RÉSUMÉ ANALYTIQUE R É S U M É A NA LY T I Q U E Désamorcer les Conflits LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES AU SERVICE DE LA PAIX 1 DÉSAMORCER LES CONFLITS: LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES AU SERVICE DE LA PAIX Rappel des Faits, Contexte et Approche Les situations de fragilité et de conflit, la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles s’intensifient et menacent d’éliminer les gains acquis dans le domaine du développement. Au cours des 10ȋdernières années, le nombre de troubles civils violents a triplé, celui des personnes vivant à proximité d’une zone de conflit a presque doublé, et les déplacements involontaires ont atteint un niveau sans précédent. La Stratégie du Groupe de la Banque mondiale Fragilité, conflits et violenceȋ2020– 2025 (FCV) diffère de la démarche préalablement suivie par l’institution dans les situations de fragilité et de conflit, car elle adopte une approche plus intégrée de la prévention. Elle vise à renforcer l’efficacité avec laquelle le Groupe de la Banque appuie les efforts déployés par les pays pour faire face aux facteurs et aux répercussions des situations de FCV et pour accroître leur résilience, en particulier celle des populations les plus vulnérables et marginalisées. La Stratégie FCV met en relief l’importance du changement climatique en tant que facteur de FCV et de multiplicateur de menace, ainsi que la nécessité de faire face aux impacts environnementaux et aux causes de la FCV. Il est impératif, pour réorienter les interventions suivant ce nouvel axe, de comprendre le rôle que peuvent jouer l’environnement et les ressources naturelles. Le rapport intitulé Defueling Conflict: Environment and Natural Resource Management as a Pathway to Peace (Désamorcer les conflits – la gestion de l’environnement et des ressources naturelles au service de la paix) vise à présenter un argument convaincant en faveur de la poursuite par le Groupe de la Banque mondiale d’interventions et d’investissements axés sur la gestion de l’environnement et des ressources naturelles ainsi que sur la résilience face au changement climatique dans les contextes touchés par des situations de FCV. Il vise aussi à faciliter la prise en compte des risques et des séquelles de conflits dans les opérations et les programmes de la Banque mondiale concernant la dégradation des ressources naturelles et le changement climatique. Le rapport vise, pour atteindre ces objectifs, àȋ: » Exposer clairement les liens entre l’environnement et les conflits, indiquer les points d’entrée dans l’optique de la Stratégie FCV et faire mieux prendre conscience des interactions que les interventions environnementales peuvent avoir avec les conflits. » Constituer une source générale d’informations de manière à doter les équipes de la Banque mondiale de plus amples moyens d’action dans le cadre de leurs programmes dans les FCV. » Présenter une large gamme d’options dans le but d’améliorer la conception et la mise en œuvre de programmes prenant en compte les risques et les séquelles de conflits. 2 RÉSUMÉ ANALYTIQUE » Encourager une prise en compte plus systématique des ressources naturelles dans le cadre des décisions de haut niveau dans le domaine de l’action publique et des programmes concernant les FCV. À cette fin, le rapport réunit un ensemble d’informations concises mais détaillées comprenant, notamment, des directives, des sources d’information et des outils d’analyse essentiels, à l’intention d’un vaste auditoire doté de diverses compétences techniques. Il peut être utilisé, au sein de la Banque mondiale par les équipes de projet des différents pôles mondiaux d’expertise et, en dehors de l’institution, par des spécialistes de différents domaines. Le rapport comporte six sectionsȋ: SECTION 1 Rappel des faits, contexte et approche, comme indiqué précédemment. SECTION 2 Description des risques liés aux interactions entre les ressources naturelles, le changement climatique, la fragilité et les conflits tout au long du cycle de ces derniers. SECTION 3 Établissement de liens entre ces chaînes causales et la mise en œuvre des actions relevant des quatre piliers de la Stratégie FCV. SECTION 4 Exposition d’une gamme d’options permettant d’améliorer la conception et la mise en œuvre de projets prenant en compte les risques et les séquelles de conflits. SECTION 5 Présentation d’un outil revêtant la forme d’un questionnaire annoté, à titre de complément