Libérer le potentiel des femmes et des filles 1 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée LIBÉRER LE POTENTIEL DES FEMMES ET DES FILLES Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée © 2022 La Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés Cet ouvrage a été préparé par le personnel de la Banque mondiale. Les observations, interprétations et conclusions qui y sont présentées ne reflètent pas nécessairement l’opinion des membres du Conseil d’administration de la Banque mondiale ni celle des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit en aucun cas l’exactitude des données qui y sont incluses. Les frontières, les couleurs, les dénominations et autres informations figurant sur les cartes dans le présent document ne traduisent en aucun cas une appréciation de la part de la Banque mondiale concernant le statut juridique d’un territoire, ni l’approbation ou l’acceptation de ces frontières. Pour tous renseignements sur les droits et licences, y compris les droits subsidiaires, s’adresser au Service des publications de la Banque mondiale World Bank Publications, The World Bank Group , 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; e-mail: pubrights@worldbank.org. RÉSUMÉ Tout tend à prouver que les femmes et les filles guinéennes sont confrontées à des ob- stacles importants dans toutes les dimensions du bien-être, ce qui les empêchent d’avoir accès aux opportunités sur un pied d’égalité avec les hommes. Le manque de libre arbitre des femmes et des filles, comme en témoigne la forte prévalence de normes juridiques et sociales discriminatoires, se traduit par des écarts en matière de santé, d’éducation, d’em- ploi et d’entrepreneuriat, ce qui finalement sape leur capacité à réaliser leur potentiel et impose des coûts sociétaux importants. Ce rapport présente un résumé des principaux défis auxquels sont confrontées les femmes et les filles guinéennes par rapport aux hommes et aux garçons. Le rapport met particulièrement l’accent sur la formation précoce de la famille, un phénomène courant dans le pays avec des implications importantes pour le bien-être et les opportunités des filles et des femmes dans la vie. Sur la base de ce diagnostic et d’un examen des données relatives à ce qui fonctionne, le rapport propose quelques lignes d’ac- tion stratégiques pour remédier aux contraintes existantes et émanciper efficacement les femmes guinéennes. SOMMAIRE Abréviations 6 Grossesse chez les adolescentes 50 Chapitre 1 Introduction 7 Orientation stratégique 3 : Réduire le mariage des enfants et les grossesses chez les adolescentes 52 Contexte et justification  8 Chapitre 5. Emploi : Opportunités économiques des Objectif et cadre de l’évaluation 11 femmes en Guinée  56 Aperçu  12 Résultats sur le marché du travail  57 Chapitre 2. Éduquer : la situation de l’éducation des Entrepreneuriat et accès aux actifs et au filles en Guinée  25 financement 65 Écarts d’inscription et de réussite 26 La pauvreté  70 Raisons de ne pas aller à l’école 28 Orientation stratégique 4 : Améliorer l’émancipation Obstacles auxquels sont confrontées les filles 28 économique des femmes et l’accès à un emploi de qualité 72 Orientation stratégique 1 : Aider les filles à accéder à l’enseignement primaire et secondaire 31 Chapitre 6. Accroître la voix et le libre arbitre des femmes et des filles 81 Chapitre 3. Améliorer l’accès aux services de santé : la situation de la santé des femmes en Guinée  34 La prise de décision 82 Mortalité maternelle 35 La violence basée sur le genre  84 Accès aux services de santé maternelle  35 Les normes sociales  88 Utilisation de la contraception 37 Orientation stratégique 5 : Promouvoir la participation des femmes à la prise de décision et Mutilation génitale féminine/excision 39 prévenir la VBG  91 Orientation stratégique 2 : Améliorer l’accès Chapitre 7. Conclusions 98 aux services de santé maternelle, sexuelle et reproductive et éradiquer les MGF/E  42 Annexe A. Points d’entrée pour une réforme juridique visant à étendre l’émancipation des Chapitre 4. Différer la formation de la famille : femmes en Guinée 101 mariage d’enfants et grossesse d’adolescentes 47 Bibliographie 103 Formation précoce de la famille en Guinée  48 Le mariage d’enfants 48 REMERCIEMENTS Ce rapport a été préparé par une équipe composée de Carmen de Paz, Alina Mykytyshyn et Didier Alia, édité par Honora Mara et dirigé par Miriam Muller sous la direction de Nestor Coffi, Coralie Gevers et Johan Mistiaen . L’équipe est reconnaissante pour les précieux com- mentaires et contributions d’Andrea Coppola, Gabriela Inchauste, Kolobadia Ada Nayihou- ba, Aissatou Ouedraogou, Susana Sanchez et Paula Tavares . Ce travail a été soutenu par le programme de travail Gender Data for Policy financé par la Fondation Hewlett. ABRÉVIATIONS EDS – Enquête Démographique et de Santé MGF/E – Mutilation Génitale Féminine/Excision PFMT – Participation des femmes au marché du travail VBG – Violence Basée sur le Genre PIB – Produit Intérieur Brut VPI – Violence entre Partenaires Intimes MICS – Multiple Indicator Cluster Surveys (Enquêtes en grappes à indicateurs multiples) TMM – Taux de Mortalité Maternelle Libérer le potentiel des femmes et des filles 7 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 1 INTRODUCTION Libérer le potentiel des femmes et des filles 8 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Contexte et justification la Violence entre Partenaires Intimes (VPI) (Clark, Bruce et Dude 2006 ; Tenkorang 2019). En outre, il est prouvé Bien qu’elle soit riche en ressources, la Guinée reste l’un à l’échelle mondiale que le mariage des enfants contri- des pays les plus pauvres du monde, ainsi que l’un des bue à des niveaux plus élevés de mortalité maternelle, plus inégalitaires entre les sexes. La Guinée possède de de grossesse chez les adolescentes et de complications vastes ressources naturelles, notamment foncières et mi- liées à l’accouchement (Azevedo et al. 2012 ; Klugman et nières. Pourtant, 44 % de la population était pauvre en al. 2014 ; UNICEF 2008b ; OMS 2014). De plus, la VPI, l’une 2018, et ce taux était supérieur à 55 % dans les zones ru- des manifestations les plus extrêmes du manque de libre rales (où vivent 80 % des 5,3 millions d’habitants du pays). arbitre, entraîne des pertes macroéconomiques (Ragha- La crise d’Ébola et la pandémie de COVID-19 ont encore vendra et al. 2019), réduit la productivité du travail des exacerbé la pauvreté et les inégalités dans le pays. Bien femmes (Duvvury et al. 2013) et affecte négativement la que le pays ait réussi à réduire la pauvreté de 49 % en santé physique des enfants, ainsi que leur fréquentation 2014 à 44 % en 2018, la pandémie de COVID-19 à elle seule et performance scolaires, contribuant ainsi à la transmis- a peut-être neutralisé une grande partie de ces progrès sion intergénérationnelle de la pauvreté (Anand, Des- positifs - il a été estimé que l’incidence de la pauvreté a mond Marques et Fuje 2012). augmenté de 4 points de pourcentage en 2020 (Banque mondiale 2021b). La crise actuelle des prix alimentaires Promouvoir l’égalité des sexes n’est pas seulement un est susceptible d’aggraver cette tendance. Parmi les 189 impératif moral mais aussi un avantage économique pays figurant dans l’indice des inégalités entre les sexes pour les sociétés. Il a été estimé, par exemple, qu’une du Programme des Nations Unies pour le développe- participation égale des femmes et des hommes au tra- ment pour 2020, la Guinée figurait à la 178e position en vail ajouterait 12 000 milliards de dollars US, soit 11 %, 2019, parmi les pays du monde où les inégalités entre les au produit intérieur brut (PIB) mondial annuel de 2025 sexes sont endémiques. Les pratiques coutumières et (Woetzel et al. 2015). En outre, l’élimination des obstacles religieuses telles que le mariage des enfants, les mutila- qui empêchent les femmes d’exercer certaines profes- tions génitales féminines (MGF/E) et la polygamie, restent sions et de posséder des actifs peut entraîner une aug- préoccupantes et témoignent du statut très médiocre des mentation de la production par travailleur de 3 % à 25 femmes et des filles dans la société guinéenne. % dans tous les pays (Cuberes et Teignier 2011). Selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour La prise de décision, la voix et le choix limités des femmes l’alimentation et l’agriculture, si les femmes du monde sont associés, entre autres, à un risque plus élevé de entier avaient le même accès aux ressources productives pauvreté, de complications de santé, de mortalité infan- que les hommes, elles pourraient augmenter les rende- tile et d’une qualité de vie inférieure (Banque mondiale ments de leurs exploitations de 20 à 30 % et augmenter la 2012a). Les femmes mariées dans l’enfance, par exemple, production agricole totale de 2,5 à 4,0 %. À eux seuls, les sont moins susceptibles que celles qui se marient à l’âge gains de production agricole pourraient sortir 100 à 150 adulte de terminer leurs études secondaires (Nguyen et millions de personnes de la faim (Banque mondiale 2014). Wodon 2015), ont moins de capacité à investir dans la Au contraire, l’inégalité dans la participation économique santé et la nutrition de leurs enfants (Pfeiffer, Gloyd et peut produire d’importantes pertes économiques et so- Li 2001), reçoivent des revenus inférieurs plus tard dans ciales et provoquer des résultats individuels négatifs dans la vie (Male et Wodon 2018) et sont plus vulnérables à différentes dimensions du bien-être. Une étude récente Libérer le potentiel des femmes et des filles 9 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée portant sur un échantillon de pays en développement a conduisant à une plus forte accumulation de capital estimé à 16,0 et 17,5 %, respectivement, les pertes de pourrait se traduire par une hausse de 8 % du PIB par ha- revenus à court et à long terme résultant de l’inégalité bitant par rapport à la projection de référence d’ici 2035 entre les sexes sur les marchés du travail (Cuberes et Tei- ( Tableau 1. 1 ). De plus, une réduction de l’écart de pro- gnier 2016). ductivité agricole, par exemple en accordant aux femmes et aux hommes un accès égal aux actifs productifs et à Des indications récentes provenant de la Guinée la propriété foncière, ainsi qu’en améliorant les rôles de montrent que la réduction des écarts entre les sexes dans prise de décision et de gestion des femmes, est envisa- l’éducation, la santé et la participation économique dans gée pour accélérer la croissance du PIB par habitant et se le pays pourrait avoir d’importants effets positifs pour traduit par une augmentation de 1 % du PIB par habitant l’économie nationale. On estime que l’augmentation de en 2035. La combinaison de tous ces scénarios devrait la productivité du travail des femmes en comblant les avoir un impact significatif sur l’économie nationale, en- écarts d’éducation entraînerait une augmentation du traînant une augmentation de 10 % du PIB par habitant. PIB par habitant de 2,3 % ; une réduction de la fécondité TABLEAU 1.1. BÉNÉFICES ÉCONOMIQUES DE L’ÉGALITÉ DES SEXES : RÉSULTATS D’ÉQUILIBRE GÉNÉRAL CALCULABLE, GUINÉE Points de pourcentage au-dessus de Pourcentage supérieur à la base de la base de référence pour référence en 2035 pour Scénario La croissance Croissance du La croissance Croissance du du PIB PIB par habitant du PIB PIB par habitant 1. Combler le fossé éducatif 0,14 0,13 2.27 2.27 2. Réduire la fertilité 0,28 0,46 4,67 7,97 3. Réduire l’écart de productivité agricole 0,06 0,06 1.03 1.03 4. Scénario combiné (1, 2 et 3) 0,40 0,58 6,80 10.16 Source : Banque mondiale 2019a. À mesure que l’accès aux opportunités s’élargit pour les Des données provenant de pays aussi variés que le femmes, les chances s’améliorent également pour la Brésil, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Royaume- génération suivante. L’amélioration du statut financier, Uni montrent que lorsque les femmes contrôlent une nutritionnel, économique et décisionnel des femmes est part plus élevée des revenus du ménage, soit par leurs associée à des taux de mortalité infantile plus faibles, à propres gains, soit par des transferts monétaires, les en- de meilleures habitudes alimentaires et à de meilleures fants bénéficient de plus de dépenses pour l’alimentation chances pour leurs enfants d’accéder à l’éducation et l’éducation. (Doss 1996 ; Hoddinott et Haddad 1995 ; (Allendorf 2007 ; Andrabi, Das et Khwaja 2011 ; Dumas Thomas 1997). De plus, les femmes réinvestissent géné- et Lambert 2011 ; Thomas, Strauss et Henriques 1990). ralement une bien plus grande partie de leurs revenus Libérer le potentiel des femmes et des filles 10 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée dans leur famille et leur communauté que les hommes, femmes en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone à une répartissant ainsi la richesse, créant un tremplin permet- augmentation de la violence basée sur le genre (VBG) et tant aux familles de sortir de la pauvreté, et créant un de l’exploitation sexuelle (African Development World impact positif sur le développement futur (Idowu 2019). Group 2014). Ceci est particulièrement pertinent dans un pays où 38 % des enfants travaillent, 38 % des enfants d’âge scolaire ne Comme pour l’épidémie d’Ébola, la pandémie de CO- sont pas scolarisés, 30 % des enfants de moins de 5 ans 1 VID-19 a probablement eu des effets négatifs similaires présentent un retard de croissance et plus de 10 % des sur les femmes et les filles (de Paz et al. 2020 ; de Paz et al. enfants meurent avant d’atteindre leurs 9 ans.2 2021). Les divers défis auxquels les femmes guinéennes sont confrontées dans toutes les dimensions du bien-être La position déjà vulnérable des femmes guinéennes et du libre arbitre rendent difficile pour elles l’accès aux s’est aggravée à la suite de l’épidémie d’Ébola en 2013. opportunités économiques et la participation à la société La fermeture des frontières due à l’épidémie a gravement sur un pied d’égalité avec les hommes. De plus, les ré- perturbé les moyens de subsistance des femmes impli- centes crises d’Ébola et de COVID-19 ont probablement quées dans le commerce transfrontalier avec les pays eu un effet disproportionné sur les femmes. La pauvreté voisins. De plus, la crise d’Ébola a touché les femmes de a augmenté en raison d’Ébola en 2014-2015. Bien que la manière disproportionnée en raison de la demande ac- récente accélération économique qu’a connue le pays ait crue de soins non rémunérés pour les malades, ce qui a pu en partie contribuer à inverser cette tendance, l’im- également rendu les femmes plus vulnérables aux infec- pact plus récent de la pandémie de COVID-19 sur l’activité tions et à la pauvreté (PNUD 2015). De même, l’épidémie économique et l’arrêt prévu de la croissance économique d’Ébola a entraîné la fermeture des établissements de pourraient avoir entraîné une augmentation de 4 points santé dans les pays touchés, entraînant une diminution de pourcentage du taux de pauvreté en 2020 (Banque de l’utilisation de la contraception et des risques accrus mondiale 2021b). Il est probable qu’une grande partie de complications à la naissance et de décès maternel des personnes touchées soient des femmes. En effet, un (African Development World Group 2014). Par exemple, nombre croissant de nouvelles données confirme que on estime que l’épidémie d’Ébola a entraîné une aug- plus de femmes que d’hommes dans le monde ont assu- mentation de 75 points de pourcentage de la mortalité mé une part plus importante des impacts économiques maternelle en Afrique de l’Ouest (Mullan 2015). De plus, négatifs du COVID-19 et ont perdu leurs activités géné- les données indiquent également qu’en raison de l’aug- ratrices de revenus (par exemple, Bundervoet, Dávalos mentation de la pauvreté, des fermetures d’écoles et et Garci 2021 ; Center on Gender Equity and Health 2020 du manque d’opportunités économiques, les filles ont ; Cucagna et Romero 2021 ; Kugler et al. 2021). La pan- passé plus de temps avec les hommes, ce qui a entraîné démie de COVID-19 a également augmenté les heures une augmentation des grossesses et des taux d’abandon de travail domestique non rémunéré effectuées par les scolaire (Rasul et al. 2020). Enfin, certaines données in- femmes et augmenté les taux d’incidence de la VBG, diquent que l’effondrement de la loi et de la police causé y compris la VPI et le mariage précoce (Cookson et al. par le confinement dû à l’Ébola pourrait avoir exposé les 2020 ; Perez-Vincent et coll. 2020 ; UNICEF 2021c). Dans 1 Basé sur les données de Save the Children. 2 D’après les données de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Libérer le potentiel des femmes et des filles 11 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée le cas spécifique de l’Afrique, les données de l’épidémie sur l’égalité des sexes et le développement (Banque d’Ébola et de la pandémie de COVID-19, par exemple, in- mondiale 2012a). Sur cette base, ce rapport identifie les diquent que les entreprises (micro et petites) dirigées par principaux enjeux émergents pour les femmes et les filles des femmes ont eu tendance à souffrir plus que celles dans le pays et recommande des domaines d’actions possédées par des hommes, connaissant un taux de fer- stratégiques pour les émanciper et améliorer leur accès meture plus élevé (Cookson et al. 2020 ; Koroknay-Palicz, aux opportunités économiques dans ces dimensions 2016 ; Banque mondiale 2020b). (voir tableau 1.2. dans la section suivante). Objectif et cadre de l’évaluation L’évaluation est basée sur trois entrées principales : (1) un diagnostic des écarts existants entre les sexes en Guinée Cette évaluation vise à faire la lumière sur les défis et les dans les principales dimensions du bien-être ; (2) une ana- obstacles rencontrés par les femmes et les filles par rap- lyse des obstacles juridiques et politiques par Les Femmes, port aux hommes et aux garçons en Guinée. Pour cela, l’Entreprise et le Droit; et (3) un examen des pratiques et il reprend le concept de capacité des femmes à réaliser des interventions réussies pour combler les écarts entre leur potentiel en fonction des objectifs suivants : édu- les sexes dans les domaines concernés (voir encadré 1.1). quer, améliorer (accès aux services de santé), employer Le rapport est organisé comme suit. Ce chapitre présente et accroître le libre arbitre ( Illustration 1. 1. ). L’analyse se la justification et le cadre conceptuel du rapport. Les cha- concentre particulièrement sur les impacts de la forma- pitres 2 à 6 couvrent les différents domaines clés, identi- tion précoce de la famille qui semble être une tendance fiant les défis spécifiques et les risques émergents pour les significative avec des implications pertinentes dans le femmes et les filles en Guinée, et proposant des domaines pays. Ce cadre s’appuie largement sur les dimensions d’intervention stratégiques, y compris des réformes juri- du Rapport sur le développement dans le monde 2012 diques et politiques. Le chapitre 7 conclut. ILLUSTRATION 1.1. CADRE D’ÉMANCIPATION DES FEMMES ET DES ADOLESCENTES EN GUINÉE Renforcer les cadres politiques et juridiques AMÉLIORER REPORTER LA AUGMENTER LE ÉDUQUER L'ACCÈS À LA FORMATION DE LA EMPLOYER LIBRE ARBITRE SANTÉ FAMILLE Accroître l'accès des En particulier les Eradicate child Égaliser l'accès aux Éliminer les filles à une éducation services de santé marriage and opportunités institutions formelles de qualité dans des reproductive et adolescent économiques et discriminatoires, environnements sûrs, maternelle, la pregnancy. fournir des incitations harmoniser les lois en réduisant les diminution du TMM et aux femmes et aux coutumières et écarts entre les sexes l'éradication des jeunes filles, sous la statutaires, réduire en matière de MGF/E. forme d'emplois de l'incidence et fournir scolarisation et de haute qualité et à une réponse réussite à tous les haute productivité, adéquate à la VBG, et niveaux. d'accès aux actifs et à promouvoir le l'entrepreneuriat, et changement des de protection sociale. normes sociales. Source : Banque mondiale. Remarque : MGF/E = mutilation génitale féminine/excision ; VBG = violence basée sur le genre ; TMM = taux de mortalité maternelle. Libérer le potentiel des femmes et des filles 12 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 1.1. Sources de données pour l’analyse Les sources de données ou bases de données suivantes sont utilisées en vue de l’analyse dans ce rapport : • Enquêtes Démographiques et de Santé de Guinée (Institut National de la Statistique 2012 et 2018) • Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (Institut National de la Statistique 2018-2019) • Enquête nationale sur les violences basées sur le genre en Guinée (UNFPA 2017) • Enquête d’évaluation de la pauvreté (Banque mondiale 2012) • Base de données Women, Business and the Law (2022) • Indicateurs du développement dans le monde, Banque mondiale, • Base de données des statistiques sur le genre, Banque mondiale, • Base de données Afrobaromètre • Département des statistiques de l’Organisation internationale du travail, base de données ILOSTAT • Indicateurs d’inclusion financière du G20 Aperçu la santé des femmes guinéennes semble être gravement compromise par le risque élevé de mortalité maternelle, L’évaluation révèle que les femmes et les filles gui- en particulier parmi les groupes de population ruraux et néennes sont désavantagées dans différentes dimen- les plus pauvres, lié à la pratique généralisée des MGF/E. sions du bien-être par rapport aux hommes et aux Les décès maternels représentent jusqu’à 28 % de tous garçons dans le pays. Les investissements dans les do- les décès de femmes en Guinée. Chez les femmes âgées tations humaines des femmes et des filles guinéennes, de 20 à 24 ans et de 15 à 19 ans, cette proportion est en- y compris l’éducation et la santé, sont biaisés par rap- core plus élevée : respectivement 35,3 % et 41,0 %. port à ceux des garçons et des hommes. Cette disparité marque un point de départ inégal dans la vie qui façon- Les lacunes en matière de santé et d’éducation se tra- nera différemment leurs opportunités tout au long de la duisent par des disparités substantielles dans l’accès vie à travers une variété de conséquences. Les différences aux opportunités économiques. Les femmes sont non dans les résultats scolaires sont particulièrement mar- seulement moins susceptibles de participer au marché quées, les filles affichant systématiquement (et de plus du travail que les hommes, mais en plus, lorsqu’elles le en plus) des niveaux de scolarisation et de fréquentation font, elles sont engagées de manière disproportionnée inférieurs à ceux des garçons. Par exemple, seulement dans un travail informel et de mauvaise qualité et à faible 22,0 % des filles, contre 32,2 % des garçons, sont allés à productivité, ce qui se traduit en fin de compte par des l’école secondaire en 2018 (tableau 1.2). Conjointement, revenus plus faibles tout au long de la vie, et des risques Libérer le potentiel des femmes et des filles 13 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée accrus de tomber dans ou rester dans la pauvreté. La en matière d’éducation, de santé et d’opportunités éco- participation au marché du travail, les taux d’emploi sa- nomiques des femmes concernées, et par conséquent larié, l’esprit d’entreprise et l’accès aux actifs productifs les efforts de réduction de la pauvreté. Les schémas de sont beaucoup plus faibles chez les femmes guinéennes fondation familiale, et plus spécifiquement l’âge du ma- que chez les hommes. Les femmes sont également sur- riage, définissent largement la transition de la femme représentées dans le travail indépendant et les activités entre l’école et le marché du travail ou de manière plus familiales non rémunérées. En tant que telles, elles n’ont large les activités économiques, déterminant leurs op- pas accès à la protection sociale formelle et voient leur portunités de gagner leur vie et d’être indépendantes. Le productivité minée par des institutions discriminatoires mariage des enfants, les grossesses précoces et les MGF/E qui affaiblissent leur capacité à prendre des décisions, fai- sont susceptibles de compromettre la capacité de nom- sant peser sur elles la charge des tâches ménagères et des breuses filles et jeunes femmes guinéennes à atteindre soins et conduisant à la formation précoce de la famille. une éducation adéquate, ainsi que leur santé, et donc Par exemple, 90 % des femmes contre 86 % des hommes leurs possibilités de s’engager dans des activités produc- sont sous-employées, et 95,0 % des femmes contre 83,3 tives plus tard dans la vie. Les normes et les attentes so- % des hommes sont engagées dans des travaux vulné- ciales et de genre sont essentielles dans les processus et rables. De plus, les femmes consacrent en moyenne 15,4 les décisions de formation de la famille. En effet, les deux heures par semaine à des travaux domestiques non ré- phénomènes sont principalement motivés par le système munérés, contre 5,2 heures pour les hommes. Tous ces de valeurs patriarcales en vigueur et les rôles de genre écarts omniprésents entre les sexes restent un frein au qui limitent la capacité des femmes guinéennes à prendre développement à long terme de la Guinée. des décisions et à participer à la vie publique. Le mariage des enfants n’est pas totalement interdit par la loi dans La formation de la famille en Guinée est initiée tôt, le pays, et les lois coutumières et les normes sociales ne comme le montre la forte incidence des mariages d’en- laissent le plus souvent pas d’autre choix aux filles que de fants et des grossesses d’adolescentes dans le pays. La se marier et d’avoir des enfants à un très jeune âge. Guinée fait partie des 10 pays où la prévalence du ma- riage des enfants est la plus élevée au monde. Seuls le Les différences observées s’expliquent en grande partie Tchad, la République centrafricaine et le Niger ont des par le manque de libre arbitre des femmes et des filles taux de prévalence de mariage d’enfants plus élevés guinéennes. La capacité de prise de décision des femmes chez les femmes âgées de 20 à 24 ans (UNICEF 2022). dans les sphères publiques, qui peut être mesurée par De même, le taux de fécondité des adolescentes en Gui- leur présence dans les institutions démocratiques, reste née est élevé et nettement supérieur à la moyenne de particulièrement faible en Guinée, signalant la persis- l’Afrique subsaharienne : 133,36 naissances pour 1 000 tance d’une faible libre arbitre 4parmi les femmes dans femmes âgées de 15 à 19 ans en Guinée contre 101,1 en le pays. De plus, la Guinée a une forte prévalence et Afrique subsaharienne 3(Indicateurs du développement une large tolérance sociale vis-à-vis de la VPI. En effet, dans le monde 2018). Ce taux élevé affaiblit les résultats environ 63 % des femmes ont été victimes de violence 3 Basé sur les données 2018 de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. 4 Le libre arbitre fait référence à la capacité de prendre des décisions sur sa vie de manière indépendante et d’agir en conséquence. Un manque de libre arbitre peut se traduire par des décisions inefficaces concernant les investissements dans l’accumulation de dotations qui finissent par constituer une contrainte pour la participation économique et la productivité des femmes. Libérer le potentiel des femmes et des filles 14 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée conjugale au moins une fois dans leur vie, et entre 40 % systèmes de droit coutumier, religieux et statutaire rend et 58 % des personnes interrogées (dépendamment du la situation encore plus difficile. Les résultats d’Afrobaro- sondage) justifient le fait de battre leur femme. La faible mètre montrent des normes sociales patriarcales et des capacité de prise de décision des filles et des femmes, rôles de genre clairs. Par exemple, près de 50 % des per- leur charge de tâches ménagères et de soins, et la for- sonnes interrogées ont déclaré qu’elles pensaient qu’en mation précoce de la famille entraînent un cycle qui per- période de pénurie d’emplois, les hommes devraient pétue l’inégalité entre les générations. La coexistence de avoir la priorité. TABLEAU 1.2. EN BREF : PROBLÈMES PRIORITAIRES ÉMERGENTS POUR LES FEMMES ET LES ADOLESCENTES EN GUINÉE Éduquer Améliorer l’accès à la santé Employer Augmenter le libre arbitre • Des écarts importants (et • Les décès maternels • La participation au marché du travail des • Malgré les efforts récents pour croissants) entre les sexes représentent 28% de tous femmes âgées de 15 à 64 ans est inférieure accroître la représentation des en matière de scolarisation les décès féminins en à celle des hommes et a diminué au fil du femmes en politique, la proportion et de réussite persistent : Guinée: parmi les femmes temps. des femmes dans les institutions 22,0 % des filles et 32,2 % âgées de 20 à 24 ans et de démocratiques reste relativement • La qualité des emplois des femmes est des garçons fréquentent 15 à 19 ans, cette part est faible : seulement 17% des sièges également inférieure à celle des hommes l’école secondaire (2018). plus élevée : 35,3% et 41,0%, étaient occupés par des femmes : 90 % des femmes contre 86 % des hommes respectivement. au parlement guinéen en 2020. • Beaucoup plus de filles sont sous-employées; 95% des femmes que de garçons ne sont • De plus, les femmes ont un contre 83,3% des hommes effectuent des • La capacité de prise de décision pas scolarisées. faible accès à des services travaux vulnérables. des femmes au sein du ménage de santé maternelle et est également faible: 59% des • Les obstacles financiers • Les femmes sont surreprésentées dans sexuelle et reproductive femmes déclarent que leur sont la raison la plus citée le travail familial non rémunéré : elles adéquats : seulement 55% mari/partenaire prend seul les pour laquelle les garçons consacrent 15,4 heures de travail domestique des accouchements ont été décisions concernant la santé des et les filles ne vont pas non rémunéré par semaine, contre 5,2 assistés par un professionnel femmes. à l’école, ainsi que la heures pour les hommes. de la santé qualifié (2018). Les distance ou le manque • Le pays a une forte incidence de femmes rurales et pauvres ont • Les femmes représentent la moitié du d’installations. Pour les VPI : environ 63% des femmes les taux les plus bas. nombre total de travailleurs indépendants filles, le simple fait d’être ont été victimes de violence et la majorité des travailleurs de une fille et le refus des • Seulement 10,9% des conjugale au moins une fois dans l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et familles sont également femmes âgées de 15 à 49 leur vie. des mines. importants. ans ont utilisé une méthode • Les normes patriarcales de contraception (11% pour • Les écarts entre les sexes dans l’accès aux • Les filles rurales ont les traditionnelles sont enracinées : celles âgées de 15 à 24 ans). actifs productifs (propriété de la terre et du résultats les plus faibles. entre 40 et 58% des personnes bétail, financement et TI) persistent. • Environ 94,5% des femmes interrogées (selon l’enquête) • Les normes guinéennes âgées de 15 à justifient le fait de battre sa femme • Les normes sociales patriarcales expliquent traditionnelles et 49 ans ont subi des MGF/E ; près de 50% pensent qu’en ces tendances. Les femmes sont également patriarcales et les lois (2018). période de pénurie d’emplois, les confrontées à plusieurs restrictions légales à coutumières jouent un rôle hommes devraient avoir la priorité. la participation économique. clé dans le maintien des • Des normes sociales filles hors de l’école. patriarcales fortes et des • Les institutions formelles • La pauvreté semble être élevée dans les pratiques coutumières reflètent et renforcent souvent ménages composés uniquement de femmes, • La violence à l’école a un jouent un rôle clé dans la prévalence de normes parmi les filles et les jeunes femmes âgées de effet dissuasif. l’explication de toutes ces sociales discriminatoires, le 0 à 14 ans et les femmes âgées de 65 ans et tendances. droit coutumier – qui remplace plus. Le niveau de revenu et la pauvreté sont parfois le droit écrit – ajoutant associés au mariage précoce et à la grossesse une complexité particulière à la chez les adolescentes. situation. Libérer le potentiel des femmes et des filles 15 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Éduquer Améliorer l’accès à la santé Employer Augmenter le libre arbitre Différer la formation de la famille : éradiquer le mariage des enfants et réduire les grossesses chez les adolescentes • La forte prévalence des • Les taux de grossesse chez • Bien que la formation précoce d’une famille • L’incidence du mariage des mariages d’enfants et les adolescentes restent ne dissuade pas les femmes de travailler, enfants est élevée : jusqu’à 24,9% des grossesses chez les élevés. les emplois disponibles pour les filles et 49,4% des femmes sont mariées adolescentes contribue et les jeunes femmes qui se marient et respectivement à l’âge de 15 ans et • La mortalité maternelle aux lacunes existantes en deviennent mères à 18 ans sont souvent 19 ans (INS 2020). est l’un des effets les plus matière d’éducation. informels et mal rémunérés. dramatiques de la forte incidence des mariages d’enfants, des grossesses d’adolescentes et des MGF/E. Source : Banque mondiale. Remarque : MGF/E = mutilation génitale féminine/excision ; VPI = violence entre partenaires intimes ; TI = technologie de l’infor- mation. L’analyse de cette évaluation indique que, pour que les seront nécessaires. Il sera également important femmes et les filles guinéennes améliorent leur statut, de veiller à ce que les services soient sensibles leur bien-être et leurs opportunités par rapport aux au genre, tout comme d’améliorer la valeur per- hommes et aux garçons, les investissements dans la çue de l’éducation pour les filles et de leur donner santé des femmes, l’éducation, l’emploi et les résultats les moyens de la poursuivre à des niveaux supé- de l’entrepreneuriat doivent être promus, et leur libre rieurs. arbitre grandement amélioré. Cinq orientations straté- giques prioritaires peuvent être identifiées pour le pro- • Orientation stratégique 2 : Améliorer les ré- gramme de réformes à venir, sur la base de l’analyse des sultats liés à la santé des femmes et des filles. lacunes et des obstacles présentés ici, des données mon- L’amélioration des résultats de santé des femmes diales sur ce qui fonctionne pour combler les disparités et des jeunes filles guinéennes est également né- entre les sexes dans différents aspects et de l’impact po- cessaire afin d’optimiser les investissements en tentiel des options sélectionnées sur divers résultats de capital humain et l’engagement des femmes et développement. des filles dans les activités productives. À cette fin, il sera crucial de s’attaquer à la forte préva- • Orientation stratégique 1 : Aider les filles à lence de la mortalité maternelle et des MGF/E. accéder à l’enseignement primaire et secon- Garantir l’accès à des services de santé adéquats daire. Encourager les filles à accéder à l’ensei- et abordables ainsi qu’aux connaissances et in- gnement primaire et secondaire sera nécessaire formations connexes jouera un rôle déterminant pour maximiser les opportunités offertes aux dans cette entreprise. Un changement sociétal filles par rapport aux garçons en Guinée à mesure dans la perception des priorités, faisant pas- qu’elles atteignent l’âge adulte et pour empêcher ser l’intégrité sanitaire des femmes avant les la formation précoce de la famille. À cette fin, des croyances et pratiques culturelles et religieuses, politiques spécifiques visant à supprimer les bar- sera nécessaire. rières physiques et financières et à faciliter l’accès Libérer le potentiel des femmes et des filles 16 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée • Orientation stratégique 3 : Éradiquer le ma- particulièrement importantes dans le secteur riage des enfants et la grossesse des adoles- agricole où travaillent la plupart des femmes gui- centes. L’un des défis les plus redoutables qui néennes. empêchent les femmes guinéennes et l’ensemble de la société de développer pleinement leur po- • Orientation stratégique 5 : Promouvoir la par- tentiel est la forte prévalence de la formation pré- ticipation des femmes à la prise de décision et coce de la famille. Le mariage des enfants et les prévenir toutes les formes de VBG. La capacité grossesses d’adolescentes restent des pratiques des femmes à libérer leur potentiel reste limitée répandues ancrées dans des opinions et des va- par les normes sociales et les croyances qui les leurs coutumières et traditionnelles qui conti- excluent de la prise de décision dans les sphères nuent de reléguer les femmes au rang de citoyens publiques et privées et limitent leur capacité à de seconde classe. Il sera crucial de mettre fin à prendre des décisions même sur leur propre san- ces pratiques néfastes pour que les femmes ac- té. L’adoption d’actions positives pour encourager cèdent aux mêmes opportunités que les hommes. la représentation des femmes en politique doit Cela nécessitera un changement à grande échelle s’accompagner de mesures garantissant une ap- des normes sociales et des institutions qui conti- plication et un changement efficaces. Les efforts nuent de les valider. doivent donner la priorité à la prévention et à la diminution de la forte prévalence de toutes les • Orientation stratégique 4 : Améliorer l’éman- formes de VBG, celles-ci étant les manifestations cipation économique des femmes et l’accès à les plus extrêmes du manque de libre arbitre des un emploi de qualité. Les femmes guinéennes femmes et des filles en Guinée. sont confrontées à d’importants obstacles pour accéder aux opportunités économiques, ce qui les Le tableau 1.3 résume les principaux obstacles, les orien- rend économiquement dépendantes et amoindrit tations stratégiques possibles, les recommandations leur autonomie et leur statut au sein du ménage politiques, et les interventions pour l’émancipation des et de la société. Plus précisément, leur capacité femmes et des filles en Guinée présentées tout au long à s’engager dans des activités productives dé- des différents chapitres. Il se concentre sur les domaines pendra largement de la disponibilité d’un sou- où les écarts/obstacles entre les sexes sont les plus im- tien pour équilibrer les demandes existantes sur portants selon l’évaluation présentée ici, dans toutes les leur temps, des politiques d’activation ciblées, dimensions discutées. Les domaines et interventions clés de l’accès à des infrastructures sûres, du déve- décrits ont été sélectionnés sur la base de leur potentiel à loppement des compétences adéquates et de conduire à des changements significatifs dans la vie des l’accès aux actifs productifs. Ces évolutions sont jeunes filles et des femmes, et des synergies probables. Libérer le potentiel des femmes et des filles 17 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Les descriptions de ces orientations stratégiques et des en Afrique subsaharienne 5et ailleurs pour faire progresser domaines d’intervention suggérés dans cette section l’autonomisation des filles. mettent en évidence les preuves de ce qui a fonctionné TABLEAU 1.3. ORIENTATIONS STRATÉGIQUES ET DOMAINES D’INTERVENTIONS POUR L’ÉMANCIPATION DES FEMMES ET DES ADOLESCENTES EN GUINÉE Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Orientation stratégique 1 : Aider les filles à accéder à l’enseignement primaire et secondaire Principales lacunes : écarts importants et persistants en matière de scolarisation et de réussite entre les filles et les garçons à tous les niveaux Manque d’écoles et • Améliorer la disponibilité et • Construire de nouvelles écoles, en particulier dans d’infrastructures scolaires l’accès à l’éducation. les zones reculées. • Développer les infrastructures liées au scolaire telles que les routes, l’assainissement ou les installations d’eau. Manque d’écoles adaptées aux filles • Rendre les installations et • Fournir des installations pour la gestion de infrastructures scolaires l’hygiène menstruelle dans les écoles. sensibles au genre. • Améliorer la présence des femmes • Prévenir la VBG en milieu enseignantes. scolaire et faire face à ses conséquences. • Fournir une formation liée au genre du personnel. • Élaborer et mettre en œuvre une stratégie globale de prévention de la VBG pour les établissements d’enseignement. • Mettre en place des politiques anti-harcèlement sexuel. • Incorporer la sensibilisation au genre dans les programmes scolaires. • Offrir des services aux survivants. 