorsque certains pays prennent des mesures coûteuses pour réduire leurs émissions de gaz à effet de Défaillances des pouvoirs publics. La gestion du risque serre, qui profitent au reste du monde. Les externalités, peut également être compromise par des défaillances des qu’elles soient positives ou négatives, peuvent compliquer pouvoirs publics dues à l’emprise de groupes d’intérêts le processus de gestion du risque, réduire sa prévisibilité spéciaux, à la corruption de représentants de l’État et à et biaiser les incitations. La solution consiste à mener une la poursuite d’actions qui sont sources de distorsions. Lorsque les entreprises et les individus qui pourraient action collective coordonnée — mais cela peut être difficile subir les effets négatifs de certaines mesures de gestion du lorsque les préférences, les valeurs et les situations sont risque jouissent d’une d’emprise politique, ils s’opposent très diverses. À titre d’exemple, c’est peut-être en raison naturellement de manière vigoureuse à l’adoption de ces des externalités et des échecs de l’action collective qu’il dernières alors que les personnes qui en bénéficieraient est aussi difficile de parvenir à un accord international n’en ont souvent pas connaissance et, par conséquent, contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre. Risques et opportunités 19 Incertitude profonde et solutions robustes L’« incertitude profonde » est un obstacle à la gestion Di ag r a m m e 3  Les grands systèmes sociaux et économiques du risque auquel il importe de prêter une attention peuvent contribuer à la gestion du risque de manière particulière. Également qualifiée d’incertitude de Knight complémentaire dans les milieux économiques37, l’incertitude profonde décrit une situation telle que même les spécialistes ne Gestion du risque par les individus peuvent s’entendre sur des modèles qui pourraient l’expliquer, sur les résultats qu’elle pourrait avoir, sur la probabilité qu’elle a de se matérialiser, et sur l’importance qu’il convient de lui accorder. De manière plus générale, la différence entre l’incertitude profonde et l’incer- L’État Société civile titude ordinaire est une question de degré, de fluidité et et secteur privé Protection sociale d’évolution. L’accumulation de connaissances contribue • Assurance maladie, Ménages à réduire le degré d’incertitude. L’histoire des sciences vieillesse et chômage • Liens familiaux • Aide et secours compte de nombreux exemples d’évolution progressive d’une situation d’incertitude profonde à une situation Biens publics Collectivités • Infrastructure • Action collective d’incertitude ordinaire, qui peut être gérée et maîtrisée. • Ordre public En attendant, que faire face à des « inconnues non • Défense nationale Secteur des entreprises connues » ? Politiques publiques • Emplois et revenus En situation d’incertitude profonde, il est préférable • Gestion Système financier de poursuivre des politiques flexibles et robustes qui macroéconomique • Assurance et crédit produisent des résultats acceptables dans une large • Cadre réglementaire gamme de scénarios et qui peuvent être révisées sur la base de nouvelles informations et en fonction de l’évolution du contexte38. Dans le domaine de la politique monétaire et financière, l’application de tests de résistance Communauté internationale aux banques et à d’autres institutions financières dans un • Ressources, compétences spécialisées, règles large éventail de situations, et notamment dans le cadre internationales et coordination de scénarios prospectifs de crise, est une pratique prometteuse39. Il importe par-dessus tout d’éviter des Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. plans qui sont conçus pour faire face aux situations les plus probables mais qui ont pour effet d’accroître la vulnérabilité à des évènements moins probables. Par exemple, les systèmes de digues érigés pour retenir les eaux de pluie ou de marées fortes mais normales peuvent, sécheresse suivie d’un choc des prix alimentaires, puis en fait, accroître la vulnérabilité des populations d’une situation d’insécurité alimentaire). concernées en leur donnant un sentiment de sécurité En partageant la gestion du risque avec d’autres, les illusoire et, par conséquent, en causant des dommages individus sont mieux à même d’affronter les risques beaucoup plus importants lorsqu’une inondation se qu’ils ne peuvent surmonter seuls. Ils peuvent regrouper produit. leurs risques dans le cadre de groupements sociaux et économiques qui se chevauchent (systèmes). En fait, la nécessité de gérer le risque et de poursuivre La voie à suivre : une approche intégrée des opportunités de manière collective peut, dans de de la gestion du risque nombreux cas, être initialement la principale raison de la formation de ces groupes ou systèmes40. Ces systèmes sont Les individus peuvent-ils, seuls, surmonter les obstacles d’envergure et de complexité croissante, allant du ménage auxquels ils se heurtent lorsqu’ils s’efforcent de gérer leurs à la communauté internationale. Ils ont la capacité d’aider risques ? Bien que les efforts menés, les initiatives prises et les individus à gérer le risque de manières différentes les responsabilités assumées par les individus eux-mêmes mais complémentaires (diagramme  3). Parce qu’ils ont soient essentiels à leur gestion du risque, ils n’auront des envergures différentes, ils peuvent également faire qu’un succès limité en l’absence d’un environnement face à des risques d’envergures et de nature différentes extérieur porteur. Si les individus peuvent, seuls, faire (encadré 5). face à de nombreux risques, ils sont fondamentalement mal placés pour surmonter des chocs importants (comme Le ménage constitue le premier système de soutien au •   la maladie du chef du ménage), des chocs systémiques sein duquel les ressources sont mises en commun. Il (une catastrophe naturelle ou une crise financière assure la protection de ses membres — en particulier internationale, par exemple), ou de multiples chocs qui se ceux qui sont vulnérables — et leur permet d’investir produisent simultanément ou successivement (tels qu’une dans leur avenir. 20 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 E n c a d r é 5  Quels systèmes peuvent faire face à quels risques ? Les êtres humains sont confrontés à toute une gamme de risques, et ces fonctions lorsque les marchés sont inexistants ou que certains individus différents systèmes économiques et sociaux peuvent les aider à gérer les n’y ont pas accès. risques qu’ils ne peuvent confronter seuls. Mais quels sont les systèmes Parce que les risques systémiques touchent un grand nombre de les mieux adaptés à chaque type de risque ? Deux grands principes personnes, ils ne peuvent pas être gérés seulement par les individus. Les peuvent guider l’établissement de l’ordre de priorité de la gestion du collectivités sont bien placées pour gérer les risques systémiques de faible risque pour les différents systèmes : envergure (comme des épisodes de violence localisés ou des inondations) 1. Selon le principe de la subsidiarité, les mesures axées sur les risques parce qu’elles sont proches des groupes de personnes touchées et sont doivent être prises au niveau le plus bas possible afin de tirer parti mieux à même de suivre la situation et d’apaiser les tensions locales. L’État des avantages conférés par la proximité et une meilleure connais- est également bien placé pour gérer les risques systémiques de faible sance des agents les plus directement touchés par les risques envergure (tels que des fluctuations modérées du niveau général des prix ou considérés, ainsi que par la possibilité d’assurer le suivi de la situation des pénuries alimentaires de portée régionale) parce qu’il a les moyens de ces agents ainsi que des risques auxquels ils sont exposés. requis pour agir au niveau macroéconomique et transférer des ressources 2. Selon le principe de l’avantage comparatif, les risques doivent être entre différentes parties du pays. gérés par le système qui permet d’y faire face le plus efficacement Étant donné que de nombreux agents sont durement touchés lorsque possible. d’importants chocs systémiques se produisent dans un pays, par exemple Les individus et les ménages sont bien placés pour assumer les risques une crise bancaire qui a des répercussions sur l’ensemble de l’économie ou intrinsèques (telles que des blessures peu graves ou une baisse de revenus) une catastrophe naturelle, ils ne peuvent s’entraider que dans une mesure tant que les pertes qu’ils peuvent encourir restent relativement faibles. Ils limitée. En d’autres termes, il est difficile au secteur privé, à lui seul, de sont mieux placés pour gérer ce type de risque parce qu’ils sont proches du regrouper des ressources et de s’assurer contre le risque systémique. L’État a niveau auquel le principal impact se fait sentir et parce qu’ils peuvent suivre donc un rôle unique au niveau de la gestion des grands risques systémiques la situation et les efforts déployés au sein du ménage. parce qu’il peut agir à l’échelle requise et dispose des instruments néces- Lorsque l’ampleur des pertes éventuelles s’accroît, les moyens dont saires pour se préparer à faire face à la situation au niveau national et disposent les individus peuvent rapidement s’épuiser. Les entreprises et les régional. Enfin, il est nécessaire d’obtenir l’appui concerté de la commu- systèmes financiers peuvent alors leur fournir des instruments et des nauté internationale lorsque d’importants risques systémiques font sentir mécanismes efficaces (examinés plus en détail dans les sections qui suivent) leurs effets au-delà des frontières nationales ou sont trop importants pour pour leur permettre de gérer les pertes que peuvent engendrer des chocs les capacités nationales. Les études de cas incluses dans le Rapport sur le intrinsèques (telles que la perte de son emploi par le chef du ménage ou développement dans le monde 2014 montrent comment les différents d’un logement par suite d’un incendie). L’État doit parfois assumer lui-même systèmes gèrent différents risques. Catégories de risques pouvant être gérés par différents systèmes et études de cas présentées dans le Rapport sur le développement dans le monde 2014 Risque intrinsèque Risque intrinsèque Risque systémique Risque systémique de d’envergure limitée de grande envergure d’envergure limitée grande envergure Secteur des Système le mieux à État et communauté Individus et ménages entreprises et Collectivité et État même de gérer le risque internationale système financier Risques pour la santé (Turquie et République Pénuries alimentaires Catastrophes naturelles kirghize) Éthiopie et El Salvador) (Philippines et Colombie) Études de cas Pertes d’emplois et de revenus (Inde) Violences urbaines Crises financières (République (Brésil et Afrique du Sud) tchèque, Pérou et Kenya) Pandémie (monde entier) Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. Les collectivités constituent des réseaux informels •   Le système financier peut faciliter l’accès à des outils •   d’assurance et de protection. Elles aident leurs membres de gestion du risque utiles tels que les instruments à faire face à des risques intrinsèques et regroupent les d’épargne, d’assurance et de crédit, tout en gérant ses ressources pour faire face à des risques communs. propres risques de manière responsable. Les entreprises peuvent aider à absorber les chocs •   L’État a l’envergure et les instruments requis pour gérer •   et exploiter les opportunités associées aux risques, les risques systémiques aux plans national et régional, contribuant ainsi à la stabilisation de l’emploi, à pour assurer un environnement porteur qui permet aux l’augmentation des revenus et à la promotion de l’inno- autres systèmes de fonctionner et pour fournir un appui vation et de la productivité. direct aux populations vulnérables. Il peut remplir ces Risques et opportunités 21 fonctions en assurant une protection sociale (assurance L’État, la société civile et le secteur privé et assistance sociales), en fournissant des biens publics s’entraident pour gérer le risque (défense nationale, infrastructures, ordre public), et en Aucun des systèmes sociaux et économiques présentés poursuivant les politiques publiques (réglementations précédemment ne fonctionne parfaitement. En fait, dans judicieuses, gestion économique). certains cas, ils entravent plus qu’ils ne facilitent la gestion La communauté internationale peut offrir ses •   du risque par les individus. Ils peuvent toutefois devenir compétences spécialisées, faciliter la coordination de des systèmes de soutien efficace lorsqu’il est remédié la politique internationale et regrouper des ressources à leurs insuffisances. L’État peut donc avoir un rôle lorsque les risques ne peuvent être gérés au moyen des important à jouer pour soutenir et compléter les fonctions seules ressources nationales ou lorsqu’ils transcendent assumées par les ménages, les collectivités, les entreprises les frontières nationales et les générations. et le système financier. En plus de remédier aux défail- lances du marché, il peut gérer les risques systémiques, Ces systèmes fonctionnent de manière interdé- mettre en place des institutions qui facilitent chacune des pendante  ; leurs fonctions de gestion du risque se composantes de la gestion du risque et assurer un appui complètent souvent et, parfois, se substituent les unes direct aux populations vulnérables. aux autres. Par exemple, les différents mécanismes de Il serait toutefois naïf de faire abstraction du fait que protection et d’assurance mis en place par les collectivités, l’État manque souvent à remplir son rôle. On observe les entreprises, le système financier et l’État peuvent malheureusement, tout au long de l’histoire et partout compléter et améliorer les systèmes d’autoprotection et dans le monde, de nombreux exemples de défaillance de d’autoassurance des ménages. Les entreprises ont besoin l’État41. L’échec des pouvoirs publics est par trop évident de stabilité macroéconomique, de services publics et de dans les États fragiles et touchés par un conflit. Que produits financiers pour rester dynamiques et continuer faire dans ce cas ? La société civile, le secteur privé et la d’assurer un revenu et un emploi aux individus. Le communauté internationale peuvent fournir les biens système financier ne peut proposer ses instruments et services publics dont les populations de ces pays ont d’assurance, d’épargne et de crédit que si les ménages et tant besoin — bien que de manière imparfaite. Dans les les entreprises sont en mesure de participer au système, et sociétés démocratiques en particulier mais également que si l’économie présente un certain degré de stabilité et ailleurs, ils peuvent également contribuer à améliorer de prévisibilité. Les marchés, en général, peuvent fournir la gouvernance et la prestation de services publics des outils de gestion des risques et des ressources sur une en instaurant des mécanismes pour amener l’État à plus grande échelle si les services publics nécessaires, s’employer à répondre aux besoins de la population et à comme l’État de droit et un cadre réglementaire bien rendre compte de ses actions42. conçu, ont été mis en place et fonctionnent de manière L’analyse qui suit évalue la contribution potentielle de efficace. La communauté internationale s’appuie en chaque grand système et propose différentes méthodes partie sur des gouvernements responsables qui sont prêts pour améliorer leur performance, que ce soit sur une à collaborer pour faire face aux risques mondiaux ; mais base individuelle ou conjointement à d’autres systèmes. elle peut aussi aider les autorités et les pays qui n’ont pas La contribution que peut avoir l’État est indiquée pour les ressources et les capacités nécessaires pour gérer les chaque système, en raison du rôle primordial qu’il joue ; risques. cette manière de procéder permet également de formuler L’importance relative de ces systèmes dépend du des recommandations particulières pour la politique niveau de développement. Dans les pays moins avancés, publique, d’examiner leur bien-fondé et les compromis et en particulier dans les États fragiles et touchés par qui s’imposent. un conflit, les mécanismes informels sont généralement plus répandus et les ménages et les collectivités occupent Le ménage une place relativement plus importante. Dans ces pays, la communauté internationale peut également jouer Comment le ménage peut-il promouvoir la un rôle plus marqué en apportant une aide financière résilience et la prospérité ? et en contribuant au renforcement des capacités. Au Pour la plupart des habitants de la planète, le ménage — fur et à mesure que les pays se développent — et que constitué par un groupe de personnes ayant des liens de les mécanismes informels font place à des mécanismes parenté — est la principale source de soutien matériel et formels — l’importance relative des contributions du moral sur laquelle ils peuvent compter pour faire face aux secteur des entreprises et du système financier s’accroît. risques et saisir des opportunités. Dans le droit fil de la Bien que l’État ait un rôle potentiel plus grand dans métaphore présentée par Gary Becker dans son traité sur les pays moins développés, il se heurte généralement à la famille intitulé A Treatise on the Family, les ménages des contraintes de capacité et de ressources financières sont des « petites usines  » qui produisent des biens et plus graves. Les relations interdépendantes et symbio- des services d’information, de protection et d’assurance tiques entre l’État, la société civile, le secteur privé et la en ayant recours, d’une part, à des «  intrants intermé- communauté internationale sont donc essentielles au diaires » obtenus du reste de la société et, d’autre part, aux processus de développement (voir ci-après). efforts conjoints et aux compétences des membres de la 22 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 F I G U R E 3  Les résultats dans le domaine de l’éducation et de la santé s’améliorent dans les pays en développement, bien que de manière inégale a.  Taux de vaccination contre la rougeole b.  