au rapport. Ressources Naturelles, Changement Climatique, Fragilité et Conflits : Risques et Interconnexions La fragilité et les conflits ont rarement une cause unique. De fait, ils résultent fréquemment de multiples facteurs qui agissent les uns sur les autres et renforcent mutuellement leurs impacts. Une piètre gouvernance et un manque de résilience dans les situations de fragilité et de conflits peuvent, en même temps, provoquer des troubles qui exacerbent les facteurs de fragilité. La deuxième section du rapport examine les différents défis auxquels sont confrontés les pays en situation de FCV, et explique les relations entre ces situations et l’environnement, leur évolution et leurs répercussions. IMPACTS DIRECTS: Un violent conflit peut provoquer la disparition d’habitats naturels et avoir des effets notables et systématiquement préjudiciables sur la biodiversité. Par exemple, l’existence d’un conflit a été le plus important élément prédictif de la diminution des populations de grands mammifères sauvages en Afrique durant la périodeȋ1946- 2010, tandis que la criminalité environnementale est le principal facteur financier des conflits. 3 DÉSAMORCER LES CONFLITS: LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES AU SERVICE DE LA PAIX IMPACTS Des priorités militaires, un besoin pressant de liquidités et un pouvoir de négociation INDIRECTS: limité amènent souvent des nations à conclure des accords peu favorables concernant leurs ressources. Il est plus aisé, y compris pour les ménages, de faire face à l’évolution rapide de la situation sécuritaire en poursuivant des stratégies à court terme que de gérer et utiliser durablement les ressources à long terme. Le fait que la sécurité d’occupation des terres puisse être compromise ne fait qu’aggraver le climat d’incertitudeȋ; par exemple, les registres fonciers ont été détruits durant les conflits en Yougoslavie, au Timor-Leste, au Cambodge et en Afghanistan. À L’ISSUE D’UN Lorsqu’un conflit prend fin, il devient possible de transformer et de (re)construire CONFLIT: des systèmes qu’il aurait été difficile d’ériger dans d’autres circonstances. Il est particulièrement important d’exploiter les possibilités qui s’offrent lorsque les ressources naturelles sont à l’origine du conflit ou risquent de faire obstacle à la paix. Ces ressources sont de surcroît encore plus exposées à l’exploitation durant la période qui fait suite à un conflit. IMPACT DES L’environnement est rarement la cause directe d’un conflit, mais peut exacerber CHAÎNES CAUSALES: les défis et facteurs de stress sociaux, économiques et politiques existant dans les situations de fragilité et de conflits – et peut-être même provoquer des violences. La possibilité que la concurrence dont font l’objet les ressources naturelles s’intensifie au point de déclencher un conflit dépend de plusieurs facteurs de risque, notamment le degré de dépendance par rapport aux ressources naturelles, les inégalités et la marginalisation, ainsi que l’historique récent des conflits. Chaque facteur de risque est exacerbé par le changement climatique. GENRE, Les conflits et les vulnérabilités environnementales touchent les femmes, les filles CONFLITS ET ENVIRONNEMENT: et d’autres groupes marginalisés de manière disproportionnée. Les inégalités structurelles entre les genres, les lois discriminatoires et les normes défavorables aux femmes réduisent encore plus la mesure dans laquelle celles-ci peuvent faire face aux chocs provoqués par les conflits et le climat parce qu’elles n’ont ni le même accès ni le même contrôle que les hommes sur les terres, les biens et autres actifs. Le lien entre les conflits, les questions de parité femmes-hommes et l’environnement accroît également le risque de violence fondée sur le genre. Il est donc essentiel de considérer les répercussions des conflits sur les femmes dans le cadre des opérations et des efforts visant à instaurer la paix. TYPOLOGIES DES Il existe différentes manières de classer et de comprendre les risques RISQUES ET DES FACTEURS: environnementaux et les facteurs de conflit. Il est ainsi possible de considérerȋ: i) les conflits dus à la rareté ou à l’abondance des ressources, ii)ȋles risques et les facteurs relatifs aux différentes catégories de ressources naturelles (ressources non renouvelables, ressources renouvelables et terres)ȋ; et iii) les risques et les facteurs généralement associés au changement climatique. 