5 Dans le cadre du programme Gender Data for Policy, un examen des études d’évaluation d’impact a été mené pour recueillir des preuves sur ce qui fonctionne pour combler les écarts entre les sexes dans le contexte de l’Afrique subsaharienne. L’examen comprenait des études d’évaluation d’impact, qui évaluaient les interventions, en se concentrant sur les adolescentes et les femmes, et visaient à réduire les écarts entre les sexes. Les interventions comprenaient celles dans les dimensions de (1) l’agriculture, (2) l’éducation et les compétences, (3) le travail et l’entrepreneuriat, (4) la finance, (5) la propriété foncière et l’accès aux actifs, (6) la santé sexuelle et reproductive et le mariage des enfants et (7) la VBG et les MGF/E. La recherche comprenait des mémoires, des articles publiés et des documents de travail à partir de 2000, publiés sur le référentiel de connaissances ouvertes de la Banque mondiale et sur le hub de preuves de l’Initiative internationale pour l’évaluation d’impact. Les études sélectionnées se limitaient à des études estimant les im- pacts causals, soit par des méthodes expérimentales, soit par des méthodes quasi-expérimentales. Sur un total de 460 études identi- fiées, 162 études ont été sélectionnées et examinées. Libérer le potentiel des femmes et des filles 18 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Contraintes financières et pauvreté • Lever les contraintes • Éliminer les frais ou accorder des subventions financières directes et scolaires (directement aux directeurs d’école ou indirectes pour faciliter l’accès aux parents des filles). à l’enseignement primaire et secondaire. • Offrir des bourses et des subventions. • Fournir des transferts monétaires conditionnels. • Fournir un soutien matériel ou en nature, comme une aide alimentaire. Normes sociales négatives autour • Promouvoir un changement • Mener des programmes de mobilisation de l’éducation des filles positif des normes sociales communautaire avec les parents. autour de l’éducation des filles. • Éliminer les préjugés sexistes dans le programme scolaire. • Offrir des programmes de compétences de vie et de mentorat. Manque de libre arbitre chez les • Émanciper et aider les filles et • Mettre en place des approches globales pour doter filles les jeunes femmes à poursuivre les adolescentes de compétences pratiques et leurs études. techniques. • Élaborer des réglementations et des politiques qui permettent aux femmes mariées et enceintes de retourner à l’école sans faire face à la discrimination ou à la stigmatisation. Orientation stratégique 2 : Améliorer les résultats liés à la santé des femmes et des filles Principales lacunes : les mauvais résultats de santé des femmes et des jeunes filles se manifestent par un TMM élevé et des MGF/E presque universelles Taux élevé de grossesse chez les • Réduire les grossesses chez les • Voir l’orientation stratégique 3. adolescentes adolescentes et les MGF/E. Contraintes financières pour • Lever les contraintes • Fournir un financement adéquat au programme accéder aux services de santé financières pour les femmes d’exemption des frais de soins de santé pour vulnérables. les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Manque de connaissances/ • Encourager les femmes • Mener des actions d’information et de informations/émancipation enceintes à consulter un sensibilisation. des femmes et normes sociales médecin avant, pendant et patriarcales après la grossesse. • Élaborer et mettre en œuvre des stratégies pour l’engagement des hommes. • Mener des interventions communautaires. • Fournir des transferts monétaires conditionnels. Libérer le potentiel des femmes et des filles 19 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Offre inadéquate de services • Améliorer la disponibilité et • Développer et améliorer la qualité des sexuels, reproductifs et maternels l’accès aux services maternels infrastructures de soins de santé (y compris les et de SSR. installations WASH). • Garantir une prestation de • Offrir des incitations aux fournisseurs. services sensible au genre. • Mettre en œuvre des procédures, des protocoles et des manuels de soins normalisés. • Offrir une formation professionnelle aux professionnels de la santé. • Mettre en place des mécanismes fonctionnels de suivi et d’évaluation. • Élargir l’accès aux prestataires de soins de santé de première ligne comme mécanisme alternatif, tels que les infirmières auxiliaires formées et les agents de santé communautaires. Faible application de la législation • Veiller à la bonne application • Renforcer la formation de tous les prestataires interdisant les MGF/E de la loi. de services et des autorités concernées. Normes sociales qui encouragent la • Faciliter un changement de • Engager les communautés dans un dialogue sur pratique des MGF/E norme sociale autour des les conséquences des MGF/E. intentions, des croyances et des attitudes envers la • Former les professionnels de la santé à pratique des MGF/E. reconnaître les symptômes des MGF/E et à traiter leurs conséquences. • Sensibiliser les professionnels de la santé aux méfaits des MGF/E. • Engager les parents (et en particulier les mères) dans un dialogue sur les méfaits des MGF/E. Prévalence élevée des normes • Mobiliser tous les acteurs • Intégrer la problématique dans les programmes sociales patriarcales concernés. scolaires, universitaires et des centres de formation. • Mobiliser les communautés, avec un accent particulier sur les pères et leurs familles (sœurs). • Sensibiliser par des campagnes d’information de masse. Manque de libre arbitre chez les • Donner aux filles et aux • Fournir un soutien juridique et d’autres types filles et les jeunes femmes jeunes femmes les moyens de aux filles. comprendre et de défendre leurs droits. Libérer le potentiel des femmes et des filles 20 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Orientation stratégique 3 : éradiquer le mariage des enfants et les grossesses chez les adolescentes Principales lacunes : quatrième taux de mariage d’enfants le plus élevé au monde et forte révalence associée de grossesse chez les adolescentes Lacunes juridiques et d’application • Instituer une réforme juridique • Fixer l’âge légal du mariage à 18 ans pour et manque de cohérence entre le interdisant le mariage des les garçons et les filles et éliminer toutes les droit écrit et le droit coutumier enfants. exceptions. • Renforcer la capacité • Établir des sanctions adéquates et s’assurer d’application. que les institutions en charge sont prêtes à les appliquer et à protéger efficacement les filles. • Harmoniser le droit et les pratiques coutumiers avec le droit écrit (sur la base des dispositions des mécanismes internationaux). Normes sociales patriarcales • Encourager les changements • Mener des campagnes de sensibilisation et de normes sociales parmi ludo-éducative. les filles, les familles et les communautés. • Mener une sensibilisation et une mobilisation communautaires, en impliquant les hommes et les chefs religieux. • Développer l’éducation sexuelle et reproductive à l’école. Manque d’éducation et de libre • Autonomiser les filles et les • Appliquer les lois concernant l’enseignement arbitre chez les jeunes femmes femmes. obligatoire. • Offrir des incitations aux adolescents pour qu’ils poursuivent leurs études (voir l’orientation stratégique 4) • Fournir des programmes d’autonomisation sociale + d’autonomisation économique + d’éducation pour les filles et les adolescentes. Manque d’accès à la santé • Améliorer la demande et • Développer les infrastructures de santé sexuelle reproductive et sexuelle et à la l’offre de services de santé et reproductive/planification familiale et planification familiale et de planification familiale améliorer leur qualité. adéquats. • Veiller à ce que les services soient sensibles au genre/jeunesse. • Favoriser l’accès à la contraception. Pauvreté et privation • Améliorer les moyens de • Offrir des programmes de transferts subsistance et fournir des monétaires/microcrédits/prêts. filets de sécurité aux familles vulnérables. • Mettre en œuvre des programmes de moyens de subsistance alternatifs. Libérer le potentiel des femmes et des filles 21 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Orientation stratégique 4 : Améliorer l’autonomisation économique des femmes et l’accès à un emploi de qualité Principales lacunes : PFMT et emploi relativement faibles, nature informelle et vulnérable du travail, accès insuffisant aux actifs productifs et vulnérabilité accrue à la pauvreté Prévalence des institutions • Promulguer des réformes • Modifier la législation discriminatoire et formelles et informelles juridiques. promulguer des normes qui préservent l’égalité discriminatoires dans l’emploi et l’accès aux actifs. • Changer les normes sociales et les attitudes envers le travail • Légiférer contre le harcèlement sexuel dans les des femmes en dehors du espaces publics et au travail. foyer. • Mener des programmes de mobilisation • Adopter des politiques communautaire. favorables à la famille. • Mener des campagnes d’éducation. • Mener des programmes d’autonomisation économique. • Réformer le congé de maternité et mettre en place un congé de paternité/parental. Inadéquation des compétences • Améliorer les compétences des • Développer des systèmes d’EFTP et des entre l’offre et la demande travailleuses, en rendant les compétences techniques pour les STEM). compétences plus adaptées aux besoins de l’industrie et • Améliorer les liens entre l’éducation et le augmentant la productivité des secteur privé. travailleurs. • Se concentrer sur les compétences de base. • Offrir des programmes de formation et de développement des compétences aux femmes entrepreneurs, en mettant l’accent sur les secteurs minier et agricole. Manque d’infrastructures et de • Fournir des infrastructures et • Investir dans des infrastructures de transport services adéquats des services publics adéquats. sûres. • Promouvoir des programmes • Offrir des services de garde d’enfants d’emploi ciblés. culturellement adaptés (crèches mobiles). • Fournir des interventions ciblées de création d’emplois. • Organiser des formations pour les entrepreneurs. • Mener des programmes d’émancipation sociale et économique pour les travailleuses indépendantes. • Fournir des programmes d’emploi temporaire, tels que des programmes de travaux publics. Libérer le potentiel des femmes et des filles 22 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Manque d’accès aux actifs • Garantir l’égalité d’accès aux • Mettre en œuvre des programmes productifs droits fonciers et à la propriété d’enregistrement et de formalisation des terres. foncière. • Encourager le co-titrage. • Améliorer l’accès des femmes au financement. • Améliorer l’accès aux produits financiers + formation. • Fournir des solutions de technologie financière. Absence ou accès inadéquat à la • Garantir l’accès aux • Explorer et envisager des options pour étendre protection sociale mécanismes de protection la sécurité sociale aux travailleurs du secteur sociale. informel, par exemple, par le biais de pensions minimales universelles. • Étendre l’accès aux politiques favorables à la famille aux • Réformer la loi pour reconnaître les travailleurs du secteur contributions conjugales non monétaires. informel. • Fournir des transferts monétaires pour enfants « Plus » pour les familles vulnérables. Orientation stratégique 5 : Promouvoir la participation des femmes à la prise de décision et prévenir les VBG Principales lacunes : faible représentation dans les institutions démocratiques et capacité de prise de décision au niveau des ménages, et forte prévalence de la VBG Institutions formelles et informelles • Trouver les accords nécessaires • Mener des efforts de sensibilisation et empêchant une représentation pour les procédures de plaidoyer auprès de toutes les parties égale des femmes en politique judiciaires propres à rendre concernées et de la population en général pour opérationnelle la loi sur la faire de la loi une réalité. parité. • Mettre en place des mécanismes d’application • Aborder la dynamique des et de surveillance adéquats. partis adverses et la violence politique. • Au niveau des partis, supprimer les frais d’inscription pour les femmes ou fournir du temps d’antenne gratuit supplémentaire et des panneaux d’affichage, et obliger les organes directeurs à mettre en œuvre des programmes annuels de capacité et de leadership pour les femmes et à avoir des quotas de femmes. • Mettre en place des institutions telles qu’un institut du leadership féminin ou une commission de suivi de l’application de la loi. • Interdire légalement la violence politique à l’égard des femmes, prévoir des mécanismes de protection des femmes et poursuivre ces cas de manière adéquate. • Reconnaître l’importance des OSC de femmes. Libérer le potentiel des femmes et des filles 23 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Législation discriminatoire • Éliminer les normes • Réformer les lois afin d’ajuster les normes qui et législation qui fournit une discriminatoires. légitiment la discrimination sexuelle dans base juridique aux pratiques les domaines du divorce, du mariage et de préjudiciables en droit civil ou en • Harmoniser les dispositions l’héritage. droit de la famille coutumières et réglementaires (sur la base des instruments • Promouvoir la sensibilisation au genre pour les internationaux et des droits de fonctionnaires et la population générale. l’homme). • Promouvoir le rôle du pouvoir judiciaire dans • Veiller à l’application des lois les efforts d’harmonisation. statutaires en cas de conflit. • Soutenir les mouvements de défense des droits des femmes et les OSC. Lacunes juridiques dans le domaine • Promulguer une législation • Rédiger et promulguer une loi complète sur la de la VBG autonome qui s’attaque VBG. de manière globale à ce phénomène. Insuffisance des services de • Permettre l’accès à la justice et • Mener une formation sensible au genre des protection et de réponse aux aux services de prise en charge professionnels. victimes de VBG de la VBG pour les survivants. • Assurer le fonctionnement des mécanismes et des protocoles sur les devoirs de la police, des fonctionnaires de justice et des travailleurs sociaux. • Améliorer la prestation de services pour les survivants de VBG, y compris le soutien psychosocial, les abris ou les lignes d’assistance téléphonique. • Assurer la représentation des femmes dans les tribunaux, la police et les services de santé. • Mettre en place des services de protection spécialisés sensibles aux questions de genre et de VBG. • Explorer les centres à guichet unique pour les services et l’assistance intégrés. Libérer le potentiel des femmes et des filles 24 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Obstacles (potentiels) Recommandations politiques Interventions Pratiques patriarcales, • Réduire la vulnérabilité des • Fournir des moyens de subsistance alternatifs/ traditionnelles et culturelles femmes à la VBG grâce à transferts monétaires conditionnels/ néfastes - en particulier, taux élevés l’autonomisation économique. autres incitations financières + composante d’acceptation et de tolérance de la comportementale (programmes « Plus » en VPI • Promouvoir le changement de espèces). comportement et de normes sociales en matière de VBG. • Mener des programmes de mobilisation communautaire. • Sensibiliser les jeunes aux différentes formes de VBG et • Mener des campagnes de sensibilisation. aux normes de genre. • Mener des interventions en milieu scolaire. • Maintenir les filles à l’école (voir orientation stratégique 1). • Mener une sensibilisation au genre. • Émanciper socialement les • Offrir une formation aux compétences de vie. jeunes filles et les adolescentes • Offrir une formation professionnelle et des grâce à des informations, des compétences de subsistance. compétences et des réseaux de soutien. • Mener des programmes pour adolescentes (renforcement des compétences + mentorat + espaces sûrs). Source : Banque mondiale. Remarque : OSC = organisation de la société civile ; MGF/E = mutilation génitale féminine/excision ; TMM = taux de mortalité ma- ternelle ; SSR = santé sexuelle et reproductive ; STEM = science, technologie, ingénierie et mathématiques ; EFTP = enseignement et formation techniques et professionnels ; WASH = eau, assainissement et hygiène. Libérer le potentiel des femmes et des filles 25 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 2. ÉDUQUER : LA SITUATION DE L’ÉDUCATION DES FILLES EN GUINÉE Libérer le potentiel des femmes et des filles 26 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Écarts d’inscription et de réussite Dans le même temps, un écart important de scolarisation dans le secondaire persiste entre les garçons et les filles. Des écarts importants (et souvent croissants) entre les Entre 2012 et 2018, la scolarisation nette dans le secon- sexes en matière de scolarisation et de réussite — à l’avan- daire a augmenté de 1,0 point de pourcentage pour les tage des garçons — peuvent être observés en Guinée. Les garçons et a diminué de 2,6 points de pourcentage pour taux nets de scolarisation dans le primaire ont augmenté les filles ( Illustration 2. 1 ). En 2018, seuls 22,0 % des filles régulièrement depuis 1994, avec plus de garçons que de et 32,2 % des garçons fréquentaient l’école secondaire. filles fréquentant l’école primaire pendant toute la pé- Les taux de scolarisation primaire et secondaire sont si- riode. Entre 2012 et 2018, les taux de scolarisation dans gnificativement plus élevés dans les zones urbaines que le primaire sont passés de 55,5 % à 62,0 % chez les filles dans les zones rurales, tant pour les filles que pour les et de 60,1 % à 66,9 % chez les garçons, creusant l’écart de garçons. Les filles rurales ont les niveaux les plus bas de scolarisation de 0,3 point de pourcentage (EHCVM 2018). scolarisation primaire et secondaire (EHCVM 2018). ILLUSTRATION 2.1 TENDANCES DE LA SCOLARISATION NETTE DES FILLES ET DES GARÇONS EN GUINÉE, 2000–18 (POURCENTAGE) 80 70 68,8 60,1 66,9 60 62 50 52,7 56,9 55,5 40 38 30,6 31,2 30 32,2 20 23 24,6 22 15,9 10 9,2 0 2000 2005 2012 2018 Garçons primaire Garçons secondaire Filles primaire Filles secondaire Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Dans l’ensemble, les niveaux d’instruction restent très intermédiaire et 54,8 % dans le quintile le plus riche. De bas pour les femmes et les hommes en Guinée : 74,3 % plus, ue presque aucune femme du quintile de richesse des femmes et 55,8 % des hommes âgés de 15 ans et plus le plus pauvre n’ait une éducation postsecondaire tan- n’ont suivi aucune éducation. Les deux taux sont signifi- dis que 9,2 % des femmes du groupe de richesse le plus cativement plus élevés dans les zones rurales que dans riche en ont une (EHCVM 2018). Il est important de no- les zones urbaines (87,9 % des femmes et 71,6 % des ter qu’une tendance positive peut être observée lorsque hommes âgés de 15 ans et plus). Le niveau d’instruction l’on compare les groupes d’âge plus jeunes et plus âgés : augmente avec le quintile de richesse. Environ 89,9 % alors que 91,2 % des femmes âgées de 45 à 49 ans n’ont des femmes des ménages les plus pauvres n’ont aucune aucune éducation formelle, le même chiffre s’élève à 50,6 éducation, contre 77,3 % dans le quintile de richesse % chez les femmes âgées de 15 à 19 ans (Illustration 2. 2 ). Libérer le potentiel des femmes et des filles 27 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ILLUSTRATION 2.2 NIVEAU D’INSTRUCTION LE PLUS ÉLEVÉ ATTEINT PAR LES FEMMES GUINÉENNES EN 2018, PAR ÂGE (POURCENTAGE) 100 90 80 70 60 50 85,8 89,2 91,2 40 76,0 70,0 30 63,1 50,6 20 10 0 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 Pas d'éducation Primaire Secondaire Postsecondaire Source : EHCVM 2018. Beaucoup plus de filles que de garçons ne sont pas sco- de la même période. En 2018, 35,3 % des filles et 30,3 % larisées dans le primaire et le secondaire. La proportion des garçons n’étaient pas scolarisés dans le primaire, et de jeunes filles âgées de 13 à 18 ans non scolarisées a 55,5 % des filles et 35,9 % des garçons n’étaient pas scola- augmenté au cours de la période 2012-2018, passant de risés dans le secondaire (Illustration 2. 3 ). Les niveaux de 51,2 % à 55,5 %, avec des taux significativement plus éle- décrochage scolaire sont négativement corrélés avec le vés dans les zones rurales (71,0 %) que dans les zones ur- revenu du ménage, les niveaux de décrochage diminuant baines (34,8 %) (EHCVM 2018). À l’opposé, la proportion parmi les quintiles de richesse les plus élevés. Cependant, de filles et de garçons non scolarisés âgés de 7 à 12 ans et et dans tous les groupes de revenus, ce sont toujours les de jeunes hommes âgés de 13 à 18 ans a diminué au cours filles qui sont touchées de manière disproportionnée. ILLUSTRATION 2.3 PROPORTION DE JEUNES GUINÉENS NON SCOLARISÉS, 2012 ET 2018 (POURCENTAGE) a. 2012 b. 2018 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles Garçons Filles (7-12) (7-12) (13-18) (13-18) (7-12) (7-12) (13-18) (13-18) Total Urbain Rural Source : EHCVM 2018. Libérer le potentiel des femmes et des filles 28 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Raisons de ne pas aller à l’école prestation de soins, en particulier dans les zones rurales (Coleman 2017). Les lois traditionnelles et coutumières Les raisons de ne pas aller à l’école diffèrent pour les sont discriminatoires à l’égard des femmes et prennent garçons et les filles. En 2018, la principale raison de la parfois le pas sur la loi formelle, encore une fois en parti- non-scolarisation des filles et des garçons de tous âges culier dans les zones rurales (Bertelsmann Stiftung 2018). était le manque de ressources financières, avec plus de Les familles guinéennes résidant en milieu rural et dis- garçons que de filles citant ce manque comme principal posant de ressources limitées accordent plus de valeur obstacle. Les garçons (22,5 %) sont plus susceptibles à l’éducation des garçons qu’à celle des filles. Cela est que les filles (19,4 %) d’abandonner l’école en raison motivé par la persistance des opinions traditionnelles du refus de leur famille, mais uniquement au niveau de sur le rôle des femmes dans le ménage, ainsi que par les l’enseignement primaire. Au secondaire, cette tendance défis liés à la fréquentation scolaire (Coleman 2017). Par s’inverse, touchant 26,3 % des jeunes femmes et 22,2 % exemple, le harcèlement et les abus sexuels sont des pré- des jeunes hommes. La distance ou le manque d’écoles occupations très importantes pour les parents lorsqu’ils semblent être un obstacle important : en 2018, 18,0 % envoient leurs enfants à l’école (Tuwor et Soussou 2008). des filles guinéennes et 19,1 % des garçons âgés de 7 à La Guinée n’a pas de lois contre la violence basée sur le 12 ans et 9,8 % des filles et 7,9 % des garçons âgés de 13 genre et le harcèlement sexuel dans les établissements à 18 ans n’étaient pas scolarisés parce qu’ils n’avaient au- d’enseignement, ce qui ne protège pas les filles contre la cune école à proximité ou que l’école était trop éloignée. violence à l’école (Bouchama et al. 2018). Les taux d’abandon à l’école primaire sont généralement faibles, les garçons (1,3 %) étant légèrement plus touchés En particulier, la formation précoce de la famille est sus- que les filles (0,9 %). Au niveau de l’enseignement secon- ceptible d’expliquer dans une large mesure les écarts daire, cependant, les taux d’abandon scolaire sont beau- entre les sexes observés dans le niveau d’instruction en coup plus élevés tant chez les garçons (9,8 %) que chez Guinée. Le mariage des enfants est fortement et négati- les filles (8,2 %). Enfin, 6,0 % des filles âgées de 7 à 12 vement corrélé à la scolarisation et au niveau d’instruc- ans et 7,4 % de celles âgées de 13 à 18 ans n’étaient pas tion, ce qui entraîne des risques plus élevés d’abandon scolarisées en 2018 simplement parce qu’elles « étaient scolaire et, par conséquent, limite les possibilités d’em- une fille » (EHCVM 2018 ; voir encadré 2.1). ploi des femmes plus tard dans la vie. Il existe une forte association entre le niveau d’éducation atteint et le ma- Obstacles auxquels sont riage des enfants. Seulement 2,4 % des jeunes femmes confrontées les filles mariées de tout âge restent à l’école, et la proportion de jeunes femmes mariées non scolarisées est de 31,7 La loi guinéenne prévoit l’égalité des chances pour les % (EHCVM 2018). Se marier entre 15 et 17 ans entrave hommes et les femmes dans l’éducation, bien que dans fortement l’achèvement de l’enseignement secondaire, la pratique, l’accès des femmes à l’école soit remis en et se marier avant l’âge de 15 ans peut empêcher les question par les normes sociales et culturelles, les tradi- filles d’achever leur scolarité primaire (Male et Wodon tions et les rôles de genre. L’accès des femmes à l’éduca- 2016). L’éducation des filles est, en conséquence, l’un des tion en Guinée est limité par les mariages précoces, les moyens de dissuasion les plus efficaces contre le mariage longues heures de travail domestique non rémunéré et la précoce . Selon l’analyse des données, environ 53 % des Libérer le potentiel des femmes et des filles 29 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée femmes sans instruction 6étaient mariées avant l’âge souvent de terminer leurs études. Par conséquent, la de 18 ans en Guinée, contre seulement 20 % de celles fécondité des adolescentes peut se traduire par des op- qui avaient terminé le premier cycle du secondaire. La portunités générant des revenus plus limitées plus tard fécondité des adolescentes réduit également le nombre dans la vie (OMS 2020). d’années de scolarisation des filles, les empêchant Encadré 2.1. Pourquoi les investissements dans l’éducation primaire et secondaire des filles sont-ils une priorité pour la Guinée ? De grands écarts entre les sexes existent dans l’accès à l’éducation en Guinée à tous les niveaux. Les taux de scolarisation et de réussite sont systématiquement plus élevés chez les garçons que chez les filles, et beaucoup plus de filles que de garçons ne fréquentent pas l’école primaire et secondaire. En 2018, seulement 62 % et 22 % des filles et 67 % et % des garçons fréquentaient respectivement l’école primaire et secondaire. Malgré 32 ​​ les dispositions juridiques existantes sur l’égalité des chances en matière d’éducation, les normes patriarcales et culturelles, les traditions et les rôles de genre empêchent dans la pratique de nombreuses filles d’accéder à l’éducation sur un pied d’égalité avec les garçons. En effet, l’une des principales raisons invoquées par les filles guinéennes pour ne pas fréquenter l’école est simplement « être une fille ». Outre les mariages précoces, les longues heures de travail domestique et de prestations de soins non rémunérées constituent des obstacles spécifiques pour les filles par rapport aux garçons, en particu- lier dans les zones rurales. Le manque d’installations adéquates dans leurs alentours et les coûts associés à la fréquentation des écoles sont des obstacles clés supplémentaires identifiés qui empêchent les filles d’aller à l’école. La prévalence du harcèlement sexuel dans les écoles empêche également les parents d’inscrire leurs filles. Un grand nombre de données internationales montrent les impacts positifs de l’édu- cation, non seulement pour les filles concernées et leurs perspectives dans la vie, mais aussi pour leurs familles, leurs communautés et des sociétés entières. En effet, inve- stir dans l’éducation des filles a été qualifié de « meilleur investissement au monde » (Sperling et Winthrop 2015). L’éducation des filles permet d’élever leurs aspirations et libère leur potentiel pour réaliser ces aspirations. En moyenne, les femmes qui ont fait des études secondaires sont plus susceptibles de travailler et gagnent presque deux fois plus que celles qui n’ont pas fait d’études (Banque mondiale 2018). Les avantages de 6 Défini comme 0 année d’études. Libérer le potentiel des femmes et des filles 30 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 2.1. Pourquoi les investissements dans l’éducation primaire et secondaire des filles sont-ils une priorité pour la Guinée ? (suite) l’éducation peuvent également se transmettre d’une génération à l’autre car les per- sonnes plus instruites ont moins d’enfants et offrent à leurs enfants de meilleurs so- ins de santé et une meilleure éducation (Banque mondiale 2012a). Tous ces facteurs combinés peuvent contribuer à sortir les ménages, les communautés et les pays de la pauvreté. En effet, « les possibilités d’éducation limitées pour les filles et les obstacles à l’achèvement de 12 années d’études coûtent aux pays entre 15 000 milliards de dollars et 30 000 milliards de dollars en perte de productivité et de revenus au cours de la vie » (Banque mondiale 2018). Un autre défi observé en Guinée et dans de nombreux d’aucune installation sanitaire dans leurs locaux (Illus- autres pays d’Afrique subsaharienne est l’absence d’ins- tration 2. 