Niveau d’éducation des personnes âgées de 15 à 24 ans 100 10 % des enfants âgés de 12 à 23 mois 9 90 Années d’éducation 8 80 7 6 70 5 4 60 3 50 2 1990 1995 2000 2005 2010 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Région Asie de l’Est et Paci que Région Europe et Asie centrale Région Moyen-Orient et Afrique du Nord Région Afrique subsaharienne Région Amérique latine et Caraïbes Asie du Sud OCDE Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 à partir des Indicateurs sur le développement dans le monde (base de don- nées de la Banque mondiale) (graphique a) et de Barro et Lee (graphique b). Note : les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) considérés ici sont des pays à revenu élevé membres de l’OCDE depuis au moins 40 ans. Tous les autres pays sont regroupés par région géographique. famille43. De quelle manière le ménage peut-il apporter sa sont apparentées lorsque l’une d’elles tombe malade44. contribution ? Les données recueillies dans différents pays du monde entier montrent également que les personnes qui migrent Protection et partage des risques au sein du ménage. La aident les membres de leur famille qui sont restés au pays protection et l’assurance fournies au niveau du ménage en leur envoyant des fonds lorsque des chocs négatifs se sont particulièrement importantes face aux risques produisent dans leur lieu d’origine45. intrinsèques et sont encore plus essentielles en l’absence de marchés ou de mécanismes de protection sociale. Investissement dans l’avenir pour les membres du ménage, La protection contre les chocs défavorables revêt une en particulier les jeunes. Le rôle des ménages est loin de importance cruciale pour les membres du ménage qui sont vulnérables, à savoir les jeunes, les personnes âgées se limiter à l’offre d’une protection ou d’une assurance et les malades. Les familles peuvent bénéficier, à cette à leurs membres en cas d’événement défavorable. Les fin, des ressources mises à la disposition de la société ménages investissent dans le capital humain et les — surtout si ces ressources augmentent en quantité et compétences sociales de leurs membres, en particulier en qualité. Par exemple, la hausse des revenus et l’élar- des jeunes, pour préparer les générations à venir à gérer gissement de l’accès aux services de santé ont permis de les risques auxquels elles seront exposées et saisir les porter les taux de vaccination contre la rougeole à plus de opportunités qui se présenteront. La scolarisation est 70 % dans toutes les régions du monde, bien que l’Afrique l’un des domaines importants dans lesquels des progrès subsaharienne ait encore d’importants progrès à réaliser ont été accomplis au cours des dernières décennies. Le en ce domaine (figure 3a). nombre moyen d’années d’études a augmenté dans toutes De surcroît, il est naturel que les membres du les régions depuis 1960 — surtout dans celles où il était ménage traversent ensemble les phases difficiles (et les le plus faible au départ (figure 3b). Toutefois, la qualité périodes d’abondance). En fait, le partage des risques au sein du ménage et entre les générations de la famille de l’éducation, mesurée par les résultats obtenus aux constitue une forme d’assurance fondamentale depuis examens internationaux des compétences en sciences, des temps immémoriaux. La famille élargie joue un rôle mathématiques et lecture, continue d’être inférieure dans actif, en particulier dans les pays en développement. Au de nombreux pays à faible revenu et à revenu intermé- Bangladesh, en Éthiopie, en Inde, au Mali et au Mexique, diaire, et ne semble pas donner pour l’instant de signe de par exemple, elle vient au secours des personnes qui leur convergence46. Risques et opportunités 23 Quelles sont les caractéristiques qui améliorent La situation pourrait être grandement améliorée dans la contribution du ménage à la gestion du risque ? certains pays et dans certaines régions : le taux de partici- pation des femmes au marché du travail n’est que de 20 à Le ménage est une unité complexe malgré sa taille limitée. 30 % au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie du Les motivations de ses membres peuvent aller de l’altruisme Sud, tandis qu’il dépasse largement 50 % dans le reste du à l’intérêt personnel, les relations au sein du ménage monde51. peuvent être fondées sur la poursuite d’objectifs communs ou le pouvoir de négociation, et les rapports entre le ménage et la société peuvent être fluides ou distants. Ces caractéris- De quelle manière l’État peut-il apporter sa tiques peuvent avoir une grande influence sur son aptitude contribution ? à assurer sa fonction de première ligne de soutien face aux L’État a un rôle important à jouer, notamment en risques et aux opportunités. fournissant des services sociaux et en combattant les normes sociales préjudiciables. Il faut mettre en œuvre à Accès et participation. Les collectivités, le marché du la fois des politiques qui renforcent le pouvoir des ménages travail, le marché financier et les institutions publiques en tant qu’unités et des politiques qui renforcent le pouvoir sont les «  intrants intermédiaires  » sur lesquels les des individus au sein du ménage. familles fondent leurs activités de gestion du risque. Pour mener à bien ces dernières, il est essentiel qu’elles Prestation de services sociaux essentiels. L’accès à des aient systématiquement accès à ces institutions et à services d’éducation et de santé de qualité, même s’ils ne ces marchés et qu’elles puissent y participer (cela est sont que des services de base, peut préparer les individus à d’une telle importance, selon le Rapport sur le dévelop- confronter d’importants risques de santé, à faire face aux pement dans le monde 2014, que les quatre sections qui transitions du cycle de vie et à saisir les opportunités de suivent sont consacrées à l’évaluation de la manière travail. En ce sens, le mouvement en faveur de « l’égalité dont peut s’effectuer leur contribution). Pour ne donner des opportunités » peut également accroître la résilience qu’un exemple, les observations provenant de 59  pays des ménages et des individus52. Les efforts déployés par montrent que l’accès à des programmes qui plafonnent la Thaïlande et la Turquie pour assurer l’accès universel à les dépenses de santé à la charge des ménages, comme les une assurance maladie de qualité méritent tout particu- systèmes d’assurance maladie publics ou privés, réduit lièrement d’être cités. L’offre d’un accès universel à des sensiblement l’incidence des dépenses médicales catastro- soins de santé exige probablement la constitution d’un phiques, en particulier dans le cas des ménages pauvres47. partenariat entre le secteur public et le secteur privé de Étant donné l’importance fondamentale que revêt un bon manière à assurer la viabilité financière et la disponibilité état de santé pour toute la gamme des activités humaines, de ressources humaines suffisantes53. La mise en place l’assurance maladie est indispensable, et il reste un long de filets de protection sociale ciblés peut avoir un impact chemin à parcourir, puisque seulement 17  % des adultes considérable sur les populations les plus vulnérables car des pays en développement indiquent avoir cotisé à un elle leur évite d’avoir à prendre des mesures qui sont régime d’assurance maladie, et ce pourcentage tombe coûteuses à long terme — comme la réduction de la même à 2 % dans certains pays à faible revenu48. consommation de base, le retrait des enfants de l’école, la vente en catastrophe d’actifs productifs ou la délinquance. Équité au sein du ménage. L’on aimerait pouvoir Le programme éthiopien de filets de protection productifs considérer le ménage comme une unité cohésive est un exemple probant de mécanismes permettant de offrant un environnement favorable au développement mettre les populations les plus vulnérables à l’abri de personnel. Trop souvent, toutefois, certains de ses l’insécurité alimentaire tout en constituant des actifs membres ont des comportements abusifs et discrimi- communautaires permettant de mieux gérer les risques natoires, de sorte que la famille devient une source de climatiques et d’accroître la productivité54. risques plutôt qu’une solution. Il existe des preuves incontestables que le pouvoir économique et social des Accroissement du pouvoir des femmes au sein du femmes peut largement déterminer la mesure dans ménage. Il est possible d’atteindre cet objectif, en laquelle l’allocation des ressources au sein du ménage premier lieu, par le biais de l’émancipation économique profite aux enfants et favorise l’égalité des genres49. Selon des femmes, en encourageant leur participation au une évaluation du programme de transferts monétaires marché du travail et, dans le cas des ménages pauvres, en Afrique du Sud, par exemple, les pensions reçues par en accroissant directement leur pouvoir d’achat. Il les femmes ont permis d’améliorer l’état de santé et de est possible, par exemple, d’effectuer des transferts nutrition des filles tandis que les transferts reçus par les monétaires conditionnels qui sont directement versés hommes n’ont eu aucun effet, que ce soit sur les garçons aux femmes ; les évaluations d’impact montrent que ces ou les filles50. L’émancipation économique des femmes programmes améliorent la situation de la famille et en dépend dans une large mesure de leur accès au marché particulier des enfants, notamment dans le domaine de du travail qui, dans plusieurs contextes, est limité par la santé et du développement cognitif55. Il est également l’insuffisance des dispositifs mis en place pour la garde possible d’atteindre cet objectif en renforçant le pouvoir des enfants et le caractère restrictif des normes sociales. des femmes sur le plan social et juridique, c’est-à-dire 24 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 F I G U R E 4  Les individus font face aux chocs par leurs propres moyens et en partageant les risques avec d’autres Malawi Ouganda Tadjikistan Ouzbékistan Afghanistan Iraq Maldives Soudan Nigéria 0 20 40 60 80 100 Pourcentage de toutes les mesures prises face à un choc Mécanismes de crédit et d’aide informels Mécanismes de crédit et d’aide formels Épargne et vente d’actifs Emploi ou migration Réduction de la consommation Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 sur la base des données provenant d’enquêtes auprès des ménages, différentes années de la période 2004-11. en assurant le respect des mesures juridiques prises à Partage des risques intrinsèques. Les mécanismes l’encontre des abus et de la violence dans la famille, en d’assurance informels revêtent une importance particulière éliminant les réglementations sources de discrimination pour les ménages qui ont de faibles revenus, et ils sont contre les femmes dans le domaine de la propriété des parfois leur seul réel filet de protection. À titre d’exemple, actifs ou de l’activité économique et en organisant des dans le village tanzanien de Nyakatoke qui ne compte campagnes d’information pour lutter contre les normes que 120  familles, on recense une quarantaine de réseaux sociales qui tolèrent la violence et la discrimination à d’assurance différents (groupements d’entraide funéraire, l’encontre des femmes et des enfants. Ces campagnes associations rotatives d’épargne et de crédit ou tontines, doivent viser aussi bien les hommes que les femmes : plus et modalités de partage du travail et du cheptel)58. Ces de 20 % des femmes de toutes les régions, à l’exception de pratiques sont également pertinentes au niveau national. l’Amérique latine et des Caraïbes, pensent qu’un mari est Les ménages indonésiens, par exemple, ont des systèmes en droit de frapper ou de battre sa femme, par exemple d’assurance informels qui couvrent 38  % des coûts parce qu’elle est sortie sans le lui dire ou parce qu’elle a eu économiques de graves problèmes de santé et 71 % du coût une discussion avec lui56. de maladies bénignes59. Au Nigéria, jusqu’à 32 % de toutes les mesures d’adaptation prises par les ménages suite à un choc concernent des systèmes informels de crédit et La collectivité d’entraide (figure 4). Comment la collectivité peut-elle promouvoir Gestion des risques et poursuite des opportunités en la résilience et la prospérité ? commun. Lorsque les collectivités exploitent leur capital Les collectivités sont des groupes de personnes qui ont social pour mener une action collective, elles peuvent de fréquentes interactions, se trouvent sur un même fournir certains biens publics (tels que des services de site géographique ou partagent une identité commune. transport de base et des infrastructures d’irrigation) Il s’agit, par exemple, des groupes de voisinage, des pour assurer à tous une protection contre des événements associations religieuses et des groupes fondés sur les liens préjudiciables (épidémies, catastrophes naturelles, crimi- de parenté. Elles opèrent par le biais de réseaux informels nalité et violence, par exemple) et pour pouvoir tirer plus fondés sur la confiance, la réciprocité et les normes facilement profit d’opportunités communes (comme de sociales — ce que James Coleman et Robert Putnam nouveaux marchés et de nouvelles technologies)60. Cette qualifient de « capital social »57. Les collectivités peuvent action collective peut revêtir une importance particulière aider leurs membres en partageant les risques intrin- lorsque l’État a peu de capacités. Le quartier informel sèques et en faisant face aux risques et aux opportunités d’Orangi à Karachi (Pakistan), par exemple, a financé qui les concernent tous. et organisé ses propres services d’assainissement, de Risques et opportunités 25 vaccination, de microfinance, de planification familiale mais la prévention des inondations urbaines exige une et de prévention de la violence, avec l’appui d’une organi- planification du système de drainage municipal et de l’utili- sation non gouvernementale locale. sation des terres que seule l’administration municipale peut assurer. De même, les quartiers peuvent organiser des Quelles sont les caractéristiques qui améliorent patrouilles pour contrer la petite délinquance, mais ils sont la contribution de la collectivité à la gestion impuissants face à la criminalité organisée. du risque ? Inclusion et respect de la diversité. Les collectivités ne Cohésion. Les collectivités dont les membres entretiennent sont pas nécessairement justes ou fiables et peuvent se des rapports étroits — c’est-à-dire les collectivités dotées caractériser par une répartition très inégale du pouvoir d’un important capital social « affectif  », sont mieux et des richesses62. Elles peuvent exclure les personnes à même d’organiser une action collective au nom du vulnérables (malades chroniques, personnes veuves), les groupe61. En fait, une collectivité cohésive peut parfois nouveaux arrivés (migrants, réfugiés) ou ceux qui sont parvenir à une solution lorsque les marchés et les autorités simplement différents (minorités ethniques). L’État peut publiques ne parviennent pas à résoudre certains améliorer la situation en promulguant des lois interdisant la problèmes locaux. Il n’est toutefois pas facile d’assurer la discrimination, en menant des campagnes d’information et cohésion au sein d’une collectivité lorsque ses membres en encourageant les interactions qui favorisent la cohésion ont des valeurs et des identités culturelles différentes, dans un contexte marqué par la diversité. comme c’est de plus en plus le cas dans les collectivités Les pouvoirs publics peuvent, certes, fournir un appui urbaines. Cette cohésion est de surcroît gravement aux collectivités mais la participation des collectivités peut, compromise lorsque certaines personnes sont exclues ou à son tour, accroître la qualité du processus de gouvernance sont victimes de discrimination. et améliorer la performance des programmes publics. Certaines personnes peuvent refuser d’obéir aux ordres Liens. Les collectivités doivent également entretenir d’évacuation lorsque l’État lance une alerte à la catastrophe, des liens avec d’autres collectivités et avec les marchés, mais elles partiront si un membre de leur collectivité sinon elles restent de taille limitée et insulaires, n’ont pas auquel elles font confiance le leur conseille. Mobiliser la d’influence politique et ne sont pas en mesure d’accomplir des tâches d’envergure. Les collectivités qui ont des voix, l’énergie et l’action concertée des collectivités peut rapports étroits avec d’autres collectivités — c’est-à-dire contribuer à surmonter certains des obstacles à l’amélio- les collectivités dotées d’un important capital social « de ration de la gestion du risque dans les pays et dans les liaison » — sont plus susceptibles de collaborer à des régions où l’État dispose de capacités limitées. Par exemple, projets de gestion du risque qui présentent des avantages le programme afghan de solidarité nationale a entrepris de mutuels et de coexister de manière pacifique. Par exemple, construire des infrastructures rurales avec la participation les villes en proie à des violences urbaines à caractère des collectivités et s’emploie également à établir les bases religieux ou ethnique se caractérisent généralement par nécessaires à une amélioration de la gouvernance locale. l’absence d’interactions courantes entre les membres En Inde et en Ouganda, la diffusion d’informations sur les des différents groupes et par la présence de chefs de file droits de la population en matière de santé et d’éducation, locaux, de médias et de groupes de criminels qui sèment et sur les résultats en ce domaine, durant des assemblées l’esprit de division. publiques parrainées par les collectivités, a contribué à améliorer aussi bien les services fournis par l’État que la participation de la population et, par conséquent, à De quelle manière l’État peut-il apporter sa accroître le nombre de vaccinations, à développer la distri- contribution ? bution de compléments nutritionnels aux femmes enceintes Le rôle joué par les interactions personnelles et par les et à réduire les cas de perception de frais de scolarité moyens d’action informels explique la force des collec- excessifs63. tivités mais est également la source de leur vulnéra- bilité. Les collectivités peinent à faire face aux risques systémiques et, de fait, n’y parviennent pas lorsque Le secteur des entreprises la gestion du risque exige des travaux de préparation complexes et de longue durée. L’État peut leur venir en Comment le secteur des entreprises peut-il aide en leur fournissant des biens publics essentiels et en promouvoir la résilience et la prospérité ? favorisant l’inclusion et le respect de la diversité. Le secteur des entreprises comprend les travailleurs et Biens publics essentiels tels que l’infrastructure et l’État les propriétaires, les modalités régissant leurs relations de droit. Les mécanismes autonomes d’adaptation et et les technologies utilisées pour transformer les facteurs d’assurance des collectivités ne suffisent pas à gérer les de production en biens et services. Les entreprises, qui risques de manière adéquate ; les collectivités ont aussi sont l’unité caractéristique du secteur, couvrent un vaste besoin de l’appui des autorités nationales et locales pour éventail d’entités, allant d’établissements informels à compléter leurs efforts. Par exemple, les quartiers peuvent structures formelles, d’entreprises constituées par un être en mesure d’assurer l’entretien de leurs caniveaux travailleur indépendant à des partenariats et à des