4 RÉSUMÉ ANALYTIQUE Harmonisation Avec la Stratégie FCV du Groupe de la Banque Mondiale et Points D’entrée La troisième section du rapport est consacrée à l’examen des facteurs de résilience et des possibilités qui s’offrent à la Banque mondiale de poursuivre des opérations relevant des quatre piliers de la stratégie FCVȋ: prévention, collaboration durant un conflit, sortie de la fragilité, et atténuation des retombées des situations de FCV Le rapport attire l’attention sur l’engrenage possible des risques et des possibilités, tout en faisant valoir que les points d’entrée sont dynamiques et changent tout au long du cycle des conflits. Les ressources naturelles peuvent constituer un point d’entrée utile pour l’établissement d’un dialogue et l’instauration d’un climat de confiance entre des groupes divisésȋ; ces efforts peuvent amener ces derniers à collaborer à la poursuite d’un objectif commun ayant de multiples avantages (dividendes de la paix) dans le cadre d’efforts de prévention (pilierȋI). Une gestion efficace des ressources naturelles conforte la stabilité de l’économie au niveau national et à l’échelon local et peut contribuer à générer des moyens de subsistance productifs, durables et enrichissants. Les ressources environnementales et naturelles sont aussi un facteur qu’il importe de prendre en compte en période de conflit (PilierȋII), lorsque les enjeux humanitaires sont élevés. Les ressources naturelles peuvent encourager les parties prenantes à replacer dans une perspective à long terme des questions qui sortent du domaine politique et qui peuvent être moins délicates que d’autres à cet égard. Durant la phase de sortie de la fragilité (pilierȋIII), l’environnement/les ressources naturelles peuvent contribuer de manière plus fondamentale aux efforts visant à diversifier l’économie, mobiliser des financements et associer les secteurs formels et informels à l’action menée dans le but de rétablir les moyens de subsistance ruraux. Les activités de reboisement, la réhabilitation des écosystèmes, les programmes d’énergies renouvelables, les emplois verts, l’agriculture, la foresterie communautaire, les pêches durables, etc. peuvent également donner lieu à la création d’emplois et promouvoir la sécurité alimentaire. Au niveau macro, l’eau et d’autres ressources naturelles sont essentielles à la prestation de services de base tandis que, au niveau micro, une gestion efficace et durable contribue de manière fondamentale à assurer la sécurité hydrique, la sécurité alimentaire et l’accès aux intrants agricoles à l’issue de conflits. Les effets des situations de FCV ne se limitent pas aux pays dans lesquels sévissent les conflits, mais sont largement ressentis, comme le montre le pilierȋIV de la Stratégie FCV. Par exemple, les migrations peuvent exercer des pressions sur les communautés et les pays d’accueil, exacerber les processus de désertification et de déboisement et raréfier d’autres types de ressources. Si les piliersȋI àȋIII décrits précédemment ont pour objet de maîtriser les retombées des situations de FCV 5 DÉSAMORCER LES CONFLITS: LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES AU SERVICE DE LA PAIX en améliorant la résilience des communautés grâce à des mesures d’adaptation et d’atténuation poursuivies au niveau national et à l’échelon local, le pilierȋIV préconise la poursuite d’une action immédiate et concertée dans le but de réduire les émissions mondiales. Stratégies et Principes Directeurs Aux Niveaux des Programmes et des Projets La quatrième section du rapport recommande de poursuivre des programmes et des projets prenant en compte les multiples dimensions des conflits, c’est-à-dire leurs risques et leurs séquelles. Il importe à cette fin de partir du principe qu’aucune intervention n’est neutre. La prise en compte des risques et des séquelles de conflits permet de mieux comprendre les risques associés à la poursuite d’interventions dans les contextes de FCV, et aide à éviter d’exacerber ou de générer des conflits et à recenser les possibilités de prévenir la violence et de promouvoir la résilience. Sachant que les facteurs et la dynamique des conflits varient selon le contexte, il est évident qu’il n’existe pas de solution universelle dès lors que l’on prend en compte les risques et les séquelles de ces derniers. Cette approche correspond à celle de la Stratégie FCV, selon laquelle il importe de concevoir les projets dans un objectif de paix mais dans la perspective de conflits