4). Ce manque peut être un obstacle important tallations d’eau, d’assainissement et d’hygiène dans les à la réussite scolaire des filles : sans infrastructure et écoles. Selon le rapport du Programme conjoint de sur- installations sanitaires appropriées dans les écoles, les veillance de l’Organisation mondiale de la santé et du adolescentes peuvent devoir rester à la maison pendant Fonds des Nations Unies pour l’enfance, 47 % des écoles leurs menstruations, ce qui a une incidence négative sur en Guinée ne disposent pas d’un approvisionnement leur présence et leur réussite scolaire (Coleman 2017). La en eau potable, la proportion étant particulièrement disponibilité et l’accessibilité d’infrastructures adéquates élevée dans les zones rurales à 74 % (OMS et UNICEF d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hy- 2022). De plus, 62 % des écoles n’ont pas d’installations giène dans les écoles sont associées à une scolarisation d’hygiène. Un peu plus de la moitié de toutes les écoles et une fréquentation scolaire plus élevées des filles (Free- guinéennes (52 %) fournissent des services d’assainisse- man et al. 2012). ment de base, bien que 17 % des écoles ne disposent Libérer le potentiel des femmes et des filles 31 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ILLUSTRATION 2.4 PROPORTION D’ÉCOLES EN GUINÉE DOTÉES D’INSTALLATIONS WASH (POURCENTAGE) Hygiène Sanitaires Eau potable 0 20 40 60 80 100 Pas de service Service limité Service de base Données insuffisantes Source : OMS et UNICEF 2022. Remarque : WASH = eau, assainissement et hygiène. Orientation stratégique 1 : Aider les Das et Khwaja 2013 ; Kazianga et al. 2013 ; Muralidharan filles à accéder à l’enseignement et Prakash 2017 ; Banque mondiale 2016). primaire et secondaire En outre, rendre la prestation de services plus sensible Les interventions générales telles que la construction au genre pourrait grandement contribuer à accroître la de nouvelles écoles et l’amélioration des infrastructures couverture des services d’éducation chez les filles. Par scolaires ont des impacts positifs pour tous les élèves et exemple, l’État de Kano, au Nigéria, a élargi l’accès des pour les filles en particulier. Comme l’ont montré Evans filles au premier cycle du secondaire grâce à la moder- et Yuan (2019), qui ont examiné les données de 270 inter- nisation des écoles de filles non mixtes et à la fourni- ventions éducatives issues de 177 études, les interven- ture de toilettes séparées pour les filles dans les écoles tions générales visant à améliorer les résultats scolaires mixtes (Banque mondiale 2016). Dans le cas de la Gui- offrent les mêmes gains positifs pour les filles que les in- née, il a été signalé qu’avec une légère amélioration de terventions ciblant spécifiquement les filles. Sur la base l’assainissement dans les écoles de 1997 à 2002, les taux des données mondiales existantes, la construction de de scolarisation des filles ont augmenté de 17 %. Ce- nouvelles écoles (en particulier dans les zones rurales et pendant, de nombreuses écoles manquent encore de reculées), l’offre de transports sûrs et l’amélioration des toilettes séparées appropriées pour les garçons et les installations d’eau et d’assainissement à l’école contri- filles ou d’installations garantissant l’intimité (Serody buent à améliorer les taux d’inscription et de fréquenta- 2018). Le gouvernement guinéen a récemment signalé tion des filles, ainsi que leurs résultats aux tests (Andrabi, l’amélioration des services d’eau et d’assainissement Libérer le potentiel des femmes et des filles 32 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée et la construction d’écoles visant à offrir une seconde dessinées de groupes de jeunes qui ont montré des effets chance aux filles non scolarisées (Gouvernement de la positifs pour les personnes engagées (UNICEF 2010). Guinée 2019). Pour combler les lacunes existantes, il faudra lever les Assurer la présence de femmes enseignantes ou dis- contraintes financières d’accès pour de nombreuses filles penser une formation sur le genre au personnel éduca- guinéennes vulnérables. Face à des budgets familiaux tif (avec un accent particulier sur la violence basée sur limités, et compte tenu des normes patriarcales ainsi le genre) sont également des options politiques per- que d’autres obstacles à la scolarisation des filles, les tinentes à cet égard (Coleman 2017). Il existe une forte familles guinéennes ont tendance à privilégier l’éduca- corrélation entre le nombre d’étudiantes et le nombre tion des garçons sur celle des filles. La suppression des d’enseignantes dans les écoles. Des données provenant contraintes financières par le biais de subventions sco- d’Afrique subsaharienne en particulier, indiquent que les laires, de bons, d’aides et de bourses peut encourager filles sont plus susceptibles de s’inscrire dans des écoles les familles à maintenir leurs filles à l’école. L’élimina- où il y a des femmes enseignantes (Haugen et al. 2014). tion des frais de scolarité dans le primaire en Éthiopie En 2017, moins de la moitié des enseignants du primaire (Chicoine 2021) et en Ouganda ( Keats 2018) par exemple, et seulement 30 % des enseignants du secondaire étaient a augmenté le pourcentage de filles scolarisées dans le des femmes (Coleman 2017). Avoir une enseignante per- primaire et a eu des effets positifs sur la probabilité de met non seulement aux jeunes filles de se sentir en sé- terminer leurs études secondaires. Un programme de curité dans la salle de classe, mais leur donne également bourses destiné aux filles s’est traduit par une augmen- un modèle positif. tation de la scolarisation au Niger (Giacobino et al. 2022). Les incitations économiques sous forme de transferts Une stratégie globale de prévention basée sur les établis- monétaires conditionnels peuvent également être effi- sements d’enseignement et des interventions efficaces caces pour promouvoir la scolarisation des filles (Akresh, seraient nécessaires pour atténuer la violence sexuelle De Walque et Kazianga 2013 ; Baird et al. 2014 ; Blimpo dans les écoles, y compris des politiques de lutte contre et al. 2016 ; Hallfors et al. 2015 ; Koumassa, Olapade et le harcèlement sexuel, la sensibilisation au genre dans Wantchekon 2020). les programmes scolaires et la prestation de services aux survivants. Le Ghana et le Kenya ont déjà mis en place De même, les programmes qui visent à accroître la va- ce type de politique avec des impacts positifs (Beninger leur perçue de l’éducation des filles par rapport à celle 2013). Au Ghana, par exemple, la campagne Stop Vio- des garçons peuvent être efficaces pour changer les lence against Girls in Schools a contribué à sensibiliser normes sociales et culturelles actuelles et accroître la aux types de violence subis par les filles et à la façon dont présence des filles dans les écoles ainsi que l’achève- la violence interfère avec leur droit à l’éducation. Dans le ment de leur scolarité. Comme indiqué précédemment, cadre de la même campagne, des clubs de filles ont été l’un des principaux défis auxquels les filles guinéennes créés, offrant des environnements sûrs et favorables aux sont confrontées pour accéder à l’éducation, en parti- filles et des opportunités de plaider en faveur d’écoles culier aux niveaux supérieurs, est la notion dominante sans violence. Des efforts de sensibilisation ont été dé- selon laquelle les filles sont censées être des épouses et ployés à travers la formation et production de bandes des mères, et que l’éducation des garçons est donc plus précieuse. Cependant, selon des estimations récentes, Libérer le potentiel des femmes et des filles 33 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée les rendements économiques de l’éducation ont géné- le niveau d’instruction des participantes en combinant ralement tendance à être plus élevés chez les filles en des composantes éducatives et des programmes d’éman- Afrique : chaque année supplémentaire de scolarisation cipation sociale pour les adolescentes, par exemple en augmente les revenus d’un homme de 11 % et les reve- Éthiopie (Erulkar et Muthengi 2009) et en Afrique du Sud nus d’une femme de 14 % (Monténégro et Patrinos 2014). (Branson et Byker 2018). Il existe également de plus en plus de données, par exemple au Libéria, qui montrent Changer les normes sociales et les croyances autour que des approches globales visant à doter les adoles- du rôle des filles par rapport aux garçons, et éduquer centes de compétences de vie pratiques et techniques les parents et les communautés sur l’importance et les peuvent se traduire par une augmentation de leurs rendements potentiels de l’éducation pour les filles, est années d’études terminées (Koroknay-Palicz 2016). Le nécessaire en Guinée. Les campagnes de sensibilisation projet d’émancipation des femmes et de dividende dé- auprès des parents sont particulièrement prometteuses mographique au Sahel, 7opérant dans six pays d’Afrique à cet égard. L’un de ces programmes, déployé dans des de l’Ouest, représente un effort majeur dans ce domaine. zones pilotes en Guinée pour sensibiliser les parents, les Investir dans l’éducation des filles et maintenir les filles éducateurs et les dirigeants communautaires à la valeur à l’école sont les premiers objectifs du projet, et sont à de l’éducation des filles par le biais de promoteurs édu- atteindre grâce à une variété d’interventions spécifiques catifs a été associé à une augmentation du nombre de qui dans l’ensemble visent à autonomiser les filles par- filles inscrites dans l’enseignement primaire, et à des ticipantes. Le projet a déjà montré des impacts positifs diminutions des écarts entre les sexes dans la scolari- importants sur le taux de rétention des filles dans les sation (USAID 1999). Le gouvernement guinéen a éga- écoles secondaires. En plus de ces programmes, des ré- lement mené des programmes de sensibilisation dans glementations et des politiques permettant aux femmes les communautés des préfectures de Koroussa et de mariées et enceintes de retourner à l’école sans faire face Dinguiraye sur l’importance de la scolarisation des filles à la discrimination ou à la stigmatisation doivent être et sur les violences basées sur le genre (Gouvernement en place et être appliquées de manière adéquate. Cette de Guinée 2019). considération est particulièrement importante compte tenu de la contribution pertinente de ces phénomènes Il est tout aussi important de donner aux filles et aux à l’explication des taux d’abandon plus élevés chez les jeunes femmes les moyens de poursuivre leurs études. Il filles en Guinée. existe divers exemples d’interventions qui ont amélioré 7 Pour plus d’informations, consultez la page d’accueil du projet (https://projects.worldbank.org/en/projects-operations/project-detail/ P150080?lang=en). Libérer le potentiel des femmes et des filles 34 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 3. AMÉLIORER L’ACCÈS AUX SERVICES DE SANTÉ : LA SITUATION DE LA SANTÉ DES FEMMES EN GUINÉE Libérer le potentiel des femmes et des filles 35 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Mortalité maternelle de la fécondité totale comprise entre 13 et 35 % (Banque mondiale 2018). Il existe un lien avéré entre les MGF/E Dans le cas de la Guinée, la mortalité maternelle est sans et la mortalité maternelle, les formes les plus extrêmes aucun doute l’un des effets négatifs les plus dramatiques de MGF/E amplifiant les risques de décès maternel et de de la forte incidence du mariage des enfants, des gros- complications de l’accouchement (Banks et al. 2006 ; sesses chez les adolescentes et des mutilations génitales Okagbue et al. 2020). La formation précoce de la famille féminines/excision (MGF/E). Les progrès dans la réduc- a également des effets très négatifs sur la santé du nou- tion de la mortalité maternelle en Guinée ont été lents veau-né (Banque mondiale 2018).9 et irréguliers au cours des dernières décennies. En 2017, le taux réel de mortalité maternelle (TMM) était de 576 Accès aux services de santé décès pour 100 000 naissances vivantes (Illustration 3. 1), maternelle supérieur à la moyenne régionale de 534 pour l’Afrique subsaharienne, faisant de la Guinée le pays avec le 13e Le manque d’accès à des services maternels adéquats taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde. Le semble être à la base de ces tendances. Seulement 35 taux est toujours supérieur à ceux enregistrés dans de % des femmes enceintes en Guinée ont eu au moins nombreux pays de comparaison, notamment le Bénin quatre visites de soins prénatals, et seulement 55 % des (397), le Burkina Faso (320), le Ghana (302), le Sénégal accouchements ont été assistés par un professionnel (315) et le Togo (396). 8Par ailleurs, la mortalité mater- de la santé qualifié (ministère de la Planification et de nelle demeure l’une des principales causes de décès la Coopération internationale 2018). Seulement 27 % chez les femmes guinéennes, en particulier chez les des femmes des ménages les plus pauvres ont accou- adolescentes et en milieu rural. Les décès maternels re- ché en présence d’un professionnel qualifié, contre 97 présentent jusqu’à 28 % de tous les décès de femmes en % des femmes des ménages à revenu élevé (UNICEF Guinée ; ce taux est encore plus élevé chez les femmes 2019b). De plus, les soins postnatals dans les deux pre- âgées de 15 à 19 ans (41 %) et de 20 à 24 ans (35,3 %) miers jours après la naissance n’ont été fournis qu’à 52 (Banque mondiale 2019a, 2022a). Il existe de fortes dis- % des nouveau-nés dans les zones rurales, contre 87 % parités régionales dans les TMM. Selon le dernier recen- dans les zones urbaines. L’accès aux soins prénatals et sement général de la population et de l’habitat de la postnatals augmente chez les femmes ayant au moins Guinée (2014), le TMM est le plus élevé à Labé (888) et une certaine éducation (UNICEF 2019b). De plus, l’épidé- Faranah (806), et le plus bas à Kankan (407) et Conakry mie de COVID-19 a eu un impact négatif sur les premières (508). Le mariage des enfants est lié aux décès maternels visites prénatales et la couverture vaccinale contre le en raison des grossesses et accouchement précoces ; le tétanos chez les femmes enceintes (Banque mondiale mariage des enfants peut entraîner une augmentation 2022a). Des services de santé obstétrique insuffisants 8 Des TMM similaires sont observés en Côte d’Ivoire (617) et en Gambie (597), et même plus élevés en Guinée-Bissau (667) et au Libéria (661). La Mauritanie (766), le Nigéria (917) et la Sierra Leone (1 120) ont les taux de mortalité maternelle les plus élevés de la région ouest-africaine. D’après les données « Mortalité maternelle » de l’UNICEF (https://data.unicef.org/topic/maternal-health/maternal-mor- tality/). 9 Être né d’une mère de moins de 18 ans augmente le risque de mortalité des moins de cinq ans de 3 à 7 %. Il a été estimé que, dans l’en- semble, si le mariage des enfants prenait fin entre 2016 et 2030, plus de 2 millions d’enfants pourraient survivre au-delà de l’âge de cinq ans, 3,6 millions pourraient éviter un retard de croissance et 140 000 vies d’enfants pourraient être sauvées en moyenne chaque année. La réduction des naissances précoces entraînerait une baisse de 0,2 à 0,6 % de la mortalité des moins de cinq ans en Guinée. Libérer le potentiel des femmes et des filles 36 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ou médiocres, le manque d’accès aux établissements de Ntoimo et al. 2018 ; Banque mondiale 2019a). Il existe en soins de santé ou à des professionnels qualifiés, et les particulier une association documentée entre la mortali- lacunes en matière d’éducation à la santé sexuelle et re- té maternelle et le nombre d’établissements de santé ou productive sont quelques-uns des principaux facteurs de de personnel médical disponible (Okonofua et al. 2018 ; mortalité maternelle (Jansen et al. 2014 ; Lee et al. 2012 ; Zhao et al. 2020). ILLUSTRATION 3.1 ÉVOLUTION DES TAUX DE MORTALITÉ MATERNELLE, GUINÉE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE, 2006–17 (DÉCÈS MATERNELS POUR 100 000 NAISSANCES VIVANTES) 1.200 1.000 800 600 400 200 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Guinée ASS Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Remarque: ASS = Afrique subsaharienne. La disponibilité de services de santé maternelle de qua- une forme de violence physique, de violence verbale, de lité semble insuffisante dans le pays. En 2017, seuls 62 % stigmatisation ou de discrimination (39,4 %) selon une des établissements de santé proposaient des soins obs- enquête communautaire menée en Guinée (Bohren et al. tétricaux, 20 % des soins néonatals et 40 % des services 2019). De plus, les femmes signalent souvent que des in- de vaccination infantile (ministère de la Santé 2017). Une terventions médicales sont effectuées sans leur consen- évaluation récente des services maternels et néonatals tement, ce qui pourrait également être lié à l’absence de en Guinée conclut que la qualité, tant technique que non protocoles d’obtention des plaintes des patients, en par- technique (interpersonnelle) et organisationnelle, reste ticulier dans les situations d’urgence médicale (Bohren faible (Hatem, Halabi-Nassif et Maroun 2018). En raison et al. 2019). Une étude de 2017 portant sur les mauvais du manque d’établissements de santé et de personnel traitements infligés aux femmes lors de l’accouchement médical dans leur région, de nombreuses femmes en en Guinée a suggéré que les femmes et les prestataires de Guinée pourraient donc opter pour l’accouchement à do- soins de santé pensent que les mauvais traitements sont micile, ce qui est devenu particulièrement urgent après justifiables dans certaines circonstances, par exemple l’épidémie d’Ebola (Ahinkorah 2020 ; Banque mondiale lorsque les femmes crient ou ne se conforment pas aux 2015b). Les protocoles de soins ne sont pas toujours sui- demandes des prestataires (Balde et al. 2017). L’un des vis, les femmes enceintes déclarant souvent avoir subi principaux obstacles à la prestation de services est la Libérer le potentiel des femmes et des filles 37 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée pénurie à la fois d’agents de santé suffisamment qualifiés Les dépenses non prises en charge élevées et l’absence et de produits de base, en particulier au niveau commu- de couverture sanitaire universelle conduisent de nom- nautaire (Banque mondiale 2015b). breux Guinéens à renoncer aux soins de santé même lorsqu’ils en ont besoin (Groupe de la Banque mondiale Ce problème est encore aggravé par la prévalence de 2021). Dans de nombreux cas, des systèmes de paie- normes sexospécifiques inégales et le manque de ser- ment (parfois en nature) sont exigés pour des services vices et d’infrastructures sensibles au genre. Dans une statutaires censés être gratuits, avec un impact dispro- étude récente, les répondants ont cité le manque de portionné sur les femmes et les filles (Groggel, Sow et moyens financiers, l’éloignement des établissements Gnimassou 2020). Une étude récente montre qu’un de santé et le manque de moyens de transport comme faible statut socio-économique et une exposition inadé- des obstacles à la gestion des complications pendant quate aux médias peuvent être des indicateurs clés de la grossesse et l’accouchement en Guinée. La même l’accouchement à domicile chez les femmes enceintes étude a montré que les connaissances et les attitudes en Guinée (Ahinkorah 2020). Les données provenant de des femmes concernant les complications obstétricales pays d’Afrique subsaharienne, notamment le Ghana, le n’étaient pas adéquates (Balde et al. 2021). De plus, Kenya, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe suggèrent les femmes guinéennes sont limitées dans leur mobili- que, bien que dans l’ensemble les femmes puissent être té physique, nécessitant souvent la permission de leur exemptées des frais formels, elles doivent souvent effec- mari avant de quitter la maison. En outre, seulement 59 tuer des paiements informels car les prestataires ne sont % des femmes guinéennes déclarent prendre des déci- pas incités à appliquer ces exemptions face à des condi- sions concernant leur propre santé. La rareté des femmes tions économiques et de services de santé restrictives ou médecins affecte l’utilisation des services de santé par en raison de critères discrétionnaires (Nanda 2002). les femmes étant donné les normes culturelles et reli- gieuses stigmatisant tout contact entre les femmes et Utilisation de la contraception les hommes professionnels de la santé. Les femmes sont réticentes à consulter des médecins masculins concer- L’utilisation de la contraception reste très faible en Gui- nant la santé sexuelle et reproductive, se tournant sou- née, y compris chez les adolescentes. Bien que l’utilisa- vent vers les prestataires de soins traditionnels (Groggel, tion de la contraception ait augmenté régulièrement au Sow et Gnimassou 2020). Et même là où des centres de cours des trois dernières décennies en Guinée, elle reste santé sont disponibles, beaucoup d’entre eux manquent très faible par rapport à l’utilisation dans d’autres pays de services de base. Selon un rapport, 64 % des hôpitaux d’Afrique subsaharienne : en 2018, 10,9 % des femmes guinéens n’ont pas d’installations d’eau potable et 27 % âgées de 15 à 49 ans utilisaient au moins une méthode de n’ont pas de services d’assainissement (OMS et UNICEF contraception par rapport à 24,2 % au Burkina Faso, 29,2 2022). % au Ghana et 32,2 % en Ouganda. 10L’utilisation de la contraception en milieu urbain est presque deux fois plus élevée qu’en milieu rural (15,5 % contre 8,4 % ; Illustration 10 Basé sur les données de l’UNICEF sur la situation des enfants dans le monde et Childinfo, l’utilisation mondiale de la contraception de la Division de la population des Nations Unies et les enquêtes auprès des ménages, y compris les enquêtes démographiques et sani- taires (pour la Guinée, l’enquête de 2018) et les enquêtes en grappes à indicateurs multiples. Libérer le potentiel des femmes et des filles 38 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée 3. 2). Bien que l’utilisation de la contraception soit passée modernes que celles des quintiles les plus pauvres (Sidi- de 7,2 % en 1999 à 11,4 % en 2018 chez les adolescentes bé et al. 2020). De plus, l’éducation à la santé sexuelle et et les jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans) le niveau reproductive, qui s’est avérée être une méthode efficace reste très faible. En effet, 20 % des femmes de ce groupe pour réduire la fécondité des adolescentes dans d’autres d’âge ont déclaré avoir un besoin non satisfait de plani- régions, n’a généralement pas été dispensée dans le pays fication familiale en 2018. Les adolescentes urbaines et (Alzúa et Velázquez 2017). Le gouvernement signale ce- les jeunes femmes des catégories de richesse moyenne pendant avoir intégré l’éducation sexuelle dans le pro- et aisée sont plus susceptibles d’utiliser des méthodes gramme scolaire (Gouvernement de Guinée 2019). ILLUSTRATION 3.2 UTILISATION DE LA CONTRACEPTION PAR LES FEMMES GUINÉENNES EN MILIEU URBAIN ET RURAL (POURCENTAGE) Contraception moderne Contraception traditionnelle Pas de contraception 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Urbain Rural Source : EHCVM 2018 Les tendances de l’utilisation de la contraception sont femmes n’utilisant pas contraception, le rôle du parte- liées aux normes sociales patriarcales autour de la naire dans la prise de décision était plus élevé, à 20 %. masculinité qui empêchent les femmes et les hommes En éloignant les garçons et les hommes du domaine de de pratiquer des comportements appropriés pour leur la santé sexuelle et reproductive, la société et le système santé quant à la planification familiale. Les normes de santé tendent à les décharger de leurs responsabilités, traditionnelles et religieuses qui valorisent les familles renforçant l’idée qu’il ne s’agit que d’une préoccupation nombreuses avec plusieurs épouses et enfants inhibent féminine. l’utilisation de la planification familiale et sont donc en corrélation avec l’absence de besoins pour celle-ci Chez les jeunes femmes, le manque d’information combi- (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). Pourtant, ce sont en né à la stigmatisation de l’activité sexuelle hors mariage grande partie les femmes qui prennent la décision d’uti- empêche l’utilisation de la contraception en Guinée. La liser (ou de ne pas utiliser) la contraception. Parmi les sexualité en général reste taboue en Guinée, en raison femmes qui utilisent la contraception, 66 % ont pris la des croyances religieuses et des normes sociales tradi- décision elles-mêmes. Dans 20 % des cas, les femmes ont tionnelles. Ces normes interdisent les rapports sexuels pris la décision conjointement avec leur partenaire ou hors mariage, ce qui dissuade les jeunes femmes de sol- leur mari ; 15 % des femmes ont déclaré que leur parte- liciter des services de planification familiale et de santé naire ou mari prenait la décision à leur place. Parmi les sexuelle et reproductive. Seulement 51 % des femmes Libérer le potentiel des femmes et des filles 39 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée contre 77 % des hommes pensent qu’il est justifié pour les risques sanitaires associés aux MGF/E, ce qui conduit les femmes de se procurer des préservatifs et d’exiger de nombreuses filles à en faire la demande elles-mêmes leur utilisation lorsqu’elles savent que leur mari ou par- (Johansen et al. 2013 ; UNICEF 2013). En effet, en 2012, 76 tenaire a une maladie sexuellement transmissible. Le % des femmes et des filles souhaitaient que la pratique contrôle limité des femmes sur les revenus et les dé- se poursuive, contre 65 % en 1999 (UNICEF 2013). penses requises pour ces services constituent également des obstacles (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). Les efforts visant à réduire cette pratique ont jusqu’à pré- sent eu des effets inattendus, les rendant infructueux. De Mutilation génitale féminine/ nombreuses campagnes de sensibilisation du gouverne- excision ment et des partenaires nationaux et internationaux sur les risques sanitaires de la pratique, ainsi que l’introduc- Enfin, la Guinée a l’un des taux les plus élevés de MGF/E tion de sanctions légales contre les MGF/E, ont probable- au monde, la pratique étant largement acceptée - et at- ment encouragé la médicalisation croissante de l’excision tendue - dans la société et la pression pour subir cette et peuvent avoir contribué à la perception qu’en milieu pratique est croissante pour les jeunes filles guinéennes. médical, les MGF/E sont autorisées et ne présentent au- Pas moins de 94,5 % des femmes guinéennes âgées de 15 cun risque (Plan International 2006). Une étude de 2012 à 49 ans ont subi des MGF/E en 2018. 11Il n’y a eu qu’une a indiqué une tendance vers une plus grande médicali- très faible diminution (de 4,1 points de pourcentage) des sation des MGF/E en Guinée : bien que 79 % des femmes taux de prévalence des MGF/E en Guinée depuis 1999 . 12 âgées de 15 à 49 ans aient été excisées par des praticiens En conséquence, le pays a le taux de MGF/E le plus éle- traditionnels, la proportion est tombée à 66 % chez les vé de toute l’Afrique subsaharienne, suivi du Mali (88,6 filles âgées de 0 à 14 ans (UNICEF 2013). Le personnel %), de la Sierra Leone (83,0 %) et de la Gambie (75,7 %) de santé, principalement les sage-femmes, était de plus (Illustration 3. 3). Parce que la pratique reste largement en plus impliqué, malgré le décret de 2010 interdisant acceptée, elle ne dépend pas du niveau d’éducation de la la pratique des MGF/E dans les établissements de santé mère ou de l’appartenance religieuse de la famille (Yoder, publics ou privés. Dans le même temps, et par crainte de Abderrahim et Zhuzhuni 2004). sanctions légales, la pratique des MGF/E est passée des grandes célébrations à des cadres privés (Plan Interna- Marquant le passage des filles à l’âge adulte, les MGF/E en tional 2006). Guinée sont pratiquées par respect des coutumes ances- trales et pour restreindre la sexualité des femmes afin de Ces dernières années, la Guinée a renforcé la législation sauvegarder l’honneur de la famille (Doucet et al. 2020). nationale interdisant les MGF/E dans les milieux mé - La soumission à cette norme est renforcée par la pres- dicaux et par le personnel médical, bien que certaines sion sociale, la stigmatisation et l’ostracisme en cas de lacunes persistent et que l’application reste faible (Thom- non-conformité (Barry 2019). Le risque d’être exclue des son Reuters Foundation 2018). Les MGF/E étaient déjà activités communautaires et de se voir refuser un sou- interdites en vertu de l’article 13 de la loi/010/2000/AN tien et des possibilités de mariage peut l’emporter sur de juillet 2000 sur la santé reproductive et des articles 11 Basé sur les données de 2018 de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. 12 Basé sur les données des enquêtes démographiques et de santé, des enquêtes en grappes à indicateurs multiples et d’autres enquêtes. Libérer le potentiel des femmes et des filles 40 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée 406-410 du Code de l’enfant de 2008, et le Secrétariat gé- autorités les cas connus ou tentés de MGF/E pratiqués néral des affaires religieuses a émis une fatwa (décision sur un enfant (art. 779). Néanmoins, la Constitution de religieuse) interdisant sa pratique en Guinée (Thomson la Guinée ne fait pas explicitement référence aux MGF/E, Reuters Foundation 2018). Depuis 2016, les MGF/E sont ni ne les interdit en tant que pratique néfaste. Dans le également interdites par le Code pénal (loi n° 2016/059/ même temps, la loi actuelle ne criminalise pas l’exer- AN) (art 259) avec la peine maximale appliquée lors- cice transfrontalier des MGF/E. Il existe également peu qu’elles sont pratiquées « dans une structure de santé de données prouvant que les poursuites pour MGF/E ont publique ou privée et facilitées par une personne appar- lieu de manière régulière. Malgré quelques cas récents de tenant au personnel paramédical ou médical, notam- poursuites contre du personnel médical ayant pratiqué ment médecins, infirmiers, sage-femmes et techniciens des MGF/E (Balde et Granier 2021), la plupart des cas ne ». En 2019, le Code de l’enfant (loi n° /2019/0059/AN) a sont souvent pas signalés et les auteurs impunis (Bar- ajouté des dispositions contre les MGF/E. La loi exige que bière 2017). tout le personnel paramédical et médical signale aux ILLUSTRATION 3.3 PRÉVALENCE DES MGF/E DANS LES PAYS D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE, FEMMES ÂGÉES DE 15 À 49 ANS (POURCENTAGE) 100 94,5 88,6 90 83 80 75,7 70 66,6 60 50 44,9 44,4 38,4 36,7 40 30 23,3 19,5 20 9,2 10 0 0 Guinée Mali Sierra Léone Gambie Mauritanie Guinée-Bissau Libéria Tchad Côte d’Ivoire Sénégal Nigéria Bénin Togo Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Remarque : Les données pour la Guinée, le Mali et le Nigéria datent de 2018. Les données du Bénin datent de 2014. Les données du Tchad, de la Guinée-Bissau, du Sénégal et de la Sierra Leone datent de 2019. Les données de la Côte d´Ivoire datent de 2016. Données pour la Gambie et le Libéria datent de 2020. Les données de la Mauritanie datent de 2015. Les données du Togo datent de 2017. MGF/E = mutilation génitale féminine et excision. Libérer le potentiel des femmes et des filles 41 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 3.1. Pourquoi les investissements dans la santé des femmes sont-ils une priorité pour la Guinée ? La mortalité maternelle est la principale cause de décès chez les femmes en Guinée, en particulier les jeunes femmes. L’incidence élevée de la mortalité maternelle est liée aux phénomènes répandus de grossesse chez les adolescentes (voir la discussion dans le chapitre) et de mutilation/excision génitale féminine (MGF/E). De plus, les femmes guinéennes n’ont pas accès à des services de santé adéquats. En 2018, seulement 50 % des femmes enceintes étaient assistées par du personnel qualifié et seulement 11 % des femmes utilisaient une méthode contraceptive. L’accès aux services de santé est encore plus faible chez les femmes rurales et pauvres. Différentes contraintes se combinent pour empêcher les femmes guinéennes de recevoir l’attention dont elles ont besoin, notamment les coûts cachés, le manque d’infrastructures et de services de qualité, et la rareté du personnel féminin. Au-delà du drame individuel qu’elle représente pour la mère et la famille, les coûts de la mortalité maternelle sont multiples et considérables. Il existe des données provenant de pays d’Afrique subsaharienne montrant que les enfants nés de mères décédées pendant l’accouchement courent des risques plus élevés de décès et de problèmes de santé, ont de moins bons résultats scolaires et subissent d’autres conséquences négatives tout au long de leur vie. Ces conséquences négatives sont particulièrement vraies pour les filles, sous la forme de mariages d’enfants, de grossesses précoces et d’un risque accru de mortalité et de morbidité maternelles, entre autres. De plus le décès maternel peut en- traîner une instabilité financière, augmentant la vulnérabilité du ménage et exacerbant son manque d’accès aux produits de première nécessité (Miller et Belizán 2015). En fin de compte, les décès maternels ont des implications très négatives pour l’ensemble de la société et de l’économie. Il a été estimé par exemple que les 147 741 décès survenus dans 45 pays de la région africaine en 2010 ont entraîné une perte totale du produit in- térieur brut non sanitaire de 4,5 milliards de dollars (Kirigia et al. 2014). En plus des facteurs mentionnés ci-dessus, les MGF/E, un phénomène inquiétant courant en Guinée, contribuent au taux de mortalité maternelle. En 2018, pas moins de 94,5 % des femmes guinéennes âgées de 15 à 49 ans avaient subi des MGF/E. De fortes normes so- ciales patriarcales et des pratiques coutumières sont à la base de ces tendances. La pres- sion sociale sur les femmes est élevée : elles font face à l’ostracisme et à la stigmatisation Libérer le potentiel des femmes et des filles 42 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 3.1. Pourquoi les investissements dans la santé des femmes sont-ils une priorité pour la Guinée ?(suite) si elles résistent à l’excision. Les MGF/E ne sont pas seulement une violation des droits humains des femmes, mais aussi une préoccupation sanitaire et économique majeure. Un rapport de 2017 sur la violence basée sur le genre a révélé que 20 % des filles et des femmes qui sont victimes de MGF souffrent de multiples problèmes de santé (UNFPA 2017). Comme souligné précédemment, les MGF/E sont également associées à un risque plus élevé de décès maternels (Banks et al. 2006 ; Okagbue et al. 2020). Selon une en- quête de 1999, la complication de santé la plus fréquente après une MGF/E est le saigne- ment (30,9 %), suivi des problèmes de miction (16,8 %), des infections (12,4 %), de la lenteur de la guérison (10,2 %) et des enflures (4,4 %) (Yoder, Abderrahim et Zhuzhuni 2004). De plus, les complications de santé associées aux MGF/E finissent par réduire la participation des femmes au travail, les opportunités d’emploi et les activités civiques, imposant un coût élevé à la société et au développement global. Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, les coûts économiques des complications de santé liées aux MGF/E en Guinée en 2018 s’élèvent à 4 millions de dollars. Orientation stratégique 2 : des services de santé maternelle, entraînant une dimi- Améliorer l’accès aux services nution drastique du TMM en une décennie (Prata et al. de santé maternelle, sexuelle et 2010). Cela entraînera également probablement une reproductive et éradiquer les MGF/E amélioration des performances et des capacités des établissements de soins de santé, de meilleurs investis- Faire de la réduction du TMM une priorité politique est sements dans les infrastructures, une plus grande atten- une condition préalable à l’amélioration de la santé ma- tion portée aux conditions de santé des femmes et une ternelle dans tous les pays. Le manque d’attention et amélioration des qualifications des prestataires de soins le financement insuffisant des établissements de soins de santé maternelle en général. Ces dernières années, de santé maternelle sont les conséquences directes de le gouvernement guinéen a également déployé d’im- l’incapacité de nombreux pays à reconnaître la santé portants efforts dans ce domaine, en collaboration avec maternelle comme une question de développement d’autres partenaires de développement internationaux importante. Reconnaître qu’il s’agit d’une priorité poli- et le Groupe de la Banque mondiale (voir, par exemple, tique offre l’occasion de modifier les attitudes à l’égard Banque mondiale 2015b). Par exemple, le gouvernement des services de soins de santé maternelle et d’encourager a mis en place un Plan stratégique pour la santé mater- davantage de femmes à rechercher des conseils et des nelle 2016-2020. Probablement grâce à ces efforts, les orientations professionnelles (encadré 3.1). Par exemple, résultats maternels se sont améliorés au cours de la der- le programme de transformation de la santé en Turquie nière décennie. La poursuite et le renforcement de ces a réformé le financement des établissements de soins initiatives seront nécessaires pour assurer la pérennité de santé et accordé plus d’attention à la performance de ces récents progrès positifs. Libérer le potentiel des femmes et des filles 43 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Il sera nécessaire d’encourager les femmes enceintes à attitudes des prestataires et des gestionnaires de soins rechercher un soutien médical professionnel avant, pen- de santé peuvent constituer un obstacle à l’accès des dant et après la grossesse et de continuer à améliorer femmes à des services de santé sensibles au genre et di- la disponibilité et la qualité des services de santé ma- minuer la qualité des prestations existantes. Les acteurs ternelle pour les femmes guinéennes. Des soins oppor- du développement et de la santé au niveau communau- tuns, appropriés et abordables peuvent aider à détecter taire en Guinée ne reçoivent pas de formation liée au les premiers symptômes de conditions potentiellement genre, ce qui représente une occasion manquée. Étant dangereuses et à prévenir les risques de complications donné que les hommes de la famille prennent souvent de la grossesse, ainsi qu’à prévenir la mortalité néona- les décisions en matière de santé pour les femmes, il sera tale et maternelle. L’élaboration et la mise en œuvre de tout aussi important de promouvoir des stratégies d’en- politiques de protection des femmes enceintes - en les gagement des hommes. Les efforts d’information et de ciblant spécifiquement et en les encourageant à utili- sensibilisation peuvent jouer un rôle clé dans la promo- ser les services de soins de santé professionnels avant, tion de normes favorables à la santé au sein de la popu- pendant et après la grossesse - sont essentielles à la lation (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). réduction de la mortalité maternelle. Cela nécessiterait probablement de renforcer la capacité institutionnelle La levée des contraintes financières pour les femmes vul- existante ; mettre en œuvre des procédures, des proto- nérables sera nécessaire pour garantir que les services coles et des manuels de soins normalisés ; offrir une for- de santé maternelle requis sont disponibles et acces- mation professionnelle aux professionnels de la santé ; sibles quel que soit le revenu. Garantir une accessibili- et mettre en place des mécanismes fonctionnels de suivi té plus large des services de soins de santé maternelle et d’évaluation. Des investissements dans les infrastruc- aux femmes par le biais de mécanismes politiques et/ tures, le personnel et l’approvisionnement contribue- ou juridiques peut apporter un changement positif à la raient également à améliorer l’accès pour les femmes santé maternelle et néonatale. Les données mondiales vulnérables, en particulier celles vivant dans des zones confirment que la réduction des frais pour les services de reculées (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). En effet, le soins de santé maternelle ou les incitations financières manque d’espace budgétaire pour absorber le personnel aux femmes pour qu’elles recherchent une assistance adéquat ou fournir aux centres les produits et fournitures médicale est une approche efficace pour augmenter le nécessaires a été identifié comme un obstacle majeur pourcentage d’accouchements assistés et réduire les du côté de l’offre, en particulier dans les zones rurales taux de mortalité néonatale et maternelle (Alfonso et (Banque mondiale 2015b). al. 2015 ; Basinga et al. 2011 ; Johri et al. 2014 ; Raselle et al. 2021). Le ministère guinéen de la Santé a mis en Il est important de reconnaître le rôle crucial que les œuvre un programme d’exonération des frais de santé normes sociales et la dynamique de genre jouent à cet pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes en- effet en Guinée. En particulier, la prestation de services ceintes, qui englobe les soins prénataux et les services sensibles au genre - y compris la disponibilité adéquate d’accouchement, y compris les césariennes. Cependant, de personnel féminin - sera essentielle compte tenu de le manque de financement, parmi d’autres facteurs, a en- la stigmatisation à laquelle les femmes, et en particu- travé l’efficacité de ce programme. Dans le cadre de l’aug- lier les adolescentes, sont confrontées lorsqu’elles sont mentation du budget global de la santé, un financement en contact avec un professionnel de sexe masculin. Les Libérer le potentiel des femmes et des filles 44 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée plus important devrait être alloué à ce programme excep- punitive de la loi ne suffira pas à elle seule à modifier cette tionnel (Banque mondiale 2022a). pratique largement répandue. Des études régionales montrent que, bien que nécessaires, les lois exigent une L’élargissement de l’accès aux prestataires de soins de légitimité sociale pour être efficaces (encadré 3.2). Le santé de première ligne offre une stratégie alternative personnel chargé de l’application de la loi peut avoir une pour remédier au manque d’accès à des soins de santé connaissance limitée de ces lois ou un conflit d’intérêts à maternelle adéquats. Une stratégie pour faciliter l’accès cause duquel il peut continuer à soutenir la pratique pour aux soins de santé maternelle consiste à déléguer cer- maintenir les traditions communautaires. Les conflits in- taines des tâches cliniques des prestataires de santé de hérents entre les lois formelles interdisant les MGF/E et la niveau supérieur aux prestataires de niveau intermé- religion et les coutumes locales et régionales, également diaire ou inférieur, y compris les agents de santé com- reconnues comme sources de droit, devront être résolus munautaires et les accoucheuses traditionnelles. Rendre (Groggel , Sow et Gnimassou 2020) . les soins médicaux plus largement disponibles pour les femmes pourrait avoir des effets positifs sur l’utilisation Les pratiques internationales montrent que l’abandon effective du soutien professionnel pendant et après la à grande échelle des MGF/E nécessite des approches grossesse. Ce fut le cas, par exemple, en Indonésie, où holistiques et dirigées par la communauté. Le gouverne- le programme Bidam Di Desa (sage-femme de village), ment de la Guinée a adopté une Stratégie nationale et qui a formé des sage-femmes et les a déployées dans les une feuille de route pour la période 2019-23 pour réduire zones rurales de tout le pays, a considérablement aug- cette pratique. Il a également commandé une étude an- menté la proportion d’accouchements assistés (Ensor thropologique pour mieux comprendre les moteurs de et al. 2008). Doter les fournisseurs de soins de santé de cette pratique dans le pays et encourage l’engagement première ligne de connaissances et de technologies mé- des chefs religieux dans les efforts actuels pour réduire dicales à jour est une autre façon de faciliter l’accès des cette pratique. De plus, il a mis en place un programme femmes aux soins professionnels et de leur permettre de de formation sur le sujet dans les écoles de santé (Gou- demander des conseils immédiats en cas d’urgence. En vernement de la Guinée 2019). Il est important de pour- Guinée, les médecins, les sage-femmes et les infirmières suivre et de renforcer ces efforts. La principale priorité sont peu nombreux et largement employés dans les des stratégies réussies est d’empêcher la pratique de de- zones urbaines, alors que la majorité de la population venir une norme sociale dominante. Atteindre cet objectif vivant dans les zones rurales du pays dépend de l’assis- nécessitera une combinaison de mesures ciblées sur tous tance infirmière et des agents de santé communautaires les acteurs concernés, notamment l’interdiction des mes- insuffisamment formés (Banque mondiale 2015b). sages publics en faveur de la pratique ; la mobilisation de tous les acteurs concernés, avec un accent particulier sur Garantir la bonne application de la loi et des mesures dis- les pères et leurs familles (sœurs) ; le renforcement de la ciplinaires aux professionnels de la santé impliqués est formation de tous les prestataires de services et des au- une première étape dans la lutte contre le taux extrême- torités concernées ; l’intégration de la question dans les ment élevé de MGF/E en Guinée. La persistance des MGF/E curricula des écoles, universités et centres de formation ; en Guinée est due en grande partie à l’absence d’action vi- l’offre d’un soutien juridique et d’autres types de soutien goureuse de la part des autorités judiciaires pour assurer aux filles; la mobilisation et la sensibilisation des commu- sa prévention et son éradication. Cependant, l’application nautés; le développement des campagnes d’information Libérer le potentiel des femmes et des filles 45 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée de masse; et l’émancipation des filles et jeunes femmes à les exciseurs et les professionnels de la santé, et le travail comprendre et défendre leurs droits. Les approches adé- avec des groupes de pairs (Babalola et al. 2006 ; Chege quates comprennent également l’engagement des chefs et al. 2004 ; Diop et al. 2004 ; Easton, Miles et Monkman communautaires et religieux, des activités ciblées avec 2002 ; Ouoba et al. 2004). Encadré 3.2. Qu’est-ce qui fonctionne pour éliminer les MGF/E et faire face à ses conséquences ? Programmes de mobilisation communautaire. Le programme TOSTAN au Sénégal proposait un programme éducatif de base de quatre modules : hygiène, résolution de problèmes, santé des femmes et droits humains. Au cours du programme, les partic- ipants ont partagé leur apprentissage avec leurs pairs et les membres de leur famille et ont sensibilisé les autres membres de la communauté et les villages voisins de leur localité. Ensemble, les participants et les membres du comité ont également organisé des activités de mobilisation communautaire, motivant les habitants de ces villages à se joindre au processus de changement des normes locales néfastes. L’évaluation de TOS- TAN montre que le programme a un impact positif sur les attitudes et les connaissances sur les mutilations génitales féminines/excision (MGF/E). La proportion de femmes qui pensaient qu’il était nécessaire de pratiquer les MGF/E a diminué de manière significa- tive dans le groupe d’intervention immédiatement après le programme, et cette ten- dance s’est poursuivie un an plus tard (de 70 % initialement, à 21 % après le programme et à 15 % année plus tard). La sensibilisation à au moins deux conséquences des MGF/E a considérablement augmenté chez les hommes (11 % à 83 %) et les femmes (7 % à 83 %), et après l’intervention plus de la moitié des femmes qui n’ont pas participé pouvaient mentionner au moins deux des dangers des MGF/E. La connaissance d’au moins deux raisons de ne pas exciser les filles est passée de 8 % au départ à 77 % immédiatement après l’intervention parmi les participantes et à 50 % parmi les non-participantes (Diop et al. 2004). Libérer le potentiel des femmes et des filles 46 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 3.2. Qu’est-ce qui fonctionne pour éliminer les MGF/E et faire face à ses conséquences ? (suite) Communication et sensibilisation. Une intervention de communication au Nigéria, appelée Ndukaku, a été réalisée à trois niveaux communautaires : le niveau du hameau (ou du village), le niveau de la région du gouvernement local et le niveau de l’État. Il con- sistait en des activités multimédias (par exemple des chroniques dans les journaux, des émissions d’appels radio), l’élaboration de plans d’action pour améliorer la situation des femmes et des réunions communautaires. L’évaluation d’impact du programme montre qu’il a eu un effet positif significatif sur les intentions, les croyances, les attitudes et les connaissances concernant les MGF/E dans toutes les communautés participantes. Par exemple, à Enugu, l’intention de ne pas pratiquer la MGF/E sur leurs filles a forte- ment augmenté chez les femmes (de 59 à 76 %) et les hommes (de 53 à 73 %) après le programme. Le niveau de désapprobation des MGF/E a également augmenté chez les hommes participants (de 67 à 77 %) et les femmes (de 63 à 88 %). De même, le pourcent- age d’individus qui pensaient que les MGF/E présentaient des avantages était nettement plus faible à la fin du programme qu’au départ (de 42 à 25 % chez les femmes ; de 47 à 24 % chez les hommes ; Babalola 2006). Libérer le potentiel des femmes et des filles 47 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 4. DIFFÉRER LA FORMATION DE LA FAMILLE : MARIAGE D’ENFANTS ET GROSSESSE D’ADOLESCENTES Libérer le potentiel des femmes et des filles 48 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Formation précoce de la famille en prononcées dans les zones rurales du pays, où 79,7 % des Guinée filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 19 ans, contre seulement 9,7 % des hommes (EHCVM 2018). Une Le début de la formation de la famille se produit à un tendance similaire (et apparentée) peut être identifiée en âge très précoce pour la plupart des filles et des jeunes ce qui concerne l’âge à la première naissance : 10,6 % des femmes guinéennes. Alors que la plus grande partie des femmes guinéennes ont moins de 15 ans lorsqu’elles ont hommes se marient entre 20 et 29 ans (70,2 %), jusqu’à leur premier enfant, 26,6 % ont entre 16 et 19 ans et 29 % 24,9 % des femmes sont mariées à 15 ans et 49,4 % entre entre 20 ans et 24. Cependant, et contrairement à la ten- 16 et 19 ans (Illustration 4. 1).13 En effet, l’âge moyen au dance observée avec le mariage précoce, l’âge moyen est premier mariage chez les hommes guinéens est de 25,7 légèrement plus élevé chez les femmes rurales que chez ans, soit près de huit ans de plus que celui observé chez celles vivant en milieu urbain (EHCVM 2018). les femmes (18 ans). Ces tendances sont encore plus ILLUSTRATION 4.1 PROPORTION DE LA POPULATION SELON L’ÂGE AU PREMIER MARIAGE EN GUINÉE, 2018 (%) 60 50 40 30 20 10 0 Moins de 15ans 16-19 20-24 25-29 30-34 35+ Hommes Femmes Source : EHCVM 2018. Le mariage d’enfants Mozambique (53 %), le Burkina Faso (52 %), le Soudan du Sud (52 %) et le Bangladesh (51 %) ont des taux de préva- Selon l’UNICEF, la Guinée fait partie des 10 pays ayant lence de mariage d’enfants parmi les femmes âgées de 20 les taux de prévalence de mariages d’enfants les plus à 24 ans plus élevés que la Guinée (47 %) (Illustration 4. 2). élevés au monde. Seuls le Niger (76 %), la République centrafricaine (61 %), le Tchad (61 %), le Mali (54 %), le 13 Ce rapport utilise les données sur le mariage d’enfants/précoce de l’Enquête harmonisée sur les niveaux de vie des ménages (EHCVM 2018), qui mesure la proportion de toutes les femmes mariées avant l’âge de 15 ans et entre 16 et 19 ans. Aux fins de comparaison avec d’autres pays, la définition standardisée du mariage des enfants est appliquée conformément aux enquêtes démographiques et de santé. Ces enquêtes mesurent la proportion de femmes âgées de 20 à 24 ans qui ont été mariées à 15 ans et à 18 ans. Libérer le potentiel des femmes et des filles 49 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ILLUSTRATION 4.2 PAYS AYANT LES TAUX DE MARIAGE D’ENFANTS LES PLUS ÉLEVÉS, FEMMES ÂGÉES DE 20 À 24 ANS (POURCENTAGE) 100 80 60 40 20 0 Niger République Centralafricaine Tchad Mali Mozambique Burkina Faso Soudan du sud Bangladesh Guinée Nigéria Malawi Éthiopie Marieés avant 15 ans Mariées avant 18 ans Sources : Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) au Bangladesh, 2019 ; Enquête Démographique et de Santé (EDS) Burkina Faso, 2010 ; Tchad MICS, 2019 ; MICS de la République centrafricaine, 2018–19 ; EDS éthiopienne, 2016 ; EDS Guinée, 2018 ; EDS du Malawi, 2015 ; EDS Mali, 2018 ; Mozambique Inquérito de Indicadores de Immunização, Malária e HIV/SIDA (AIS) 2015 ; EDS du Niger, 2012 ; Enquête sur les ménages et la santé au Soudan du Sud, deuxième cycle 2010. Entrepôt de données de l’UNICEF. Selon l’EHCVM Guinée 2018, un quart de toutes les enfants restent floues. Certaines études ont mis en évi- femmes (24,9 %) en Guinée étaient mariées avant l’âge de dence la pauvreté comme un facteur déterminant du 15 ans, tandis que près de la moitié de toutes les femmes mariage précoce en Guinée, car pour certaines familles, (49,4 %) étaient mariées avant l’âge de 19 ans. De plus, les filles sont perçues à la fois comme un fardeau éco- ces proportions n’ont pas beaucoup changé au cours de nomique et comme une opportunité d’obtenir une ré- la dernière décennie. En 2012, 21,3 % des femmes étaient munération financière ou matérielle (UNFPA 2012). Les mariées avant l’âge de 15 ans et 51,7 % des femmes mariages précoces et forcés sont également souvent étaient mariées avant l’âge de 19 ans (EHCVM 2018). justifiés par le fait qu’ils évitent aux familles d’avoir à L’incidence du mariage précoce est plus élevée dans les couvrir les frais d’éducation de leurs enfants de sexe fé- zones rurales que dans les zones urbaines, avec des dis- minin jusqu’à l’âge adulte (Groggel, Sow et Gnimassou parités importantes entre les régions. L’âge moyen au 2020). La prévalence du mariage précoce en tant que premier mariage des femmes le plus élevé est observé mécanisme d’adaptation à la pauvreté et à l’insécurité à Conakry (19,7 ans) et le plus bas à Labé (16,8 ans). Il a tendance à augmenter lors de catastrophes naturelles existe également une corrélation entre le quintile de ri- et de crises humanitaires, par exemple lors de l’épidémie chesse et l’âge moyen au premier mariage, l’âge moyen d’Ébola (Villegas et al. 2021). D’autres études, cependant, étant le plus élevé parmi les ménages à revenu élevé indiquent que les parents rapportent que les aspects éco- (EHCVM 2018). nomiques ne sont pas aussi significatifs (Animata.com 2021). Les indications du rôle du milieu socio-économique fa- milial en tant que facteur déterminant du mariage des Libérer le potentiel des femmes et des filles 50 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Le mariage des enfants en Guinée est le résultat de 50 000 à 100 000 francs guinéens. Le Code civil guinéen normes socioculturelles, de croyances et de perceptions ne reconnaît que le mariage civil, ce qui signifie que la des rôles de genre. Certaines études indiquent que les cérémonie civile doit avoir lieu avant toute célébration parents signalent généralement l’intention de protéger de mariage religieux ou coutumier ; cependant cette exi- la dignité de leurs filles et l’honneur de la famille au dé- gence est rarement respectée (LandInfo 2011). Bien que but de la puberté, lorsque les filles pourraient tomber le droit coutumier, qui est basé sur la loi de la foi mu- enceintes, comme principale motivation pour les marier sulmane, autorise le refus d’un mariage forcé, les filles tôt (Animata.com 2021). Le rôle de la mère et de l’épouse et les femmes se trouvent souvent dans l’impossibilité est central dans la famille guinéenne, limitant considé- de l’éviter en raison de la forte pression exercée par la rablement les autres options et modèles pour les filles. famille et de leur propre manque de pouvoir de décision Être mère et épouse augmente l’inclusion sociale et le (Canada : Commission de l’immigration et du statut de respect des femmes et leur offre de plus grandes pos- réfugié du Canada 2015). sibilités de s’engager dans la vie sociale, ce qui pourrait expliquer la motivation des filles qui se marient tôt (Efe- Grossesse chez les adolescentes vberaa et Farmer 2021). Il est également prouvé que de nombreux mariages précoces se produisent en raison de De même, la grossesse chez les adolescentes est un phé- la pression de la famille (Efevberaa Farmer 2021). Le refus nomène très courant en Guinée, en particulier parmi les de se marier constitue une contestation de l’autorité pa- populations rurales et les plus pauvres. Les niveaux de fé- rentale, qui se traduit par le rejet de la fille par sa famille condité des adolescentes en Guinée ont diminué au cours et l’oblige à quitter le domicile familial (Groggel, Sow et des 25 dernières années, mais les chiffres restent extrê- Gnimassou 2020). mement élevés. En 2020, le taux de fécondité des adoles- centes en Guinée était nettement supérieur à la moyenne La loi guinéenne n’interdit pas explicitement le mariage de l’Afrique subsaharienne : 129,51 naissances pour 1 000 des mineurs. L’âge légal du mariage en Guinée est de 17 femmes âgées de 15 à 19 ans en Guinée contre 98,03 en ans pour les femmes et de 18 ans pour les hommes (Code Afrique subsaharienne (Illustration 4. 3). Depuis 2018, 2,0 civil, article 280). Cependant, les mariages de personnes % des adolescentes guinéennes âgées de 15 ans avaient n’ayant pas atteint l’âge officiel du mariage peuvent avoir accouché, 2,1 % étaient enceintes et 4,1 % avaient déjà lieu avec l’autorisation du ministère de la Justice. Toute commencé leur vie reproductive (EDS Guinée 2018). Les personne âgée de moins de 21 ans a besoin du consente- taux augmentent pour les trois catégories pour les filles ment de son père ou du chef de famille pour se marier. En de 16 ans (10,5 %, 5,7 % et 16,2 %, respectivement). Il outre, lorsque la différence d’âge entre les époux dépasse existe une grande disparité dans les taux de fécondité des 30 ans, le mariage ne peut avoir lieu qu’avec l’autorisa- adolescentes entre les zones urbaines et rurales : dans tion du ministre de l’Intérieur (Code civil, article 284). Le les zones urbaines, 13,8 % des adolescentes âgées de 15 mariage forcé est officiellement interdit par l’article 268 à 19 ans avaient accouché contre 27,1 % dans les zones du Code de l’enfant guinéen de 2008 et est passible d’un rurales. Ce phénomène diminue également fermement emprisonnement d’un à trois mois et d’une amende de avec la richesse : 11,1 % des adolescentes du quintile de Libérer le potentiel des femmes et des filles 51 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée richesse le plus élevé avaient accouché contre 30,9 % des filles du quintile de richesse le plus bas (EDS Guinée 2018). ILLUSTRATION 4.3 TAUX DE FÉCONDITÉ DES ADOLESCENTES : NOMBRE DE NAISSANCES CHEZ LES FEMMES ÂGÉES DE 15 À 19 ANS, GUINÉE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE, 2006-18 200 150 100 50 0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Guinée ASS Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Remarque: ASS = Afrique subsaharienne. Encadré 4.1. Pourquoi l’éradication du mariage des enfants et des grossesses chez les adolescentes est-elle une priorité pour la Guinée ? La Guinée présente un taux relativement élevé de mariages d’enfants et de grossesses d’adolescentes. Un quart de toutes les femmes (24,9 %) du pays sont mariées avant l’âge de 15 ans et près de la moitié de toutes les femmes (49,4 %) sont mariées entre 16 et 19 ans (Guinée EHCVM 2018). En 2018, le taux de fécondité des adolescentes était nette- ment supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne : 133,36 naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans contre 101,10 naissances. Ces deux phénomènes sont dis- proportionnellement plus fréquents dans les zones rurales que dans les zones urbaines et chez les femmes issues d’un milieu socio-économique défavorisé. Ils sont également tous deux liés à la forte prévalence de normes sociales et de coutumes religieuses forte- ment enracinées et très patriarcales. Libérer le potentiel des femmes et des filles 52 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 4.1. Pourquoi l’éradication du mariage des enfants et des grossesses chez les adolescentes est-elle une priorité pour la Guinée ? (suite) La formation précoce de la famille a de nombreux effets très négatifs pour les femmes et les sociétés, limitant considérablement les opportunités économiques pour les femmes à long terme et compromettant finalement la prospérité partagée et les efforts de réduc- tion de la pauvreté. Les filles mariées courent un plus grand risque d’avoir de mauvais résultats en matière de santé, de grossesses précoces et de grossesses, et de mortalité maternelle ; elles sont également plus susceptibles d’abandonner l’école, ce qui a des répercussions tout au long de leur vie sur leur capacité à s’engager dans des activités productives et sur leur exposition à la pauvreté (Hindin et Fatusi 2009 ; Wodon et al. 2017). Se marier avant l’âge de 18 ans augmente également de 22 % le risque qu’une femme soit victime de violence entre partenaires intimes (Banque mondiale 2014a). Ces dynamiques affectent également les enfants et les familles, ainsi que les communautés et les sociétés entières (Wodon et al. 2017). Dans l’ensemble, si le mariage des enfants avait pris fin en 2015, l’économie mondiale aurait pu économiser 566 milliards de dol- lars américains d’ici 2030 (Wodon et al. 2017). Les mères adolescentes sont également confrontées à une mortalité maternelle plus élevée et à des risques plus élevés de com- plications liées à la grossesse et à l’accouchement que les mères plus âgées (Azevedo et al. 2012 ; Klugman et al. 2014 ; UNICEF 2008a ; OMS 2014) ; sont moins susceptibles que leurs homologues féminines de terminer leurs études secondaires (Bethelon et Kruger 2012) ; et sont plus susceptibles d’avoir une participation au marché du travail et des revenus inférieurs. La recherche révèle également que les effets négatifs se répercutent sur la génération suivante (Azevedo et al. 2012 ; Hoffman et Maynard 2008). Orientation stratégique 3 : Réduire comprendre les moteurs et la dynamique autour de ce le mariage des enfants et les phénomène en Guinée est une première étape nécessaire grossesses chez les adolescentes pour informer de manière adéquate les politiques qui y font face. Le gouvernement a également annoncé la pré- Les efforts antérieurs et actuels visant à réduire le ma- paration et le déploiement d’une stratégie nationale et riage des enfants et les grossesses chez les adolescentes d’un plan d’action pour éliminer le mariage des enfants, doivent être intensifiés ou renforcés afin de voir des ré- dans le but de réduire de 15 % l’incidence du mariage des sultats efficaces sur le terrain (encadré 4.1). En 2018, le personnes de moins de 18 ans d’ici 2023 (Gouvernement gouvernement guinéen s’est engagé à développer une de Guinée 2019). La stratégie et le plan d’action 2021- étude socio-anthropologique sur la question qui pourrait 2025, élaborés avec l’aide de l’UNICEF, ont été présen- aider à éclairer les facteurs qui perpétuent cette pratique tés et lancés au début de 2021. L’allocation budgétaire dans le pays (Gouvernement de Guinée 2019). Mieux s’élève à 15 millions de dollars (Koundouno 2021). Les Libérer le potentiel des femmes et des filles 53 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée bonnes pratiques issues d’interventions réussies dans la problèmes communs. Ces problèmes comprennent la fai- région peuvent être utiles pour le développement adé- blesse des systèmes judiciaires, l’absence de mécanismes quat de ces efforts et d’autres efforts similaires à venir. de contrôle efficaces, une mauvaise compréhension des lois, le manque de formation adéquate, une mauvaise Les réformes juridiques fixant l’âge légal du mariage à 18 coordination entre les ministères concernés, l’absence ans ou plus et éliminant les exceptions parentales ou ju- d’une délégation claire des responsabilités à des autori- diciaires sont une première étape nécessaire (bien qu’in- tés spécifiques et l’absence de directives sur la manière de suffisante) pour éradiquer le mariage des enfants (Wodon gérer les cas de mariage d’enfants (UNICEF 2020). et al. 2017). La Guinée fait partie des 18 pays d’Afrique subsaharienne (sur un total de 43) qui ont encore un âge Différentes approches existent pour garantir le respect minimum discriminatoire pour le mariage : 17 ans pour les de l’âge minimum du mariage. L’approche principale im- filles et 18 ans pour les garçons. De plus, la législation gui- plique la criminalisation de la pratique, qui bien qu’en- néenne prévoit des exceptions à l’âge minimum (Svane- voyant le message clair que le mariage des enfants est myr et al. 2013). Réformer la loi pour interdire le mariage illégal, peut également avoir des impacts négatifs invo- des filles de moins de 18 ans dans tous les cas - ou établir lontaires sur les familles, entraînant une augmentation des garanties adéquates pour garantir que les exceptions des unions informelles (UNICEF 2020). La promulgation ne sont pas utilisées pour forcer les filles à se marier - est et l’application de ce type de législation doivent donc donc une mesure fondamentale nécessaire (UNICEF 2020). être soigneusement conçues afin d’éviter que la pra- Cependant, la littérature ne montre aucune corrélation tique ne devienne clandestine (Svanemyr et al. 2013). entre la législation interdisant la pratique et les taux de Pour assurer une application adéquate des lois, tous les mariage des enfants ; la législation interdisant cette pra- acteurs impliqués - en particulier les officiers de police et tique est souvent incompatible avec les lois coutumières judiciaires, les représentants des gouvernements locaux ou religieuses qui la légitiment, ce qui nécessite des efforts et les dirigeants communautaires - doivent être formés, d’harmonisation (Svanemyr et al. 2013). tandis que des efforts doivent être faits pour communi- quer les détails de la loi et pour renforcer la capacité des Le Kenya offre un exemple de cadre institutionnel so- organes d’exécution de la loi. Le processus d’enregistre- lide pour prévenir le mariage des enfants. Le pays a fait ment du mariage devrait également exiger que les deux des progrès significatifs dans l’harmonisation des lois parties indiquent leurs dates de naissance pour s’assurer relatives aux enfants avec les normes internationales. Il qu’elles ont l’âge légal pour se marier ; pour cela un sys- a été l’un des premiers pays d’Afrique subsaharienne à tème d’état civil fonctionnel produisant des documents proposer un statut consolidé des enfants et à établir un officiels sur les naissances et les mariages joue un rôle système judiciaire séparé et spécialisé pour les enfants. crucial (Hanmer et Elefante 2016 ; Svanemyr et al. 2013). Pour assurer le suivi de la mise en œuvre des lois relatives aux enfants, le gouvernement a mis en place un organe Les réformes juridiques doivent s’accompagner d’un indépendant de coordination des droits de l’enfant, le large éventail de politiques et d’interventions visant à Conseil national des services à l’enfance (Odala 2013). s’attaquer aux causes profondes de ces pratiques (Wo- don et al. 2017 ; UNICEF 2020). Un examen récent des La mise en œuvre et l’application des lois sur le mariage déterminants de la grossesse chez les adolescentes en des enfants à travers l’Afrique rencontrent plusieurs Afrique subsaharienne révèle que la sensibilisation de Libérer le potentiel des femmes et des filles 54 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée la communauté, une éducation sexuelle complète et la fécondité des adolescentes, le mariage précoce et le la garantie que les filles s’inscrivent et restent à l’école bien-être socio-économique. Un programme de subven- pourraient réduire les taux de grossesse chez les adoles- tions au Kenya (voir chapitre 5 et orientation stratégique centes. En outre, l’offre de services de santé adaptés aux 4), par exemple, a retardé le début de la fécondité des adolescentes dans les écoles et les centres de santé et filles, les taux de grossesse chez les adolescentes passant le lancement de programmes d’émancipation des ado- ainsi de 16 % à 13 % en trois ans (Duflo, Dupas et Kremer lescentes pourraient avoir un impact positif dans ce do- 2015). Dans le même temps, la suppression des frais de maine (Yakubu et Salisu 2018). Les interventions doivent scolarité dans le primaire en Éthiopie et en Ouganda a viser à engager et à mobiliser les parents, les commu- entraîné des retards dans la maternité et une réduction nautés et les dirigeants dans des activités de partage des grossesses chez les adolescentes (Chicoine 2021 ; d’informations, de sensibilisation et de changement de Keats 2018). De même, un programme de transferts mo- comportement afin de changer les croyances négatives. nétaires pour la scolarisation des filles au Malawi a réduit Elles devraient également viser à émanciper les filles et l’incidence des grossesses chez les adolescentes de 34 % leurs familles sur le plan économique et social par le biais (Baird et al. 2014). de programmes de subsistance alternatifs, de transferts monétaires conditionnels et d’autres incitations finan- Les programmes communautaires d’émancipation des cières. Le Lesotho offre un exemple pertinent dans ce adolescents peuvent favoriser de multiples dimensions domaine car le pays a réussi à réduire le mariage des en- de l’accumulation de capital humain en offrant aux filles fants grâce à des efforts d’engagement communautaire et aux jeunes femmes d’autres utilisations de leur temps. (Maepe 2020). Ces types de programmes montrent des impacts positifs importants sur le changement des croyances des filles et L’un des moyens les plus prometteurs de réduire le ma- l’acceptation de formes spécifiques de violence basée sur riage des enfants et la fécondité des adolescentes est de le genre, y compris le mariage des enfants, ainsi que sur maintenir les filles à l’école. Cela signifie que tous les ef- la réduction des grossesses chez les adolescentes comme forts visant à maintenir les filles à l’école contribueraient le montre l’expérience en Éthiopie (Erulkar et Muthengi indirectement à réduire cette pratique néfaste (Banque 2009) ou au Soudan du Sud (Banque mondiale 2013). Les mondiale 2022a). Dans le cas de la Guinée, les lois et ré- premiers résultats de l’Initiative pour les adolescentes glementations existantes relatives à la scolarisation des du Soudan du Sud, qui offre des espaces sûrs aux filles enfants doivent être appliquées. Par exemple, l’éducation et aux jeunes femmes pour recevoir une formation et so- dans le pays est officiellement obligatoire pendant 6 ans cialiser, suggèrent des effets positifs sur le changement pour tous les enfants âgés de 7 à 12 ans (Indicateurs du de comportement en ce qui concerne les grossesses pré- développement dans le monde, Institut de statistique de coces. 