sociétés 26 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 F I G U R E 5  L’emploi pour compte propre est plus répandu dans les pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud Emploi pour compte propre, en pourcentage de l’emploi total, moyenne sur la période 2004-06 100 Maximum 90 75e percentile Médiane 80 70 25e percentile Pourcentage 60 50 40 30 20 Minimum 10 0 OCDE Asie de l’Est Europe et Amérique Moyen-Orient Asie Afrique et Paci que Asie centrale latine et Afrique du Sud subsaharienne et Caraïbes du Nord Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 à partir des Indicateurs sur le développement dans le monde (base de données de la Banque mondiale). Note : les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) considérés ici sont des pays à revenu élevé membres de l’OCDE depuis au moins 40 ans. Tous les autres pays sont regroupés par région géographique. multinationales, et elles opèrent aussi bien dans le secteur Partage des risques. Les entreprises permettent de agricole que dans celui des industries manufacturières partager les risques entre les travailleurs par le biais ou des services. Si un propriétaire d’entreprise peut avoir de la collaboration ; entre les propriétaires de sociétés pour objectif de maximiser ses bénéfices, le secteur des par le biais de la diversification des investissements ; et entreprises dans son ensemble représente les intérêts des entre les travailleurs et les propriétaires par le biais de travailleurs, des propriétaires et des consommateurs. Bien dispositions contractuelles (formelles ou informelles). Il qu’il existe de fortes tensions entre ces différents intérêts, est avantageux que l’entreprise ait une certaine taille dans le secteur des entreprises peut aider les individus à gérer l’optique du partage des risques. Le secteur des entreprises leurs risques de diverses manières, indiquées ci-après. de nombreux pays en développement est toutefois Pour les travailleurs et les propriétaires, faire partie constitué pour l’essentiel de travailleurs indépendants d’une entreprise employant plus d’une personne — (figure  5). Le taux d’emploi indépendant est de l’ordre c’est-à-dire une société – offre la possibilité de partager de 70  % en Asie du Sud et dépasse 80  % en Afrique les avantages et les inconvénients de la spécialisation, de subsaharienne, et ce type d’emploi est généralisé dans la collaboration et de l’innovation. C’est en fait l’un des les pays en développement d’autres régions. L’ampleur principaux motifs de la constitution de sociétés. Ainsi de ces taux montre que les revenus d’un grand nombre que le font valoir Frank Knight et Ronald Coase dans de travailleurs des pays en développement sont à la merci leurs études marquantes, les sociétés ont un avantage de chocs divers — un enfant malade, une défaillance des coût-bénéfice qui leur permet de faire face à l’incertitude matériels ou un changement des conditions météorolo- et de surmonter les coûts de transaction de manière giques peut entraîner la perte des revenus d’une journée efficiente64. Si la plupart des individus sont naturellement de travail, ou plus. Elle montre également que le secteur peu enclins à prendre des risques, donc à entreprendre des entreprises ne bénéficie pas des avantages procurés seuls de nouvelles activités, ils sont davantage prêts à se par la spécialisation ni des gains de productivité associés lancer, en groupes, dans des projets assortis de risques aux entreprises qui comptent plusieurs personnes. plus importants mais pouvant aussi avoir des rendements plus élevés. Les sociétés sont donc une structure naturelle Innovation et réallocation des ressources. Lorsqu’il est qui permet d’exploiter les aspects positifs de la prise de stimulé par la concurrence, le secteur des entreprises risques en faisant bénéficier les individus des avantages encourage l’innovation par l’adoption de nouvelles qui en découlent en termes de résilience et de prospérité65. technologies et par la réallocation des ressources. Risques et opportunités 27 Dans certains cas, ce processus implique la sortie de été durement touchés par la dernière crise financière certaines entreprises et l’entrée d’autres. Ce processus mondiale, mais ils affichent des résultats très différents au de « destruction créatrice », ainsi que l’a nommé Joseph niveau de l’emploi. Au Danemark, les licenciements ont Schumpeter66, peut engendrer d’importants coûts d’ajus- été nombreux mais le chômage a été de courte durée. En tement mais peut également être la seule manière pour Espagne, par contre, le taux de chômage, qui était de 25 % l’économie de rester résiliente et prospère face à une au début de 2013, ne donne guère de signe de diminution évolution constante des conditions. L’amélioration de ce depuis le début de la crise. Cette différence tient, sans processus dynamique peut avoir d’importants effets non doute, à la rigidité du secteur des entreprises en Espagne, seulement en réduisant le risque de récessions prolongées par opposition aux conditions favorables à l’activité mais aussi en accroissant la productivité globale. Par économique observées au Danemark. La situation a exemple, selon certaines estimations, si les ressources suscité un important débat et l’Espagne a récemment étaient allouées aussi efficacement en Chine et en Inde proposé des réformes pour remédier à la situation. On a qu’elles le sont aux États-Unis, la productivité totale des pu constater, de manière plus générale, que les pays dont facteurs pourrait augmenter dans une proportion pouvant aller jusqu’à 50 % en Chine et de 60 % en Inde67. Pour se le secteur des entreprises est moins souple traversent les matérialiser, ces importants gains exigeraient toutefois phases de récession plus profondes et plus prolongées la mise en place d’institutions et d’un climat des affaires lorsque des chocs négatifs se produisent69. propices à un secteur des entreprises très dynamique — ce Formalité. Pour les entreprises, la formalité s’entend du qui n’est pas tâche aisée. respect des lois et des réglementations. Les avantages Protection des travailleurs, des consommateurs et de qu’elle peut présenter (pour les entreprises et l’économie) l’environnement. Un secteur des entreprises soucieux dépendent de la qualité des normes dictées par l’État et de sa réputation et bien réglementé par l’État peut de la qualité des services publics que ce dernier assure. contribuer à la gestion du risque de la population en Lorsque ces normes sont pertinentes et ces services assurant la sécurité sur les lieux de travail, en fournissant efficaces, le secteur des entreprises se caractérise par un une protection aux consommateurs et en mettant en chômage moindre et par un plus grand nombre d’entre- place des mesures de sauvegarde environnementale. prises formelles, qui sont également plus stables et de plus L’application de ces mesures n’est toutefois pas garantie grande taille. Ces caractéristiques sont toutes interdé- et les entreprises compromettent parfois ces protections pendantes. Les mécanismes informels peuvent produire au détriment de la société. Ces défaillances peuvent être de bons résultats dans le cas des petites sociétés et de atténuées par une gestion judicieuse de la part de l’État, transactions simples, mais ils ne sont pas adaptés aux des collectivités et des entreprises. Pour peu qu’on leur sociétés de plus grande taille et aux relations complexes accorde des incitations correctes, les entreprises qui qu’elles entretiennent avec les travailleurs et les marchés. donnent la priorité à ces protections peuvent en tirer Lorsqu’elles peuvent bénéficier de réglementations et de d’importants avantages. Selon une récente métaanalyse, services publics adéquats, les sociétés formelles peuvent par exemple, les programmes de bien-être sur les lieux de jouir d’une meilleure protection juridique (comme l’obli- travail réduisent les coûts liés aux problèmes médicaux et à l’absentéisme — au profit aussi bien des travailleurs que gation de respect des contrats) et d’un meilleur accès des entreprises68. aux infrastructures publiques (par exemple les ports dans le cas du commerce international). Ces avantages peuvent à leur tour promouvoir le partage des risques et Quelles sont les caractéristiques qui permettent l’innovation entre les entreprises. Ils peuvent également d’améliorer la contribution du secteur rendre ces dernières plus responsables de leur impact sur des entreprises à la gestion du risque ? la sécurité des travailleurs, sur le bien-être des consom- Deux caractéristiques renforcent l’aptitude du secteur mateurs et sur l’environnement70. des entreprises à contribuer à la résilience et la prospérité Il existe des synergies mais aussi des tensions entre des membres de la population : la flexibilité et, à terme, la la flexibilité et la formalité. Dans les pays dotés d’insti- formalité. tutions publiques efficaces, la formalité renforce la flexibilité. Dans les pays dont les institutions publiques Flexibilité. La flexibilité est la capacité de l’ensemble du secteur des entreprises (propriétaires, travailleurs, sont précaires et les régimes réglementaires pesants, en technologies) à s’adapter à l’évolution des conditions. Il revanche, le coût de la formalité peut être trop élevé pour importe de ne pas confondre cette caractéristique avec la majorité des entreprises et des travailleurs. Dans ce cas, la facilité de licencier des travailleurs. Un secteur des l’informalité offre à l’économie un moyen d’assurer une entreprises souple est mieux en mesure de faire face à des certaine flexibilité et aux travailleurs la possibilité d’avoir chocs en affectant les ressources au sein des entreprises et accès à un dispositif de protection sociale concret71. La entre ces dernières, en encourageant le partage des risques figure 6 présente une typologie des pays en fonction de la et en innovant dans un monde en constante évolution. À flexibilité et de la formalité de leurs marchés des biens et titre d’exemple, le Danemark et l’Espagne ont tous deux du travail. 28 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 F igu r e 6  Les pays se caractérisent par des degrés très différents de flexibilité et de formalité de leurs marchés des produits et du travail Haut degré de flexibilité Australie France Maurice Autriche Allemagne Pays-Bas Belgique RAS de Hong Norvège Canada Kong, Chine Pologne Arménie Albanie Chili Irlande Singapour Azerbaïdjan Chine Costa Rica Israel Suède Cambodge Kazakhstan République Japan Suisse Pérou tchèque Corée, Rép. Royaume-Uni Flexibilité des marchés des produits et du travail Danemark Lettonie États-Unis Estonie Lituanie Finlande Malaisie Bénin Gambie Maroc Botswana Géorgie Sri Lanka Brésil République Namibie kirghize Hongrie Portugal Slovénie Burkina Faso Guatemala Tanzanie Bulgarie Afrique du Sud ERY de Italie République Espagne Cameroun Guinée Thaïlande Indonésie Ukraine slovaque Macédoine Jordanie Turquie Côte d’Ivoire Liban Ouganda Kenya Uruguay Mongolie El Salvador Madagascar Zambie Viet Nam Bangladesh Ghana Pakistan Bolivie Haïti Philippines Algérie Inde Trinité-et- Argentine République Lesotho Tobago Croatie Bosnie- Honduras Sénégal Herzégovine Dominicaine Libye Yémen, Rép. Grèce Jamaïque Sierra Leone Burundi Équateur Mexique Iran, Rép. islamique Mali Venezuela, RB Tchad Rép. arabe Fédération Roumanie Népal Zimbabwe d’Égypte Colombie de Russie Nicaragua Faible degré de flexibilité Faible degré de formalité Haut degré de formalité Formalité des marchés des produits et du travail Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 à partir de la base de données de la Banque mondiale sur les pensions et des Indicateurs du développe- ment dans le monde (base de données de la Banque mondiale) ; Forum économique mondial 2012 ; Schneider, Buehn et Montenegro 2010. Note : les économies figurant dans la tranche supérieure (au-dessus de la valeur médiane) affichent un degré élevé de flexibilité sur le marché des produits et sur celui du travail ; celles qui se trouvent dans la tranche intermédiaire ont un degré de flexibilité élevé sur l’un ou l’autre des deux marchés ; tandis que celles qui se trouvent dans la tranche inférieure (en dessous de la valeur médiane) enregistrent un faible degré de flexibilité sur les deux marchés. De même, les économies figurant dans la première colonne de gauche affichent un faible degré de formalité au niveau de la production et l’emploi ; celles qui se trouvent dans les colonnes intermédiaires ont un degré de formalité élevé sur l’un ou l’autre des deux marchés et ceux de la colonne de droite enregistrent un fort degré de formalité sur les deux marchés. Seules les économies pour laquelle des données étaient disponibles sur les quatre indicateurs ont été prises en considération, et les valeurs médianes ont été calculées à partir des données de l’échantillon. De quelle manière l’État peut-il apporter sa des entreprises en encourageant le respect de règles contribution? pertinentes et en accroissant la capacité d’ajustement du secteur à de nouvelles conditions. Fondamentalement, il La politique publique pour le secteur des entreprises est essentiel que les droits de propriété soient protégés, nécessite des réformes permettant de concilier la flexibilité dont a besoin l’économie et les protections juridique et que le cadre réglementaire soit bien établi et que le coût réglementaire dont a besoin la société. de l’ouverture ou de la fermeture d’une entreprise soit peu élevé. Par ailleurs, s’il est peu probable qu’une réforme Un meilleur climat des affaires. Plusieurs des démarches du marché du travail menée indépendamment de tout que peut suivre l’État pour contribuer à améliorer la autre type d’intervention puisse porter ses fruits, la productivité et l’innovation peuvent également renforcer réduction de la charge imposée par la fiscalité du travail la résilience procurée par le secteur des entreprises. et la rationalisation des réglementations sont deux L’amélioration du climat de l’investissement peut composantes essentielles d’un programme de réformes contribuer à améliorer la gestion du risque dans le secteur complet — dont l’effet global est plus important que Risques et opportunités 29 E n c a d r é 6  L’accès à la sécurité sociale devrait-il être lié à la situation sur le marché du travail ? La prestation d’une assurance de base contre les risques associés à la  utoriser les individus à participer à des systèmes de sécurité sociale, • a maladie et à la vieillesse — en particulier aux populations vulnérables quelle que soit leur situation sur le marché du travail (employé ou — est, sans doute, l’un des objectifs fondamentaux de la politique non employé, secteur formel ou informel), en requérant une période publique. Mais comment la sécurité sociale est-elle financée et qui en d’affiliation raisonnablement courte et en assurant la portabilité des bénéficie ? La sécurité sociale est, de manière générale, financée par des bénéfices. prélèvements salariaux obligatoires frappant les employeurs et les autoriser le versement de cotisations supplémentaires aux régimes •  employés, et elle profite aux travailleurs qui cotisent. Le problème que de santé et de pension sur une base volontaire en établissant un pose ce système tient à sa portée limitée : dans la plupart des pays en rapport clair entre les cotisations et les prestations associées, qui développement, les travailleurs du secteur formel (qui cotisent au viennent s’ajouter aux prestations de base assurées par l’État. Établir système de protection sociale et en bénéficient) constituent moins de la des partenariats avec le secteur privé pour la gestion des cotisations moitié de la population active (et un pourcentage bien plus faible en volontaires et pour la prestation des services correspondants. Afrique subsaharienne et en Asie du Sud). Le système traditionnel exclut assurer des soins de santé de base et des pensions de vieillesse •  donc de nombreux travailleurs — essentiellement ceux qui ont de financés par l’État aux populations vulnérables, sachant que ces faibles revenus, qui travaillant à leur compte ou qui sont employés dans avantages pourraient éventuellement être offerts à tous (du moins le secteur agricolea. pour les soins de santé)c. Pour remédier aux insuffisances de la couverture de la sécurité financer les prestations de base au moyen de recettes publiques •  sociale, plusieurs pays ont mis en place des systèmes non contributifs générales et de paiements des utilisateurs (pour les soins de santé) à d’assurance médicale et de pensions. Est-il souhaitable d’offrir des hauteur d’un niveau compatible avec la viabilité des finances systèmes non contributifs en parallèle aux systèmes obligatoires contri- publiques. butifs  ? Si les avantages procurés par la cotisation à la sécurité sociale expliquer clairement au public les caractéristiques et les limites des •  sont incertains et que le respect de l’obligation de paiement n’est pas prestations de base, ainsi que les coûts et les avantages supplémen- assuré, l’établissement de ces systèmes parallèles peut réduire les incita- taires associés aux cotisations volontaires. tions des employeurs à recruter des employés dans un cadre formel et encourager l’éducation financière et promouvoir la confiance dans •  celles des employés à rechercher un emploi dans le secteur formel. Un la fonction d’assurance du système financier en prenant des mesures cercle vicieux peut ainsi se déclencher : l’informalité limite la couverture macroprudentielles et en assurant la stabilité des politiques du système contributif, ce qui, par contrecoup, renforce l’informalitéb. publiques. Une option, qui mérite d’être débattue, consiste à éliminer le lien entre la protection sociale et la situation professionnelle. Ce découplage Ce programme est-il trop ambitieux ou de trop vaste portée ? Peut-être, impliquerait l’adoption par l’État de mesures pour : mais il vaut la peine d’être examiné. Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. a. Ribe, Robalino et Walker 2012. b. Les études portant sur le Chili, la Colombie et le Mexique montrent que, dans ces pays, la coexistence de systèmes contributifs et non contributifs a provoqué une réduction de l’emploi dans le secteur formel. Par ailleurs, il a été clairement établi que, dans l’ensemble, les sociétés informelles et de plus petite taille sont moins productives et versent des salaires plus bas. Voir Levy et Schady 2013 ; Pagés-Serra 2010 ; OIT 2009 ; La Porta et Shleifer 2008. c. Des pays en développement comme l’Afrique du Sud et Maurice ont déjà essentiellement recours à des systèmes non contributifs pour les pensions, tandis que plusieurs autres pays — parmi lesquels la Chine, l’Inde, la Thaïlande, la Turquie et le Viet Nam — ont entrepris d’assurer un accès universel à l’assurance médicale. Voir Holzmann, Robalino et Takayama 2009. la somme des effets de chaque réforme particulière72. être excessives et perturber les forces du marché dans Outre la complémentarité de ces réformes, les études de nombreux domaines, il est néanmoins nécessaire de internationales récentes montrent que la rapidité de mettre en place des réglementations plus strictes mais l’ajustement aux chocs augmente de moitié lorsque l’on applicables pour assurer la sécurité sur le lieu de travail, passe du quintile de pays affichant la rigidité du travail protéger les consommateurs et préserver l’environ- la plus forte au quintile affichant la rigidité la plus faible, nement. Les défaillances du marché dues aux externalités et que l’augmentation de la productivité peut s’accroître et à l’asymétrie de l’information sont généralisées dans de jusqu’à 1,7 point de pourcentage73. Il est par ailleurs ces domaines, de sorte que l’État doit directement intervenir. L’effondrement d’une fabrique de vêtements au nécessaire qu’un mécanisme de protection sociale solide Bangladesh en 2013 — qui a fait plus de 1  100 victimes et inclusif ait été mis en place pour que la flexibilité dont parmi les employés — rappelle malheureusement jouit le secteur des entreprises ne soit pas assurée aux combien il est important que l’État contrôle et applique dépens du bien-être des travailleurs, de leurs familles ou les réglementations qui ne peuvent être placées sous la de leurs collectivités (encadré 6). responsabilité de la population elle-même. Ces réglemen- tations sont importantes, en particulier dans les États qui, Des réglementations plus strictes mais applicables pour en raison de leurs capacités institutionnelles limitées, assurer la sécurité des travailleurs, des consommateurs doivent établir avec soin l’ordre de priorité de leurs et de l’environnement. Si les réglementations peuvent interventions. 30 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 F I G U R E 7  Inclusion financière dans le domaine de l’épargne, du crédit et de l’assurance dans des pays en développement ayant des niveaux de revenu différents 0,7 THA 0,6 Indice d’inclusion nancière en 2011 (valeur comprise entre 0 et 1) MNG 0,5 CHN MYS LKA MUS 0,4 BGD ZAF LAO ALB LTU BOL SWZ KEN DOM MNE LBN 0,3 VNM URY HTI PRY CRI RWA KHM ECU AZE LBR UGA ZWE GHA PHL GTM MKD BLR BWA VEN MOZ IDN ARM PER PAN 0,2 SLE NPL COM NGA IND KSV BIH COL KAZ BRA LVA TZA ZMB MAR SRB ROM RUS CHL MWI IRQ SLV GIN TCD MRT CMR NIC HND MEX KGZ GEO BGR ARG AFG SDN UKR 0,1 BFA MLI BEN LSO MDA TUN GAB TUR BDI TGO TJK SEN COG EGY DZA ZAR NER MDG PAK UZB 0 CAF YEM TKM 5 6 7 8 9 10 RNB par habitant en 2011, en logarithme naturel Région Afrique subsaharienne Région Moyen-Orient et Afrique du Nord Région Asie du Sud Région Amérique latine et Caraïbes Région Asie de l’Est et Paci que Région Europe et Asie centrale Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 à partir de la base de données de la Banque mondiale Global Findex et des indicateurs de développement dans le monde (base de données de la Banque mondiale). Note : L’indice d’inclusion financière est calculé à partir des données de Global Findex sur l’utilisation de l’épargne (pourcentage des adultes ayant constitué une épargne auprès d’une institution financière au cours de l’année écoulée) ; du crédit (pourcentage des adultes qui ont emprunté auprès une institution financière au cours de l’année écoulée) ; et de l’assurance (pourcentage des adultes qui ont personnellement cotisé à une assurance maladie ; et pourcentage des adultes travaillant dans le secteur agricole qui ont contracté une police d’assurance agricole). RNB= revenu national brut. Le système financier Quelles sont les caractéristiques qui améliorent la contribution du système financier à la gestion Comment le système financier peut-il promouvoir du risque ? la résilience et la prospérité ? Inclusion et profondeur. Comme Merton Miller et d’autres En procurant des instruments financiers utiles et en après lui l’ont expliqué de manière convaincante, lorsque gérant ses propres risques de manière responsable, les marchés financiers sont concurrentiels et opèrent le système financier peut protéger les populations de en l’absence de toute distorsion, ils peuvent procurer l’impact de chocs négatifs et leur permettre d’être efficacement à un plus grand nombre de personnes des mieux en mesure de poursuivre des opportunités. Les instruments et des services de meilleure qualité74. De fait, les marchés financiers peuvent fournir des instruments instruments d’épargne (tels que les dépôts bancaires et et des services qui aident les individus à faire face à les titres liquides) permettent aux individus de constituer des risques intrinsèques ou systémiques de fréquence, des réserves pour les périodes maigres. Les instruments d’envergure et de nature diverses. Cependant, environ de crédit (tels que les prêts d’études ou les prêts hypothé- 70  % des habitants des pays à faible revenu et à revenu caires) leur permettent de surmonter les contraintes intermédiaire n’ont recours à aucun instrument financier financières et les aident à lisser leur consommation à de base, contre environ 40 % de la population des pays à la suite de chocs négatifs, tout en leur permettant de revenu élevé. Les données sur les portefeuilles financiers poursuivre plus librement des opportunités. Enfin, les des particuliers montrent que, dans les pays à faible contrats d’assurance procurés par le marché (tels que revenu et à revenu intermédiaire, seulement 17  % de la l’assurance maladie et l’assurance logement) permettent population utilise des instruments d’épargne financière de couvrir le coût d’événements préjudiciables. et des instruments d’assurance et qu’environ 8  % de la Risques et opportunités 31 C a r t e 1  Crises bancaires dans le monde, 1970-2011 Aucune crise bancaire Une crise Deux crises Trois ou quatre crises Données manquantes Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 sur la base de Laeven et Valencia 2012. Carte n° IBRD 40098. population emploie des instruments de crédit (alors intérieure importante et plus diversifiée (et, par que, dans les pays à revenu élevé, 45 % des habitants ont conséquent, de réduire le recours à des flux de capitaux recours à des instruments d’épargne financière et 14 % à étrangers réversibles) peut aussi renforcer la stabilité du des instruments de crédit) — bien que ces pourcentages système77. En revanche, une inclusion financière excessive varient considérablement d’un pays à un autre (figure 7). et un approfondissement rapide peuvent compromettre cette stabilité. Cela vaut en particulier pour les marchés Stabilité. Le talon d’Achille du système financier est du crédit. Par exemple, les crises bancaires survenues sa propension aux crises. Comme l’ont noté Douglas en Thaïlande (1997), en Colombie (1982) et en Ukraine Diamond et Phillip Dybvig dans leurs éminents travaux, (2008) ont été précédées d’un gonflement annuel du crédit le système financier est fondamentalement instable en excessif (25 %, 40 % et 70 %, respectivement). Fournir le raison du manque de correspondance entre la duration volume de crédit qui convient — ni trop ni trop peu — est des actifs (long terme) et celle des passifs (court terme)75. une préoccupation majeure dans tous les pays. L’incapacité du système financier à gérer le risque retenu peut causer des préjudices à la population — soit Comment l’État peut-il apporter sa contribution ? directement en limitant l’accès aux marchés financiers ou indirectement en réduisant les crédits disponibles aux Constitution d’une solide infrastructure financière. entreprises, ou en exerçant des pressions sur les finances L’infrastructure financière se compose des institutions publiques, ce qui contribue à la perte d’emplois, de qui facilitent l’intermédiation financière, notamment revenus et de richesse. Les leçons des 147 crises bancaires les systèmes de paiement, les agences d’évaluation du qui ont touché 116 pays entre 1970 et 2011 (carte 1) sont crédit et les registres des garanties. L’infrastructure claires : la perte cumulée moyenne de production au cours financière comprend également le cadre réglementaire des trois premières années des crises représente 33 % du qui renforce la protection du consommateur mais aussi PIB dans les économies avancées et 26 % du PIB dans les la concurrence entre les institutions financières. L’Afrique marchés émergents76. du Sud et le Mexique, par exemple, ont mis en place des L’inclusion, la profondeur du marché et la stabilité cadres efficaces de protection du consommateur qui du système peuvent générer des synergies mais aussi permettent à des médiateurs d’intervenir pour régler les des tensions. L’accroissement de l’inclusion et de la différends dans le domaine du crédit à la consommation78. profondeur du système financier, qui a pour effet La concurrence peut être source d’innovation à l’appui de mettre à la disposition des banques une épargne de l’inclusion financière, comme aux Philippines qui 32 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 autorisent les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile banque centrale prend l’initiative pour assurer la partici- à assurer un grand nombre d’opérations bancaires79. pation d’importantes parties prenantes, notamment L’État peut aussi donner l’exemple en adoptant des le ministère des Finances et des spécialistes du secteur pratiques novatrices à cette fin. En Inde, par exemple, la privé, à l’élaboration de la politique du secteur financier. loi nationale sur la garantie de l’emploi rural a amélioré L’objectif consiste à préparer une stratégie nationale les services proposés aux populations pauvres vivant pour le secteur financier malais qui prend en compte les en zone rurale grâce à la mise en place d’un mécanisme tensions entre la promotion de l’inclusion financière et permettant à l’État d’effectuer des transferts aux bénéfi- du développement du marché financier et la gestion du ciaires par le biais d’un compte bancaire80. risque systémique dans le secteur. Adoption d’une réglementation macroprudentielle pour les risques systémiques. Pour mieux gérer le risque de La macroéconomie crise financière systémique, les pays devraient se doter de solides cadres de réglementation macroprudentielle Comment la macroéconomie peut-elle — c’est-à-dire de cadres qui prennent en compte les promouvoir la résilience et la prospérité ? interconnexions entre les institutions financières et les La macroéconomie est le socle sur lequel repose l’inté- marchés et qui couvrent l’ensemble du système financier81. gralité de l’activité économique, de la consommation à Il est important d’assurer l’indépendance des respon- l’épargne des ménages, de l’investissement à la production sables de la réglementation macroprudentielle, éventuel- des entreprises et des emprunts aux prêts des marchés lement en replaçant leurs fonctions dans le cadre de la financiers. Une gestion macroéconomique avisée peut banque centrale ; c’est ce qu’a fait la République tchèque en créer un environnement dans lequel les ménages, les 2006 lorsqu’elle a attribué à la banque centrale la respon- collectivités et les entreprises peuvent planifier à long sabilité explicite de promouvoir la stabilité financière. terme et prendre leurs propres mesures de gestion du Les pouvoirs publics peuvent alors mener des activités risque. La politique macroéconomique peut en outre faire de contrôle macroprudentiel dynamiques et intervenir face aux grands risques systémiques, que les ménages et de manière déterminée et en temps opportun, comme l’a d’autres systèmes socioéconomiques n’ont pas les moyens fait la République de Corée en 2011 lorsqu’elle a imposé d’assumer seuls. Comme l’a noté, entre autres, Robert un prélèvement sur les passifs financiers secondaires des Barro, les crises macroéconomiques qui ont des coûts banques pour limiter les flux de capitaux spéculatifs à la élevés en termes de bien-être caractérisent l’économie suite de la crise financière internationale. mondiale depuis des décennies, et plus particulièrement Dans un monde idéal, les réglementations macropru- depuis 200783. Les responsables de l’action publique ont dentielles empêcheraient les crises financières de se un rôle essentiel à jouer pour prévenir ces crises ou, du déclarer. En réalité, certaines crises sont inévitables et moins, en atténuer les effets. il est nécessaire d’avoir un système pour y remédier. Qui doit assumer les pertes ? Les mesures de résolution Stabilité macroéconomique. Les cycles économiques sont des crises devrait viser à ce que les pertes bancaires un aspect incontournable des économies modernes, soient en grande partie assumées par les actionnaires, et un certain degré de volatilité du niveau global des les dirigeants et, dans certains cas, les créanciers non prix, de la production et de l’emploi est normal. Il a pu assurés — de manière à réduire le plus possible les coûts être établi que les effets préjudiciables de la volatilité assumés par les contribuables, les menaces à la stabilité sont dus non pas à des fluctuations d’ampleur modérée financière et les aléas moraux à l’avenir. Pour faciliter la mais à une forte inflation et à de brusques variations de reprise, les autorités nationales et la communauté interna- l’activité économique. Ces effets se propagent dans toute tionale peuvent également s’employer à réduire l’incer- l’économie — ils provoquent une contraction de l’emploi, titude réglementaire en prenant des décisions en temps interrompent l’octroi de crédits et obligent à remettre les opportun et en menant une action concertée efficace à investissements à une date ultérieure — et engendrent des l’échelle mondiale. pertes qui ralentissent la croissance économique à long terme. En fait, l’analyse d’une série de pays développés Prise en compte explicite des tensions et des synergies entre et de pays en développement sur une période de plus de l’inclusion, la profondeur et la stabilité. Il semble que, 40 ans montre que lorsque la volatilité du PIB cesse d’être dans 90 % des cas, les stratégies nationales formulées normale pour atteindre des niveaux de crise, la croissance pour le secteur financier ne prennent pas en compte les à long terme du PIB par habitant peut diminuer d’environ tensions entre les objectifs de développement financier et deux points de pourcentage par an84. de gestion du risque systémique, bien que plus des deux tiers des pays s’engagent à atteindre ces deux objectifs Fourniture systématique de biens et de services publics. dans le cadre de leurs stratégies82. Un comité de politique Si  les ralentissement ont un impact sur la croissance à financière peut aider un pays à mieux prendre en compte long terme, c’est en partie parce qu’elles peuvent entraîner les tensions et les synergies dans le secteur financier et une interruption ou une dégradation de la fourniture de à améliorer la coordination des politiques publiques. biens et de services publics essentiels. Ces interruptions La Malaisie offre un exemple intéressant à cet égard : la se produisent surtout lorsque les pouvoirs publics sont Risques et opportunités 33 C a r t e 2  La consommation de l’État a pris un caractère anticyclique dans plus d’un tiers des pays en développement au cours des dix dernières années Toujours anticyclique Devient anticyclique Devient procyclique Toujours procyclique Données manquantes Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 sur la base de la méthodologie de Frankel, Végh et Vuletin 2013. Carte n° IBRD 40099. Note : La carte montre l’évolution de l’orientation cyclique de la politique budgétaire entre les périodes 1960-99 et 2000-12. L’orientation cyclique est mesurée par une analyse de régression de la composante cyclique (Hodrick-Prescott) des dépenses de consommation publiques par rapport à la valeur décalée de cette variable et à la composante cyclique du PIB réel. Le signe du coefficient de la composante cyclique du PIB réel indique si les dépenses de consommation des administrations pu- bliques sont procycliques (signe positif) ou anticycliques (signe négatif). Le coefficient de la composante cyclique du PIB réel a été estimé séparément pour les périodes 1960-99 et 2000-12. Les pays ont été ensuite classés dans les catégories suivantes : toujours anticyclique (aux deux périodes) ; devient anticyclique (orientation anticycli- que uniquement sur la période 2000-12) ; devient procyclique (orientation procyclique uniquement sur la période 2000-12) ; et toujours procyclique (aux deux périodes). L’endogénéité probable de la composante cyclique du PIB réel a été contrôlée à l’aide de (la valeur courante et la valeur décalée de) la composante cyclique du PIB réel des principaux partenaires commerciaux du pays et des cours mondiaux du pétrole, ainsi que de la valeur décalée de la composante cyclique du PIB réel du pays. obligés de procéder à de très fortes réductions budgétaires macroéconomique devraient agir avec prudence durant en période de ralentissement économique. C’est ce qui les périodes d’expansion pour éviter d’avoir à prendre des s’est passé, par exemple, dans les années  80 et 90 dans mesures drastiques durant les périodes de contraction. plusieurs pays d’Amérique latine où plus de la moitié de l’ajustement budgétaire s’est effectué par le biais d’une Une politique monétaire transparente et crédible. Grâce à réduction des investissements dans l’infrastructure85. Les leur indépendance et à leur volonté de transparence et de dépenses de sécurité sociale ont, de même, chuté dans crédibilité, les autorités chargées de la politique monétaire presque la moitié des pays du Moyen-Orient et d’Afrique sont parvenues à ralentir l’inflation dans le monde entier du Nord à la suite des crises survenues dans la région86. au cours des 25 dernières années : alors que 34  pays Durant la dernière crise financière mondiale, les budgets affichaient des taux d’inflation annuels supérieurs à 50 % de l’enseignement ont été brusquement réduits dans la durant la période 1990-94, ce n’était plus le cas que d’un majorité des pays d’Europe de l’Est (25  % en Serbie et seul pays (Zimbabwe) à la fin des années 2000. L’adoption 10 % en Hongrie, par exemple)87. d’un cadre de politique monétaire qui incite à promouvoir la stabilité des prix à long terme tout en tenant compte du cycle économique a été essentielle à la maîtrise de Quelles sont les mesures qui peuvent le mieux l’inflation. contribuer à la gestion du risque ? La crise financière internationale de 2008-09 et la Les experts font valoir que les politiques macroéco- récession qui s’en est suivi dans les pays développés ont nomiques doivent être crédibles, prévisibles, transpa- mis à l’épreuve les améliorations apportées par les pays rentes et durables. Il s’agit là d’un conseil avisé, qui peut en développement à leurs