de manière à pouvoir recenser les facteurs et les risques de fragilité, et de planifier d’éventuelles mesures d’atténuation. L’affectation de ressources financières dédiées à cette fin et l’offre d’un appui direct aux équipes de projets sont les meilleurs moyens de garantir un usage correct des outils considérés, selon un examen mené en interne par la Banque mondiale. L’adoption d’une approche tenant compte des risques et des séquelles des conflits peut aussi faciliter l’intégration des interactions entre l’environnement et les facteurs sociaux déterminants (genre, race, ethnie, orientation sexuelle, âge, etc.) dans les différents projets de manière à répondre aux besoins particuliers de différents groupes et à faire face aux différents impacts qu’ils subissent. La prise en considération des interconnexions entre l’inclusion sociale et le genre peut améliorer la conception des interventions en permettant de recenser les groupes touchés par les interactions entre le genre, les conflits et l’environnement. Les communautés jouent aussi un rôle pertinent dans une optique tenant compte des risques et des séquelles des conflits. Les programmes de développement communautaire sont particulièrement nombreux dans les situations de FCV, et leur approche est l’une des plus couramment suivies dans le cadre des opérations du portefeuille. Les communautés contribuent largement aux activités menées dans le but de recenser les risques et d’y faire face. La communication en temps réel de données par les communautés et à ces dernières peut promouvoir un partage transparent de l’information, améliorer la coordination et la poursuite d’une action collective à différentes échelles, et appuyer un système d’alerte précoce. 6 RÉSUMÉ ANALYTIQUE Il est aussi important d’adopter un mode de gestion adaptative dans le cadre des projets et des programmes réalisés dans les contextes de FCV. Par suite de l’évolution de la dynamique de la fragilité et des conflits, il est essentiel de faire preuve de souplesse de manière à pouvoir adapter les projets et les programmes lorsque les conditions sécuritaires se dégradent. Enfin, pour mieux prendre en compte les risques et les séquelles des conflits, il est nécessaire de prendre des mesures préférentielles visant à promouvoir l’égalité des genres. Ces dernières peuvent favoriser la participation des femmes à la gouvernance et à une gestion durable des ressources naturelles. Gestion des Ressources Naturelles dans les Contextes Touchés par la Fragilité, les Conflits et la Violenceȋ: Questionnaire Établi Pour la Réalisation D’analyses en Amont et D’opérations en Aval Le rapport présente un questionnaire (Sectionȋ5) conçu de manière à permettre d’examiner les interactions entre les conflits, le climat et l’environnement en prenant en compte les questions de genre et d’inclusion sociale dans le cadre des analyses réalisées en amont et des opérations poursuivies en aval. Le questionnaire comporte deux sections. La première, Analyse de la situation, consiste en une série de questions d’orientation qui peuvent être particulièrement utiles aux équipes des projets et produire des informations pour l’évaluation des risques et de la résilience, l’établissement du cadre de partenariat avec le pays et la formulation d’un diagnostic-pays systématique au niveau stratégique. La seconde, Conception du projet, comporte des questions visant à approfondir l’analyse et à assurer une meilleure prise en compte des risques et des séquelles des conflits dans le contexte des opérations. Le questionnaire n’est pas une «ȋliste de contrôleȋ»ȋ; il a pour objet d’aider les équipes à poser les questions pertinentes de manière à intégrer des éléments complexes dans les projets du Groupe de la Banque mondiale. Le questionnaire peut être adapté en fonction des contextes nationaux et locaux. Sources D’information Pour les Équipes La sixième section présente une série de sources d’information internes et externes pertinentes. Ces dernières ont pour objet d’appuyer la poursuite d’une analyse approfondie, de permettre d’obtenir des informations et de définir des orientations plus précises afin de faciliter une meilleure prise en compte des risques et des séquelles des conflits dans le cadre des projets ayant trait à l’environnement, au changement climatique et à la gestion des ressources naturelles. 7 DÉSAMORCER LES CONFLITS: LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES AU SERVICE DE LA PAIX 8