14Les participantes au programme Empowerment l’UNESCO 2020). Certains des programmes visant à aider and Livelihood for Adolescents en Ouganda, qui offrait les filles à achever leurs études primaires et secondaires aux adolescentes une formation professionnelle et en présentent également d’importants effets indirects sur compétences de vie et un espace sûr pour se rencontrer 14 Les interventions proposées dans les clubs comprennent une formation axée sur la demande, une formation à l’alphabétisation finan- cière, une formation aux compétences de vie et l’accès aux clubs d’épargne et au microcrédit. Pour en savoir plus sur l’Initiative pour les adolescentes de la Banque mondiale, rendez-vous sur https://www.worldbank.org/en/programs/adolescent-girls-initiative. Libérer le potentiel des femmes et des filles 55 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée et socialiser avec d’autres adolescentes, étaient égale- Des efforts ciblés pour promouvoir l’accès aux méthodes ment 26 % moins susceptibles que les non-participantes de contraception chez les jeunes peuvent également d’avoir un enfant (Bandiera et al. 2020). La même inter- contribuer à réduire la fécondité des adolescentes. Une vention en Sierra Leone a réduit le nombre de grossesses intervention complexe en Tanzanie permettant la promo- chez les adolescentes hors mariage de 7,5 points de tion et la distribution communautaires de préservatifs, pourcentage (Bandiera et al. 2018). pour et par les jeunes, complétée par une éducation à la santé sexuelle et reproductive à l’école et l’offre de De plus, les campagnes de sensibilisation sur la san- services de santé sexuelle et reproductive adaptés aux té sexuelle et reproductive et la planification familiale jeunes, a eu des impacts positifs sur les connaissances peuvent montrer des effets très positifs (Banque mon- des participants sur la prévention de la grossesse et diale 2022a). Dans l’ensemble, une meilleure connais- l’utilisation de la contraception (Doyle et al. 2011). Une sance de la santé sexuelle et reproductive est efficace intervention similaire en Ouganda a fourni des services pour réduire l’incidence des grossesses et des grossesses adaptés aux jeunes, notamment des informations, une précoces. Une formation régulière sur la lutte contre le éducation et une communication sur la santé sexuelle et VIH au Cameroun, associée à un volet sur l’utilisation de reproductive, des conseils et la distribution de contracep- la contraception (vidéo, session de formation) a permis tifs. Elle a entraîné une augmentation significative de de réduire l’incidence des grossesses précoces et d’aug- l’âge au premier rapport sexuel et une diminution de la menter l’utilisation de la contraception (Dupas, Huillery probabilité de grossesse dans les communautés partici- et Seban 2018). De même, une campagne médiatique en pantes (Asingwire et al. 2019). Cependant, il existe éga- Afrique du Sud sur le sexe, le VIH, la sexualité et les rela- lement des données montrant qu’une simple offre de tions entre les sexes a retardé la maternité précoce de méthodes contraceptives peut augmenter l’utilisation 1,2 an en moyenne (Branson et Byker 2018). Une inter- parmi les bénéficiaires mais pas nécessairement réduire vention en Afrique du Sud qui a fourni 12 leçons hebdo- le taux de natalité (Ashraf, Field et Leight 2013). Plus de madaires utilisant une variété d’activités interactives a 15 données sont nécessaires pour déterminer l’efficacité de conduit à des attitudes nettement plus saines envers la cette méthode pour réduire la fertilité des adolescentes. santé sexuelle et reproductive (Taylor et al. 2014). 15 Y compris des jeux de rôle, des discussions en petits et grands groupes, des débats et le visionnage de vidéos spécialement conçues pour les discussions avec les élèves. Libérer le potentiel des femmes et des filles 56 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 5. EMPLOI : OPPORTUNITÉS ÉCONOMIQUES DES FEMMES EN GUINÉE Libérer le potentiel des femmes et des filles 57 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Résultats sur le marché du travail économies progressent et que les revenus des ménages augmentent, la famille « rachète » le temps des femmes La participation des femmes au marché du travail (PFMT) pour la production domestique, comme les soins aux en- en Guinée est relativement élevée, étant donné que fants et aux personnes âgées. Cette tendance, associée à comme dans d’autres pays à faible revenu, un grand l’exclusion des femmes des emplois manuels en raison de nombre de femmes ont tendance à travailler dans des la stigmatisation et de la discrimination sociales, contri- exploitations familiales et des entreprises familiales. La bue à la baisse de la PFMT dans les pays dont le produit relation entre la PFMT et le développement est en forme intérieur brut par habitant est plus élevé. Ce n’est qu’à de U. À un niveau de revenu extrêmement bas et à des un niveau de revenu plus élevé et avec l’éducation des niveaux de pauvreté plus élevés, où se situent la plupart femmes que les écarts entre les sexes sur les marchés du des pays africains y compris la Guinée, les femmes sont travail commencent à se combler (Woldemichael 2020 ; censées contribuer au revenu familial. À mesure que les Illustration 5. 1). ILLUSTRATION 5.1 LA RELATION ENTRE LE PIB PAR HABITANT ET LA PFMT EN AFRIQUE 90 80 70 Guinea 60 50 40 30 20 10 0 0 25 50 75 100 Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Adapté de Woldemichael 2020. Remarque : PFMT = participation des femmes au marché du travail ; PIB = produit intérieur brut. Les femmes guinéennes participent à la population ac- (61,0 %) mais nettement supérieure à celle d’autres pays tive dans une moindre mesure que les hommes. La PFMT, pairs régionaux tels que la Côte d’Ivoire (45,0 %), la Mau- à 56,3 % en 2018, est légèrement inférieure en Guinée ritanie (28,0 %), le Nigéria (49,0 %) et le Sénégal (47,5 %). à la moyenne de la région de l’Afrique subsaharienne La PFMT dans les zones rurales, à plus de 80 % en 2018, Libérer le potentiel des femmes et des filles 58 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée était exceptionnellement élevée même pour les normes 2018). La participation à la population active augmente africaines. Pourtant, la participation globale des femmes à la fois chez les hommes et les femmes selon le quintile au marché du travail en Guinée est nettement inférieure de richesse (Illustration 5. 2).16 à celle des hommes qui était estimée à 76,1 % (EHCVM ILLUSTRATION 5.2 TAUX DE PARTICIPATION À LA POPULATION ACTIVE EN GUINÉE, PAR SEXE, 2018 (POURCENTAGE) a. Par lieu de résidence b. Par quintile de richesse 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 Total Urbain Rural Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Hommes Femmes Source : EHCVM 2018. Les personnes ayant des enfants (hommes et femmes) sont plus susceptibles d’avoir des enfants, et donc d’être sont plus susceptibles de participer au marché du tra- impliquées dans des activités génératrices de revenus. De vail. Plus les femmes et les hommes ont d’enfants, plus plus, les personnes actives sur le marché du travail sont le taux de participation est élevé : 96,2 % des hommes et plus susceptibles d’avoir les moyens de fonder une fa- 69,6 % des femmes ayant plus de quatre enfants sont ac- mille, notamment d’avoir plus d’enfants. Par conséquent, tifs, soit le double du taux enregistré parmi les personnes la relation entre le nombre d’enfants dans le ménage et sans enfant (Illustration 5. 3). D’une part, le nombre d’en- la PFMT peut refléter une simple corrélation plutôt qu’un fants dans le ménage peut faire augmenter la PFMT, car effet causal, ce qui signifie que le nombre d’enfants n’est il génère une pression financière et matérielle supplé- pas nécessairement un facteur déterminant d’une PFMT mentaire. D’un autre côté, les données provenant de la plus élevée. Guinée suggèrent que les femmes mariées et/ou âgées 16 En raison de l’incomparabilité de la dernière enquête harmonisée sur le niveau de vie des ménages (2018) avec les enquêtes précé- dentes, il n’est pas possible d’estimer les tendances de la PFMT au fil des ans. Libérer le potentiel des femmes et des filles 59 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ILLUSTRATION 5.3 TAUX DE PARTICIPATION À LA POPULATION ACTIVE ET NOMBRE D’ENFANTS EN GUINÉE, PAR SEXE, 2018 (POURCENTAGE) 100 80 60 40 20 0 Pas d'enfant 1 enfant 2-3 enfants Plus de 4 Hommes Femmes Source : EHCVM 2018. Le mariage des enfants et les grossesses précoces d’avoir un enfant plus tôt peut exercer une pression peuvent également favoriser la participation des femmes sur les femmes pour qu’elles entrent sur le marché du à la population active. Selon l’EHCVM guinéen 2018, les travail, la participation n’est pas plus élevée chez les femmes qui se sont mariées entre 30 et 34 ans affichent femmes qui ont eu leur premier enfant à l’adolescence les taux d’activité les plus élevés (73,4 %), suivies des ; au contraire, elle augmente avec l’âge au premier en- femmes qui se sont mariées avant 15 ans (64,1 %). La fant jusqu’au groupe des 30-34 ans (64,8 % contre 61,7 % plupart des femmes qui se sont mariées avant l’âge de chez les femmes tombées enceintes avant 15 ans). Dans 15 ans semblent travailler sur la ferme familiale (61,6 %) ce cas, les différences dans le type d’emploi sont moins ou posséder une entreprise non agricole (33,2 %) ; seu- marquées, sauf pour le groupe de celles qui travaillent lement 2,3 % travaillent comme salariés non agricoles comme gestionnaire de parcelle, qui tend à augmenter (contre 13,8 % parmi celles qui se sont mariées après avec l’âge au premier enfant, et la propriété d’une entre- 35 ans) (Tableau 5. 1). En ce qui concerne la grossesse, prise non agricole, qui diminue (Tableau 5. 2). et contrairement à la perception selon laquelle le fait Libérer le potentiel des femmes et des filles 60 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée TABLEAU 5.1 PARTICIPATION DES FEMMES AU MARCHÉ DU TRAVAIL ET TYPE D’EMPLOI EN GUINÉE, SELON L’ÂGE AU PRE - MIER MARIAGE Toutes Moins de 16–19 20–24 25–29 30–34 35+ femmes 15 ans mariées Participation au marché du travail 61.2 64.1 59,4 61.3 61,6 73,4 60,8 Activités agricoles Travaille comme gestionnaire de parcelle 14.4 22,5 12.2 11.8 7.8 5.5 11.0 Travaille comme éleveuse 25,8 32.2 25.2 23.3 14.4 11.7 9.0 Travaille sur la ferme familiale 49,5 61,6 49,6 40.1 29.8 27,7 38.3 Travaille comme ouvrière agricole rémunérée 0,3 0,3 0,2 0,4 0.0 0.0 0.0 Activités non agricoles Travaille comme salariée non agricole 2.3 0,4 1.8 3.4 9.7 13.1 13.8 Possède une entreprise non agricole 33.2 29,5 32,9 37,5 37,9 42.2 22,9 Possède une entreprise formelle 0,7 0,5 0,5 1.1 2.4 1.4 0.0 non agricole Possède une entreprise non agricole 23.4 18.6 22,9 28,9 29,0 36,6 10.3 informelle de niveau supérieur Possède une entreprise non agricole 9.2 10.4 9.5 7.5 6.5 4.2 12.6 informelle de niveau inférieur Source : EHCVM 2018 De nombreux emplois disponibles pour les femmes Environ 75 % des femmes employées dans l’agriculture, peuvent être qualifiés de vulnérables, saisonniers, in- l’élevage et la pêche sont des travailleuses saisonnières ; formels et/ou occasionnels. Plus de 95 % de l’emploi et 37,1 % de toutes les travailleuses sont employées sur féminin était considéré comme vulnérable en 2019, une base saisonnière (EHCVM 2018). contre 83,3 % de l’emploi masculin, deux taux nettement supérieurs à la moyenne de la région de l’Afrique sub- Les femmes guinéennes sont également surreprésentées saharienne (80,1 % chez les femmes et 67,2 % chez les dans le travail domestique non rémunéré. Les femmes hommes en 2019). De nombreuses femmes en Guinée 17 guinéennes consacrent en moyenne 15,4 heures de tra- sont employées de manière informelle ou saisonnière. vail domestique non rémunéré par semaine contre 5,2 17 Basé sur la Banque mondiale, les Indicateurs du développement dans le monde et les estimations modélisées de l’Organisation inter- nationale du travail. Libérer le potentiel des femmes et des filles 61 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée heures pour les hommes (EHCVM 2018) (Illustration 5. 4). persiste d’une génération à l’autre, l’écart se creusant L’écart est similaire dans les zones urbaines et rurales. parmi les tranches d’âge les plus jeunes. En lien avec ces En outre, les femmes sont plus susceptibles que les tendances, la pauvreté temporelle 18est plus élevée chez hommes d’être engagées dans des travaux non rémuné- les femmes que chez les hommes en Guinée. En 2010, rés à l’extérieur du foyer, en particulier dans l’agricultu- environ 20,4 % des adultes en Guinée étaient caractéri- re. Par exemple, les données suggèrent que les femmes sés comme pauvres en temps (Bardasi et Wodon 2010). qui contribuent à cultiver des cultures commerciales des Le taux de pauvreté temporelle était plus élevé chez les membres masculins de la famille ne sont souvent pas femmes (24,7%) que chez les hommes (15,1%) et plus payées pour ce travail (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). important en milieu rural (26,4%) qu’en milieu urbain La disparité du nombre d’heures de travail domestique (7,7%). TABLEAU 5.2 PARTICIPATION DES FEMMES AU MARCHÉ DU TRAVAIL ET TYPE D’EMPLOI EN GUINÉE, SELON L’ÂGE AU PRE - MIER ENFANT Toutes Moins de 16–19 20–24 25–29 30–34 35+ 15 ans Participation au marché du travail 62,7 61,7 60,9 62,5 65,5 64,8 62.2 Activités agricoles Travaille comme gestionnaire de parcelle 13.4 9.1 10.9 10.7 15.4 21.4 23,9 Travaille comme éleveuse 25,8 22.1 23,7 21.4 29.3 31,8 39.4 Travaille sur la ferme familiale 49.4 52.3 49,5 46,0 47,5 54,4 55,5 Travaille comme ouvrière agricole rémunérée 0,3 0,1 0,1 0,2 0,7 0,2 0,4 Activités non agricoles Travaille comme salariée non agricole 2.4 1.7 2.2 2.2 3.7 2.6 2.1 Possède une entreprise non agricole 36.2 39.4 36,0 38,9 36.1 33.2 26,0 Possède une entreprise formelle 0,8 0,9 0,7 0,7 1.1 0,8 0,6 non agricole Possède une entreprise non agricole 25,5 27,5 24.1 27,0 26.1 24.6 21.2 informelle de niveau supérieur Possède une entreprise non agricole 9.9 11.1 11.2 11.1 8.9 7.8 4.3 informelle de niveau inférieur Source : EHCVM 2018. 18 Les pauvres en temps travaillent 50 heures par semaine et appartiennent à des ménages pauvres ou qui le deviendraient si les indivi- dus réduisaient leurs heures de travail jusqu’au seuil de pauvreté temporelle. Libérer le potentiel des femmes et des filles 62 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ILLUSTRATION 5.4 NOMBRE MOYEN D’HEURES CONSACRÉES AU TRAVAIL DOMESTIQUE PAR SEMAINE (TRAVAIL NON RÉMUNÉRÉ) EN GUINÉE, SELON L’ÂGE ET LE SEXE, 2018 25 20 15 10 5 0 7-12 13-18 19-24 25-44 45-64 65+ Hommes Femmes Total Source : EHCVM 2018 Les écarts de revenus entre les hommes et les femmes probabilité qu’une femme guinéenne travaille. En effet, persistent, les femmes mariées employées étant forte- les taux de prévalence du mariage des enfants semblent ment désavantagées, en particulier dans les zones ru- être plus faibles chez les femmes qui ne travaillent pas, rales. D’importants écarts salariaux entre les sexes ont ce qui suggère une corrélation positive entre le mariage été identifiés en Guinée dans tous les secteurs et zones des enfants et la participation au travail (Male et Wodon géographiques, quel que soit le niveau d’éducation, à 2016). Cependant, les taux élevés de participation au l’exception de la minorité de femmes titulaires d’un di- marché du travail masquent des défis sous-jacents pour plôme universitaire (Osorio et Wodon 2010). On estime les femmes. Confrontées à des tâches de garde d’enfants que l’écart de rémunération brut entre les sexes en Gui- et à des contraintes de temps, les femmes sont souvent née en 2012 était de 50 % (Groupe de la Banque mon- poussées vers des formes de travail qui, tout en étant diale 2019a). Les employées du secteur informel gagnent plus flexibles et mieux adaptées aux normes sociales en 38 à 43 % de moins que celles du secteur formel dans vigueur, les rendent plus vulnérables (Chakravarty, Das les zones urbaines, l’effet inverse étant observé dans les et Vaillant 2017). En effet, les emplois disponibles pour zones rurales. Ce renversement peut être lié au fait que les filles et les jeunes femmes qui se marient avant l’âge la plupart des femmes rurales qui sont employées sous de 18 ans sont susceptibles d’être de nature informelle et contrat à durée indéterminée sont généralement impli- mal rémunérés (voire pas du tout), ce qui entrave leurs quées dans la production agricole peu qualifiée avec de chances d’atteindre une stabilité économique et finan- bas salaires (Osorio et Wodon 2010). cière. De plus, les femmes mariées employées ont des revenus bien inférieurs à ceux des hommes, en particu- Même si, suivant la tendance régionale, les décisions de lier dans les zones rurales du pays, ce qui peut refléter formation de la famille n’inhibent pas la participation des des normes sexospécifiques qui attendent des hommes femmes au marché du travail en Guinée, elles affectent qu’ils soient les principaux soutiens de la famille et li- l’emploi à marge intensive. Comme on l’a vu plus haut, mitent l’éventail des possibilités d’emploi pour les être mariée ou avoir des enfants semble augmenter la Libérer le potentiel des femmes et des filles 63 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée femmes, ou qui mettent le poids du travail non rémunéré observée dans la plupart des pays, les hommes sont éga- sur les femmes. lement surreprésentés dans l’éducation et la santé (69,0 %) et dans les autres services (66,4 %). Dans le même Les femmes en Guinée sont surreprésentées dans temps, les femmes constituent la majorité des employés l’agriculture, les mines et le commerce ; cependant, dans l’agriculture (54,6 %), l’élevage/pêche (58,2 %), les les hommes sont plus présents dans les secteurs tra- mines/l’industrie (56,8 %) et le commerce (69,6 %), sec- ditionnellement féminins tels que la santé et l’éduca- teurs traditionnellement considérés comme masculins. tion (Illustration 5. 5). La ségrégation professionnelle Entre 2012 et 2018, une augmentation significative a est courante en Guinée. En effet, certains secteurs sont été observée dans le taux des femmes travaillant dans dominés presque exclusivement par des hommes : les l’élevage/la pêche (de 23,6 points de pourcentage) et les hommes constituent 98,8 % de tous les employés dans mines/l’industrie (de 15,9 points de pourcentage). Ce- la construction et 99,3 % dans les transports/commu- pendant, dans tous les autres secteurs d’emploi le pour- nications. Cependant, et contrairement à la tendance centage de femmes employées a diminué (EHCVM 2018). ILLUSTRATION 5.5 RÉPARTITION DE L’EMPLOI EN GUINÉE, PAR SECTEUR ET PAR SEXE, 2018 (POURCENTAGE) Autres services Éducation/santé Transport/communication Commerce Construction Mines/industries Élevage/Pêche Agriculture 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Hommes Femmes Source : EHCVM 2018. La forte présence des femmes guinéennes dans l’agri- et 38 % des hommes adultes ont déclaré avoir récem- culture peut s’expliquer par une combinaison de fac- ment vécu pendant au moins six mois dans un lieu diffé- teurs, notamment la migration des hommes et la crise rent de leur lieu de résidence actuel. À Conakry et dans d’Ébola. Des données limitées provenant d’Afrique sub- d’autres zones urbaines, plus d’un adulte sur trois se dé- saharienne suggèrent que l’émigration des hommes peut clare primo-arrivant. Cette constatation est conforme aux amplifier la charge de travail des femmes dans l’agricul- attentes d’un taux de migration interne assez élevé en ture, forçant les femmes à assumer des tâches agricoles Guinée (Banque mondiale 2018). Parmi les hommes qui traditionnellement masculines (FAO 2011). Dans le cas de migrent des campagnes vers les villes, 40 % invoquent la Guinée, l’enquête auprès des ménages montre qu’en- le travail comme raison de leur réinstallation. L’emploi viron 34 % des femmes adultes âgées de 15 ans et plus semble jouer un rôle beaucoup moins important pour les Libérer le potentiel des femmes et des filles 64 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée femmes migrantes des campagnes vers les villes, moti- engagées dans l’extraction artisanale de l’or et des dia- vant seulement 9 % de leurs réinstallations ; la plupart mants aux côtés des hommes dans certaines parties du citent le mariage ou la famille comme principale raison pays.20 Environ 70 % des travailleurs du secteur dans la de leur déménagement. Plus de deux ménages sur trois région orientale, par exemple, seraient des femmes. Leur (68 %) reçoivent des transferts d’anciens membres de activité est le plus souvent concentrée dans des activités famille ou d’autres parents qui résident en Guinée ou en aval et à forte intensité de main-d’œuvre. 21Cependant, à l’extérieur des frontières du pays. En outre, il est pro- des preuves qualitatives indiquent que ces travailleuses bable que la crise Ébola, qui a entraîné la perte d’activités font partie des groupes les plus vulnérables touchés par génératrices de revenus et une diminution de la sécuri- l’industrie extractive en Guinée. Au niveau de l’entreprise, té financière, ait intensifié la migration de travail des elles accèdent rarement à des postes de direction ; au hommes tout en augmentant l’implication des femmes niveau communautaire, leurs besoins sont rarement éva- dans l’agriculture. De plus, la crise d’Ébola a interrompu lués ; et dans le secteur artisanal, leur santé, et celle de de nombreuses autres activités économiques accessibles leurs enfants, est fortement affectée par l’utilisation de aux femmes, telles que le commerce transfrontalier, la produits nocifs (Camara, Ngom et Baudin Sanchez 2020). vente au détail, etc. (UNDG 2015). Enfin, l’insécurité alimentaire et les niveaux élevés de sous-alimentation La participation des femmes au marché du travail et l’ac- enregistrés après la crise d’Ébola ont peut-être poussé cès à un emploi de qualité en Guinée continuent d’être davantage de femmes vers les activités agricoles (UNDG restreints par des institutions formelles et informelles 2015). discriminatoires. La Guinée fait partie de la moins que moitié des pays d’Afrique subsaharienne où la législa- Malgré le rôle majeur des femmes dans l’exploitation mi- tion nationale du travail contient encore des dispositions nière en Guinée, leurs conditions de travail sont particu- qui restreignent l’accès des femmes à l’emploi dans les lièrement précaires. L’exploitation minière est l’un des mêmes industries que les hommes et aux emplois jugés secteurs économiques les plus importants de la Guinée, dangereux. 22Selon le rapport 2021 Les femmes, l’entre- qui est un important producteur mondial de bauxite, de prise et le droit (Banque mondiale 2021c), les femmes minerai de fer, d’or et de diamants. Le pays possède cer- en Guinée ne peuvent pas travailler légalement dans des tains des plus grands gisements de bauxite et de fer au secteurs industriels tels que l’exploitation minière, la monde. Le secteur représente 20 % du produit intérieur construction et les usines, alors même qu’elles sont sur- brut, 80 % des recettes en devises et 20 à 25 % des re- représentées dans certains d’entre eux, comme dans l’ex- cettes publiques. 19Les femmes sont traditionnellement ploitation minière. De plus, malgré le fait que le code du 19 Extrait de la fiche technique du projet de développement agricole intégré de la Banque mondiale (https://documents1.worldbank.org/ curated/en/575631525731828125/pdf/Project-Information-Document-Integrated-Safeguards-Data-Sheet-Guinea-Integrated-Agricultu- ral- Development-Project-GIADP-PDAIG-P164326.pdf). 20 Extrait de la page Web de Centurion, “Guinea: Promoting Women and Artisanal Mining” (https://centurionlg.com/2020/09/10/gui- nea-promoting-women-and-artisanal-mining/). 21 De la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, profil du Centre africain de développement minier de la Guinée (https://knowledge.uneca.org/asm/Guinea). 22 Sur 48 pays de la région, 25 ont déjà abrogé les restrictions sur les industries dans lesquelles les femmes peuvent travailler, et 28 des 48 pays n’ont aucune restriction sur les femmes travaillant dans des métiers dangereux. Libérer le potentiel des femmes et des filles 65 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée travail interdit la discrimination sexuelle à l’embauche, technique et professionnelle est sous-développée par dans la pratique, les femmes sont toujours confrontées à rapport aux besoins de l’industrie, en particulier dans des jugements et des pratiques discriminatoires, en par- l’exploitation minière, la construction et l’agriculture ticulier dans les zones rurales (Groggel, Sow et Gnimas- (Banque mondiale 2015a). Toutes ces tendances sont sou 2020). Les normes sociales et les attentes concernant susceptibles d’être plus prononcées chez les femmes, les rôles des femmes dans la société affectent également dont l’accès à l’éducation et à la formation reste plus sé- la participation économique des femmes. Par exemple, vèrement limité. certains hommes voient l’émancipation économique de leurs épouses comme une menace pour leur statut de La participation des femmes au marché du travail est éga- chef de famille et de principal soutien de famille (Am- lement déterminée par le manque de moyens de trans- mann 2016). port pour se rendre sur les sites d’emploi ainsi que par le risque de subir du harcèlement sexuel pendant le trajet. En outre, l’exclusion des femmes des emplois décents Des infrastructures et des liaisons de transport sûres et et formels peut être liée à leur manque de compétences pratiques peuvent stimuler l’emploi des femmes, comme monnayables. Un faible niveau de compétences commer- le montrent les données de différents pays (Dobbs 2007 ; cialisables chez les jeunes est largement reconnu comme Martinez et al. 2020). La violence basée sur le genre (VBG) un obstacle majeur à l’emploi des jeunes en Afrique. Se- dans les transports publics est un phénomène répandu lon l’enquête de la Banque mondiale sur les entreprises, dans tous les pays, ce qui peut amener de nombreuses 18,2 % des entreprises de la région identifient une main- femmes à ne les utiliser qu’à certains moments ou pas du d’œuvre insuffisamment formée comme une contrainte tout (Gekoski et al. 2017). En outre, les normes sociales et majeure à leurs opérations. Les jeunes femmes sont en sexospécifiques agissent souvent comme des contraintes moyenne moins scolarisées que les jeunes hommes, ce à la mobilité des femmes. Selon le rapport de l’Enquête qui les désavantage davantage (Chakravarty, Das et Vail- démographique et de santé de 2018, 83 % des femmes lant 2017). Les systèmes d’enseignement et de formation (âgées de 15 à 49 ans) sont d’accord avec l’affirmation techniques et professionnels, en particulier, restent très selon laquelle un mari est justifié de battre sa femme si peu développés en Afrique subsaharienne, et les écarts elle sort sans le lui dire (INS et ICF 2019). entre les sexes en matière d’accès persistent. Les rares femmes inscrites restent systématiquement exclues des Entrepreneuriat et accès aux actifs domaines d’études en sciences, technologies, ingénierie et au financement et mathématiques (Arias, Evans et Santos 2019). Les don- nées provenant de la Guinée indiquent que le niveau de Le rôle des femmes guinéennes dans l’entreprenariat compétence de la main-d’œuvre est loin d’être suffisant reste limité principalement au travail indépendant. En pour satisfaire les demandes existantes, car le système 2018, seulement 12 % de tous les propriétaires d’entre- éducatif n’équipe pas les diplômés pour répondre aux prises formelles (avec plus de cinq employés) étaient des besoins du marché du travail. Les employeurs signalent femmes. 23En 2016, seulement 9 % des entreprises appar- des difficultés à trouver des travailleurs possédant les tenaient (partiellement) à des femmes, contre 29 % en compétences dont ils ont besoin. En outre, la formation moyenne en Afrique subsaharienne et 25 % dans les pays 23 Données de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Libérer le potentiel des femmes et des filles 66 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée à faible revenu ; seulement 6 % des entreprises avaient fois par nécessité économique plutôt que par opportu- une femme à leur tête, ce qui est nettement inférieur à nité (Banque mondiale 2019b). Par exemple, les femmes la moyenne en Afrique subsaharienne (14 %) et dans africaines représentent 58 % de la population des tra- les pays à faible revenu en général (12 %). L’entrepre- 24 vailleurs indépendants du continent (Copley, Decker neuriat pour les femmes africaines découle souvent et Delavelle 2020). Cependant, les entreprises dirigées plus d’une nécessité que d’un choix, compte tenu du par des femmes affichent systématiquement des perfor- manque d’opportunités d’emplois rémunérés dispo- mances inférieures (comme en témoignent les bénéfices) nibles et des normes sociales en vigueur liées au rôle que celles dirigées par des hommes (Banque mondiale des femmes par rapport aux hommes dans la société. 2019b). Cette disparité est largement liée aux écarts de C’est la seule région où les femmes sont plus suscep- disponibilité des actifs productifs tels que les machines, tibles d’être entrepreneurs que les hommes, encore une les véhicules ou les terres (Illustration 5. 6). ILLUSTRATION 5.6 DÉTENTION D’ACTIFS PAR LES FEMMES ET LES HOMMES EN GUINÉE, 2018 (POURCENTAGE) 60 50 40 30 20 10 0 Terres Machines Véhicules Meubles Hommes Femmes Source : EHCVM 2018 Cependant, le travail indépendant des femmes 25reste de stabilité et de sécurité financière et le caractère sai- élevé en Guinée, même s’il est inférieur à celui des sonnier du travail permettent aux employeurs d’exploi- hommes, les femmes urbaines et plus riches étant plus ter facilement les travailleuses. De plus, les protections susceptibles d’être des travailleuses indépendantes. Bien juridiques existantes contre la discrimination sexuelle qu’une plus grande proportion d’hommes (68,1 %) que sur le lieu de travail ne s’appliquent pas aux femmes qui de femmes (62,9 %) étaient des travailleurs indépen- sont indépendantes ou qui travaillent dans des environ- dants en Guinée en 2018, les femmes représentaient la nements informels (OCDE 2014). Entre 2012 et 2018, le moitié du nombre total de travailleurs indépendants taux des femmes qui travaillaient à leur compte a dimi- dans le pays (EHCVM 2018). Le travail indépendant et le nué de 3,2 points de pourcentage, tandis que celui des travail pour la famille sont considérés comme des formes hommes a augmenté de 3,0 points de pourcentage. Le d’emploi vulnérables ou précaires parce que le manque travail indépendant des femmes est plus élevé dans les 24 Indicateurs du développement mondial. 25 Le travail indépendant tel qu’il ressort de l’enquête est très large. Toute personne faisant partie de la population active qui ne travaille pas pour quelqu’un d’autre se considère comme un “travailleur indépendant”. Libérer le potentiel des femmes et des filles 67 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée zones urbaines (71,2 %) que dans les zones rurales (59,3 minières où les femmes sont sous-représentées et sous- %), et les femmes des quintiles de richesse les plus éle- payées (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). vés sont plus susceptibles d’être des travailleuses indé- pendantes, avec une tendance inverse observée chez les Les normes sociales concernant la formation et la charge hommes. Il est important de noter qu’une proportion im- d’une famille constituent de sérieux défis pour l’entrepre- portante de ces femmes et hommes indépendants sont neuriat féminin. Par exemple, les pouvoirs de décision des agriculteurs, des éleveurs ou des pêcheurs. Le travail limités des femmes au sein du ménage, qui les rendent indépendant est également associé à des niveaux d’édu- dépendantes des décisions de leurs maris, diminuent cation inférieurs, à un âge avancé, au fait d’être marié/ fortement leurs chances de démarrer leur propre entre- veuf/divorcé et d’avoir des enfants, tant chez les hommes prise. De plus, les femmes n’ont pas le temps nécessaire que chez les femmes (EHCVM 2018). à consacrer à la création et à l’exploitation de l’entreprise en raison du nombre d’heures qu’elles consacrent au tra- Le travail informel et le travail indépendant réduisent vail domestique et aux soins non rémunérés (voir Illus- non seulement la sécurité financière et économique tration 5.4). Les attentes sociales et les devoirs au sein des femmes, mais comportent également des risques du ménage limitent le temps dont disposent les femmes importants pour les femmes. Les travailleuses du sec- pour s’engager dans des opportunités financières et teur informel n’ont pas accès aux mécanismes formels commerciales. Il semble que la pression familiale sur les de protection sociale qui offrent un filet de sécurité face femmes entrepreneures a des effets négatifs significatifs aux chocs. Pour combler cet écart, les travailleuses s’ap- sur les décisions d’investissement entrepreneuriale. Par puient le plus souvent sur des mécanismes traditionnels, exemple, les femmes mariées dont la famille vit à proxi- notamment la solidarité communautaire/familiale et les mité obtiennent de moins bons résultats, tandis que la tontines 26(Toure 2017). L’emploi informel augmente éga- proximité familiale est un bénéfice pour les hommes (Fia- lement les risques de harcèlement sexuel et de VBG sur la 2013). Une étude menée au Ghana montre également le lieu de travail (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). Par que pour renforcer les responsabilités de leur mari en exemple, des preuves anecdotiques montrent que les tant que pourvoyeur, les femmes cachaient leurs revenus femmes des zones urbaines travaillant dans le secteur et leurs économies et limitaient parfois explicitement la privé sont souvent victimes de harcèlement sexuel mais croissance de l’entreprise (Friedson-Ridenour et Pierotti le signalent rarement en raison de l’absence de méca- 2018). nismes d’application de la loi et de la peur des repré- sailles, y compris la perte d’emploi ou la rétrogradation Comme indiqué précédemment, le manque d’accès aux (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). De même, des risques actifs productifs constitue également une contrainte accrus de VBG - y compris le sexe transactionnel, la pros- majeure à l’entrepreneuriat féminin en Guinée. Il y a titution et une pratique connue sous le nom de foudou- eu une augmentation prononcée de l’accès à presque koudouni 27- sont documentés dans les communautés tous les actifs entre 2012 et 2018 pour les hommes et les femmes, bien que l’écart entre les sexes en matière 26 Systèmes ou clubs d’épargne communautaires informels à travers lesquels les membres versent des cotisations régulières qu’ils peuvent retirer en cas de besoin. 27 Mariage de courte durée. Libérer le potentiel des femmes et des filles 68 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée de propriété d’actifs soit persistant et important. La d’hommes (54,5 %) que de femmes (32,9 %) avaient ac- possession d’autres actifs est nettement plus faible par- cès aux services bancaires mobiles en milieu urbain, l’ac- mi les ménages dirigés par une femme dans toutes les cès le plus faible aux comptes mobiles étant observé chez régions. Par exemple, 93,3 % des ménages dirigés par les femmes rurales (1,1 %) (EHCVM 2018) (Illustration 5. 7 un homme contre 85,5 % des ménages dirigés par une et Illustration 5. 8). De plus, seulement 24,0 % des femmes femme avaient un téléphone portable en 2018 ; 25,6 % âgées de 15 ans et plus possèdent un compte dans une des ménages dirigés par un homme et seulement 2,0 % institution financière ou auprès d’un fournisseur de ser- des ménages dirigés par une femme possédaient une vices d’argent mobile, contre 36,9 % des hommes. Les moto (EHCVM 2018). chiffres restent largement inférieurs aux moyennes de l’Afrique subsaharienne de 49,0 % pour les femmes et Les données montrent en outre des différences pronon- de 61,4 % pour les hommes. 28Notamment, entre 2014 cées dans la manière dont les hommes et les femmes et 2017, la proportion de femmes qui ont épargné ou s’engagent dans les services financiers en Guinée. En emprunté pour démarrer, exploiter ou agrandir une 2018, seulement 2,6 % des femmes (contre 9,4 % des ferme ou une entreprise a augmenté, tandis que celle hommes) avaient accès à un compte bancaire en Gui- des hommes a considérablement diminué (Tableau 5. 