politiques monétaires. Dans être repris de manière plus concrète dans l’optique de l’ensemble, ces derniers ont fait preuve de résilience. Il la gestion du risque : les responsables de la politique est important, à la suite de cette crise, de déterminer si la 34 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 Encadré 7  Un conseil budgétaire indépendant pourrait aider à surmonter le biais procyclique de la politique budgétaire Quel est le problème ? Partout dans le monde, les autorités budgétaires concurrentiel et avoir un mandat de longue durée ; il devrait avoir un ont tendance à s’écarter de plans soutenables et montrent un biais budget indépendant et être doté de solides mécanismes de responsa- « procyclique » : elles contractent couramment des déficits budgétaires bilisation (donnant lieu, par exemple, à l’évaluation de ses travaux par et des dettes durant les périodes fastes de sorte qu’elles n’ont plus les un conseil de pairs ou des organisations internationales)b. ressources ni la flexibilité requises (« marge de manœuvre stratégique ») pour stabiliser la production dans les périodes difficiles. Un tel système est-il déjà appliqué ? En 2012, 22 pays (et ce nombre augmente) s’étaient déjà dotés de conseils budgétaires présentant Solution proposée. La création d’un conseil budgétaire indépendant des caractéristiques diverses et ayant des fonctions plus ou moins pourrait fournir aux autorités les incitations nécessaires pour accumuler pertinentesc. Le Centraal Planbureau aux Pays-Bas et la Commission des ressources leur permettant de faire face aux ralentissements de la politique budgétaire en Suède sont les deux organes qui se cycliques et aux imprévus à long terme. Ce conseil aurait pour mission rapprochent le plus d’un conseil budgétaire à part entière. Au Chili, d’administrer une série de règles budgétaires souples inscrites dans la deux organes consultatifs indépendants apportent des éléments législation et consistant à décider de la répartition des déficits dans le essentiels à l’établissement des projections des recettes « structurelles » temps, à indiquer le moment auquel il est souhaitable de prendre des qui, à leur tour, déterminent le niveau des dépenses publiques par le mesures anticycliques et à assurer le suivi de la viabilité de la dette biais de l’application d’une règle budgétaire. Les conseils budgétaires publique. Il ne serait pas réaliste d’envisager de déléguer l’intégralité de mis en place au Maroc, au Kenya et en Ouganda sont des organes la formulation de la politique budgétaire à un conseil indépendant en consultatifs qui ont pour fonction de soumettre au parlement des raison du caractère politique et redistributif de la politique budgétaire. évaluations ex ante et ex post des politiques budgétaires. Le gouvernement, en vertu de son mandat politique, conserverait le Lorsqu’il n’est pas possible de créer un conseil budgétaire, existe-t-il une contrôle de la répartition des dépenses et de la structure de la fiscalité. autre solution ? Un conseil budgétaire ne peut être indépendant que si En revanche, la séparation de certains aspects de l’application de les pouvoirs politiques sont prêts à accepter une institution autonome la politique budgétaire du processus politique et la délégation des et que si les principes de la bonne gouvernance sont solidement fonctions correspondantes à un conseil indépendant pourrait accroître établis ; cela n’est pas nécessairement le cas dans tous les pays. Lorsqu’il la responsabilisation et la crédibilité des finances publiquesa. n’est pas possible de mettre en place un conseil indépendant, il reste Comment procéder ? Le conseil budgétaire devrait être conçu de manière possible d’établir de solides fondations pour assurer la viabilité des à le tenir à l’abri des intérêts politiques, à limiter les facteurs susceptibles finances publiques en adoptant des cadres budgétaires transparents, d’inciter le gouvernement à ignorer ses avis et à éviter qu’il soit dissout détaillés et privilégiant une approche budgétaire « descendante ». en cas de différend au sein du pouvoir. Pour être efficace, le conseil Depuis les années 2000, l’Arménie, par exemple, applique un cadre devrait être indépendant du processus politique — ses membres budgétaire mobile sur trois ans, assorti de plafonds de dépenses, qui devraient notamment être nommés dans le cadre d’un processus est intégré dans sa loi de financesd. Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. a. Debrun, Hauner et Kumar 2009. b. Calmfors et Wren-Lewis 2011. c. FMI 2013. d. Banque mondiale 2013. stabilité financière doit faire partie des objectifs directs de Une politique budgétaire anticyclique et soutenable. la politique monétaire. Les avis restent partagés mais l’on À l’échelle mondiale, la politique budgétaire n’affiche pas pourrait faire valoir qu’il vaut mieux assurer la stabilité autant de progrès que la politique monétaire du point de financière par le biais d’instruments macroprudentiels — vue de l’efficacité du processus et des résultats. Cela n’est qui ont pour objet de limiter les déséquilibres financiers et guère surprenant : la politique budgétaire est fondamen- les flux de capitaux volatiles — que par l’intermédiaire de talement plus complexe — elle a multiples objectifs, elle la politique monétaire88. compte de nombreux instruments, et elle est indisso- ciable du processus politique. Dans l’optique de la gestion Des régimes de taux de change flexibles. Bien qu’ils du risque, la politique budgétaire des pays en dévelop- n’aient, pendant longtemps, pas fait l’unanimité, les pement est entachée d’un biais procyclique qui a généra- taux de change flexibles se sont avérés des instruments lement pour effet d’amplifier les périodes d’expansion efficaces d’absorption des chocs. Cela vaut que les chocs et d’aggraver les récessions92. Depuis une vingtaine proviennent de l’économie intérieure ou de l’extérieur. d’années, plusieurs pays en développement du monde Les pays dotés de taux de change flexibles s’adaptent entier privilégient toutefois la transparence et la discipline généralement mieux (ils se redressent plus rapidement et budgétaire, et constituent des réserves durant les périodes plus vigoureusement) à la détérioration de leurs termes fastes en prévision des périodes difficiles ultérieures. C’est de l’échange89, à des catastrophes naturelles comme un grâce à ces améliorations institutionnelles que, depuis tremblement de terre ou une tempête90 et à d’autres chocs quelque temps, un grand nombre de pays en dévelop- qui peuvent engendrer des déséquilibres intérieurs ou pement a été en mesure de poursuivre des politiques extérieurs91. budgétaires anticycliques, essentiellement en faisant Risques et opportunités 35 évoluer les dépenses d’investissement et de consom- plupart des pays développés94. Si l’on prend en compte le mation dans le sens opposé à celui du cycle économique coût des efforts déployés pour lever les recettes supplé- (la carte  2 met en relief les dépenses de consommation mentaires nécessaires (fiscalité, emprunts et formalités anticyclique). La mise en place d’un conseil budgétaire administratives), le multiplicateur net est probablement indépendant peut contribuer dans une mesure importante proche de zéro, sinon négatif. à la poursuite de l’institutionnalisation de la discipline en Dans l’optique de la gestion du risque, il importe ce domaine (encadré 7). enfin de tenir compte des passifs éventuels pour assurer Pourquoi est-il utile de mener une politique la viabilité des finances publiques. Certains passifs sont budgétaire anticyclique  ? Premièrement, ce type de légitimes, comme les efforts de reconstruction et d’aide politique permet aux pouvoirs publics de continuer de à la suite de catastrophes naturelles ou les dépenses fournir des biens et services et d’assurer la stabilité de nécessaires pour fournir la sécurité sociale et les leurs programmes d’investissements publics, même services de santé à une population vieillissante. D’autres si les recettes publiques chutent (ce qui est habituel- sont plus controversés ; les sauvetages financiers, par lement le cas en période de ralentissement économique). exemple, peuvent imposer un lourd fardeau aux États  : Deuxièmement, elle fournit des ressources pour étendre ils ont représenté environ 50  % du PIB indonésien et la couverture des programmes de protection sociale à du PIB thaïlandais après la crise qui a secoué l’Asie de un plus grand nombre de personnes frappées par les l’Est en 1997, et plus de 40  % du PIB islandais et du conditions macroéconomiques. Ces deux mécanismes PIB irlandais durant la crise de 2008–0995. Différentes ont un impact important sur le bien-être de la population mesures s’imposent, face aux passifs éventuels : premiè- et sur la solidité de l’économie non seulement durant rement les pouvoirs publics doivent offrir des incitations la période de ralentissement mais aussi à long terme93. à l’autonomie — par exemple en remplaçant les régimes Troisièmement, les autorités peuvent souhaiter mener une de retraite par répartition par des régimes de pension telle politique pour stimuler l’économie. Il existe toutefois de vieillesse par capitalisation, et en laissant des peu de preuves que des mesures de relance budgétaire intervenants des marchés financiers qui prennent des discrétionnaires stimulant la consommation produisent risques assumer l’intégralité des pertes engendrées par des résultats satisfaisants. Au contraire, les estimations des opérations malencontreuses. Deuxièmement, il du multiplicateur budgétaire keynésien — l’augmentation importe d’encourager l’adoption de solutions par le biais du PIB par dollar supplémentaire de dépenses publiques du marché, par exemple en autorisant l’émission d’obli- — ne sont que de 0,4 à 0,6 pour la plupart des pays en gations catastrophes sur les marchés internationaux à développement et sont comprises entre 0,6 à 1,2 pour la des fins d’assurance contre les catastrophes naturelles. Et F I G U R E 8  L’interdépendance économique, financière et sociale s’intensifie 200 500 180 450 160 400 140 350 120 300 Indice Indice 100 250 80 200 60 150 40 100 20 50 0 0 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Ratio Créances extérieures des banques internationales/PIB Ratio Total des échanges/PIB Nombre d’entrées de touristes par habitant Internautes par habitant (axe de droite) Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014 à partir des Indicateurs de développement dans le monde (base de données de la Banque mondiale), des Statistiques bancaires consolidées (base de données de la Banque des règlements internationaux) et de l’Annuaire des statistiques du tourisme (base de données de l’Organisation mondiale du tourisme). Note : Toutes les séries sont indexées sur la base 100 et ont 2000 pour année de base. 36 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 troisièmement, il importe de constituer des provisions au et économiques qui attisent et propagent les conflits, tout titre des passifs résiduels que l’État peut devoir assumer. en favorisant la création d’opportunités. Le soutien international est également nécessaire lorsque des chocs très importants, tels que des La communauté internationale catastrophes naturelles et des crises financières, provoquent des pertes par rapport auxquelles les Quand la communauté internationale peut-elle ressources nationales peuvent paraître dérisoires. Cette promouvoir la résilience et la prospérité ? situation peut se produire même dans les grands pays ou les pays plus développés, comme l’a clairement Les risques mal gérés ne respectent pas les frontières, et montré la crise de la zone euro, bien que les pays à faible aucun pays où agent ne peut, seul, faire face de manière revenu soient touchés de manière disproportionnée efficace à un risque qui traverse une frontière nationale. par les risques économiques et par les catastrophes. Par Une fois qu’elles se sont déclenchées, les pandémies et les exemple, la province indonésienne d’Aceh a été la région crises financières ou économiques peuvent facilement la plus durement frappée par le tremblement de terre et faire le tour d’un monde de plus en plus interconnecté. le tsunami de 2004, dont la force considérable a fait plus Les conflits armés peuvent dévaster les populations et se de 500 000 sans-abris et a causé des pertes économiques propager dans les pays voisins. Les catastrophes naturelles représentant, selon les estimations, 97  % du PIB d’Aceh. peuvent mettre à mal un pays ou une région tout entière. La communauté internationale a créé un fonds spécial Tous ces risques seront en outre probablement intensifiés alimenté par plusieurs bailleurs de fonds pour appuyer par le changement climatique. De toute évidence, les la reconstruction et mettre en place des systèmes d’alerte risques internationaux et intergénérationnels exigent précoce  ; près de 10  ans après la tragédie, ces efforts se l’attention de la communauté internationale. soldent par des résultats positifs pour l’essentiel99. Les La communauté internationale regroupe des agents interventions ne sont toutefois pas toujours couronnées très divers, notamment les États souverains, les organi- de succès comme en témoignent les résultats décevants sations internationales, la communauté scientifique obtenus par la communauté internationale en Haïti après mondiale et les médias internationaux, ainsi que la le fort tremblement de terre de 2010100. société civile. Elle peut offrir ses compétences et ses connaissances ; elle peut assurer une protection en Des risques qui se propagent au-delà des frontières établissant des règles et des réglementations de portée nationales. Les systèmes économiques, sociaux et mondiale, en renforçant les capacités et en coordonnant écologiques sont de plus en plus interdépendants en raison l’action à l’échelle internationale  ; et elle peut regrouper de leur ouverture et de leur modernisation (figure  8). les ressources de différents pays pour améliorer la Cette interdépendance est source non seulement d’oppor- préparation au risque et atténuer les crises. tunités de croissance et de réduction de la pauvreté, mais aussi de risques divers qui se propagent au-delà des Des risques trop importants pour les seules capacités frontières nationales et qui doivent impérativement être nationales. Il peut être nécessaire de faire appel à la gérés par la communauté internationale, et notamment les communauté internationale lorsque les pays sont organisations régionales101. L’accroissement des transports confrontés à de lourdes contraintes de capacité et que aériens et des échanges de biens et services, par exemple, leurs gouvernements sont faibles ou dysfonctionnels96. permet à des pathogènes sources de maladies infectieuses C’est le cas en particulier des États fragiles et touchés par de se propager, et même dans certains cas de faire le tour un conflit, dont les populations sont exposées à des risques du monde en moins de 36 heures102. Dans le même ordre extrêmes qu’ils n’ont pratiquement aucun moyen de gérer d’idées, les crises financières peuvent se transmettre par par suite de leur accès limité à des marchés, des collec- un réseau de plus en plus complexe de liens entre les tivités et des institutions publiques qui fonctionnent. systèmes financiers du monde entier. La rapide croissance Les habitants des États fragiles et touchés par un conflit économique, nourrie dans une très large mesure par une énergie à base de carbone, s’accompagne aussi de risques constituaient 15  % de la population mondiale en 2010, qui évoluent lentement tels que le changement climatique mais environ un tiers des êtres humains vivant en et la dégradation de l’environnement mais qui pourraient situation d’extrême pauvreté97. Les conflits peuvent avoir des répercussions irréversibles sur les générations dépasser les frontières nationales et accroître les à venir. populations de réfugiés, propager des maladies transmis- sibles et exercer des pressions croissantes sur les biens publics des pays voisins qui accueillent les populations Quelles sont les caractéristiques qui améliorent la touchées. Partager une frontière avec un État fragile peut capacité de la communauté internationale à gérer avoir pour effet de réduire la croissance économique d’un les risques ? pays de 0,4 % par an98. En améliorant les perspectives L’efficacité de la communauté internationale dépend de la économiques et la situation dans les domaines de la santé, mesure dans laquelle elle peut combler les lacunes au de la sécurité et de l’éducation, la communauté interna- niveau des connaissances et des capacités, établir des tionale peut, par son action, atténuer les tensions sociales règles et des normes qui guident les efforts déployés par Risques et opportunités 37 E n c a d r é 8  Face à certains risques qui concernent la planète, comme le changement climatique, la communauté internationale devrait adopter une approche graduelle pouvant déboucher sur des solutions de portée mondiale Définition du problème. La gestion des risques mondiaux passe par la Existe-t-il des exemples de réussite ? Certains résultats remarquables ont poursuite d’une action concertée et préventive par les États souverains. été obtenus. Le Protocole de Montréal conclu pour protéger la couche Les progrès limités accomplis dans certains domaines jettent toutefois d’ozone a été initialement signé par 24 pays mais a fini par être ratifié de le doute sur la possibilité d’organiser une action collective lorsque les manière universelle dans les années 90 grâce aux efforts concertés des pays ont des intérêts divergents, des problèmes de capacité et des autorités nationales, des organisations internationales, d’organisations incitations à bénéficier des résultats sans fournir de contrepartie. Les non gouvernementales et de la communauté scientifiquea. De même, le négociations mondiales visant à conclure des accords ayant l’aval de Traité sur l’interdiction partielle des essais nucléaires, dont le nombre tous sont au point mort — l’exemple le plus notoire est celui du de signataires est passé de 3 à 119 entre 1963 et 1992, a préparé le changement climatique, domaine dans lequel l’inaction, si elle persiste, terrain au Traité de non-prolifération des armes nucléaires, qui est de pourrait avoir des conséquences catastrophiques et irréversibles. plus vaste portée. Certaines actions internationales qui pourraient s’avérer utiles — notamment le développement conjoint et le partage de technologies Comment procéder ? Les autorités nationales, les organisations interna- et d’instruments financiers existants — ont été reportées dans l’espoir tionales et les entités spécialisées peuvent forger une «  coalition des qu’elles pourraient être intégrées dans un accord international devant volontaires » pour coordonner, promouvoir et prendre des mesures être « signé prochainement ». face au changement climatiqueb. Cette coalition pourrait concevoir des incitations à devenir membre en favorisant l’évolution et le financement Solution proposée. Pour certains risques mondiaux comme le de technologies qui abaissent les coûts de participation (moyens moins changement climatique, la communauté internationale devrait adopter onéreux de réduire les émissions, subventions ou transferts de une approche graduelle dans le but de susciter un intérêt grandissant technologie). Elle pourrait également forger des partenariats avec la pour des solutions mondiales. Lorsque les incitations ne sont pas communauté scientifique, la société civile et les médias pour inciter les alignées, que les grands pays souverains ne sont pas pleinement participants à respecter les règles et les non-participants à se joindre à déterminés à mener une action et que les conséquences de l’inaction ces derniers. Les institutions internationales, notamment un conseil sont catastrophiques, il reste toutefois possible de réaliser des progrès international pour la gestion du risque, pourraient établir des forums sans traité multilatéral. Les accords et les mesures intermédiaires pour débattre de l’action à mener et assurer le suivi et la poursuite de adoptés par un groupe de participants, au départ peu nombreux, mesures, la présentation de rapports à leur sujet et leur regroupement peuvent constituer les éléments de base d’accords mondiaux si, comme pour s’assurer que les efforts peu à peu déployés vont dans la bonne escompté, les avantages manifestes procurés par les mesures direction. Sur le plan stratégique, la coalition pourrait inscrire ses appliquées permettent au groupe de s’assurer progressivement la actions dans les cadres mondiaux existants de manière à montrer qu’il participation d’un plus grand nombre de pays. est possible d’établir des liens entre les négociations partielles et les traités mondiaux. Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. a. PNUE 2007. b. Falkner, Stephan et Vogler 2010 ; Goldin 2013 ; Hale 2011. les nations pour gérer leurs risques, et faciliter et meilleurs résultats face aux risques concernant plusieurs coordonner une action collective pour gérer les risques pays lorsque les intérêts de ces derniers sont alignés et qui débordent des frontières nationales. Il est aussi plus ne sont pas subordonnés à des priorités concurrentes facile de mener une action collective lorsque les agents de des politiques intérieures. Le fait que pratiquement tous la communauté internationale ont des préférences et des les pays se soient accordés à reconnaître la nécessité objectifs communs, ou lorsque certains intervenants ont d’éliminer la variole a contribué à l’alignement des la possibilité de mobiliser des ressources et de faire intérêts nationaux et a facilité l’éradication de cette respecter des accords — même si la cohésion et l’unité ne maladie. En revanche, lorsque les intérêts nationaux règnent pas entre tous les pays. divergent, comme c’est le cas au regard des risques posés par le changement climatique et de l’amélioration du La cohésion grâce à des préférences et des objectifs sort des populations des États fragiles et touchés par un partagés. La reconnaissance généralisée de la nécessité de conflit, les progrès peuvent être lents. faire face aux risques permet à la communauté interna- tionale de mieux se préparer aux risques qui exigent Le pouvoir de mobiliser des ressources et de faire respecter des interventions trop importantes pour les capacités des accords. La communauté internationale peut avoir nationales — comme la prise de dispositions pour fournir un important impact sur la gestion du risque lorsque des financements d’urgence aux pays confrontés à des l’objectif de la mobilisation de ressources est bien défini. besoins aigus en ce domaine, et le soutien aux réseaux Par exemple, les systèmes d’alerte précoce mis en place d’assurance régionaux, comme le Mécanisme d’assurance grâce à l’appui de la communauté internationale ont contre les risques liés aux catastrophes aux Caraïbes103. contribué à réduire le nombre de décès résultant de La coopération multilatérale donne également de nombreux types de catastrophes104. La communauté 38 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 E n c a d r é 9  Quelques recommandations de politiques publiques présentées dans le Rapport sur le développement dans le monde 2014 L’État a un rôle important à jouer qui consiste à soutenir les contri- • Examen de la possibilité de rompre le lien entre la sécurité sociale butions de tous les systèmes sociaux et économiques à la gestion du (assurance médicale et pensions de retraite) et la situation sur le risque par la  population. Les recommandations présentées ci-après marché du travail récapitulent certaines des mesures préconisées dans le Rapport sur le Pour le système financier : développement dans le monde 2014. Elles sont organisées par système suivant la méthode adoptée dans le Rapport : • Établissement d’une solide infrastructure financière (systèmes de paiement, évaluation du crédit) pour faciliter l’inclusion financière et Pour les ménages : accroître la profondeur du système • Réglementations applicables pour promouvoir à la fois la protection • Assurance maladie publique, gérée en partenariat avec le secteur du consommateur et la concurrence entre les institutions financières privé, privilégiant les soins préventifs et le traitement des maladies • Règlementation macroprudentielle couvrant le système financier contagieuses et des accidents dans son ensemble, pour atténuer les crises financières et éviter des • Éducation publique, gérée en partenariat avec le secteur privé, opérations de sauvetage privilégiant l’acquisition de compétences flexibles, adaptables en • Stratégie financière nationale prenant en compte les tensions entre fonction de l’évolution du marché du travail l’inclusion financière, la profondeur et la stabilité du système • Filets de protection sociale ciblés sur les populations pauvres, par financier exemple transferts monétaires conditionnels directement versés aux femmes Pour la macroéconomie : • Lois applicables pour lutter contre les violences au sein de la famille • Politique monétaire transparente et crédible, axée sur la stabilité des et la discrimination contre les femmes, et poursuite de campagnes prix et menée par une banque centrale autonome d’information • Pour la majorité des pays, régime de taux de change flexible, dans le contexte d’une politique monétaire transparente et crédible Pour les collectivités : • Politique budgétaire anticyclique et soutenable, avec l’appui d’un • Infrastructures publiques conçues pour réduire les risques posés par conseil budgétaire indépendant des catastrophes, construites en consultation avec les collectivités • Constitution de réserves pour passifs éventuels, tels que catastrophes avoisinantes naturelles, crises financières et pensions pour une population • Infrastructure des transports et des communications, en particulier vieillissante pour intégrer et rapprocher des collectivités isolées Pour la communauté internationale : • Protection de la police contre la petite criminalité et la criminalité • Participation à des accords bilatéraux, régionaux et mondiaux pour organisée, ciblée plus particulièrement sur les collectivités menacées partager les risques entre les pays, renforcer les capacités nationales • Lois applicables pour lutter contre la discrimination raciale ou et confronter des risques communs, en privilégiant des interventions ethnique, et poursuite de campagnes d’information menées par anticipation et coordonnées Pour le secteur des entreprises : • Dans le cas des risques mondiaux difficiles à cerner, comme le changement climatique, formation d’une « coalition des volontaires » • Protection et respect des droits de la propriété privée réunissant les autorités de pays ayant des objectifs communs et offre • Réglementations pertinentes et prévisibles dans les domaines de la d’incitations pour amener d’autres pays à se rallier à cette coalition. fiscalité, des marchés du travail et de l’ouverture et de la fermeture des entreprises Le Rapport sur le développement dans le monde 2014 préconise une application préventive, systématique et intégrée de ces recomman- • Réglementations applicables pour assurer la sécurité sur les lieux de dations. À cette fin, il propose de constituer un conseil national pour la travail, la protection des consommateurs et la préservation de gestion du risque chargé de faciliter l’intégration systématique de la l’environnement gestion du risque dans les programmes de développement nationaux et suggère de créer un comité international pour la gestion du risque Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. qui apportera un soutien à la « coalition des volontaires ». internationale peut aussi, même en l’absence de consensus a tenu principalement aux menaces de sanctions dans à l’échelle mondiale, faire progresser la lutte contre les les domaines de la sécurité, dans le premier cas, et du risques internationaux et intergénérationnels lorsqu’elle commerce dans le second, qui ont contribué à réaligner les peut concevoir des mécanismes pour assurer l’appli- intérêts nationaux et à faciliter la participation et l’action. cation des accords. Cette capacité dépend de manière fondamentale de la mesure dans laquelle elle parvient à Comment la communauté internationale réaligner les incitations pour promouvoir la poursuite peut-elle améliorer sa contribution ? d’objectifs partagés et à obtenir la participation d’inter- venants majeurs. Le succès du Traité de non-prolifé- Les perspectives offertes par les travaux de Leonid ration des armes nucléaires et du Protocole de Montréal Hurwicz, Roger Myerson et Eric Maskin sur la conception pour la protection de la couche d’ozone, par exemple, de mécanismes pour les institutions revêtent encore plus Risques et opportunités 39 d’importance pour une collectivité aussi fluide, diverse et complexe que la communauté internationale. Il est essentiel de prendre en compte les obstacles au niveau des Di ag r a m m e 4  Équilibre des compromis dans la conception incitations (et non pas seulement les contraintes institutionnelle d’un conseil national pour la gestion du risque budgétaires et le manque d’information) pour concevoir des mécanismes efficaces permettant à la communauté Spécialistes indépendants internationale de contribuer à la gestion du risque malgré la multiplicité des intervenants, la complexité des Moindre Moindre pertinence légitimité structures de pouvoir et des objectifs divergents. Lorsque les incitations sont alignées : il faut agir par antici- pation et bien coordonner les interventions. Lorsque les incitations sont alignées et que la marche à suivre est Zone claire, la communauté internationale doit, pour accroître Rôle Rôle d’exécution d’équilibre l’envergure de la gestion du risque, anticiper les risques et consultatif mener des interventions bien coordonnées. Face à des risques tels que ceux posés par des pandémies ou des crises financières dans un monde interconnecté, l’effi- cacité de l’action menée dépend fondamentalement de la Moindre Moindre crédibilité expertise fourniture d’un appui aux capacités dont disposent les différents pays pour suivre et maîtriser les risques sur leur propre territoire. À titre d’exemple, 36 bailleurs de fonds Responsables de l’action publique ont fourni un appui à plus d’une centaine de pays en développement pour leur permettre de se préparer à une Source : équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014. pandémie éventuelle de grippe aviaire (H5N1) entre 2005 et 2010 mais il était impératif que ces pays poursuivent des activités de suivi au niveau local pour limiter la propagation du virus. Il conviendrait donc de consacrer davantage de ressources à l’octroi d’un soutien au renfor- développement, par exemple, pour concevoir des cement des capacités des systèmes d’alerte précoce, de méthodes permettant de neutraliser la concentration de suivi et de communication, et à la conception de gaz à effet de serre dans l’atmosphère105. Dans le même mécanismes de partage des risques qui récompensent les ordre d’idées, la Nouvelle donne pour l’engagement dans efforts de préparation. les États fragiles (Partenariat de Busan) reconnaît que le risque associé à l’inaction est plus grave que la plupart des Lorsque les incitations ne sont pas alignées : il faut une risques associés aux interventions dans les États fragiles, approche graduelle pour parvenir à des solutions de portée et elle présente un cadre permettant à la communauté mondiale. Lorsque les incitations ne sont pas alignées, que internationale de s’employer à aider ces pays à renforcer d’importants États souverains ne participent pas leurs institutions essentielles et leurs politiques et à pleinement aux efforts et que les conséquences de leur réduire le risque d’une reprise des conflits106. inaction peuvent être catastrophiques — comme dans le cas du changement climatique et d’autres risques environ- nementaux tels que la perte de biodiversité — la Une réforme institutionnelle pour assurer communauté internationale doit adopter une approche la gestion systématique du risque graduelle qui permet de progresser en direction de solutions de portée mondiale (encadré 8). Toutefois, pour Le Rapport sur le développement dans le monde 2014 que la participation de tous continue d’être l’objectif présente des douzaines de recommandations stratégiques ultime, il importe de porter une attention particulière aux pour améliorer la gestion du risque à des niveaux mesures qui peuvent contribuer à aligner les incitations différents et complémentaires de la société (l’encadré 9 en sur la poursuite d’un objectif commun, même si un tel offre un aperçu). Il conseille toutefois par-dessus tout de alignement semble très difficile à réaliser. En ce qui mettre en œuvre ces recommandations de manière concerne les risques environnementaux, ces efforts préventive, systématique et intégrée pour en optimiser pourraient consister à diffuser des informations et à l’efficacité. À cette fin, il prône la constitution d’un conseil mener des campagnes de sensibilisation dans le but de national pour la gestion du risque, qui peut contribuer à rapprocher des opinions divergentes, d’effectuer des intégrer cette gestion systématique dans le programme de transferts de ressources financières et technologiques aux développement. Ce conseil peut être une organisation pays en développement pour leur permettre de prendre entièrement nouvelle ou résulter de la réforme d’entités des mesures visant à prévenir le déboisement et à existantes : le plus important est d’adopter une nouvelle promouvoir le recours à des technologies propres, et à démarche — pour parvenir à assurer l’évaluation procéder à des investissements dans la recherche et le coordonnée et systématique des risques au niveau 40 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 national. Il est possible que, pour mettre en œuvre cette d’intégrer son activité dans tous les secteurs, de contrer recommandation, les autorités nationales doivent l’inaction motivée par des intérêts politiques et de mettre modifier sensiblement la manière dont elles formulent et en place des mécanismes bien définis de responsabili- appliquent leurs plans d’ensemble, et cesser de planifier sation pour la mise en œuvre des mesures de gestion du sur la base d’éléments certains pour considérer que le risque convenues107. changement et l’incertitude sont des caractéristiques fondamentales des économies modernes. Un conseil Comment procéder  ? Le conseil national pour la gestion national pour la gestion du risque pourrait aider les du risque, qui peut être un organe gouvernemental ou un autorités à surmonter les obstacles auxquels elles sont organisme autonome, devrait réunir une large gamme de confrontées dans le domaine de l’économie politique parties prenantes et comprendre à la fois des responsables lorsqu’elles gèrent les risques au niveau national ou même de l’action publique (de manière à prendre en compte international. les priorités politiques) et des spécialistes indépendants (pour bénéficier des connaissances techniques et des Constitution d’un conseil national pour la gestion perspectives du secteur privé). Il devrait avoir le pouvoir du risque pour gérer ces derniers de manière de formuler des recommandations mettant en demeure préventive, systématique et intégrée les autorités pertinentes d’« agir ou se justifier » — en d’autres termes, de donner suite aux recommandations du Quel est le problème  ? Il arrive bien trop souvent que les conseil ou d’expliquer pourquoi elles ont décidé de ne pas stratégies de gestion du risque et leur mise en œuvre le faire. Bien que la structure institutionnelle que devrait soient inefficaces (ou engendrent d’autres risques) parce avoir le conseil dépende du contexte politique et institu- qu’elles ne sont pas coordonnées au niveau des différentes tionnel national, sa composition et ses pouvoirs devraient parties prenantes. Gérer les risques de manière préventive permettre d’accorder l’importance qui convient aux et intégrée présente des avantages manifestes : cette compétences spécialisées et aux critères de crédibilité, de manière de procéder peut faciliter l’établissement des pertinence et de légitimité — c’est-à-dire se trouver dans priorités, assurer la prise en considération de tous les aléas la « zone d’équilibre » du diagramme 4. et éviter que la gestion d’un risque particulier ne donne Les responsables de l’action publique siégeant au lieu à des dépenses excessives au détriment de la gestion conseil pourraient être nommés par le pouvoir exécutif, d’autres risques. Divers pays ont entrepris d’évaluer leurs tandis que les experts indépendants pourraient venir risques en faisant appel à des équipes composées de du monde universitaire, de la communauté des affaires parties prenantes venant de différents ministères ainsi et des organisations de la société civile. Le conseil devra que, fréquemment, des représentants du secteur privé et posséder des compétences spécialisées dans les domaines de la société civile. Les États-Unis, les Pays-Bas et le de risques militaires, sécuritaires et terroristes ; des Royaume-Uni ont achevé leur évaluation tandis que risques économiques ; des risques environnementaux, d’autres pays, comme le Maroc, se préparent à l’entre- de santé et technologiques ; et des risques sociaux. Pour prendre. Cette tâche est toutefois généralement confiée à éviter de se retrouver dénué de tout pouvoir, il lui faudra un groupe spécial temporaire, constitué uniquement pour revêtir une importance suffisante aux yeux du public. Il la durée de