3). née, et 15,1 % à la banque mobile (contre 32,9 % des En ces termes, la Guinée fait mieux que la moyenne de hommes). Un pourcentage significativement plus élevé l’Afrique subsaharienne.29 ILLUSTRATION 5.7 PROPORTION DE LA POPULATION ILLUSTRATION 5.8 PROPORTION DE LA POPULATION GUINÉENNE ÂGÉE DE 15 ANS ET PLUS DISPOSANT D’UN GUINÉENNE ÂGÉE DE 15 ANS ET PLUS AYANT ACCÈS AUX COMPTE BANCAIRE, 2018 (POURCENTAGE) SERVICES BANCAIRES MOBILES, 2018 (POURCENTAGE) 18 60 16 50 14 12 40 10 30 8 6 20 4 2 10 0 0 Total Urbain Rural Total Urbain Rural Hommes Femmes Hommes Femmes Source : EHCVM 2018. Source : EHCVM 2018. 28 Sur la base des données 2021 de la Banque mondiale, Global Findex Database (https://data.worldbank.org/indicator/FX.OWN.TOTL. FE.ZS?locations=ZG) 29 Basé sur les données 2014-2017 de la Baanque mondiale, ensemble de données sur l’inclusion financière mondiale (https://databank. worldbank.org/source/global-financial-inclusion). Libérer le potentiel des femmes et des filles 69 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée TABLEAU 5.3 PROPORTION DE PERSONNES ÂGÉES DE 15 ANS ET PLUS QUI ONT ÉPARGNÉ ET EMPRUNTÉ POUR DÉMAR- RER, EXPLOITER OU DÉVELOPPER UNE FERME OU UNE ENTREPRISE, PAR SEXE, 2014-2017 (POURCENTAGE) Guinée Afrique sub-saharienne A épargné pour démarrer, exploiter ou développer une ferme ou une entreprise (% de 15 ans et plus) 2014 2017 2014 2017 Femme 16.74 17.31 19.77 20.25 Homme 21.04 14.73 25.56 26.29 A emprunté pour démarrer, exploiter ou développer une ferme ou une entreprise (% de 15 ans et plus) Femme 14.34 16.07 12.15 10.83 Homme 18.75 12.71 13.45 12.37 Source : Basé sur les données 2014-2017 de la Banque mondiale, ensemble de données sur l’inclusion financière mondiale. Malgré le rôle clé que jouent les femmes guinéennes dans En effet, les hommes possèdent 73 % des parcelles en l’agriculture, leur accès à la terre et aux autres moyens Guinée, ainsi que 84,5 % du total des hectares. De même, de production reste limité. Même si les femmes repré- la part des parcelles avec des documents légaux appar- sentent une part importante des agriculteurs africains, tenant aux femmes, à 22 %, est bien inférieure à la part elles ont tendance à être exclues de la propriété foncière détenue par les hommes (Illustration 5. 9). Au lieu de cela, ; l’accès au crédit et aux moyens de production agricoles les femmes obtiennent des droits d’utilisation des terres tels que les engrais, les pesticides et les outils agricoles ; agricoles par l’intermédiaire de leurs maris et de leurs le soutien des services de développement ; et l’accès aux fils, et elles dépendent généralement de ces relations marchés et à d’autres facteurs essentiels à leur produc- pour maintenir leurs droits d’accès à la terre (Clapp 1993; tivité. En Guinée, les femmes sont responsables de près Fischer et al. 1995). Dans le même temps, seulement 6,3 de 80 % de la production alimentaire du pays. Comme vu % des femmes propriétaires utilisent des engrais, soit la précédemment, 54,6 % de tous les travailleurs du secteur moitié de l’utilisation enregistrée chez les hommes (12,9 agricole sont des femmes, et 62 % de l’emploi féminin %). Cependant, il est important de noter que ces données correspond à ce secteur (EHCVM 2018). Cependant, les peuvent ne pas refléter pleinement la réalité en Guinée femmes contrôlent une très petite part des ressources car l’enquête n’a pas couvert toutes les parcelles exploi- et les hommes détiennent le principal pouvoir de déci- tées et détenues par les ménages.30 sion ainsi que la propriété et l’accès à l’information, aux apports, aux moyens de production et à la technologie. 30 Les enquêteurs pourraient s’être volontairement limiter à des parcelles faciles d’accès, car il ne s’agissait pas d’une enquête agricole. En outre, la propriété collective des parcelles est courante en Guinée et dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et n’est pas reflé- tée ici. Libérer le potentiel des femmes et des filles 70 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ILLUSTRATION 5.9 PROPRIÉTÉ FONCIÈRE EN GUINÉE, PAR SEXE (POURCENTAGE) Nombre total de parcelles Nombre total d'hectares Nombre total de parcelles avec documents légaux 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Hommes Femmes Source : EHCVM 2018. Malgré quelques développements juridiques positifs, la manque actuellement de législation reconnaissant les législation guinéenne contient encore des dispositions contributions conjugales non monétaires.31 discriminatoires qui entravent l’accès des femmes et la propriété des actifs. L’article 695 du Code civil guinéen La pauvreté crée une disparité dans les droits de succession des époux survivants, accordant aux maris survivants plus Probablement en raison de toutes les lacunes mention- de droits qu’aux épouses. L’article 695 donne aux veuves nées précédemment, les femmes sont plus exposées à une part d’un huitième de la succession du mari s’il n’y la pauvreté et à l’extrême pauvreté en Guinée. 32L’inci- a pas d’enfants ou de secondes épouses, mais n’impose dence de la pauvreté selon la composition du ménage pas une telle limite à la part d’héritage du mari. Parmi est la plus élevée chez les adultes des deux sexes ayant 48 pays d’Afrique subsaharienne, la Guinée est l’un des quatre enfants ou plus (60,7 %), suivis des ménages com- 14 seuls qui traitent les épouses survivantes différem- posés uniquement de femmes avec enfants (54,5 %) et ment en matière de droits de succession que les maris des ménages composés d’adultes des deux sexes ayant survivants. Les pays de la région qui offrent le traite- un à trois enfants (34,3 %) (Illustration 5. 10). L’incidence ment le plus équitable aux maris et femmes survivants de la pauvreté la plus faible est observée parmi les mé- comprennent le Burkina Faso, le Gabon et le Ghana. En nages d’hommes adultes sans enfants (3,7 %). En com- Afrique subsaharienne, 29 pays prévoient la reconnais- paraison, les ménages composés uniquement de femmes sance des contributions non monétaires, mais la Guinée adultes sans enfants affichent une incidence de pauvreté 31 Les contributions non monétaires comprennent le travail non rémunéré dans la maison, comme la garde des enfants ou les responsa- bilités ménagères. Étant donné que les femmes sont plus susceptibles d’exercer des activités non rémunérées qui profitent au ménage, telles que les soins aux enfants ou aux personnes âgées, elles ont généralement moins de contributions monétisées que les hommes et acquièrent donc moins d’actifs pendant le mariage. La reconnaissance de ces contributions non monétaires est importante lors de la dissolution du mariage car elle peut donner aux femmes l’accès à une part des biens matrimoniaux. 32 Dans cette analyse, la pauvreté est définie comme le pourcentage de la population dont la consommation totale (y compris la nourri- ture, le loyer, l’habillement, l’énergie, les dépenses de santé et l’éducation) est inférieure au seuil de pauvreté estimé à 5 006 362 FG par habitant et par an. L’extrême pauvreté est soit (1) le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil international de pauvreté de 1,90 USD par habitant et par jour, en parité de pouvoir d’achat de 2011, soit (2) le pourcentage de la population dont la consomma- tion totale (y compris la nourriture, le loyer, l’habillement, l’énergie, les dépenses de santé et l’éducation) est en dessous du seuil de pauvreté alimentaire. Libérer le potentiel des femmes et des filles 71 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée beaucoup plus élevée (23,3 %). En outre, lorsque l’on ans et plus (50,5 % pour chaque groupe d’âge). L’inci- compare le statut de pauvreté par âge, les personnes les dence de la pauvreté est également régulièrement plus plus exposées à la pauvreté sont les filles et les jeunes élevée parmi les ménages dirigés par des femmes que femmes âgées de 0 à 14 ans et les femmes âgées de 65 ceux dirigés par des hommes. ILLUSTRATION 5.10 PAUVRETÉ EN GUINÉE, SELON LA COMPOSITION DU MÉNAGE 70 60,7 60 54,5 50 40 30,2 34,3 30 23,3 19,9 20 10 3,7 0 Hommes Femmes Adultes Homme(s) Femme(s) Adultes Adultes (des adultes adultes (des deux avec avec (des deux deux sexes) + 4 sexes) enfants enfants sexes) + enfants ou 1-3 enfants plus Incidence de la pauvreté Proportion de la population (%) Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur EHCVM 2018. Encadré 5.1. Pourquoi l’amélioration de l’accès aux opportunités économiques pour les femmes est-elle une priorité pour la Guinée ? La participation des femmes au marché du travail a diminué au cours des 10 dernières années en Guinée, atteignant 56,3 % en 2018, contre 76,1 % chez les hommes. Cette diminution a entraîné un élargissement de l’écart entre les sexes dans l’engagement sur le marché du travail. Les taux d’emploi sont également plus faibles chez les femmes que chez les hommes (40,7 % contre 61,9 % chez les hommes), tandis que la qualité des em- plois disponibles pour les femmes tend à être médiocre. Les femmes guinéennes sont surreprésentées dans le travail domestique non rémunéré ; les emplois saisonniers, in- formels et vulnérables ; et le travail indépendant. La ségrégation professionnelle relègue les femmes à certaines activités, (atypiquement) y compris l’agriculture, l’exploitation minière, la pêche/l’élevage et le commerce. En outre, les femmes ont tendance à se heu- rter à des obstacles particuliers dans l’entrepreneuriat, notamment le manque d’accès à des actifs tels que la finance ou la terre. Dans l’ensemble, leurs revenus (le cas échéant) ont tendance à être inférieurs et leur accès à la protection sociale minimal, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la pauvreté. Le fait d’avoir des enfants augmente Libérer le potentiel des femmes et des filles 72 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 5.1. Pourquoi l’amélioration de l’accès aux opportunités économiques pour les femmes est-elle une priorité pour la Guinée ? (suite) la probabilité pour les femmes de participer à la population active, et le fait d’avoir des enfants tôt semble diminuer la probabilité d’être une travailleuse indépendante. Comme on l’a vu au début de ce rapport, le manque d’égalité des sexes dans l’accès aux opportunités économiques non seulement freine les femmes et les filles, mais représente également des coûts économiques énormes pour les sociétés. En partic- ulier, les estimations pour la Guinée montrent que l’augmentation de la productivité du travail féminin pourrait entraîner une augmentation de 10 % du produit intérieur brut par habitant. L’amélioration des opportunités économiques des femmes peut avoir non seulement un impact direct à travers les contributions productives des femmes à l’économie, mais aussi un impact indirect, en augmentant le niveau d’instruction, en améliorant les résultats de santé des femmes, en abaissant les taux de fécondité, en accélérant la transition démographique ou en améliorant le libre arbitre des femmes. L’indépendance économique et financière élargit le rôle des femmes dans le ménage et la société, ce qui peut, par exemple, atténuer la pression sociale pour le mariage et la fécondité précoces (Chakravarty, Das et Vaillant 2017). Avoir plus de contrôle sur les ressources financières du ménage est également associé à une augmentation de l’util- isation de la contraception (Blackstone 2017). L’autonomie économique des femmes joue un rôle central dans leur libre arbitre. Par exemple, la propriété d’actifs est positive- ment corrélée avec le travail et la prise de décision des femmes en Guinée. De plus, la présence des femmes dans les entreprises est associée à des gains pour les entreprises : celles qui ont une main-d’luvre diversifiée sont 15 % plus susceptibles d’avoir des ren- dements financiers supérieurs à leurs médianes nationales respectives (Hunt, Layton et Prince 2015). Orientation stratégique 4 : objectif consiste à ajuster le cadre juridique et à élimi- Améliorer l’émancipation ner toute interdiction de la participation des femmes au économique des femmes et l’accès marché du travail. Certaines réformes juridiques visant à un emploi de qualité à reconnaître les mêmes droits au travail entre hommes et femmes sont en cours en Guinée. La législation na- La promotion de l’accès des femmes à des emplois de tionale du travail de la Guinée contient des dispositions qualité offre une grande variété d’avantages non seu- qui restreignent l’accès des femmes à l’emploi dans les lement pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour mêmes industries que les hommes (article 136.1 et ar- le développement sociétal et économique dans son en- rêté n° 1392/MASE/DNTLS/90 du 15 mai 1990, art. 1, 3-6) semble (encadré 5.1). Une stratégie pour atteindre cet et aux emplois jugés dangereux (Code du travail article Libérer le potentiel des femmes et des filles 73 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée 231.5).33 Les dispositions actuelles du Code du travail amendement à l’article 619 du Code civil. Au cours des ainsi que toutes les directives d’application 34pourraient 10 dernières années, trois pays de la région – la Gambie, être abrogées ou remplacées par un amendement légal le Kenya et le Malawi – ont adopté des réformes dans ce permettant aux hommes et aux femmes d’avoir accès aux domaine. mêmes emplois dans toutes les industries. En outre, un article pourrait être ajouté indiquant que les hommes Cependant, ce ne sont pas les lacunes existantes dans et les femmes peuvent travailler dans toutes les indus- les institutions formelles qui semblent être le principal tries sans discrimination fondée sur le sexe, englobant défi auquel sont confrontées les femmes guinéennes toutes les industries et tous les emplois. Un bon exemple dans ce domaine, mais plutôt la forte prévalence des régional de réforme dans ce domaine vient du Soudan normes patriarcales informelles. Les croyances et les du Sud, qui a approuvé un nouveau Code du travail en valeurs traditionnelles rendent les femmes et les filles 2017. En outre, la Guinée ne dispose pas actuellement 35 extrêmement vulnérables et dépendantes des hommes d’une législation reconnaissant les contributions conju- en Guinée, confinant les femmes au foyer et au rôle de gales non monétaires, qui incluent le travail domestique mères et d’épouses, sapant leur capacité de prise de dé- non rémunéré comme la garde des enfants ou les res- cision dans les sphères publiques et privées et les ren- ponsabilités ménagères et sont majoritairement portés dant vulnérables à différentes formes de VBG. Changer par des femmes. De plus, selon l’article 619 du nouveau les normes sociales et les attitudes envers le travail des Code civil, le régime par défaut des biens matrimoniaux femmes en dehors du foyer est donc une priorité pour est la séparation de biens, ce qui rend les femmes par- faciliter la participation économique des femmes. Un ticulièrement vulnérables en cas de divorce. Ce vide 36 tel changement nécessiterait une stratégie globale à juridique pourrait être comblé par l’introduction d’une grande échelle et à long terme dans tous les domaines disposition imposant le partage égal ou équitable des et à tous les niveaux. Un tel effort pourrait inclure des biens matrimoniaux ou le transfert d’une somme for- programmes de dialogue et de mobilisation au niveau faitaire au conjoint au foyer sur la base de contributions communautaire, en travaillant avec les hommes et en non monétaires au moment de la séparation ou du di- particulier les chefs religieux ; des campagnes ou des vorce. Alternativement, une réforme pourrait introduire programmes éducatifs, par exemple dans les écoles, non le paramètre de « communauté pleine, communauté seulement avec les élèves mais aussi en incluant la for- partielle ou communauté totale ou partielle différée » mation du personnel en matière de genre et des adapta- comme régime matrimonial par défaut par le biais d’un tions sensibles au genre du programme éducatif ; et des 33 L’article 136.1 du Code du travail interdit spécifiquement aux femmes le travail de nuit dans les usines, les carrières, les chantiers de construction et d’autres industries. L’article 231.5 autorise spécifiquement les décrets ministériels à définir la nature des travaux que les femmes (et, en particulier, les femmes enceintes) peuvent être interdites d’entreprendre. 34 Plus précisément, Arrêté n° 1392/MASE/DNTLS/90 du 15 mai 1990. 35 Le nouveau Code du travail, loi 64 de 2017, stipule (article 6, paragraphe 1) : « Nul ne doit discriminer, directement ou indirectement, un employé ou un candidat à un emploi dans toute politique ou pratique de travail. » Les sous- sections 2 à 6 définissent ce droit plus en détail, en précisant que les exceptions professionnelles ou professionnelles générales aux interdictions sont interdites. 36 Étant donné que les femmes sont plus susceptibles d’exercer des activités non rémunérées qui profitent au ménage, telles que les soins aux enfants ou aux personnes âgées, elles ont généralement moins de contributions monétisées que les hommes et acquièrent donc moins d’actifs pendant le mariage. La reconnaissance de ces contributions non monétaires est importante lors de la dissolution du mariage car elle peut donner aux femmes l’accès à une part des biens matrimoniaux. Libérer le potentiel des femmes et des filles 74 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée campagnes de sensibilisation de masse au niveau local individuel. Les récents amendements à la législation du ou national par le biais d’émissions de télévision ou de travail du Soudan du Sud fournissent de bons exemples radio par exemple. Les interventions d’émancipation de réformes du congé de paternité. économique des femmes peuvent également contribuer à modifier les connaissances et les aspirations des jeunes L’adoption de politiques favorables à la famille visant les femmes et des filles, avec des retombées positives. travailleurs du secteur informel sera particulièrement cruciale dans le contexte guinéen. La majorité de la main- Les politiques favorables à la famille sont un outil crucial d’œuvre guinéenne, en particulier les travailleuses, est pour combler les écarts entre les sexes et les pratiques engagée dans un travail informel - souvent sous la forme discriminatoires résultant de la répartition déséquilibrée d’un travail indépendant ou d’un travail familial non ré- des responsabilités sur le ménage et les enfants. Les munéré - et reste donc exclue de toutes les formes de congés de maternité sont essentiels pour que les mères protection sociale contributive, y compris le congé de se remettent de l’accouchement et puissent allaiter leurs maternité. Dans ce contexte, l’extension des mesures enfants pendant la durée minimale recommandée pour d’assurance sociale contributive et d’assistance sociale un développement sain. Les congés de paternité et pa- non contributive pour construire des systèmes de pro- rentaux sont également essentiels pour que les pères tection sociale universels qui incluent les travailleuses s’engagent dans la garde des enfants, pour rééquilibrer informelles et les enfants dont elles ont la charge est une la répartition des responsabilités entre les hommes et priorité. En Afrique du Sud, par exemple, des congés de les femmes et pour un meilleur attachement entre les maternité payés et des prestations sont disponibles pour pères et les enfants. Cependant, la loi guinéenne, Loi les travailleuses salariées dans des secteurs à haut ni- L/2014/072/CNT du 10 janvier 2014, Art. 153.3, oblige les veau d’informalité, tels que les travailleuses domestiques employeurs à payer les prestations de congé de mater- et agricoles, par le biais du Fonds d’assurance-chômage nité, ce qui pourrait dissuader les employeurs du secteur (UNICEF 2021d). Le gouvernement guinéen peut trouver privé d’embaucher des femmes. Le gouvernement gui- des moyens de collaborer avec les travailleuses infor- néen pourrait envisager de modifier sa législation ac- melles et leurs organisations pour les inclure dans les tuelle en transférant la responsabilité de l’administration programmes de protection économique et sociale de des prestations de congé de maternité des employeurs relance de la COVID-19. La couverture universelle des al- au gouvernement. En Afrique subsaharienne, les gouver- locations familiales pourrait contribuer à réduire la vul- nements de 18 pays, dont le Mali, la Mauritanie et la Tan- nérabilité des familles à faible revenu ou défavorisées, en zanie, administrent entièrement les prestations de congé s’attaquant aux inégalités dans la manière dont les en- de maternité. La Guinée pourrait le faire par le biais d’un fants sont pris en charge et soutenus ; et ces programmes régime d’assurance sociale obligatoire, d’un rembourse- pourraient être liés à des composantes « Plus » visant à ment intégral de l’emploi, de fonds publics ou d’une en- faire évoluer les inégalités de genre et sensibles aux en- tité quasi publique qui gère l’intégralité des prestations. fants soutenant ainsi les travailleuses du secteur infor- En outre, des dispositions relatives au congé parental et mel, les parents/tuteurs et les familles (UNICEF 2021d). de paternité rémunéré pourraient être introduites par l’adoption d’une législation rendant obligatoire le droit Des programmes de protection sociale ciblés peuvent à une certaine forme de congé parental rémunéré, soit contribuer à l’émancipation économique des femmes, partagé entre la mère et le père, soit en tant que droit tout en offrant un filet de sécurité contre la pauvreté et Libérer le potentiel des femmes et des filles 75 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée la vulnérabilité. Dans certains contextes d’Afrique sub- Des infrastructures et des services publics adéquats, y saharienne, les programmes de travaux publics offrent compris des services de garde d’enfants, sont également un filet de sécurité par le biais d’emplois temporaires, nécessaires pour soutenir la participation économique tout en élargissant l’accès aux infrastructures de base des femmes. Les routes en terre et mal entretenues telles que les écoles et les centres de santé et en faisant entraînent l’isolement de nombreuses zones rurales progresser des projets verts tels que la gestion des bas- pendant la saison des pluies, ce qui entrave l’accès aux sins versants (Banque mondiale 2022b). Une expérience marchés locaux et aux services de base, en particulier récente dans ce domaine en Guinée avec le soutien de pour les femmes (Banque mondiale 2022a). Les investis- la Banque mondiale a été le projet de filets de sécurité sements dans les infrastructures et les transports sont productifs, qui a fourni des travaux publics à forte inten- donc essentiels pour faciliter l’accès des femmes aux em- sité de main-d’œuvre et des transferts monétaires : 60 plois et aux marchés. Dans le même temps, les femmes % des bénéficiaires étaient des femmes (Banque mon- guinéennes consacrent beaucoup plus de temps que diale 2022b). Les programmes de transferts monétaires les hommes aux activités ménagères non rémunérées, peuvent soutenir l’émancipation des femmes tout en ce qui limite le temps qu’elles peuvent consacrer à des stimulant les investissements pertinents en capital hu- activités génératrices de revenus en dehors du foyer. Il main dans les foyers. En Afrique, les programmes de filets existe des données provenant de différents pays mon- sociaux axés principalement sur les transferts monétaires trant que l’accès à des services de garde d’enfants de ont montré un intérêt accru dans la promotion de l’équité qualité peut bénéficier de manière significative à la par- entre les sexes (Banque mondiale 2022b). Les transferts ticipation des femmes au marché du travail, augmenter monétaires offerts aux ménages ultra-pauvres du nord- les revenus des ménages et apporter une forte valeur ouest du Nigéria ont eu un impact positif immédiat sur économique à l’ensemble de la société et de l’économie. la consommation des ménages ainsi que sur l’emploi Les expériences récentes de la région, telles que l’offre et le bien-être des femmes (Papineni, Bastian et Osini- de services de garde mobiles au Burkina Faso, peuvent bi 2016). Les impacts sont renforcés par une approche « présenter un intérêt particulier pour le cas guinéen. 37Le Plus », combinant par exemple les transferts monétaires développement d’infrastructures et d’équipements de avec l’inclusion productive. Au Niger, par exemple, le garde d’enfants culturellement adaptés au contexte gui- programme national de filets sociaux a amélioré la par- néen devrait faire partie du dialogue politique plus large ticipation des femmes au travail, les revenus et diverses sur l’égalité des sexes dans le pays. À cette fin, il serait dimensions du bien-être en combinant une subvention important de comprendre les stratégies que les femmes forfaitaire en espèces avec une intervention psychoso- utilisent pour surmonter le manque de soutien, ainsi que ciale (Bance, Bermeo et Kabemba 2021 ; Bossuroy et al. les préférences sociétales existantes. Des données quali- 2021). Les transferts monétaires numériques offrent une tatives provenant d’autres pays africains suggèrent que, opportunité de renforcer l’inclusion et l’accès aux ser- même dans le contexte d’affaiblissement des réseaux fa- vices financiers. miliaux élargis, ces réseaux restent la principale source de soutien pour les mères qui travaillent. 37 Extrait de la page Web « Qui nous sommes » de la Banque mondiale (https://www.worldbank.org/en/news/feature/2021/03/08/ena- bling-women-to-work-and-their-children-to- blossom-la-double-success-story-des-garderies-mobiles-au-burkina-faso). Libérer le potentiel des femmes et des filles 76 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Il est prouvé que les politiques actives du marché du entreprises. Une formation commerciale en Tanzanie, travail tendent à profiter davantage aux femmes qu’aux qui visait à renforcer les compétences managériales hommes. En particulier, les programmes d’orientation et techniques des femmes entrepreneurs, a conduit à professionnelle et de soutien au placement peuvent ai- l’adoption de nouvelles pratiques commerciales parmi der les femmes à accéder à un emploi de qualité. Une les participantes, mais sans autre effet sur les ventes intervention en Éthiopie qui a soutenu et facilité le pro- ou les bénéfices (Bardasi et al. 2021). Une formation à cessus de demande d’emploi pour les jeunes femmes à l’entrepreneuriat au Kenya, qui offrait une formation aux la recherche d’un poste à la chaîne de production dans compétences commerciales, une formation spécifique l’une des usines a augmenté la probabilité d’obtenir un à la franchise, un capital de démarrage et un mento- emploi en usine de plus de 50 % et a augmenté le revenu rat commercial continu pour les femmes, a eu des im- mensuel déclaré de près de 30 % (Abebe et al. 2020). Une pacts importants et significatifs sur la probabilité d’être intervention d’orientation professionnelle en Afrique du engagée dans une activité génératrice de revenus. Ces Sud qui a organisé un atelier d’orientation profession- effets sont induits par un doublement de la probabilité nelle de 90 minutes, couvrant des sujets tels que les d’être indépendant (Brudevold-Newman et al. 2017). Le stratégies de recherche d’emploi, la rédaction de CV, les gouvernement guinéen a par exemple mis en place un techniques d’entretien et l’accès à l’information et aux programme pour l’entrepreneuriat féminin et l’autono- ressources pour la recherche d’emploi, s’est avérée aug- mie des femmes, et a construit, réhabilité et équipé 10 menter le nombre de candidatures à l’emploi de 15 %, ce centres pour l’autonomie des femmes (Gouvernement qui s’est traduit par une augmentation des offres d’em- de Guinée 2019). Des programmes combinés visant à la ploi (de 30 %) et une probabilité d’emploi plus élevée (de fois l’émancipation sociale et économique pourraient 26 %) (Abel, Buehren et Goldstein 2019). Les programmes également contribuer à accroître la productivité et les de formation peuvent également être particulièrement revenus des travailleuses indépendantes (Banque mon- efficaces pour améliorer les perspectives d’avenir des diale 2022a). participantes. La formation commerciale s’accompagne souvent d’ac- Les interventions ciblées de création d’emplois peuvent tivités de suivi, telles que le mentorat, des séances de être particulièrement efficaces pour encourager la pré- feedback régulières avec les formateurs ou un soutien sence des femmes dans le secteur formel. Ces inter- en espèces/ nature. Par exemple, une formation en en- ventions peuvent aider les femmes entrepreneurs en trepreneuriat associée à un mentorat en entreprise en particulier à soutenir leurs entreprises en soutenant leurs Éthiopie pour des femmes d’affaires expérimentées sur compétences financières, informatiques et managériales. le marketing, la tenue de registres, la planification fi- Les impacts potentiels de la formation commerciale sont nancière et le contrôle des stocks a fortement augmenté plus grands ou plus importants lorsque la formation est les ventes et les bénéfices des participantes (Bakhtiar, soigneusement ciblée (Bardasi et al. 2021). Bastian et Goldstein 2021). De plus, le DOT ReachUp !, un programme de formation en Éthiopie qui offrait une La formation et les ateliers qui dotent les participants approche innovante du développement de l’entrepre- de compétences et de connaissances liées aux affaires neuriat grâce à 120 heures de cours sur la technologie conduisent souvent à l’adoption de nouvelles pratiques de base et les compétences commerciales, a augmen- commerciales et à la diversification des activités des té les bénéfices des participantes au programme de 30 Libérer le potentiel des femmes et des filles 77 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée % par rapport à celles qui n’avaient pas suivi la forma- participants étaient 14 % plus susceptibles d’obtenir un tion (Alibhai et al. 2017a). Un programme de formation emploi après avoir terminé leurs études et avaient des d’initiative personnelle axé sur l’enseignement d’un état revenus plus élevés (Azevedo, Davis et Charles 2013). d’esprit d’initiative, d’innovation, de définition d’objec- Les filles et les jeunes femmes peuvent cependant être tifs, de planification et de cycles de feedback a été par- confrontées à des défis particuliers dans la période ticulièrement efficace pour les entreprises appartenant post-formation en raison du manque de ressources fi- à des femmes, qui ont vu leurs bénéfices augmenter de nancières, du temps consacré aux tâches domestiques 40 points de pourcentage (Campos et al. 2018). Un pro- et de la pression de la famille (Cho et al. 2013). gramme en Ouganda, qui combinait une formation en compétences commerciales avec une start-up et son sui- Des initiatives naissantes dans ce sens ont déjà été adop- vi régulier par des travailleurs communautaires formés, a tées par le gouvernement guinéen, même si leurs résul- augmenté les ventes, les revenus et la propriété des actifs tats restent flous. Les activités comprennent la mise en des participants. Le programme a eu le plus d’impact sur place d’incitations pour les jeunes femmes à entrer dans les entrepreneurs ayant les niveaux initiaux de capital et les domaines d’études des sciences, de la technologie, de d’accès au crédit les plus bas, qui étaient principalement l’ingénierie et des mathématiques ; l’organisation d’un des entreprises dirigées par des femmes (Blattman et al. forum sur l’employabilité des femmes ; l’élaboration 2013). d’un programme de formation aux technologies de l’in- formation et de la communication destiné aux femmes La transition de l’école au travail chez les jeunes femmes dans l’enseignement supérieur et la recherche scienti- doit être facilitée en améliorant leurs compétences, fique ; et la mise en place d’un prix d’excellence pour les telles que les compétences techniques et de vie, dans meilleures chercheuses/professeurs dans les domaines des domaines qui offrent un potentiel particulier. Le pro- d’études des sciences, de la technologie, de l’ingénierie gramme d’émancipation économique des adolescentes et des mathématiques (Gouvernement de Guinée 2019). et des jeunes femmes au Libéria a fourni aux jeunes Ces initiatives, lorsqu’elles sont efficaces, devraient être femmes une formation de six mois sur les compétences renforcées et étendues. professionnelles ciblées sur les secteurs à forte demande ou en développement commercial, associée à des ser- Les interventions qui visent à renforcer les compétences vices d’orientation professionnelle, de mentorat et d’in- techniques et de vie des agricultrices par la formation, termédiation professionnelle. Le programme a augmenté les réseaux sociaux ou les services de vulgarisation dé- l’emploi des participants de 47 % et les revenus de 80 % montrent des effets prometteurs sur la productivité et (Adoho et al. 2014). Doter les jeunes des compétences les revenus agricoles. Une intervention en Ouganda qui techniques nécessaires pour tirer parti de la forte péné- a jumelé des productrices de coton qui ne s’étaient pas tration de la technologie numérique peut être une straté- rencontrées auparavant pour rester en contact et parta- gie efficace pour accélérer la croissance des entreprises ger de nouvelles informations agricoles sur les cultures non agricoles. Par exemple, le programme Ninaweza au de rente récemment adoptées a considérablement aug- Kenya offre aux jeunes femmes une formation technique menté la productivité des agricultrices, augmentant leur en technologies de l’information et de la communication, niveau de connaissances agricoles - représentant environ une formation en compétences de vie, une expérience de 20 % de l’augmentation des rendements (Vasilaky 2013). travail grâce à des stages et un soutien au placement. Les De même, une formation pour les agricultrices visant à Libérer le potentiel des femmes et des filles 78 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée développer des compétences non cognitives était as- (Bandiera et al. 2020). Une intervention similaire, l’Ado- sociée à une utilisation plus productive des moyens de lescent Girls Initiative au Rwanda, consistait en une for- production et à une augmentation de 5 points de pour- mation technique pour le travail indépendant (dans des centage de la probabilité d’adoption de la principale domaines tels que la transformation des aliments, les culture commerciale (Montalvao et al. 2017). En Éthiopie, arts culinaires, les arts et l’artisanat et l’agro-industrie), le projet de renforcement des capacités rurales, visant un soutien psychosocial, des compétences de vie et une à renforcer les services agricoles et la productivité par formation au développement des affaires, et le mento- la prestation d’une formation professionnelle avec une rat d’affaires. Les résultats ont révélé une augmentation composante sensible au genre, a conduit à une augmen- substantielle de l’emploi non agricole et de l’emploi tation de l’adoption de cultures à haute valeur ajoutée, salarié parmi les participantes. 38Outre les résultats en de la superficie des terres cultivées et de la participation matière d’emploi, ces programmes ont un large éventail économique des membres du ménage, bénéficiant de la d’impacts positifs sur le bien-être, les réseaux sociaux et même manière les ménages dirigés par un homme ou la santé mentale des jeunes femmes, ce qui augmente une femme (Buehren et al. 2019). La formation agricole les chances d’émancipation économique et financière. des couples a conduit à une gestion accrue des tâches des cultures commerciales par les femmes et à leur im- Le rôle crucial des femmes dans les deux activités éco- plication dans les décisions agricoles en Côte d’Ivoire nomiques les plus importantes du pays, l’agriculture et (Banque mondiale 2020a). Le gouvernement guinéen l’exploitation minière, doit être reconnu et soutenu. In- a développé plusieurs programmes de formation pour vestir dans l’augmentation de la productivité des agricul- les agricultrices, par exemple dans le domaine de la pro- trices et des femmes minières pourrait générer des gains duction de lait ou de miel, dans l’agriculture artisanale, économiques importants pour le pays. Reconnaître leur l’élevage, la fertilisation, la pêche et la foresterie (Gouver- rôle important dans ces activités nécessitera de renforcer nement de Guinée 2019). les efforts pour encourager et faciliter leur présence dans les espaces décisionnels connexes et les organisations Des interventions combinées, visant à émanciper les spécifiques qui promeuvent et défendent leurs droits, et adolescentes sur les plans social et économique, peuvent les efforts pour améliorer leurs compétences techniques augmenter leurs chances de participer au marché du dans ces domaines. Une attention particulière devrait travail et d’accéder à un emploi rémunéré. Les partici- être accordée à la fabrication et aux services liés à l’ali- pantes au programme Empowerment and Livelihood for mentation, y compris la transformation, l’emballage, le Adolescents en Ouganda, qui combinait des formations transport, le stockage, la distribution et la vente au détail professionnelles et de compétences de vie avec un es- des aliments. Selon la récente enquête nationale auprès pace sûr pour les adolescentes, étaient 72 % plus sus- des ménages, 41 % des entreprises rurales non agricoles ceptibles d’être engagées dans des activités génératrices en Guinée sont situées dans le secteur alimentaire et les de revenus et ont déclaré des revenus d’un travail indé- femmes, présentes dans tous les segments non agricoles pendant trois fois plus élevés que la moyenne originale 38 Pour en savoir plus sur l’Initiative pour les adolescentes de la Banque mondiale, rendez-vous sur https://www.worldbank.org/en/pro- grams/adolescent-girls-initiative. Libérer le potentiel des femmes et des filles 79 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée de l’économie alimentaire, jouent un rôle important dans terres peut aider les femmes à accéder au financement la transformation et la vente au détail des aliments.39 et à d’autres services nécessaires, comme le montrent les expériences du Bénin (Benhassine et al. 2015 ; Goldstein En ce qui concerne les femmes dans le secteur minier, le et al. 2016), du Ghana (Agyei-Holmes et al. 2020), du Ma- gouvernement pourrait poursuivre les efforts déjà initiés lawi (Campos, Goldstein et McKenzie 2004) et du Rwan- et les compléter par des programmes qui soutiennent ef- da (Ali et al. 2015). De plus, encourager le co-titrage des ficacement l’accès des femmes mineurs au financement terres par des interventions ciblées comme celle dé- ou à la formation. Le gouvernement guinéen a mis en ployée en Ouganda (Cherchi et al. 2019) pourrait présen- place d’importantes mesures reconnaissant la présence ter un intérêt particulier pour la Guinée. Les programmes des femmes dans le secteur minier, notamment une po- qui offrent un accès direct aux produits financiers combi- litique de responsabilité sociale des entreprises pour que nés à une formation semblent avoir des effets positifs im- les entreprises prennent en compte les préoccupations portants sur l’entrepreneuriat féminin. Une intervention des femmes, un code minier qui intègre également un en Tanzanie qui a encouragé l’expansion des comptes angle de genre dans son déploiement, le développement d’épargne mobiles parmi les femmes micro-entrepre- des capacités de 65 cadres du ministère des Mines (dont neuses et leur a fourni une formation liée aux affaires a 50 femmes) sur l’intégration des femmes dans le secteur conduit à une épargne mobile nettement plus élevée, à minier et la consolidation du rôle des femmes dans l’ex- de nouvelles entreprises et produits, à plus d’investis - ploitation minière artisanale (Gouvernement de Guinée sements en capital, à plus d’efforts de main-d’œuvre et 2019). Cependant, les femmes mineures n’ont toujours à de meilleures pratiques commerciales (Bastian et al. pas accès aux actifs productifs et à la formation, ce qui 2018). Les solutions de technologie financière peuvent nuit à leur productivité. Par exemple, les travailleuses résoudre de manière viable la contrainte de garantie dans les mines dépendent généralement de sources de pour les femmes emprunteuses et peuvent fonctionner financement informelles, telles que les tontines et les même dans des environnements à faible technologie ; ce- fonds communautaires. De plus, leur présence dans les pendant, les institutions financières doivent être prêtes carrières techniques minières est faible en raison des à adopter de telles technologies (Alibhai et al. 2017b). Le idées fausses sur l’exploitation minière véhiculées par les gouvernement guinéen a déjà développé quelques ini- familles dès leur plus jeune âge. En raison de pressions tiatives dans ce domaine, notamment la promotion de familiales ou de conditions prohibitives, les femmes re- la constitution des Mutuelles Financières des Femmes fusent également de participer aux activités de renforce- Africaines, un réseau de microbanques de femmes pour ment des capacités et aux opportunités de financement les femmes, ainsi que des structures au niveau rural et ou d’appel d’offres (Camara, Ngom et Baudin Sanchez communautaire accessibles aux femmes et aux hommes 2020). (Gouvernement de Guinée 2019). Des programmes visant à accroître l’accès aux ressources Il existe d’importantes lacunes d’information dans le productives des femmes guinéennes en général, et des domaine de l’emploi et de l’entrepreneuriat féminin en agricultrices en particulier, sont également nécessaires. Guinée, et ces lacunes doivent être comblées. La col- Promouvoir l’enregistrement et la formalisation des lecte de données sur l’emploi du temps et les besoins 39 Basé sur les données de 2017 du Famine Early Warning Systems Network, FEWS NET Data Center (https://fews.net/data). Libérer le potentiel des femmes et des filles 80 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée des femmes, par exemple, est nécessaire. Leur rôle dans marché du travail et de l’emploi des femmes qu’il serait le travail informel ; les obstacles auxquels elles sont intéressant d’explorer plus en détail. Ces tendances com- confrontés pour participer aux activités économiques, prennent la participation disproportionnée des femmes notamment en ce qui concerne la garde des enfants ; les dans des activités traditionnellement dominées par les mécanismes de soutien actuels ; et les préférences so- hommes (agriculture et exploitation minière), la forte ciétales à cet égard sont des domaines supplémentaires prévalence simultanée de l’engagement des femmes pour lesquels des données et des analyses (quantitatives dans les activités économiques et la formation précoce et qualitatives) aideraient à mieux identifier les facteurs de la famille. Tout cela permettrait de mieux comprendre contextuels qui déterminent les résultats des femmes sur le statut de la femme guinéenne et ses besoins pour accé- le marché du travail en Guinée par rapport aux hommes. der aux opportunités économiques sur un pied d’égalité Dans le même temps, les données existantes identifient avec les hommes. des tendances assez atypiques de la participation au Libérer le potentiel des femmes et des filles 81 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 6. ACCROÎTRE LA VOIX ET LE LIBRE ARBITRE DES FEMMES ET DES FILLES Libérer le potentiel des femmes et des filles 82 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée La prise de décision en Afrique subsaharienne en 2020 (Illustration 6. 1). En 2021, 31 % des postes ministériels guinéens étaient oc- Malgré des changements positifs récents prometteurs, cupés par des femmes, un taux supérieur à la moyenne les progrès signalés dans l’augmentation de la partici- des pays d’Afrique de l’Ouest. Cependant, près des trois pation politique des femmes dans le pays ont jusqu’à quarts des femmes ministres se sont vu attribuer des présent été lents et insuffisants. Au cours des dernières postes dans des secteurs qui, bien qu’importants, sont décennies, le nombre de femmes dans les institutions souvent jugés « mous », comme l’éducation, la culture représentatives guinéennes, y compris l’Assemblée na- ou le tourisme. De plus, et malgré l’augmentation globale tionale et les ministères, a légèrement augmenté, même du nombre de femmes occupant des postes de direction si la proportion de sièges occupés par des femmes au au sein du gouvernement, seulement 25 % de ces postes parlement guinéen est encore nettement inférieure à la étaient de haut niveau (Faleme Conseil 2021). moyenne de la région : 16,7 % en Guinée contre 24 % ILLUSTRATION 6.1 PROPORTION DE SIÈGES OCCUPÉS PAR DES FEMMES DANS LES PARLEMENTS NATIONAUX (POURCENTAGE) 30 25 25% 20 17% 15 10 5 0 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Guinée ASS Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Plusieurs réformes juridiques témoignent d’une forte vo- en mars 2020 (ONU Femmes 2021). La nouvelle loi pré- lonté politique d’accroître la participation des femmes voit également l’alternance des femmes et des hommes dans les institutions démocratiques du pays. La nouvelle dans les listes afin de favoriser la stricte application de loi (2019) sur la parité est allée au-delà de la disposition cette disposition. En outre, 5 % du financement public précédente (2010) d’un quota de 30 % dans toutes les des partis politiques est distribué proportionnellement candidatures à l’Assemblée générale et dans les conseils aux partis qui ont élu des femmes au parlement et dans de district et de ville, établissant la nécessité d’adopter la les conseils communaux-municipaux (ONU Femmes parité (50/50) dans la représentation aux niveaux natio- 2022). Malgré toutes ces dispositions, la Guinée reste nal et infranational. La règle de la parité correspond à l’ar- l’un des quatre pays où la proportion de femmes dans les ticle 9 de la Constitution amendée, qui a été approuvée chambres basses du parlement est la plus faible d’Afrique par la Cour constitutionnelle et adoptée par référendum subsaharienne (ONU Femmes 2021). Libérer le potentiel des femmes et des filles 83 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée L’application des quotas dans de nombreux pays au principe de non-discrimination. Bien que la nouvelle d’Afrique subsaharienne, dont la Guinée, a tradition- norme ait été intégrée à la Constitution et approuvée par nellement été sapée par l’absence de sanctions en cas la Cour et par référendum, des résistances peuvent encore de non-respect (IDEA 2021). Cet élément est une condi- être observées ; une majorité des deux tiers et à nouveau tion préalable pour que les quotas soient efficaces pour un examen par la Cour constitutionnelle sont nécessaires accroître la participation effective (Banque mondiale pour amender la loi électorale (ONU Femmes 2021). 2014a). Le manque d’application appropriée de la loi a en effet entravé le succès du quota guinéen de 30 %, et Les stéréotypes culturels, religieux et traditionnels pro- les partis qui ne respectent pas la loi n’ont subi aucune fondément ancrés autour du rôle des femmes dans la conséquence (Ammann 2020). L’expérience des lois sur société expliquent en grande partie les difficultés à faire la parité montre que les partis politiques sont souvent de la parité dans la représentation politique une réalité assez réticents à appliquer la parité si des sanctions effi- en Guinée. En effet, les normes sociales renforcent sou- caces ne peuvent être imposées. Cependant, la nouvelle vent l’idée que les hommes sont de meilleurs leaders que loi guinéenne prévoit l’une des sanctions les plus effi- les femmes, limitant la capacité des femmes à aspirer à caces - le rejet de la liste par la Commission électorale des rôles publics (Banque mondiale 2014a). Les partis - bien que le parti concerné puisse faire appel devant le politiques sont eux-mêmes des entités très patriarcales tribunal compétent (ONU Femmes 2021). et dominés par les hommes (IDEA 2021). Le rôle et la vi- sibilité des femmes politiques sont souvent négligés et Les préoccupations financières et de sécurité constituent sous-estimés dans le système guinéen. Par exemple, cer- des obstacles supplémentaires à l’entrée des femmes en tains hommes politiques perpétuent encore le stéréotype politique. Dans de nombreux pays africains dont la Gui- selon lequel les femmes ne conviennent pas aux postes née, la violence politique présente des obstacles spéci- de direction en raison de leur manque d’éducation et de fiques à l’engagement et à la participation politique des « professionnalisme » (Ammann 2020). L’institutionna- femmes. Par exemple, 64 % des femmes guinéennes sont lisation même des partis politiques en Guinée est par très préoccupées par l’intimidation politique (IDEA 2021). défaut dirigée par des hommes, excluant les femmes de Les contraintes financières agissent également comme un la prise de décision et imposant aux femmes un fardeau obstacle à la participation des femmes à la vie politique. supplémentaire pour prouver leurs qualifications et leurs compétences. En conséquence, bien que les femmes Des obstacles juridiques et politiques empêchent l’appli- constituent la majorité des membres ordinaires des par- cation de la loi de la parité. L’article 8 de la loi sur la parité tis locaux, les femmes politiques doivent encore se battre de 2019 stipule qu’elle ne peut entrer en vigueur qu’une pour leur représentation et leur reconnaissance dans les fois que le code électoral a été modifié et que la règle de différentes commissions, comités et postes de direction la parité y a été consacrée. Cependant, toute réforme du (Ammann 2020). Code électoral, en tant que loi organique, requiert une majorité des deux tiers au Parlement et l’approbation de La prise de décision des femmes au sein du ménage reste la Cour constitutionnelle. Déjà en 2017, une tentative a également limitée. Plus d’un tiers (37 %) des femmes été faite pour modifier le Code électoral afin de mettre âgées de 15 à 49 ans ne participent pas aux décisions en œuvre le quota de 30 %, et elle a été rejetée par la concernant leurs propres soins de santé, les principaux Cour constitutionnelle au motif qu’elle était contraire achats du ménage et les visites à la famille (Guinée EDS Libérer le potentiel des femmes et des filles 84 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée 2018). De plus, de nombreuses femmes déclarent que toutes les femmes avaient déclaré que les décisions sus- leur mari/partenaire prend seul les décisions concernant mentionnées étaient prises uniquement par leur mari, la santé de la femme (59 %), les principaux achats du en 2018, davantage de femmes ont déclaré prendre des ménage (51 %) et les visites à la famille ou aux proches décisions liées à leur santé et aux visites à la famille et à (48 %) (Guinée EDS 2018) (Illustration 6. 2). La proportion la famille et aux proches. La voix limitée des femmes au de femmes qui déclarent que les principales décisions sein des ménages résulte de l’influence combinée de l’ac- du ménage sont prises uniquement par leur mari est cès restreint aux opportunités économiques, des normes relativement plus élevée que dans les autres pays de la sociales sexospécifiques, de l’insuffisance des disposi- région. 40Cependant, des progrès ont été accomplis ces tions légales et de la faible application de la loi (Banque dernières années : alors qu’en 2012, plus de la moitié de mondiale 2012a). ILLUSTRATION 6.2 PROPORTION DES FEMMES GUINÉENNES ÂGÉES DE 15 À 49 ANS QUI DÉCLARENT QUE CES DÉCISIONS SONT PRISES UNIQUEMENT PAR LEUR MARI, 2012 PAR RAPPORT À 2018 (POURCENTAGE) 51,6 Santé des femmes 51 57 Visites à la famille et aux proches 47,9 65,7 Achats importants pour le ménage 59 0 10 20 30 40 50 60 70 2012 2018 Source : Guinée EDS 2012; 2018. La violence basée sur le genre au cours de leur vie (République de Guinée 2017). Les femmes célibataires (60,5 %) et les femmes vivant en L’incidence des différentes formes de violence basée sur couple (55,0 %) sont les plus vulnérables à la VPI phy- le genre (VBG) est préoccupante en Guinée. Plus d’une sique. Selon les tranches d’âge, les jeunes femmes âgées femme sur deux vivant (ou ayant vécu) en couple a été de 15 à 24 ans et les femmes âgées de 25 à 34 ans sont les touchée par la VBG au moins une fois au cours de sa vie plus exposées au risque de VBG physique (60,9 % et 69,7 conjugale (54,9 %), et environ 63 % des femmes ont subi %, respectivement). Les femmes sans instruction sont au moins une violence entre partenaires intimes (VPI) également plus vulnérables à la VBG que celles qui ont 40 Par exemple, seulement 25,0 % des femmes en Angola, 30,3 % des femmes au Ghana, 32,0 % au Malawi et 26,0 % en Ouganda dé- clarent que les décisions liées à la santé sont prises exclusivement par leurs maris. Dans le même temps, la prise de décision concer- nant la santé des femmes est exercée exclusivement par les hommes dans 74,9 % des ménages au Burkina Faso, 73,9 % au Tchad, 64,1 % en Côte d’Ivoire, 80,0 % au Mali et 74,0 % au Sénégal. Données de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) Angola 2015–16, Burkina Faso EDS 2010, Tchad EDS 2014-15, Côte D’Ivoire EDS 2011–12, Ghana EDS 2008, Guinée EDS 2018, Mali EDS 2018, Malawi EDS 2015, EDS du Sénégal 2017 et EDS de l’Ouganda 2016. Libérer le potentiel des femmes et des filles 85 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée au moins un certain niveau d’instruction. Par ailleurs, à les cas extrêmes, la VBG entraîne la mort de la victime. l’échelle nationale, près de 29,3 % des femmes ont subi Au-delà de ses impacts physiques, la VBG affecte le po- au moins une forme de violence sexuelle depuis l’âge tentiel de capital humain des survivants, réduisant leur de 15 ans, la proportion étant plus élevée en milieu ur- participation au marché du travail, leurs activités ci- bain (35,4 %) qu’en milieu rural (25,8 %). Ces dernières viques, leur niveau d’instruction et leur participation à années, plusieurs cas inquiétants de violences sexuelles la prise de décision. Par exemple, une étude au Pérou a contre de très jeunes filles, voire des jeunes enfants, ont révélé que les femmes victimes de VBG perdent entre 43 été rapportés dans les médias, suscitant des inquiétudes et 47 jours productifs de travail par an (Vara-Horna 2015). quant à ce type d’événements (Amnesty International À long terme, la VBG impose un coût économique élevé 2021 ; Chérif 2021 ; Diallo 2020 ; Guirassy 2022). Une à la société, entraînant d’importantes pertes de produit très forte proportion de femmes déclare avoir subi des intérieur brut (PIB) (ONU Femmes 2016a).41 violences psychologiques, avec des taux plus élevés en milieu urbain (76,8 %) qu’en milieu rural (62,5 %). Enfin, Les lacunes juridiques et politiques, la faible applica- les femmes précédemment mariées (12,2 %) ou actuel- tion et la faible capacité institutionnelle, ainsi que les lement mariées (9,8 %) connaissent les taux de violence normes et pratiques culturelles profondément enraci- économique les plus élevés (République de Guinée 2017). nées continuent de représenter des obstacles majeurs à une prévention et une réponse efficace à la VBG en Gui- La VBG a de graves effets néfastes aux niveaux individuel née. Certaines formes de VBG peuvent être poursuivies et sociétal. Elle a de graves répercussions sur la santé et en vertu du Code pénal lorsqu’elles sont qualifiées de le bien-être des individus, y compris leur santé physique meurtre (articles 282 à 89), de viol (article 321), d’attentat ainsi que des traumatismes et du stress psychologiques, à la pudeur (articles 322 à 25) ou de coups et blessures un risque accru de dépression, d’anxiété et d’isolement (articles 295 à 305). Cependant, il n’existe pas de loi dis- social (Adamu et Adinew 2018). Les femmes survivantes tincte qui criminalise la violence domestique ou le har- de VBG peuvent souffrir d’une capacité réduite à travail- cèlement sexuel. La législation existante omet également ler, d’une perte de salaire, de frais médicaux plus élevés, d’inclure l’obligation de fournir des ordonnances restric- d’une instabilité de l’emploi, d’un manque de participa- tives (également appelées « protection »), des sanctions tion à des activités régulières et d’une capacité limitée pénales et une définition de la violence domestique à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs enfants (IWPR qui inclut les dommages physiques, psychologiques, 2017 ; OMS 2017). Certaines études montrent des liens sexuels et économiques/financiers. Les taux élevés d’ac- négatifs entre l’exposition à la violence domestique et ceptation de la VBG et la forte stigmatisation sociale liée la performance scolaire des enfants (IWPR 2017). La vio- à la recherche d’aide et au signalement des cas de vio- lence physique et sexuelle augmente le risque de fausses lence conjugale découragent les femmes d’accéder à la couches et de mortalité infantile (Musa et al. 2019). Dans justice et de porter leurs affaires devant les tribunaux, 41 L’étude du Ghana estime que les pertes directes de VBG s’élèvent à 0,9 % du PIB annuel, en raison des pertes directes infligées par la VBG dans les dimensions de l’absentéisme au travail, de la détérioration de la productivité du travail et de la réduction de la production des ménages et des soins. (Raghavendra et al. 2019). De même, on estime que les pertes de productivité et d’emploi dues à la VPI repré- sentaient 1,2 % du PIB en Ouganda en 2011 (Duvvury et al. 2013). L’étude de la Namibie révèle que les pertes dues à la VBG atteignent 6 % du PIB national, y compris les coûts associés à la perte de production économique, aux services de santé, à l’aide juridique, à la protection sociale et aux coûts personnels, ainsi qu’à d’autres coûts indirects (Breuer 2021). Libérer le potentiel des femmes et des filles 86 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ce qui sape davantage tout effort législatif dans le pays. de Guinée 2017). Sortir sans la permission du mari ou né- Lorsque les victimes demandent justice, les lacunes de gliger les enfants sont considérés par beaucoup comme la législation et la faiblesse des mécanismes d’applica- des raisons justifiées pour commettre des VPI, avec plus tion rendent cela improbable. Les normes culturelles de femmes que d’hommes soutenant ces déclarations et sociales considèrent les cas de VBG comme des af- (Tableau 6. 1). Ces résultats montrent une large accep- faires familiales et ne considèrent pas acceptable qu’une tation et tolérance de la VPI dans la société guinéenne, femme porte plainte contre son mari. Beaucoup de ces potentiellement en raison des traditions et des normes cas sont ainsi réglés de manière informelle (Groggel, sociales qui affirment la domination masculine sur les Sow et Gnimassou 2020). En effet, des organisations de femmes dans les relations conjugales. Contrairement aux la société civile guinéenne se sont récemment regrou- femmes et aux enfants, les hommes sont culturellement pées pour dénoncer le taux élevé d’impunité de ce type et socialement protégés de la violence. Ni les femmes ni de crimes dans le pays et les diverses faiblesses struc- les hommes eux-mêmes n’acceptent la violence contre turelles de la chaîne pénale dans certaines des affaires les hommes. Dans l’ensemble, seuls 10 % des femmes médiatisées. Selon ces organisations, les crimes de VBG et 5 % des hommes acceptent l’idée qu’une femme a le en Guinée sont banalisés par l’inaction des institutions droit d’insulter son mari, et seuls 33 % des hommes et 7 judiciaires (Guineematin.com 2022). % des femmes acceptent l’idée qu’une femme est auto- risée à frapper son mari (République de Guinée 2017). En Guinée, l’acceptation sociale de la VBG, et de la VPI en particulier, est élevée chez les hommes et les femmes. La Parmi les autres obstacles figurent la prestation de maltraitance des enfants est largement acceptée par les services aux femmes survivantes, les données limitées hommes et les femmes en Guinée, et à un degré plus éle- sur la VBG et le manque d’informations sur les droits vé que la violence contre les femmes. En moyenne, 75 % des femmes. Comme dans de nombreux autres pays conviennent que les enseignants sont autorisés à frapper d’Afrique subsaharienne, les systèmes de santé, psy- les enfants, et près de 80 % des personnes interrogées to- chosociaux et de protection de la Guinée sont limités et lèrent que les parents battent leurs enfants dans le cadre manquent d’une approche centrée sur les survivants. de l’éducation. Selon une enquête de 2016 sur les vio- Les survivants rencontrent en effet des obstacles, no- lences basées sur le genre en Guinée, près d’un adulte sur tamment le coût financier des services, des limitations trois (32,3 %) approuve la violence verbale du mari contre de qualité et des voies d’orientation peu claires et non sa femme, et environ 40 % tolèrent la violence physique coordonnées. La confidentialité des patients dans le (République de Guinée 2017). La proportion de per- système de santé n’est pas suffisamment protégée et les sonnes qui justifient le fait de battre leur femme monte à prestataires de services de santé ne sont pas formés pour 58 % dans l’Afrobaromètre (Stat View International 2019) répondre à ces cas. Les contraintes liées à la collecte, à (voir la section suivante sur les normes sociales). Envi- 42 l’analyse et au partage des données sur la VBG persistent. ron 17,0 % des hommes et 22,5 % des femmes pensent La connaissance limitée de leurs droits des victimes de que le viol au sein du couple n’existe pas, justifiant en VBG contribue à perpétuer l’impunité des auteurs (Grog- substance le viol conjugal et la VPI sexuelle (République gel, Sow et Gnimassou 2020). 42 Enquête Afrobaromètre Round 8 en Guinée, 2019 https://www.afrobarometer.org/wp-content/uploads/2022/02/afrobarometer_sor_ gui_r8_fr_2020-08-25.pdf Libérer le potentiel des femmes et des filles 87 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée TABLEAU 6.1 PROPORTION D’ADULTES GUINÉENS QUI SONT PARTIELLEMENT OU TOTALEMENT D’ACCORD AVEC L’ÉNONCÉ DONNÉ, PAR SEXE (POURCENTAGE) Déclarations Hommes Femmes Total Un homme a le droit d’insulter sa femme 25,4 38,9 32,3 Un homme est autorisé à frapper/battre sa femme 33,4 45,5 39,6 Une femme a le droit d’insulter son mari 4,5 10,7 7,7 Une femme est autorisée à frapper/battre son mari 3,3 6,5 4,9 Le viol au sein d’un couple n’existe pas 17,1 22,5 19,9 Il est normal qu’une femme signale des cas de VPI contre son mari 28,8 24,3 26,5 Il est normal que des parents marient leurs filles de force 8,4 16,6 12,7 Source : République de Guinée 2017. Les lois discriminatoires réduisent le pouvoir de décision se remarier après un divorce ainsi que le délai d’attente des femmes dans la société et au sein des ménages. Le de 300 jours pour les veuves. Code civil et le Code du travail contiennent encore plu- sieurs dispositions discriminatoires. Par exemple, les L’existence parallèle de lois coutumières et religieuses femmes ne peuvent pas se remarier de la même manière avec le droit écrit en Guinée crée de la confusion et porte que les hommes. Dans le Code civil de Guinée, les articles souvent atteinte aux droits des femmes. Les lois tradi- 246, 336 et 337 stipulent que les femmes ne peuvent se tionnelles remplacent souvent le cadre juridique formel. remarier qu’après une période d’attente de 130 jours Par exemple, les formes coutumières de lévirat et de avant de contracter un nouveau mariage, mais cette sororat 43continuent d’être pratiquées, empêchant les stipulation ne s’applique pas aux hommes. Au cours de veuves de recevoir des droits à l’héritage. Les pratiques la dernière décennie, plusieurs pays (Bolivie, Équateur, coutumières interdisent aux femmes d’hériter des terres, Malte et Nicaragua) ont accordé aux femmes les mêmes qu’elles ne peuvent détenir qu’en usufruit. Les lois sur le droits de se remarier qu’aux hommes. En Afrique sub- divorce favorisent généralement les hommes dans l’attri- saharienne, la moitié des pays de la région (24) accordent bution de la garde et le partage des biens communs, et le aux femmes et aux hommes des droits égaux en matière témoignage juridique des femmes a moins de poids que de remariage. Les économies qui suivent les meilleures celui des hommes (Groggel, Sow et Gnimassou 2020). pratiques internationales dans ce domaine comprennent Traditionnellement, les hommes guinéens sont chargés l’Angola, le Ghana, le Nigéria et la Sierra Leone. Le Rwan- de communiquer avec les autorités, d’assurer toute pro- da a récemment (en 2020) réformé le cadre juridique en cédure judiciaire ou officielle et de conserver les docu- supprimant le délai d’attente imposé aux femmes pour ments de tous les membres de la famille. Cette tradition 43 Le lévirat implique le remplacement forcé d’un mari décédé par son frère, et le sororat implique le remplacement forcé d’une épouse décédée par sa sœur. Libérer le potentiel des femmes et des filles 88 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée est perçue comme un mécanisme de contrôle au sein du (Ministère de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine ménage. Bien que les femmes soient autorisées à enre- et de l’Enfance 2015) ; les notions de « vraie femme » sont gistrer les événements vitaux, elles ne sont pas habilitées confondues avec la soumission, la fierté, la dignité, la à le faire et, dans la pratique, les hommes procèdent tou- prise en charge de la famille et les tâches domestiques jours aux enregistrements (Andreev 2019). (Ammann 2016). La prévalence des normes sociales pa- triarcales ressort clairement des réponses à l’enquête Les normes sociales Afrobaromètre 2016-2018 (Stat View International 2019). Par exemple, environ la moitié des personnes interrogées Les normes et croyances de genre en Guinée suivent des pensent qu’en période de pénurie d’emplois, les hommes modèles traditionnels et conservateurs dictant des rôles devraient avoir la priorité et qu’il est préférable pour les rigides pour les femmes, les hommes, les garçons et les familles que les femmes aient la responsabilité principale filles. Les croyances culturelles font des « vrais hommes du ménage et des enfants ; 36 % pensent que les femmes » les chefs de famille, subvenant aux besoins de la fa- ne devraient pas avoir les mêmes droits que les hommes mille et prenant les décisions concernant l’utilisation de posséder et d’hériter des terres (Illustration 6. 3). des ressources et les investissements dans le ménage ILLUSTRATION 6.3 CROYANCES ET ATTITUDES LIÉES AU GENRE EN GUINÉE, 2016–18 (POURCENTAGE) Les femmes et les hommes ont les mêmes chances d'hériter de terres Les femmes et les hommes ont les mêmes chances de gagner un revenu Les femmes et les hommes ont les mêmes chances d'obtenir un emploi rémunéré Les filles et les garçons ont les mêmes chances d'accéder à l'éducation Il est justifié que les hommes battent leurs femmes Il est préférable pour une famille qu'une femme ait la responsabilité principale de s'occuper de la maison Les femmes ne devraient pas avoir les mêmes droits que les hommes de posséder et d'hériter des terres Lorsque les emplois sont rares, les hommes devraient avoir plus de droits à l'emploi Les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes et devraient être élus plutôt que les femmes 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Source : Afrobaromètre 2018. La nature répandue de la polygamie dans la société gui- femmes aux hommes. La prévalence de la polygamie - néenne signale en outre la nature enracinée de normes sous forme de polygynie, lorsqu’un homme épouse plu- fortement patriarcales dans le pays et la soumission des sieurs femmes - en Guinée est l’une des plus élevées au Libérer le potentiel des femmes et des filles 89 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée monde. Bien qu’interdite par le droit civil jusqu’au vote pratique est plus courante dans les ménages musulmans du nouveau code civil, la polygamie était toujours recon- (Kramer 2020 ;Illustration 6. 