l’évaluation. D’autres pays ont créé des lui faudra également rendre compte de ses actions en organismes faisant intervenir plusieurs ministères pour publiant régulièrement ses recommandations en même assurer l’échange d’informations et la coordination des activités de gestion du risque, mais ces organismes ne temps que l’analyse et les déclarations des priorités straté- traitent généralement que d’un risque particulier — le giques et en répondant aux questions du corps législatif plus souvent une catastrophe naturelle, comme au Pérou, lors d’audiences annuelles. ou la sécurité nationale, comme en Israël. Rares sont les Bien qu’un conseil national pour la gestion du pays qui ont effectivement mis en place un organisme de risque constitué en tant qu’organisme autonome gestion du risque intégré et permanent pour faire face à de présente certains avantages, il pourrait aussi opérer multiples risques. en tant qu’organe gouvernemental. De fait, des pays aussi différents que la Jamaïque, le Mali, le Mexique, le Quelle est la solution proposée ? Il est possible de constituer Maroc et le Rwanda envisagent la possibilité d’intégrer un conseil national pour la gestion du risque à caractère une fonction de gestion du risque dans la structure permanent afin de faciliter des interventions préventives de l’appareil d’État — suivant en partie la proposition et intégrées au niveau national. Ce conseil peut analyser formulée par le Forum économique mondial en vue de la les risques, et notamment les compromis entre les risques création d’un poste de responsable national de la gestion et entre les mesures de gestion du risque ; examiner du risque calqué sur le modèle de celui de responsable en et publier des évaluations des pratiques de gestion du chef de la gestion du risque existant dans de nombreuses risque dans le pays  ; définir les priorités relatives à la sociétés multinationales108. Ce type de mesure institu- gestion du risque ; et formuler des recommandations tionnelle pourrait s’avérer pertinent dans les pays dotés sur les mesures qu’il conviendrait de mettre en œuvre. d’un solide cadre permettant à la fonction publique L’institutionnalisation du conseil pour la gestion du d’opérer de manière efficace et indépendante, sachant risque devrait avoir une valeur ajoutée en permettant que les membres du conseil national pour la gestion du Risques et opportunités 41 risque seront des technocrates nommés pour des périodes du conseil international en collaboration avec les pays dépassant la durée du cycle politique. membres de la « coalition des volontaires  » (encadré  8), Le cadre de gestion du risque intégré à l’échelle aux fins de l’établissement de l’ordre de priorité des de l’État mis en place à Singapour est un exemple de questions urgentes, et de conférer ainsi crédibilité et démarche permettant de surmonter les « silos » constitués légitimité à ces efforts. au sein des administrations publiques109. La structure institutionnelle qui soutient ce cadre est constituée par le Comité stratégique, qui se compose des secrétaires Pour conclure : cinq principes pour permanents de différents ministères publics et elle est une action publique propice à présidée par le Directeur de la fonction publique. Le l’amélioration de la gestion du risque système de gestion des crises intérieures comprend, par L’analyse présentée tout au long du Rapport sur le dévelop- ailleurs, un comité ministériel présidé par le ministre de pement dans le monde 2014 montre que l’action publique l’Intérieur et appuyé par le groupe exécutif pour les crises peut être utilement guidée par certains principes nationales, qui se compose de hauts représentants des fondamentaux permettant d’améliorer la qualité et la ministères ou d’organismes publics. Ce cadre, qui couvre prestation des services de protection sociale, des biens des risques multiples, est complété par des organismes publics et des politiques publiques qui sont essentiels pour chargés de gérer des risques particuliers, comme le soutenir les efforts de gestion du risque de la population. Secrétariat pour la coordination de la sécurité nationale. Les cinq principes énoncés ci-après prennent en compte Les modalités institutionnelles adoptées par Singapour les leçons tirées des meilleures pratiques observées dans le pour assurer une gestion intégrée des risques donnent monde entier et valent pour différents types de risques et lieu à un haut degré de spécialisation et à un processus de pays. Il importe toutefois, pour pouvoir les appliquer, complexe de coordination, qui évolue au cours des ans. de les adapter au contexte. Bien que, à première vue, ces Des modalités plus simples, et une conception institu- principes ne semblent guère porter à controverse, en tionnelle moins spécifique et moins spécialisée (exigeant pratique ils suscitent des tensions et exigent des des mécanismes de coordination moins contraignants) compromis qui rendent leur application difficile. pourraient constituer un bon point de départ pour les pays en développement. 1. Ne pas créer d’incertitude ou de risques inutiles Pour finir, il importe d’aborder deux points importants. Premièrement, comment inciter les autorités L’État doit, par le biais de ses politiques et de son nationales à mettre en place un conseil national pour la action, s’efforcer de réduire les risques et d’atténuer les gestion du risque  ? Il sera nécessaire, dans un premier incertitudes. Il doit, à tout le moins, ne pas les aggraver. temps, de donner une impulsion aux autorités pour leur Mais comment ou pourquoi le ferait-il ? Premièrement, permettre de surmonter les incitations contraires et il se peut qu’il perpétue, par le biais de ses politiques, mettre en place une institution durable. Cette impulsion des normes sociales qui sont source de discrimination pourra être d’origine intérieure, et venir de chefs de file à l’encontre de certains groupes et qui accroissent leur politiques et de technocrates réformateurs, mais aussi vulnérabilité. Par exemple, les politiques publiques d’origine extérieure, et résulter des encouragements et qui renforcent l’inégalité entre les genres ou favorisent de l’appui de la communauté internationale. Une fois certaines ethnies nuisent à la résilience des ménages et des qu’il aura été mis en place, le conseil national pourra collectivités, au lieu de la renforcer. lutter contre l’inaction et les mauvaises pratiques en Deuxièmement, les autorités peuvent favoriser ceux mettant en place des mécanismes de responsabilisation qui lui accordent leur soutien politique, qu’il s’agisse clairement définis. Une équipe dirigeante réformatrice d’une petite élite ou d’un groupe important, au détriment désireuse d’assurer la pérennité des mesures profitables des intérêts légitimes d’autres parties. Par exemple, les qu’elle a prises souhaitera probablement rendre les États qui dépossèdent certains ménages de leurs actifs équipes ultérieures comptables de leurs actions ou financiers (comme l’épargne et les fonds de pension) ou de leur inaction. Deuxièmement, serait-il possible de de leurs infrastructures privées (comme des bâtiments mettre en place un organe similaire à l’échelle mondiale d’habitation, ou des usines) peuvent profiter de leur action — c’est-à-dire un conseil international pour la gestion à court terme, mais ils finissent par compromettre la du risque — pour contribuer à la gestion de ceux qui capacité du système financier et du secteur des entreprises se propagent au-delà des frontières nationales  ? Un à prospérer, à se développer et à fournir à l’ensemble de la conseil international pourrait s’assurer la participation population des moyens de gérer leurs risques. de la communauté scientifique et technique du monde Troisièmement, un gouvernement doté d’une structure entier dans le but de regrouper toutes les connaissances fragmentaire caractérisée par son manque d’organisation disponibles pour recenser, évaluer et gérer les grands et de coordination peut finir par poursuivre des politiques risques mondiaux. En l’absence d’un organe directeur au ambivalentes ou ne pas exécuter son programme de niveau international, ce conseil pourrait toutefois n’avoir manière efficace. Une telle situation peut se produire guère la possibilité de faire appliquer ses recomman- par suite d’un processus de décentralisation inadéquat, dations. Il serait néanmoins possible de remédier à si les administrations locales et régionales n’ont pas les cet inconvénient en assurant la poursuite des travaux ressources et les capacités nécessaires pour assumer leurs 42 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 responsabilités qui leur sont dévolues, si elles n’ont pas concevant les mécanismes qui prennent directement en les mêmes priorités et préférences que l’administration compte les incitations des individus. Des filets de nationale ou encore si elles cherchent à profiter sans protection bien conçus — comme les programmes de contrepartie des actions menées par d’autres adminis- transferts monétaires conditionnels ou les programmes trations locales et régionales. de travail mis en œuvre au Bangladesh, au Brésil, en Inde Enfin, le gouvernement peut être guidé par son et au Mexique, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux idéologie, faire des vœux pieux ou simplement agir en — favorisent l’adoption par les ménages de meilleures désespoir de cause lorsqu’il se heurte à des problèmes pratiques dans le domaine de l’éducation, de la santé et difficiles et réels, au lieu de recourir à des mesures même de l’entreprenariat, tout en restant soutenables sur fondées sur des faits établis et une solide analyse. Il arrive le plan budgétaire111. souvent, par exemple, que des réglementations du marché Dans tous les cas, pour pouvoir gérer les risques de du travail qui semblent avoir pour objet de défendre les manière efficace, il est essentiel que les êtres humains intérêts des travailleurs ne protègent en fait qu’un petit modifient leur conception de leurs responsabilités person- nombre d’entre eux et contribuent à l’établissement nelles et sociales pour abandonner la dépendance au d’un vaste secteur informel. Le financement des déficits profit de l’autonomie et passer de l’isolement à la budgétaires par l’expansion monétaire ou la poursuite de coopération. L’offre d’incitations adaptées peut aider à ces politiques macroéconomiques variables et incohérentes deux égards. en situation de crise sont d’autres exemples de ce type d’intervention : ces manières de procéder nourrissent 3. Maintenir une vision de long terme à brève échéance l’incertitude et l’instabilité macroé- pour la gestion du risque en mettant en place conomique et peuvent même provoquer des récessions des mécanismes institutionnels indépendants prolongées. des cycles politiques L’un des grands défis de l’action publique consiste à 2. Offrir aux individus et aux institutions mettre en place des mécanismes institutionnels qui les incitations nécessaires pour qu’ils prennent amènent l’État à conserver une vision de long terme, eux-mêmes des mesures de planification en dépit des fluctuations de l’opinion publique ou des et de préparation, tout en prenant soin de ne pas alliances politiques. Par exemple, la prestation par l’État imposer de risques ou de pertes à autrui de services d’éducation et de santé est un important L’un des défis que doit relever la politique publique investissement dans la préparation des familles et des consiste à créer des incitations pour amener les membres collectivités à faire face aux risques, qui doit être financé de la population à prendre leurs propres mesures de de manière systématique et durable pour produire des planification et de préparation aux risques, en évitant résultats : l’action en ce domaine doit porter sur le long les circonstances dans lesquelles certains avantages sont terme. La Thaïlande et la Turquie, qui ont toutes deux conférés à des intérêts particuliers tandis que d’autres récemment mis en place un programme d’assurance doivent assumer des pertes. maladie universelle, affichent en ce domaine des résultats Considérons les sauvetages financiers. Ces derniers probants. sont préjudiciables non seulement parce qu’ils peuvent Les deux exemples qui suivent ont trait à la politique constituer une lourde charge budgétaire mais aussi parce financière et à la politique macroéconomique. Pour que qu’ils incitent à prendre des risques excessifs. Mais ils sont le système financier puisse soutenir la gestion du risque, parfois nécessaires pour éviter un effondrement il est essentiel qu’il parvienne à concilier inclusion et systémique de l’intermédiation financière. Il faut chercher stabilité. Il n’est possible de déterminer l’équilibre correct à les éviter — essentiellement en poursuivant des entre ces deux éléments qu’en procédant à une planifi- politiques macroprudentielles fondées, claires et transpa- cation détaillée à long terme ; c’est ce qu’a entrepris rentes, mais lorsqu’il devient nécessaire de procéder à un de faire la Malaisie, où la banque centrale prépare la tel sauvetage, celui-ci doit être conçu de manière à éviter stratégie pour le secteur financier en collaboration avec le de créer des incitations perverses à l’avenir. Il est difficile ministère des Finances et le secteur privé. Les politiques de trouver des exemples satisfaisants de sauvetages monétaire et budgétaire anticycliques doivent également financiers menés dans de bonnes conditions, bien qu’il s’inscrire dans une perspective de long terme de manière puisse être utile d’analyser les interventions menées par la à pouvoir gérer le cycle économique en utilisant des Turquie à la suite de la crise bancaire de 2000-01 (en ressources accumulées sur de longues périodes et suivant particulier la détermination dont ont fait preuve les des scénarios différents. Conformément aux meilleures organes nationaux chargés de la réglementation et des pratiques, il importe de rechercher un équilibre résolutions bancaires)110 et de suivre cet exemple. budgétaire de long terme, comme le font, notamment, Dans un domaine très différent, l’on pourrait être le Chili, la Colombie et la Norvège. Les mécanismes tenté de critiquer la protection sociale parce qu’elle institutionnels qui perdurent au-delà du cycle politique n’encourage pas les individus à compter sur eux-mêmes et — comme un conseil national pour la gestion du risque et impose une charge excessive à l’État. Les faits montrent un conseil budgétaire indépendant — peuvent contribuer toutefois qu’il est possible d’éviter ces problèmes en à préserver la vision de long terme de la gestion du risque. Risques et opportunités 43 4. Promouvoir la flexibilité dans un cadre productifs et fragiliser le capital humain. Même les pays institutionnel bien défini et prévisible à faible revenu peuvent se doter de filets de protection, à condition de les cibler sur les populations vulnérables Il est essentiel de pouvoir s’adapter avec flexibilité à de et de les concevoir pour inciter leurs bénéficiaires à nouvelles circonstances pour promouvoir la résilience et travailler. Le système de filet productif mis en place en tirer le meilleur parti des opportunités qui se présentent. Éthiopie, par exemple, montre qu’un mécanisme bien La migration des ménages motivée par l’évolution de conçu peut mettre des millions de ménages à l’abri de la situation économique, l’adaptation des collectivités l’insécurité alimentaire tout en investissant dans les actifs rurales au changement climatique et le renouvellement des collectivités. des entreprises sous l’effet de chocs associés aux techno- La communauté internationale peut également fournir logies et à la demande sont des exemples notables d’ajus- un appui aux populations vulnérables en les faisant tement. Il ne faudrait toutefois pas confondre flexibilité bénéficier de ses ressources et de ses compétences spécia- et prise de décisions arbitraires ou aléatoires. L’État doit lisées. Bien qu’elle fasse l’objet de nombreuses critiques, s’employer à promouvoir la flexibilité tout en préservant l’aide extérieure donne de bons résultats lorsqu’elle est une structure institutionnelle solide, transparente et assurée en coordination avec des institutions locales prévisible. responsables. Cela a été notamment le cas lorsque Le modèle danois de la « flexicurité  » permet l’aide extérieure a contribué à la reconstruction des d’atteindre un tel équilibre dans le cas des entreprises, infrastructures et à la mise en place des systèmes d’alerte car il associe la facilité d’ajustement de la main d’œuvre précoce en Indonésie après le tsunami de 2004. à l’existence d’un solide filet de protection sociale et à des En fin de compte, la protection des populations politiques de reconversion. Le Danemark se caractérise vulnérables passe par l’adoption des mesures nécessaires donc par une économie dynamique dans laquelle un pour assurer un développement durable — c’est-à-dire un grand nombre de travailleurs changent d’emplois mais développement qui élimine l’extrême pauvreté et permet ne sont que brièvement au chômage. Dans le domaine aux membres de la population de cesser d’être vulnérables de la macroéconomie, les stratégies fondées sur une cible grâce à la poursuite d’une croissance soutenue permise d’inflation en régime de taux de change flottant sont un par la gestion du risque. bon modèle de politique monétaire flexible mais viable sur le plan institutionnel. En 2012, 27  pays du monde entier étaient dotés d’un régime fondé sur une cible Dernières réflexions d’inflation. De nombreux pays qui avaient poursuivi des Les individus et les familles peuvent contribuer à stratégies de ciblage de l’inflation dans les années 90 ont améliorer leur sort en planifiant et en se préparant à toutefois abandonné ce système après l’établissement de confronter les risques et à saisir les opportunités qui sont l’Union monétaire européenne en 1999. Ils se sont ainsi au cœur de la vie moderne. Les collectivités et les pays privés d’un instrument de flexibilité monétaire qui aurait peuvent également améliorer leur sort en partageant pu leur être utile face à la récession prolongée et à l’incer- les responsabilités nécessaires pour gérer les risques de titude qui règne dans la zone euro. manière satisfaisante. 5. Protéger les populations vulnérables « J’ai grandi pendant la guerre. J’ai compris qu’on peut influencer son destin, du moins dans une certaine mesure, en encourageant l’autonomie et en préservant en évaluant les risques auxquels on est exposé et en prenant la viabilité des finances publiques des mesures pour y faire face ». La dure réalité est que nombreux sont ceux, dans le — K laus Jacob, spécialiste de la gestion des risques de monde entier, qui n’ont pas les ressources matérielles catastrophes à Columbia University et survivant de ni l’information nécessaire pour confronter les risques la Deuxième Guerre mondiale112 auxquels ils sont exposés. Il peut être difficile de planifier pour l’avenir aux populations pauvres qui luttent chaque jour pour survivre. Le défi que doit relever l’État consiste « Avant, j’allais tous les jours travailler à pied. Le chemin à protéger les populations vulnérables tout en maintenant que je devais emprunter était dangereux et beaucoup de la viabilité des finances publiques — et à encourager personnes étaient victimes de vol ou de sévices physiques. l’autonomie. Oui, c’est vrai, j’ai surmonté des risques pour saisir une L’État peut offrir des filets de protection sociale aux opportunité ». ménages qui restent très vulnérables aux chocs pour leur Kariuki Kevin Maina, étudiant, Kenya — éviter d’avoir recours à de coûteux mécanismes d’adap- Contribution au site web du Rapport sur tation qui peuvent réduire la consommation et les actifs le développement dans le monde 2014 44 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 Notes 31. FEMA 2010. 32. Gourinchas et Obstfeld 2012 ; Schularick et Taylor 2012.    1. Dercon, Hoddinott, et Woldehanna 2005. 33. Hallegatte 2012b.    2. Buvinić et Morrison 2000. 34. La Porta et al. 1998.   3.  Banque mondiale 2012d. 35. Voir, par exemple, Tornell et Velasco 1992.   4.  OMS 2013. 36. Ce type de représailles commerciales a été évité durant la    5. L’étude de Baulch 2011 offre à cet égard un éclairage très crise financière mondiale de 2008–09, en partie grâce aux utile. mesures concertées prises par la communauté interna-   6.  Paul 2009. tionale — à l’inverse des politiques commerciales bien Didier, Hevia, et Schmukler 2012.    7.  connues du « chacun pour soi » qui ont exacerbé la grande    8. Dercon et Christiaensen 2011. dépression (Eichengreen et Irwin 2010). La communauté Voir Karlan et al. 2012 (Ghana) ; et Cole, Giné et Vickery    9.  internationale n’a, en revanche, pas aussi bien réussi à 2013 (Inde). éviter l’imposition de restrictions aux exportations durant 10.  Hoddinott, Rosegrant et Torero 2012. les crises des prix alimentaires survenues au cours des 11. Hallegatte 2012a. dernières années (Martin et Anderson 2012). 12.  La préparation aux risques suppose d’investir dès les tout 37. Knight 1921. premiers stades, alors que les avantages qui en découlent 38. Hallegatte et al. 2012. se manifestent dans le temps et sont par conséquent 39. Čihák et al. 2012. plus aléatoires. Le calcul de la probabilité qu’un risque 40. Se reporter à Fafchamps 2011 pour une analyse des études se concrétise est donc une composante essentielle de consacrées au partage des risques, à la famille et à la l’évaluation des interventions envisagées. Dans les analyses formation de réseaux. coût-bénéfice de type formel, cette probabilité est généra- 41. Acemoglu et Robinson 2012 présentent de nombreux lement prise en compte de manière implicite (en calculant exemples de telles défaillances. le montant des coûts évités au regard de la moyenne 42. Reinikka et Svensson 2005 ; Speer 2012 ; Devarajan, Khemani des données historiques) ou explicite (en pondérant les et Walton 2011. avantages potentiels qui résulteraient, en cas de choc, des 43. Becker 1993. mesures de gestion du risque en fonction de la probabilité 44. O viedo et Moroz 2013, pour le Rapport sur le dévelop- de ce choc). Voir Wethli 2013 pour le Rapport sur le pement dans le monde 2014. développement dans le monde 2014. 45. De Weerdt et Hirvonen 2013 pour la Tanzanie ; Yang et 13.  Voir notamment Bodie, Kane et Marcus 2011. Choi 2007 pour les Philippines ; Paulson 2000 pour la 14.  Voir Kuznets 1955 et Dasgupta et al. 2002. Les compromis Thaïlande. mentionnés dans le texte sont considérés exister par 46. Équipe du Rapport sur le développement dans le monde certains experts et une grande partie du public, comme 2014, sur la base du Programme international pour le suivi en témoignent plusieurs sondages d’opinion, mais n’ont des acquis des élèves de l’OCDE (PISA). pas toujours lieu d’être en réalité. De récentes analyses 47. Xu et al 2003. montrent, par exemple, que croissance économique, 48. Demirgüç-Kunt et Klapper 2012. protection de l’environnement et intégration sociale sont 49. Duflo 2003 ; Thomas 1990. généralement complémentaires. Voir Banque mondiale 50. Duflo 2003 ; voir également Thomas 1990 et Lundberg, 2012b. Pollak et Wales 1997. 15.  Hoddinott, Rosegrant et Torero 2012. 51. Équipe du Rapport sur le développement dans le monde 16.  Dethier, Hirn et Straub 2011 ; Kehoe et Prescott 2007. 2014, sur la base des Indicateurs du développement dans 17. Bruno et Easterly 1998. le monde de la Banque mondiale (base de données World 18.  Bernoulli 1738 ; von Neumann et Morgenstern 1944. Development Indicators). 19.  Allais 1953 ; Kahneman et Tversky 1979. 52. Banque mondiale 2005. 20.  Black 1948 ; Buchanan et Tullock 1962 ; Olson 1965. 53. Thoresen et Fielding 2011 montrent comment l’élargis- 21.  Hurwicz 1960 ; Myerson 1979 ; Maskin 1999. sement de la couverture des soins de santé peut exercer des 22.  Le concept de la chaîne des risques est examiné et illustré pressions considérables sur la viabilité non seulement des dans Alwang, Siegel et Jørgensen 2001. Voir par ailleurs ressources financières mais aussi des ressources humaines. Barrett 2002 ; Heltberg, Siegel et Jørgensen 2009. 54. Premand 2013, pour le Rapport sur le développement dans 23.  Ehrlich et Becker (1972). Voir également le développement le monde 2014. de ce principe dans Muermann et Kunreuther (2008) et son 55. Paxson et Schady 2007 et bibliographie de cet ouvrage  ; application dans Gill et Ilahi 2000 ; Holzmann et Jørgensen Macours, Schady et Vakis 2008 ; voir également la biblio- 2001; et Packard 2002. graphie de Fiszbein et Schady 2009. 24.  K hokhar 2013 pour le Rapport sur le développement dans 56. Équipe du Rapport sur le développement dans le monde 2014, le monde 2014. sur la base d’enquêtes démographiques et sanitaires. 25.  Indicateurs du développement dans le monde (bases de 57. Coleman 1988 ; Putnam 1993. données). 58. De Weerdt 2001. 26.  Banque mondiale 2012c. 59. Gertler et Gruber 2002. 27. Voir le débat très riche sur la complémentarité potentielle 60. Par exemple, Aldrich 2011 montre que le capital social entre assurance et protection dans Erlich et Becker 1972. contribue de manière fondamentale à l’aptitude des collec- 28.  Economist 2013. tivités à se relever de catastrophes naturelles. 29. Hallegatte 2012b. 61. Alesina, Baqir et Easterly 1999. 30. Carter et al. 2007. 62. Narayan, Pritchett et Kapoor 2009 ; Bowles et Gintis 2002. Risques et opportunités 45 63. Bjorkman et Svensson 2009 ; Pandey et al 2007. 83. Barro 2009. 64. Knight 1921 ; Coase 1937. 84. Hnatkovska et Loayza 2005. 65. Se reporter à Baily 1974 et Azariadis 1975 pour des études 85. Easterly et Servén 2003. d’importance majeure en ce domaine. 86. Prasad et Gerecke 2010. 66. Schumpeter 1942. 87. Education International 2009. 67. Hsieh et Klenow 2009. 88. Svensson 2012 ; Bruno et Shin 2013. 68. Baicker, Cutler et Song 2010. 89. Edwards et Levy Yeyati 2005. 69. Bergoeing, Loayza et Repetto 2004. 90. Ramcharan 2007. 70. Le Pérou offre un exemple intéressant et récent d’un 91. Edwards 2004  ; Lane et Milesi-Ferretti 2012  ; Ghosh, processus de formalisation qui a permis à la fois Qereshi, et Tsangarides 2013. d’améliorer la protection de l’environnement et d’accroître 92. Kaminsky, Reinhart et Végh 2005. les revenus. Des mines informelles se sont ouvertes ces 93. Parker 2011. dernières années au Pérou par suite de la hausse des cours 94. Voir Kraay 2012 et Ilzetzki et Vegh 2008 pour un examen de l’or. Ces mines, qui n’appliquent pas les réglementations des études consacrées aux pays en développement ; et Barro existantes, ont causé des déboisements importants. Le et de Rugy 2013 et Ramey 2011 pour un examen des études mercure utilisé dans le processus d’extraction contamine consacrées aux pays développés. les rivières et l’atmosphère et est préjudiciable à la santé 95. Laeven et Valencia 2012. humaine. Dans la région de La Libertad, la société minière 96. DFID 2005; OCDE 2011a, 2012 ; Banque mondiale 2011. Poderosa Mining Company a adopté une démarche 97.  OCDE 2012. novatrice pour résoudre le problème après que des mineurs 98. DFID 2005. du secteur informel aient envahi l’une de ses concessions. 99. Voir “Resilience Stories” sur le site web du Sendai Dialogue La société a entrepris d’intégrer ces mineurs dans le secteur à l’adresse https://www.gfdrr.org/node/1308. formel en signant des accords leur permettant de continuer 100. Larrimore et Sharkey 2013. leurs activités d’extraction sous sa direction. Ces accords, 101. Tous les risques qui se propagent au-delà des frontières qui respectent les normes internationales de qualité dans nationales ne sont pas forcément de portée mondiale. le domaine de la gestion de l’environnement, ont permis Certains, tels que les conflits armés entre pays voisins ou d’accroître les revenus des petits exploitants miniers et de réduire les effets nuisibles du déboisement et de la contami- des différents concernant les ressources naturelles, peuvent nation par le mercure. PNUE 2012. ne toucher qu’un petit nombre de pays. Ces risques peuvent 71. Banque mondiale 2012d ; Loayza et Rigolini 2011. être gérés de manière plus appropriée ou plus efficace par 72. Calderón et Fuentes 2012. des institutions régionales. 73. Caballero et al. others 2013. 102. Jonas 2013 pour le Rapport sur le développement dans le 74. Miller 1986. monde 2014. 75. Diamond et Dybvig 1983. 103. Mahul et Cummins 2009. 76. Laeven et Valencia 2012. 104. Banque mondiale et Nations Unies 2010. 77. Han et Melecky 2013 pour le Rapport sur le développement 105. Royal Society 2009. dans le monde 2014 ; Cull, Demirgüç-Kunt et Lyman 2012. 106.  OCDE 2011b. 78. Brix et McKee 2010. 107. Graham et Wiener 1995 ; Forum économique mondial 2007. 79. Gupta 2013. 108. Forum économique mondial 2007. 80. World Bank 2012a. 109.  OCDE 2009. 81. Borio 2003 examinent la différence entre un cadre 110. Damar 2007; Ersel et Ozatay 2008. réglementaire microprudentiel traditionnel et une 111. Fiszbein et Schady 2009 ; Alderman et Yemtsov 2012. démarche réglementaire macroprudentielle. 112. Cité dans l’article d’Eric Klinenberg, “Adaptation: How 82. Maimbo et Melecky 2013 pour le Rapport sur le dévelop- Can Cities be ‘Climate-proofed’?” The New Yorker, 7 pement dans le monde 2014. janvier 2013, 33. 46 R app o rt sur le d é v el o ppe m ent dans le m o nde 2 0 1 4 Bibliographie Black, Duncan. 1948. “On the Rationale of Group Decision- Making.” Journal of Political Economy 56 (1): 23–34. 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Philippines.” World Bank Economic Review 21 (2): 219–48. Table des matières du Rapport sur le développement dans le monde 2014 Avant-propos Remerciements Abrégé Risques et opportunités : La gestion du risque peut être un puissant  outil de développement Première partie  Les éléments fondamentaux de la gestion du risque 1 La gestion du risque peut être un puissant outil de développement Gros plan 1 Se préparer à faire face aux imprévus : une démarche intégrée pour gérer les risques de catastrophes naturelles aux Philippines et en Colombie 2 Au-delà de l’idéal : obstacles à la gestion du risque et moyens de surmonter les risques Gros plan 2 Protection de la consommation alimentaire des populations pauvres : le rôle des filets de protection sociale en Éthiopie et en El Salvador Deuxième partie  Le rôle des grands systèmes sociaux 3 Les ménages sont la première source de soutien pour faire face aux risques et saisir les opportunités Gros plan 3 Vers une assurance maladie universelle en Turquie et en  République kirghize 4 Des collectivités cohésives et interconnectées sont source de résilience Gros plan 4 Lorsque la justice pénale ne suffit pas : prévention intégrée de la criminalité et des violences urbaines au Brésil et en Afrique du Sud 5 Promouvoir la résilience et la prospérité grâce au dynamisme du secteur des entreprises Gros plan 5 La progression inégale de l’Inde vers un marché du travail plus souple 6 La contribution du système financier à la gestion du risque : plus d’instruments financiers, moins de crises financières Gros plan 6 Renforcer la résilience face aux chocs économiques mondiaux en République tchèque, au Pérou et au Kenya Gestion des risques macroéconomiques : renforcer les institutions pour améliorer 7  les résultats des politiques publiques Gros plan 7 Maladies sans frontières : comment gérer le risque de pandémie 8 Le rôle de la communauté internationale : lorsque les capacités nationales ne suffisent pas face aux risques Réformes stratégiques Intégration systématique de la gestion du risque dans le programme de développement : propositions de réformes institutionnelles Annexes Sigles, abréviations et notes sur les données Études de référence Indicateurs Index Four easy ways to order PHONE: MAIL: ONLINE: FAX: +1-703-661-1580 or P.O. Box 960 www.worldbank.org/publications +1-703-661-1501 1-800-645-7247 Herndon, VA 20172-0960, USA Download at openknowledge.worldbank.org | eBook available through Amazon, Apple, and other online retailers World Development Report 2014 PRICE QTY TOTAL Risk and Opportunity—Managing Risk for Development US$35.00 Paperback: (ISBN: 978-0-8213-9903-3) SKU 19903 Hardcover: (ISBN: 978-0-8213-9964-4) SKU 19964 US$60.00 Prices vary by country as World Bank Publications offers geographical Subtotal discounts on its titles. Please visit publications.worldbank.org/discounts Within the US (prepaid orders): $8 per order + $1 per item. Geographic discount* Outside of the US: • Nontrackable airmail delivery (US$7 per order + US$6 per item). Delivery time: 4-6 weeks Shipping and Handling** • Trackable couriered airmail delivery (US$20 per order + US$8 per item). Delivery time: 2 weeks. 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Le Service des publications et énergie totale : 17 millions •   de la diffusion des connaissances a décidé BTU d’imprimer le Rapport sur le développement gaz à effet de serre : •   dans le monde 2014 — Abrégé : Risques 1 422 kg et opportunités — La gestion du risque eaux usées : 64 337 litres •   à l’appui du développement sur papier déchets solides : 516 kg •   recyclé constitué à 50 % de fibres provenant de déchets de consommation conformément aux normes recommandées par l’Initiative Green Press, programme sans but lucratif visant à encourager les éditeurs à utiliser des fibres ne provenant pas de forêts menacées. Pour plus d’information, se rendre sur le site www.greenpressinitiative.org. Depuis 25 ans, le monde connaît des changements sans précédent qui, dans bien des cas, sont synonymes de progrès. Dans tous les continents, de nombreux pays se sont engagés dans la voie de l’intégration internationale, des réformes économiques, de la modernisation technologique et de la participation démocratique. Il s’ensuit que des économies qui avaient stagné durant des décennies sont aujourd’hui en pleine croissance, que des familles plongées dans le dénuement pendant des générations sortent peu à peu de la pauvreté, et que des centaines de millions d’individus de par le monde jouissent désormais des avantages découlant de l’amélioration des conditions de vie et de l’intensification des échanges scientifiques et culturels entre les nations. Les grands changements que traverse la planète ouvrent des perspectives toujours plus nombreuses, mais sont aussi porteurs de risques, dont certains existent de longue date tandis que d’autres sont plus récents. Ils vont du chômage et de la maladie aux dangers liés aux tensions sociales et à la dégradation de l’environnement. Si rien n’est fait pour y remédier, ces risques peuvent déclencher des crises qui réduisent à néant des progrès chèrement acquis et mettent en péril les réformes sociales et économiques à l’origine de ces progrès. Le Rapport sur le développement dans le monde 2014, Risques et opportunités : La gestion du risque à l’appui du développement fait valoir que la solution ne consiste pas à rejeter le changement pour éviter les risques, mais plutôt à se donner les moyens de faire face aux risques et d’exploiter les opportunités qui découlent du changement. Une gestion responsable et efficace des risques peut contribuer à apporter la sécurité et promouvoir le progrès au profit des populations des pays en développement et du reste du monde. Les efforts menés par les individus eux-mêmes sont essentiels à la gestion du risque, mais ils n’auront qu’un succès limité en l’absence d’un environnement porteur — en particulier lorsque les risques sont importants ou de nature systémique. Le Rapport sur le développement dans le monde 2014 soutient que les individus peuvent parvenir à faire face à des risques bien trop importants pour leurs seules ressources en s’associant à d’autres pour les gérer. En effet, divers systèmes sociaux et économiques, qui se sont formés d’eux- mêmes, permettent de surmonter les obstacles auxquels se heurtent les individus et les groupes, notamment le manque de ressources et d’information, les déficiences cognitives et les biais de comportement, l’absence de marché et de biens publics, les externalités sociales et l’exclusion. Ces systèmes — qui vont du ménage et de la collectivité à l’État et à la communauté internationale — peuvent appuyer les efforts déployés par les individus pour gérer leurs risques de manières différentes mais complémentaires. Le Rapport aborde certaines des questions les plus pressantes posées par les responsables de l’action publique. Quel rôle l’État doit-il jouer pour aider les individus à gérer leurs risques ? Quelles sont les circonstances dans lesquelles il lui faut procéder à des interventions directes et celles dans lesquelles son rôle consiste à assurer un environnement porteur ? Comment les autorités nationales peuvent-elles améliorer leur propre gestion du risque, et que se passe-t-il lorsqu’elles échouent ou n’ont pas les capacités requises, comme c’est le cas dans de nombreux États fragiles et touchés par un conflit ? Par quels mécanismes la gestion systématique du risque peut-elle être intégrée dans le programme de développement ? Et que faire face aux défaillances de l’action collective lorsqu’elle ne parvient pas à gérer les risques systémiques, en particulier ceux qui ont des conséquences irréversibles ? Le Rapport sur le développement dans le monde 2014 propose aux responsables de l’action publique diverses observations et recommandations pour les aider à répondre à ces questions difficiles. Il devrait servir de guide au dialogue, aux opérations et aux réalisations des principaux intervenants dans le domaine du développement — de la société civile et des autorités nationales à la communauté des bailleurs de fonds et aux organisations internationales de développement. SKU 32792