4). Dans les ménages poly- nue par le droit coutumier et les pratiques religieuses, games, les premières épouses sont considérées comme et les restrictions légales étaient donc rarement appli- les plus puissantes et elles peuvent souvent exploiter ou quées. Le nouveau Code civil de 2019 a légalisé le droit même maltraiter les plus jeunes. En général, les belles- des hommes de choisir d’être dans un mariage polygame mères sont également en mesure d’exercer un contrôle - avec un maximum de quatre épouses et à condition que sur le comportement de leurs nouvelles belles-filles, en la première épouse y consente (Diallo 2019). La propor- particulier en ce qui concerne les soins ménagers et les tion des individus dans les ménages polygames en Gui- comportements liés à la santé (Groggel, Sow et Gnimas- née est de 26 %, inférieure seulement à celle du Burkina sou 2020). Faso, du Mali, de la Gambie, du Niger et du Nigeria. La ILLUSTRATION 6.4 PROPORTION D’INDIVIDUS VIVANT DANS DES MÉNAGES POLYGAMES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, PAR RELIGION (POURCENTAGE) Burkina Faso Mali Gambie Niger Nigéria Guinée Guinée–Bissau Sénégal Togo Tchad Cameroun Côte d'Ivoire Bénin République Centrafricaine République démocratique du Congo 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Total Musulmane Populaire Source : Kramer 2020. Libérer le potentiel des femmes et des filles 90 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 6.1. Pourquoi les investissements dans le libre arbitre des femmes sont-ils une priorité pour la Guinée ? Comme le montre l’évaluation, le libre arbitre des femmes guinéennes, ou leur capacité à décider et à agir sur leurs décisions, reste généralement très faible. En effet, c’est le manque d’émancipation des femmes dans les ménages, les communautés et l’ensemble de la société guinéenne qui explique en grande partie les écarts observés dans toutes les autres dimensions du bien-être. Le manque de libre arbitre se reflète par exemple dans la faible représentation des femmes en politique par rapport à celle des hommes (seulement 17 % des sièges au parlement sont occupés par des femmes), malgré la vo- lonté politique existante et le cadre juridique avancé ; dans leur incapacité à prendre des décisions au sein du ménage (trois femmes sur cinq déclarent que leur mari/partenaire prend seul les décisions concernant la santé des femmes) ; et dans la forte incidence des diverses formes de violence basée sur le genre (VBG) (environ 63 % des femmes ont été victimes de violence conjugale au moins une fois dans leur vie). Les moteurs de ce manque de libre arbitre comprennent la faiblesse des institutions formelles et infor- melles : (1) les lacunes juridiques en ce qui concerne l’émancipation des femmes et la mauvaise application de celles qui existent ; et (2) des lois ou des pratiques coutumières contraires façonnées par des normes sociales patriarcales qui relèguent les femmes à des citoyens de seconde zone. L’amélioration du libre arbitre des femmes est cruciale pour réduire les disparités en- tre les sexes, faire progresser l’égalité des sexes et émanciper les femmes (Donald et al. 2020). Une capacité d’action accrue pour les femmes conduit à des améliorations du bien-être des femmes et de leurs enfants (Banque mondiale 2012a). Au contraire, un pouvoir décisionnel limité au sein des familles est associé à des risques accrus pour les femmes de subir la violence de leur partenaire intime, à une plus grande vulnérabilité à la dépendance financière et économique, à une réduction des activités civiles et du niveau d’instruction, et à une mortalité maternelle et infantile plus élevée (Hou et Ma 2013). Une expression importante du libre arbitre des femmes est la participation politique des femmes et leur capacité à s’engager pleinement dans la vie publique (Markham 2013). Lorsque davantage de femmes sont élues, l’élaboration des politiques reflète de plus Libérer le potentiel des femmes et des filles 91 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 6.1. Pourquoi les investissements dans le libre arbitre des femmes sont-ils une priorité pour la Guinée ? (suite) en plus les priorités des familles, des femmes et des groupes exclus (Chattopadhyay et Duflo 2004 ; Iyer et al. 2010 ; Klugman et al. 2014). La participation politique des femmes se traduit par des gains tangibles pour la démocratie (Markham 2013). La VBG peut également entraîner des pertes importantes en termes d’éducation, d’em- ploi et de vie civique pour les femmes qui en sont victimes. Des données provenant de divers pays montrent que les épisodes de VBG forcent les femmes à s’absenter du temps de travail rémunéré ; par conséquent, la VBG affecte négativement les entreprises en rai- son de la réduction de la productivité, de l’absentéisme et de l’augmentation des congés et des jours de maladie, et des victimes qui quittent le marché du travail (IFC 2020 ; OIT 2021). Les enfants subissent également les conséquences de la VBG au sein de la famille. De plus, la VBG entraîne des coûts économiques importants pour la société dans son ensemble. Les coûts économiques de la perte de productivité due à la violence domes- tique varient de 1,2 à 2,0 % du produit intérieur brut dans les pays (OMS 2013). Orientation stratégique 5 : de cette règle dans le Code électoral doivent être com- Promouvoir la participation des plétées et les résistances potentielles contournées. Cela femmes à la prise de décision et nécessitera des efforts d’information et de sensibilisation prévenir la VBG et la défense des intérêts auprès de tous les agents im- pliqués. Le soutien aux organisations de femmes et aux L’amélioration du libre arbitre des femmes est essentielle individus qui promeuvent ce programme pourrait égale- pour leur capacité à constituer un capital humain, à ac- ment être déterminant. En outre, il faut prêter attention céder aux opportunités économiques, à assurer le bien- à d’autres obstacles concomitants à la participation po- être de leurs enfants et à prendre des décisions au sein litique des femmes, tels que les ressources financières du foyer et dans la société (encadré 6.1). Malgré l’évolu- limitées, la violence politique à l’encontre des femmes tion législative claire vers la promotion de la présence et la dynamique partisane défavorable basée sur des féminine dans les institutions politiques guinéennes, normes sociales patriarcales profondément ancrées et des efforts supplémentaires seront nécessaires pour que des opinions sur le rôle des femmes guinéennes et leur cette évolution se traduise par un plus grand nombre de capacité à diriger. La suppression des frais d’inscription femmes en politique. Compte tenu des difficultés pas- pour les femmes, ou l’offre de temps d’antenne gratuit sées à mettre en œuvre le quota de 30 % imposé par la supplémentaire et de panneaux d’affichage, peut contri- loi, il reste à voir si la disposition sur la parité récemment buer à lever des obstacles financiers potentiels, tout en établie sera un jour efficace. Pour cela, et pour que la loi contribuant à promouvoir les candidatures féminines soit applicable, les procédures requises pour l’inclusion (ONU Femmes 2021). De plus, les mesures visant à Libérer le potentiel des femmes et des filles 92 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée commencer à changer la dynamique négative des partis La mise en œuvre d’une législation distincte sur la crimi- comprennent l’obligation pour les partis politiques de nalisation de la violence domestique est une autre étape mettre en œuvre des programmes annuels de capacité importante vers l’émancipation des femmes et l’élimina- et de leadership pour les femmes, l’instauration de quo- tion de la VBG. Les données mondiales suggèrent que les tas de femmes pour les organes directeurs des partis po- femmes qui vivent dans des pays dotés de lois sur la vio- litiques et la création d’institutions telles qu’un institut lence domestique ont 7 % de chances en moins de subir de leadership féminin ou une commission pour le suivi des violences par rapport aux femmes vivant dans des de la mise en œuvre de la loi (ONU Femmes 2021). En fin pays qui n’ont pas de telles lois (Klugman et al. 2014). de compte, un changement à grande échelle des normes De plus, l’octroi d’ordonnances de protection pour les sociales dominantes qui tendent à exclure les femmes de survivants est associé à une réduction faible mais signi- la prise de décision dans les espaces publics doit avoir ficative des taux de prévalence de la violence domestique lieu dans le pays. (Dowling et al. 2018). En outre, la législation peut être un instrument clé pour changer les comportements et Des réformes juridiques qui accordent aux femmes des les normes sociales, rendant la violence à l’égard des droits égaux à ceux des hommes dans la sphère familiale femmes inacceptable et encourageant le signalement sont nécessaires pour encourager leur capacité de prise de tels incidents (OMS 2009). En Afrique subsaharienne, de décision au sein du ménage. Les réformes introduites 31 pays sur 48, dont le Bénin, le Tchad, la Guinée-Bissau par le nouveau Code civil en 2019 éliminent les restric- et le Sénégal, ont des lois traitant spécifiquement de la tions à la capacité des femmes à être chef de famille ou violence domestique. Il est essentiel que la loi définisse à divorcer au même titre que les hommes (articles 260, la violence domestique comme la violence entre époux, 287 et 305-19). Malgré ces réformes, la discrimination au sein de la famille ou des membres du même ménage, entre hommes et femmes est toujours présente dans le ou dans les relations interpersonnelles ; comprenne la droit écrit guinéen. Les articles 246, 336 et 337 du Code VPI ; et prévoit la protection nécessaire des femmes et civil devraient être abrogés ou remplacés par un amen- des membres de la famille, conformément aux normes dement permettant aux hommes et aux femmes de se re- internationales et aux bonnes pratiques régionales et marier sans limites - ou du moins, établissant les mêmes mondiales. Des mécanismes de mise en œuvre doivent limites pour les hommes et les femmes. En outre, une être mis en place et les principales parties prenantes bien modification de l’article 695 du Code civil pourrait être informées des nouvelles réglementations pour garantir introduite pour établir qu’en l’absence de testament lé- une mise en œuvre solide (par la police, le secteur de la gal, les deux époux ont un rang et des droits égaux pour santé, le système judiciaire, etc.). La législation devrait hériter des biens des partenaires décédés, qu’il y ait ou inclure, au minimum, la possibilité d’obtenir des ordon- non des enfants. Il est important de noter que la poly- nances de non-communication (également appelées « gamie (sous la forme de polygynie, lorsqu’un homme protection »), des sanctions pénales et une définition de peut épouser plusieurs femmes), qui était une pratique la violence domestique qui inclut à la fois les dommages courante bien qu’interdite par le droit écrit avant le Code physiques et les dommages mentaux. Madagascar offre civil de 2019, est depuis devenue légale, permettant à un un bon exemple régional récent de réforme : en 2019, elle homme d’avoir jusqu’à quatre épouses lorsqu’il énonce a promulgué la loi n° 2019-008 relative à la lutte contre ce choix lors de la célébration de son premier mariage et les violences basées sur le genre. que l’épouse accepte. Libérer le potentiel des femmes et des filles 93 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Les lois coutumières doivent être prises en compte en crucial à jouer dans la protection des droits de l’homme. tant que composante du cadre juridique « plurinational Les tribunaux peuvent également contribuer à cet effort, ». Les lois statutaires accordant des droits égaux aux en veillant à ce que les lois coutumières soient conformes hommes et aux femmes et les normes coutumières sont aux instruments internationaux relatifs aux droits de souvent contradictoires en Guinée, par exemple en ce qui l’homme et contribuent à la promotion de l’égalité des concerne les droits de succession, le divorce ou l’enre- sexes. Deux décisions révolutionnaires récentes au gistrement des faits d’état civil. En effet, même lorsque Botswana et en Afrique du Sud montrent comment cela la discrimination dans le droit écrit dans le domaine de pourrait fonctionner (Ezer 2016 ; Fombad 2014 ; Ndulo la famille n’est plus courante, la discrimination globale 2011). La Cour constitutionnelle sud-africaine a renversé dans les institutions est considérée comme très élevée en la règle coutumière de la primogéniture masculine dans Guinée selon l’indice des institutions sociales et du genre un différend sur la question de savoir si une femme pou- pour l’Organisation pour la coopération économique et vait succéder à son défunt père en tant que chef de tribu le développement. Le droit coutumier, en tant qu’orga- (Mireku 2010). Outre les tribunaux, l’action collective des nisme vivant, doit évoluer au fil du temps, s’adapter aux femmes, par le biais de groupes d’entraide, de coopéra- nouvelles normes et aux nouveaux besoins, par exemple tives et d’associations, peut également jouer un rôle clé pour se conformer aux droits de l’homme. En outre, dans dans la garantie de la justice pour les femmes face à des le domaine de la VBG et de l’accès des femmes à la jus- mécanismes coutumiers et statutaires contradictoires. tice, le système juridique et judiciaire coutumier peut Le contexte, cependant, est d’une importance cruciale souvent prévaloir sur le droit écrit, ce qui conduit à l’im- pour déterminer les résultats de l’action collective, et les punité des auteurs. Des efforts d’harmonisation entre changements dans les normes sociales suivent souvent le droit coutumier et le droit écrit sont nécessaires. De une trajectoire lente et non linéaire. Lorsqu’ils sont trai- nombreuses constitutions africaines reconnaissent la tés avec souplesse et dans leur contexte, les processus validité du droit coutumier sans résoudre le conflit entre d’action collective sont des contributeurs essentiels aux certaines de ses dispositions et les droits de l’homme. efforts visant à promouvoir le libre arbitre et l’émancipa- À cet égard, l’Organisation pour la coopération écono- tion des femmes (Evans et Nambiar 2013). mique et le développement recommande d’éliminer les réglementations qui exemptent le droit coutumier des Renforcer l’accent mis sur la prévention de la VBG sera interdictions légales de discrimination, telles que celles nécessaire pour aller de l’avant. Les interventions les incluses dans les constitutions (OCDE 2021). Il sera égale- plus évidentes ou plutôt immédiates avec des résultats ment nécessaire d’engager des efforts de sensibilisation prometteurs (le fruit à portée de main) incluraient l’in- et de changement des normes sociales avec les chefs troduction d’éléments comportementaux dans les pro- communautaires et religieux. grammes d’émancipation ou de soutien économique (l’élément “Plus”), ou des composantes de genre dans Au cours des dernières années, un certain nombre d’ini- les programmes scolaires couvrant la VBG, les relations tiatives axées sur l’évolution du droit coutumier ont vu amoureuses ou la santé sexuelle et reproductive (voir le jour, soulignant le rôle important des communautés encadré 6.2). Le premier, comme le prouve l’expérience et des institutions judiciaires dans cette entreprise. Les de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie, peut réduire le institutions de justice coutumière sont les mieux placées risque de violence entre partenaires intimes chez les par- pour développer le droit coutumier et ont donc un rôle ticipantes ; le dernier, comme le montre le programme Libérer le potentiel des femmes et des filles 94 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée PREPARE en Afrique du Sud, peut aider à changer les également nécessaires. Les programmes de mobilisa- mentalités et les comportements concernant la VBG tion communautaire peuvent être efficaces pour réduire chez les jeunes. Des interventions ciblées à court terme les taux de prévalence et promouvoir la tolérance zéro visant à modifier les comportements des couples ou des envers la violence envers les femmes, comme le montre parents peuvent être efficaces pour prévenir certaines l’expérience de TOSTAN au Sénégal et de SASA ! En Ou- formes de VBG. Les exemples de la région comprennent ganda. Dans le même temps, lorsqu’elles font partie d’un le programme Indashyikirwa au Rwanda et l’intervention ensemble plus large d’interventions, les campagnes de REAL Fathers en Ouganda. Des interventions à grande médiatiques et ludo-éducatives peuvent contribuer à échelle et à plus long terme qui remettent en question réduire les taux de prévalence et la tolérance à la VBG. les normes sociales et les perceptions de la VBG sont Encadré 6.2. Ce qui fonctionne pour prévenir la VBG en Afrique subsaharienne : exemples internationaux pour la Guinée Programmes de soutien économique et d’émancipation «Plus» et interventions en milieu scolaire. Le programme TEVAW en Tanzanie, qui associait l’offre de microfinance à une composante comportementale, a montré des impacts positifs sur la violence entre partenaires intimes (VPI) et un comportement amélioré chez les femmes participantes (Messersmith et al. 2017). Le programme de microfinance et de formation MAISHA, également en Tanzanie, a réduit d’un quart le risque pour les femmes d’être victimes de VPI physique et/ou sexuelle, a amélioré les attitudes à l’égard de la VPI et a accru la con- fiance en soi des femmes (Kapiga et al. 2019). L’intervention Stepping-Stones and Creat- ing Futures en Afrique du Sud, qui combinait l’émancipation de subsistance (formation sur la définition d’objectifs de subsistance, la gestion des crises, l’épargne et les dépens- es, l’obtention et le maintien d’un emploi et la gestion des attentes professionnelles) et l’émancipation sociale (violence basée sur le genre [GBV], santé sexuelle et reproductive, compétences en communication, comportement sexuel) - a également entraîné une diminution considérable de la VPI physique et économique par les hommes (Gibbs et al. 2017). Néanmoins, davantage de données sur la région sont nécessaires pour détermin- er l’efficacité des interventions combinées d’émancipation sociale et économique. Une intervention scolaire à plusieurs composantes en Afrique du Sud, PREPARE, a conduit à une réduction de la victimisation des VPI et à la formation de partenariats intimes plus sûrs chez les adolescents (Matthews et al. 2017). Libérer le potentiel des femmes et des filles 95 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 6.2. Ce qui fonctionne pour prévenir la VBG en Afrique subsaharienne : exemples internationaux pour la Guinée (suite) Thérapie de couple et/ou conseils et interventions parentales. La VPI a diminué chez les couples qui ont participé à la formation intensive en couple dans le cadre du pro- gramme Indashyikirwa au Rwanda (Stern et Heise 2019). L’intervention de REAL Fathers en Ouganda, qui a combiné un programme de mentorat pour les jeunes pères, des activ- ités de sensibilisation et des célébrations communautaires, a entraîné une diminution de la VPI et de la violence contre les enfants (Ashburn et al. 2017). De plus, les partici- pants à l’initiative éthiopienne sur les normes masculines ont montré un soutien accru aux normes équitables entre les sexes, et le programme a entraîné une diminution du pourcentage de cas signalés de VPI (Pulerwitz et al. 2015). Plusieurs générations peu- vent bénéficier simultanément d’interventions parentales, car de telles interventions peuvent réduire la probabilité que les enfants subissent ou commettent des VBG plus tard dans la vie, favorisant ainsi une société moins violente en général (Kerr-Wilson et al. 2020). Les preuves indiquent que les programmes qui ne fonctionnent qu’avec les hom- mes et les garçons sont généralement inefficaces pour lutter contre la VBG, car ces pro- grammes connaissent souvent des taux élevés d’abandon ou de départ des délinquants et ont parfois des conséquences négatives imprévues telles que la normalisation des comportements agressifs (Kerr-Wilson et al. 2020). L’intervention la plus connue dans ce domaine est le programme Transforming Masculinities en République démocratique du Congo, qui visait à engager et à équiper les chefs religieux pour qu’ils soient des cataly- seurs et a conduit à une prévalence nettement plus faible de VPI physique et sexuelle 28 mois après son lancement (Le Roux et al. 2019). Interventions de mobilisation communautaire et campagnes médiatiques/ludo-éd- ucatives. Ces interventions ciblent le plus souvent des ménages ou des communautés entières pour favoriser un changement positif des normes sociales. Les données mon- trent que ces programmes sont plus efficaces lorsqu’ils impliquent les habitants de la ville ou du village et favorisent l’apprentissage et le changement d’attitude par le dia- logue et la mobilisation. L’intervention SASA ! en Ouganda, qui a combiné des activités de mobilisation communautaire avec la formation de professionnels, a entraîné une réduction de 64 % de la prévalence d’enfants témoins de violence entre partenaires in- times chez eux et a amélioré les relations parents-enfants (Kyegombe et al. 2014). Le Libérer le potentiel des femmes et des filles 96 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée Encadré 6.2. Ce qui fonctionne pour prévenir la VBG en Afrique subsaharienne : exemples internationaux pour la Guinée (suite) programme Unite for a Better Life en Éthiopie a utilisé la cérémonie traditionnelle du café pour organiser une série de séances de groupe sur les causes profondes de la vi- olence entre partenaires intimes, les stéréotypes sexistes et les rôles inégaux au sein du foyer. Le programme a été efficace pour réduire la perpétration par les hommes et l’expérience de VPI physique et/ou sexuelle pour les femmes (Sharma et al. 2020). Le programme communautaire TOSTAN au Sénégal a contribué à la réduction de la VBG parmi les communautés participantes, de 86 % à 27 % (Diop et al. 2004). Ces interven- tions sont également efficaces pour réduire les facteurs de risque de VBG (par exemple, la toxicomanie, la prise de décision limitée des femmes, etc.) et renforcer les facteurs de protection, tels que de meilleures compétences en communication et une diminution de la tolérance envers la VBG (Diop et al. 2004). Quand ils font partie d’une stratégie plus large, les campagnes médiatiques et le divertissement ludo-éducatif peuvent aider à stimuler le changement des normes sociales autour de la VBG. (Banergee et al. 2019). La protection des survivants et leur accès aux principaux les victimes de signaler les cas. Des données provenant services de soutien nécessitent également des amélio- de différents pays montrent que la représentation des rations. La prestation de services institutionnels pour femmes dans les tribunaux, la police ou les services de les survivants de VBG, y compris un soutien psychoso- santé peut avoir un impact positif sur la recherche d’aide cial, des abris ou des lignes d’assistance téléphonique, et le signalement des VBG (Miller et Segal 2019). Les ser- est nécessaire. Il est de plus en plus évident que des ap- vices de protection spécialisés qui sont sensibles aux proches combinées pour identifier et fournir des conseils questions de genre et de VBG peuvent être plus efficaces aux femmes victimes de VPI dans les établissements de que ceux qui ne tiennent pas compte de ces considéra- santé peuvent être une stratégie efficace pour améliorer tions. En outre, les centres à guichet unique pour les ser- la santé des survivantes de VBG et réduire le risque de vices intégrés et le soutien peuvent être efficaces pour revictimisation (Falb et al. 2014). Des systèmes d’orienta- accroître l’accès des femmes et répondre à leurs besoins. tion adéquats sont cruciaux. Dans de nombreux cas, les Les groupes de femmes et l’action collective peuvent femmes victimes de VBG refusent de demander justice ou jouer un rôle central dans la création d’un élan pour une de déposer des plaintes légales parce qu’elles craignent réforme progressiste. Des mouvements de femmes forts la stigmatisation, l’isolement, la revictimisation ou la sont associés à des politiques plus globales sur la violence pression de leurs familles, et/ou parce qu’elles manquent à l’égard des femmes (Klugman et al. 2014). de confiance dans les autorités chargées de l’application des lois. L’absence de mécanismes et de protocoles fonc- Les systèmes judiciaires doivent être plus réactifs et plus tionnels sur les devoirs de la police, des fonctionnaires de accessibles aux besoins des femmes. L’amélioration de justice et des travailleurs sociaux décourage davantage l’accès des femmes à la justice pourrait les encourager à Libérer le potentiel des femmes et des filles 97 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée signaler les cas de VBG sans craindre d’être mal comprises pour déposer plainte, ont fortement augmenté les taux ou d’être à nouveau victimisées (Banque mondiale 2012a). de signalement de VBG, comme le montre l’expérience du Même lorsque les affaires de VBG sont portées devant les Ghana, de l’Afrique du Sud et de l’Ouganda (Kavanaugh, tribunaux, de nombreux obstacles se dressent sur la voie Sviatschi et Trako 2018). d’une procédure judiciaire transparente et équitable. Par exemple, les efforts pour signaler la VBG peuvent entraî- Le gouvernement guinéen a déjà commencé à mettre ner de longues procédures judiciaires, des poursuites qui en place certaines des mesures soulignées ici. Il a mis en ne correspondent pas aux dommages subis, de revivre un place des services pour la VBG dans les centres de santé traumatisme ou même d’attirer davantage l’attention sur et des cellules spéciales dans les bureaux de police et les l’expérience traumatisante en premier lieu. Les femmes unités de recherche au niveau national. Il a également doivent être mieux représentées au sein des organisations créé l’Office pour la protection des femmes et des filles et responsables de la formulation, de la mise en œuvre et lancé un programme de formation des forces de défense de l’application des lois ; et leurs voix doivent être mieux et de sécurité. De même, un cursus de formation sur les interprétées dans le système judiciaire. Réduire les obs- VBG a été intégré au programme de l’enseignement pri- tacles physiques et financiers à l’accès des femmes à la maire et secondaire (Gouvernement de Guinée 2019). Ces justice, améliorer la sensibilisation à leurs droits, dispen- efforts doivent être évalués, et en fonction de leurs ré- ser une formation sur le genre à tout le personnel impli- sultats, approfondis, modifiés, reproduits, intensifiés ou qué et mettre en place des services destinés uniquement complétés par d’autres actions qui peuvent aider à maxi- aux femmes victimes sont des mesures alternatives à en- miser les impacts positifs. Une stratégie/un plan d’action visager. Les centres de justice réservés aux femmes, par global intégré dans ce domaine contribuerait à apporter exemple, qui emploient principalement des agents de cohérence et systématisation. sexe féminin et où les victimes de VBG reçoivent de l’aide Libérer le potentiel des femmes et des filles 98 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée CHAPITRE 7. CONCLUSIONS Libérer le potentiel des femmes et des filles 99 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée L’égalité des sexes est un fondement essentiel d’une préoccupants, en particulier chez les filles et les femmes croissance pacifique et durable qui contribue à la réduc- rurales. Les filles sont nettement plus susceptibles que tion de la pauvreté et à une prospérité partagée. Bien les garçons de ne pas fréquenter l’école secondaire, que l’égalité des sexes soit considérée comme un droit souvent pour des raisons sexospécifiques. En termes de humain fondamental, les efforts visant à promouvoir les santé, la Guinée a également l’un des taux de mortalité droits et le bien-être des femmes peuvent également maternelle les plus élevés au monde, ce qui est proba- apporter des avantages à l’ensemble de la société gui- blement lié à la forte incidence des mariages d’enfants, néenne. Les données mondiales et régionales ont montré des grossesses d’adolescentes et des mutilations géni- avec constance que l’émancipation des femmes et des tales féminines/excision. Dans les faits, la pratique des filles réduit l’incidence de la pauvreté et l’insécurité ali- mutilations génitales féminines/excision est presque mentaire (Mulugeta 2021), stimule la croissance écono- universelle en Guinée, ce qui compromet davantage les mique et la productivité (Aguirre et al. 2012) et améliore résultats de santé des femmes et a des implications im- les investissements dans le capital humain des enfants portantes pour leur bien-être. (Allendorf 2007 ; Andrabi, Das, et Khwaja 2011 ; Dumas et Lambert 2011). De plus, retarder le mariage des enfants Le manque d’investissement dans le capital humain et les grossesses précoces est associé à de meilleurs ré- augmente non seulement les risques de pauvreté chez sultats en matière de santé et d’opportunités d’emploi, les femmes, mais affecte également fortement leur ca- et à des risques moindres de violence basée sur le genre pacité à participer activement et de manière productive ou VBG (Bergstrom et Özler 2021 ; Malhotra et Elnakib aux opportunités économiques. Les femmes guinéennes 2021). Éliminer la VBG et les mutilations/excisions géni- participent au marché du travail dans une moindre me- tales féminines et améliorer le libre arbitre des femmes sure que les hommes, et la participation globale des sont également susceptibles d’apporter des avantages femmes au marché du travail en Guinée reste inférieure macroéconomiques et de prévenir la transmission inter- à la moyenne de l’Afrique subsaharienne. Même lorsque générationnelle de la pauvreté (Rui et Nie 2021 ; Uzoama- les femmes participent au marché du travail, la qualité ka, Gerald et Jude 2016 ; Wei et al. 2021). Dans le cas de de l’emploi à qui leur est offert reste faible. La plupart la Guinée en particulier, on estime que la réduction des des emplois disponibles pour les femmes peuvent être écarts entre les sexes en matière d’éducation et de pro- qualifiés de vulnérables, saisonniers, informels et/ou oc- ductivité agricole et la réduction de la fécondité ont un casionnels. La ségrégation professionnelle et les écarts impact significatif sur l’économie nationale, entraînant de rémunération entre les hommes et les femmes per- une augmentation pouvant atteindre 10 % du produit sistent, limitant davantage les chances des femmes d’ac- intérieur brut par habitant d’ici 2035 par rapport au scé- céder à un emploi de qualité. Les femmes guinéennes nario de référence (Banque mondiale 2019a). semblent également être désavantagées dans l’accès et la propriété des actifs productifs et des finances. Les femmes et les filles guinéennes continuent d’avoir un faible potentiel pour réaliser leur capital humain De plus, les femmes guinéennes connaissent de nom- dans l’éducation et la santé. Malgré certains progrès au breuses limitations en ce qui concerne leur libre arbitre cours des dernières décennies dans les taux de scolari- et rencontrent différentes formes de VBG. La formation sation primaire et secondaire chez les filles et les gar- de la famille se produit à un âge très précoce pour la plu- çons, les taux globaux d’achèvement scolaire restent part des femmes guinéennes, et le pays a l’un des taux Libérer le potentiel des femmes et des filles 100 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée de mariage d’enfants les plus élevés au monde. Le ma- 1. Améliorer le statut de l’éducation des filles. riage des enfants en Guinée est le résultat de normes so- 2. Améliorer l’accès aux services de santé mater- cioculturelles, de croyances et de perceptions des rôles nelle, sexuelle et reproductive. de genre ; cette pratique a des implications importantes 3. Reporter la formation précoce de la famille et la sur la manière dont les femmes participent aux activités grossesse chez les adolescentes. économiques et exercent leur libre arbitre. Le mariage 4. Améliorer les opportunités économiques des précoce augmente les risques pour les femmes d’être femmes et leur accès à un emploi de qualité. confrontées à la violence domestique, dont l’incidence 5. Augmenter la voix et le libre arbitre des femmes est particulièrement élevée en Guinée. Enfin, les femmes et des filles et éliminer toutes les formes de VBG. guinéennes sont largement limitées dans leur libre ar- bitre et leur pouvoir de négociation, ce qui se manifeste À la lumière des aspects multidimensionnels de l’égalité par leur exclusion de la prise de décision au sein du mé- des sexes - et des disparités existantes entre les dota- nage et leur faible représentation dans les institutions tions, les opportunités économiques et le libre arbitre - il politiques. sera crucial de lancer des efforts globaux et multisecto- riels pour combler les écarts existants entre les sexes. Ces Afin de réduire les écarts existants entre les sexes, cinq efforts devront s’appuyer sur les preuves et données ré- orientations stratégiques ont été identifiées pour la Gui- gionales existantes. À cette fin, davantage d’efforts pour née. Un ensemble de recommandations est fourni pour collecter, analyser et diffuser des données ventilées par chaque orientation stratégique, sur la base de données sexe doivent être entrepris afin d’informer et de conce- régionales d’interventions et de programmes efficaces. voir des politiques pertinentes, fondées sur des preuves Ces orientations stratégiques comprennent un ensemble et axées sur les données. d’actions visant à améliorer et à renforcer l’environne- ment juridique. Les cinq orientations stratégiques sont les suivantes : Libérer le potentiel des femmes et des filles 101 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée ANNEXE A. POINTS D’ENTRÉE POUR UNE RÉFORME JURIDIQUE VISANT À ÉTENDRE L’ÉMANCIPATION DES FEMMES EN GUINÉE Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2021 mesure les lois et pour donner aux femmes plus de choix dans les déci- réglementations dans plusieurs domaines qui affectent sions d’emploi (en éliminant les restrictions sur les types les opportunités économiques des femmes dans 190 éco- d’emplois qu’elles peuvent avoir ou les industries dans nomies. Allant de la base du mouvement dans la com- lesquelles elles peuvent travailler) à celles rendant moins munauté jusqu’aux défis du travail, de la parentalité et coûteux pour les entreprises d’embaucher des femmes de la retraite, les données offrent des repères objectifs (en poussant le coût congé de maternité des employeurs et mesurables pour les progrès mondiaux vers l’égalité privés à l’État, et en adoptant des politiques de congé pa- des sexes. La Guinée a un score Women, Business and the ternel et parental). Elles cherchent également à amélio- Law global de 76,3 points, soit 5,3 points au-dessus de la rer la législation dans les domaines touchant au bien-être moyenne de 71 de l’Afrique subsaharienne. financier des femmes, en leur permettant d’hériter au même titre que les hommes, en tenant compte des pé- La Guinée a la possibilité de réformer et de combler riodes de garde d’enfants dans le calcul des pensions et l’écart avec les leaders mondiaux dans quatre des do- en leur permettant de se remarier de la même façon que maines réglementaires mesurés par Women, Business les hommes. Il est également recommandé d’adopter and the Law. Ces quatre domaines sont couverts par les une législation qui traite spécifiquement de la violence indicateurs Rémunération, Actifs, Parentalité et Mariage. domestique. Voir le tableau A.1 pour une discussion plus Les réformes recommandées vont de celles conçues détaillée sur les opportunités de réforme. Libérer le potentiel des femmes et des filles 102 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée TABLEAU A.1. OPPORTUNITÉS DE RÉFORME POUR LA GUINÉE, ISSUES DE LES FEMMES, L’ENTREPRISE ET LE DROIT Points d’entrée Réformes juridiques recommandées Rémunération La loi impose-t-elle une rémunération égale pour un travail de valeur égale ? Oui Rémunération Une femme peut-elle travailler les mêmes heures de nuit qu’un homme ? Oui 1. Permettre aux femmes d’accéder à Les femmes peuvent-elles travailler dans les mêmes industries et dans des l’emploi dans tous les métiers et tous Non les secteurs et industries. emplois jugés dangereux ? Actifs Les hommes et les femmes ont-ils des droits de propriété égaux sur les biens Oui immobiliers ? Actifs Les fils et les filles ont-ils le même droit d’héritage des biens de leurs parents ? Oui 2. Accorder aux époux des droits de Les conjoints survivants hommes et femmes ont-ils des droits égaux pour Non succession égaux hériter des biens ? La loi accorde-t-elle aux époux une autorité administrative égale sur les biens 3. Prévoir l’évaluation des Oui contributions non monétaires pendant le mariage ? La loi prévoit-elle une évaluation des apports non monétaires ? Non Parentalité Un congé payé d’au moins 14 semaines est-il disponible pour les mères ?  Oui Parentalité Le gouvernement paie-t-il 100 % des prestations de congé de maternité ?  Non 4. Introduire une législation ou des amendements pour que les Existe-t-il des congés payés pour les pères et des congés parentaux ?  Non prestations de congé de maternité soient entièrement payées par le gouvernement. Le licenciement des travailleuses enceintes est-il interdit ? Oui 5. Introduire un congé parental et de paternité rémunéré. Mariage Une femme mariée est-elle légalement non tenue d’obéir à son mari ? Oui Mariage Une femme peut-elle légalement être « chef de famille » ou au même titre Oui qu’un homme ? 6. Permettre aux femmes de se remarier de la même manière que Une femme peut-elle divorcer et se remarier de la même manière qu’un  Non les hommes. homme ? Existe-t-il une législation traitant spécifiquement de la violence domestique ? Non 7. Rédiger, promulguer et mettre en œuvre des lois spécifiques sur la Existe-t-il un tribunal ou une procédure spécialisée pour les cas de violence violence domestique Non domestique ? Source : Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2021 Note : (* sont indiqués en rouge les domaines nécessitant des réformes) Libérer le potentiel des femmes et des filles 103 Le statut des femmes et des filles par rapport aux hommes et aux garçons en Guinée BIBLIOGRAPHIE Abebe, G., Buehren, N., Goldstein, M. 2020. Short-Run Allendorf, Keera. 2007. Do Women’s Land Rights Promote Welfare Impacts of Factory Jobs: Experimental Evi- Empowerment and Child Health in Nepal? 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